Grande Entrée par les dunes

Sur la route

2019-07-10, mercredi
Îles de la Madeleine > Grande Entrée – 101 km / 243 km total
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Nuit confortable, sans histoire. Levé peu avant 8 h, je pars vers 9 h 30. Je dois déplacer ma tente au site voisin et je discute itinéraires avec une sympathique maman de trois jeunes enfants.

La route vers le nord-est est assez étonnante : elle court sur de longues et fragiles dunes de sable qui séparent la mer des étangs, sur des kilomètres. Comme le vent est de face, je n’avance vraiment pas vite.

La route vers le nord-est est assez étonnante : elle court sur de longues et fragiles dunes de sable qui séparent la mer des étangs, sur des kilomètres. Comme le vent est de face, je n’avance vraiment pas vite.

Je roule de concert avec deux autres cyclistes, Alfred et Clément, qui ont marié deux sœurs qui suivent en voiture. Alfred est un personnage : 76 ans, natif des Îles, un passé de bûcheron en Abitibi et de pêche ici, il avance avec détermination malgré son âge avancé. Clément est aussi un compagnon très agréable. Nous allons tous trois à Grande Entrée, mais eux reviendront en voiture.

Le paysage est parfois monotone, avec de longues lignes droites, les poteaux d’électricité et le même relief, mais c’est bien beau. Les dunes sont couvertes d’ammophile à ligule courte, dite « foin de dune », qui retient le sable, une symbiose vitale pour ce milieu et pour les Îles. De grands efforts de préservation sont visibles.

Il y a quelques villages sur les îles – Pointe aux Loups, Grosse Île, Grande Entrée –, mais rien de comparable à Cap aux Meules. En chemin, Seleine, une mine d’importance qui exploite le dôme de sel qui est la fondation des Îles, et la réserve de faune de la Pointe de l’Est.

Au bout du trajet, Grande Entrée est le plus important port de pêche de l’archipel, et tous les bateaux y sont au repos, contrairement aux marins qui terminent le rangement du matériel de pêche au homard.

Le retour est plus facile, car de longues sections se font vent de dos. J’arrive vers 17 h 30.
Mes voisins de ce matin sont là, nous faisons plus ample connaissance et c’est très agréable. Stéphane et Maude ont trois jeunes enfants : Christophe, 7 ans, Zoé, 5 ans et Damien, 2 ans. Les jeunes sont curieux et allumés, comme leurs parents.

Ensuite, les routines : bouffe, douche et journal. Ce soir, j’ai le temps de rattraper un peu mon retard dans le tri des photos en vue d’envoyer un premier courriel collectif… enfin. Comme je travaille dans la salle commune, j’apprends à connaître le personnel du camping, entre autres Geneviève, une jeune fille qui se trouve à être une grande amie de Virginie, la la guide qui nous accompagnait hier sur le bateau. Les deux quitteront les Îles cet automne pour entrer à l’université.

Ma soirée se termine quand le veilleur de nuit vient prendre son poste. Une autre nuit confortable en vue.

Statistiques
km jour : 101,2
km total : 243
départ / arrivée : 9 : 30 > 17 : 30
temps déplacement : 5 : 59
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 39

L’Île d’Entrée

Falaises sur l’Île d’Entrée

2019-07-09, mardi
Îles de la Madeleine > Île d’Entrée – 16 km / 141 km total
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J’entre dans la tente, et quelques minutes plus tard les premières gouttes crépitent sur la toile. Pas de problème. Et je n’ai pas eu froid.

Comme prévu, je me lève à 5 h. La pluie a cessé depuis longtemps, même si le ciel reste nuageux. Je me prépare et je suis sur la route un peu avant 6h.

Jusqu’au pont, tout va bien… puis ma roue arrière se dégonfle. Vraiment pas le bon moment. Comme la fuite est petite, je peux rouler une minute avant de devoir regonfler. C’est un pêcheur qui prends mon vélo dans la boite de sa camionnette et me laisse à l’info touriste. À 7 h, la responsable arrive et je pars vers le port. J’arrive au bateau avec un homme et ses deux filles, nous sommes un peu en retard et il y aurait un passager de trop puisqu’un camion d’huile est prêt à embarquer. Je reste sur le quai, vraiment déçu.

