Les deux monts

Le mont Saint-Joseph, vu du mont Mégantic (halte de la Terre)

> refuge Pèlerins (970 m)
> mont Notre-Dame (910 m)
> mont Mégantic (1110 m)
> refuge Petite-Ourse (685 m)
2021-03-03 – 15,4 km

Sommaire.

La nuit a été bien calme, mais quand même occupée puisque je me levais régulièrement pour remettre du bois dans le poêle. Pour ne pas prendre de chance, j’avais mis une alarme aux deux heures. J’ai quand même très bien dormi.

Ce matin, tout est blanc puisque le ciel a ajouté une dizaine de centimètres de neige fraîche sur un paysage qui n’en manquait pas. En revanche, plusieurs visiteurs se pointent relativement tôt: deux employés du parc venus en motoneige, lui pour faire le ménage, elle pour vérifier l’état des sentiers après les grands vents d’hier; aussi, Guillaume, un homme en recherche de lui même avec qui j’échange un bon moment; enfin, des mésangeais du Canada en recherche de bouffe facile.

Il ne neige plus vraiment, mais le ciel reste gris. Dans un premier temps, je descends l’abrupt sentier vers le refuge de la Petite-Ourse pour y déposer mon gros sac, croisant plusieurs randonneurs. Une sympathique famille avec deux jeunes enfants est toujours au refuge. Je repars rapidement, bien décidé à profiter de la journée.

Le premier objectif est le mont Notre-Dame, tout près d’ici. Le sentier est tracé, mais personne n’y est encore passé aujourd’hui. J’ouvre donc dans une belle poudreuse fraîche. En approchant du sommet, le vent a fait son œuvre et effacé la trace, mais j’atteins le sommet sans difficulté. C’est de toute beauté.

C’est là que je croise Jérôme. Nos redescendons de concert en devisant comme de vieux amis, puis je repars directement vers le mont Mégantic.

Ici, il y a du monde, joyeux et en forme. Si le ciel est toujours gris, les paysages et la forêt sont magnifiques et s’améliorent en gagnant en altitude. En arrivant au sommet, près de l’observatoire, tout est bouché et un vent mordant fait que personne ne s’y attarde. mais c’est bien beau.

Question de prolonger le plaisir, je redescends vers le col des Trois-Sommets en compagnie de deux jeunes femmes travaillant auprès d’élèves autistes. Elles remontent ensuite vers le coquet refuge du mont Saint-Joseph alors que je rentre tranquillement vers la Petite-Ourse. En chemin, des enfants s’amusent près d’un refuge: quelle belle relâche pour eux!

À mon nouveau refuge, pas besoin de faire fondre la neige: le ruisseau qui coule en contrebas fournit sans effort une eau savoureuse, et mon nouveau filtre fonctionne par gravité. La soirée est calme et courte, je m’installe pour une excellente nuit, en programmant une alarme aux trois heures, ce qui est suffisant pour garder la flamme allumée.

La Vallée et la crête

La crête du mont Saint-Joseph

> Astrolab (595 m)
> pic des Crépuscules (1060 m)
> mont Saint-Joseph (1050 m)
> refuge Pèlerins (970 m)
2021-03-02 – 7,5 km

Sommaire.

La route est facile, même s’il fait autour de -15°. Deux recharges en chemin, je branche ma voiture sur une prise de 110 volts en arrivant à l’accueil et je pars sur le sentier vers 14h30. Il fait un temps magnifique, grand soleil, ciel bleu et puissant vent glacial. Il y a du monde, le parc est fréquenté de randonneurs nombreux et de très bonne humeur.

J’aurais pu me rendre directement au refuge, une montée souvent abrupte de 2,3 km. Mais je prends plutôt le sentier principal vers le refuge du Col des Trois-Sommets (910 m). La montée de 3,8 km est plus douce, en forêt le long d’un joli ruisseau glacé, mais permet surtout de prolonger le plaisir.

Tout de suite après le refuge, je croise un trio de randonneurs, un autre groupe sympathique. Ils se sont connus lors d’études en philosophie, et parmi eux Akli est enseignant avec ma collègue Suzie. Le monde est petit.

