Nadine de La Tuque

Chez Nadine

2017-07-22 > Route 155, kilomètre 142 – 85 km
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Samedi. Nuit parfaite, fraîche et humide : ma tente est trempée. Levé peu avant 6 h, je pars rapidement car les moustiques sont un peu trop intéressés à ma personne.

C’est plutôt froid, sous un ciel magnifique, alors je pédale un bout de temps avec polar et mitaines, attendant que le soleil émerge de derrière les montagnes et apporte un peu de chaleur. En prime, j’ai un bon vent du nord dans la face.

Je déjeune près du pont de Rivière-aux-Rats. La rivière Saint-Maurice reste splendide, mais moins visible de la route. Chaque vue est d’autant plus appréciée. La circulation reste assez dense, à surveiller.

J’arrive chez mon amie Nadine, à La Tuque, vers 11 h. Nous nous retrouvons avec grand plaisir. Comme le soleil est excellent, j’en profite pour bien sécher ma tente et mon matériel. Mais c’est bien secondaire : nous échangeons nouvelles et réflexions, elle me présente son cadre de vie et elle se met à la cuisine. Je ne lui connaissais pas ce talent, mais elle l’exerce avec compétence et passion.

Au menu : risotto aux chanterelles fraîchement cueillies, parmesan et fromage de chèvre ; confit de perdrix ; truffes à la pâte de noix ; sorbet mangue, érable et poivre de Sichuan. Wow !

En après-midi, nous visitons la ville que Nadine connaît sur le bout des doigts. C’est bien intéressant. À noter : la Tuque doit son nom à un rocher arrondi qui servait de point de repère aux voyageurs.

En fin d’après-midi, Jacques revient de Trois-Rivières alors que je me prépare à reprendre la route. Nous avons ainsi l’occasion de nous croiser pour première fois, espérant que ce sera pas une dernière : il est aussi très sympathique.

Je repars peu après 17 h 15. Quelques bonnes côtes, et je me retrouve à longer la rivière Bostonais. C’est vraiment beau et il n’y a presque plus de circulation. Je ne roule pas très longtemps car la nuit va bientôt tomber.

J’interpelle un homme qui alimente un petit feu près d’un joli petit lac. Il accepte facilement de me laisser planter ma tente chez lui. Simon et Mylène, montréalais originaires de la Gaspésie et du Saguenay, ont trois jeunes fils – Isaac, Jacob, Anthony – et viennent régulièrement à leur chalet acheté l’automne dernier. Ils m’invitent à prendre une bonne douche – que ça fait du bien ! – et les conversations sont à nouveau passionnantes. Les deux parents travaillent auprès de personnes récemment sourdes et/ou aveugles. Il sont d’une grande générosité et très engagés.

Alors que la soirée se termine, les jeunes et la maman viennent visiter ma tente. Je complète ensuite le journal, et dodo pour une nuit qui s’annonce pas mal froide.

Statistiques
km jour : 85,8
km total : 441
départ / arrivée : 6 :35 > 19 : 30
temps déplacement : 7 : 08
vitesse moyenne : 16,6
vitesse maximale : 50,5

Le majestueux Saint-Maurice

Rivière Saint-Maurice

2017-07-21 > Grande-Anse – 125 km
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Vendredi. Nuit parfaite. Je me lève quelques minutes plus tard que d’habitude. Je descends saluer le lac, drapé de rubans de brume et constellé de trois gouttes pendant une minute. Magnifique !

Je quitte le camping à l’heure habituelle. Tout de suite après la guérite, une jeune préposée fait des signes étranges devant sa voiture. Cloé essaie de faire comprendre à France, jeune ourse de l’année, qu’il vaut mieux ne pas s’aventurer dans le camping : les gardes devraient probablement la tuer… Nous voyons passer France vers la bonne direction, mais prenons aussi le temps de parler du Parc et de voyages.

