Le Grand-Saint-Bernard


Au col

2018-08-07, mardi ; > Aoste – 100 km
Sommaire


Mon très sympatrique coloc se lève tôt et prend la route aux premières lueurs, un peu avant 6 h. Comme je suis éveillé et que j’ai de l’électricité pour l’ordi, je décide de terminer la mise à jour du journal. À 7 h, c’est chose faite. À 7 h 45, je suis en route sous un ciel bien dégagé. Scénario connu…

Tout de suite, la montée est solide, et le paysage de toute beauté. Plus je gagne en altitude, plus c’est beau, et je sais que je monterai une bonne partie de la journée.

Quelques cyclistes grimpent légers pour redescendre en vitesse, mais je suis presque seul avec bagages. Trois jeunes avec sacs arrières seulement montent rapidement – par rapport à moi –, et c’est tout. Jusqu’au sommet.

Juste avant l’intersection vers Orsières et Champex-Lac, des ouvriers achèvent le ménage après les débordements d’hier. De gros cailloux, du poids d’une voiture, de petits cailloux, et beaucoup de boue ont recouvert la route quand le torrent a débordé… d’enthousiasme, à la suite des orages.

À Liddes, une averse. Comme il est temps de manger, je m’abrite devant un garage et laisse tomber le gros de l’eau. Pas de problème.

À Bourg-St-Pierre, le soleil est revenu. Je remets de la crème solaire, puis la route entre sous un pare-avalanches, un presque tunnel – une face est ouverte, vers la vallée – de 6 km. Elle monte vers le barrage des Toulles puis le long du lac homonyme, offrant de multiples vues.

Lors d’une pause, une voiture s’arrête hors route, à côté de moi. D’où vient-elle, avec sa plaque marquée TR ? John, anglais, et Nadejda, bulgare, sont partis d’Istanbul, en Turquie, avec ce véhicule de location. Pour le moment, ils se dirigent vers l’Angleterre en faisant de nombreux détours, mais ils disent viser le Japon. À voir. En revanche, ils sont très gentils et m’offrent deux verres d’un excellent jus de fruits, boisson que je ne transporterais évidemment pas.

La route est couverte jusqu’à l’entrée du tunnel. J’émerge donc pour les six derniers kilomètres de montée, les plus abrupts. Le défi est de taille, les lacets se succèdent, mais c’est spectaculaire. Heureusement, il y a peu de circulation et les gens sont prudents quand ils passent à ma hauteur, une bonne idée avec cette route acrobatique.

Juste avant le sommet, un cycliste avec bagage léger me rattrape et nous l’atteignons à quelques instants d’intervalle. Patrice a quitté Bourg-en-Bresse hier, a dormi à Chamonix, et a donc gravi trois bons cols aujourd’hui : les Montets, La Forclaz (descente jusqu’à Martigny) et le Grand-Saint-Bernard. Tout un cycliste ! Dans mon cas, j’ai monté 47,8 km à une vitesse moyenne de 8,3 km/h. Avec les pauses, j’y ai mis près de 9 heures.

Après les photos d’usage, il me suggère de passer par Turino, car la météo s’annonce douteuse en montagne pour les prochains jours. René, un bénévole de l’Hospice, confirme la chose, appuyé par un ciel gris de plus en plus menaçant.

Alors que j’amorce la descente, la pluie passe à l’offensive. Elle est drue, glaciale, parfois mêlée de grêle. C’est, disons-le, inconfortable. Je descends le plus rapidement possible dans les circonstances, renonçant presque à photographier un paysage encore plus extraordinaire que celui de la montée. Bref, je m’enfuis.

Plus bas, la pluie cesse et la température devient un peu plus clémente. Je considère très sérieusement la suggestion de Patrice. Décision prise : ce sera Turino. Je profite aussi de cette descente exceptionnelle pour installer ma caméra sur le vélo et filmer. Je rejoins Aosta sans difficulté, réussissant même à réchauffer mes doigts.

Depuis le sommet du col, je suis en Italie, un pays dont je ne connais pas la langue. Je réussis quand même à comprendre les explications me menant à l’essentielle épicerie.

Ensuite, le camping. Je descends jusqu’à la rivière. Il y a un camping, mais il est fermé. Un homme m’indique où trouver de l’eau et un autre camping. Pour l’eau, ça va, mais en fait de camping je ne trouve qu’un dépotoir. Pas idéal.

Une piste cyclable longe la rivière. Je la prends. Devant moi, une masse grise s’avance. Pluie ou brouillard ? Il est tard, je plante ma tente en vitesse à quelques mètres de la piste, près d’une rangée d’arbres, et je m’y réfugie au plus vite. J’ai à peine le temps de manger avant que la nuit soit totale. Je me couche, et bientôt la pluie commence, forte. Est-ce que c’est pour quelques heures ou pour quelques jours ? Sujet palpitant de méditation nocturne.

Statistiques
km jour : 99,4
km total : 2013
départ / arrivée : 15: 05 > 18 : 45
temps déplacement : 12,3
vitesse moyenne : 12,3
vitesse maximale : 55,7