De plaines en collines

La campagne jardin

2017-07-19 > Saint-Mathieu-du-Parc – 115 km
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Mercredi. Après une nuit chaude mais confortable, je m’éveille à 5 h 30, juste à temps pour voir le soleil se lever sur le fleuve, directement par la porte ouverte de la tente. Le temps est brumeux, la température est confortable et un joli vent souffle vers l’est, soit dans la bonne direction pour moi. Je pars à 7 h, alors que tout dort encore au camping.

Jusqu’à Berthierville, je longe le fleuve et les méandres qui séparent les Îles de Sorel du rivage. Je croise un cyclotouriste américain très peu chargé – il va de Montréal à Québec en deux jours –, ainsi qu’une jeune femme aussi sur deux roues, et je traverse jolis villages et paysages.

À Berthierville, c’est le temps des mises à jour : je me procure de l’argent comptant, un peu de nourriture et un téléphone cellulaire. Tout ça risque de servir.

Ensuite, je reste en plaine jusqu’à Louiseville mais quitte le bord de l’eau. Il fait chaud : un thermomètre indique 28°. Une bonne pause, un plein d’eau, puis je pars vers Saint-Paulin, laissant le fleuve, la plaine et le soleil derrière moi. La route présente quelques vallons et pas mal de circulation. À Saint-Léon-le-Grand, un tout petit village, je prends une jolie route parallèle beaucoup plus tranquille. Traversant une zone de travaux, je salue Jason, un signaleur sur un chantier routier, et nous entreprenons une agréable conversation.

Plus j’avance, plus la route est vallonnée. Je dîne à Saint-Paulin juste avant qu’une pluie très légère se manifeste. Celle-ci forcit tranquillement. À Saint-Élie-de-Caxton, village célébré par la conteur Fred Pellerin, je m’installe bien au sec au bureau d’information touristique pour écrire un peu, question de laisser passer la pluie.

Je repars peu après 15 h 30, alors que la pluie a presque cessé. Le village de Saint-Élie est assiégé par les touristes attirés par les légendes qui s’y rattachent maintenant. Ce n’est pas pour moi. Alors que je me dirige vers Saint-Mathieu par la route des Lacs, la pluie cesse tranquillement. J’arrive au camping vers 17 h.

Mon site est bien joli, les gens sont accueillants, mais c’est vraiment trop cher pour un cycliste solitaire.

Je m’installe et je mange, puis je me mets au travail : il me faut reconstituer une petite partie de mon carnet d’adresses dans mon nouveau téléphone. Ça se fait en partie par Internet – la connexion est excellente –, en partie avec mon frère Gaétan dont je connais le numéro par cœur. Lui et François, mon autre frère, ont enfin réussi à mettre le bateau à l’eau – il y avait des problèmes administratifs – et à lancer la saison du ski nautique.

À 21 h 30, tout est complet côté ordinateur. Je prévois me lever tôt demain, car des orages sont possibles en après-midi et je préfère arriver avant eux au camping. En attendant, la nuit s’annonce très confortable et sera appréciée.

Je rentre à mon site pour me préparer… et des voisins très sympathiques viennent de s’installer. Guillaume et Linda ont fait le tour du Lac Saint-Jean, lui à vélo avec son père et sa sœur, elle à la logistique avec le frère de Guillaume. Ce sont de voyageurs assidus, alors les sujets de conversation ne manquent pas. Finalement, je passe à la douche et il est près de minuit quand je me retrouve à l’horizontale.

Statistiques
km jour : 114,6
km total : 184
départ / arrivée : 7 : 00 > 17 : 00
temps déplacement : 6 : 16
vitesse moyenne : 18,2
vitesse maximale : 47,3
camping : 37 $

Les cours d’eau

Enfin, partir !

2017-07-18 > Saint-Sulpice – 70 km
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Mardi. Comme toujours, le départ est un sport extrême. Il s’agit de tout préparer, de ne rien oublier, et de partir à temps. Cette année, j’ai en plus entrepris quelques travaux à la maison. Ils devraient m’attendre bien sagement.