Nous partons vers nos occupations, elle à sa guérite, moi vers la longue montée vers le Passage, le plus spectaculaire belvédère du Parc. Il est à la hauteur, dans les deux sens du mot.

Il me reste environ 35 kilomètres avant de quitter le Parc. La route monte, descend, tourne sans cesse, mais c’est beau et frais, confortable. Je croise de nombreux cyclo-sportifs qui profitent de cette belle route tranquille. De mon côté, je prends des photos des jolis lacs sauvages qui se succèdent le long du trajet.

Peu avant de sortir du Parc, Jean me rattrape et nous roulons de concert jusqu’à Saint-Jean-des-Piles et au traversier qui doit me mener à Grandes-Piles et me sauver un bon 25 kilomètres. Problème : il n’y a plus de traversier. C’est donc reparti vers Grand’Mère.

Il y a de la circulation, mais aussi une piste cyclable. En arrivant en ville, je me cherche un peu, mais André, un cycliste d’ici, s’improvise guide à mon profit. Un petit traversier gratuit nous permet d’éviter le dangereux et étroit pont de fer qui relie les deux rives. André me laisse à l’entrée d’une route fermée – pourquoi ? – qui me mène directement à la route 155.

Bientôt, la route longe la rivière Saint-Maurice. La circulation, dense, exige une attention certaine, mais l’accotement est généralement tout à fait acceptable. C’est aussi chaud, autour de 30°. Surtout, c’est souvent très beau car la rivière serpente entre de hautes collines arrondies couvertes d’arbres. La caméra est régulièrement mise à contribution.

Je prends quelques pauses, en particulier pour faire le plein d’eau et, une fois, de fruits frais – je n’ai pas croisé d’épicerie depuis Berthierville. Une petite voiture orange klaxonne pour m’encourager : c’est Nadine, qui ne peut malheureusement pas s’arrêter. Nous nous parlons un peu plus tard pour coordonner notre rencontre de demain.

Même si la route longue une rivière, il y a plusieurs montées à considérer… avec de belles descentes : je dépasse même les 60 km/h sans l’avoir vu venir.

En fin de journée, il est temps de trouver où dormir. Il n’y a aucun camping par ici. Je vérifie un chemin de quad, mais il faudrait être en urgence. En arrivant à Grande-Anse, un homme et une femme sont sur leur balcon. Ils acceptent facilement de me laisser planter ma tente sur leur grand terrain gazonné.

Sa fille se dirige vers l’intérieur, mais M. Silvio, retraité de la forêt et de plusieurs entreprises connexes, se fait un plaisir de me raconter de grand pans d’une vie bien remplie : le travail de la forêt, évidemment, mais aussi la chasse, la pêche, le camionnage, les employés, le récent décès de sa fille et de son gendre, par cancer… C’est intéressant, une vie.

Le soleil a le temps de disparaître pour la nuit et la fraîcheur de s’insinuer avant que nous quittions pour nos quartiers de nuit. Je procède très rapidement car j’ai hâte de me retrouver à l’abri des moustiques.

Je m’installe avec l’ordinateur pour écrire le journal en musique. Peu après 22 h 30, dodo !

Statistiques
km jour : 126,7
km total : 355
départ / arrivée : 7 : 20 > 18 : 30
temps déplacement : 7 : 50
vitesse moyenne : 6,1
vitesse maximale : 62,6

En côtes et courbes

Lac Wapizagonke – belvédère

2017-07-20 > Lac Wapizagonke, Parc de la Mauricie – 45 km
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Jeudi. C’est devenu un automatisme : je m’éveille à 5 h 30, avant la sonnerie. Nuit courte, mais excellente.

Malheureusement, mon yogourt a terminé sa vie utile et a coulé dans son sac, mais j’avais pris les précautions pour limiter les dégâts. Je prends la route à 7 h 15.

C’est frais et confortable, il fait très beau et ça avance bien sur un terrain vallonné, même si certaines côtes sont abruptes. Je fais un petit détour pour un aller et retour sur un joli pont couvert. En moins d’une heure, j’entre dans le Parc de la Mauricie.

