La Chapelle-du-Bard

Fabien au travail

Lundi > La Chapelle-du-Bard (Allevard), 35 km
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Je ne m’y attendais pas – aurais-je dû ? -, mais une petite pluie débute alors que j’entre dans mon sac de couchage. Pas de problème : la tente est bien montée. Pour le reste, nuit très calme puisque la route à proximité est très peu fréquentée de nuit. Je ne me lève pas vraiment tôt, puisque je suis en route à 8 h 45 avec une tente un peu humide.

Le début du trajet est facile : je vais dans les vignes de village en village sur un terrain vallonné, au pied du splendide massif de la Chartreuse. En prime, il fait très beau. Bonheur !

Après une descente vers l’Isère et la petite ville de Pontcharra, que je traverse toutes les deux, la montée commence. Oh, rien de bien difficile : la pente est assez douce et la route longe la rivière Breda dans un très joli canyon. Il n’y a que vers la fin du trajet que ça monte un peu plus, et le chemin de leur hameau n’a que la largeur d’une voiture avant de devenir chemin agricole. J’arrive un peu après 13 h.

Fabien et moi sommes très heureux de nous retrouver, et je fais la connaissance de Sylvie, sa nouvelle conjointe. Les enfants sont tous partis en vadrouille puisque c’est la saison des vacances. La maison est une ancienne grange profondément transformée mais conservant un côté rustique bien agréable.

Fabien a préparé une croustade avec des fruits du jardin : c’est délicieux. En après-midi, Sylvie a des engagements, et nous avons des projets. 

Dans un premier temps, il faut remonter de la terre que nous prenons près du poulailler jusque derrière la maison. Nous la pelletons dans des caisses de bois que nous ramenons en brouette au pied de la maison, puis nous montons deux étages à pieds avec les caisses dans les bras.

Dans un deuxième temps, nous décidons de reconstruire la porte du poulailler, qui tombe en ruine. Nous prenons soigneusement les mesures, puis nous débitons une longue planche de châtaignier pour ensuite assembler les divers éléments récupérés ici ou là.

Nous nous amusons au point d’en perdre la notion du temps, c’est le retour de Sylvie qui nous reconnecte. Nous compléterons le projet demain matin.

Nous nous retrouvons pour un souper tout simple, puis c’est une soirée guitare et chansons qui nous rassemble autour du répertoire québécois et français. À 23 h, chacun prend ses quartiers de nuit.

km jour : 32,8
km total : 2293
départ / arrivée : 8 h 45 / 13 h 20
temps déplacement : 2 : 28
vitesse moyenne : 13,3 
vitesse maximale : 43

Barberaz (Chambéry)

Le train à Saales

Dimanche >> Barberaz (Chambéry), 6 km
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Ce matin, je me lève tôt pour bien me préparer, car c’est jour de départ – encore. Dehors, c’est le déluge avec à peine 11°. Faudrait avertir le ciel : novembre est prévu pour dans trois mois…

Vers 8 h 30, avec la voiture des parents chargée du vélo et du matériel, Claire et moi prenons la route vers Saint-Dié. À 9 h, il y a messe à l’église Saint-Martin, traditionnelle, avec orgue, chants approximatifs et où nous sommes parmi les plus jeunes. 

Il pleut toujours, un petit crachin plus ou moins intense, et c’est dans ces conditions que je prends le volant jusqu’à Saales, petit village pratiquement mort sous la grisaille du jour. Nous repérons la gare, déserte et sans autre service qu’une salle d’attente avec des bancs de bois. Nous cherchons un endroit sympathique pour nous installer en attendant. Il n’y a que l’épicerie à tout faire, mais qui n’a pas de place pour s’installer. Nous revenons à la voiture puis à la gare avec une collation. Là, le vélo retrouve ses sacs et nous profitons à la fois d’un banc et de bon temps ensemble.

Il est temps de prendre le train – facile – et de se dire au-revoir – moins facile… Jérôme, le très gentil contrôleur, a vécu deux ans à Montréal ; en chemin, je suis en compagnie de Domi, cycliste passionnée qui rentre chez elle, à Strasbourg. Cette petite heure de trajet passe bien vite. Il ne pleut plus.

