Les hauts et les bas


Lac des Dix

2018-08-06, lundi ; > Martigny – 40 km
Sommaire


La nuit, en montagne, nous profitons de la fraîcheur et du calme. J’ai donc très bien dormi. Le matin est rayonnant quand nous nous levons, mais la canicule sévit sur l’Europe, avec des températures anormalement chaudes. Ici, nous sommes protégés des pires effets.

Au programme ce matin, une autre petite virée en voiture. Nous descendons d’abord pour voir de près les pyramides d’Euseigne, un étonnant phénomène géologique. Sur une moraine très friable, quelques cailloux ont protégé de l’érosion le sol les supportant, et se sont ainsi retrouvés au sommet de colonnes pointues, tout le reste ayant été lessivé.

Le site est évidemment protégé, mais un militaire a déjà manifesté son génie en en visant une à titre d’entraînement pour l’artillerie… Bravo, champion.

Pendant que j’admire le paysage, François-Xavier part à la recherche de ses clefs de voiture. Il les avait en arrivant, évidemment, mais où sont-elles ? Dans ses poches ? Dans ses sacs ? Dans la voiture ? Dans l’herbe ? Non… Finalement, je les retrouve sur un banc, à 3 m de là. Nous pouvons repartir.

Nos repartons vers les hauteurs. Ici, les routes sont un exploit du génie humain, et celle-ci en est un bon exemple. De flancs de montagne en lacets, nous grimpons rapidement et prudemment sur un étroit ruban noir où souvent deux voitures ne peuvent se croiser.

Nous atteignons le pied de la Grande Dixence, un monumental barrage hydroélectrique. Plus de 100 km de tunnels acheminent de l’eau depuis les vallées aux alentours via une quarantaine de captages et plusieurs usines de pompage. Avec ses 285 m, presque la hauteur de la Tour Eiffel, il ferme une vallée étroite.

Un téléphérique nous emmène en haut profiter du paysage et du temps magnifique. À bord, Louis, sympathique cyclotouriste, est le premier québécois que je rencontre depuis que j’ai quitté l’aéroport.

François-Xavier et moi longeons d’abord la rive ouest, seule accessible par une série de tunnels creusés à même la falaise. Entre les tunnels, les points de vue sur les montagnes, les glaciers et le lac sont fabuleux. Nous revenons vers la crête du barrage avant de redescendre, car le temps est court. Je serais resté longtemps à explorer cet environnement exceptionnel.

Nous redescendons au chalet où nous attendent Bernard, frère de François-Xavier et avec qui il partage aussi la maison de Sion, et Albin, un ami. Le repas concocté par frérot est excellent, tout comme les conversations. Mais le départ est proche.

François-Xavier et moi redescendons en plaine, passant de 24° à 35°. Ouf ! Je me prépare et je prends la route vers 15 h.

Rapidement, je traverse le Rhône et roule sur sa rive sud, d’abord sur route puis au milieu des arbres fruitiers et des vignes. C’est chaud, brumeux, magnifique et venteux, de face. Plus j’approche de Martigny, plus le vent forcit et plus les nuages s’assombrissent, accompagnés de quelques coups de tonnerre. Puis les nuages sont partout.

En entrant en ville, je visite une arène romaine, et arrive une averse : je me mets à l’abri à côté d’une fontaine. En reprenant la route, un panneau indique que le col et le tunnel du Grand Saint-Bernard sont fermés. Des orages violents ont provoqué un débordement de rivière.

Je suis déterminé, mais pas téméraire : je me dirige rapidement vers le camping local où je choisis l’option dortoir. Après le repas et la douche, la pluie forte commence pour plusieurs heures.

J’accueille mon coloc de ce soir, un colosse aux cheveux très courts et à l’abondante barbe en broussaille. Johannes est parti de l’Autriche, son pays, depuis trois mois et il marche par les montagnes jusqu’à Cannes. Ce n’est pas son premier voyage : passant par la Russie, il s’est déjà rendu à pieds à Jérusalem et en est revenu de la même manière. Il est également écrivain, ermite et prêtre. Tout un personnage !

En soirée, en écoutant la pluie tomber à verse, je m’attelle à la mise à jour mon journal, bien négligé ces derniers temps. Quand mon collègue se couche, je migre au salon alors que la pluie cesse pour un temps. À mon retour à la trop chaude chambre, je devine quelques étoiles et je m’installe sans bruit.

Statistiques
km jour : 38,1
km total : 1913
départ / arrivée : 15: 05 > 18 : 45
temps déplacement : 2 : 28
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 38,2
Camping : 24 Fr