La route est très belle et très tranquille en ce début de journée. Elle monte, descend et tourne tout le temps. Si les montées sont vraiment très lentes, plusieurs descentes permettent de dépasser les 50 km/h, avec une pointe à près de 60 km/h. J’arrête à l’occasion pour profiter des points de vue sur les petits lacs et parfois sur le majestueux Wapizagonke.

Il y a quelques autres cyclistes qui s’entraînent dans les côtes. Trois femmes dont les maillots affichent « Les Roses » tant en mots qu’en couleur se préparent pour le défi du Parc.

J’arrive au camping à 11 h 30 sous un soleil toujours radieux. Je m’installe malgré un sol trop dur pour les piquets – on s’habitue –, je mange puis je me baigne dans le lac puisque je suis à quelques pas d’une plage. L’eau est vraiment bonne.

Ensuite, c’est la douche puis une sieste bien méritée. J’avais envisagé assister à une causerie des naturalistes sur les ours, mais quelques gouttes et un grand vent font craindre de bons orages. Il y en aura, mais ailleurs : le camping reste bien sec.

Pour manger, je m’installe dans l’abri communautaire. Il y a beaucoup de circulation : c’est l’heure de pointe pour les douches, avec embouteillage côté femmes.

À 19 h 30, deux naturalistes du Parc présentent une causerie à propos des durs métiers de bûcherons et de draveurs autour de 1850. Pas trop le goût de revenir dans « le bon vieux temps ».

Ensuite, il est grand temps de dormir, car la journée de demain risque d’être plus chargée… et que les orages semblent encore vouloir s’inviter en après-midi. Pour le moment, tout est très calme et confortable.

Statistiques
km jour : 44.2
km total : 229
départ / arrivée : 7 : 15    > 11 : 30
temps déplacement : 2 : 59
vitesse moyenne : 14,7
vitesse maximale : 59,8
camping : 37 $

                    44.2                 229              7 : 15    > 11 : 30
                    14,7                59,8              2 : 59      36,65 $

De plaines en collines

La campagne jardin

2017-07-19 > Saint-Mathieu-du-Parc – 115 km
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Mercredi. Après une nuit chaude mais confortable, je m’éveille à 5 h 30, juste à temps pour voir le soleil se lever sur le fleuve, directement par la porte ouverte de la tente. Le temps est brumeux, la température est confortable et un joli vent souffle vers l’est, soit dans la bonne direction pour moi. Je pars à 7 h, alors que tout dort encore au camping.

Jusqu’à Berthierville, je longe le fleuve et les méandres qui séparent les Îles de Sorel du rivage. Je croise un cyclotouriste américain très peu chargé – il va de Montréal à Québec en deux jours –, ainsi qu’une jeune femme aussi sur deux roues, et je traverse jolis villages et paysages.

À Berthierville, c’est le temps des mises à jour : je me procure de l’argent comptant, un peu de nourriture et un téléphone cellulaire. Tout ça risque de servir.

Ensuite, je reste en plaine jusqu’à Louiseville mais quitte le bord de l’eau. Il fait chaud : un thermomètre indique 28°. Une bonne pause, un plein d’eau, puis je pars vers Saint-Paulin, laissant le fleuve, la plaine et le soleil derrière moi. La route présente quelques vallons et pas mal de circulation. À Saint-Léon-le-Grand, un tout petit village, je prends une jolie route parallèle beaucoup plus tranquille. Traversant une zone de travaux, je salue Jason, un signaleur sur un chantier routier, et nous entreprenons une agréable conversation.

Plus j’avance, plus la route est vallonnée. Je dîne à Saint-Paulin juste avant qu’une pluie très légère se manifeste. Celle-ci forcit tranquillement. À Saint-Élie-de-Caxton, village célébré par la conteur Fred Pellerin, je m’installe bien au sec au bureau d’information touristique pour écrire un peu, question de laisser passer la pluie.