Je prends donc la route à 15 h. Ce n’est pas un problème, j’ai choisi de commencer par une petite journée.

Ça va bien. D’abord, il fait très beau et chaud ; ensuite, je profite d’un agréable vent de dos ; surtout, l’entretien et les nouveaux pneus semblent avoir enfin réglé le problème de louvoiement qui affligeait ce vélo depuis le début. C’est donc un vrai plaisir de le conduire malgré les 46 kilos mesurés avant le départ.

Pour les 40 premiers kilomètres, je roule sur le boulevard Gouin qui longe la rivière des Prairies. Après le pont de Repentigny, je longe la rivière l’Assomption. Tout au long, c’est généralement calme et à l’occasion bucolique. Je dois ensuite rejoindre un troisième cours d’eau, le majestueux Saint-Laurent.

Petit problème : des affichent indiquent que le viaduc qui surplombe l’autoroute 40 est interdit aux cyclistes et piétons. Et notre bon ministère des transports n’a pas prévu de détour. Sur place, les affiches sont claires, mais je dois passer outre. Ce n’est ni difficile ni dangereux. Notre ministère aurait intérêt à penser hors de la boite appelée voiture…

C’est donc sans autre péripétie que je rejoint le camping. C’est cher, mais le site est beau et il n’y a pas beaucoup d’options si près de la ville. Je m’installe facilement – j’ai quand même l’habitude – mais je réalise que mon téléphone est resté à la maison. Il faudra y voir demain matin, à Berthierville.

Je procède aux tâches habituelles – repas, douche et journal, et dès 22 h 30 je suis dans la tente, prêt à me coucher. Les vacances sont bien commencées !

Statistiques
km jour : 68,5
km total : 68
départ / arrivée : 15 : 00 > 18 : 45
temps déplacement : 3 : 31
vitesse moyenne : 19,3
vitesse maximale : 33,4
camping : 29 $

Le Québec de l’eau – été 2017

Baie des Ha ! Ha !, Saguenay

Le Québec regorge de lacs et de cours d’eau… parfois reliés par quelques bonnes collines. Cet été-là, de rencontre en rencontre, j’en ai suivi une petite partie: Saint-Laurent, évidemment, mais aussi Wapizagonke, Saint-Maurice, Bostonais, Saint-Jean, Ha ! Ha !, Chaudière, Mégantic, Memphrémagog, Orford, Richelieu, Saint-Louis… Une belle virée !

Les cours d’eau
2017-07-18 > Saint-Sulpice – 70 km

De plaines en collines
2017-07-19 > Saint-Mathieu-du-Parc – 115 km

En côtes et courbes
2017-07-20 > Parc de la Mauricie – 45 km

Le majestueux Saint-Maurice
2017-07-21 > Grande-Anse – 125 km

Nadine de La Tuque
2017-07-22 > Route 155, kilomètre 142 – 85 km

Route 155, en plein bois
2017-07-23 > Mashteuiatsh – 135 km

Du lac au lac à l’île
2017-07-24 > Pointe-Taillon – 120 km

De nouveaux amis, puis la route
2017-07-25 > Lac Kénogami – 100 km

En pays de connaissance
2017-07-26 > La Baie, Saguenay – 85 km

Menus travaux
2017-07-27 – La Baie, Saguenay – 0 km

De l’escalier au lac Ha ! Ha !
2017-07-28 > Lac Ha ! Ha ! – 60 km

La route qui touche le ciel
2017-07-29 > Baie-Saint-Paul – 75 km

De la 138 au campus
2017-07-30 > Québec – 120 km

Suivre l’eau, encore
2017-07-31 > Sainte-Marie – 70 km

Lumières
2017-08-01 > Beauceville – 40 km

Remonter la Chaudière
2017-08-02 > Lac-Mégantic – 105 km

Le tour du lac
2017-08-03 – Lac-Mégantic – 70 km

Vallons
2017-08-04 > Sherbrooke – 110 km

À l’abri du déluge
2017-08-05 > Eastman – 45 km

Du gravier avec ça ?
2017-08-06 > Sainte-Sabine – 95 km

Retour à la maison
2017-08-07 > Montréal – 115 km

Perdre les pédales

> Aéroport > Montréal – 30 km + 6500 km
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Samedi. Ce matin, je n’ai pas besoin de mon réveil : je le devance de quelques minutes. Quand Enrique se lève, je suis presque prêt, mais lui et moi prenons toujours plaisir à parler ensemble. À 9 h, je suis en route.

