Une vraie bonne nuit, ça fait du bien. Il semble que le décalage horaire ne soit pas un problème majeur pour moi.
Philippe et Marie travaillent aujourd’hui. Je me lève tôt pour les accompagner lors du petit déjeuner, puis je me recouche pour mettre à jour le sommeil. En avant-midi, c’est l’opération courriel, alors que les jeunes sont pratiquement invisibles. Au retour de Marie, tout le monde réapparaît puisque c’est l’heure de manger.
En après-midi, Marie a une brève sortie à faire pour son travail, qui se prolonge. Il est plus de 17 h quand nos partons à trois pour les grands magasins de Montesson. J’y achète une cartouche de gaz et des cartes, alors que Marie et Corentin ont leurs propres achats au programme.
Ce soir, Philippe reste au travail – un dîner lors duquel il représente son entreprise – alors je profite de la compagnie de Marie et des enfants. J’envoie un premier courriel sommaire, et au retour de Philippe nous terminons la soirée ensemble. Demain, vélo : j’ai hâte de pédaler, mais pas de quitter mes amis…
La brève nuit est sans histoire et très calme. À cause du retard au décollage, nous atterrissons à 10 h 50, 40 minutes plus tard que prévu.
En attendant pour la douane française, Simon, un collègue enseignant, est là avec sa copine – nous étions à bord du même avion. Ils amorcent un tour d’Europe sac au dos.
Je récupère facilement bagages et vélo, tout est en ordre et bientôt prêt pour la route. Il est près de midi quand je fais mes premiers tours de roue sous un ciel mi soleil, mi nuages qui laisse échapper trois ou quatre gouttes à peine perceptibles avant de se dégager.
Je vérifie d’abord si je peux trouver une carte de la région. Peine perdue. Je suis donc un peu perdu moi aussi quand il s’agit de quitter l’aéroport. Après quelques détours, je me retrouve comme espéré à Roissy-en-France et à l’info touriste.
Ils offrent trois services appréciés : une carte vélo de la région, une pompe à pied pour doubler la pression de mes pneus – dégonflés pour le voyage en avion – et un accueil très sympathique.
Arrêt suivant : un immense centre d’achats auquel j’accède par le stationnement souterrain des voitures. Premier arrêt chez Décathlon pour une cartouche de gaz pour le réchaud. Échec : ils sont en rupture de stock. Deuxième arrêt chez Orange. Succès : j’ai un numéro de téléphone français pour deux mois.
Je retrouve avec ravissement les routes françaises, surtout qu’une bonne partie de mon itinéraire est doublé de voies cyclables. Je suis fidèlement les indications imprimées à partir d’Internet et traverse plusieurs banlieues, dont la célèbre Saint-Denis. Là, je manque une intersection – le trafic est dense.
C’est un peu galère pour retrouver ma route, mais je finis par franchir la Seine, non sans avoir échangé quelques mots avec un couple de cyclotouristes néo-zélandais partis de Londres vers l’Autriche.
Je suis maintenant de retour sur l’itinéraire prévu et je lui reste fidèle jusqu’à l’arrivée chez mes amis, sur le coup de 17 h.
Marie est là avec Nicolas – 14 ans et bien plus grand qu’avant – et Corentin, qui célèbre aujourd’hui ses 12 ans. C’est la cinquième fois que je suis présent pour son anniversaire. Philippe, puis Marianne, 16 ans, arrivent un peu plus tard, qui du travail, qui d’une rencontre de copains.
Ici, je dispose de la chambre d’amis et je profite d’une bonne douche avant un excellent repas de fête. En soirée, discussions et bricolage, comme toujours très agréables. Je me couche vers minuit, il est grand temps car je tombe de fatigue.
Statistiques km jour : 48,5 km total : 48 départ / arrivée : 12 : 00 > 17 : 0 temps déplacement : 3 : 21 vitesse moyenne : 14,4 vitesse maximale : 33,2
Cette année, il me semble avoir moins couru que d’habitude. J’ai quand même travaillé, mais j’imagine que l’expérience est utile. Encore cette fois, je n’ai pas pu voir Hélène par manque de temps.
Hier lundi, j’ai passé une bonne partie de la journée au chalet avec François et Linda, cet après-midi, Gaétan est venu me mener à l’aéroport, où nous sommes arrivés avant l’ouverture des guichets – tout a pris place dans sa voiture, en particulier le vélo dans son sac. Aucun problème non plus pour les formalités. Comme la dernière fois, le vélo et les bagages enregistrés pèsent seulement 40 kg, soit 43 kg au total, bien mieux que les 55 kg des voyages précédents.
