Les vœux de Claire


Claire et Christine

2018-08-15, mercredi ; La Pourraque (Manosque)
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Vive la tente ! Une excellente nuit, sans moustique, évidemment. C’est bon d’être en forme, la journée s’annonce chargée.

Après le petit déjeuner à la Brégonière et l’office dans une chapelle bien remplie, tous s’activent aux différentes tâches. Je donne un petit coup de main pour les tables et la vaisselle, puis nous chargeons le Kangoo avec les instruments et quelques musiciens. Anne, chanteuse et ancienne pompière, est au volant ; Agnès, violoniste et directrice musicale, est passagère avant ; Julien, clarinettiste, et moi somme à l’arrière.

L’église Saint-Sauveur, au cœur du vieux Manosque, est superbe. Elle date du XIIIe siècle et son architecture dépouillée apaise et séduit. Nous déchargeons et nous installons en même temps que l’équipe de sonorisation, puis nous pique-niquons sur la place, à l’ombre près de la fontaine. Des danseurs de tango s’exécutent à côté de nous.

Le reste de l’équipe musicale arrive et le marathon commence. Il s’agit de placer les morceaux du casse-tête : positionnement, sonorisation, derniers ajustements aux différentes pièces. Je travaille plus spécialement avec la guitariste Jiah, jeune Xavière d’origine coréenne, excellente dans son instrument et comme collègue. Stéphane, ami français installé au Québec, complète l’orchestre avec la trompette ; Caroline est là avec leurs trois aînées Fleur, Aimée et Solène, les deux plus jeunes étant restés avec les grands-parents.

L’église se remplit. Les enfants sont nombreux, joyeux et calmes. Claire salue les uns et les autres, visiblement heureuse et sereine.

C’est l’évêque de Dignes qui préside, accompagné de plusieurs prêtres. Côté musique, il faut être vigilants, certaines pièces sont complexes, mais ça va très bien. Côté célébration, tout est bien en place et tourne rond.

Après l’homélie, Christine, la supérieure générale, appelle Claire. Celle-ci nous présente son cheminement, illustré par des objets en symbolisant les étapes. Elle se couche devant l’autel pour la litanie des saints, un moment émouvant, puis prononce ses vœux devant Christine et nous. Elle reçoit finalement une bague bénie par l’évêque.

La célébration terminée, tous sont invités sur la place devant l’église pour un verre – l’équipe de musique, évidemment, ramasse tout le matériel pendant que Anne récupère le Kangoo.

Je pars assez rapidement avec Géraldine et Jiah préparer l’accueil à La Pourraque. Un autobus – énorme pour ces petits chemins – avait été nolisé pour la communauté, les autres invités arrivent en ordre dispersé, tous étant identifiés par une étiquette.

La communauté présente un spectacle bon enfant, se payant gentiment la tête de Claire. Comme d’habitude, la nourriture est abondante et savoureuse, partagée en excellente compagnie.

La soirée est marquée par un émouvant témoignage de Baudouin, le papa de Claire. Si ce choix de la vie religieuse n’allait pas de soi au début, c’est maintenant une grande joie pour toute la fratrie et les parents. De mon côté, je présente Ça veut dire, un chant qui colle au cheminement de Claire. Je répète le refrain avec tous, Claire tente de se joindre à moi pour chanter – sans lunettes sur mon petit écran, c’est difficile à lire – et c’est un succès alors que le refrain est repris en chœur par une foule enthousiaste.

La soirée se prolonge avec musique et danse. Plusieurs invités, enfants et Xavières aiment danser, mais c’est la fratrie de Claire qui vole la vedette avec une chorégraphie endiablée digne de Bollywood.

Ce soir, le couvre-feu n’est pas à l’agenda, mais peu avant 1 h la musique se calme avant de s’éteindre. Je remonte à la Brégonière avec Stéphane ainsi que ses filles Aimée et Solène, à la seule clarté des étoiles – le ciel en est constellé, avec la Voie Lactée en vedette. Soudain, une étoile filante strie le ciel. Il n’en faut pas plus pour que nous nous couchions dans le gravier – l’herbe est trop humide – pour guetter quelques éclats fugaces de lumière.

En arrivant en haut, Magali apprécie ma frontale pour retrouver sa tente. Sa fille Anahi, lumineuse jeune femme de presque 20 ans, a la lampe qui manquait à sa mère et une conversation intéressante. Le sommeil est facile à trouver après une si belle journée.

Vie communautaire


La Pourraque

2018-08-14, mardi ; La Pourraque (Beaumont-sur-Perthuis)
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À la fin de la nuit, un moustique s’intéresse à moi. Malheureusement pour lui, j’ai une option gagnante : ma tente, maintenant bien sèche. Je termine ma nuit à l’abri du bourdonnement et des piqûres.