Le première partie, urbaine et en descente, est facile en ce samedi matin bien tranquille. En consultant la carte sur mon appareil photo, je trouve facilement le pont au-dessus du Llobregat, un tout petit cours d’eau en cette saison. Peu après, je passe le seuil des 3500 km, ce qui fait de ce voyage le plus long de ma carrière de cyclotouriste.

Je roule un bout de temps sur la digue, un trop long bout de temps puisque je manque l’intersection vers l’aéroport – était-elle indiquée ? – et me retrouve près des plages. Je reviens sur mes pas et trouve enfin l’aéroport et le terminal « 2 », puis la section « B » où je prendrai mon avion. C’était prudent de partir tôt : il est déjà 11 h et j’ai parcouru près de 30 km à cause des détours.

Ensuite, les choses vont rondement : je prépare vélo et bagages, je règle les formalités, je mange un peu et me rends à la salle d’attente pour l’embarquement.

Il me reste du temps sur mon téléphone. Je réussis à rejoindre quelques amis pour les saluer avant l’envol. Le voyage n’aurait pas été une si belle aventure sans leur accueil plus que chaleureux.

Nous nous installons à bord. Comme l’aéroport est vaste, il se passe près de 30 minutes entre le moment où nous commençons à rouler et l’envol comme tel. Il fait très beau alors que nous survolons l’Espagne. Je peux profiter du paysage puisque je suis assis au hublot.

Comme l’appareil est plus ancien, les écrans sont collectifs plutôt qu’individuels, ce qui fait que les passagers ne choisissent pas ce qu’ils voient. J’écris un peu, puis je complète le tri des photos.

Ces voyages en avion sont assez peu palpitants. Comme la plupart des passagers, je sommeille tant bien que mal entre les annonces et les collations. En fin de parcours, je jette un coup d’œil dehors et vois une côte : nous survolons Tadoussac, où je pédalais l’an dernier. Souvenirs…

Nous atterrissons à l’heure prévue et nous nous dirigeons vers les douanes. Dans une grande salle bondée, les nombreux voyageurs font la file dans un labyrinthe. L’attente est longue puisque le personnel est trop peu nombreux, et plusieurs étapes de contrôle se suivent, avec file entre chacune. Accueil bizarre, assez mal fichu…

Dans mon cas, j’ai droit à la totale. J’ai déclaré le montant des achats faits à la suite du vol de Lyon, alors des étapes s’ajoutent avant de récupérer mes bagages.

Mon gros sac m’attends sur le carrousel, mon vélo est avec les bagages hors dimensions, mais celui-ci ne va pas bien : tout est en désordre, le pneu arrière est à plat, la chaîne est débarquée, mais surtout le transporteur a perdu les pédales puisque le sac de transport s’est ouvert. Rien à faire : je devrai rentrer à la maison en taxi.

En attendant, je dépose une réclamation à ce sujet, puis me présente au dernier contrôle. On m’envoie pour une étape supplémentaire : une fouille détaillée. La jeune douanière me fait tout ouvrir, examine les factures, fouille un peu partout dans l’ordinateur et conclut – probablement à raison – que j’ai dépassé le montant d’achats permis. Mais elle comprend les circonstances et me laisse partir sans surcharge.

Je me dirige vers les taxis. À nouveau, il faut affronter une longue ligne d’attente et la course est très chère, avec une surcharge pour le vélo. C’est avec soulagement que j’arrive chez moi, plus de trois heures après l’atterrissage.