En mangeant mon lunch, je reçois un texto : Jean-Pierre et Diane sont en route pour l’aéroport, mais la circulation est dense et leur avion pour l’Islande – destination Norvège – est prévu avant le mien. Je repère le comptoir de leur compagnie aérienne et les accueille sur place. Leur départ ressemble à une course à obstacles, ils doivent gérer un poids excédentaire de bagages, mais tout se passe bien. Nous franchissons ensemble les contrôles, et nous souhaitons mutuellement bon voyage.
Au comptoir de leur compagnie, je rencontre trois de mes élèves et leurs parents, en route vers la Pologne en passant par l’Islande. On se reverra avec plaisir à l’automne.
En attendant mon avion, j’appelle Roger, Lucie et Monique, puis je m’installe pour de longues heures. Nous décollons en retard : un autre avion avait pris la place, une passagère avait été refusée et son bagage débarqué.
Prévu à 20 h 35, le départ de la porte a finalement lieu à 21 h 25 et le décollage 15 minutes plus tard. Comme la vidéo décrivant les mesures de sécurité ne fonctionne pas, c’est le personnel de bord qui nous les présente en une petite chorégraphie souriante. Étonnamment, l’avion est loin d’être plein, ce qui donne un espace apprécié.
Au début du trajet, je regarde un – bon – film situé dans une Amérique profonde où la vie est rude et le sourire rare, puis je me repose, comme il se doit.
L’Europe est un fabuleux pays de vélo. Paysages variés et magnifiques, histoire, culture, bouffe, nombreux aménagements cyclistes, il y a de quoi être séduit. Mais c’est autre chose qui m’y attire régulièrement : mes chers amis.
Oui, j’y a pas mal pédalé – près de 2500 km -, mais j’ai d’abord voulu multiplier les rencontres. En gros, j’ai dormi deux nuits sur trois chez des amis ; parmi celles passées sous la tente, deux sur cinq l’ont été en camping sauvage.
Ce voyage a donc un côté un peu aventureux, mais c’est d’abord le côté humain qui en fait la richesse.
Lundi. Levé tôt, comme d’habitude en camping, je pars tôt, même si je prends mon temps : c’est déjà la dernière journée de voyage pour cet été.
Ce matin, c’est frais et confortable, mais surtout couvert. Pour les dix premiers kilomètres, je roule sur de routes de campagne aussi désertes que le camping lors de mon départ. Grâce à ma carte assez détaillée, je rejoins facilement la Montérégiade, un segment de la Route Verte qui relie toutes les régions du Québec.
Établie sur l’emprise d’une ancienne voie de chemin de fer, la piste est facile et jolie, malgré qu’elle soit en poussière de roche. C’est simplement moins rapide. J’apprécie particulièrement de circuler entre cultures et nature, parfois dans de véritables tunnels d’arbres. En arrivant à Saint-Jean-d’Iberville, je redécouvre l’environnement urbain, mais pour peu de temps. Le trajet vers Chambly est magnifique : c’est toujours de la poussière de roche, mais le long du canal de Chambly, loin de voitures.
Il y a plusieurs marcheurs, coureurs et cyclistes : en particulier, j’y rencontre Jorg, d’Edmonton, Alberta, qui traverse le Canada à vélo et parle bien français. Arrivé hier au Québec, il ne connaît pas les itinéraires possibles. Nous en discutons, je lui donne une carte du secteur vers lequel il se dirige et nous prenons une photo à deux. Belle rencontre.
Je mange à Chambly, où je rencontre Olivier et Mara, deux jeunes cyclistes de retour de Burlington, Vermont.
Suivant toujours la Route Verte, je traverse Carignan et entre dans Longueuil. Comme la piste va trop vers l’est, je la quitte pour me diriger approximativement vers le pont Victoria. Je retrouve des pistes cyclables, passant par hasard devant la maison de mes amis Jean-Luc et Dominique, absents.
Une succession de passerelles donne accès à la digue de la voie maritime, chemin obligé pour rejoindre l’estacade du Pont Champlain. Mais la grille est cadenassée : le pont-levis est remonté afin de permettre le passage d’un gros navire vers l’écluse. Si les voitures disposent d’une alternative, les cyclistes n’ont qu’à attendre, une bonne demi-heure cette fois-ci. Je sors mon ordinateur pour travailler un peu sur le journal.
