Jeudi. Comme prévu, il a plu cette nuit, mais ce matin le ciel n’est que gris. Au matin, je pars avec Monique vers le Site de la Nouvelle France ; Katia reste à la maison puisqu’elle est en congé.
Premier boulot : photographier l’ensemble du matériel d’animation que Monique a créé pour le site. Ce sont de pièces uniques ayant souvent nécessité de nombreuses heures de travail. Et quelques objets ont récemment été volés, ce qui motive le travail.
Je pars ensuite pour La Baie. Après un arrêt à la Caisse populaire pour préparer une signature de documents, j’achète du bois pour refaire l’escalier à l’arrière de la maison. Il a vraiment dépassé sa durée de vie utile. Ce n’est pas si simple, j’y passe une bonne partie de la journée, entre les averses.
Ce n’est pas encore terminé quand, en fin d’après-midi, je retourne au site rejoindre Monique. Ensemble, nous installons un foyer au gaz ayant – de loin – l’apparence d’un vrai feu de foyer. La maison longue où elle travaille était souvent inconfortable à cause du froid et de l’humidité. Succès. De retour à la maison après un petit passage administratif à La Baie – les documents sont signés –, nous nous retrouvons en famille avec toutes les filles de Monique ainsi que Jérémy-Charles, copain de Liana.
Les jeunes se chargent du repas alors que passe un bel orage sur le Saguenay.
En soirée, Anouka nous raconte une mésaventure récente, alors qu’elle avait verrouillé sa voiture en pleine nuit avec les clefs à l’intérieur et les phares allumés. Un inconnu chez qui elle avait sonné l’avait généreusement dépannée.
Avant le dodo, je travaille sur l’envoi courriel, car je souhaite que les choses aillent rondement demain. La route m’appelle.
Mercredi. Les nuits se suivent et se ressemblent : calme, confortable et sèche. Et ce matin est à l’image de ses prédécesseurs : lumineux.
Couché plus tard, je me lève plus tard et je prends la route à 8 h pour une journée qui s’annonce relativement facile.
Je rejoins d’abord la véloroute, à 3,5 kilomètres, puis je roule surtout en forêt. Je passe un pont qui ouvre sur le lac – magnifique – puis je retrouve les petites dénivellations de la route.
Plus loin, la piste cyclable remplace la route pour moi. Elle longe la rivière Aux Sables, traversant en particulier CEPAL, un site aménagé pour accueillir des compétitions de canoë-kayak au niveau provincial, national et mondial. Et c’est ici, à Jonquière.
La piste me mène en ville, puis quitte la rivière pour se diriger vers l’arrondissement de Chicoutimi, en longeant le boulevard du Royaume et l’usine Alcan aux allures de camp de concentration.
En chemin, Bernard et Marie-Andrée, cyclistes en visite dans la région dont lui est originaire, s’improvisent guides à mon profit. Après la piste cyclable, facile et rapide, quelques côtes casse-jambes nous mènent près d’une petite épicerie, puis à mon dîner dans un parc. Une dame à l’entraînement vient discuter avec moi.
Je rejoins le boulevard de l’Université puis la route 372 jusqu’à La Baie. Petite pause Internet à l’info touriste, puis je repars tranquillement vers la maison de ma sœur en longeant la Baie des Ha ! Ha !, spectaculaire à marée basse.
En quittant la zone urbaine, j’arrête aux trois points de vue aménagés. Au premier, Robert, un ami de l’UdeM, me reconnaît. Surprise et plaisir de se retrouver : il a quitté l’université Laval où il enseignait pour rejoindre sa compagne, aumônier à Bagotville. Nous repartons sur deux roues, chacun dans notre direction. Anecdote : sa fille est mariée au fils de Nadine, mon amie de La Tuque.