À la gare, un employé m’indique le quai à rejoindre, mais je dois démonter mon vélo à toute vitesse avant de pouvoir prendre place à bord du TGV, puis que les vélos doivent être dans une housse. Marathon… gagné de justesse. Ouf !

Le trajet est très calme, puisque les passagers évitent les appareils plus ou moins bruyants et les conversations pendant le trajet. Tranquillement, le soleil émerge des nuages, les passagers se font plus nombreux, le temps passe lentement. La connexion Internet est trop lente pour que je puisse insérer des images dans le journal Web, la principale tâche que j’aurais aimé faire pendant ces heures, alors je me rattrape un peu sur l’actualité.  

En arrivant à la Gare de Lyon, un jeune homme en route vers chez lui, à Marseille, m’aide gentiment à sortir mon bagage. Sur le quai, je reconstruis mon vélo afin de pouvoir me déplacer en roulant, un travail d’environ une demi-heure. Il faut ensuite descendre d’un étage – par l’ascenseur, heureusement – pour attendre le train régional qui m’amènera à Chambéry sans avoir à démonter à nouveau le vélo. En revanche, ce train est en retard de 15 minutes à cause d’un décès sur les voies. Pour les voyageurs, c’est un inconvénient, mais les personnes directement concernées c’est un drame.

Dans notre section, il y a de la place pour deux vélos, nous sommes quatre et nous nous arrangeons très bien. Il y a un jeune couple et une dame dans la cinquantaine. Gendarme comme son mari, Nathalie travaille à Chambéry alors qu’il est en poste à Lyon, ce qui leur complique un peu la vie. Elle est aussi adepte de randonnée, à vélo ou autrement, le trajet d’une heure et demie passe donc bien vite.

Il est quand même près de 21 h quand je pars à la recherche d’un site de camping, que je trouve après une demi-heure de route et, pour la première fois, avec ma lampe frontale en guise de phare avant. Le site est petit, il faut couper quelques ronces, mais c’est très bien dans les circonstances. À 22 h 30, le journal est complété, alors dodo !

km jour : 6,4
km total : 2260
départ / arrivée : 6 h 45 / 20 h 15
temps déplacement : 0 : 28
vitesse moyenne : 14,0 
vitesse maximale : 21
Trains : 119,70 €

Gerbépal 3

Claire, Inès et Aimée

Samedi – Gerbépal 3 (Vosges)
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Après une autre nuit parfaite, nous émergeons en ordre dispersé. Étonnement : le soleil est aussi de la partie. Agréable.

Ce matin, Baudouin et Béatrice sont invités pour un mariage et quittent donc pour une partie de la journée. Claire et moi partons en mission vers Saint-Dié, avec la voiture de Ségolène et Gaspard : il s’agit de régler au mieux mes futurs et complexes transports en train. En gare, il y a une préposée qui répond selon l’ordre d’arrivée. Quand mon tour arrive, Angélique – un prénom prédestiné – se lance dans un véritable marathon pour faire coïncider mes besoins et les possibilités de trains. Elle y met près d’une heure, tout en répondant aux autres clients en cours de route. Finalement, tout est en ordre. Bravo et merci !

Nous revenons à la maison pour un repas en famille et un peu de temps calme. Au retour des parents, nous nous préparons tranquillement pour une petite balade dans les collines environnantes.

Nous stationnons plus haut et partons tous ensemble – Aimée sur le dos de son papa, quand même – pour une marche sur les jolis et un peu confus sentiers de la crête. Les framboises, mûres, myrtilles et champignons soutiennent délicieusement l’intérêt.

En revanche, le ciel s’ennuage et quelques gouttes viennent arroser la fin du trajet. Nous sommes quand même de retour aux voitures avant la vraie douche.

À la maison, c’est soirée guitare et chansons. La première partie est en partie adaptée aux besoins des plus jeunes – avec les Kids United, bien sûr. Après le repas des grands, c’est la chanson québécoise qui est à l’honneur, mais sans négliger d’autres répertoires. 

Déjà, la soirée achève dans le calme et la bonne humeur. Nous regagnons nos quartiers de nuit, alors que la pluie reste bien présente. 