Ayant repris ma route après le passage du bateau, je m’arrête à nouveau pour réparer une crevaison, pas pour moi mais pour un homme ayant encore plusieurs kilomètres à parcourir. Il en est très reconnaissant.
Le chantier du nouveau pont Champlain avance. C’est assez spectaculaire. Comme les constructeurs utilisent l’estacade, une passerelle pour vélos a été construite pour permettre notre passage. Bon point. Et c’est une traversée spectaculaire, offrant de belles vues sur la ville.
L’entrée sur l’île de Montréal est également conditionnée par le chantier : la piste temporaire circule entre machines, constructions et entreposages.
À partir de Verdun, je progresse tranquillement sur les berges du Saint-Laurent. Les vélos et marcheurs sont nombreux, les vues sont belles, c’est agréable même si le ciel se couvre à nouveau.
En arrivant à Dorval, deux jeunes cyclistes ont visiblement un problème mécanique. Pour cause : le dérailleur du vélo de Frédéric est tout tordu. Je sors ma trousse de mécanique et replace les choses temporairement pour leur permettre de rentrer à la maison. Lui et Élodie, qui l’accompagne, sont bien contents.
La ville de Dorval est envahie de cônes orange. Je réussis à me sortir de ce labyrinthe et retrouve le chemin que j’emprunte régulièrement pour revenir du travail. Des automobilistes impatients ne comprennent pas pourquoi je roule sur la route – utilisant klaxon et engueulade comme arguments – alors que j’avais expérimenté un partage harmonieux de la route pendant tout le voyage. Il reste du travail à faire.
Je suis chez moi peu avant 19 h. Tout est en ordre, si on peut dire, car ma maison est un chantier. Ce sera pour un autre jour. Après près de 1800 kilomètres, mission accomplie. Quel beau voyage ! Le repos sera apprécié, mais je repartirai, pour les rencontres, pour rester vivant et heureux.
Statistiques km jour : 115,5 km total : 1788 départ / arrivée : 7: 45 > 19 : 00 temps déplacement : 7 : 01 vitesse moyenne : 16,4 vitesse maximale : 27,9
Dimanche. C’est quand même bien de dormir à l’intérieur quand il pleut. Et il a sûrement plu cette nuit, puisque c’est tout mouillé dehors. D’ailleurs, il tombe encore quelques gouttes d’un ciel bien gris pendant le déjeuner, mais ce sont les dernières.
Je pars à 9 h 15, remerciant Jacques pour son accueil toujours chaleureux. Dehors, c’est froid et venteux, mais il est prévu que le temps s’améliorera en cours de journée.
Ce matin, j’ai choisi de me rendre au monastère Saint-Benoît-du-Lac, réputé pour son site, son architecture, sa liturgie grégorienne et ses fromages, toutes choses que j’apprécie.
Tout de suite après le lac Orford, je croise un chemin que je ne connais pas, mais qui selon la carte semble intéressant. Je m’y risque. Excellent choix.
Cette route serpente en forêt en suivant les collines. Rien de très abrupt, de jolis paysages, une chaussée en très bonne condition et pratiquement aucune circulation : je passe de bons moments malgré quelques kilomètres de gravier imprévus. J’arrive à Austin sans difficultés, puis à Saint-Benoît-du-Lac 15 minutes avant la messe. Une jeune femme préposée aux visites guidées accepte que je laisse mon vélo sous sa garde. C’est donc l’âme en paix que je profite de la liturgie. J’achète également un peu de fromage : c’est lourd, mais trop bon, et il ne me reste plus beaucoup de chemin à parcourir avant la fin du périple. Je mange près de l’abbaye avant de reprendre la route. Temps de pause : deux heures bien comptées.
Le village d’Austin a installé une maquette intéressante : le système solaire à l’échelle 1 : 3,000,000,000. Le Soleil mesure 46 cm, la Terre 4 mm, et Neptune est à près de 2 km du Soleil. J’imagine que la plus rapprochée des étoiles serait dans l’hémisphère sud, ou même pas loin de la lune. L’univers est immense, et nous, humains, pouvons difficilement être prétentieux.
Le soleil perce de plus en plus, mais le vent reste fort et souvent de face. Ce n’est pas très grave au début de l’après-midi, car il y a pas mal de côtes. La montée, puis la descente vers Bolton-Est, puis le trajet vers South-Bolton se font bien, car c’est bien joli. J’entame ensuite la traversée de la passe de Bolton, toujours aussi belle. Après le stationnement des Sentiers de l’Estrie – que de souvenirs ! –, la route serpente entre les massifs des monts Écho et Glen. Quelques crans rocheux ajoutent leurs accents à un paysage fort.