Ce matin, le beau temps est de retour. Après le petit déjeuner et l’office, je suis réquisitionné comme conducteur de la Renault Kangoo, la petite camionnette de la communauté. Avec Anne-Marie, une Xavière ayant vécu au Québec, nous allons à Volx, à quelques kilomètres au nord de Manosque, pour ramener la vaisselle de location pour demain. Nous prenons la petite route étroite que j’avais bien fait d’éviter hier à vélo, puis la route principale. Tout se passe parfaitement et nous revenons bien chargés, accompagnés par le bruit des assiettes qui s’entrechoquent à chaque mouvement du véhicule.

En début d’après-midi, j’ai un peu de temps pour écrire, puis les rencontres se multiplient avec cette communauté fort sympathique. Elles ne sont que 115 au total dans le monde, et une majorité est déjà présente ici alors que les arrivées se succèdent.

Plus tard, il y a pratique de musique. Nous sommes plusieurs : en plus des chanteuses et chanteurs, il y a un piano, deux flûtes, une clarinette, un violon, un djembé et deux guitares. C’est à la fois agréable, efficace et détendu, car tous sont motivés et compétents.

Après le repas, nous avions envisagé une soirée guitare chansons avec les jeunes ; en plus, Anne-Marie (amie) a son saxophone alto. La soirée est courte : après deux chansons, nous apprenons que le grand silence de nuit est devancé. On se reprendra peut-être demain…

Ségolène, grande amie de Claire, s’installe en camping avec Louis-Antoine et leurs enfants Côme, 10 ans, Thibault, 6 ans et Gabriel, 4 ans. Je leur tiens compagnie pendant le repas, alors qu’ils me racontent leur périple des dernières semaines : partis de Paris, ils sont passés par Metz, Munich, Vienne, Venise, les Dolomites, Naples et Menton. Des vacances en famille très appréciées.

Il est maintenant temps de dormir, car la journée de demain sera chargée. Je m’installe dehors, sous ma fidèle tente si confortable.

La métamorphose du train


Une certaine humidité…

2018-08-13, lundi ; > >> La Pourraque (Beaumont-sur-Perthuis) – 45 km
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La nuit a été longue, fraîche et bonne, mais à 7 h 30, surprise, des gouttes sur ma tente. Ce n’est pas une averse passagère, mais une petite pluie persistante avec à l’occasion un coup de tonnerre ou deux.

L’intérieur de ma tente reste bien sec. Je prépare mon équipement en fonction de la météo, mange dans le vestibule et charge le vélo. Je prends la route vers 9 h.

Oui, il pleut, mais les paysages restent splendides. Je roule sur un itinéraire cyclable bien nommé Les balcons de la Durance, avec un peu de relief, mais facile. Jusqu’à Saint-Clément-sur-Durance, la route, toute petite, domine la vallée. Wow ! Ensuite, il faut emprunter la nationale et composer avec la circulation pour quelques kilomètres, mais je peux reprendre une petite route de Chateauroux-les-Alpes jusqu’à Embrun.

Je suis bien trempé, et Claire m’a invité pour une soirée musicale aujourd’hui. Je me rends donc à la gare. En panne, le train de 12 h 39 est remplacé par un car. Pas idéal avec le vélo, mais ça reste la meilleure solution. Je me change et je m’installe pour écrire un peu. Vers midi, la pluie cesse et le soleil sort timidement, me faisant regretter un peu mon choix.

Ayant été pris dans les bouchons à la sortie de Briançon, l’autobus est sérieusement en retard. Heureusement, le chargement se passe sans problème et nous partons pour Gap. Il fait maintenant grand beau temps, et les paysages sont impressionnants. En particulier, un long pont traverse le lac de Serre-Ponçon, un important réservoir entouré de montagnes.

En chemin je devise avec ma voisine, une infirmière militaire, en route et en retard pour prendre son service en salle d’opération. Conversation très intéressante.

À Gap, nous changeons d’autobus. Deux véhicules iront à Marseille, l’un directement, l’autre en desservant toutes les gares en chemin. Dans ce dernier, je suis avec François, qui avait tenté de voyager à vélo et y avait renoncé à cause de la pluie.

C’est beau, mais long : nous arrivons à Manosque vers 17 h 30, alors que le train était prévu pour 15 h.

Je reprends la route sur deux roues. Ça avance bien. Plus loin j’ai le choix entre deux routes, l’une plus courte, l’autre, mon choix, plus facile en apparence – bonne décision.

Il est 19 h 15 quand j’arrive à La Pourraque, maison-mère de la communauté des Xavières. C’est une pittoresque ancienne ferme construite avec les pierres trouvées sur place et qui suit la pente du terrain. Pour l’heure, tout le monde est à la messe présidée par Michel, seul homme sur place avant mon arrivée.

Géraldine m’accueille et m’indique la douche, d’où je sors en même temps que la chapelle se vide. Il y a du monde : nous sommes environ 60 ce soir, et le nombre va augmenter considérablement d’ici mercredi. Claire est là, bien sûr, ainsi que ses sœurs montréalaises Simone et Thérèse. Il y a aussi Anne-Marie, une amie québécoise avec qui nous étions allés dans les Monts Chic-Chocs, en Gaspésie, et bien d’autres.