Ce n’est que le préambule: je me rends au mont du Crépuscule (1060 m), et je suis ensuite en forêt boréale sur une crête magnifique vers le mont Saint-Joseph (1050 m). À l’est, le lac Mégantic environné de collines; à l’ouest, le mont Mégantic; tout autour, une forêt toute blanche, féerique. Wow!

J’arrive au refuge après 7,5 km, il est 17h15. C’est très bien, avec une vue magnifique. Un seul défi: il n’y a pas de chaudron pour fondre la neige – les randonneurs les utilisaient comme poubelles… Je dois m’arranger avec les moyens du bord, soit mes deux minuscules chaudrons. C’est long.

L’autre événement marquant est le lever d’une lune orangée alors que le ciel est constellé d’étoiles. Tout est calme et magnifique, avant que le ciel se couvre en préparation de la neige de la nuit.

Fin de parcours, déjà

En quittant Berthierville

Mercredi > Montréal (RDP) – 105 km
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Ce matin, tout est trempé, sauf, heureusement, ce qui est dans ma tente. Et le soleil est de retour, c’est une journée lumineuse.

Comme toujours quand je suis en camping « irrégulier », je me lève tôt et je pars. Je déjeune un peu plus loin, dans un petit parc.

Les orages d’hier ont laissé des traces : beaucoup de feuilles et de branches ont été arrachées, et quelques arbres vénérables ont même été déracinés ou brisés. Pas étonnant que ça ait secoué ma tente.

En revanche, il fait très beau, avec un vent d’ouest pas trop dérangeant. C’est frais au matin, mais ça se réchauffe rapidement. Je passe le cap symbolique des 1000 km, une toute petite distance pour un été.

La route est vraiment agréable, longeant souvent le Fleuve, traversant de jolis villages, et peu fréquentée par les voitures.

Peu après Saint-Sulpice, la Route Verte quitte les berges du Fleuve pour rejoindre la ville de L’Assomption par une route pas mal passante. Après la ville, ça redevient bucolique en longeant la rivière éponyme.

À Le Gardeur, la conduite du vélo devient soudain imprécise. C’est une crevaison, bien sûr, et à l’arrière. Zut ! Je m’arrête derrière un casse-croûte, j’enlève tout mon bagage et je répare. J’examine soigneusement mon pneu et je retire le coupable : un bout de fil de fer, sûrement venu du bris d’un pneu de camion. J’en profite pour enlever les autres débris qui se dissimulent dans le caoutchouc, puis je poursuis ma route. Ce ne sont pas les pauses que je préfère…

J’entre à Montréal par la piste cyclable du pont Le Gardeur, puis je roule un peu sur la rue Sherbrooke avant de traverser un grand boisé et l’autoroute 40 jusqu’au boulevard Maurice-Duplessis. Il est évidemment plus tard que prévu, mais j’arrive facilement chez mes amis Sylvain et Marie-Gina, en même temps qu’un représentant en climatisation, homme très demandé en cet été de canicules.

Après son départ, nous mangeons et conversons un bon bout de temps – les sujets ne manquent jamais entre nous – puis je reprends la route pour la dernière étape.

Je suis maintenant sur le boulevard Gouin, en bonne partie réservé aux vélos en temps de COVID. C’est un peu embêtant pour les automobilistes, même si ceux-ci disposent toujours de 95% de l’espace public réservé aux déplacements, mais à vélo c’est le bonheur. Nous sommes d’ailleurs nombreux à y pédaler.

C’est sans encombre que j’arrive à la maison. Tout est en ordre, mais j’aurais volontiers continué cette trop courte balade sur deux roues. En attendant, je sèche ma tente, je range le matériel et je rêve de repartir.

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km jour : 102,9
km total : 1074
départ / arrivée : 7 : 00 > 17 : 45
temps déplacement : 5 : 45
vitesse moyenne : 17,9
vitesse maximale : 31

Une pause avant les orages

Berthierville : abri temporaire, mais nécessaire

Mardi > Berthierville (Saint-Barnabé) – 110 km

En camping « irrégulier », je me lève toujours très tôt. Je suis donc sur la route dès 7 h sous un ciel parfait, mais qui rapidement se voile légèrement. Après un début de journée frais et la traversée de Trois-Rivières, la grosse chaleur s’installe.

e quitte le Fleuve pour longer un temps la rivière Saint-Maurice, parfois sur de belles pistes cyclables, parfois sur route. Mais je ne la vois pas autant que je l’aurais aimé. En chemin, une côte cyclable (?) abrupte que je dois descendre est aménagée afin d’obliger à la marcher.