Je repars peu après 15 h 30, alors que la pluie a presque cessé. Le village de Saint-Élie est assiégé par les touristes attirés par les légendes qui s’y rattachent maintenant. Ce n’est pas pour moi. Alors que je me dirige vers Saint-Mathieu par la route des Lacs, la pluie cesse tranquillement. J’arrive au camping vers 17 h.

Mon site est bien joli, les gens sont accueillants, mais c’est vraiment trop cher pour un cycliste solitaire.

Je m’installe et je mange, puis je me mets au travail : il me faut reconstituer une petite partie de mon carnet d’adresses dans mon nouveau téléphone. Ça se fait en partie par Internet – la connexion est excellente –, en partie avec mon frère Gaétan dont je connais le numéro par cœur. Lui et François, mon autre frère, ont enfin réussi à mettre le bateau à l’eau – il y avait des problèmes administratifs – et à lancer la saison du ski nautique.

À 21 h 30, tout est complet côté ordinateur. Je prévois me lever tôt demain, car des orages sont possibles en après-midi et je préfère arriver avant eux au camping. En attendant, la nuit s’annonce très confortable et sera appréciée.

Je rentre à mon site pour me préparer… et des voisins très sympathiques viennent de s’installer. Guillaume et Linda ont fait le tour du Lac Saint-Jean, lui à vélo avec son père et sa sœur, elle à la logistique avec le frère de Guillaume. Ce sont de voyageurs assidus, alors les sujets de conversation ne manquent pas. Finalement, je passe à la douche et il est près de minuit quand je me retrouve à l’horizontale.

Statistiques
km jour : 114,6
km total : 184
départ / arrivée : 7 : 00 > 17 : 00
temps déplacement : 6 : 16
vitesse moyenne : 18,2
vitesse maximale : 47,3
camping : 37 $

Les cours d’eau

Enfin, partir !

2017-07-18 > Saint-Sulpice – 70 km
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Mardi. Comme toujours, le départ est un sport extrême. Il s’agit de tout préparer, de ne rien oublier, et de partir à temps. Cette année, j’ai en plus entrepris quelques travaux à la maison. Ils devraient m’attendre bien sagement.

Je prends donc la route à 15 h. Ce n’est pas un problème, j’ai choisi de commencer par une petite journée.

Ça va bien. D’abord, il fait très beau et chaud ; ensuite, je profite d’un agréable vent de dos ; surtout, l’entretien et les nouveaux pneus semblent avoir enfin réglé le problème de louvoiement qui affligeait ce vélo depuis le début. C’est donc un vrai plaisir de le conduire malgré les 46 kilos mesurés avant le départ.

Pour les 40 premiers kilomètres, je roule sur le boulevard Gouin qui longe la rivière des Prairies. Après le pont de Repentigny, je longe la rivière l’Assomption. Tout au long, c’est généralement calme et à l’occasion bucolique. Je dois ensuite rejoindre un troisième cours d’eau, le majestueux Saint-Laurent.

Petit problème : des affichent indiquent que le viaduc qui surplombe l’autoroute 40 est interdit aux cyclistes et piétons. Et notre bon ministère des transports n’a pas prévu de détour. Sur place, les affiches sont claires, mais je dois passer outre. Ce n’est ni difficile ni dangereux. Notre ministère aurait intérêt à penser hors de la boite appelée voiture…

C’est donc sans autre péripétie que je rejoint le camping. C’est cher, mais le site est beau et il n’y a pas beaucoup d’options si près de la ville. Je m’installe facilement – j’ai quand même l’habitude – mais je réalise que mon téléphone est resté à la maison. Il faudra y voir demain matin, à Berthierville.

Je procède aux tâches habituelles – repas, douche et journal, et dès 22 h 30 je suis dans la tente, prêt à me coucher. Les vacances sont bien commencées !