Gabrielle, seule Xavière née au Québec, est mon guide pour l’installation. Nous montons à La Brégonière, la maison voisine, située à environ 400 m. Pour ce soir, je serai à l’intérieur, mais demain je logerai sous la tente. Je monte rapidement celle-ci dans une salle, puisque le double toit est trempé de ce matin, je mets les vêtements mouillés à sécher puis nous redescendons à La Pourraque.

Le repas, servi en mode réfectoire, est excellent, tout comme la compagnie. Plus tard, nous nous rassemblons à quelques-unes – seul homme présent, je ne réclamerai pas que mon genre domine le texte – pour une agréable soirée de chansons québécoises. Plusieurs y ayant vécu, c’est vraiment un bon moment, mais nous terminons dès 22 h, car c’est le silence de nuit. Nous discutons quand même un bout de temps, terminant avec la petite équipe des vétérans de la Gaspésie – Claire, Thérèse, Anne-Marie et moi.

Je remonte à la Brégonière où je m’installe pour la nuit. Ma tente est déjà presque sèche.

Statistiques
km jour : 48,6
km total : 2381
départ / arrivée : 9: 00 > 19 : 15
temps déplacement : 3 : 00
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 45,9

Le fort et le torrent


Briançon – le Pont d’Asfeld sur la Durance

2018-08-12, dimanche ; > Réotier – 45 km
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Ce matin, j’envoie un courriel collectif. Pour le préparer, je me suis couché tard, alors je sens un peu de fatigue. Pas grave. Je me lève d’excellente humeur, heureux de retrouver mes amis.

Encore aujourd’hui, le temps est splendide, avec un grand soleil qui illumine tout. Ce matin, mes amis me proposent une visite de la vieille ville de Briançon. C’est tout près. J’en avais eu un aperçu en arrivant, mais c’est tout autre chose d’y marcher avec des guides passionnés.

La ville est située au confluent de sept vallées et en contrôle l’accès. Elle a donc été fortifiée, faisant partie d’un grand réseau de protection d’une région alors autonome. C’est Vauban, grand constructeur de fortifications à son époque, qui en est l’auteur. Le résultat est spectaculaire, mis en valeur par son écrin de montagnes – dont, évidemment, le massif des Écrins, à l’ouest.

La vieille ville est située sur un promontoire. En suivant les fortifications, nous surplombons la Durance, ici torrent dans une gorge profonde, jusqu’au pond d’Asfeld, impressionnant ouvrage de pierre datant de 1734. Revenant sur nos pas, nous remontons dans la vieille ville par une rue nommée La Gargouille à cause d’une précieuse innovation technologique de l’époque : au milieu de la rue, de l’eau coule dans un caniveau, permettant d’évacuer… tout. Enfin, presque tout : les touristes y sont nombreux. Dès que nous quittons les rues principales, nous sommes presque seuls dans de charmantes ruelles. Belle virée.

De retour à la maison après un détour épicerie, nous y retrouvons les enfants pour un dernier repas en famille, puis je me prépare et je pars, ému comme d’habitude, salué par les grands gestes de mes amis jusque dans la rue en contrebas. Faudra revenir au plus vite.

Je descend vers Briançon – facile – que je traverse par le centre ville, puis je me dirige vers le village voisin de Villar-St-Pancrace afin d’éviter la N94. Je me retrouve sur un itinéraire cyclable.

Après le village, la route monte un peu, puis descend dans un bois de pins jusqu’à la Durance, traversant un petit tunnel au pied d’une paroi verticale. Revenant brièvement sur la nationale pour traverser le torrent, elle amorce une bonne ascension à flanc de montagne.

Au début de la montée, j’ajuste les hauteurs de sièges de deux cyclistes mal équipés – heureusement, ils ne souhaitent pas aller loin – et je réalise rapidement que je suis dans un endroit superbe. La route étroite surplombe les gorges de la Durance, offrant une multitude de points de vue merveilleux. Mon appareil photo hyperactif diminue sérieusement ma moyenne.

Au sommet de ce petit col, je rencontre Denis, cycliste, qui manifeste un grand intérêt pour mon voyage. Lui-même s’engage pour la préservation du patrimoine, en particulier des horloges et cloches qui rythment le temps ici. Comme il souhaite des contacts avec le Québec, nous échangeons nos coordonnées.

La descente vers Les Vigneaux est un pur délice. Je longe encore un peu la Durance sur sa rive droite avant de traverser pour prendre la nationale, évitant une montée trop abrupte pour mon vélo chargé.

Je traverse le village de La Roche-de-Rame, submergé par un vide-grenier, puis je roule sur la nationale jusqu’au pont suivant. Il n’est pas tard, je n’ai pas beaucoup roulé, mais je sens le besoin d’une bonne nuit de sommeil et un petit camping municipal me permet de m’installer facilement.