Tout est en ordre. Je prends une bonne douche, puis le volant de ma voiture : Jean et Ginette ont rassemblé un bon groupe de nos amis communs pour un souper de fin d’été. Très agréable. Je suis de retour à la maison vers minuit. Je ne m’occupe guère du décalage horaire… mais il est temps de retrouver le confort de mon lit. Je rêve de repartir, mais sans trop d’avions ou de trains…


km jour : 28,3
km total : 3521
départ / arrivée : 9 h 15 / 20 h 45
temps déplacement : 1 : 39
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 34,1

Barcelone

Esplugues de Llobregat (Barcelona)
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Vendredi. Une bonne et longue nuit. Je me lève vers 9 h 30, sans faire de bruit car Enrique profite d’un bon sommeil jusqu’à 10 h 30. Nous déjeunons de concert, nous regardons quelques cartes et je termine le journal avant de me diriger vers la ville pour m’y balader.

Pour m’y rendre, j’utilise le transport en commun. Le tramway passe devant la porte et me mène au métro. Simple. En revanche, j’apprécie le coup de main de Nacha, une dame d’origine salvadorienne, qui m’indique quel ticket choisir et me change un billet, puisque la machine n’accepte pas ma carte de crédit.

En ville, il y a foule, partout, sous la chaleur. Les gens déambulent, se photographient, mangent, boivent, entrent et sortent des commerces qui sont partout… Je suis loin de la solitude du cycliste sur sa monture.

Je me perds là où vont mes pas dans les rues étroites qui tissent ces vieux quartiers bourrés de charme. Selon les conseils d’Enrique, je me dirige vers l’est, plus calme.

Je choisis une visite payante, celle de l’église Santa Maria des Mar, splendeur gothique ayant survécu aux siècles et magnifiquement restaurée. J’y passe du temps et je la photographie à mon goût.

De retour dehors, je vais me balader dans le Parc Ciutadella, avec son étang encombré de chaloupes à rames, je reviens longer le port pour terminer la boucle près de la célèbre cathédrale Sagrada Familia, œuvre mythique de l’architecte Antonio Gaudi. Je ne songe même pas à y entrer, pour cause de foule trop dense. Et je reviens tranquillement à la maison

Ce soir, Enrique cuisine un excellent riz aux légumes et lardons. Je goûte des figues fraîches, un vrai délice, puis nous partageons un bout du dessert que j’ai acheté en chemin, heureusement aussi bon que beau. En soirée, nous partageons images et histoires de voyages sur deux roues avant de nous retirer dans nos quartiers de nuit.

Demain, l’avion et le retour. Et déjà, un fond de nostalgie : j’aurais continué. Bon, une petite pause de quelques mois, avant de repartir, ça peut passer…

Sans stress prévu…

> Esplugues de Llobregat (Barcelona) – 150 km
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Jeudi. C’était un camping anonyme. Seul événement : l’arrosage automatique a humidifié un peu le plancher de la tente. Levé à l’heure habituelle, je pars à l’heure habituelle pour une dernière journée de route. Sera-t-elle anonyme ? En tout cas, je prévois une journée sans stress : Barcelone est trop loin pour être atteinte à vélo, je devrai prendre le train en fin de journée.

Aujourd’hui, le ciel est plus gris que bleu, l’air est embrumé, mais c’est plus confortable côté thermomètre.

En principe, je devrais descendre pas mal, car je suis en montagne et je vais vers la mer. Mais le principe doit attendre encore : je commence avec 5 km de montée en forêt afin de passer un peu au-dessus des 1000 m.

La descente – 700 m d’un coup – vaut largement l’attente. D’abord en forêt, puis sur terrain ouvert, la route s’accroche en balcon au flanc de la montagne jusqu’au creux de la vallée. Fabuleux !

Ensuite, c’est ordinaire. Quelques petites routes et villages, une grosse ville – Montblanc, cité médiévale – à contourner, cartographie attentive pour rester sur le bon chemin.