Gerbépal 2

Avec Baudouin et Béatrice

Vendredi – Gerbépal 2 (Vosges)
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Que c’est calme ici ! Pas un son, ni train, ni voitures, je n’entends même pas la pluie qui tombe, tombe et tombe encore. Ce matin, c’est le même régime humide : pluie continue, 13°, journée idéale pour ne pas pédaler. Le beau temps reviendra… lundi, en après-midi, selon la météo. Le climat est vraiment tout à l’envers. 

Nous nous mettons en train tranquillement. Après le petit déjeuner, Baudouin a un bricolage à compléter, une porte à raccourcir par le bas. En collaboration, nous réussissons le travail rapidement et efficacement.

Ensuite, virée à Gérardmer, en voiture pour affronter le déluge, mais aussi pour rapporter les victuailles requises pour la famille qui arrivera bientôt. Pendant une pause, je visite l’église. De réfection en incendies – elle a été détruite lors de la guerre en 1940 -, c’est bâtiment vraiment intéressant.

Nous sommes de retour, toujours sous la pluie, et nous passons par un petit chemin bien joli, mais sans croiser de cerfs. Au retour, il est temps de manger ensemble avant une petite pause sieste ou lecture.

La pluie prend elle aussi une toute petite pause, juste assez pour permettre une visite à la minuscule chapelle plus que centenaire au sommet de la colline, derrière la maison. Elle est bien modeste, mais son revêtement de tôle galvanisée garde des graffitis de soldats de la guerre de 1914-1918… et quelques autres. 

À la maison, il reste un seuil de porte à installer. Nous prenons les mesures, la coupe du seuil est parfaite, et la porte ne ferme plus. Il faudra la couper, elle aussi, comme nous l’avions fait ce matin. Facile, avec l’expérience, et donc succès complet. Baudouin et moi travaillons ensemble avec plaisir et efficacité. La fin de l’après-midi est plus calme : de mon côté, je mets en ligne quelques jours du voyage, et nous attendons la prochaine arrivée. Ce que nous n’attendions pas, c’est la fin des averses et même quelques coins de ciel bleu avec un soleil un peu timide. Ça fait du bien.

Bruit dans le stationnement : Ségolène arrive enfin avec Gaspard et leurs fillettes Inès, cinq ans et demie, et Aimée, deux ans. Retrouvailles. Ségolène élève des brebis et confectionne un excellent fromage avec leur lait ; Gaspard est enseignant et cycliste, en préparation d’un voyage vers Munich avec quelques amis.

Évidemment, les conversations sont animées autour de l’apéro et du repas. Au dodo des petites, je sors la guitare pour une berceuse : « J’allume une étoile… »

La soirée se poursuit au salon. Les jeunes parents vont se coucher, mais nous restons à trois pour attendre Claire. Elle n’arrive pas tard – enfin, pas trop… -, nous devisons avec ses parents puis à deux avant de se résoudre à attendre à demain pour la suite. Faut dormir, parfois.

Gerbépal

Vers la pluie, en approchant de Thann

Jeudi > Gerbépal (Vosges), 115 km
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C’était une nuit de grands vents qui ont brassé la tente sans arrêt et qui l’ont bien séchée. Comme c’était un camping irrégulier et peu discret, je me lève tôt.

En sortant de ma tente, je suis accueilli par un arc-en-ciel, tout à fait à l’image de ce que prévoit la météo : soleil et pluie. Je suis en route avant 7 h.

Ayant passé la nuit à 2,5 km de la France, j’y arrive donc très rapidement… et ça ressemble beaucoup à la Suisse. Dans le deuxième village que je traverse, un homme est à la fenêtre. Très gentil et accueillant, Gérard est vraiment attaché à sa famille, c’est une autre agréable rencontre.

L’algorithme me mène à la piste cyclable de la Largue, du nom de la rivière voisine, élaborée sur une ancienne emprise de chemin de fer. Avec le vent de dos et un revêtement en excellent état, ça avance vite et bien, malgré toutes les feuilles et petites branches arrachées par le vent.

À Danemarie, un panneau affiche la piste Euro 6, indiquant Nantes à 1280 km et Budapest à 1570 km. Un beau projet de voyage. La nouvelle piste longe un canal mais je la quitte rapidement pour traverser la campagne. 