Pendant que je fais chauffer mon repas, mon brûleur devient irrégulier. À court de carburant, il s’éteint de lui même à la fin de la cuisson. Comme c’est probablement mon dernier soir en camping autonome, c’est parfait : il m’aurait été impossible de ramener du carburant en avion, il aurait fallu jeter ce qui aurait resté. Il ne reste rien.

Je m’installe dans ma tente pour écrire jusqu’à la brunante, complétant le journal d’aujourd’hui. Ce soir, je me couche tôt. Yé !

Statistiques
km jour : 45,1
km total : 2332
départ / arrivée : 14: 00 > 18 : 45
temps déplacement : 2 : 50
vitesse moyenne : 5,9
vitesse maximale : 46,9
Camping : 10 €

Autour du col du Granon


Grand Lac de l’Oule

2018-08-11, samedi ; Saint Chaffrey (Col de Granon)
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Aujourd’hui, le beau temps est à nouveau au rendez-vous. Nous nous préparons et prenons la voiture pour escalader le col du Granon, 2413 m. La petite route en lacets spectaculaires est un cul-de-sac fréquenté par les randonneurs et les cyclistes. Nous stationnons dans les alpages, bien au-dessus de la limite des arbres.

La randonnée n’est pas bien difficile, mais les paysages valent largement le déplacement. Nous montons jusqu’au col de l’Oule pour redescendre jusqu’au lac du même nom, bijou d’un vert étonnant au milieu d’un écrin de montagnes. C’est le lieu du pique-nique, sur le bord de l’eau, accompagné par les cloches d’un troupeau de moutons paissant par là.

Nous remontons au col menant au lac pour prendre le sentier menant au col de Cibière. Nous visitons quelques casemates hors service, puis nous redescendons tranquillement vers la voiture, admiratifs devant le superbe paysage. Peu après la série impressionnante de lacets négociée très prudemment par Étienne, nous sommes de retour à la maison.

En fin d’après-midi, Étienne accompagne Joseph à un vide-grenier alors que le reste de la famille se rend à pied au village voisin : c’est l’heure de la messe. La petite église est bondée, mais le prêtre a 10 minutes de retard ; sinon, tout se passe très bien, l’assemblée chantant a cappella avec compétence et ferveur.

Après le repas, nous profitons d’une belle soirée guitare et chants avant de nous retirer à tour de rôle pour la nuit.

Val de Susa et Montgenèvre


Exilles

2018-08-10, vendredi ; > Saint Chaffrey (Briançon) – 105 km
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Comme d’habitude, je me lève avant que l’alarme sonne. S’il n’a pas plu cette nuit, la rosée a été bien vigoureuse, et le temps est splendide. Comme j’ai un peu de temps, je fais corriger par l’ordi les trop nombreuses fautes de frappe du journal. Ensuite, déjeuner et préparation, je suis en route peu après 8 h 15.

Première étape : la vallée jusqu’à Susa. C’est facile, car c’est presque plat, et entouré de hautes montagnes. En plus des villages perchés ici ou là, une abbaye du Xe siècle ancrée sur un piton rocheux domine les lieux.

À partir de Susa, où je mange puisqu’il est midi, le programme change : ça monte sérieusement jusqu’à Gravère avant de descendre un peu et de remonter. Le train et l’autoroute alternent entre longs tunnels et petits ponts, alors que je reste au gros et chaud soleil. C’est de toute beauté.

À Exilles, je passe au pied d’un spectaculaire fort médiéval ; le village est à l’avenant. Nouvelle descente vers Oulx, une vallée plus large et industrielle. Dès la sortie du village, la montée reprend, assez facile. Point de vue végétation, je me croirais au Québec, mais les montagnes sont bien d’ici. Que c’est beau !

Cesana Torinesa, le village suivant, prélude aux choses sérieuses. La montée est soutenue, en larges lacets. Je vois la route où je m’en vais, bien au-dessus de moi.

Après un dernier virage en épingle, un tunnel de près de 2 km est interdit aux vélos. Ce n‘est pas indiqué, mais l’ancien tunnel est resté disponible. C’est bien confortable, éclairé par une série d’ouvertures dans la falaise. Tout près de Clavière, dernier village italien, j’entends des voix venues de la falaise : trois jeunes gravissent une via ferrata vertigineuse. Beau terrain de jeu.

De retour en France, je passe le village et le col de Montgenèvre, puis la descente commence vers Briançon. Lacets et émotions garanties, ainsi qu’un paysage magnifié par le soleil qui baisse. J’arrive chez mes amis Étienne et Bénédicte vers 20 h 30. Il y aussi leurs trois enfants Évangéline, 18 ans, Joseph, 11 ans, et Aloys, 6 ans.

Le repas en famille est très agréable. Nous chantons quelques chansons – en plus d’une maman musicienne, Évangéline bénéficie d’une voix superbe qu’elle cultive. Étienne est couche-tard, les autres disparaissent progressivement pour une bonne nuit et je fais de même.

