Lac Roland

L’entrée de la réserve

Dimanche > Lac Roland – Réserve faunique de La Vérendrye – 85 km
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Couché plus tard, je me lève plus tard, soit vers 7 h 45. Comme la tente est trempée de rosée, je la laisse sécher au soleil, je ne pars donc qu’à 9 h 40. C’est déjà bien chaud, mais je dois ménager mon eau car celle du camping n’était pas potable.

Sur la 117, l’accotement est en général large et en bonne condition, il faut simplement se méfier des débris et du sable qui s’y trouvent à l’occasion. La route est vallonnée, ce qui est agréable, et la circulation est lourde, ce qui est moins agréable.

Il n’y a pratiquement aucun bâtiment avant le village de Grand-Remous. En revanche, je peux y faire le plein d’eau et admirer les chutes de la rivière Gatineau, elles qui donnent le nom de ce village.

Par la suite, ce sont les mêmes conditions de route sous le soleil. Je dîne à un petit parc juste avant le poste d’accueil, en profitant pour aller voir les jolies chutes Quinn.

Au poste d’accueil, je règle mon camping pour ce soir, en choisissant de ne pas aller trop loin. Excellent choix. La route est chaude, les montées sont nombreuses et lentes, je n’ai pas le goût de rouler longtemps. Et pourtant…

En milieu d’après-midi, il passe une bonne averse, heureusement courte. Pas de problème, je suis bien équipé.

Une voiture pourtant récente est sur l’accotement, capot ouvert. Les deux jeunes hommes à bord semblent découragés, le moteur va mal et ralentit régulièrement à 20 km/h. Je n’ai pas d’expertise en moteur à essence, mais j’ai quelques outils. Un autre homme arrête, au volant d’une voiture plus âgée que les deux jeunes. Bon mécanicien, il leur recommande chaudement de tenter de revenir sur leurs pas, sous peine de rester pris loin de possibles secours. C’est ce qu’ils font, bien déçus car ils sont attendus demain au travail en Abitibi.

Plus loin, c’est à mon tour d’arrêter sur le bord de la route : mon pneu arrière est à plat. Le diagnostic est facile, avec un morceau de métal recourbé et bien pointu qui s’est logé dans mon pneu. Heureusement, j’ai de bonnes pinces pour le retirer, car il résiste vaillamment.

En revanche, la réparation de la chambre à air échoue : la première fois, la rustine n’adhère pas; la deuxième fois, la valve brise. Il me faut utiliser ma chambre à air de secours. Plus beaucoup de latitude pour les problèmes de pneus.

Peu après, il y a du mouvement dans les herbages : je photographie le joli ourson, puis je pars rapidement…

Près des chutes du lac Roland, une sympathique famille de La Sarre est en pause. Mikaël et Laurie travaillent à l’école secondaire et sont parents de Aurélie, Maxence, Romin et Léonce. Si le plus jeune n’a que quelques mois, les trois autres sont enjoués et curieux, à l’image des parents. Belle rencontre !

Il est plus de 19 h 30 quand j’arrive au camping. C’est frais, sec et confortable, il n’y a que peu de moustiques. Petits inconvénients : c’est près de la bruyante route, mais surtout il n’y a que l’eau du lac qui soit accessible. Je dois faire des acrobaties sur un arbre mort pour pouvoir filtrer celle dont j’ai besoin. Et elle n’est pas très bonne.

Mais au moment où j’écris cette ligne, je n’entends que le chant des huards sur le lac. Magique… jusqu’au passage de la prochaine voiture.

km jour : 83,2
km total : 382
départ / arrivée : 9 : 40 / 19 : 30
temps déplacement : 5 : 20
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 50
camping : 27$

Mont-Laurier

Près de Lac-des-Écorces

Samedi > Mont-Laurier – 120 km
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Je m’y attendais : la nuit a été vraiment fraîche. Quand je me lève, vers 6 h, il fait 8° et la tente est trempée de rosée. Un bris d’équipement, cette nuit : mon oreiller gonflable se dégonfle. Est-ce réparable? On verra un jour.

