Défilés et falaises

Fierté acadienne

2019-07-20, samedi
> Bathurst – 119 km / 1144 km total
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Je ne sais pas si les moustiques ont dormi, mais moi oui. Évidemment, ils étaient au rendez-vous, agglutinés sur ma tente, dès le petit matin. Mesures d’urgence : je ne sors que vêtu d’une armure, et j’en occis le plus possible.

Je déjeune dans la salle commune, puis je remets l’armure anti-moutiques en place pour démonter mon campement. Je ne m’habille normalement et ne mets la crème solaire que rendu au village. Un homme sur place me confirme que les moustiques sont une spécialité locale.

En ce samedi matin où les nuages font à nouveau place à un soleil rayonnant, des bénévoles sont déployés puisque c’est jour de course populaire. Je vois passer les coureurs et coureuses, athlétiques. Vive le sport !

Je prends la route pour de bon, d’abord par la piste cyclable du village, puis sur la route. Dans la première partie, il y a de la circulation. Peu avant de bifurquer sur des routes tranquilles, je rencontre Daniel, cyclotouriste du jour. En route pour Terre-Neuve, il a quitté Vancouver le 1er mai et, quand même, un peu pédalé aux États-Unis. Cet aventurier et conférencier a fait le tour du monde sur deux roues.

À St-Simon, je croise une procession bruyante et malodorante qui longe la route : une foule de quads en sortie de groupe. Étonné, je les compte et j’arrive à 101 machines. Je les croise à nouveau un peu plus loin. Je profite d’avantages qu’eux n’ont pas : les odeurs des fleurs, le chant des oiseaux, un air plus pur et, quand même, un bon exercice.

Je prends une bonne pause à l’info touriste de Bertrand. Avec leur connexion Internet, j’envoie des nouvelles aux amis.

En arrivant à Caraquet, je retrouve la piste cyclable asphaltée, calme et belle. J’évite ainsi de passer en ville et je profite des points de vue du haut de – petites – falaises le long de la Baie des Chaleurs, aujourd’hui bien nommée. À l’horizon, on commence à deviner la Gaspésie, qui se rapprochera en cours de journée. Mais ensuite, fini la piste cyclable.

Grande-Anse, le village suivant, est bien joli et offre de beaux points de vue sur les falaises ainsi qu’une épicerie minimale. À Pokeshaw, une baie entoure un rocher hébergeant une cormorandière. Les arbres sont tous morts, mais le spectacle est splendide.

Pour la suite, peu à noter. J’avance avec vent de face, donc assez lentement, il fait chaud, les paysages sont ordinaires. Après 90 km de route, l’annonce d’un camping. Il y a des roulottes, mais pas d’affiche. Des gens sur place m’indiquent qu’il est fermé depuis longtemps et n’accueille que des saisonniers. Je continue.

À Bathurst, l’info touriste s’avère très utile : non contents de me pointer les campings, ils appellent pour vérifier la disponibilité. C’est bon pour le deuxième.
Il faut quand même traverser la ville avec son cortège habituel de commerces et sa circulation, monter deux bonnes côtes puis prendre une route qui longe la baie jusqu’à la marina.

Ce n’est pas très cher, il n’y a pas de table, mais il y a de la place, une bonne douche et la vue sur les bateaux. Dans l’ordre, je monte la tente, qui a besoin de sécher, je prends ma douche, je lave quelques vêtements, je mange et je me réfugie dans ma tente pour écrire et trier les photos.

C’est chaud et bruyant, avec la circulation, des feux d’artifice, un spectacle rock en ville, et surtout le bar dont la clientèle est nombreuse et bruyante. Je m’étends dans ma tente. Peu avant minuit, je pars pour me brosser les dents. Au sortir des toilettes, la pluie commence. Jogging, je suis dans ma tente juste à temps : l’orage se déchaîne, avec quelques éclairs, de la forte pluie et des rafales qui font bouger ma tente. Heureusement, elle et bien montée aujourd’hui, aucun problème d’eau. Il n’en va pas de même pour mes jeunes voisins, qui ont ont monté un village de toile… qui prend l’eau sérieusement. Ma vieille tente fait face sans broncher, je dors sans souci et sans plus entendre rien d’autre que la pluie sur le toit.

Statistiques
km jour : 118,7
km total : 1144
départ / arrivée : 9 : 00 > 19 : 00
temps déplacement : 6 : 37
vitesse moyenne : 17,9
vitesse maximale : 45

Pèlerinage à Lamèque

Shippagan – aquarelle au camping

2019-07-19, vendredi
> Shippagan – 98 km / 1025 km total
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Après une nuit fraîche, le ciel est voilé ce matin. Faudra vérifier la météo. En attendant, je regarde plus sérieusement les cartes, car il y a des options d’itinéraire. Comme souvent, je quitte vers 9 h 30.

J’ai quelques kilomètres à parcourir sur le route 11, qui ressemble de plus en plus à une autoroute, mais grâce à ma nouvelle carte je m’en éloigne pour le reste de la journée. Ça commence par une trop courte section de piste cyclable, puis sur des routes pas trop achalandées et même, plus loin, pratiquement désertes. Je traverse une section ravagée par l’exploitation de la tourbe, où il ne reste qu’une terre nue et craquelée avec quelques débris végétaux. Comment ce sol s’en remettra-t’il ?