Statistiques
km jour : 102,6
km total : 2287
départ / arrivée : 8: 20 > 20 : 30
temps déplacement : 7 : 57
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 55,6

Torino : entrer et sortir


Torino – Ponte di Sassi, sur le Pô

2018-08-09, jeudi ; > Caselette (Torino) – 100 km
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Cette fois-ci encore, il a plu pendant la moitié de la nuit, mais ma tente et mon matériel sont restés bien au sec grâce à mon hôte. Au matin, je me prépare tranquillement et je suis en route peu après 8 h. Ce matin, c’est assez confortable côté température, mais le ciel reste hésitant et le temps très humide. Comment sera la fin de journée ?

La ville d’Ivrea est bien jolie, mais les indications routières sont moins précises qu’en France ou en Suisse. Je réussis à quitter la ville par le chemin prévu, mais au prix de quelques hésitations.

Jusqu’à Romano, je roule en plaine, mais ensuite débute une bonne montée. Alors que ça semble fini, un virage montre une nouvelle montée. Après un dernier virage, l’explication figure sur un panneau : Paso di Santa Croce, 359 m. Ce n’est pas la plaine…

La descente à partir de Montalenghe est bien agréable, et ensuite c’est vraiment la plaine. En chemin, une équipe s’affaire à débarrasser les fils électriques d’un gros arbre tombé hier, et il y a d’autres dégâts. Ça a cogné dur.

Ensuite, la route est sans histoire jusqu’à Chivasso et le pont du Pô, le fleuve de la région. D’une bonne largeur, il est bien brun à la suite des récents orages. Je le longe par sa rive sud, moins urbanisée. À Gassino, une piste cyclable. C’est joli, calme, mais le gravier règne. Je la quitte à St Mauro.

En cherchant mon chemin, je constate que la conduite du vélo change : crevaison arrière, la première du voyage. Un éclat de roche bien acéré s’est logé dans mon pneu. La réparation est facile, mais demande de décharger complètement le vélo, de l’installer à l’envers et de prendre du temps, évidemment.

De retour sur la route, je me retrouve devant deux options aux allures d’autoroute. Un cycliste arrive et me guide en français. Des pistes cyclables suivent les deux rives du Pô. J’essaie la piste nord, mais elle se perd le long d’un affluent du fleuve et risque de me mener un peu trop en ville. Je reviens vers la piste sud.

À la suite de ma crevaison, mon pneu arrière est un peu mou, Une affiche indique une boutique de vélo. Même si nous sommes à l’extérieur des heures, le patron m’ouvre et gonfle mon pneu le mieux possible. Il a conçu deux modèles de vélos électriques qu’il fait fabriquer en Chine et vends ici. Nous discutons itinéraires : il me suggère le Val de Susa et un itinéraire pour traverser Torino.

Cet itinéraire semble assez facile, mais il y a très peu d’indications aux intersections. Je visite des grandes avenues, des zones commerciales, des quartiers plus modestes, sans savoir exactement où je suis. Grâce aux généreuses explications des passants – en italien, avec parfois des bribes de français et d’anglais –, je finis par sortir de la ville par une quasi autoroute bien stressante mais qui me mène à la bonne route. Entre temps, une petite averse bien prévisible a peut-être donné un avant-goût de la soirée.

Ensuite, c’est plus simple côté orientation, mais la circulation est dense. J’arrive enfin à la campagne. Selon ma carte, il y aurait un camping à Caselette, le dernier avant un bout de temps. Après 100 km et sous un ciel toujours menaçant, je juge que c’est bien raisonnable de m’arrêter maintenant.

Le camping propose un minuscule chalet, à peine plus grand que ma tente. Pour 9 € de plus, il offre le confort en cas de pluie, une tente garantie sèche, une installation rapide, une table à pique-nique et l’électricité. Un bon investissement pour ce soir.

Marc, un français réservé qui voyage avec voiture et vélo, m’accueille très gentiment. Après douche, repas et vaisselle, je jase avec Jordi, mon voisin de Barcelone qui randonne un peu partout avec sa femme et trois jeunes enfants. En face, une famille espagnole avec un tout-petit ; leurs voisins, deux jeunes français, puis trois néerlandais : le camping est vraiment international, même si les italiens sont nombreux.

Côté météo, surtout du vent, avec à peine quelques gouttelettes, alors j’écris mon journal dehors, sur la table à pique-nique. Comme Jordi a une pompe à vélo, je peux mettre mes pneus à la pression requise. Ensuite, j’entre « chez moi » pour trier les photos, un bon travail. Quand je me couche, il n’a toujours pas plu, le vent s’est calmé et je suis très heureux d’avoir complété mon travail.

Statistiques
km jour : 99,3
km total : 2184
départ / arrivée : 8: 10 > 17 : 30
temps déplacement : 6 : 13
vitesse moyenne : 15,9
vitesse maximale : 46,6
Camping : 22,00 €

Le Val d’Aoste


Bard – Forte di Bard

2018-08-08, mercredi ; > Ivrea – 70 km
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Il a plu pendant la moitié de la nuit, alors mon double toit est trempé ce matin. Heureusement, l’eau n’entre pas dans ma tente quand elle est bien montée, mais rien ne sèche dans cette atmosphère chargée d’humidité.