À 7 h 15, je suis prêt, le vélo est chargé, mais mon pneu avant se prend pour un oreiller. Dans ce cas, la réparation est nécessaire maintenant. Je trouve facilement le trou dans la chambre à air et le petit objet bien pointu qui s’est incrusté dans mon pneu. Il est 8 h quand je pars enfin.

Après quelques instants, un pont traverse bien au-dessus de la rivière Rouge. En dessous, la fin du long rapide des Italiens, célèbre auprès des adeptes de canot de rivière qui le fréquentent depuis des décennies – beaux souvenirs…

Je longe la rivière un bout de temps en compagnie d’une libellule qui s’est prise d’affection pour mon sac de guidon. La piste se dirige ensuite vers le majestueux lac Nominingue.

Au village du même nom, je retrouve mon cousin René qui a accepté de quitter sa retraite pour revenir aider dans son ancien travail. Seul, pour quatre jours et 24 heures par jour, il accompagne le quotidien de sept personnes atteintes de problèmes mentaux. Bravo, cousin ! Je profite du grand soleil pour sécher ma tente, et nous passons d’excellents moments ensemble. Nous nous reverrons rapidement.

La météo est parfaite, à l’exception d’un vent de face tenace mais pas trop dérangeant, puisque la piste est habituellement en forêt. Elle est pavée pour tout le trajet, et sa condition permet d’exercer l’art du slalom entre les zones dégradées qui pullulent. Les cyclistes sont bien moins nombreux qu’hier, et les vélos électriques sont en plus faible proportion.

Après avoir dégusté mon lunch, je croise Jérémie qui prend une pause près d’un joli lac. Il travaille dans la construction mais est d’abord guide de plein air. Il a beaucoup pédalé et canoté, nous avons donc plein d’intérêts communs.

Je rencontre aussi un papa avec ses deux ados. Initiation au vélo camping en quatre jours jusqu’à Saint-Jérôme. Sur place coule une source fraîche et délicieuse, parfaite pour remplir mes bouteilles.

Le trajet, très agréable à part la condition de la chaussée, se poursuit jusqu’à Mont-Laurier où j’arrive vers 16 h 30. Je trouve une boutique de vélo, fermée, alors je passe à l’épicerie afin de pouvoir manger pour les prochains jours. Pas de ravitaillement en vue avant Val-d’Or…

Au milieu des voitures, dont je ne m’ennuyais pas du tout, je pars sur les traces de mon enfance, puisque j’ai habité ici alors que j’avais de 10 à 12 ans. Je retrouve la maison que mon père avait fait construire, puis mon école primaire. Trêve de nostalgie, il faut encore rouler avant de m’installer pour la nuit.

Je vise un camping pas très loin, car je n’aurai probablement pas accès à une douche pour quelques jours. Je roule, je ne trouve pas. Mon téléphone non plus, d’ailleurs. Finalement, j’appelle mon frère qui trouve les infos. Comme il n’y avait aucune indication et que mes cartes n’étaient pas vraiment précises, j’étais passé tout droit. Je reviens donc sur mes pas jusqu’à un petit camping – les seuls employés sont Josée, qui m’accueille, et son mari quand il est disponible. Le site est bien, le prix bien plus raisonnable que jeudi, et il est grand temps de m’arrêter.

Je m’installe et monte la tente, je rappelle mon frère tout en cuisinant afin de vérifier la météo. Si c’est bon pour demain et lundi, de fortes pluies sont attendues mardi. Il me faudra prévoir une journée de pause… humide.

J’ai des voisines : Caroline et ses deux ados Marie-Soleil et Ève-Laurie. Si elles semblent un peu rugueuses au départ, c’est une rencontre bien sympathique.