Un cycliste me rattrape, puis roule un temps avec moi. Nous avons bien des intérêts communs en termes de destinations : il connaît Anticosti, la Côte-Nord, il arrive de l’Islande et se prépare à pédaler au Japon. Il repart quand sa conjointe nous rejoint.
Je retrouve Marc et Christine pour une pause à Lac-Brome, dont le cœur est envahi de touristes. Marc me présente une carte vélo de la région à laquelle il a contribué. Encore une belle rencontre.
Le relief diminue, mais pas le vent de face. J’avance lentement. À partir de l’intersection vers Sutton, la circulation est dense pour quelques kilomètres. À Cowansville, je complète mon garde-manger. C’est une journée presque sans villes : deux villages, plus Lac-Brome et Cowansville, c’est tout. Je retrouve les chemins de campagne.
Je quitte la route 104 pour prendre des rangs de gravier. C’est joli et calme, il n’y a pratiquement plus de voitures.
Au camping, immense au milieu des champs, c’est calme. C’est presque la fin du trajet : je termine mon réservoir principal de carburant – j’ai un petit réservoir de sécurité, quand même – et je mange mes derniers légumes déshydratés. Après la douche et un peu d’écriture, dodo !
Statistiques km jour : 94,9 km total : 1672 départ / arrivée : 9 : 15 > 19 : 00 temps déplacement : 5 : 46 vitesse moyenne : 16,3 vitesse maximale : 52,4 camping : 34 $
Samedi. Un petit regard sur la météo a été éloquent : je me lève tôt pour partir tôt, car un gros système de pluie est attendu en mi-journée. Après avoir salué et remercié mes amis, je prends la route sous un ciel bien gris.
Je longe la rivière Magog, parfois sur piste, parfois sur route. Des gens créatifs ont aménagé sous le viaduc de l’autoroute 410 une passerelle pour vélos. C’est génial et très efficace. En arrivant à Magog, je reçois quelques gouttes sans conséquence.
En ville, la piste passe sur les berges du lac Memphrémagog : c’est superbe, alors j’en profite pleinement… et lentement.
Je vais ensuite le plus directement possible vers le lac Orford, car le ciel est de plus en plus gris. Ça reste très beau car la route 112, calme ici, passe au pied du mont Orford.
À la halte du lac Orford, un jeune cycliste souhaite ne pas rencontrer de pluie sur son trajet vers Montréal. Je lui soumets qu’il peut se compter chanceux de ne pas être en sucre. Et quelques instants plus tard, la pluie commence. Pour moi, pas de problème, je suis à 5 minutes de ma destination ; lui a dû recevoir toute une douche, car c’est un solide déluge qui déferle pendant quelques heures.
C’est avec mon oncle Jacques que je passe le reste de la journée. Grâce aux parapluies, nous réussissons à nous rendre à la voiture, puis à entrer au restaurant où nous dînons. Dans l’après-midi, nous discutons abondamment. Jacques est curieux et bricoleur, c’est très intéressant. Plus tard, quand le soleil émerge entre de plus petites averses, nous marchons dans les sentiers en forêt.
Après le souper, nous poursuivons nos conversations, toujours animées, assez tard en soirée. Comme la pluie se poursuit de temps en temps, je profite pleinement de la solidité et du confort de la maison, en plus de l’hospitalité de mon oncle.
Statistiques km jour : 45,6 km total : 1578 départ / arrivée : 8: 00 > 12 : 00 temps déplacement : 2 : 56 vitesse moyenne : 15,4 vitesse maximale : 45,0
Vendredi. Levé plus tard que d’habitude, je prends le temps de bien organiser mon matériel en tenant compte des possibles averses prévues. Je suis en route avant 9 h.
Après un départ confortable sous un ciel bleu, comme d’habitude, la journée annonce qu’elle sera brûlante malgré un petit vent qui forcit en après-midi. La route est très belle, pratiquement sans circulation, mais elle monte et descend constamment, tracée en ligne droite au travers de collines.
Il y a quelques villages en route, parfois traversés, parfois contournés. Je mange à Scotstown, dans un parc près de la rivière.
À East Angus, je me rends à l’information touristique pour vérifier le trajet vélo vers Sherbrooke. Rien n’existe. Faudra faire avec. En sortant de la ville, je passe le cap des 1500 km.