Debout à 6 h, je suis en route une heure plus tard. Les quelques cyclistes ou coureurs qui m’ont vu en passant n’ont pas semblé étonnés, ils m’ont simplement salué.

Le ciel est pratiquement dégagé, et le soleil fait naître des volutes de vapeur quand il darde ses rayons sur la végétation. C’est très joli.

La piste cyclable, excellente, longe le fleuve Dora Bàltea sur quelques kilomètres, puis s’en éloigne pour contourner une réserve faunique avant de se terminer. Je déjeune dans un petit village où de délicieuses sources fraîches coulent un peu partout.

Il s’agit maintenant de me procurer une carte de la région. À la station service, une carte du Piemonte est disponible. C’est parfait, même si jusqu’ici j’ai suivi la seule route existante, puisque je suis dans une profonde vallée.

C’est vraiment magnifique. La rivière, brune et rageuse à cause des pluies récentes, coule au fond de la vallée. Tout autour, selon l’espace disponible, villages, cultures et infrastructures – route, autoroute, train, canaux d’irrigation – sont disposés au mieux. Plus haut, de petits villages sont accrochés un peu partout avant de laisser se dresser d’immenses murs de pierre aux sommets découpés.

Comme la région est fréquentée depuis longtemps, ont y croise régulièrement des châteaux fortifiés du Moyen-Âge, et même quelques infrastructures romaines.

Trois cyclistes me rejoignent, les mêmes qui montaient le col hier matin. Simone, Enrico et Nicoló sont partis de Genève il y a quelques jours et rentrent à la maison ce soir. Belle rencontre, à nouveau, avec ces trois jeunes hommes.

Parfois, la vallée étroite devient un défilé où la rivière coule dans une gorge. Le rail et l’autoroute gèrent ces obstacles avec une série de tunnels. Entre Châtillon et St Vincent, ma route monte et offre de splendides vues.

Plus loin, à Bard, la route contourne le rocher où trône une splendide forteresse. Avec le pont romain, l’ensemble vaut le coup d’œil. Certains petits villages bien typés, dont Donnas, sont ravissants.

Deux remarques sur le Val d’Aosta. Le français y est très présent, devançant parfois l’italien. Plusieurs le parlent, et il s’affiche fièrement. Ça me donne l’impression d’une forme d’affirmation régionale. Aussi, je trouve de temps en temps des indications pour la Via Francigena. Cet itinéraire conduit les marcheurs de la cathédrale de Canterbury, en Angleterre, jusqu’à celle de Rome, au Vatican. Axe de communication majeur au Moyen-Âge, il vient d’être réhabilité et attire déjà les pèlerins – j’avais croisé au col un jeune allemand en route pour Rome.

Je ne m’ennuie pas, mais je sens la fatigue et la chaleur – 34°, selon mon équipement ; 38° selon une enseigne. En tout cas, c’est chaud. Je souhaite une douche et du repos, donc un camping. Sur ma carte, il y en a trois autour de Ivrea alors qu’il faudrait dépasser Torino pour les suivants. Je choisis Ivrea.

Avant d’entrer en ville, je prends la côte à gauche et je suis les indications jusqu’au bout d’un tout petit chemin et d’une allée de gravier. J’ai un doute. Effectivement, le camping est fermé. Il reste une miellerie et une auberge, mais le patron, dans un excellent français, m’invite à planter ma tente et à profiter des installations sanitaires.

Je monte la tente, qui a grand besoin de sécher – c’est vite fait –, et je passe à la douche. L’endroit est calme, parfait, mais infesté de moustiques. Je m’installe donc dans ma tente pour écrire, malgré les 35° qui y règnent. C’est moins pénible que ces bestioles. À l’heure du repas, je constate avec plaisir que les moustiques sont en pause.

Vers 20 h, scénario connu, ça se met à gronder à l’étage supérieur. Peu après, mon hôte m’interpelle : « Aie, le canadien, l’orage s’en vient. Veux-tu mettre ta tente sous la véranda ? Sous un arbre, ce n’est pas très bon. » « L’arbre, c’était pour le soleil. C’est une excellente idée, j’espère avoir le temps… »

Je procède le plus vite possible, et tout est déménagé alors que tombent les premières gouttes. Quelques secondes plus tard, l’orage se déchaîne : forte pluie, gros vent, éclairs, tonnerre, la totale. La vérandai fait son œuvre, je reste au sec et, surtout, en sécurité. Je prends des notes pour demain soir…

Afin de bien dormir, je rentre quelque minutes afin de remercier mon hôte si prévenant. Jean-Pierre – sa mère était française – et sa femme tiennent un gîte selon la formule agrotourisme et sont en même temps apiculteurs. Le monde est bon.