Je traverse une section ravagée par l’exploitation de la tourbe, où il ne reste qu’une terre nue et craquelée avec quelques débris végétaux. Comment ce sol pourra-t’il s’en remettre ?

Après l’intersection vers Shippagan, je reviens sur une route plus importante. À gauche de la route, une bande de terre beige sera un jour une piste cyclable, mais pour le moment son gravier est assez peu attirant. Sur quelques poteaux, des plates-formes sont occupés par de gros nids, avec de gros bébés oiseaux attendant leurs parents et leur repas. Après vérification, il s’agit de Balbuzards pêcheurs, dont le nom latin signifie aigle des mers.

En entrant à Shippagan, retour sur une belle piste cyclable qui me mène à quelques kilomètres du camping. Le préposé m’avait averti : le secteur des tentes est effectivement infesté de moustiques. Malgré le soleil qui frappe, je revêts pantalon, polar et filet afin de réussir à monter la tente sans perdre la raison. Succès sur les deux points. Je mange dans l’abri voisin, puis je repars sur la route presque sans bagages.

À partir de l’intersection vers le camping, la piste cyclable de Shippagan devient une promenade riveraine en bois de 2 km. C’est très réussi. Près le port, il faut suivre la route sur une digue étroite, mais de l’autre côté la piste cyclable asphaltée se poursuit, parallèle à la route.

J’arrive au village de Lamèque avec en tête le jeu de mot un peu éculé que j’ai gardé en titre, en me promettant de ne pas l’utiliser – il est pourtant là, je n’ai pas pu résister… Mais cette visite du village a été un inattendu voyage dans le temps.

La piste cyclable suit les berges, magnifiques, mais permet aussi de visiter une minuscule maison construite autour de 1845 par Jean-Chrysostôme Chiasson, un des fondateurs du village. Plus loin, je m’arrête un peu au Parc écologique de la péninsule acadienne, bien intéressant aussi.

Il est temps de revenir sur mes pas, puisque je n’ai pas le temps de me rendre à l’Île Miscou. J’arrive au camping en même temps que la pluie, j’ai juste le temps de rentrer sous ma tente, en laissant les moustiques à l’extérieur.

Je profite d’une accalmie pour me rendre à la douche, et d’une autre pour m’installer à la salle commune. J’y fais la connaissance de Charlotte et Noah, 10 et 7 ans, ainsi que de leur maman Judith et, plus tard, du papa Sébastien. Quelques autres campeurs fréquentent aussi les lieux, accompagnés de nombreux moustiques. Après le repas, j’appelle mon amie Claire, alors qu’elle se prépare à prendre l’avion pour l’Europe, ainsi que mon frère Gaétan.

Ensuite, je recharge les batteries de l’ordi tout en écrivant alors que l’orage se déchaîne. Plus tard, la pluie se calme, mais quand les campeurs passent aux toilettes avent de se coucher les moustiques deviennent si nombreux que je me réfugie dans ma tente.

Je l’avais montée un peu vite, l’avais mal tendue, et quelques gouttes avaient mouillé le plancher, heureusement sans toucher le matelas. Je m’installe pour la nuit. Les moustiques bourdonnent à quelques centimètres de mes oreilles, mais de l’autre côté de l’indispensable moustiquaire. Elle ne dorment pas, ces bestioles ?

Statistiques
km jour : 97,8
km total : 1025
départ / arrivée : 9 : 30 > 17 : 30
temps déplacement : 5 : 23
vitesse moyenne : 18,2
vitesse maximale : 40

De Miramichi à Tracadie

Au camping

2019-07-18, jeudi
> Tracadie – 129 km / 927 km total
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Ce ciel bleu et sans nuage du matin, ça devient une constante, mais plutôt agréable. En revanche, le soleil qui frappe la tente a tôt fait de me tirer de celle-ci, afin d’éviter d’y être cuit. Préparation normale, salutations aux amis, je prends la route vers 9 h 30.

C’est heureusement moins chaud qu’hier à pareille heure, mais la route 117 est essentiellement en forêt et un peu rugueuse.

Des affiches annoncent des travaux. Sur 4,5 km, il n’y a plus d’asphalte mais seulement du gravier et de la planche à laver. Ma moyenne baisse drastiquement alors que je cherche à trouver la moins pire des traces disponibles. Ayoye !

Quand cette section se termine enfin, je croise les cyclotouristes du jour. Le français Max et la belge Valérie, partis de Toronto, se dirigent par la côte vers Halifax. Comme ils sont très sympathiques – ça semble être la norme chez les cyclotouristes –, nous prenons le temps de bien jaser et de partager des informations sur nos routes mutuelles. Nous repartons après les photos de famille.

Après quelques autres kilomètres en forêt, je quitte l’itinéraire suggéré pour emprunter Water street, qui me semble être un bon choix pour entrer à Miramichi. Bingo ! Cette rue longe la baie, offre de jolis points de vue et est vraiment agréable.

Au passage, je mange sur Middle Island, un parc commémoratif en l’honneur des migrants Irlandais fuyant la famine du milieu des années 1800, souvent pour périr à cause des conditions pitoyables de la traversée. Les survivants ont eu besoin de force et de chance, mais ont réussi à s’implanter durablement dans ce nouveau pays.

