Un Tableau spectaculaire

Le Tableau

> Anse du Gros-Ruisseau – 15 km
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Site magnifique, nuit parfaite. Et ce matin encore le soleil est maitre incontesté du firmament. En ce qui concerne le Saguenay, la marée est haute, ayant presque rejoint les kayaks. Ce n’est pas un problème, nous les avions grimpés à la lisière de la forêt et les avions attachés, comme il se doit. Ici, comme pour la plupart des campings, il n’y a pas d’autres accès que par l’eau.

Le solide vent de face d’hier est de retour. Il faut donc travailler constamment pour avancer, et la jupette reste de rigueur. Si dans les anses nous sommes un peu protégés, il faut passer les pointes à la force des bras. Samuel et moi sommes à l’aise en solo, Claire et Virginie sont très heureuses de naviguer en duo.

Le paysage est superbe. En plus de la lumière parfaite qui fait éclater les couleurs, l’environnement est presque totalement sauvage. Il faut dire que les rives sont assez escarpées, sans accès terrestre. C’est carrément spectaculaire. Corolaire: il est impossible d’accoster sur une grande proportion de la côte.

En mi-journée, une belle plage nous accueille pour reposer nos bras, dégourdir nos jambes, combler nos estomacs et autres besoins de base. Ça ressemble au paradis. Le moral est au zénith, en compagnie du soleil. Nous profitons longuement du site avant de reprendre la navigation.

Les rives sont de plus en plus escarpées. C’est vraiment spectaculaire. Vers le milieu de l’après-midi, nous passons au pied du Tableau, une paroi lisse d’environ 200 m de haut. Que c’est beau! Il est 17h quand nous accostons à l’Anse du Gros-Ruisseau, notre camping d’aujourd’hui.

Nous ne sommes pas tout à fait à destination: il faut monter les kayaks en grimpant sur les grosses roches jusqu’en haut de la ligne de marée. À quatre, c’est quand même un peu plus plus facile. Nous insérons des pagaies dans les poignées avant et arrière, puis nous portons à quatre. Les kayaks solo peuvent se transporter pleins, mais il faut vider le tandem avant de le déplacer, car il est bien plus lourd.

Cette soirée est à l’image de la précédente, un peu moins fraiche puisque le ciel se couvre tranquillement. Logistique campement, repas, feu de camp et guitare sont au programme. Nous ne veillons quand même pas tard, car les journées sont intenses et celle de demain ne devrait pas faire exception.

Initiation intense

Premiers coups de pagaie.

> Anse à Didier – 15 km
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La nuit a été excellente, comme prévu, mais le matin est occupé. Nous avons beaucoup de bagages, bien rangé dans une kyrielle de sacs étanches. Nous récupérons le kayak tandem de Monique, qui sera pour Claire et Virginie, et un kayak solo de ses voisins aubergistes pour Samuel. C’est aussi chez eux que nous mettons à l’eau.

Le miracle habituel se réalise: tout entre dans les caissons, sauf la vieille guitare que je prête à Samuel. Il y a un peu d’adrénaline au moment du départ, car mes amis sont tous novices, mais les embarcations sont stables, confortables et très sécurisantes. En revanche, et c’est exceptionnel ici, il y a un bon vent d’est, donc de face, qui nous accompagnera toute la semaine.

C’est donc exigeant dès le départ. La jupette, qui évite que l’eau envahisse les habitacles, est de rigueur, et il faut travailler fort en continu. D’un autre côté, c’est tellement beau, avec le ciel bleu, le soleil, l’eau et les côtes, et confortable côté température. Ainsi, tous sont éventuellement à l’aise avec la conduite des embarcations.

La première étape est courte: il avait été entendu que nous mangerions sur la berge au Site de la Nouvelle-France, là où travaille Monique. À cause de la Covid, le site est fermé cette année, et seule une petite équipe restaure des édifices fragilisés par les ans et un entretien moins que minimal.

Comme prévu, sortir des kayaks pour se délier les jambes fait grand bien. Ce qui n’avait pas été prévu, c’est un concert de musique traditionnelle, gracieuseté de Étienne et Sara, collègues et amis de ma sœur. Ça ajoute une touche supplémentaire de magie à une journée qui n’en manque déjà pas.

Après cette pause bienvenue, nous reprenons la navigation, toujours avec ce fort vent de face. Il est plus facile d’avancer en longeant la rive et en profitant des multiples anses, ce que nous faisons de notre mieux. Il est 16h quand nous accostons au camping, repérable avec la carte que je suis minutieusement et par un drapeau du Québec flottant au vent.

Situé en face de Sainte-Rose-du-Nord, le site est magnifique. Nous montons les tentes sur des plateformes, puisque le terrain est pas mal accidenté. C’est facile et confortable. Nous nous retrouvons pour le repas, un bout de soirée, de la musique, puis nous plongeons dans nos tentes pour un sommeil bien mérité.

Sur la route

Pause photo à Baie-Saint-Paul

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Été 2020. Avec les beaux jours, la pandémie s’est résorbée. Pour combien de temps? Nous aurions pu perdre des joueurs, mais un test négatif a permis à tous d’être là. Comme ma voiture électrique n’est pas en mesure de prendre de telles charges sur ce trajet, nous voyageons avec la voiture de Samuel sur laquelle il a été possible de bricoler une installation de barres de toit pour un kayak et un vélo.

Nous partons à trois de chez moi. La route est facile, nous sommes de bonne humeur et il fait très beau. Nous dînons à Deschambault, dans le vieux cœur villageois, avec vue sur le toujours spectaculaire fleuve Saint-Laurent.