Je guette le ciel qui vire au gris pluvieux. En arrivant à Thann, je me trouve un abri devant la bibliothèque et je mange pendant une première averse. Ça se calme, la piste suit la vallée de la Thur sur de petites routes en offrant de jolis paysages et quelques averses auxquelles je réussis à échapper.

En arrivant au lac de Kruth-Wildenstein, tout en longueur et retenu par des barrages, la pluie revient et je n’ai aucun abri. Je suis bien trempé, mais le soleil revient me sécher.

Après le village de Wildenstein, c’est bien sûr la monté du col, sept kilomètres sur le petit plateau, mais assez facile et avec très peu de voitures. Retour d’une pluie bien froide pour les deux kilomètres précédant le sommet. Le col de Bramont culmine à 956 m et le soleil m’y accueille.

Je descend pour quelques minutes et recommence à grimper : c’est le col des Feignes, 954 m, court et facile. Une bonne descente un peu frigorifique vers quelques lacs, et c’est reparti pour le col de Martimpré, 796 m, avec quelques gouttes. Ensuite, ça descends en pente douce et rapide jusqu’à Gerbépal. Victoire ? Pas tout à fait.

J’avais parlé à Claire pour coordonner mon arrivée, mais quand j’entre l’adresse dans l’algorithme je tombe sur deux traces rocheuses en pente, un sentier pour tracteur. J’essaie un autre chemin, c’est pareil… parce que c’est là. J’arrive enfin alors que la pluie reprend de plus belle. Toute une journée !

À l’intérieur, c’est tout le contraire du rude extérieur : vieille maison familiale confortable, feu de foyer, mais surtout Baudouin et Béatrice, parents de Claire, qui m’accueillent très chaleureusement. Le repas, tout simple, est savoureux, mais la compagnie de ces gens réfléchis et très sympathiques est encore meilleure.

Nous ne veillons pas trop tard. Je passe à la douche, au journal et au dodo dans un lit douillet. Bonheur ! Surtout que dehors il pleut à plein ciel…

km jour : 117,1
km total : 2253
départ / arrivée : 6 h 45 / 20 h 15
temps déplacement : 8 : 32
vitesse moyenne : 13,7 
vitesse maximale : 45

Miécourt

« Camping » à Miécourt

Mercredi > Miécourt, 75 km
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Finalement, les feux d’artificière ont été discrets, et la circulation ne m’a pas empêché de dormir jusqu’à 8 h. Aujourd’hui, je ne pourrai pas prétexter le manque de sommeil. En 45 minutes, je suis en route jusqu’à une table à pique-nique pour le petit déjeuner.

La route est très passante – l’autoroute voisine est fermée pour l’entretien annuel des tunnels – et monte constamment. J’arrive au col Vue des Alpes, 1283 m, après trois kilomètres avec une moyenne peu impressionnante de 6,1 km/h. La vue est… plutôt embrumée ce matin, on devine à peine quelques sommets, mais je suis bien heureux d’avoir complété cette montée. 

Je descends ensuite sur trois autres kilomètres en quelques instants, puis je prends à droite. C’est l’occasion d’une rencontre avec Rafael, jeune cyclotouriste allemand qui se dirige aujourd’hui vers Neuchâtel. Ce sera facile pour lui dans trois kilomètres.

De mon côté, je roule sur des chemins de campagne pavés, mais à peine larges comme une voiture, donc désormais sans circulation. En revanche, l’algorithme est régulièrement mis à contribution pour bien suivre l’itinéraire.

C’est aussi très joli, assez haut par rapport aux vallées environnantes, constellé de fermes anciennes. Ce qui est moins joli, ce sont le nombreux arbres brisés par la tempête de la semaine dernière. Même ceux qui restent ont été bien secoués par le fort vent qui a déferlé sur la région.

Au passage, je rencontre Pascal et Laurence, qui gentiment me remplissent quelques gourdes.

À l’occasion, il y a des passages bloqués pour le bétail, une série de tubes de métal espacés de quelques centimètres, que je traverse avec précautions. Parfois, il y a même de placides vaches au milieu du chemin. Ça fait couleur locale.