En entrant en ville, je croise une épicerie et je mets à jour le garde-manger, alourdissant encore un peu un vélo déjà pesant. Je quitte ainsi pour de bon la route 117 pour emprunter la route 11, une artère importante à gros volume de circulation. Ces numéros de routes ont une signification particulière pour les québécois, car ils ont successivement désigné la route qui relie Montréal à l’Abitibi.

La route 11 commence en force par le pont de Miramichi, qui n’a clairement pas été conçu pour les cyclistes. Ce pont en fer monte haut au-dessus de la rivière. Les trottoirs sont trop étroits pour mon vélo chargé, et la chaussée est trop étroite pour que les nombreuses voitures puissent s’y croiser en me contournant. Conséquence : je ralentis sérieusement la circulation, surtout en montant. Heureusement, la vaste majorité des automobiliste fait preuve de patience, de courtoisie et, je l’espère, de compréhension. Bref, je complète cette traversée intact. Bon point.

Ensuite, retour en forêt ou en champs pour des kilomètres. Ça avance plutôt bien car je profite d’un bon vent de dos. Je prends une pause significative à l’info touristes de Negac, avec un préposé très heureux d’avoir un client intéressé et pas pressé. Il me remet une carte vélo de la région et me conseille un camping à l’entrée de Tracadie. C’est un peu loin, je sais que je serai un peu fatigué après ces presque 130 km, mais le site, au pied de la dune et à quelques pas de la mer, est vraiment très bien, sauf pour les trop nombreux moustiques.

De tout évidence, ce sera une soirée calme. Après l’installation, le repas et la douche, je me réfugie aux toilettes pour écrire le journal et trier les photos, puis dodo.

Statistiques
km jour : 128,9
km total : 927
départ / arrivée : 9 : 30 > 19 : 15
temps déplacement : 6 : 51
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 41

Vent de dos, vent de face

Avec Fannie, Niels, Charlotte, Bianca et Tammo

2019-07-17, mercredi
> Baie Ste-Anne – 58 km / 798 km total
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Comme hier, le ciel est bleu, sans nuage, et la chaleur sera au rendez-vous. Je me lève tard, me prépare tranquillement et quitte ce beau camping vers 11 h. Je n’ai plus beaucoup d’eau, alors je l’économise sérieusement.

Je roule un peu sur la piste cyclable parallèle à la route : c’est ombragé, proche de la majestueuse rivière Kouchibouguac mais plus lent à cause du gravier. Je reprends l’asphalte, je n’aurais pas eu assez d’eau pour aller si lentement.

Ça tombe bien : le vent est vigoureux et de dos, alors je file en maintenant une moyenne de 21 km/h, ce qui est très rapide avec la charge. De plus, Parc Canada sait paver des routes, celle-ci est parfaite, rapide, lisse et confortable. Le festival des nids de poule reprend dès que je franchis la limite du Parc.

Arrivant à Pointe-Sapin, le premier village, il ne me reste que quelques gorgées d’eau. Deux hommes en camionnette m’en donnent deux bouteilles, bien fraîche, et je complète l’approvisionnement liquide à l’épicerie.

Jusqu’à Escumiac, la route passe en forêt ou près de vastes tourbières, puis la route tourne et j’avance péniblement avec un solide vent de face. Je dîne à Baie Ste-Anne, à l’abri du cuisant soleil. Le temps est à l’orage, et selon une dame de passage ça risque de brasser ce soir. Comme un lavage n’est plus une option, mais une nécessité, j’arrête au premier camping venu. Il est à peine 14 h 30.

L’accueil est sympathique, le prix raisonnable et le site, sur le bord de la baie, superbe. En prime, j’ai une voisine cycliste. Fannie, jeune enseignante en francisation, est partie de Montréal et a suivi l’eau, donc bouclé la Gaspésie. Elle se dirige vers Halifax en passant par le Cap Breton. Beau projet, bonne voisine. Entre nous deux, un petit VR et une jeune famille allemande.

Je monte la tente, je l’amarre solidement et je me dirige vers la douche, puis le lavage. En attendant, je m’occupe du journal et des quelques photos d’aujourd’hui, je lis les nombreux courriels de mes chers amis, puis leur envoie une deuxième fois des nouvelles.

Finalement, selon le radar météo, le mauvais temps annoncé sévit plus au sud, autour de Moncton, et nous ne recevons que quelques bonnes rafales.

Après le souper, nous nous retrouvons à six pour la soirée : Fannie et moi nous joignons à nos voisins allemands Niels et Bianca, parents de Charlotte, 9 ans, et Tammo, 5 ans. La rencontre autour du feu est vraiment intéressante, se déroulant essentiellement en anglais, langue commune des adultes, mais aussi en jeux et rires avec les enfants qui ne maîtrisent que l’allemand, même si Charlotte fait de timides incursions en anglais et en français.

Ce n’est qu’à la nuit noire que nous regagnons nos pénates, ravis de notre soirée.