Il reste encore à faire la vaisselle à la brunante, à prendre une douche et à écrire le journal tout en rechargeant quelques batteries. Il est près de minuit quand tout est terminé. La nuit sera bonne, fraîche et méritée.

km jour : 117,8
km total : 299
départ / arrivée : 8 : 00 / 19 : 30
temps déplacement : 7 : 09
vitesse moyenne : 16,5
vitesse maximale : 49
camping : 26$

La Macaza

En longeant la Rivière du Nord.

Vendredi > La Macaza – 125 km
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Excellente nuit. J’aime vraiment dormir sous la tente. Je me lève en pleine forme vers 6 h 30. Je prépare mon matériel, je déjeune, je charge le vélo et dès 8 h je suis en route sous une température à nouveau magnifique.

Je retrouve facilement la piste cyclable pour rejoindre le kilomètre 0, au centre-ville de Saint-Jérôme. J’y croise un collègue du CSSMB, enseignant au Collège Saint-Louis. Faut dire que mon maillot CSMB est facile à identifier.

Après l’intersection de la route 333, qui mène au chalet, la piste est en petites pierres. C’est plus lent et plus poussiéreux, mais c’est heureusement beau et ombragé. Le Parc régional de la Rivière du Nord est marqué par d’impressionnantes chutes, et la piste suit cette rivière, parfois de près, parfois de loin, pour un bon bout. C’est un voisinage plus agréable que la bruyante route 117, qui est habituellement à bonne distance.

De plus, chaque village traversé a recyclé son ancienne gare en point de services pour cyclistes, c’est donc très simple pour trouver de l’eau. Toutefois, les violentes tempêtes de juin ont laissé de nombreuses traces : des arbres tombés sur la piste ont dû être coupés pour en rouvrir l’accès.

Rares au début, les vélos se font plus nombreux, mais sans jamais que ce soit trop. Si les vélos électriques sont très présents, les cyclotouristes sont pratiquement absents. Après Sainte-Adèle, il faut monter un bon bout de temps. Ce n’est pas abrupt, cette piste ayant été au départ une voie de chemin de fer.

À partir de Val-David, la piste est asphaltée, donc très confortable, et longe de jolis lacs. Je mange à Sainte-Agathe, à une halte où les cyclistes de passage sont comme toujours sympathiques.

En repartant, je fais route un bon bout de chemin avec Éric, qui prépare un périple vélo au Portugal en septembre. Comme il connaît bien la piste, il me donne des indications précieuses. Ça rend le vent de face, pas très violent mais bien présent, plus supportable.

Quand nous nous laissons, je fais une rencontre étonnante : une jeune famille en vélo-camping. Jean-Yves et Andrée, enseignants de mathématiques et de français au secondaire, ont quatre filles de 3 à 8 ans : Florence, Clara-Lou, Charlotte et Évelyne.

Si les parents sont des cyclistes aguerris, c’est leur première aventure vélo en famille. Évidemment, leur trajet est ajusté – environ 20 km par jour, mais les vélos des parents sont extrêmement chargés. Spectaculaire ! Tout ce monde est bien joyeux.

Après une très agréable descente asphaltée, ça reste très beau – en particulier, nous longeons de jolis lacs – et toujours fréquenté. Après Mont-Tremblant, retour de la poussière de roche jusqu’à Labelle.

Le kilométrage augmentant, je sens la fatigue. L’asphalte est de retour à partir de Labelle, et je guette un emplacement favorable pour planter ma tente. Je m’installe à côté d’une table à pique-nique, tout près de la piste. Si j’entends un peu de circulation – la 117 n’est pas très loin –, l’endroit est autrement parfait.