Au troisième point de vue, deux cyclotouristes prennent une pause. Maxime et Caroline vont de Québec au Lac-Saint-Jean en ayant passé par Charlevoix. Nous avons beaucoup d’intérêts communs. Anecdote : Maxime travaille avec Mario, un grand ami de mon frère Gaétan. Le monde est bien petit.
Il ne me reste que quelques tours de roues et quelques côtes bien abruptes pour arriver chez ma sœur Monique. Comme toujours, l’accueil est simple et chaleureux. En plus d’échanges bien agréables, nous planifions la journée de demain qui sera bien remplie malgré la pluie prévue à partir de cette nuit. Deux nuit à l’intérieur – surtout quand il pleut – et une journée de congé sont les bienvenues.
Statistiques km jour : 85,3 km total : 882 départ / arrivée : 8 :00 > 18 : 45 temps déplacement : 5 : 26 vitesse moyenne : 15,6 vitesse maximale : 56,6
Mardi. Une autre nuit sèche, plus longue que d’habitude puisque le bateau devrait arriver entre 9 h 15 et 9 h 30. Finalement, il se présente à 9 h. Comme je suis prêt, j’embarque avec l’aide du capitaine et d’un des deux passagers.
À 9 h 30, je commence à pédaler le sentier en poussière de roche qui parcours le Parc de la Pointe-Taillon. Ça roule bien. Il fait très beau et de plus en plus chaud. Je traverse pour quelques kilomètres bois et tourbières, puis longe d’assez près la côte. Comme les arbres forment un rideau translucide, le lac est très présent. C’est très beau.
Lors d’une halte, je rattrape les deux passagers de la navette. Nous entamons la conversation… et nous nous découvrons collègues et passions communs : retraités enthousiastes de l’éducation, Lise et François ont travaillé à Laval avec plusieurs de mes amis et collègues ; ils aiment le vélo, évidemment, car ils complètent aujourd’hui le tour du lac version gîtes. Après un bel échange, nous roulons ensemble d’abord par hasard puis par choix. Ils sont très étonnés que eux et moi ayons le même rythme alors que je suis très chargé. C’est que le terrain est relativement plat.
Le Parc traversé, nous nous suivons jusqu’à Alma sur un trajet somme toutes agréable malgré quelques passages sur route. Au poste d’accueil de la véloroute, nous prenons une photo de famille et échangeons nos coordonnées. Peu après, nos routes bifurquent. Nous nous reverrons.
J’ai choisi de quitter ici la véloroute afin d’arriver demain chez ma sœur Monique. Je dois prendre la route 169, mais auparavant je fais un détour pour contourner un pont fermé aux cyclistes à cause de travaux. C’est bien : je roule un temps sur une route plus calme. Quand je retrouve la 169, je dois vivre avec la circulation et des accotements de qualité, disons, inégale.
Il fait très chaud. Je roule lentement, mais je rejoins enfin Hébertville. Je profite d’une pause et de l’accueil du bureau touristique. Une jolie route calme et étroite longe d’abord le lac Vert en offrant de très belles vues, puis le lac Kénogami, qui reste invisible.
Arrivé au camping Sépaq un peu avant 19 h, je m’installe sur un calme site boisé. Ce soir, le tarif est très raisonnable. J’apprécie. En plus des routines et d’un appel à Monique, je réussis à mettre enfin le journal à jour : je traînais un retard depuis Masteuiach.
Il est plus de 23 h quand je passe enfin à la douche. Je pensais que ce serait simple… Ici, il faut introduire quatre pièces de 25 ₵, puis l’eau vient, en principe. Cette fois-ci, les pièces coincent dans l’appareil. Heureusement, je réussis à en retirer deux, j’ai donc ce qu’il faut pour me doucher dans la cabine voisine. Quand le concierge passe, je lui suggère de mettre l’affiche sur la machine plutôt que sur la porte, visible seulement pour le mur. Après tout ça, au dodo. Ça va faire du bien !