Statistiques
km jour : 58,0
km total : 798
départ / arrivée : 11 : 00 > 14 : 30
temps déplacement : 2 : 55
vitesse moyenne : 19,8
vitesse maximale : 33

Kouchibouguac

Camping au Parc Kouchibouguac

2019-07-16, mardi
> Parc Kouchibouguac – 71 km / 740 km total
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Ce matin, le ciel est bleu, sans nuage, et la journée s’annonce chaude. Dès que je me lève, je pars visiter la Dune de Bouctouche, à 200 m du camping.

Il est tôt, mais il y a du monde, des coureurs et des marcheurs. Je suis de cette seconde catégorie. Si la dune est longue de 12 km, la passerelle aménagée ne fait que 800 m, ce qui se marche aisément. Elle a déjà été bien plus longue, mais les tempêtes et les changements de forme de la dune ont occasionné plusieurs reconstructions.

La dune est un milieu vivant et changeant, c’est un privilège de pouvoir l’observer ainsi. Dans l’ordre, il y a la mer, la plage, une dune plus haute couverte de végétation qui descend lentement, devenant marais de marée, puis la lagune. Avec les changements climatiques, il semble probable que la dune se fragmente en un chapelet d’îlots, et elle pourrait disparaître à plus long terme. Pour le moment, elle est bien présentée et protégée.

De retour au camping, je me prépare en profitant de la compagnie de mes agréables voisins. Véronique, puis Daniel, finissent par émerger aussi : ils avaient assisté au lever du soleil sur la dune, puis s’étaient recouchés. Je quitte vers 9 h 30.

Comme prévu, c’est chaud, autour de 30°, mais le vent est faible et ne dérange pas. J’aime bien les sections sur le bord de la mer, mais à partir de Cap Lumière je roule à l’intérieur des terres et c’est moins intéressant.

Comme prévu, c’est chaud, autour de 30°, mais le vent est faible et ne dérange pas. J’aime bien les sections sur le bord de la mer, mais à partir de Cap Lumière je roule à l’intérieur des terres et c’est moins intéressant.

À Rexton, la petite route calme et cahoteuse devient un grand axe avec une circulation dense. À Richibucto, je longe un peu la rivière et je fais le plein d’eau, car mes réserves baissent vite. Ensuite, une longue ligne droite vallonnée et cuisante sous le soleil. Un quatre roues est suivi d’une voiture. Il ralentit, la voiture le dépasse par la gauche alors qu’il amorce un virage dans la même direction. Ces deux-là ont passé bien proche de l’accident.

J’arrive enfin au Parc. L’accueil est chaleureux. Il est trop tard pour participer à la visite guidée de la dune, malheureusement. Je dîne au frais, puis je fais le plein d’eau potable – celle du camping ne l’est pas – et je pédale les 12 km restants.

Au poste d’accueil du camping Côte-à-Fabien, je rencontre deux jeunes français de Toulouse qui achèvent un séjour d’étude de six mois aux États-Unis. Après l’installation de ma tente sur un site piéton – dont mon sac de bouffe dans un arbre –, nous nous retrouvons en même temps au départ du sentier Balbuzard. Louis et Louise sont d’agréables compagnons, mais le sentier souvent inondé et les moustiques les incitent à revenir sur leurs pas. Dommage pour eux, car ils refont deux fois la pire section, alors que la suite est facile et jolie.

Au retour, je cuisine et mange, en ménageant mes maigres ressources en eau. Parti pour jeter les déchets du site à la poubelle, je finis par prendre une bonne marche sur la plage et la route. En terminant la boucle, j’appelle ma sœur Lucie, puis je me réfugie dans ma tente pour écrire, puisque ce sera l’heure de pointe pour les moustiques. C’est encore chaud, la fraîcheur de la nuit sera bienvenue. Je me couche exceptionnellement tôt, car c’est bien calme et je sens un besoin de repos.

Statistiques
km jour : 71,2
km total : 740
départ / arrivée : 9 : 30 > 14 : 45
temps déplacement : 3 : 52
vitesse moyenne : 18,4
vitesse maximale : 55

Le ciel a son mot à dire…

Ombre et lumière

2019-07-15, lundi
> Bouctouche – 84 km / 669 km total
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Ce matin, il fait soleil, mais c’est frais et venteux. Les nuages ne sont pas loin et prennent rapidement le dessus. Je quitte ce joli camping vers 8 h 30 avec une tente presque sèche mais un petit déjeuner minimal. Heureusement, je sais qu’il y a des épiceries à Shediac.

Le trajet est sans histoire, à part un coup de klaxon de Will quand il me dépasse. À l’exception de la route principale, que mon trajet évite généralement, il y a très peu de circulation, peu de paysages, pas de soleil, un bon vent de face. La patience est de mise.

En entrant en ville, la circulation devient pas mal plus dense, au point de créer des bouchons pour les automobilistes. Je suis ici en terrain connu, puisque j’y était venu en 2015 lors d’un précédent voyage. Je retrouve finalement l’épicerie attendue, la première depuis les Îles, et je mets à jour mon garde-manger. Il ne restait pas grand’chose…

Peu après, j’arrête à l’info touriste. Bonne idée : il y a un abri et des tables pour laisser passer une averse en mangeant. Une famille de Warwick, avec trois filles de 11, 8 et 4 ans, s’installe à la table voisine. Les filles ont très hâte de profiter des glissades d’eau. Autre belle rencontre.