Plus loin, je roule sur des routes de campagne jusqu’à Saint-Barnabé, village en plein champ où j’ai rendez-vous avec mon amie Nadine, de La Tuque, dans la maison ancienne que son fils François, aussi un ami, vient d’acheter.

Une pause à l’abri de la grosse chaleur fait grand bien, surtout qu’elle comprend une douche, un bon repas et surtout une très agréable rencontre. Nous visitons la maison et ses dépendances. François a quelques heures de plaisir à prévoir pour remettre les choses à son goût…

Je repars en milieu d’après-midi pour rejoindre la 138 par de jolies routes de campagne. Je garde quand même un oeil sur le ciel, qui se bouche de plus en plus. Au sortir de Louiseville, un bref mais violent orage frappe, avec ses forts vents et ses trombes d’eau. Mais je suis en zone résidentielle et je me réfugie près d’une maison, entre le mur et un F-150. Ce n’est pas le grand confort, mais je reste au sec.

Je reprends la route, toujours avec un regard vers les nuages. Je franchis de bonnes distances sans abri possible, mais le ciel reste calme jusqu’à Berthierville. Je passe devant le couvent des Dominicaines, maintenant déserté, clôturé et sujet de gros débats dans la ville : sera-t-il rasé pour construire des maisons ?

Le ciel semble prêt à me tomber sur la tête. Un homme arrive chez lui en voiture, je lui demande la permission de m’abriter près de celle-ci. Non seulement accepte-t-il, mais il m’offre en plus une chaise et de l’eau pour mes bouteilles. Un autre orage déferle, encore plus violent que le précédent. J’en profite pour manger un peu.

Quand je repars, je vois que ce n’est pas fini côté intempéries. Après 150 m, il y a l’usine de filtration de la ville et son terrain gazonné. Je me rends derrière l’usine, je monte la tente à toute vitesse et j’ai à peine le temps de m’y réfugier avant que frappe le nouvel orage. La tente plie sous les rafales, la pluie fait tellement de bruit que j’entends difficilement mon frère au téléphone… mais tout reste sec à l’intérieur.

La nuit peut venir, je suis prêt à bien dormir.

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km jour : 111,7
km total : 971
départ / arrivée : 7 : 00 > 19 : 15
temps déplacement : 6 : 33
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 52

Vers la halte routière

Le Fleuve Saint-Laurent entre Deschambault et Grondines

Lundi > Champlain – 110 km
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Jour de départ… lent. Nous profitons de ce qu’il nous reste de temps ensemble, et je quitte en milieu d’avant-midi sous un ciel plutôt gris mais pas menaçant.

Question de sauver quelques kilomètres et d’explorer un territoire inconnu, je choisis de traverser la base militaire de Valcartier. La route est tranquille et de bonne qualité, mais, incertain des règles, je garde mon appareil photo éteint.

Je retrouve la piste cyclable jusqu’à Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, puis je prends de jolies routes de campagne jusqu’au fleuve, que je rejoins à Portneuf.

À la halte, il y a Frédéric, cycliste venu de Montréal, qui tente de se remettre de sa journée d’hier. Après 200 km, il est un peu crevé aujourd’hui…

Je longe ensuite le fleuve par le Chemin du Roy, un trajet bien connu mais toujours très agréable. La route est facile, avec peu de circulation et de jolis villages, mais surtout dominée par l’omniprésent Fleuve Saint-Laurent. Bon, il y a toujours le chantier après Deschambault et le pont de fer après Batiscan qui rompent la routine, mais c’est globalement très facile.

Alors que le voile gris du ciel se lève pour faire place au soleil, j’arrive en fin de journée à la halte routière de Champlain. Selon des gens du coin, c’est une bonne place pour camper : il y a la vue sur le fleuve, des tables pour cuisiner, des toilettes et de l’eau courante.

Que demander de plus ? De la compagnie. Et j’en ai, le vélo chargé attisant la curiosité. Michel et Micheline, puis Simon, passent faire un bout de jasette ; Nicolas et Hugo, venus fumer un joint, me rejoignent ensuite pour une longue conversation et une visite minutieuse de la voiture de collection qu’ils utilisent, payée avec les profits d’un commerce d’accessoires pour amateurs de marijuana ; Michel, Caroline et Léonie complètent les agréables rencontres de la soirée.