Je me dirige vers El Vendrell et la mer par la C-51, route plus importante à côté de laquelle une ancienne route a été maintenue, entre autres pour les vélos.

Autour de El Vendrell, je roule quelques kilomètres dans des conditions d’autoroute, plutôt pénibles. Je rejoins la C-31 – ne pas confondre avec l’autoroute C-32 –, passante et désagréable, un long centre d’achats.

Je tente à quelques reprises de rejoindre le bord de mer, sans autre résultat que de perdre du temps : il semble être partout interdit aux vélos.

À Sitges, la route change de caractère. Alors que l’autoroute et le train sont surtout en tunnels, la C-31 serpente comme une route de montagne. Je me laisse tenter, une excellente idée.

Oui, c’est sinueux et étroit, avec beaucoup de circulation et du relief. Mais il s’agit d’une corniche accrochée à la falaise, dominant la mer, magnifique. Régulièrement, je me colle à la bordure de béton pour laisser passer les files de voitures qui sont bloquées quand je roule. Et j’admire la mer et la falaise, paysages grandioses alors que le jour baisse tranquillement.

Après ce bijou, je reviens aux routes normales et commerciales. Je dois veiller à ne pas me tromper de chemin, entrant en ville par des autoroutes. En revanche, je reste plein d’énergie malgré une longue journée et 150 km, un record pour cet été. Étrange de ne pas sentir la fatigue…

Il est 22 h et il fait bien nuit quand j’arrive enfin chez Enrique, mon hôte Warmshowers. Ce réseau de cyclotouristes propose des rencontres entre passionnés, et c’est bien le cas cette fois-ci. Vétérinaire devenu photographe, Enrique a entre autres pédalé la côte est de New-York à la Gaspésie, avec retour par la rivière Hudson, le sud-est asiatique et la Nouvelle-Zélande.

Je suis reçu dans un superbe loft – aménagé par lui-même dans un ancien local commercial – avec de hauts plafonds où pendent quelques vélos, des fenêtres immenses et un mélange intéressant d’objets d’époques et de fonctions très hétéroclites.

Nous passons un petit bout de soirée très agréable, mais nous nous couchons assez rapidement car tous les deux avons besoin de repos.


km jour : 147,8
km total : 3492
départ / arrivée : 9 h 15 / 22 h
temps déplacement : 9 : 26
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 52,3

Les cols brûlants

> Prades (Priorat) – 75 km
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Mercredi. Souhaitant faire une bonne journée, je me lève tôt. La tente est légèrement humide de rosée, elle séchera ce soir. Dès 9 h 15, je suis en route.

C’est frais pour le moment, le ciel est légèrement voilé, mais la chaleur sera de toute évidence au rendez-vous.

La montée d’hier vers le camping est ce matin une descente rapide. En passant à Móra la Nova, j’achète fruits et fromage dans de petites boutiques afin d’avoir l’essentiel pour la journée.

Je roule quelques kilomètres dans la large et confortable vallée de l’Ebre, puis je pars sur de petites routes dont j’espère qu’elles seront intéressantes. Bien vu, mais elles seront aussi très exigeantes, plus encore que ce à quoi je m’attendais.

Si touts les cours d’eau sont bien secs, il y a des arbres résistants à ce climat toujours aride, ainsi que des cultures de vignes et d’oliviers. En après-midi, il fait 39° selon mon thermomètre. Je bois beaucoup d’eau, heureusement disponible aux fontaines.

Les routes sont en excellente condition et très peu fréquentées, ce qui facilite la conduite.

Je traverse une série de petits villages, tous magnifiques, sur des hauteurs et séparés par de creuses vallées. Entre Lloà et Gratallops, la longue montée est si abrupte que je dois arrêter chaque 25 m pour reprendre mon souffle.

Après une jolie crête, je descends à Vilella Baxiat, au pied d’un spectaculaire mur de montagnes surmontées de falaises. C’est le Parc naturel de la Serra del Monsant. Sur des kilomètres, la route monte le long des montagnes, offrant des points de vue incroyables. Je manque d’yeux pour tout admirer ; mon appareil photo est bien sollicité, mais ne peut rendre l’ampleur du spectacle.