En mi-journée, le ciel se dégage et il fait grand beau, toujours avec le vent. Je crois une épicerie pour refaire mes réserves – ce sera la seule aujourd’hui.

Le trajet se poursuit sur des routes plus normales, mais toujours très peu fréquentées. En chemin, deux cyclistes bricolent. Pierre-André et son fils Léo ont à réparer une crevaison sur le pneu avant de ce dernier. Comme j’ai un peu de matériel et une certaine habitude, nous y travaillons ensemble. Autre belle rencontre.

Plus loin, il y a quelques passages assez spectaculaires au-dessus des gorges du Doubs, puis une petite route en balcon au-dessus de la vallée. C’est vraiment beau. 

J’arrive à La Baroche, qui s’annonce comme la ligne de partage des eaux entre le Rhône, qui va vers la Méditerranée, et le Rhin, qu se jette dans l’Atlantique. Il y aura matière : une averse se pointe au même moment, et je trouve un refuge confortable sur place, avec accès à de l’eau potable.

C’est ce qui attire aussi Evann, jeune cycliste qui revient de son premier voyage à vélo avec camping, le long de la côte Atlantique française. Il est intéressant et intéressé, ce qui nous vaut une autre belle conversation.

Ensuite, c’est une série de belles descentes vers une vallée, toujours au milieu de paysages enchanteurs.

Arrivé en bas, je croise Mateusl et Natalia, cyclotouristes polonais qui entament une virée en Suisse, en particulier dans quelques grands cols – Grimselpass et Furkapass, en passant par Interlaken. Ce sont des terrains de jeu que je connais, nous regardons des cartes ensemble. Ils sont jeunes et déterminés, ils auront sûrement du plaisir et quelques défis.

Je roule encore quelques minutes, mais la couleur du ciel est éloquente : la pluie arrive vite. Je repère un emplacement près d’une chapelle, je monte la tente à toute vitesse dans le vent de tempête, et j’ai à peine le temps d’y entrer avec mon matériel que j’entends tomber les premières gouttes d’une grosse averse avec des rafales de 50 km/h selon la météo. La tente est bien secouée mais elle démontre encore une fois sa compétence dans les tempêtes. J’apprécie mon abri de toile, c’est un costaud, heureusement. Pendant la pluie, je choisis d’écrire plutôt que de cuisiner, attendant que ça passe, espérant que ça passe. 

Bien sûr, ça finit par passer. Un peu après 20 h 30, le soleil se présente pour un coucher flamboyant. Je cuisine dans le vestibule de ma tente, protégé des grands vents. Vers 21 h 30, tout est complété, c’est le temps de dormir bien au frais.

km jour : 73,3km
total : 2136
départ / arrivée : 8 h 45 / 19 h 00
temps déplacement : 5 : 06
vitesse moyenne : 14,4 
vitesse maximale : 50

Les Hauts-Geneveys

Au-dessus de Neuchâtel

Mardi > Les Hauts-Geneveys, 50 km
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Nuit venteuse, un peu de pluie à partir de 5 h, mais rien de bien grave. Je me lève vers 9 h 15, alors que la météo prévoit de la pluie pour les prochaines heures. Comme ma tente est presque sèche, je la range en vitesse et installe mon vélo à l’abri près du bloc sanitaire. 

Bien sûr, il y a pas mal de va-et-vient. Un garçon d’environ 10 ans entame la conversation. Peu après, ce sont la maman et le papa qui viennent. Nadia et Cédric, les parents de Louka, sont gendarmes près de Berne. Une autre belle rencontre.

La pluie annoncée se matérialise seulement par de petites ondées éparses. Vers 12 h, je prends la route vers Neuchâtel. Après un petit bout près du lac, la route le suit de plus ou moins proche. Avec le solide vent de dos, ça avance bien. Ce qui semblait être une petite averse, mais s’est avéré être une bonne ondée, me fait prendre une pause à Saint-Aubin avant de poursuivre ma route sous un ciel bien gris.

En approchant de Neuchâtel, les averses se raréfient et le soleil devient plus présent. En revanche, c’est aussi le temps de quitter le lac, et donc de monter… bien lentement. Une section dans les vignes est bien jolie, et un marcheur au pas paisible s’avère être plus rapide que moi.