À part un joli chevreuil, plus personne ne passe. Après le repas et quelques appels, je rentre dans la tente pour écrire le journal sans être dérangé par les quelque moustiques. C’est complété vers 21 h. J’appelle ma sœur Monique, puis dodo !

km jour : 124,9
km total : 181
départ / arrivée : 8 : 00 / 18 : 30
temps déplacement : 7 : 38
vitesse moyenne : 16,4
vitesse maximale : 34

Saint-Jérôme

Piste cyclable vers Saint-Jérôme

Jeudi > Saint-Jérôme – 55 km
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C’est un départ normal, c’est-à-dire avec des préparatifs qui prennent plus de temps que prévu. Faut dire que j’avais passé la journée d’hier avec Jacinthe et Roger, en menus travaux et en kayak. Très agréable, comme l’est le temps passé entre amis.

Je prends donc la route sous un soleil magnifique et une température assez chaude. Pas de problème, je suis à vélo. Il est toutefois assez lourd avec tout le bagage : à la pesée, il fait 46,5 kg.

Le début du trajet est marqué en orange, couleur cônes pour travaux. Déjà, la piste cyclable du pont de l’Île Bizard est inaccessible car un nouveau pont est en construction juste à côté de l’ancien. En sortant du rustique mais très agréable bac à câble, un cycliste m’informe d’un autre chantier qui bloque l’accès vers le pont que je souhaitait prendre. Je me dirige donc à travers Laval vers la route 117, que je prévois beaucoup fréquenter ces prochains jours.

Ce premier contact avec la 117 n’est pas vraiment agréable : la route est soumise à un lourd trafic. En arrivant à Blainville, je bifurque pour prendre la piste cyclable du Petit Train du Nord. C’est un ravissement, surtout que la piste est isolée de la circulation et en excellent état.

Le train de banlieue circule toujours, la piste longe plus ou moins son emprise, serpentant sous des arbres à l’ombre bienfaisante. Il y a plusieurs cyclistes, tous bien plus rapides que moi, mais ce n’est pas encombré.

En approchant de Saint-Jérôme, il y a moins d’arbres et plus de champs, mais c’est toujours aussi agréable. Je constate avec grande joie que mon accident de décembre dernier et les malaises subséquents semblent ne pas être du voyage.

En arrivant à la ville, je bifurque et je rallie facilement le camping prévu. L’accueil est sympathique, mon site est bien correct, près du lac artificiel et de son jet d’eau, mais le prix est astronomique. Comme je viens ici surtout pour la douche, c’est vraiment cher la goutte ! Quand à l’ambiance, elle est exotique avec la musique country et le groupe de danse en ligne. Pas besoin d’aller loin pour le dépaysement.

Je m’installe facilement – les réflexes sont tous au rendez-vous et mon matériel est bien adapté –, je mange, je rends quelques appels, je me douche et j’ai une agréable conversation avec mes voisins Michel et Josée, de Val-d’Or, qui voyagent avec leur petite-fille Rose, 7 mois.

À 22 h, j’ai complété le journal, debout à côté d’une machine à laver, il est temps de me coucher et de prendre le rythme du voyage. La nuit s’annonce confortable malgré les bruits de la circulation et du camping.

Youpi, c’est parti !

km jour : 56,3
km total : 56
départ / arrivée : 14 : 30 / 18 : 30
temps déplacement : 3 : 08
vitesse moyenne : 18,0
vitesse maximale : 32
camping : 43 $

La route fleurie – à vélo, juillet 2022

Ville-Marie – le bout de la Route Verte 2

En cet été 2022, j’ai choisi de rester pas trop loin de chez moi. À la suite de mon accident de décembre dernier, ça aurait été un peu risqué de partir pour une longue route à vélo. J’ai profité de l’occasion pour découvrir l’Abitibi, le Témiscamingue et le Pontiac, des régions du Québec que je ne connaissais pas encore – oui, ça existe. Comme toujours en 1500 km, il y a eu quelques défis, mais surtout beaucoup de beaux souvenirs et de jolies fleurs pour enjoliver le chemin. Bonne route!

Pour des raisons techniques, l’album photo est en bas de cette page. Cliquez pour agrandir les images.