Statistiques km jour : 102,3 km total : 796 départ / arrivée : 9 :30 > 18 : 45 temps déplacement : 5 : 44 vitesse moyenne : 17,8 vitesse maximale : 48,3 camping : 10 $
2017-07-24 > Île Bouliane, Pointe-Taillon – 120 km Sommaire
Lundi. La nuit a été moins froide et bien sèche, bercée par le bruit des vagues. Le lever du soleil sur le lac est de toute beauté. Comme d’habitude, je m’éveille tôt, je me prépare et je prends la route vers 7 h 30. J’échange quelques mots avec Daniel, mais presque tous dorment encore.
Je roule un peu sur une piste cyclable, jusqu’à Saint-Félicien. C’est encore frais, je porte polar et mitaines. Je laisse derrière moi le lac Saint-Jean, que je ne retrouverai qu’en fin de journée.
La véloroute suit pour quelques kilomètres la rivière Ashapmushuan, puis traverse des terres agricoles pour quelques heures. Je grappille au passage bleuets et framboises, délicieux.
À Normandin, je m’écarte un peu de la route car mon ami Jean y a un cousin qui fabrique d’excellents fromages artisanaux. Lui n’est pas là, mais je découvre produits et histoire avec sa femme Hélène. C’est agréable et délicieux. Je mange sur place, dégustant un excellent fromage en grains tout frais.
Je reprends la route sous le soleil. C’est un peu monotone, surtout sur accotements jusqu’à Dolbeau-Mistassini. La ville s’est construite autour d’une série de chutes des rivières Mistassibi et Mistassini, qui s’y rejoignent. J’en profite pour mettre à jour la réserve de nourriture.
En sortant de la ville, la piste traverse la forêt pour une bonne dizaine de kilomètres. C’est une très belle section, agréable, calme et assez fréquentée par les cyclistes.
En sortant du joli village de Sainte-Jeanne-d’Arc, lui aussi construit autour d’une chute, la route, tranquille, est très détériorée. Un petit asphaltage ne serait pas un luxe.
La fatigue est là, j’avance plus lentement et il est 17 h 30 quand j’arrive à Péribonka. Deux ouvriers de la marina appellent pour moi le bateau passeur vers la Pointe-Taillon. Même si sa journée devrait se terminer à 17 h, le capitaine accepte de faire un voyage spécial pour moi. Il appelle le Parc pour vérifier mon camping. Il n’y plus de place, sauf sur l’île Bouliane. La traversée coûte plus cher, mais il s’agit de camping sauvage. C’est parfait pour moi.
Si la traversée est facile puisqu’il ne vente presque pas, l’accostage est plus complexe : le ponton s’échoue sur la plage, mais il faut en descendre le vélo en mettant les pieds à l’eau. Heureusement, un jeune homme déjà installé sur l’île avec sa copine vient donner un coup de main. Il ne me reste qu’à pousser le vélo dans le sable chaud jusqu’à une table, un bon exercice.
Antoine et Mélissa, de Québec, sont très sympathiques. Ils ne sont pas très habitués à ce niveau de camping, mais sont heureux de l’aventure. Ils ont avec eux un kayak tandem loué, mais ils l’ont traversé avec la navette.
Je m’installe tranquillement, je plonge dans la rivière Péribonka qui se jette ici dans le lac, puis je mange. Devant moi, le soleil baisse. Le coucher de soleil est magnifique. Je prends plusieurs photos, dont quelques-unes de mes voisins partis profiter du moment en kayak. Je leur en enverrai quelques-unes, particulièrement réussies.
Quatre autres campeurs, jeunes et motorisés, viennent occuper deux tentes voisines, mais ils restent entre eux. De mon côté, je passe quelques minutes avec Antoine et Mélissa, avent de revenir à ma tente pour la nuit.