Ensuite, au gré d’un algorithme fantaisiste, je monte vers les villages. Quand j’ai le vent de dos, ça va ; quand je l’ai de côté, c’est très instable ; quand je l’ai de face, je n’avance presque plus ; quand je regarde le ciel, je suis incertain, comme lui. Heureusement, les averses semblent terminées pour aujourd’hui.

À 19 h, je monte encore sur une route très passante. Sur ma gauche, une zone plane creusée dans la montagne, bien abritée du vent, fermée par une barrière que je contourne. Ce sera mon camping pour ce soir. Défi : impossible de planter un piquet dans ce sol rocheux et instable. Solution : comme ma tente n’a vraiment besoin que d’un seul ancrage, ce sera le vélo qui s’en chargera.

Souper, vaisselle, journal, à 21 h c’est complété. Il me reste à dormir, bercé par le bruit de la circulation et des feux d’artifice – bonne fête nationale, amis suisses !

km jour : 48,3
km total : 2063
départ / arrivée : 12 h 10 / 19 h 10
temps déplacement : 4: 08
vitesse moyenne : 11,7 
vitesse maximale : 44

Grandson

Le lac Léman près de Montreux

Lundi > Grandson (Yverdon), 90 km
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Bien calme, la nuit n’a pas été que froide, elle a aussi été humide : mon double toit est trempé et la tente a reçu la visqueuse visite de quelques limaces. Qu’est-ce qui les attire ? Énigme…

À 7 h 20, je suis parti, à 7 h 25 je mange en admirant un sublime panorama que le soleil illumine tranquillement.

Le début du trajet est facile et agréable : je longe le Rhône sur une piste bien pavée et bien horizontale, avant de le traverser par une passerelle qui aboutit dans un parc naturel.

La suite est plus urbaine, car c’est très habité de Montreux à Lausanne : de vignes en villages, je longe le lac Léman, magnifique par ce beau temps.

En arrivant à Lausanne, je prends une pause et j’appelle mon ami Renaud. Il est à Montauban, au chevet de son papa qui en est à ses derniers jours. Tout récemment arrivé de Houston, où il a travaillé ces dernières années, il a eu le temps de lui parler avant qu’il entre dans le coma d’où il ne sortira probablement plus. Sympathies. Évidemment, nous ne nous verrons pas cette année, mais nous sommes quand même toujours bien proches.

Peu après, il est temps de quitter le lac. Ça monte, monte et monte encore sous le chaud soleil du milieu de la journée. De plus, mes algorithmes sont en congé : j’ai utilisé presque toutes les données de mon forfait mensuel, je garde le petit reste en cas de réelle urgence, ce qui n’arrive évidemment pas. De toute façon, demain sera un nouveau mois, avec un nouveau bloc de données. En attendant, la navigation sur carte est bien moins précise en ville, mais je m’en sors à peu près comme prévu. 

Je suis sur un plateau vallonné et agricole, avec de jolis villages. Je profite d’un espace un peu discret pour bien sécher ma tente. Plus loin, je croise Antonio, cyclotouriste espagnol. Parti de Zurich, il se dirige vers la Catalogne, un joli trajet. La pause est bienvenue de part et d’autre, et vraiment agréable.

C’est pendant une longue et rapide descente que je passe le cap des 2000 kilomètres, précisément en entrant dans Essertines s/Yverdon.

En sortant de Yverdon, j’arrive à la gare de Grandson. Il y a un réseau Internet accessible pour les passants : je m’y connecte afin de confirmer la météo des prochains jours, particulièrement de demain. Ce sera moins pire que prévu : pluie en avant-midi et possibilité d’averses en après-midi. Je choisis quand même le camping organisé afin de pouvoir attendre la fin de la pluie avant de reprendre la route.

Je suis le seul sous tente ici, alors que les nombreuses roulottes ont visiblement pris racine depuis des années. Point très positif : les voitures ne circulent pas sur le site, mais sont garées de l’autre côté de la rue. C’est ainsi bien plus calme.