Saint-Jérôme
2022-07-07 – 55 km

La Macaza
2022-07-08 – 125 km

Mont-Laurier
2022-07-09 – 120 km

Lac Roland
2022-07-10 – 85 km

Val-d’Or I
2022-07-11 – 1 km

Val-d’Or II
2022-07-12 – 20 km

Près d’Amos
2022-07-13 – 105 km

Preissac
2022-07-14 – 40 km

Arntfield (Rouyn-Noranda)
2022-07-15 – 85 km

Ville-Marie
2022-07-16 – 120 km

Laniel
2022-07-17 – 45 km

Mattawa
2022-07-18 – 135 km

Petawawa
2022-07-19 – 145 km

Litchfield
2022-07-20 – 95 km

Gatineau
2022-07-21 – 110 km

Grenville
2022-07-22 – 125 km

Montréal
2022-07-23 – 90 km

Accueil et retour

2021-12-31 – 20,9 km > Accueil
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Encore cette nuit, de petites souris se sont fait entendre dans l’entre-toit. Ces petites bêtes ne sont pas vilaines, elles ne cherchent finalement qu’un coin chaud où passer l’hiver, ainsi que de la nourriture. René en a eu une preuve ce matin, car les deux tiers d’une tablette de chocolat ont été grignotés très discrètement par ces bestioles durant la nuit, comme il a pu le constater après la randonnée.

Après ces activités nocturnes, c’est la dernière journée, déjà. Comme d’habitude cette semaine, le ciel est gris. L’équipe part relativement tôt : la distance est importante, mais le trajet est surtout composé de descentes faciles.

Sur le trajet, un peu d’eau libre et, à nouveau, une très jolie chute. À l’intersection de la Ouache, René termine son parcours car sa voiture est ici et sa fille l’attend chez lui.

Nous sommes de retour dans les secteurs plus fréquentés du Parc. La température clémente des derniers jours a dégradé les sentiers. Le temps et les kilomètres s’étirent. J’ai hâte d’arriver à destination, sachant qu’il nous reste deux heures de route pour rejoindre Gatineau, un peu déprimé des dernières nouvelles concernant la situation sanitaire au Québec. Mais j’ai vraiment apprécié mon excursion dans le parc du Mont Tremblant. J’ai adoré mon temps passé en votre compagnie. C’est une équipe super efficace et j’irais jusqu’au bout du monde avec vous.

C’est donc une petite équipe de quatre qui arrive à l’Accueil peu avant 14 h. Le plan initial était de manger bien au chaud à l’intérieur, mais avec les nouvelles mesures sanitaires implantées depuis hier ce n’est plus possible de s’y installer. Il n’y a même plus de table… C’est donc dehors que se prend ce dernier repas commun avant de repartir vers les foyers des uns et des autres.

Si pour Céline et Alexandre le trajet est facile avec leur voiture hybride rechargeable, Franck et Philippe se retrouvent à conduire une voiture électrique pour la première fois de leur vie. En soi, c’est assez simple, mais il faut recharger en chemin. Le GPS confirme la position de la borne, celle-là même utilisée à l’aller, et un appel téléphonique leur permet de gérer la recharge comme des pros.

Mes amis arrivent donc chez moi peu avant 18 h, avec la batterie de la voiture à 17 % et une grande satisfaction à la suite de cette belle aventure. L’opération est simple : il leur faut mettre leur matériel dans la voiture de Philippe qui ramènera Franck chez lui. Ils ne restent pas très longtemps car le repos sera bien apprécié… et l’heure du couvre-feu approche tranquillement.

Malgré l’accident, cette semaine de randonnée restera bien marquée dans toutes les mémoires. Et nous souhaitons tous repartir… ensemble.

La Cache

2021-12-30 – 18,2 km > La Cache
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Cette semaine, chaque jour est marqué d’un nouveau défi : plus de distance, plus de chaleur. De beaux paysages sont aussi au programme, en particulier un détour à pieds – les escaliers ne sont pas très évidents à skis – vers une autre très jolie chute.