Plan « B » : les excursions en mer. Il n’y a pas de place dans les zodiacs de 8 h 30, je réserve pour 10 h 30. je me promène un peu aux alentours, je gravis le cap et ses 185 marches pour admirer le panorama, je marche sur le sentier littoral puis je me rends au bateau. Le grand beau temps est bien installé, avec un bon vent du sud-ouest.

C’est une assez grosse barque, pour environ 50 passagers, avec un capitaine, un matelot et une jolie jeune guide. Tout au long de la traversée, elle nous présente notre destination. Malheureusement, sa voix, même amplifiée, est souvent perdue dans le vacarme du moteur.

Après 45 minutes, nous accostons au quai de l’Île d’Entrée. Je pars rapidement vers Big Hill, 175 m et sommet le plus élevé des Îles. Je suis en compagnie de quelques autres marcheurs motivés et sympathiques.

Nous marchons d’abord sur des routes de gravier – il n’y a pas d’asphalte sur l’île – entre petites maisons, vieilles granges et carcasses de voitures, passant le cimetière, l’église et le CLSC, mais pas l’école puisqu’elle est fermée. Les 60 habitants sont isolés comme peu dans notre pays. Comme il n’y a pas d’arbres et que le temps est clair, le regard porte toujours loin.

Nous rejoignons le sentier qui contourne quelques maisons, puis nous montons. Ce n’est pas difficile, le principal défi étant d’éviter les bouses de vaches, mais le cadio est bien sollicité. Les vues sont magnifiques, et bientôt nous sommes au sommet, luttant contre le vent frais et emplissant yeux et caméras d’images magnifiques.

Les autres redescendent par le sentier, mais pas moi. Je désire voir de plus près une série de falaises rouges sur la côte ouest de l’île. Comme rien n’obstrue la vue, c’est très simple de m’orienter. Il suffit de marcher prudemment puisque je suis seul.

Le flanc des coteaux est marqué d’intrigantes stries horizontales. Comme je les vois de près, je constate que ce sont des sentiers tracés par les vaches qui se déplacent à la recherche d’herbe à brouter.

La descente est parfois abrupte, mais sécuritaire. Je rejoins la clôture électrique que je longue jusqu’à une section souple que je traverse sans difficulté.

Je suis au sommet des falaises. Je garde une distance prudente puisque l’érosion fait son œuvre. C’est de toute beauté, comme si un sculpteur de grand talent avait été aux limites de son imagination. Il y a de nombreux rochers percés, des grottes, des surplombs, des aiguilles solitaires, le tout dans un grès rouge si friable que tout doit changer très rapidement.

Je suis au sommet des falaises. Je garde une distance prudente puisque l’érosion fait son œuvre. C’est de toute beauté, comme si un sculpteur de grand talent avait été aux limites de son imagination. Il y a de nombreux rochers percés, des grottes, des surplombs, des aiguilles solitaires, le tout dans un grès rouge si friable que tout doit changer très rapidement.

Ces falaises sont habitées. Sur chaque corniche, de jeunes goélands attendent leurs parents, porteurs de repas. Sur les crêtes ensoleillées, des cormorans se font sécher au soleil.

Seule ombre au tableau : malgré les efforts de la municipalité, il reste quelques carcasses de voitures plus ou moins détruites, et sûrement bien des déchets moins visibles. L’humain est une bibite étrange, qui s’imagine parfois pouvoir vivre sans planète. Bravo !

J’ai bien calculé mon temps : je suis tôt au bateau, j’ai le temps de manger tranquillement sur le quai. Au retour, notre guide Virginie ne parle presque plus au groupe, ayant fait le tour du sujet à l’aller. Comme je suis assis en face d’elle, nous parlons en particulier des Îles et de la vie de ses habitants. Agréable et intéressant.

De retour sur la terre ferme, je dois m’occuper de mon pneu dégonflé. Le diagnostic est rapide : un petit morceau de verre bien aiguisé est planté directement dans la semelle. Je répare facilement.

Je me dirige ensuite au bureau de la CTMA pour leur indiquer le problème du matin. Il semble que le problème est dû à mon retard. Je reste sceptique…

Je rentre au camping, avec un petit détour par l’épicerie. Il est déjà tard. Je mange, mais je n’ai pas le temps de compléter le journal car il y a spectacle et la salle est pleine. Gilles Lapierre, une vedette locale, va du folklore au country en passant par les contes et les blagues grivoises. C’est… différent.