Je repars, croisant deux auto-stoppeurs de Sherbrooke vus à l’info touriste. Nous nous souhaitons mutuellement bonne route.

J’avance tranquillement vers un mur de nuages gris. L’averse est forte, mais je m’abrite devant le garage d’une maison, dérangeant le chien qui veille à l’intérieur. Je roule quelques minutes, à peine le temps de me rendre à Cascagne, et j’arrête à nouveau sous un abri dans un parc-école. Je repars, et j’arrête presque immédiatement sur une galerie de maison. Déluge au programme : vais-je rester sec ? Au moins, le journal est mis à jour en temps réel.

La pluie persiste un peu au-delà de 17 h. Je profite de l’occasion pour réserver un site demain soir au Parc Kouchibouguac, un parc national. Il reste quelques gouttes à tomber, mais ça va.

Nouveauté appréciée : la route longue maintenant la mer, offrant les points de vue si peu présents ces derniers jours. J’en profite, alors que le ciel reste hésitant entre le soleil et l’averse.

À Bouctouche, nouveau défi : le pont est fermé pour travaux. C’est très serré, mais ça passe en marchant pour contourner les machines. Je longe toujours la mer. J’arrive à un camping où l’on me dit que ce n’est pas pour les tentes. Une première. J’arrête quelques instants à l’Éco-Centre de la dune de Bouctouche. Une longue passerelle s’avance vers le large, je reviendrai si je peux car ça semble intéressant.

Le camping suivant est parfait. Tenu par M. Maury, un vigneron français installé ici depuis 30 ans, il offre un tarif spécial et raisonnable pour les cyclistes. J’y retrouve les deux auto-stoppeurs de ce midi, Daniel et Véronique. Les autres résidents que je rencontre, tous francophones, sont des retraités voyageant en motorisés ou roulottes de petite taille.

Je cuisine et mange en compagnie de Gaétan et Margot, ainsi que de Yvon et Gisèle. À la brunante, tous se réfugient à l’abri des voraces moustiques. Je complète le journal, trie les photos et complète la soirée avec un appel à ma sœur Monique, question de suivre avec elle un dossier qui la préoccupe.

La lune pleine laisse quand même voir quelques étoiles, le beau temps semble revenir. On verra demain.

Statistiques
km jour : 84,1
km total : 669
départ / arrivée : 8 : 30 > 19 : 15
temps déplacement : 5 : 03
vitesse moyenne : 16,7
vitesse maximale : 33

Rencontres sur roues

Le Pont de la Confédération

2019-07-14, dimanche
> Petit-Cap, N.B. – 108 km / 585 km total
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Cette nuit était pas mal plus chaude que les précédentes, mais confortable et sèche. Une fois les feux de camp éteints, l’air était bon.

Je me prépare facilement et prends la route après avoir salué mes amis d’hier soir. Mes réserves de nourriture sont trop basses à mon goût, alors je me dirige vers l’épicerie de Cornwall, le village voisin. Petit problème : elle ouvre à midi le dimanche. Je repars.

Du trajet de ce matin, il y a peu à dire. C’est vallonné, avec des champs, des boisés, quelques maisons, peu de circulation à l’exception d’un bref passage sur la route 1, la Transcanadienne. Et pas grand chose de remarquable à voir, sinon quelques estuaires couverts d’herbages. Au moins, c’est confortable et le ciel gris se dégage tranquillement.

En chemin, il y a quand même le joli village de Victoria, suivi d’un autre éminent membre du club du toponyme improbable : Crapaud, qui se joint au port de Naufrage traversé hier. C’est là que je croise mes premiers cyclotouristes, si on exclus Cimon, vu à l’auberge. Jeanna et Kerry, qui ont autour de 70 ans, ont quitté la Floride sur leur vélo tandem, ont remonté toute la côte est et se dirigent vers… Toronto, de toute évidence par un chemin indirect.

En chemin, il y a quand même le joli village de Victoria, suivi d’un autre éminent membre du club du toponyme improbable : Crapaud, qui se joint au port de Naufrage traversé hier. C’est là que je croise mes premiers cyclotouristes, si on exclus Cimon, vu à l’auberge. Jeanna et Kerry, qui ont autour de 70 ans, ont quitté la Floride sur leur vélo tandem, ont remonté toute la côte est et se dirigent vers… Toronto, de toute évidence par un chemin indirect.

Peu après, j’arrive au Pont de la Confédération, plus précisément à la salle d’attente de la navette. Il y a aussi un couple d’acadiens de Moncton, Jean-Claude et Francine, accueillants et jasants. J’ai juste le temps de me préparer et d’avaler mon dernier morceau de fromage avec du pain, et la navette est là. Pour un coût modeste de 9 $, mon vélo, mes bagages et moi trouvons place à bord. Traversée sans histoire, à part une intervention de dépanneuse, pas si simple dans cet environnement.

En arrivant, Jean-Claude et Francine m’offrent de me rapprocher de Moncton, mais leur voiture ne pourrait pas prendre mon vélo. Avant de repartir, je m’offre une crème glacée aux bleuets, puisque je n’ai plus de fruits.