En chemin, je suis accompagné des grondements du tonnerre, mais l’orage passe ailleurs. Ça m’aurait mouillé mais rafraîchi.

À partir de l’intersection vers Escaladei, la montée s’apaise et j’arrive à Poboleda, autre splendeur, avant de descendre vers une route un peu plus importante.

Je pensais qu’elle pourrait descendre vers les vallées, mais elle monte constamment : c’est encore un col à plus de 900 m, à nouveau accompagné de gros grondements de tonnerre. Mais quels paysages!

Quand ça redescend un peu, j’arrive au camping de Prades. Il est déjà 19 h, j’ai battu mon record de basse vitesse moyenne et il est temps d’arrêter. Après tout, même si j’ai descendu plus de 1000 m, j’en ai monté plus de 1650.

Je suis dans un gros camping familial, cher et encombré, où je croise beaucoup de monde sans en rencontrer. Après les routines, je m’installe confortablement dans ma tente pour écrire en musique. Demain, ce sera la dernière vraie journée de vélo. J’espère bien en profiter, mais je serais étonné qu’elle soit comparable en splendeur à celle qui achève.


km jour : 76,0
km total : 3344
départ / arrivée : 9 h 15 / 19 h 15
temps déplacement : 6 : 20
vitesse moyenne : 12,0
vitesse maximale : 53,9
camping : 19,50 €

Villages photogéniques

> Tivissa (La Ribera d’Ebre) – 95 km
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Mardi. Mouillée hier soir, la tente est bien sèche ce matin. Avant de quitter, je discute campings et itinéraires avec le proprio, toujours de bon conseil. À 10 h 15, je roule.

Le temps reste gris, plus frais – un peu sous les 30° –, mais aucune menace de pluie n’est en vue. Aujourd’hui, une bonne partie du trajet est connue : après Torre del Compte – l’épicerie est ouverte et j’en profite –, j’entre sur la Via Verda, toujours splendide.

Il y deux nouveautés par rapport à la semaine dernière : un soleil plus généreux, et des mûres prêtes à être dégustées. Sinon, les points de vue sont nombreux. Je prends un peu moins de photos, mais c’est de toute beauté, spécialement dans les gorges de la Canaletes.

La section d’aujourd’hui compte deux bonnes douzaines de tunnels. J’apprécie ma frontale, surtout quand l’éclairage automatique ne fonctionne pas.

Je quitte ce paradis du vélo à l’ancienne gare de El Pinell de Brai, en ruines comme la majorité des bâtiments liés au train. Je ne suis pas encore au village : il faut franchir 6 km et un petit col. Ça reste de toute beauté, tout comme le village que je traverse.

La petite route qui mène à Miravet, le village suivant, est très tranquille. Après une courte montée et un plateau, une longue descente amène sur les bords de l’Ebre. C’est assez spectaculaire : comme souvent, un château domine la place, mais en plus l’église et l’ancien village sont accrochés à un cap qui plonge directement dans l’eau.

Il me faut traverser l’Ebre, mais point de pont ici : c’est plutôt un bac très ancien qui passe d’une rive à l’autre, constitué de deux barques liées par une plate-forme où trois petites voitures sont à l’étroit. Aucune mécanique : tout fonctionne avec le courant et des bras. Système très écolo, efficace et un peu folklorique.

À 17 h, je suis à Ginestar, où un camping est annoncé. Après seulement 75 km, je souhaiterais continuer, mais le prochain camping sur mon itinéraire est au moins à 50 km de routes de montagne, bien trop loin pour le temps disponible. À 17 h 45, je reprends la route, n’ayant jamais trouvé le fameux camping.

Je dois donc m’écarter de mon chemin de plusieurs kilomètres et d’un dénivelé considérable pour me retrouver à Tivissa, autre village très photogénique.