Je ne prolonge pas la soirée, je m’étais levé bien trop tôt. Le dodo douillet est bienvenu.

Statistiques
km jour : 21,2
km total : 141
départ / arrivée : 6 : 00 > 18 : 00
temps déplacement : 1 : 18
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 50

L’Île du Havre Aubert

Bleu et vert

2019-07-08, lundi
Îles de la Madeleine > Île du Havre Aubert – 108 km / 120 km total
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Cette nuit, j’ai eu froid. J’avais choisi mon sac de couchage le plus léger, il faut en assumer les conséquences. La nuit prochaine, je ferai mieux.

Je me lève quand même en pleine forme, tout comme la météo, parfaite et venteuse. Je me prépare tranquillement et je suis sur la route à 8 h, non sans avoir pris quelques belles minutes avec Jean et Suzan.

Je me rends d’abord à Cap aux Meules afin de préparer les prochains jours. À l’info touriste, j’achète une carte vélo des Îles, un outil essentiel. Au bureau de la CTMA, je réserve la traversée de demain matin vers l’Île d’Entrée, accessible seulement par mer et superbe selon mes sources. Le départ est prévu à 7 h 30, je devrai me lever tôt.

Je prends ensuite la route vers le sud-ouest. L’île du Cap aux Meules est un peu plus urbanisée, mais rapidement je me retrouve à la campagne puis sur la longue dune du Havre aux Basques. Comme partout aux Îles, la mer est omniprésente, mais comme la dune est un long cordon de sable entre celle-ci et la baie, je roule entre deux mers. Superbe !

Vers la fin de la dune, il y a de petit boisés de conifères, une rareté sur les Îles. Aux intersections, je prends à droite une première fois, puis une deuxième. J’entame une bouche de 20 km qui fait le tour de la Montagne-Bassin. La première partie est surtout en forêt, avec des côtes assez modestes, quelques maisons et plusieurs vues sur la mer. À partir du bout de la boucle, la route longe toujours la mer et c’est de toute beauté, surtout que le puissant vent est maintenant de dos. Il y a pas mal de maisons, mais surtout des falaises et des plages. Cas photos.

Je m’arrête au havre de pêche Millerand, dans l’Anse à la Cabane. C’est aujourd’hui la fin de la saison de pêche au crabe, alors sur les quais il y a des embouteillages de camions chargés de casiers.

Un peu plus loin, au pied d’un phare désaffecté, une exposition présente l’histoire de ces sentinelles des mers, avec une série de panneaux entourant une passerelle en bois découpée selon le plan des Îles. De retour à la route principale, je me dirige vers La Grave, toujours vent de dos. L’érosion laisse des traces : une section de l’ancienne route est partie dans la mer.

Il y a beaucoup de touristes à La Grave. J’y retrouve avec plaisir un trio très sympathique rencontré sur le bateau. Mais l’autobus les guette et bientôt les emporte.

Au bout de la route 199, je rencontre deux autres cyclistes. Joss et Pascal sont de bons rouleurs et très branchés plein air. Policiers à la GRC, ils se sont connus à Caraquet, mais sont maintenant à Ottawa et Sept-Îles.

Je repars vers le nord. Je prends une pause à la Baie du Havre aux Basques, envahie par les surfeurs et les véliplanchistes attirés par les vents constants et puissants sur un plan d’eau sans grosses vagues. C’est bien beau.

En entrant sur l’Île de Cap aux Meules, je croise un itinéraire vélo. C’est bien plus joli que la route 199, en particulier en entrant en ville sur une piste cyclable sur le dessus des falaises. Bon, il en manque des bouts, tombés dans la mer, mais c’est magnifique.

Le temps d’un petit arrêt à l’épicerie, je suis de retour au camping. Il est 19 h, alors, je m’occupe rapidement des tâches requises : bouffe, douche, journal, archivages des photos. À 21 h, c’est le temps d’aller me coucher, prêt pour les quelques gouttes attendues cette nuit… qui sera bien courte !