Statistiques km jour : 118,1 km total : 694 départ / arrivée : 7 :30 > 17 : 30 temps déplacement : 7 : 08 vitesse moyenne : 16,5 vitesse maximale : 42,6 camping : 28 $
Dimanche. Comme d’habitude, j’ai très bien dormi, mais c’était la nuit la plus froide depuis le départ. J’ai été bien inspiré de choisir un sac de couchage assez chaud pour les circonstances. Confort total.
À mon lever, le paysage est envahi par la brume. Magique. Je me prépare tranquillement, malgré le froid, et je pars peu après 7 h. Mes hôtes semblent encore dans les bras de Morphée.
Je pédale rapidement, je porte un polar, un coupe-vent et des mitaines, sans parvenir à avoir chaud. Il doit bien faire autour de 5°. Mais la brume qui lève tranquillement dessine de splendides paysages alors que je longe la rivière Bostonais et de nombreux lacs.
Pour une bonne partie de la journée, il n’y a rien d’autre à part la route, le relief et les arbres. Petite allure de Côte-Nord. Ça se réchauffe, alors que le ciel offre un mélange de soleil et de nuages. Très clairsemée au début, la circulation devient relativement dense, composée pour une bonne moitié de motos pétaradantes. Encore aujourd’hui, de nombreux véhicules transportent bateaux, quads et roulottes, et parfois l’ensemble complet. La vigilance est de mise, malgré l’accotement.
Dans une courbe, à notre étonnement mutuel, je croise un cyclotouriste. Dan (Daniel) ne travaille que pendant l’hiver et il pédale le reste du temps. Cette année, il a choisi de faire le tour du Québec. Après la Gaspésie et la Côte-Nord – et même Manic-5 –, il se dirige vers l’Abitibi. Tout un numéro !
À partir du Lac des Commissaires, il y a quelques chalets dispersés. Il faut attendre Lac-Bouchette pour retrouver la campagne plutôt que la forêt. Il y a aussi un bureau d’information touristique où je fais une longue pause, réponds à quelques courriels, vérifie la météo – jour de pluie jeudi, beau avant et après – et trie les photos déjà prises. Il faut dire que Marie-Claude, la préposée, est très accueillante, curieuse et volubile. Elle fait gentiment un excellent boulot.
Il me reste encore pas mal de kilomètres à parcourir tout en luttant contre le vent de face et la fatigue. Après une dernière montée bien abrupte, c’est la spectaculaire descente vers Chambord et le le lac Saint-Jean.
La première section de la Véloroute des Bleuets, que je suivrai pour quelques jours, est vraiment jolie. Pour l’essentiel, elle longe la voie de chemin de fer qui longe le lac. Dans la lumière qui descend, c’est splendide.
Roberval se prépare à accueillir les nageurs qui vont traverser le lac en fin de semaine. Je serai déjà loin et je ne les jalouse pas : tout un défi.
Je roule encore un peu, vérifiant mon trajet auprès d’un couple qui prend le frais dehors.
Quand j’arrive au camping de Mashteuiatsh, un territoire Montagnais, l’accueil est très chaleureux. Même si c’est plein, Sonia, la responsable, me trouve un site dans les herbes sur le bord de la splendide plage. De mon sac de couchage, je pourrais voir le coucher de soleil, et je n’entends que le bruit incessant et apaisant des vagues. Il y a aussi des enfants qui jouent… et se parlent en allemand. Quand papa vient les chercher, nous échangeons quelques mots. Daniel habite près de Zurich, en Suisse. Lui et les enfants sont très gentils, la conversation passe du français à l’anglais, avec un peu d’allemand au besoin.
Comme je suis arrivé tard, je n’ai pas beaucoup de temps. Après le montage, le souper et la douche, j’appelle ma sœur Monique. Je vais tenter d’arriver chez elle mercredi soir, afin d’être à l’abri lors de la pluie de jeudi. Il me faudra pédaler sérieusement. En attendant, dodo !