La nuit est tombée. Je m’installe sous les arbres, hors de portée de la lumière du lampadaire, pour une nuit calme et confortable.

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km jour : 109,1
km total : 860
départ / arrivée : 9 : 45 > 16: 00
temps déplacement : 5 : 56
vitesse moyenne : 18,4
vitesse maximale : 49

Journée électrique

Lyette et sa voiture électrique toute neuve

Dimanche – Saint-Gabriel-de Valcartier
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Excellente nuit, comme il se doit quand je suis sous la tente.

Ce matin, nous bricolons. Si l’ancien propriétaire de la maison avait lui aussi une voiture électrique, la prise pour la borne de recharge devait être modifiée pour utiliser un connecteur différent. Rien de compliqué : nous devons faire quelques achats, puis bricoler la prise avec l’aide d’un sympathique voisin ayant les outils requis. Nous entamons aussi l’installation d’une chaufferette de plafond dans le solarium. Une prise est installée, mais il manque encore certains éléments. C’est assez pour aujourd’hui.

Évidemment, nous avons aussi besoin d’aération. En fin de journée, nous prenons la voiture pour aller à Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. C’est l’occasion d’une belle marche sur la piste cyclable qui longe la rivière. Si le ciel est maintenant gris, c’est beau et très agréable.

Nous sommes de retour à la maison pour un autre bon repas. En soirée, nous choisissons et commandons une borne de recharge. Ce n’est pas un luxe : avec le chargeur fourni, l’auto fait le plein en 40 heures ; avec la borne, ce sera en 8 heures… (P.S. : la borne est arrivée dès le mercredi matin et tout fonctionne à merveille.)

Après cette journée électrique, nous déconnectons avec délices, Lyette chez elle, moi dans la confortable tente.

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Planification et déplacement

Avec Anouka et Caroline, à Québec

Samedi > Saint-Gabriel-de Valcartier – 35 km
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À part une intervention nocturne et odoriférante de l’un des chats dans la litière, nuit tranquille, et réparatrice de toute façon. Nous nous levons relativement tard, et en plus de la préparation et de la dégustation d’excellents repas nous consacrons l’essentiel de nos énergies à planifier une randonnée que Anouka et Caroline prévoient faire dans les prochains jours.

Il y a quelques enjeux de matériel – faut être bien équipé sur le sentier Le Fjord –, mais le gros défi est de réserver. Elles l’avaient tenté sans succès, nous nous reprenons et réussissons à bricoler un itinéraire presque viable. Heureusement que je connais le terrain. Bonne rando ! Je quitte en début d’après-midi pour un trajet assez court.

Pour les premiers kilomètres, je rejoins la piste cyclable parcourue hier après-midi. Comme il fait très beau, le trajet est facile et agréable, même si ça monte un peu. Ensuite, je prends la route vers Saint-Gabriel-de-Valcartier et j’arrive sans difficulté chez mon amie Lyette.

Sa nouvelle maison est toujours aussi charmante et agréable, mais depuis trois jours et après des mois d’attente elle a reçu sa nouvelle voiture : un Hyundai Kona électrique. La vieille Toyota est garée à côté, mais servira bientôt quelqu’un d’autre. Évidemment, nous avons bien d’autres points d’intérêt, mais la nouvelle venue occasionnera quelques activités.

En attendant, le repas, la soirée et la marche dans la nuit sont excellents, calmes et bien agréables. Lyette ayant une tente montée en permanence dans une des remises, c’est là que je m’installe pour une nuit très confortable sous un ciel magnifique.

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km jour : 36,2
km total : 750
départ / arrivée : 13 : 45 > 16: 00
temps déplacement : 2 : 07
vitesse moyenne : 17,2
vitesse maximale : 48

L’ancien chemin et le nouveau

Entre Batiscan et Sainte-Anne-de-la-Pérade, un pont centenaire

Vendredi > Québec – 130 km
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Excellente nuit, comme d’habitude sous la tente. Si mes hôtes prévoyaient s’amuser tard, je n’en ai pas eu connaissance. C’est un des avantages des grosses journées en plein air. Bon, la tente est humide de rosée, elle séchera plus tard. Je suis en route dès 8 h.