Statistiques
km jour : 108,3
km total : 120
départ / arrivée : 8 : 00 > 19 : 00
temps déplacement : 6 : 38
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 62

Accoster

L’Île d’Entrée, vue du camping

2019-07-07, dimanche
Îles de la Madeleine > Havre aux Maisons – 12 km / 12 km total
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Cette nuit, j’ai ajouté une couverture car c’était plus frais. Le ciel est bleu, sans aucun nuage, c’est confortable avec une petite veste polaire et il vente avec de longues vagues bleu sombre et de petits moutons. Grand beau temps, quoi. Et aucune terre à l’horizon.

Après la douche et le petit déjeuner, on annonce une visite de la timonerie. Je me précipite au bureau des excursions et j’arrive juste à temps pour l’inscription.

J’ai rendez-vous avec Guy, qui a un problème de connexion entre son appareil photo et son ordinateur. Heureusement, le mien accepte de servir de passerelle entre ses machines. Je le laisse compléter le travail, car c’est l’heure de la visite.

Nous sommes dix passagers pour visiter la timonerie. Nous profitons de la plus belle vue – nous longeons l’Île Brion – et d’explications rapides mais passionnantes. C’est Hélène qui est aux commandes. Ils sont trois à se relayer aux quatre heures. Nous découvrons la panoplie d’instruments et de commandes, mais sans rien toucher. En particulier, un système de ballast avec des réservoirs d’eau de mer permet d’équilibrer le navire en temps réel.

De retour, nous sommes invités au pont arrière pour une salutation aux Îles, maintenant bien visibles, accompagnée de musiciens et d’un verre de jus. Il est déjà temps de récupérer mon ordi et d’aller manger. Le temps passe vite.

À chaque repas, je change de compagnons, mais tous sont sympathiques. C’est encore la cas ce midi avec un couple de Québec. Nous sommes presque arrivés, je sors sur le pont pour observer les délicates manœuvres d’accostage en compagnie de Raphaël. Dès 13 h, le bateau est amarré. Comme je ne suis pas pressé, je descends vers 14 h et je prends la route vers 14 h 30.

Je ne vais pas très loin : mon cyclomètre ne fonctionne toujours pas, alors je m’arrête à une boutique de vélo. Après vérification, j’en achète un nouveau et je l’installe. Cas réglé.

J’ajoute une petite pause à l’épicerie, puis je me dirige vers le camping prévu. La mer est omniprésente, à l’est comme à l’ouest, magnifique, et l’appareil photo est régulièrement mis à contribution. Le trajet est court – environ 10 km – et facile. Je m’installe rapidement, puisque je connais bien mes routines. Un four à micro-ondes est disponible, et la responsable me prête un bol, alors je cuisine sans utiliser mon réchaud.

À une table voisine, un couple examine des cartes du parc Gros-Morne, à Terre-Neuve. Comme j’ai déjà visité ce coin de pays, nous regardons ensemble leur futur trajet. Gentiment, ils me conseillent un itinéraire pour demain. Jean et Suzan voyagent en petit avion, campent et circulent en vélos électriques lors des escales. Leur trajet passera par St-Pierre et Miquelon, Terre-Neuve et la basse Côte-Nord, des territoires que Jean a déjà fréquenté en tant que pilote de brousse. Rencontre très agréable.

Après le repas, je me dirige vers le sud par la plage. C’est joli et fréquenté aussi par des insulaires. Après une digue de pierre, une falaise de grès rouge se visite facilement. C’est vraiment de toute beauté. Je rentre alors que le soleil disparaît à l’ouest.

Au retour, c’est le temps de me mettre au journal et au tri des photos, un bon travail que je termine vers 23 h. Ensuite, dodo !

Statistiques
km jour : 12,1
km total : 12
départ / arrivée : 16 : 00 > 17 : 00
temps déplacement : 0 : 44
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 48

Navigation paisible

Au large de la Gaspésie

2019-07-06, samedi
CTMA Vacancier
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Le léger tangage et l’omniprésent bruit du moteur
n’ont pas compromis une nuit bien méritée. Ce matin, il pleut et la brume enveloppe le navire. Seul le GPS nous permet de savoir que nous voguons au large de Rimouski.

Je déjeune avec un couple de retraités venus de Sherbrooke, puis je m’installe dans ma cabine pour commencer la rédaction du journal. Tranquillement, la brume se dissipe un peu et quelques coins de ciel bleu apparaissent, préludant au dégagement de l’après-midi.