Statistiques
km jour : 68,5
km total : 68
départ / arrivée : 15 : 00 > 18 : 45
temps déplacement : 3 : 31
vitesse moyenne : 19,3
vitesse maximale : 33,4
camping : 29 $

Le Québec de l’eau – été 2017

Baie des Ha ! Ha !, Saguenay

Le Québec regorge de lacs et de cours d’eau… parfois reliés par quelques bonnes collines. Cet été-là, de rencontre en rencontre, j’en ai suivi une petite partie: Saint-Laurent, évidemment, mais aussi Wapizagonke, Saint-Maurice, Bostonais, Saint-Jean, Ha ! Ha !, Chaudière, Mégantic, Memphrémagog, Orford, Richelieu, Saint-Louis… Une belle virée !

Les cours d’eau
2017-07-18 > Saint-Sulpice – 70 km

De plaines en collines
2017-07-19 > Saint-Mathieu-du-Parc – 115 km

En côtes et courbes
2017-07-20 > Parc de la Mauricie – 45 km

Le majestueux Saint-Maurice
2017-07-21 > Grande-Anse – 125 km

Nadine de La Tuque
2017-07-22 > Route 155, kilomètre 142 – 85 km

Route 155, en plein bois
2017-07-23 > Mashteuiatsh – 135 km

Du lac au lac à l’île
2017-07-24 > Pointe-Taillon – 120 km

De nouveaux amis, puis la route
2017-07-25 > Lac Kénogami – 100 km

En pays de connaissance
2017-07-26 > La Baie, Saguenay – 85 km

Menus travaux
2017-07-27 – La Baie, Saguenay – 0 km

De l’escalier au lac Ha ! Ha !
2017-07-28 > Lac Ha ! Ha ! – 60 km

La route qui touche le ciel
2017-07-29 > Baie-Saint-Paul – 75 km

De la 138 au campus
2017-07-30 > Québec – 120 km

Suivre l’eau, encore
2017-07-31 > Sainte-Marie – 70 km

Lumières
2017-08-01 > Beauceville – 40 km

Remonter la Chaudière
2017-08-02 > Lac-Mégantic – 105 km

Le tour du lac
2017-08-03 – Lac-Mégantic – 70 km

Vallons
2017-08-04 > Sherbrooke – 110 km

À l’abri du déluge
2017-08-05 > Eastman – 45 km

Du gravier avec ça ?
2017-08-06 > Sainte-Sabine – 95 km

Retour à la maison
2017-08-07 > Montréal – 115 km

Perdre les pédales

> Aéroport > Montréal – 30 km + 6500 km
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Samedi. Ce matin, je n’ai pas besoin de mon réveil : je le devance de quelques minutes. Quand Enrique se lève, je suis presque prêt, mais lui et moi prenons toujours plaisir à parler ensemble. À 9 h, je suis en route.

Le première partie, urbaine et en descente, est facile en ce samedi matin bien tranquille. En consultant la carte sur mon appareil photo, je trouve facilement le pont au-dessus du Llobregat, un tout petit cours d’eau en cette saison. Peu après, je passe le seuil des 3500 km, ce qui fait de ce voyage le plus long de ma carrière de cyclotouriste.

Je roule un bout de temps sur la digue, un trop long bout de temps puisque je manque l’intersection vers l’aéroport – était-elle indiquée ? – et me retrouve près des plages. Je reviens sur mes pas et trouve enfin l’aéroport et le terminal « 2 », puis la section « B » où je prendrai mon avion. C’était prudent de partir tôt : il est déjà 11 h et j’ai parcouru près de 30 km à cause des détours.

Ensuite, les choses vont rondement : je prépare vélo et bagages, je règle les formalités, je mange un peu et me rends à la salle d’attente pour l’embarquement.

Il me reste du temps sur mon téléphone. Je réussis à rejoindre quelques amis pour les saluer avant l’envol. Le voyage n’aurait pas été une si belle aventure sans leur accueil plus que chaleureux.