Une partie de cette journée est moins intéressante parce que le sentier traverse un camping. Beaucoup d’installations d’homo-sapiens-sapiens, des motoneiges sur le lac, on ne se sent pas vraiment en nature sauvage.

La piste amène à la limite ouest du parc, passant à un poste d’accueil avant de rejoindre le refuge. Celui-ci est très bien situé, à côté d’une petite chute qui permet d’accéder à l’eau libre de glace. Ça rend la préparation de l’eau potable bien plus simple, et celle-ci a meilleur goût.

Découverte, pour ma part, des repas déshydratés. C’est miraculeux ! Soupe aux pois, chili et sauce à spaghetti, même la texture est conservée. Et c’est beaucoup plus léger à transporter. J’avais fait plein de trucs avec mon déshydrateur, mais pas encore de repas complets. J’étais un peu stressé qu’on se retrouve à manger des trucs pas trop ragoûtants, mais finalement c’était très bon.

Ce soir, Philippe nous apprend à jouer au Tarot. Ce refuge offre aussi un foyer extérieur. Une partie de la soirée se passe donc dehors, à chanter près du feu. De très beaux souvenirs pour tous.

Sainte-Agathe, Montréal

Prêt pour l’anesthésie

2021-12-29 > Hôpital, puis maison…
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Après ce temps d’attente en forêt plutôt pénible malgré les bons soins de mes amis, j’endure le mal alors que mon pilote descend prudemment sur la piste de ski, un trajet de près d’une demi-heure.

En bas, dans le stationnement, il y a du monde : pompiers, gardes du parc, policiers, ambulanciers, c’est le festival du gyrophare. Je suis rapidement installé sur la civière puis dans l’ambulance, bien au chaud. C’est déjà un progrès de ne plus être gelé.

En cours de route, c’est Mark, ambulancier depuis 40 ans, qui veille sur moi alors que sa collègue Mélissa est au volant. Lui est très sympathique, mais on ne peut en dire autant de la route raboteuse et sinueuse. Heureusement, je résiste aux nausées tant bien que mal. Nous arrivons à l’hôpital de Sainte-Agathe à 15 h.

J’hérite d’une chaise roulante, plus confortable pour moi dans les circonstances, alors que mon matériel profite de la civière 38, dans le corridor en face des toilettes du personnel. Des infirmiers échangent mes vêtements du haut pour une jaquette et une couverture bien chaude, et je reste sur ma chaise sans bouger, la douleur demeurant très vive.

Catherine, la médecin, passe me voir peu après et confirme le diagnostic – c’était assez clair… Je passe ensuite à la radiographie. Bonne nouvelle, rien de cassé. À 18 h, je suis dans une salle d’examen pour être réparé par une petite équipe. On m’installe une aiguille pour perfusion, puis un masque à oxygène. Pas d’autre souvenir, puisque la remise en place de mon épaule se fait sous anesthésie générale. Vers 18 h 30, je m’éveille : tout est revenu en place et, miracle, je n’ai plus aucune douleur. Bravo !

Je suis bientôt de retour à ma civière bien encombrée. J’ai retrouvé une bonne partie de ma mobilité, car à part mon bras sanglé tout fonctionne normalement. Je fouille dans mon sac pour y prendre mes mouflons – lacer mes bottes de ski avec une seule main serait un projet irréaliste – et je marche aux alentours.

Tout à côté, dans une salle d’examen, c’est l’opération vaccin pour le personnel de l’hôpital. Lundi, j’avais déjà pris rendez-vous pour une nouvelle dose, mais il n’y avait de place que dans un mois. Je tente ma chance, et quelques minutes plus tard je fais partie des triplement vaccinés. Point réglé très gentiment.

En attente d’une nouvelle radiographie, le temps passe. Je contacte Adélaïde pour lui indiquer que je ne serai pas à la guitare samedi matin, puis Sylvain pour lui demander s’il peut me rapatrier quand j’aurai mon congé. Et le temps passe.