Au midi, je partage la table d’un couple de retraités. Lui a été plongeur industriel et a de nombreuses anecdotes liées à son travail, alors le repas passe vite. J’assiste ensuite à une conférence sur les Îles – géographie, histoire, économie, écologie – qui donne un aperçu du territoire vers lequel nous voguons.

Le soleil est maintenant de la partie, c’est très confortable sur le pont et nous voyons enfin la côte. Nous sommes en face de Ste-Anne-des-Monts et du Parc de la Gaspésie, un splendide terrain de jeu hivernal qui émerge de la brume.

Je discute un bout de temps avec M. De Sousa, maire de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal, qui prépare des vacances à vélo aux Îles de la Madeleine et à l’Île-du-Prince-Édouard. Belle rencontre.

Le souper vient rapidement. Ce soir, je suis en compagnie de deux dames, une religieuse assez âgée mais toujours active, et sa nièce retraitée. Conversations agréables, évidemment. Le menu est prévisible mais savoureux : du homard. En revanche, il faut travailler pour réussir à extraire la chair de la solide carapace. On s’amuse ensemble.

Comme nous avons atteint une zone fréquentée par les baleines noires, le bateau navigue maintenant à la moitié de sa vitesse habituelle. Nous arriverons aux Îles en après-midi plutôt que le matin. Le ciel est maintenant bien dégagé pour se préparer au coucher du soleil. J’aide une petite fille à utiliser un vélo d’entraînement, puis je reste un temps avec ses parents et elle. Au moment où le soleil disparaît à l’horizon, le vent se lève et la température fléchit rapidement.

Je reste un bon bout de temps à jaser à bâtons rompus avec Raphaël, le conférencier de cet après-midi. C’est un fin observateur de la société, nous avons un excellent échange alors que la nuit tombe.

Nous sommes maintenant au large de Cap-des-Rosiers et du dernier phare de la Gaspésie. Au-delà du Cap Gaspé (Parc Forillon), nous ne croiserons aucune terre avant de rejoindre les Îles de la Madeleine. Sous l’influence du vent et du large, le navire a un léger roulis qui bercera le sommeil. Je me dirige vers mes quartiers de nuit pour profiter de mon dernier lit avant le camping. Demain, l’aventure commence vraiment.

Crépuscule sur le Saint-Laurent

Trois-Rivières – embouchure de la Saint-Maurice

2019-07-05, vendredi
> CTMA Vacancier – 4,5 km
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Jusqu’au départ, j’ai été moins pris par les préparatifs que par tous les à-côté : visite à Gaétan et Claire à Mégantic, travaux chez la sœur de Diane, rencontre à la Commission scolaire, souper avec mes collègues Christian et Isabelle, séjour chez Manon et Viviane à Entrelacs, courriels et téléphones… J’ai quand même fini par être prêt à temps.

Ce vendredi matin chaud, lourd et humide, je me rends à la gare de train de banlieue pour 11 h 30. Un jeune homme m’aide à monter les marches avec mon lourd vélo – 42,5 kg, tout compris – et je me retrouve sous peu à la Gare centrale. Là, un employé m’aide à monter l’escalier puisque l’ascenseur est en panne. Je remplace la pile du capteur du cyclomètre, mais il ne fonctionne pas plus. On verra plus tard.

Malgré les nombreux cônes orange, je suis peu après au rendez-vous pour l’embarquement sur le CTMA Vacancier. Il y a de l’action, car les passagers sont nombreux, mais le personnel est présent, efficace et chaleureux. Sur présentation de ma réservation, je reçois une carte d’embarquement plastifiée qui m’accompagnera pour la croisière. Trois minutes en autobus, une passerelle à gravir, un arrêt à la réception et tout est prêt.

Les passagers sont en majorité plutôt âgés – plusieurs se déplacent difficilement – et visiblement aisés, mais l’ambiance est aux vacances et les gens se parlent. Au moment du départ, tous se rassemblent au bar pour la présentation de l’équipage et les consignes. La principale d’entre elles : nous vivrons dès maintenant à l’heure de l’Atlantique. Donc, nous appareillons à 15 h, heure de Montréal, mais à bord il est déjà 16 h. Je prendrai mes repas du soir à 17 h, c’est tôt pour mon estomac.