Nous nous installons à bord. Comme l’aéroport est vaste, il se passe près de 30 minutes entre le moment où nous commençons à rouler et l’envol comme tel. Il fait très beau alors que nous survolons l’Espagne. Je peux profiter du paysage puisque je suis assis au hublot.

Comme l’appareil est plus ancien, les écrans sont collectifs plutôt qu’individuels, ce qui fait que les passagers ne choisissent pas ce qu’ils voient. J’écris un peu, puis je complète le tri des photos.

Ces voyages en avion sont assez peu palpitants. Comme la plupart des passagers, je sommeille tant bien que mal entre les annonces et les collations. En fin de parcours, je jette un coup d’œil dehors et vois une côte : nous survolons Tadoussac, où je pédalais l’an dernier. Souvenirs…

Nous atterrissons à l’heure prévue et nous nous dirigeons vers les douanes. Dans une grande salle bondée, les nombreux voyageurs font la file dans un labyrinthe. L’attente est longue puisque le personnel est trop peu nombreux, et plusieurs étapes de contrôle se suivent, avec file entre chacune. Accueil bizarre, assez mal fichu…

Dans mon cas, j’ai droit à la totale. J’ai déclaré le montant des achats faits à la suite du vol de Lyon, alors des étapes s’ajoutent avant de récupérer mes bagages.

Mon gros sac m’attends sur le carrousel, mon vélo est avec les bagages hors dimensions, mais celui-ci ne va pas bien : tout est en désordre, le pneu arrière est à plat, la chaîne est débarquée, mais surtout le transporteur a perdu les pédales puisque le sac de transport s’est ouvert. Rien à faire : je devrai rentrer à la maison en taxi.

En attendant, je dépose une réclamation à ce sujet, puis me présente au dernier contrôle. On m’envoie pour une étape supplémentaire : une fouille détaillée. La jeune douanière me fait tout ouvrir, examine les factures, fouille un peu partout dans l’ordinateur et conclut – probablement à raison – que j’ai dépassé le montant d’achats permis. Mais elle comprend les circonstances et me laisse partir sans surcharge.

Je me dirige vers les taxis. À nouveau, il faut affronter une longue ligne d’attente et la course est très chère, avec une surcharge pour le vélo. C’est avec soulagement que j’arrive chez moi, plus de trois heures après l’atterrissage.

Tout est en ordre. Je prends une bonne douche, puis le volant de ma voiture : Jean et Ginette ont rassemblé un bon groupe de nos amis communs pour un souper de fin d’été. Très agréable. Je suis de retour à la maison vers minuit. Je ne m’occupe guère du décalage horaire… mais il est temps de retrouver le confort de mon lit. Je rêve de repartir, mais sans trop d’avions ou de trains…


km jour : 28,3
km total : 3521
départ / arrivée : 9 h 15 / 20 h 45
temps déplacement : 1 : 39
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 34,1

Barcelone

Esplugues de Llobregat (Barcelona)
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Vendredi. Une bonne et longue nuit. Je me lève vers 9 h 30, sans faire de bruit car Enrique profite d’un bon sommeil jusqu’à 10 h 30. Nous déjeunons de concert, nous regardons quelques cartes et je termine le journal avant de me diriger vers la ville pour m’y balader.

Pour m’y rendre, j’utilise le transport en commun. Le tramway passe devant la porte et me mène au métro. Simple. En revanche, j’apprécie le coup de main de Nacha, une dame d’origine salvadorienne, qui m’indique quel ticket choisir et me change un billet, puisque la machine n’accepte pas ma carte de crédit.

En ville, il y a foule, partout, sous la chaleur. Les gens déambulent, se photographient, mangent, boivent, entrent et sortent des commerces qui sont partout… Je suis loin de la solitude du cycliste sur sa monture.

Je me perds là où vont mes pas dans les rues étroites qui tissent ces vieux quartiers bourrés de charme. Selon les conseils d’Enrique, je me dirige vers l’est, plus calme.