J’arrête rapidement pour déjeuner à une halte routière, puis je prends la 138, toujours bordée de fermes coquettes, mais surtout du magnifique Saint-Laurent. Au début, c’est encore frais, mais la chaleur s’impose de plus en plus pendant la journée.

Entre Batiscan et Sainte-Anne-de-la-Pérade, un pont authentiquement centenaire – construit en 1920 – se traverse difficilement : il est étroit avec un tablier en treillis d’acier. C’est joli de voir l’eau sous mes roues, mais c’est franchement instable.

À Grondines, le trajet proposé quitte la 138 pour prendre une ancienne route plus calme et bien jolie. J’y croise un cyclotouriste, récemment retraité, qui en est à son premier voyage. Bien équipé, il roule léger puisqu’il dort en auberge. Il est bien content malgré le fort vent de face d’hier.

Comme d’habitude, je salue le Moulin de la Chevrotière et Deschambault. Je rattrape Joëlle, une autre néophyte du cyclotourisme. Elle a un vélo de base, du matériel approximatif et a pris la route mardi sous le déluge puisque tous ses hébergements étaient déjà réservés. Elle n’a même pas fini de sécher. Nous roulons de concert pour un bout de temps.

Je mange à Cap-Santé, puis je quitte le fleuve pour me diriger vers Pont-Rouge par un rang de campagne. J’ai choisi d’essayer un nouvel itinéraire cyclable qui semble intéressant.

Après Pont-Rouge, je trouve facilement l’entrée de la piste cyclable Dansereau / La Liseuse. Si le nom étonne, le trajet ravit. Cheminant en forêt, la piste en poussière de roche longe de près la rivière Jacques-Cartier et ses spectaculaires rapides. C’est très fréquenté par toutes les générations pour d’excellentes raisons.

En route, j’avise une jeune femme que son pneu arrière est vraiment trop mou. Je regonfle, puis nos roulons ensemble jusqu’au bout du sentier. Jeunes enseignants, Geneviève et son copain Jean-Gabriel sont de très agréable compagnie.

À Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, la piste s’interrompt pour quelques pénibles kilomètres, en particulier une abrupte et cuisante montée infestée de voitures. Ouache !

C’est pour une bonne cause : jusqu’à Limoilou, je suis à nouveau sur une piste cyclable très fréquentée. Son nom l’indique : le Corridor des Cheminots est une ancienne voie de chemin de fer, d’abord en poussière de roche puis pavée. Je passe près de chez Lyette, que je prévois visiter demain.

En chemin, plusieurs cyclistes m’adressent la parole. Avec mon vélo chargé, je ne passe pas inaperçu. Je roule un bout avec Stéphanie. Elle est secouée : un de ses amis cycliste émerge péniblement du coma après avoir été fauché par une camionnette. La vie – des cyclistes – est si fragile…

Je pédale les derniers kilomètres dans les rues. Je suis étonné : malgré ces très grosses journées et les douleurs associées, j’ai toujours beaucoup d’énergie.

Comme prévu, Anouka et Caroline sont absentes pour la soirée, mais leur voisine me donne accès à leur logement. C’est très apprécié. J’entre mes sacs et mon vélo, j’étends ma tente pour la sécher et je passe à la douche. Que ça fait du bien !

Je reçois un appel de Shawn. Il est à Saint-Nicolas, juste de l’autre côté des ponts. Il a été retardé par une vilaine crevaison, mais a bien profité du vent de dos et est de très bonne humeur. Je lui indique un camping possible – il n’y en pas tant – car lui aussi souhaite une douche après une nuit en camping sauvage.

Je cuisine un peu et je me mets à la rédaction du journal. Maintenant, je n’ai plus beaucoup d’énergie, la fatigue est là. J’ai aussi pas mal soif et c’est chaud. Soirée tranquille.

Plus tard, c’est un plaisir de retrouver mes hôtesses, de retour de leur visite dans la famille de Caroline. Mais tous sont fatigués, alors nous ne nous couchons pas très tard.