On m’avait appelé pour la radiographie de contrôle, mais dans une salle d’attente où je n’étais pas. Finalement, je reçois le message. Tout est en ordre, Sylvain est en route, j’ai même droit à un sandwich bien ordinaire mais vraiment apprécié. À 22 h 30, nous prenons la route, très agréable en si bonne compagnie. J’arrive chez moi vers 23 h 30… et je ne veille pas très tard ! Je devais avoir besoin de repos, puisque je me lève vers 12 h 15. Il ne reste qu’à attendre la conférence de presse de 17 h annonçant, sans surprise, le retour du confinement. Je pourrai facilement le respecter.

Et heureusement, mes amis ont pu poursuivre la randonnée.

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Après deux semaines sans progrès notable, rendez-vous avec mon médecin… et mise à jour. J’ai une fracture mineure – un petit morceau d’os s’est détaché – et un congé qui s’étirera sur plusieurs semaines. Zut! Ce sera un hiver un peu long et sans grand intérêt. La patience reste de mise.

Le Liteau

2021-12-29 – 12,5 km > Le Liteau
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Nous nous levons de très bonne humeur. Le feu, bien bichonné, a tenu toute la nuit. Et des trous bleus apparaissent au travers des nuages, annonçant le dégagement imminent. Skier sous le soleil sera un vrai plaisir. Les conditions restent excellentes même s’il n’a pas neigé cette nuit. Nous prenons la piste un peu après 10 h.

Au début, celle-ci monte tranquillement, alors qu’au-dessus de nos têtes les arbres givrés se découpent en blanc sur fond bleu. Magnifique ! À partir de l’intersection de la piste de l’Ours, je prends la tête alors que la descente s’amorce. La neige est parfaite, il fait soleil, tout va bien.

Arrive une courbe, même pas difficile, je perds le contrôle et je chute. Aouch ! Mon épaule gauche a pris un mauvais coup et je n’ai aucune force dans mon bras. Je me relève avec l’autre bras, ma tête tourne, je laisse tomber mon sac et je m’assieds. 10 h 45, fin de parcours pour moi : j’ai une épaule démise. Et ça fait très mal.

Mes amis arrivent. René a été patrouilleur de ski pendant des années. Il pose rapidement le diagnostic, constate que je suis incapable de me déplacer, ou même de me tenir debout. Rapidement, tout s’organise. Philippe part à skis vers le poste d’accueil alors que Céline et Alexandre reviennent sur nos pas pour retrouver du signal cellulaire, absent ici. René et Franck prennent en charge les soins.

À ma demande, ils tentent de remettre mon épaule en place immédiatement, avant que l’enflure soit trop grande, mais ça ne fonctionne pas. Ils assurent donc mon « confort » en attendant les secours, m’isolant de la neige et me couvrant de vêtements, d’une couverture de survie et d’un sac de couchage. Mon bras blessé est si douloureux que je peine parfois à rester conscient… et l’attente se prolonge.

Heureusement, il ne fait pas très froid, il fait soleil et il y a très peu de skieurs. Nous profitons de ce temps d’attente pour transférer du matériel vers leurs sacs : chaudron, réchaud, bouffe, filtre, sans oublier, quand même, la clef de ma voiture. Je bois quelques gorgées d’eau, mais je ne mange pas afin de pouvoir être anesthésié au besoin.

En attendant, quand même inquiets, mes autres amis reviennent tranquillement, mangent, se préparent le mieux possible.

L’équipe de secours arrive vers 13 h 15 : sur une motoneige du parc, un garde et un ambulancier ; sur un quatre roues, un pompier. Tout s’organise rapidement. Ému, je remercie et salue mes amis, et c’est le pompier qui me prend à son bord, bien emmitouflé, pour une descente prudente. Direction l’hôpital, enfin.