J’avais un petit bruit anormal sur mon vélo : je dois resserrer un boulon du porte-bagages arrière – le bruit aura été utile. Tout à côté de ma tente, on célèbre en avance la fête nationale qui aura lieu demain. Ça mange et ça rit bien, alors que j’écris tranquillement dans ma tente. Je passe ensuite à la douche, et la fête voisine se termine au moment où je déroule mon sac de couchage. Parfait, même si ça pétarade un peu partout dans les villages. Il est près de 23 h. Au moins, la grasse matinée est au programme pour demain matin.

km jour : 91,3
km total : 2014
départ / arrivée : 7 h 20 / 19 h 00
temps déplacement : 6 : 21
vitesse moyenne : 14,4 
vitesse maximale : 66
Hébergement : 31,50 €

Vouvry

Descente dans les vignes au-dessus de Conthey

Dimanche > Vouvry, 55 km
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Levés à la même heure qu’hier, ayant bien profité du calme des lieux, nous déjeunons à l’intérieur, puisque le brouillard et la pluie sont au rendez-vous ce matin. C’est toujours un bonheur de converser avec Fabien et Sylvie.

Je passe une bonne partie de l’avant-midi à mettre en ligne le journal de la dernière semaine, un travail qui se fait bien avec de l’électricité disponible, donc sans vider les batteries. Et ici, l’électricité est solaire.

Quand tout est terminé, nous passons à table sous un soleil éclatant puisque le beau temps est revenu. C’est le temps de charger le vélo et de reprendre la route, mais nous partons à trois pour un bon bout. C’est bien plus agréable.

Fabien et Sylvie me guident pour une descente prudente à travers les vignes. Celles-ci sont striées de chemins étroits et abrupts qui permettent de les parcourir en tout sens. C’est de toute beauté. Heureusement pour moi, nous descendons, car j’aurais été incapable de monter ces chemins abrupts avec la charge.

Ensuite, nous nous baladons dans la plaine, sans suivre les itinéraires habituels. C’est agréable et intéressant, puisque mes guides aiment et connaissent bien la région. Après environ 20 kilomètres, ils prennent le chemin du retour, facile avec le vent de dos et leurs vélos électriques, et nous nous saluons. C’est émouvant, nous aimerions nous voir bien plus régulièrement mais la vie en a décidé autrement. 

Je roule sur la digue du Rhône, bien pavée, avec un temps magnifique et un solide vent de face.  Je profite des paysages en avançant tranquillement vers le Lac Léman.

Je prends une pause à Saint-Maurice : comme c’est dimanche et que les épiceries sont fermées, j’achète un repas dans une boulangerie. Sabrina, qui me sert, est curieuse et sympathique, puis nous entamons la conversation avec Grégoire et Alexandra, deux clients attablés à la terrasse. Lui est aussi cyclotouriste et a parcouru l’Europe du Portugal aux pays scandinaves. Je visite brièvement l’abbaye Saint-Maurice, qui souligne ses 1500 ans de présence dans le milieu. C’est plus que respectable, et les lieux sont magnifiques.

Je continue à descendre le Rhône, et vers 19 h je choisis un emplacement en retrait de la piste cyclable, juste au bord du fleuve. J’ai le temps d’écrire le journal des deux derniers jours alors que la nuit tombe tranquillement en illuminant les montagnes en face de moi. Que c’est beau ! Vers 21 h, je monte la tente pour profiter d’une nuit bien dégagée et sûrement fraîche…

km jour : 55,4 
km total : 1923
départ / arrivée : 14 h 10 / 19 h 00
temps déplacement : 3 : 37
vitesse moyenne : 15,3 
vitesse maximale : 38

Erde 2

La route de Derborence

Samedi – Erde 2 (Derborence, Mayens de Sion, Saint-Maurice)
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Bon, c’est un peu redondant : la nuit a été excellente. Ce matin, il fait beau, mais selon la météo ça ne devrait pas durer, alors nous profitons d’un excellent petit  déjeuner à trois sur fond de montagnes mettant à l’honneur le miel des abeilles de la maison.

Fabien et moi nous préparons pour une première activité : les ruches ont besoin d’un traitement contre les acariens. Il faut préparer le matériel requis et se rendre en voiture à Derborence, une vallée située 700 m plus haut que la maison, qui est déjà à plus de 800 m d’altitude.