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km jour : 130.7
km total : 714
départ / arrivée : 8 : 00 > 17: 15
temps déplacement : 7 : 08
vitesse moyenne : 18,3
vitesse maximale : 40

Le vent qu’on a dans le dos

Entre Berthierville et Maskinongé

Jeudi > Champlain – 170 km
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Levé tôt après une bonne nuit, je me prépare assez rapidement. Diane me donne un cuissard qui n’est pas à sa taille, mais qui semble être à la mienne. Ces derniers, jours, j’avais cherché à en acheter un, mais il n’y en avait nulle part. Je laisse chez mes amis mon vieux cuissard vraiment fini.

Comme prévu, c’est frais ce matin, mais ça ne durera pas. En revanche, je profite toujours du grand vent de dos consécutif à la tempête des derniers jours. C’est un avantage pour moi, mais pas pour les cyclistes que je croiserai…

L’application suggérée par mon frère Gaétan est bien utile pour trouver un chemin plus court vers Boucherville et les berges du Saint-Laurent. Je vois passer un cycliste peu chargé, bien plus rapide que moi, mais que je rejoins lors d’une pause. Nous roulons ensemble pour plusieurs kilomètres.

Shawn en est à sa première journée de cyclo-camping. Son équipement est minimal, mais il compte rouler très rapidement pour rejoindre sa sœur en Gaspésie. J’ajuste sa selle, trop basse, nous discutons équipement, itinéraires, organisation, et c’est très intéressant.

Soudain, il freine brutalement. Son sac de couchage, simplement attaché avec une ficelle sans aucune protection, vient de tomber. Faudrait pas qu’il pleuve… En tout cas, je le fixe solidement. Comme il souhaite rouler vite, il prend les devants.

Les quelques villages se succèdent rapidement, car avec le vent de dos je roule bien plus vite que d’habitude. Il y a plusieurs cyclistes d’un jour, ainsi qu’une famille chargée et souriante avec deux enfants d’environ 10 ans.

La traversée de la zone industrielle de Sorel est impressionnante et un peu inquiétante avec ses usines fumantes et trépidantes. Le traversier est une agréable pause. À Berthierville, je complète mon petit garde-manger.

Je laisse la route 138 pour prendre un itinéraire alternatif. Il y a une jolie halte vélo où je mange dans un petit coin parfait. Je reviens parfois à la grande route, je la quitte à l’occasion. À la sortie de Louiseville, je prends une petite route qui s’avère être un chantier actif et complexe. Il me faut parfois marcher dans du gravier mou, contourner la machinerie ou lui laisser la place. Mais ensuite, c’est la paradis : la route est très jolie, pavée de frais et complètement déserte, évidemment. La toponymie est assez improbable : le Chemin des Petites-Terres croise la route du Pays-Brulé, puis la route de la Chicane. Quel marketing…

J’arrive à Trois-Rivières, étonné du kilométrage d’aujourd’hui qui atteint des sommets inhabituels. En ville, je me dirige vers l’info touriste en quête d’une connexion Internet, puisque je suis sorti du territoire déjà en mémoire dans mon téléphone. Le bureau est fermé, mais la connexion est disponible. Succès.

En traversant Cap-de-la-Madeleine, je vois deux cyclistes dans mon rétroviseur. Nous roulons à peu près à la même vitesse, mais ils me rattrapent quand je consulte ma carte à la recherche – vaine – de quelque chose ressemblant à un camping alors que le soleil baisse rapidement. Ils me suggèrent une halte routière toute proche, vraiment jolie mais très petite et exposée.

Au village suivant, je les retrouve à une autre halte, pas très pratique non plus. Soudain, ils allument : un de leurs amis, réputé très accueillant, habite à 100 m. de là. Jack et Anne, mes anges gardiens du jour, me guident en deux minutes chez Jean-Marc et Linda, et c’est réglé.

Pourtant, mes hôtes sont dans un contexte difficile : la famille élargie et les amis sont rassemblés en souvenir d’Alain, frère de Linda décédé au printemps d’un fulgurant cancer du poumon. 61 ans, c’est un peu trop jeune…

En tout cas, personne ne semble étonné de voir un inconnu au milieu de cette sympathique famille. Si je déguste avec plaisir un savoureux maïs, je leur laisse leurs divers alcools et fumées…

Vers 23 h, je disparais dans ma tente : après plus de 170 km, un peu de repos ne fera pas de mal…

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km jour : 172.4
km total : 583
départ / arrivée : 8 : 00 > 20 : 00
temps déplacement : 8 : 35
vitesse moyenne : 20,1
vitesse maximale : 41