Je me retrouve sur la route 112. C’est désagréable car le flot de circulation est pratiquement ininterrompu. Dès Ascot Corner, le village suivant, je prends le chemin Spring, un rang raboteux tout en côtes, mais calme et joli. J’arrive près de l’université Bishop’s et je profite d’une belle piste cyclable en forêt le long de la rivière Saint-François pour entrer en ville.
Je quitte la piste cyclable quand je croise la rue Galt qui me guide chez mes amis. Je ne traîne pas en chemin, car de gros nuages font craindre une averse de fin de journée. Finalement, j’arrive bien sec chez Gérard et Georgette. Je suis très bien reçu : c’est toujours un plaisir de se retrouver. Après la bienfaisante douche, les conversations ne manquent pas, le repas et la compagnie sont excellents et nous profitons de chaque instant d’une belle soirée, sans se coucher trop tard.
Statistiques km jour : 108,9 km total : 1532 départ / arrivée : 8: 45 > 17 : 30 temps déplacement : 6 : 36 vitesse moyenne : 16,5 vitesse maximale : 62,6
Jeudi. Ce matin, je suis en congé, je me lève tard. Il a plu pendant la nuit, mais je m’en suis à peine aperçu. Et ma tente et restée bien sèche, un luxe. Quelle nuit !
Soyons clairs : je suis en congé de bagages, mais sûrement pas de vélo alors qu’un magnifique terrain de jeu est disponible. Je prends la route à 9 h 15 sous un ciel magnifique, comme d’habitude.
Comme j’ai une bonne carte, je rejoins facilement la piste cyclable en gravier qui serpente en forêt jusqu’au camping de la Baie-des-Sables. Après la traversée de celui-ci, je retrouve l’asphalte d’une petite route de campagne aux fortes pentes.
Je n’y suis pas le seul cycliste : je roule avec Gabriel et Sylvie, un couple de Saint-Jean-su-Richelieu partis pour une petite boucle de moins de 10 km.
À l’intersection de Marston, Gabriel me demande si je souhaite un compagnon pour le tour du Lac Mégantic. Comme Sylvie avait déjà décidé de rentrer directement au camping, c’est à deux que nous poursuivons la boucle.
Nous sommes deux bons rouleurs, c’est donc facile de progresser ensemble. En plus, il a vécu de magnifiques voyages, en particulier un tour du monde d’un an sac au dos avec Sylvie alors qu’ils approchaient la cinquantaine. Conversations intéressantes garanties.
Après une toute petite descente, nous entamons la plus dure montée du trajet sous un soleil brûlant. Heureusement, les paysages sont magnifiques et la route très tranquille.
Une série de petites montées et de longues descentes nous mènent à Piopolis, très joli et seul village de la boucle. Nous en profitons pour faire le plein d’eau avant de profiter d’un trajet pas mal plus facile.
Arrivés au sud du lac, nous prenons une route plus importante mais guère plus fréquentée. Comme nous longeons le lac d’assez près, le relief reste léger. Nous prenons une bonne pause collation et paysage près d’une tour d’observation. Rapidement, nous sommes de retour en ville après une bouche de 55 km très agréable.
Dans un stationnement, Gabriel me propose un petit essai de son vélo, un VPA – vélo à position allongée – ancien mais en excellente condition. Le départ et le pilotage sont assez différents, car le fauteuil est au-dessus du guidon et la roue avant est sous le pédalier. Après quelques faux départs, ça devient très agréable. Ensuite, nous nous séparons, heureux d’une belle balade et d’une belle rencontre.
Je me promène un peu en ville pour les paysages, l’épicerie et un plein d’eau, puis je remonte à la cabane à sucre en guettant les averses qui tombent tout autour.
Sur la table, un message de Mario. Je l’appelle, il m’invite à me rendre chez lui, un trajet de quelques kilomètres. Je prépare mon bagage en conséquence et j’y arrive peu après, sans que la pluie ne soit passée.
L’accueil de Mario et de sa femme Aline est plus que chaleureux. Nous nous connaissions peu, mais c’est comme retrouver de vieux amis. Première étape : la douche, appréciée après les chaleurs des derniers jours.
Ensuite, nous conversons à deux ou à trois, visitant les lieux, parlant voyages, famille et amitiés entre autres, poursuivant lors d’un excellent et chaleureux souper.