Statistiques km jour : 134,8 km total : 576 départ / arrivée : 7 :05 > 19 : 45 temps déplacement : 8 : 25 vitesse moyenne : 60,3 vitesse maximale : 15,9 camping : 25 $
2017-07-22 > Route 155, kilomètre 142 – 85 km Sommaire
Samedi. Nuit parfaite, fraîche et humide : ma tente est trempée. Levé peu avant 6 h, je pars rapidement car les moustiques sont un peu trop intéressés à ma personne.
C’est plutôt froid, sous un ciel magnifique, alors je pédale un bout de temps avec polar et mitaines, attendant que le soleil émerge de derrière les montagnes et apporte un peu de chaleur. En prime, j’ai un bon vent du nord dans la face.
Je déjeune près du pont de Rivière-aux-Rats. La rivière Saint-Maurice reste splendide, mais moins visible de la route. Chaque vue est d’autant plus appréciée. La circulation reste assez dense, à surveiller.
J’arrive chez mon amie Nadine, à La Tuque, vers 11 h. Nous nous retrouvons avec grand plaisir. Comme le soleil est excellent, j’en profite pour bien sécher ma tente et mon matériel. Mais c’est bien secondaire : nous échangeons nouvelles et réflexions, elle me présente son cadre de vie et elle se met à la cuisine. Je ne lui connaissais pas ce talent, mais elle l’exerce avec compétence et passion.
Au menu : risotto aux chanterelles fraîchement cueillies, parmesan et fromage de chèvre ; confit de perdrix ; truffes à la pâte de noix ; sorbet mangue, érable et poivre de Sichuan. Wow !
En après-midi, nous visitons la ville que Nadine connaît sur le bout des doigts. C’est bien intéressant. À noter : la Tuque doit son nom à un rocher arrondi qui servait de point de repère aux voyageurs.
En fin d’après-midi, Jacques revient de Trois-Rivières alors que je me prépare à reprendre la route. Nous avons ainsi l’occasion de nous croiser pour première fois, espérant que ce sera pas une dernière : il est aussi très sympathique.
Je repars peu après 17 h 15. Quelques bonnes côtes, et je me retrouve à longer la rivière Bostonais. C’est vraiment beau et il n’y a presque plus de circulation. Je ne roule pas très longtemps car la nuit va bientôt tomber.
J’interpelle un homme qui alimente un petit feu près d’un joli petit lac. Il accepte facilement de me laisser planter ma tente chez lui. Simon et Mylène, montréalais originaires de la Gaspésie et du Saguenay, ont trois jeunes fils – Isaac, Jacob, Anthony – et viennent régulièrement à leur chalet acheté l’automne dernier. Ils m’invitent à prendre une bonne douche – que ça fait du bien ! – et les conversations sont à nouveau passionnantes. Les deux parents travaillent auprès de personnes récemment sourdes et/ou aveugles. Il sont d’une grande générosité et très engagés.
Alors que la soirée se termine, les jeunes et la maman viennent visiter ma tente. Je complète ensuite le journal, et dodo pour une nuit qui s’annonce pas mal froide.
Statistiques km jour : 85,8 km total : 441 départ / arrivée : 6 :35 > 19 : 30 temps déplacement : 7 : 08 vitesse moyenne : 16,6 vitesse maximale : 50,5
Vendredi. Nuit parfaite. Je me lève quelques minutes plus tard que d’habitude. Je descends saluer le lac, drapé de rubans de brume et constellé de trois gouttes pendant une minute. Magnifique !
Je quitte le camping à l’heure habituelle. Tout de suite après la guérite, une jeune préposée fait des signes étranges devant sa voiture. Cloé essaie de faire comprendre à France, jeune ourse de l’année, qu’il vaut mieux ne pas s’aventurer dans le camping : les gardes devraient probablement la tuer… Nous voyons passer France vers la bonne direction, mais prenons aussi le temps de parler du Parc et de voyages.