Dehors, c’est cuisant, brumeux et humide, mais nous sommes nombreux à profiter du panorama : nous longeons Montréal et son port, les Îles de Boucherville, Repentigny, Lanoraie, St-Sulpice, Sorel et ses îles, le lac St-Pierre… Vu du fleuve, c’est magnifique.

À table, je suis avec Gilbert et le jeune Félix, ainsi que Francine, pour une bonne bouffe agrémentée d’intéressantes conversations. Après le repas, j’en profite pour recevoir ou faire quelques appels, puisque le réseau ne sera peut-être pas très disponible demain.

L’essentiel de la soirée se passe sur les passerelles extérieures, à égrener les villages et à regarder le soleil descendre tranquillement. Celui-ci disparaît peu après Trois-Rivières. Deux fois, un petit bateau nous rejoint pour relever les pilotes qui guident la navigation sur ce très complexe cours d’eau.

Tranquillement, la fraîcheur s’installe et ça devient plus confortable. Le passage à Québec est vraiment spectaculaire, avec la ville illuminée que nous sommes nombreux à contempler. C’est maintenant le temps de rejoindre nos petites cabines pour une bonne nuit bercée par le ronronnement du moteur, alors que le bateau glisse doucement sur une mer calme.

Revenir des Îles – vélo, juillet 2019

Un vélo aux Îles de la Madeleine

Une vraie aventure sur deux roues. Après deux jours de croisière, j’ai pu découvrir les Îles de la Madeleine, fragile archipel isolé au cœur du Golfe du Saint-Laurent. Il ne restait plus qu’à pédaler jusqu’à la maison, à peine 2000 kilomètres de paysages, de rencontres, et quand même de défis. Ça en valait la peine !

Crépuscule sur le Saint-Laurent
2019-07-05 – CTMA Vacancier – 4,5 km

Navigation paisible
2019-07-06 – CTMA Vacancier

Accoster
2019-07-07 > Havre aux Maisons – 12 km

L’Île du Havre Aubert
2019-07-08 > Île du Havre Aubert – 108 km

L’Île d’Entrée
2019-07-09 > Île d’Entrée – 16 km

Grande Entrée par les dunes
2019-07-10 > Grande Entrée – 101 km

Boucles locales
2019-07-11 > Îles de la Madeleine – 43 km

Traversée
2019-07-12 > Île-du-Prince-Édouard > Lakeville – 42 km

ÎPE bucolique
2019-07-13 > Cornwall – 149 km

Rencontres sur roues
2019-07-14 > Petit-Cap, N.B. – 108 km

Le ciel a son mot à dire…
2019-07-15 > Bouctouche – 84 km

Kouchibouguac
2019-07-16 > Parc Kouchibouguac – 71 km

Vent de dos, vent de face
2019-07-17 > Baie Ste-Anne – 58 km

De Miramichi à Tracadie
2019-07-18 > Tracadie – 129 km

Pèlerinage à Lamèque
2019-07-19 > Shippagan – 98 km

Défilés et falaises
2019-07-20 > Bathurst – 119 km

Campings : du moche au paradis
2019-07-21 > Black Point – 65 km

Vent de face vers la Matapédia
2019-07-22 > Routierville – 112 km

Remonter la vallée
2019-07-23 > Sayabec – 92 km

Des roses et du vent
2019-07-24 > Parc du Bic – 112 km

Une pause au Bic
2019-07-25 > Trois-Pistoles – 60 km

Lentement…
2019-07-26 > St-André-de-Kamouraska – 84 km

Bonne surprise
2019-07-27 > Montmagny – 81 km

Vers Québec dans la fournaise
2019-07-28 > Québec – 73 km

Tournée familiale
2019-07-29 > Québec – 26 km

Pause en Beauce
2019-07-30 > Sainte-Marie – 54 km

De la Beauce à Lotbinière
2019-07-31 > Leclercville – 107 km

132 un jour, 132 toujours
2019-08-01 > Saint-François-du-Lac – 118 km

Terre promise en vue
2019-08-02 > Longueuil – 103 km

Les derniers kilomètres
2019-08-03 > Montréal – 34 km

Post-scriptum inattendu
2019-08-13, 2019-08-14 – Montréal

De Marseille à Montréal


Aéroport Marseille Provence

2018-08-18, samedi ; >>> Montréal – 6000 km
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Ce matin, mon réveil sonne à 6 h. C’est bien tôt, mais il le faut. À 7 h 30, ma douche est prise et tout est chargé à bord du Kangoo, incluant la valise jaune. Je descends à La Pourraque pour saluer et remercier les Xavières que je peux croiser.