Après consultation avec le garde du parc et entre eux, mes amis décident de poursuivre l’aventure, une excellente idée. La piste descend bien pour plusieurs kilomètres, jusqu’à l’intersection pour les Chutes Croches – tiens, c’est ironique… – vers lesquelles ils font un petit détour sans sacs et sans regrets : c’est de toute beauté.

Les cinq kilomètres entre les Chutes Croches et Le Liteau sont les plus difficiles de toute notre expédition. Avec la nuit qui s’installe, les kilomètres s’égrènent et on se réjouit d’atteindre le refuge avant qu’il ne fasse complètement nuit. Les événements de la journée avaient utilisé toute notre marge de manœuvre. Un autre incident aurait pu nous placer dans une fâcheuse position.

Le Liteau est un joli petit refuge près d’un lac bien gelé. Il l’atteignent vers 16 h 30, alors qu’il fait presque nuit. Heureusement que le sentier est tracé ! Tous sont heureux de déposer les sacs. C’est plutôt frais à l’intérieur puisque la braise est presque éteinte.

Tout s’organise rondement, l’équipe est maintenant bien rodée. Je n’y suis plus, mais j’y suis quand même un peu, selon mes amis. « Je tiens à te rassurer : ton esprit nous a suivi tout au long de l’expédition. Je ne compte plus les phrases qui ont débuté par « Si Réal était là, il nous dirait… » Un énorme merci pour l’organisation. Tu as formé une équipe du tonnerre qui était à la hauteur de tous les défis, incluant celui d’évacuer son chef d’expédition en toute sécurité et de poursuivre l’excursion malgré tout ! »

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La Ouache

Le repos des bottes

2021-12-28 – 7,8 km > La Ouache
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La nuit a été occupée. À deux reprises, le feu s’est pratiquement éteint. Avec mon sac de couchage minimal, j’ai été réveillé par le froid ; à chaque fois, j’ai eu besoin d’environ une demi-heure pour bien repartir le feu, avec l’aide d’Alexandre qui a préparé du petit bois dans le froid et l’obscurité. Ainsi, nous avons quand même passé une excellente nuit.

Au matin, sous un ciel gris et quelques flocons, nous reprenons la piste avec enthousiasme. Moins froide qu’hier, la journée s’annonce très confortable.

En route, René nous informe que son équipement est atteint du syndrome de la bottine souriante. En d’autres mots, une de ses vieilles bottes de ski s’est détachée de la semelle. Quelques minutes plus tard, à une intersection vers un stationnement, René bifurque vers le poste d’accueil, espérant y louer des skis et surtout des bottes en bon état.

De notre côté, nous entamons la montée vers le refuge. Et ça grimpe ! Le pas de canard est de mise pour avancer, nous n’avons vraiment pas froid. Comme la distance est quand même courte, nous arrivons rapidement à destination – il n’est que 12 h 45 – pour déguster mon premier dîner bien au chaud. Le site du refuge est magnifique, dominant une longue vallée. Photos !

Il est tôt, plusieurs décident de repartir pour profiter des sentiers parfaits qui nous entourent.

Un peu plus tard et très heureux, René arrive avec son équipement de location. Il a skié jusqu’au poste d’accueil, se gelant bien les pieds, et a pu expliquer pourquoi il n’avait pas réservé d’avance. Il a quand même ramené sa voiture au pied de la côte, et comme il lui reste du temps il repart skier.

Un peu plus tard, nous nous rassemblons pour les tâches communes, la fonte de la neige et la filtration de l’eau en tête. Il y a aussi le défi de bien organiser la petite mezzanine, étroite pour y caser six matelas. C’est un succès, mais René choisit de dormir en bas, sur une table. Ce soir, nous faisons honneur à l’excellent souper de Philippe, puis nous reprenons le jeu de société d’hier.

En fin de soirée, nous préparons un tour de garde : il faut alimenter le feu aux trois heures pour ne pas le perdre comme hier. Nous ne nous couchons pas trop tard afin d’être en pleine forme pour la journée de demain qui s’annonce plus costaude.