Nous partons vers nos occupations, elle à sa guérite, moi vers la longue montée vers le Passage, le plus spectaculaire belvédère du Parc. Il est à la hauteur, dans les deux sens du mot.
Il me reste environ 35 kilomètres avant de quitter le Parc. La route monte, descend, tourne sans cesse, mais c’est beau et frais, confortable. Je croise de nombreux cyclo-sportifs qui profitent de cette belle route tranquille. De mon côté, je prends des photos des jolis lacs sauvages qui se succèdent le long du trajet.
Peu avant de sortir du Parc, Jean me rattrape et nous roulons de concert jusqu’à Saint-Jean-des-Piles et au traversier qui doit me mener à Grandes-Piles et me sauver un bon 25 kilomètres. Problème : il n’y a plus de traversier. C’est donc reparti vers Grand’Mère.
Il y a de la circulation, mais aussi une piste cyclable. En arrivant en ville, je me cherche un peu, mais André, un cycliste d’ici, s’improvise guide à mon profit. Un petit traversier gratuit nous permet d’éviter le dangereux et étroit pont de fer qui relie les deux rives. André me laisse à l’entrée d’une route fermée – pourquoi ? – qui me mène directement à la route 155.
Bientôt, la route longe la rivière Saint-Maurice. La circulation, dense, exige une attention certaine, mais l’accotement est généralement tout à fait acceptable. C’est aussi chaud, autour de 30°. Surtout, c’est souvent très beau car la rivière serpente entre de hautes collines arrondies couvertes d’arbres. La caméra est régulièrement mise à contribution.
Je prends quelques pauses, en particulier pour faire le plein d’eau et, une fois, de fruits frais – je n’ai pas croisé d’épicerie depuis Berthierville. Une petite voiture orange klaxonne pour m’encourager : c’est Nadine, qui ne peut malheureusement pas s’arrêter. Nous nous parlons un peu plus tard pour coordonner notre rencontre de demain.
Même si la route longue une rivière, il y a plusieurs montées à considérer… avec de belles descentes : je dépasse même les 60 km/h sans l’avoir vu venir.
En fin de journée, il est temps de trouver où dormir. Il n’y a aucun camping par ici. Je vérifie un chemin de quad, mais il faudrait être en urgence. En arrivant à Grande-Anse, un homme et une femme sont sur leur balcon. Ils acceptent facilement de me laisser planter ma tente sur leur grand terrain gazonné.
Sa fille se dirige vers l’intérieur, mais M. Silvio, retraité de la forêt et de plusieurs entreprises connexes, se fait un plaisir de me raconter de grand pans d’une vie bien remplie : le travail de la forêt, évidemment, mais aussi la chasse, la pêche, le camionnage, les employés, le récent décès de sa fille et de son gendre, par cancer… C’est intéressant, une vie.
Le soleil a le temps de disparaître pour la nuit et la fraîcheur de s’insinuer avant que nous quittions pour nos quartiers de nuit. Je procède très rapidement car j’ai hâte de me retrouver à l’abri des moustiques.
Je m’installe avec l’ordinateur pour écrire le journal en musique. Peu après 22 h 30, dodo !
Statistiques km jour : 126,7 km total : 355 départ / arrivée : 7 : 20 > 18 : 30 temps déplacement : 7 : 50 vitesse moyenne : 6,1 vitesse maximale : 62,6
2017-07-20 > Lac Wapizagonke, Parc de la Mauricie – 45 km Sommaire
Jeudi. C’est devenu un automatisme : je m’éveille à 5 h 30, avant la sonnerie. Nuit courte, mais excellente.
Malheureusement, mon yogourt a terminé sa vie utile et a coulé dans son sac, mais j’avais pris les précautions pour limiter les dégâts. Je prends la route à 7 h 15.
C’est frais et confortable, il fait très beau et ça avance bien sur un terrain vallonné, même si certaines côtes sont abruptes. Je fais un petit détour pour un aller et retour sur un joli pont couvert. En moins d’une heure, j’entre dans le Parc de la Mauricie.