Depuis plusieurs jours, le sol est si durci qu’il est pratiquement impossible de planter des piquets de tente, et ici c’est encore pire car il n’y a pas d’arbre bien situé pour m’y attacher. Je bricole avec une corde coincée entre deux briques, une clôture et des pierres : tout tient quand même.

J’ai des voisins français avec qui parler un peu, mais j’ai besoin de repos, comme leurs enfants, alors nous ne jasons pas trop tard. Luxe suprême : je dispose d’une table pour écrire. C’est bien confortable, malgré la musique aussi bruyante que la grappe de préados. Je termine tôt, ce qui me permet de me coucher tôt et d’envisager une bonne et longue nuit.


km jour : 92,7
km total : 3268
départ / arrivée : 10 h 15 / 19 h 30
temps déplacement : 6 : 15
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 49,5
camping : 11,50 €

Le haut fourneau

> La Fresneda (Teruel) – 120 km
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Lundi. Levé vers 7 h 15, je suis prêt à 9 h. Passant acheter une baguette à l’accueil, j’y croise la jeune Manon, connue la semaine dernière. Évidemment, je passe saluer la famille, toujours aussi sympathique. Je suis donc en route à 9 h 15.

Je roule les premiers kilomètres sur une petite route facile et calme avant de rejoindre la N-232. Là, il y a pas mal plus de circulation, mais un bon accotement. Ça monte régulièrement, avec une petite descente à l’occasion.

Surtout, c’est bien chaud, avec un thermomètre qui se tient entre 30° et 35° toute la journée. Le soleil plombe et mes bouteilles se vident plutôt rapidement même si je ménage mon eau pour me rendre au prochain ravitaillement. En revanche, je profite régulièrement des mûres, délicieuses mais dangereuses avec un plant épineux de partout.

Comme prévu, les paysages sont très beaux et très ouverts : plus je monte, plus la végétation diminue en taille et en verdure. Je longe un bout de temps la large rivière de Cervera, complètement à sec comme pratiquement tous les cours d’eau de la région. Impressionnant.

Vers midi, ça commence à monter plus sérieusement. Après un pont étroit, des lacets, puis un beau petit col comme je les aime. Il n’est ni très haut ni difficile, mais c’est franchement magnifique. Une différence par rapport aux autres cols : tout est sec, il n’y a pas d’eau nulle part. Mais plusieurs automobilistes m’encouragent au passage, un soutien apprécié.

Après un petit plateau et une bonne descente, c’est Morella. Wow ! Juchée sur une bonne colline, la ville est dominée par un énorme château médiéval et cernée d’une impressionnante fortification. Il y a même des sections de ce qui semble être un aqueduc romain. Je refais le plein d’eau à une station service, mais l’épicerie est fermée pour le moment.

J’ai tout le temps d’admirer la ville, car elle est au pied d’une montée de quelques kilomètres. Sur la crête, des éoliennes à perte de vue. Et après, toute une descente ! La route est belle, le vent me pousse et j’y atteins 69,3 km/h, non sans une pensée pour Pierre-Andrea, autre fils de mes amis Jean-Pierre et Diane, qui a récemment chuté en vélo à haute vitesse pour se ramasser à l’hôpital.

Je me rends intact en bas de la côte. Là, la route est en reconstruction, mais ça ne dérange pas puisque l’ancienne est toujours en place, étroite, sinueuse mais bien pavée.

Prochain village : Montroyo. Plein d’eau, bien sûr, mais épicerie fermée. Problème : mes réserves sont basses. Je quitte la N-232 pour la A-1414, une route régionale. Elle commence par une rapide descente, puis un bout de vallée et une bonne montée. Et on recommence. Toujours, les paysages sont magnifiques, mais le temps avance et je m’inquiète pour la bouffe.

À Fuentespalda, un passant confirme mes inquiétudes : c’est jour de fête nationale. Vais-je jeûner ce soir? En attendant, une plus grosse montée, puis une grande descente me mènent dans une autre vallée et à Valderrobres, village magnifique lui aussi.

Toujours, l’épicerie est fermée. En approchant du centre touristique, je croise des gens avec un sac de victuailles. Un gros dépanneur est ouvert : j’y achète l’essentiel.