Le trajet est spectaculaire. La route est à peine de la largeur d’une voiture et est ponctuellement élargie pour permettre les croisements. Surtout, elle est creusée à même la falaise, un peu en balcon, avec un mur de pierre à droite, un précipice à gauche et quelques tunnels. Le tout a été construit avec des outils rudimentaires il y a plus d’un siècle et a besoin d’un entretien suivi puisque des pierres y tombent régulièrement. C’est trop beau !

Sur place, les abeilles profitent des fleurs locales et d’un paysage fabuleux, ainsi que des bon soins de Fabien. Nous nous mettons au travail : il faut ouvrir les ruches, envoyer un peu de fumée pour calmer les petites bêtes, préparer et installer un diffuseur pour l’acide, puis tout replacer soigneusement.

Ça va très bien pour les cinq premières ruches. Pour la sixième et dernière, les abeilles sont plus nerveuses et Fabien se ramasse quelques douloureuses piqûres. Ouch ! Ce n’est pas agréable, mais ça arrive parfois.

Le travail terminé, nous redescendons à la maison, en croisant sur la route pourtant minuscule le car postal, le gros autobus assurant le transport vers Derborence. Les conducteurs sont des as pour faire passer ces mastodontes sur un chemin si étroit et vertigineux.

Après la pause maison, nos repartons à trois vers la vallée. J’y achète une nouvelle cartouche de gaz pour le réchaud, puis nous prenons avec nous Claude, un ami invité au même endroit. Ensuite, nous montons vers les Mayens de Sion, un hameau presque aussi haut que Derborence, mais sur l’autre versant de la vallée. La route est en continuels lacets, c’est vraiment spectaculaire, mais nous profitons moins du paysage car la pluie s’est aussi invitée pour le reste de la journée.

Destination : le chalet Robinson, appartenant à notre ami François-Xavier et à son frère Bernard, qui nous attendent avec impatience et délices. Les deux sont maintenant assez âgés mais continuent à apprécier l’endroit et les visiteurs. D’autres invités viennent compléter l’équipe : Claudy et Marie-Josée, ainsi que Françoise. C’est François-Xavier qui a connu tous ces gens engagés dans le cadre de son ministère.

En plus de la rencontre, il y a un menu, dégusté sous la véranda à cause de la pluie : une raclette au fromage. C’est un véritable rituel : une meule de fromage, tenue par un support, est fondue en surface tout près d’un feu de bois, puis ce fromage chaud est gratté dans une assiette pour être dégusté avec du poivre, des cornichons et des petites patates. Délice !

François-Xavier est au feu, alors que Bernard fait la navette avec les assiettes. Bien sûr, il y a quelques accompagnements et bouteilles. Le tout se conclut avec une tarte aux abricots, dont je ne me lasse pas. Comme c’est un repas long et lent, nous avons tout le temps pour de très agréables conversations. Il faut quand même rester bien habillés, car c’est froid aussi sur la véranda.

L’après-midi a vite passé. Nous revenons à la maison sous la pluie, pour repartir un peu plus tard vers une nouvelle aventure. Nous nous rendons à Saint-Maurice, à environ 30 km, pour une soirée un peu étrange : Éloge funéraire est un spectacle d’improvisation théâtrale.

Les comédiens, excellents, fabriquent leurs personnages à partir des propositions du public – peut-être 40 personnes – puis les font évoluer dans un canevas très libre. En gros, des gens sont rassemblés à la suit d’un décès et mettent en scène divers épisodes de leur vie avec la défunte. C’est assez rigolo, mais pour les comédiens il s’agit d’un exercice de haute voltige.

Quand c’est terminé, il y a une pause, puis nous entrons dans le Café mortel, un échange avec l’ensemble des personnes présentes à propos du deuil et de la mort. C’est souvent intense et touchant, parfois un peu cabotin, mais bien intéressant. Vers la fin, Sylvie prend la parole avec sa sagesse et sa profondeur, j’ajoute un mot de mon cru, et l’animatrice conclut. Toute une expérience.

Il a bien plu pendant la soirée, nous apprécions de rentrer en voiture. La soirée se termine avec une collation – nous n’avions pas soupé, faute de place dans les estomacs. Dodo !