La route est très belle et très tranquille en ce début de journée. Elle monte, descend et tourne tout le temps. Si les montées sont vraiment très lentes, plusieurs descentes permettent de dépasser les 50 km/h, avec une pointe à près de 60 km/h. J’arrête à l’occasion pour profiter des points de vue sur les petits lacs et parfois sur le majestueux Wapizagonke.
Il y a quelques autres cyclistes qui s’entraînent dans les côtes. Trois femmes dont les maillots affichent « Les Roses » tant en mots qu’en couleur se préparent pour le défi du Parc.
J’arrive au camping à 11 h 30 sous un soleil toujours radieux. Je m’installe malgré un sol trop dur pour les piquets – on s’habitue –, je mange puis je me baigne dans le lac puisque je suis à quelques pas d’une plage. L’eau est vraiment bonne.
Ensuite, c’est la douche puis une sieste bien méritée. J’avais envisagé assister à une causerie des naturalistes sur les ours, mais quelques gouttes et un grand vent font craindre de bons orages. Il y en aura, mais ailleurs : le camping reste bien sec.
Pour manger, je m’installe dans l’abri communautaire. Il y a beaucoup de circulation : c’est l’heure de pointe pour les douches, avec embouteillage côté femmes.
À 19 h 30, deux naturalistes du Parc présentent une causerie à propos des durs métiers de bûcherons et de draveurs autour de 1850. Pas trop le goût de revenir dans « le bon vieux temps ».
Ensuite, il est grand temps de dormir, car la journée de demain risque d’être plus chargée… et que les orages semblent encore vouloir s’inviter en après-midi. Pour le moment, tout est très calme et confortable.
Statistiques km jour : 44.2 km total : 229 départ / arrivée : 7 : 15 > 11 : 30 temps déplacement : 2 : 59 vitesse moyenne : 14,7 vitesse maximale : 59,8 camping : 37 $
2017-07-19 > Saint-Mathieu-du-Parc – 115 km Sommaire
Mercredi. Après une nuit chaude mais confortable, je m’éveille à 5 h 30, juste à temps pour voir le soleil se lever sur le fleuve, directement par la porte ouverte de la tente. Le temps est brumeux, la température est confortable et un joli vent souffle vers l’est, soit dans la bonne direction pour moi. Je pars à 7 h, alors que tout dort encore au camping.
Jusqu’à Berthierville, je longe le fleuve et les méandres qui séparent les Îles de Sorel du rivage. Je croise un cyclotouriste américain très peu chargé – il va de Montréal à Québec en deux jours –, ainsi qu’une jeune femme aussi sur deux roues, et je traverse jolis villages et paysages.
À Berthierville, c’est le temps des mises à jour : je me procure de l’argent comptant, un peu de nourriture et un téléphone cellulaire. Tout ça risque de servir.
Ensuite, je reste en plaine jusqu’à Louiseville mais quitte le bord de l’eau. Il fait chaud : un thermomètre indique 28°. Une bonne pause, un plein d’eau, puis je pars vers Saint-Paulin, laissant le fleuve, la plaine et le soleil derrière moi. La route présente quelques vallons et pas mal de circulation. À Saint-Léon-le-Grand, un tout petit village, je prends une jolie route parallèle beaucoup plus tranquille. Traversant une zone de travaux, je salue Jason, un signaleur sur un chantier routier, et nous entreprenons une agréable conversation.
Plus j’avance, plus la route est vallonnée. Je dîne à Saint-Paulin juste avant qu’une pluie très légère se manifeste. Celle-ci forcit tranquillement. À Saint-Élie-de-Caxton, village célébré par la conteur Fred Pellerin, je m’installe bien au sec au bureau d’information touristique pour écrire un peu, question de laisser passer la pluie.