Le ciel s’est couvert et des averses circulent un peu partout. Je croise l’entrée du camping local, mais je décide de poursuivre jusqu’à celui de La Fresneda, que j’avais bien apprécié. Bon plan : l’accueil est toujours à la hauteur, ma place dans le stationnement est disponible et la pluie n’est pas encore arrivée.

J’ai le temps de tout installer et de manger alors que quelques éclairs illuminent le ciel maintenant bien noir. Ensuite, je suis à l’intérieur pour vaisselle, douche et journal. En revanche, pas de rencontre notable ce soir. Quand tout est complété, je retrouve ma tente, humide à l’extérieur, sèche à l’intérieur, avec délices.


km jour : 119,3
km total : 3176
départ / arrivée : 9 h 15 / 20 h 45
temps déplacement : 8 : 03
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 69,3
camping : 13,65 €

Trois pour le prix d’un

> Càlig (Castellò) – train + 25 km
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Dimanche. Jour de départ. Couchés tard, tous se lèvent tard, évidemment. Ce matin, je prépare tout mon matériel – il s’agit de ne rien oublier – et je fais un envoi de nouvelles et photos sur les plates-formes habituelles. Je confirme également mon rendez-vous de jeudi à Barcelone avec Enrique. Mon amie Virginie est de retour de vacances en Aragon, où j’étais ces derniers jours, et vient de se reconnecter chez elle, dans le Gers. Cette année, nous nous sommes manqués : je pourrai la visiter une prochaine fois.

Les autres gars de la maison sont déjà partis dans une aventure intergalactique virtuelle, il ne sont guère présents sur terre que lors des repas, et encore.

Au menu ce midi : des sardines achetées hier au marché. Ségo et Tom, soutenus par Internet, se lancent dans une complexe opération de préparation. Le résultat est convainquant pour les adultes, mais beaucoup moins pour les enfants.

C’est déjà le temps de se saluer. Je prends la route sous un soleil rayonnant – comme toujours ici – et il fait « frais », à peine 28°.

Ségo m’a imprimé une carte, qui me guide à peu près dans la bonne direction. J’ai quelques hésitations, mais j’arrive à la gare… 10 minutes avant le départ du train. C’est tout juste suffisant pour acheter mon billet – en espagnol – et pour monter à bord. Tout se passe bien, il y a peu de monde et je peux laisser mon vélo tout monté à proximité. Deux heures de pause, bien plus qu’il n’en faut pour compléter le journal. Ce n’est pas cher : moins de 12 € pour me donner deux jours de plus.

Après 45 minutes, le train s’arrête entre deux gares… et ne repart plus, malgré les efforts du personnel. 45 autres minutes, et ils nous indiquent qu’un autre train viendra nous prendre. Quand ce train arrive enfin, une passerelle permet de passer de l’un à l’autre, mais dans un autre wagon. Mon vélo ne passe pas entre les sièges, alors deux employés le prennent en charge pendant que je transporte deux sacoches et la guitare.

Le nouveau train, bien plus petit, est bondé. Je suis donc debout avec mon vélo jusqu’à Castellón. Là, nous descendons et attendons un troisième train jusqu’à 17 h 40. Entre montagnes et mer, de village en village, le trajet jusqu’à Benicarló redevient agréable et confortable. Vive le train, quand il fonctionne !

J’en descends avec deux heures de retard. Heureusement, rien ne presse aujourd’hui, il est encore tôt et je ne suis qu’à 10 km du camping, sans grand dénivelé.

J’arrive donc tôt. L’accueil est chaleureux, mais j’ai peu de contacts avec mes voisins. Je peux ainsi tout terminer assez rapidement et me coucher tôt alors que la fraîcheur s’installe sous une belle lune.


km jour : 26,4
km total : 3056
départ / arrivée : 13 h 00 / 19 h 15
temps déplacement : 1 : 45
vitesse moyenne : 15,1
vitesse maximale : 39,4
camping : 15,00 €