À 8 h, nous prenons la route à quatre : Claire est au volant, et nous avons aussi Marie-Sylvie et Paule qui se dirigent vers Aix-TGV pour retourner à Paris. Le véhicule est bien plein.

Comme d’habitude, il fait très beau ; de plus, la région est superbe. Nous en profitons bien. Nous sommes bien à l’heure pour le TGV, et à l’aéroport peu après 9 h. Claire me donne un bon coup de main pour entrer mon bagage. Nous sommes juste à côté du comptoir de ma compagnie aérienne qui vient d’ouvrir en vue du vol vers Montréal. C’est encore bien tranquille, alors les formalités se font rapidement et sans aucune complication. Claire repart, mais nous retrouverons bientôt à Montréal. De part et d’autre, quelle belle rencontre !

La pesée de mon matériel confirme le poids transporté cet été : le sac de bagages pèse 20,7 kg, le vélo et son équipement 20 kg et le bagage à mains 4,6 kg, pour un total de 45,3 kg, sans eau ni nourriture. La valise jaune pèse exactement 23 kg

Rien ne me retenant plus, je traverse rapidement les contrôles de sécurité et m’installe pour écrire, branché sur une des rares prises de courant disponibles. L’aéroport est globalement très bien organisé, mais quelques détails mériteraient l’attention des responsables : les nombreuses prises de courant près des sièges ne sont pas alimentés, il n’y a pas de fontaines pour remplir les bouteilles d’eau, et les toilettes sont utilisées comme fumoirs.

L’embarquement se fait rondement et l’avion décolle pour un vol de plus de 8 heures. Jean-Yvan, mon voisin, est très sympathique. À Montréal, il vit à vélo, nous avons de nombreux intérêts et quelques amis en commun, d’où des conversations bien agréables.

En cours de route, je tente de dormir le moins mal possible et d’avancer le journal, qui est presque à jour au moment de l’atterrissage vers 15 h 30, heure de Montréal. Il fait plutôt beau et chaud.

Cette fois-ci, toutes les formalités sont expédiées assez rapidement et sans difficulté. Virginie est là et tout le matériel entre dans sa voiture, alors j’ai le privilège d’un retour à la maison facile et en excellente compagnie.

Chez moi, tout est bien en ordre. Je me reconnecte à la vie habituelle, je contacte mes frères et sœurs, je me couche le plus tard possible pour casser le décalage et je profite du confort de mon lit tout en rêvant au magnifique voyage de cet été et à un nouveau départ…

Les gorges en famille


Basses gorges du Verdon

2018-08-17, vendredi ; La Pourraque (Monpezat)
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C’était bien confortable : j’aime dormir sous la tente. La Pourraque ayant repris son horaire habituel, je suis disponible vers 9 h 30. C’est le temps de préparer le vélo pour le grand voyage de demain, soit de le démonter partiellement pour le mettre en sac avec ses accessoires spécifiques.

J’ai rendez-vous avec Claire à 11 h. Pour la journée, nous rejoignons sa famille et quelques amis, dont Anne-Laure, Xavière, dans la grande et luxueuse maison provençale louée pour la semaine. Ce n’est pas bien loin, nous y sommes rapidement.

Il y a beaucoup d’action en cuisine, car un grand repas se prépare. Claire et Charlie s’installent au salon avec leurs instruments – violon et piano à queue – pour pratiquer une sonate de Beethoven, mais quand ils terminent la piscine est déjà fermée, car les jeunes enfants sont nombreux. Pas grave.

Agrémenté de conversations dans un cadre idyllique, le repas présente les étapes habituelles – apéro, entrées, plats principaux, fromages et desserts. Je retiens en particulier une agréable rencontre avec une ado habitant Shanghai depuis trois ans avec sa famille. Le drone a aussi beaucoup de succès. Il est donc tard quand nous partons pour la suite du programme avec les grands enfants et les jeunes adultes.

C’est Maguelonne, une sœur de Claire, qui conduit la voiture dans laquelle je voyage à l’aller, relayant son mari après qu’il ait été piqué par une guêpe entrée par une fenêtre. Elle est médecin en soins palliatifs à Bordeaux, ce qui fait des conversations à nouveau très intéressantes. La fin du trajet est un peu compliquée, mais nous arrivons à bon port.