Je repars peu après 15 h 30, alors que la pluie a presque cessé. Le village de Saint-Élie est assiégé par les touristes attirés par les légendes qui s’y rattachent maintenant. Ce n’est pas pour moi. Alors que je me dirige vers Saint-Mathieu par la route des Lacs, la pluie cesse tranquillement. J’arrive au camping vers 17 h.
Mon site est bien joli, les gens sont accueillants, mais c’est vraiment trop cher pour un cycliste solitaire.
Je m’installe et je mange, puis je me mets au travail : il me faut reconstituer une petite partie de mon carnet d’adresses dans mon nouveau téléphone. Ça se fait en partie par Internet – la connexion est excellente –, en partie avec mon frère Gaétan dont je connais le numéro par cœur. Lui et François, mon autre frère, ont enfin réussi à mettre le bateau à l’eau – il y avait des problèmes administratifs – et à lancer la saison du ski nautique.
À 21 h 30, tout est complet côté ordinateur. Je prévois me lever tôt demain, car des orages sont possibles en après-midi et je préfère arriver avant eux au camping. En attendant, la nuit s’annonce très confortable et sera appréciée.
Je rentre à mon site pour me préparer… et des voisins très sympathiques viennent de s’installer. Guillaume et Linda ont fait le tour du Lac Saint-Jean, lui à vélo avec son père et sa sœur, elle à la logistique avec le frère de Guillaume. Ce sont de voyageurs assidus, alors les sujets de conversation ne manquent pas. Finalement, je passe à la douche et il est près de minuit quand je me retrouve à l’horizontale.
Statistiques km jour : 114,6 km total : 184 départ / arrivée : 7 : 00 > 17 : 00 temps déplacement : 6 : 16 vitesse moyenne : 18,2 vitesse maximale : 47,3 camping : 37 $
Mardi. Comme toujours, le départ est un sport extrême. Il s’agit de tout préparer, de ne rien oublier, et de partir à temps. Cette année, j’ai en plus entrepris quelques travaux à la maison. Ils devraient m’attendre bien sagement.
Je prends donc la route à 15 h. Ce n’est pas un problème, j’ai choisi de commencer par une petite journée.
Ça va bien. D’abord, il fait très beau et chaud ; ensuite, je profite d’un agréable vent de dos ; surtout, l’entretien et les nouveaux pneus semblent avoir enfin réglé le problème de louvoiement qui affligeait ce vélo depuis le début. C’est donc un vrai plaisir de le conduire malgré les 46 kilos mesurés avant le départ.
Pour les 40 premiers kilomètres, je roule sur le boulevard Gouin qui longe la rivière des Prairies. Après le pont de Repentigny, je longe la rivière l’Assomption. Tout au long, c’est généralement calme et à l’occasion bucolique. Je dois ensuite rejoindre un troisième cours d’eau, le majestueux Saint-Laurent.
Petit problème : des affichent indiquent que le viaduc qui surplombe l’autoroute 40 est interdit aux cyclistes et piétons. Et notre bon ministère des transports n’a pas prévu de détour. Sur place, les affiches sont claires, mais je dois passer outre. Ce n’est ni difficile ni dangereux. Notre ministère aurait intérêt à penser hors de la boite appelée voiture…
C’est donc sans autre péripétie que je rejoint le camping. C’est cher, mais le site est beau et il n’y a pas beaucoup d’options si près de la ville. Je m’installe facilement – j’ai quand même l’habitude – mais je réalise que mon téléphone est resté à la maison. Il faudra y voir demain matin, à Berthierville.
Je procède aux tâches habituelles – repas, douche et journal, et dès 22 h 30 je suis dans la tente, prêt à me coucher. Les vacances sont bien commencées !
Statistiques km jour : 68,5 km total : 68 départ / arrivée : 15 : 00 > 18 : 45 temps déplacement : 3 : 31 vitesse moyenne : 19,3 vitesse maximale : 33,4 camping : 29 $