Je reprends la route, salué par le klaxon de mes compagnons, puis, sur l’autoroute qu’il faut emprunter, j’affronte un bon vent de face sous un chaud soleil d’orage. Surprise : je croise une Tesla. Je n’ai vu aucune voiture électrique sur l’Île-du-Prince-Édouard, alors qu’il y en avait plusieurs aux Îles de la Madeleine. Le pays est à géométrie variable à ce sujet aussi.
Je quitte dès que possible ce grand axe pour prendre une jolie petite route plutôt en forêt, avec quelques champs et estuaires. La grande nouveauté est un fort vent qui me ralentit considérablement.

En chemin, je croise Félix, jeune cyclotouriste parti de Montréal il y a plusieurs semaines en passant par le Lac-St-Jean, Tadoussac, la Gaspésie et l’Acadie. Après deux ans de travail, il a laissé son logement et est parti pour un voyage indéterminé. Il s’intéresse en particulier à une traversée de l’Atlantique en cargo. Bon voyage !

Quelques minutes plus tard, je rencontre Erin, Katheryn et Anika, trois jeunes filles parties de Saskatoon en direction de St.John’s, T.N., elles aussi très sympathiques. À nouveau, nous discutons itinéraires. En revanche, elles ont peu de temps devant elles, car elles doivent être de retour chez elles – en avion – dans une dizaine de jours. Elles devraient réussir à atteindre leur objectif.

Je poursuis ma route face au vent, alors que même mes réserves d’eau baissent rapidement. Et pas de ravitaillement en vue. À Shemogue, une indication pour un camping, très bienvenue après plus de 100 km. Quand je demande au responsable s’il a de la nourriture à vendre, il me dit que non et m’apporte un assiette d’aluminium avec deux carottes, une patate et un morceau de porc. C’est un don. Après avoir dégusté, je me rends à mon site et me dirige vers la mer puisque la vue est superbe. Will, mon voisin, est très accueillant et sympathique.

Je monte ma tente et vais voir la masse sombre traversée d’éclairs qui s’approche vers nous. J’avais espéré prendre une douche, mais peu avant 20 h il faut se réfugier dans la tente, qui doit à nouveau démontrer son étanchéité alors que la pluie souvent forte s’installe pour un bon bout de soirée et que la température descend rapidement… J’écris et trie mes photos, bien sûr, appréciant le calme de ce camping.

Quand la pluie cesse et que les nuages font place aux étoiles, je prends une bonne douche et j’appelle ma sœur. Ensuite, dodo !

Statistiques
km jour : 107,8
km total : 585
départ / arrivée : 9 : 30 > 18 : 15
temps déplacement : 6 : 14
vitesse moyenne : 17,3
vitesse maximale : 68

ÎPE bucolique

Un ruisseau vers l’horizon

2019-07-13, samedi
> Cornwall – 149 km / 477 km total
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Il a plu presque toute la nuit, et ça se poursuit en bonnes averses ce matin. J’en profite pour envoyer un premier message collectif à mes amis.

Vers 8 h, ça se calme pour de bon. Je m’organise, laissant la tente sécher le plus possible, puis je prends la route. Le ciel reste bien gris, mais ce n’est pas froid et j’ai un bon vent de dos qui donne des ailes.

Je roule en campagne, avec des champs et des boisés, des maisons modestes et parfois abandonnées, peu de vues sur la mer, et pratiquement aucune voiture. Un point assez étonnant : même si la carte indique plusieurs villages, ceux-ci ne sont pas visibles sur le terrain : il y a des noms sur des affiches, mais aucun groupe de maisons, presque pas d’églises, et aucun commerce. Je roule depuis plus d’une heure quand je croise le premier hameau, de peut-être 10 maisons et un port, portant le nom très enthousiasmant de Naufrage…

Je mange à St. Peters, puis j’arrête à l’info touriste pour remplacer ma carte routière qui se décompose, puisque qu’elle avait pris l’eau avec son précédent utilisateur.

Le bureau est une ancienne gare alors que la voie ferrée est devenu le Sentier de la Confédération, une piste cyclable et pédestre de près de 400 km qui traverse la province. Je ne l’utilise pas beaucoup, car son revêtement de poussière de roche est bien moins confortable que l’asphalte. Ici, je fais exception car il longe la baie.

Il y a peu de monde même si c’est l’une des sections les plus fréquentées. En chemin, un homme essaie de serrer un boulon sur le siège du vélo de sa fille, mais sans outil. J’ai évidemment ce qu’il faut, alors je l’aide. La conversation démarre. La famille – deux parents, un garçon de 12 ans, deux filles de 10 et 8 ans environ – habite St-John’s, à Terre-Neuve. Ils sont curieux et sympathiques, nous passons d’excellents moments ensemble. Au moment où nous nous quittons, les deux filles s’approchent pour des câlins surprise. Je regrette de ne pas avoir demandé les prénoms.

Après la belle piste cyclable, je fais plusieurs kilomètres sur la route 2, très passante et sans intérêt. Je bifurque à Mount Stewart vers la 22, puis la 21, très calmes à nouveau mais avec de bonnes pentes qui diminuent mon exceptionnelle moyenne de ce matin.
En fin d’après-midi, le ciel se dégage pour un temps alors que j’arrive enfin au camping indiqué sur ma carte. En fait de camping, je ne trouve qu’une vieille affiche tombant en morceaux, et rien d’autre. Oups ! C’est un mal pour un bien, car je n’ai pas croisé d’épicerie aujourd’hui et mes réserves sont basses. Peu avant Charlottetown, je fais les achats minimaux dans un tout petit dépanneur.