Il est 22 h 00, je me couche accompagné du bruit de la pluie qui se transforme tranquillement en une série d’averses.

Statistiques
km jour : 72,2
km total : 2085
départ / arrivée : 7: 00 > 15 : 30
temps déplacement : 4 : 52
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 44,7

Le Grand-Saint-Bernard


Au col

2018-08-07, mardi ; > Aoste – 100 km
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Mon très sympatrique coloc se lève tôt et prend la route aux premières lueurs, un peu avant 6 h. Comme je suis éveillé et que j’ai de l’électricité pour l’ordi, je décide de terminer la mise à jour du journal. À 7 h, c’est chose faite. À 7 h 45, je suis en route sous un ciel bien dégagé. Scénario connu…

Tout de suite, la montée est solide, et le paysage de toute beauté. Plus je gagne en altitude, plus c’est beau, et je sais que je monterai une bonne partie de la journée.

Quelques cyclistes grimpent légers pour redescendre en vitesse, mais je suis presque seul avec bagages. Trois jeunes avec sacs arrières seulement montent rapidement – par rapport à moi –, et c’est tout. Jusqu’au sommet.

Juste avant l’intersection vers Orsières et Champex-Lac, des ouvriers achèvent le ménage après les débordements d’hier. De gros cailloux, du poids d’une voiture, de petits cailloux, et beaucoup de boue ont recouvert la route quand le torrent a débordé… d’enthousiasme, à la suite des orages.

À Liddes, une averse. Comme il est temps de manger, je m’abrite devant un garage et laisse tomber le gros de l’eau. Pas de problème.

À Bourg-St-Pierre, le soleil est revenu. Je remets de la crème solaire, puis la route entre sous un pare-avalanches, un presque tunnel – une face est ouverte, vers la vallée – de 6 km. Elle monte vers le barrage des Toulles puis le long du lac homonyme, offrant de multiples vues.

Lors d’une pause, une voiture s’arrête hors route, à côté de moi. D’où vient-elle, avec sa plaque marquée TR ? John, anglais, et Nadejda, bulgare, sont partis d’Istanbul, en Turquie, avec ce véhicule de location. Pour le moment, ils se dirigent vers l’Angleterre en faisant de nombreux détours, mais ils disent viser le Japon. À voir. En revanche, ils sont très gentils et m’offrent deux verres d’un excellent jus de fruits, boisson que je ne transporterais évidemment pas.

La route est couverte jusqu’à l’entrée du tunnel. J’émerge donc pour les six derniers kilomètres de montée, les plus abrupts. Le défi est de taille, les lacets se succèdent, mais c’est spectaculaire. Heureusement, il y a peu de circulation et les gens sont prudents quand ils passent à ma hauteur, une bonne idée avec cette route acrobatique.

Juste avant le sommet, un cycliste avec bagage léger me rattrape et nous l’atteignons à quelques instants d’intervalle. Patrice a quitté Bourg-en-Bresse hier, a dormi à Chamonix, et a donc gravi trois bons cols aujourd’hui : les Montets, La Forclaz (descente jusqu’à Martigny) et le Grand-Saint-Bernard. Tout un cycliste ! Dans mon cas, j’ai monté 47,8 km à une vitesse moyenne de 8,3 km/h. Avec les pauses, j’y ai mis près de 9 heures.

Après les photos d’usage, il me suggère de passer par Turino, car la météo s’annonce douteuse en montagne pour les prochains jours. René, un bénévole de l’Hospice, confirme la chose, appuyé par un ciel gris de plus en plus menaçant.

Alors que j’amorce la descente, la pluie passe à l’offensive. Elle est drue, glaciale, parfois mêlée de grêle. C’est, disons-le, inconfortable. Je descends le plus rapidement possible dans les circonstances, renonçant presque à photographier un paysage encore plus extraordinaire que celui de la montée. Bref, je m’enfuis.

Plus bas, la pluie cesse et la température devient un peu plus clémente. Je considère très sérieusement la suggestion de Patrice. Décision prise : ce sera Turino. Je profite aussi de cette descente exceptionnelle pour installer ma caméra sur le vélo et filmer. Je rejoins Aosta sans difficulté, réussissant même à réchauffer mes doigts.

Depuis le sommet du col, je suis en Italie, un pays dont je ne connais pas la langue. Je réussis quand même à comprendre les explications me menant à l’essentielle épicerie.

Ensuite, le camping. Je descends jusqu’à la rivière. Il y a un camping, mais il est fermé. Un homme m’indique où trouver de l’eau et un autre camping. Pour l’eau, ça va, mais en fait de camping je ne trouve qu’un dépotoir. Pas idéal.

Une piste cyclable longe la rivière. Je la prends. Devant moi, une masse grise s’avance. Pluie ou brouillard ? Il est tard, je plante ma tente en vitesse à quelques mètres de la piste, près d’une rangée d’arbres, et je m’y réfugie au plus vite. J’ai à peine le temps de manger avant que la nuit soit totale. Je me couche, et bientôt la pluie commence, forte. Est-ce que c’est pour quelques heures ou pour quelques jours ? Sujet palpitant de méditation nocturne.