Nous nous répartissons dans les kayaks, habituellement deux adultes avec un enfant. Claire et moi sommes avec Sixtine, 10 ans, qui habite Londres et y vit surtout en français. Nous formons une belle équipe enjouée et efficace. Comme il fait chaud, les pagaies ne servent évidemment pas qu’à nous propulser.

Nous sommes dans les basses gorges du Verdon sous le barrage de Sainte-Croix, un endroit réputé et magnifique. Nous traversons de petits lacs, mais pour l’essentiel la rivière turquoise coule calmement entre de hautes falaises calcaires. Nous pouvons également visiter de petites cavernes ou des abris sous roche, des moments assez magiques.

On entend parfois le tonnerre au loin, mais l’orage ne s’approche pas. Je n’ai qu’un seul regret : ma batterie d’appareil photo est rapidement à court d’énergie…

Nous sommes de retour aux voitures pour nous répartir autrement, en fonction des destinations. Je suis maintenant à la gauche de Charlie, puisque sa voiture anglaise se conduit à droite. Le trajet est un peu compliqué : une section de route est bloquée par une inondation, et le village de Gréoux-les-Bains est fermé pour une fête. Il fait presque nuit quand nous revenons à la maison familiale. Avec le repas et le reste, il est minuit quand Claire et moi revenons à La Pourraque.

J’avais accepté de ramener à Montréal une valise jaune appartenant aux Xavières. Je tente de l’inscrire, mais il aurait fallu le faire plus rapidement. Je me dirige vers La Brégonière avec le Kangoo pour organiser mon bagage et dormir un peu avant la longue journée du retour. La nuit, à l’intérieur, sera trop chaude et courte.

Tours de roues en Provence


Montfuron

2018-08-16, jeudi ; > La Pourraque (Montfuron) – 40 km
Sommaire


La nuit a fait grand bien. Ce matin, les activités commencent plus tard – on comprend pourquoi. Je déjeune en compagnie de mes compagnes de La Brégonière, puis profite de la présence des familles qui mangent à leur tour.

La majorité des Xavières est en journées communautaires. En compagnie de Anne-Marie (Xavière), nous reprenons le Kangoo dès son retour pour ramener la vaisselle à Volx. Ma compagne a une feuille de route impressionnante : entre autres, elle a été secrétaire de rédaction puis rédactrice en chef de la revue Relations, à Montréal. Elle est à l’image de sa communauté, peu nombreuse mais rassemblant des femmes de tête. Christine, la supérieure, est médecin – elle était chercheuse de pointe sur le Sida –, comme 10 % de ses sœurs.

En début d’après-midi, les rencontres intéressantes se succèdent, en particulier avec Magali et Anahi, puis je me prépare pour une dernière balade en vélo avant le départ.

Il fait beau et chaud. Je décide de partir en montant au milieu des oliviers et des vignes vers La Bastide-des-Jourdans. Après une petite descente, la route repart vers une crête qui ouvre sur des paysages magnifiques. Montfuron, mon objectif, offre un panorama de 360° sur les plaines, les collines et les montagnes au loin.

Il est déjà temps de redescendre. Les routes étroites ne sont pas rapides, j’arrive plus tard qu’espéré. L’indispensable douche me met un peu en retard pour la messe.

Après le repas – on mange quand même souvent –, des Xavières présentent l’impact de leur présence à la Maison Jeanne-Garnier, un centre de soins palliatifs à Paris.

De retour à La Brégonière, nous nous retrouvons dans la cuisine pour un bon échange avec quelques jeunes Xavières (Juliette, Charis et une autre Claire). À quelques jours des vœux temporaires, il est bien sûr question du sens de l’engagement et des spécificités de la communauté, et la discussion se prolonge malgré les résolutions de longue nuit. Ici, il y a clairement d’autres priorités que le sommeil, mais je finis par rejoindre ma tente pour une dernière nuit à l’extérieur.

Statistiques
km jour : 39,1
km total : 2420
départ / arrivée : 9: 00 > 19 : 15
temps déplacement : 2 : 42
vitesse moyenne : 14,4
vitesse maximale : 55,2