J’entre en ville par le pont de la Transcanadienne, ici une grande route assez fréquentée. À l’info touriste, le préposé me réserve un site – très cher… – au camping suivant, à la sortie de la ville. Je ne visite donc pas, je me contente de traverser. J’ai près de 150 km dans les jambes quand j’arrive enfin. Ouf !

Le camping est immense – plus de 500 sites – et bondé, assez bruyant et enfumé par les nombreux feux de bois, mais il est là. Mon site comprend une prise de courant, mais comme mon fil est très court je dois me coller à la borne partagée, presque chez le voisin. Il est déjà tard, alors je procède rapidement aux routines.

Près de chez moi, un homme a sa guitare. Nous échangeons quelques mots, il m’invite à venir en jouer. Je m’y rends après la douche, et nous passons une excellente soirée avec ses chants et les miens.

Scott n’est pas seul : il est avec sa conjointe Stacey et leur petite Julia de 5 ans ; Jack, 2 ans, dort ; il y a aussi leurs amis Tyson et Kyra, avec une Sylver de 5 ans également. Je rentre enfin à ma tente pour écrire le journal et archiver les photos. Grosse journée, mais il serait difficile de se coucher tôt car le bruit se poursuit tard. Vers 0 h 30, tout s’apaise enfin.

Statistiques
km jour : 149,2
km total : 477
départ / arrivée : 9 : 30 > 19 : 00
temps déplacement : 7 : 55
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 62

Traversée

Lupins à l’Île du Prince-Edouard

2019-07-12, vendredi
> Île-du-Prince-Édouard > Lakeville – 42 km / 328 km total
Sommaire

Vraiment, la nuit a été reposante, avec le calme et le lit confortable. Je m’éveille 10 minutes avant que mon réveil ne sonne, je sors en silence et je me prépare rapidement. Je suis sur le quai du traversier à 6 h 40.

L’aire d’attente compte plusieurs lignes. Je suis à la ligne 4, avec les motos, entre les roulottes et les autobus. Le CTMA Traversier n’est pas encore là, puisqu’il faisait une traversée de nuit. Il arrive finalement vers 7 h 20, en même temps que mon amie Simone. C’est un plaisir de nous retrouver, bien loin de l’école où nous travaillons ensemble.

Le temps de vider et de remplir le navire, il largue les amarres à 8 h 15. Je suis sur le pont extérieur avant pour observer la manœuvre, entre autres de la grande porte par laquelle nous sommes montés à bord. Je revois un homme qui avait pu aller à l’Île d’Entrée avec la bateau qui m’avait refusé. Il m’informe, un peu tard, que j’aurais pu revenir avec eux.

Avec le vent, c’est assez froid dehors, mais je reste pour profiter du paysage. Le bateau contourne l’Île d’Entrée par le nord, révélant de magnifiques falaises, bien plus hautes que celles de l’ouest. Il faudra revenir…

Malgré le froid, je passe un bon bout de temps sur le pont avec Marie-Christine et Jérémie. Nous étions ensemble à l’auberge. Elle lit un livre sur la simplicité volontaire et est enseignante en adaptation scolaire à la CSDM, il s’occupe de tourisme gastronomique. Belles conversations.

Nous finissons par rentrer et je m’installe dans un fauteuil pour écrire et sommeiller. Si cette première mission est accomplie facilement, le sommeil est difficile sur un fauteuil peu confortable et avec les cris d’enfants assez bruyants. Ça sera pour ce soir…

Jusqu’ici, je n’ai pas eu à me plaindre de la météo, au contraire : ça été superbe. Mais aujourd’hui, plus la journée avance, plus le ciel est gris. Quelques gouttes tombent en mi-journée. Faudra vivre avec.

Parti en retard, le bateau arrive aussi un peu en retard, mais il ne pleut plus. Sur le quai, je croise Raoul, un cycliste qui rentre chez lui aux Îles. Il me donne sa carte de ÎPE, dont il n’a plus besoin. Elle a un peu pris l’eau, ce n’est pas grave du tout. Merci, bonne route.

Mon plan est de rejoindre le Pont de la Confédération, vers l’ouest. Je pars donc… vers l’est, puisque je ne suis qu’à 25 km de la pointe de l’Île. Malgré le ciel gris et quelques gouttes éparses et sans conséquences, le trajet, vallonné, est vraiment agréable. Il est illuminé par les lupins en fleurs, décorant les terrains de taches mauves, roses, blanches, bleues, du plus bel effet. En route, j’avance avec le bateau qui retourne aux Îles.

Au bout de la péninsule, le phare. Beau site, quelques touristes dont des québécois, et une information importante : la pluie s’en vient. Donc, je roule, avec le vent surtout de dos, et je m’arrête au premier camping.

Au bout de la péninsule, le phare. Beau site, quelques touristes dont des québécois, et une information importante : la pluie s’en vient. Donc, je roule, avec le vent surtout de dos, et je m’arrête au premier camping.