Statistiques
km jour : 99,4
km total : 2013
départ / arrivée : 15: 05 > 18 : 45
temps déplacement : 12,3
vitesse moyenne : 12,3
vitesse maximale : 55,7

Les hauts et les bas


Lac des Dix

2018-08-06, lundi ; > Martigny – 40 km
Sommaire


La nuit, en montagne, nous profitons de la fraîcheur et du calme. J’ai donc très bien dormi. Le matin est rayonnant quand nous nous levons, mais la canicule sévit sur l’Europe, avec des températures anormalement chaudes. Ici, nous sommes protégés des pires effets.

Au programme ce matin, une autre petite virée en voiture. Nous descendons d’abord pour voir de près les pyramides d’Euseigne, un étonnant phénomène géologique. Sur une moraine très friable, quelques cailloux ont protégé de l’érosion le sol les supportant, et se sont ainsi retrouvés au sommet de colonnes pointues, tout le reste ayant été lessivé.

Le site est évidemment protégé, mais un militaire a déjà manifesté son génie en en visant une à titre d’entraînement pour l’artillerie… Bravo, champion.

Pendant que j’admire le paysage, François-Xavier part à la recherche de ses clefs de voiture. Il les avait en arrivant, évidemment, mais où sont-elles ? Dans ses poches ? Dans ses sacs ? Dans la voiture ? Dans l’herbe ? Non… Finalement, je les retrouve sur un banc, à 3 m de là. Nous pouvons repartir.

Nos repartons vers les hauteurs. Ici, les routes sont un exploit du génie humain, et celle-ci en est un bon exemple. De flancs de montagne en lacets, nous grimpons rapidement et prudemment sur un étroit ruban noir où souvent deux voitures ne peuvent se croiser.

Nous atteignons le pied de la Grande Dixence, un monumental barrage hydroélectrique. Plus de 100 km de tunnels acheminent de l’eau depuis les vallées aux alentours via une quarantaine de captages et plusieurs usines de pompage. Avec ses 285 m, presque la hauteur de la Tour Eiffel, il ferme une vallée étroite.

Un téléphérique nous emmène en haut profiter du paysage et du temps magnifique. À bord, Louis, sympathique cyclotouriste, est le premier québécois que je rencontre depuis que j’ai quitté l’aéroport.

François-Xavier et moi longeons d’abord la rive ouest, seule accessible par une série de tunnels creusés à même la falaise. Entre les tunnels, les points de vue sur les montagnes, les glaciers et le lac sont fabuleux. Nous revenons vers la crête du barrage avant de redescendre, car le temps est court. Je serais resté longtemps à explorer cet environnement exceptionnel.

Nous redescendons au chalet où nous attendent Bernard, frère de François-Xavier et avec qui il partage aussi la maison de Sion, et Albin, un ami. Le repas concocté par frérot est excellent, tout comme les conversations. Mais le départ est proche.

François-Xavier et moi redescendons en plaine, passant de 24° à 35°. Ouf ! Je me prépare et je prends la route vers 15 h.

Rapidement, je traverse le Rhône et roule sur sa rive sud, d’abord sur route puis au milieu des arbres fruitiers et des vignes. C’est chaud, brumeux, magnifique et venteux, de face. Plus j’approche de Martigny, plus le vent forcit et plus les nuages s’assombrissent, accompagnés de quelques coups de tonnerre. Puis les nuages sont partout.

En entrant en ville, je visite une arène romaine, et arrive une averse : je me mets à l’abri à côté d’une fontaine. En reprenant la route, un panneau indique que le col et le tunnel du Grand Saint-Bernard sont fermés. Des orages violents ont provoqué un débordement de rivière.

Je suis déterminé, mais pas téméraire : je me dirige rapidement vers le camping local où je choisis l’option dortoir. Après le repas et la douche, la pluie forte commence pour plusieurs heures.

J’accueille mon coloc de ce soir, un colosse aux cheveux très courts et à l’abondante barbe en broussaille. Johannes est parti de l’Autriche, son pays, depuis trois mois et il marche par les montagnes jusqu’à Cannes. Ce n’est pas son premier voyage : passant par la Russie, il s’est déjà rendu à pieds à Jérusalem et en est revenu de la même manière. Il est également écrivain, ermite et prêtre. Tout un personnage !

En soirée, en écoutant la pluie tomber à verse, je m’attelle à la mise à jour mon journal, bien négligé ces derniers temps. Quand mon collègue se couche, je migre au salon alors que la pluie cesse pour un temps. À mon retour à la trop chaude chambre, je devine quelques étoiles et je m’installe sans bruit.

Statistiques
km jour : 38,1
km total : 1913
départ / arrivée : 15: 05 > 18 : 45
temps déplacement : 2 : 28
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 38,2
Camping : 24 Fr