Je choisis une visite payante, celle de l’église Santa Maria des Mar, splendeur gothique ayant survécu aux siècles et magnifiquement restaurée. J’y passe du temps et je la photographie à mon goût.

De retour dehors, je vais me balader dans le Parc Ciutadella, avec son étang encombré de chaloupes à rames, je reviens longer le port pour terminer la boucle près de la célèbre cathédrale Sagrada Familia, œuvre mythique de l’architecte Antonio Gaudi. Je ne songe même pas à y entrer, pour cause de foule trop dense. Et je reviens tranquillement à la maison

Ce soir, Enrique cuisine un excellent riz aux légumes et lardons. Je goûte des figues fraîches, un vrai délice, puis nous partageons un bout du dessert que j’ai acheté en chemin, heureusement aussi bon que beau. En soirée, nous partageons images et histoires de voyages sur deux roues avant de nous retirer dans nos quartiers de nuit.

Demain, l’avion et le retour. Et déjà, un fond de nostalgie : j’aurais continué. Bon, une petite pause de quelques mois, avant de repartir, ça peut passer…

Sans stress prévu…

> Esplugues de Llobregat (Barcelona) – 150 km
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Jeudi. C’était un camping anonyme. Seul événement : l’arrosage automatique a humidifié un peu le plancher de la tente. Levé à l’heure habituelle, je pars à l’heure habituelle pour une dernière journée de route. Sera-t-elle anonyme ? En tout cas, je prévois une journée sans stress : Barcelone est trop loin pour être atteinte à vélo, je devrai prendre le train en fin de journée.

Aujourd’hui, le ciel est plus gris que bleu, l’air est embrumé, mais c’est plus confortable côté thermomètre.

En principe, je devrais descendre pas mal, car je suis en montagne et je vais vers la mer. Mais le principe doit attendre encore : je commence avec 5 km de montée en forêt afin de passer un peu au-dessus des 1000 m.

La descente – 700 m d’un coup – vaut largement l’attente. D’abord en forêt, puis sur terrain ouvert, la route s’accroche en balcon au flanc de la montagne jusqu’au creux de la vallée. Fabuleux !

Ensuite, c’est ordinaire. Quelques petites routes et villages, une grosse ville – Montblanc, cité médiévale – à contourner, cartographie attentive pour rester sur le bon chemin.

Je me dirige vers El Vendrell et la mer par la C-51, route plus importante à côté de laquelle une ancienne route a été maintenue, entre autres pour les vélos.

Autour de El Vendrell, je roule quelques kilomètres dans des conditions d’autoroute, plutôt pénibles. Je rejoins la C-31 – ne pas confondre avec l’autoroute C-32 –, passante et désagréable, un long centre d’achats.

Je tente à quelques reprises de rejoindre le bord de mer, sans autre résultat que de perdre du temps : il semble être partout interdit aux vélos.

À Sitges, la route change de caractère. Alors que l’autoroute et le train sont surtout en tunnels, la C-31 serpente comme une route de montagne. Je me laisse tenter, une excellente idée.

Oui, c’est sinueux et étroit, avec beaucoup de circulation et du relief. Mais il s’agit d’une corniche accrochée à la falaise, dominant la mer, magnifique. Régulièrement, je me colle à la bordure de béton pour laisser passer les files de voitures qui sont bloquées quand je roule. Et j’admire la mer et la falaise, paysages grandioses alors que le jour baisse tranquillement.

Après ce bijou, je reviens aux routes normales et commerciales. Je dois veiller à ne pas me tromper de chemin, entrant en ville par des autoroutes. En revanche, je reste plein d’énergie malgré une longue journée et 150 km, un record pour cet été. Étrange de ne pas sentir la fatigue…

Il est 22 h et il fait bien nuit quand j’arrive enfin chez Enrique, mon hôte Warmshowers. Ce réseau de cyclotouristes propose des rencontres entre passionnés, et c’est bien le cas cette fois-ci. Vétérinaire devenu photographe, Enrique a entre autres pédalé la côte est de New-York à la Gaspésie, avec retour par la rivière Hudson, le sud-est asiatique et la Nouvelle-Zélande.