Mario a un rendez-vous téléphonique en milieu de soirée. C’est parfait : je peux rentrer dans « ma » cabane à sucre avant que la nuit ne tombe complètement. Dix minutes de chemin de gravier entre champs et bois, et j’entre à la maison pour compléter le journal et organiser les photos, un bon travail qui me mène au-delà de minuit. Il est grand temps de dormir.
Statistiques km jour : 71,2 km total : 1423 départ / arrivée : 9: 15 > 14 : 4 temps déplacement : 3 : 47 vitesse moyenne : 18,8 vitesse maximale : 59,6
Mercredi. Nuit très calme, malgré la route à proximité : le son en est coupé par la maison, et la nuit les autos dorment aussi. La dalle de béton sous la tente est restée tiède toute la nuit, me chauffant à travers le matelas alors que l’air était plus froid. Ayant bien dormi, je suis debout un peu avant 5 h 30 et je prends la route un peu plus d’une heure plus tard. Mes hôtes sont debout et nous nous saluons. Très bel accueil.
Comme souvent le matin, c’est frais pour un temps. Sous un ciel sans nuage et le bas soleil, les paysages en douces courbes de la Beauce sont magnifiés. Après un bout sur route et une bonne colline, je retrouve une piste cyclable qui franchit la Chaudière par un beau pont couvert, puis en longue le cours jusqu’à Saint-Georges.
C’est l’heure d’une petite épicerie, toujours un peu complexe avec un vélo chargé que je ne peux pas laisser dehors sans surveillance. Avec la bonne volonté des gens, ça s’arrange toujours.
La ville est très accueillante en général, et s’occupe bien des cyclistes. En prime, il y a un piano public et une armoire pour échanger des livres. Belles idées.
Après Saint-Georges, il n’y a plus d’aménagement cyclable mais l’accotement pavé est devenu une norme appréciée et améliore la sécurité de tous.
Maintenant, le soleil frappe fort. Il y a quelques montées, plus nombreuses et importantes au fur à mesure que la journée avance. Je croise François, cyclo-campeur qui retourne vers Québec après une boucle d’une dizaine de jours. Espèce rare et agréable.
En début d’après-midi, les nuages deviennent plus nombreux, on voit la pluie sous certains d’entre eux dans les montagnes au sud. Quand la route quitte la rivière par une longue montée, quelques gouttes deviennent une bonne averse. Je me réfugie sous un abri d’auto attenant à une maison apparemment déserte.
Je sonne, pas de réponse. Quelques minutes plus tard, un homme arrive avec son fils. Il reste pour discuter un peu, jusqu’à la fin de la pluie. La pause dure 20 minutes. Plus loin, ma réserve d’eau baisse dangereusement. Un homme arrive en voiture, je lui demande un plein de bouteilles. Il procède avec grande gentillesse, puis entreprends de me raconter de bons pans de sa vie. À la suite d’un accident de VTT l’hiver dernier, il doit renoncer à beaucoup de ce qu’il aimait… et les questions de sens émergent. Échange très intéressant.
Encore quelques montées, puis une descente me mène au village de Lac-Mégantic. Je passe à l’épicerie, puis je me retrouve sur les lieux de la catastrophe ferroviaire de 2013 qui a réduit en cendres le centre-ville et emporté 47 vies. La reconstruction avance, mais le cœur de la ville reste artificiel et le sinistre train circule encore sur les lieux du drame. Heureusement, le magnifique lac apporte sa beauté et sa sérénité.
Quelques bonnes montées bien abruptes, et j’arrive chez Mario et Aline, absents aujourd’hui. Mais mon frère Gaétan avait bien organisé mon hébergement. Par une série de messages texte, il m’indique que je pourrai dormir dans la cabane à sucre, à l’autre bout du grand terrain. Je m’y rends en suivant les indications, trouve la clef et entre.
C’est vraiment parfait, comme un chalet en plein bois. Il y a des meubles, l’eau courante, l’électricité, une chambre en mezzanine, de l’espace, pas de douche mais un toit, bien utile alors qu’une ligne d’orages devrait passer pendant la nuit. Le luxe !
Je m’installe, cuisine mon souper, et commence la mise à jour du journal. Je ne réussis pas à le compléter, le sommeil a le dessus sur toute autre activité. Donc, dodo.
Statistiques km jour : 105,9 km total : 1352 départ / arrivée : 6: 40 > 19 : 10 temps déplacement : 7 : 32 vitesse moyenne : 14,0 vitesse maximale : 62,2