Il est tout simple, mais parfait dans les circonstances, malgré les nombreux moustiques. J’ai le temps de monter ma tente et de manger, puis je vais m’installer aux toilettes, peu fréquentées, pour consulter Internet pour la première fois du voyage. La pluie commence, bien constante, et durera toute la nuit selon la météo, mais demain sera à nouveau une belle journée.

J’appelle mon frère François, pour le plaisir et pour discuter d’un projet commun, puis je mets à jour le journal et les photos.

La pluie se poursuit sans cesse, amplifiée par le toit de tôle. Quand je quitte finalement les toilettes pour la tente, c’est sous le parapluie. Heureusement, tout est bien sec dans mon précieux petit abri de toile. C’est au son de la pluie que je m’endors.

Statistiques
km jour : 41,7
km total : 328
départ / arrivée : 14 : 30 > 17 : 30
temps déplacement : 2 : 26
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 53

Boucles locales

Le petit phare et l’Île d’Entrée

2019-07-11, jeudi
Îles de la Madeleine – 43 km / 286 km total
Sommaire

Ce matin, grasse matinée : il est près de 9 h quand je me lève. Il fait à nouveau très beau. Je discute un peu avec ma nouvelle voisine, je reçois mes petits voisins, puis je pars à l’aventure sur les circuits cyclables locaux.

Tout près du camping, une route de terre que j’avais évitée jusqu’ici monte sur les collines. C’est très joli et très calme. Après une bonne grimpée, je redescend vers la mer et un phare très connu dans la région. Sur un belvédère, un homme qui voyage avec une remorque convertie en roulotte. Il me présente les environs et m’indique un point de vue sur la colline voisine. Quelques instants plus tard, mon vélo est à bord de la remorque de Claude et nous marchons sur le sentier.

Si la marche est facile, il faut affronter un défi coriace : des hordes de moustiques voraces nous assaillent. Rapidement, malgré la chaleur, j’enfile mon polar, Claude mets son capuchon sous son chapeau. Pas très confortable, mais le paysage au sommet justifie largement l’effort.

Pour redescendre, nous utilisons un autre sentier. Plus court, il est aussi très abrupt, mais équipé d’une corde fixe qui permet de rester debout quand nos pieds dérapent sur les pierres. Belle balade.

Quelques instants plus tard, je croise une famille croisée au camping, des parents avec deux adolescentes. Je leur présente les deux options de montée et ils choisissent la corde. J’espère qu’ils se seront amusés.

Je poursuis mon trajet vers l’Île de Cap aux Meules. À l’Anse aux Baleiniers, je crois un couple de cyclistes. Luc et Francine sont de Gatineau, cette dernière connaît mon amie Céline par le travail. Petit monde.

Mon téléphone reçoit un message texte. C’est ma collègue Simone, arrivée la veille aux Îles, d’où elle est originaire. Je la rappelle. Son agenda est assez rempli, mais elle prévoit venir demain pour le départ du bateau. Elle me suggère de m’installer à l’Auberge de jeunesse, une idée qui me trottait déjà dans la tête. Le principal avantage : me lever à 6 h plutôt qu’à 4 h 30. Un téléphone plus tard, tout est réglé.

Je repars donc vers le camping pour tout charger. J’ai l’occasion de saluer la famille de Stéphane et Maude, sauf Zoé qui dort très dur, ainsi que ma nouvelle voisine et les gens du camping. Un employé me parle de la virée vélo d’hier avec son ami Alfred. Petit monde.
J’arrête manger au parc tout près. Un couple arrive : Rémi est cadre à la CSMB, Julie y a déjà été directrice d’école avant de migrer à Laval. Petit monde.

J’arrive à l’auberge en fin d’après-midi après avoir parcouru un nouveau trajet vélo. L’accueil est détendu et chaleureux, même si Maude, la responsable, semble bien occupée. Il y a beaucoup de monde, et beaucoup de jeunes : c’est dynamique.

Lors du repas, je discute avec plusieurs, dont un jeune homme de retour de la Nouvelle-Zélande et un autre, plus solitaire, venu d’Israël pour un voyage de plusieurs mois au pays. Ben ne parle malheureusement pas français, ce qui limite ses interactions en groupe.
Je m’attaque à la rédaction du journal – vais-je en venir à bout? – mais je prends une pause avec Cimon, qui fait à peu près le même voyage que moi : venu de Québec à vélo, il retournera à Montréal en bateau puis pédalera jusque chez lui. Nous sommes de la même race.

Sur la plage, c’est la fête avec de bons musiciens, mais je poursuis mon travail. En fin de soirée, je me connecte au réseau, mais l’accès Internet n’est pas disponible. Tant pis.
Avant le dodo, je rencontre Audrey, qui réside aux Îles pour quelques mois. Elle aimerait voyager à vélo mais doute d’en être capable. Je lui souhaite le courage de partir.
Je m’installe dans mon dortoir, heureusement très calme. Chaque lit est isolé des autres par un rideau qui laisse un minimum d’intimité. Le mien est en haut, au-dessus de celui d’une jeune fille. La nuit sera un peu courte…

Statistiques
km jour : 43,4
km total : 286
départ / arrivée : 10 : 30 > 16 : 45
temps déplacement : 2 : 37
vitesse moyenne : 16,6
vitesse maximale : 49