Je suis reçu dans un superbe loft – aménagé par lui-même dans un ancien local commercial – avec de hauts plafonds où pendent quelques vélos, des fenêtres immenses et un mélange intéressant d’objets d’époques et de fonctions très hétéroclites.

Nous passons un petit bout de soirée très agréable, mais nous nous couchons assez rapidement car tous les deux avons besoin de repos.


km jour : 147,8
km total : 3492
départ / arrivée : 9 h 15 / 22 h
temps déplacement : 9 : 26
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 52,3

Les cols brûlants

> Prades (Priorat) – 75 km
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Mercredi. Souhaitant faire une bonne journée, je me lève tôt. La tente est légèrement humide de rosée, elle séchera ce soir. Dès 9 h 15, je suis en route.

C’est frais pour le moment, le ciel est légèrement voilé, mais la chaleur sera de toute évidence au rendez-vous.

La montée d’hier vers le camping est ce matin une descente rapide. En passant à Móra la Nova, j’achète fruits et fromage dans de petites boutiques afin d’avoir l’essentiel pour la journée.

Je roule quelques kilomètres dans la large et confortable vallée de l’Ebre, puis je pars sur de petites routes dont j’espère qu’elles seront intéressantes. Bien vu, mais elles seront aussi très exigeantes, plus encore que ce à quoi je m’attendais.

Si touts les cours d’eau sont bien secs, il y a des arbres résistants à ce climat toujours aride, ainsi que des cultures de vignes et d’oliviers. En après-midi, il fait 39° selon mon thermomètre. Je bois beaucoup d’eau, heureusement disponible aux fontaines.

Les routes sont en excellente condition et très peu fréquentées, ce qui facilite la conduite.

Je traverse une série de petits villages, tous magnifiques, sur des hauteurs et séparés par de creuses vallées. Entre Lloà et Gratallops, la longue montée est si abrupte que je dois arrêter chaque 25 m pour reprendre mon souffle.

Après une jolie crête, je descends à Vilella Baxiat, au pied d’un spectaculaire mur de montagnes surmontées de falaises. C’est le Parc naturel de la Serra del Monsant. Sur des kilomètres, la route monte le long des montagnes, offrant des points de vue incroyables. Je manque d’yeux pour tout admirer ; mon appareil photo est bien sollicité, mais ne peut rendre l’ampleur du spectacle.

En chemin, je suis accompagné des grondements du tonnerre, mais l’orage passe ailleurs. Ça m’aurait mouillé mais rafraîchi.

À partir de l’intersection vers Escaladei, la montée s’apaise et j’arrive à Poboleda, autre splendeur, avant de descendre vers une route un peu plus importante.

Je pensais qu’elle pourrait descendre vers les vallées, mais elle monte constamment : c’est encore un col à plus de 900 m, à nouveau accompagné de gros grondements de tonnerre. Mais quels paysages!

Quand ça redescend un peu, j’arrive au camping de Prades. Il est déjà 19 h, j’ai battu mon record de basse vitesse moyenne et il est temps d’arrêter. Après tout, même si j’ai descendu plus de 1000 m, j’en ai monté plus de 1650.

Je suis dans un gros camping familial, cher et encombré, où je croise beaucoup de monde sans en rencontrer. Après les routines, je m’installe confortablement dans ma tente pour écrire en musique. Demain, ce sera la dernière vraie journée de vélo. J’espère bien en profiter, mais je serais étonné qu’elle soit comparable en splendeur à celle qui achève.


km jour : 76,0
km total : 3344
départ / arrivée : 9 h 15 / 19 h 15
temps déplacement : 6 : 20
vitesse moyenne : 12,0
vitesse maximale : 53,9
camping : 19,50 €