Après Québec et la Côte de Beaupré, nous attaquons de Charlevoix. Ici, en dehors de quelques villages, nous roulons toujours en montagne. Le ciel est maintenant un peu gris, mais nous profitons bien des paysages et des solides côtes de la région. Nous redescendons à Baie-Saint-Paul, puis nous prenons la route longeant plus ou moins le fleuve qui, par ici, a plus de 10 km de large. Nous en profitons lors d’un petit arrêt à Saint-Irénée.

À La Malbaie, nous avons rendez-vous avec Virginie, qui était déjà dans la région. L’équipe est maintenant complète… et la voiture pleine. Il reste encore pas mal de route, toujours montagneuse et de plus en plus isolée.

Après Saint-Siméon, nous quittons le fleuve pour remonter vers le nord-ouest. La journée est déjà bien avancée quand nous arrivons chez Monique, mais il reste quelques tâches urgentes: vider la voiture, décharger kayak et vélo, puis reprendre la route pour aller porter la voiture de Samuel à l’Anse-Saint-Jean. C’est notre tâche, à Samuel et moi.

Samuel prends sa voiture, je prends celle de Monique, et nous refaisons un bon bout de la route parcourue plus tôt. Sur place, nous réglons la question du stationnement, et nous revenons à la maison alors que la nuit tombe.

Après un excellent repas en bonne compagnie, nous révisons le matériel et nous installons pour la nuit, heureux et fébriles à l’idée de la belle aventure qui nous attend demain.

Le Saguenay en kayak – juillet 2020

Au large de l’Anse-Saint-Jean

Le Saguenay n’est pas un long fleuve tranquille: c’est une rivière exigeante aux grandes marées, mais aux paysages inoubliables. Été 2020, alors que la pandémie est en pause, nous faisons de même en passant quelques jours à y naviguer. Bonheur.

Les navigateurs
Claire: xavière d’origine française, habite Toronto
Réal: québécois, habite Montréal, seul kayakiste d’expérience
Samuel: d’origine française, habite Montréal
Virginie: xavière d’origine française, habite Montréal

Sur la route
2020-07-13
> La Baie

Initiation intense
2020-07-14
> Anse à Didier – 15 km

Un Tableau spectaculaire
2020-07-15
> Anse du Gros-Ruisseau – 15 km

Trinité et Éternité
2020-07-16
> Delta (Baie Éternité) – 12 km

Déluge et arc-en-ciel
2020-07-17
> Anse de la Tabatière – 12 km

Amitiés en gros
2020-07-18
> Anse-St-Jean – 5 km
> La Baie > Bergeronnes

Remonter le Fleuve
2020-07-19
> Tadoussac > Montréal

Post-scriptum inattendu

Avec Lise et Jean-Pierre

2019-08-13, mardi
Montréal
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Fin d’après-midi, retour de l’épicerie sur deux roues, comme il se doit. Au feu de circulation juste devant moi, un couple, deux vélos bien chargés, avec des drapeaux connus : France et Franche-Compté. Devant mon entrée, nous échangeons quelques mots, et j’invite Jean-Pierre et Lise à rester chez moi ce soir, offre acceptée immédiatement. C’était une excellente idée.

Un peu plus âgés que moi, mes invités en sont à leur premier voyage à vélo. Une première tentative avait échoué : les vélos avaient brisé après quelques centaines de mètres. Cette fois-ci, leurs montures sont neuves et de bonne qualité.

Ils sont sur la route depuis un peu plus de deux mois, mais leur trajet est presque terminé puisqu’ils sont partis de Vancouver pour se rendre à Montréal. Ils ne sont plus pressés, leur avion décollant dans plusieurs jours.

Ils s’installent au sous-sol, où je peux accueillir quelques personnes. Après de bonnes douches, nous passons à table car j’ai tout ce qu’il faut pour nous alimenter. Ils découvrent avec bonheur le maïs en épis, alors que le repas se conclut avec fruits frais, yogourt et sirop d’érable. Si le repas est bon, les conversations sont excellentes : ce sont des gens très agréables.

Nous profitons du beau temps et du soleil rayonnant pour prendre une bonne marche dans le quartier, particulièrement le long de la rivière des Prairies. Au retour, nous sortons quelques guitares puisque Jean-Pierre est aussi musicien. Excellente soirée, qui précède leur première nuit à l’intérieur depuis leur départ.

Reprendre la route

2019-08-14, mercredi
Montréal

Au matin, personne ne se lève tôt : tous, nous avions besoin de repos.
Nous prenons notre temps, profitant de cette rencontre inattendue. Mes invités reprennent la route en fin d’avant-midi. Je décide de les accompagner afin de leur permettre de profiter des nombreux parcs sur l’itinéraire.

Au Bois-de-Liesse, nous nous retrouvons en forêt, mais c’est un peu compliqué car une section importante de piste est fermée. Nous sommes obligés de revenir sur le boulevard Gouin, mais ensuite le secteur de la Péninsule est très agréable avec quelques hérons et les vues sur la rivière.

Nous reprenons Gouin dans le secteur plus calme du Bois de Saraguay, puis traversons un quartier de maisons luxueuses jusqu’au Parc Beauséjour, rendez-vous des familles du quartier qui sont nombreuses à y pique-niquer.

Une passerelle dans le bois, une série de rues résidentielles, et nous rejoignons le Parc Raimbault. À partir d’ici, la piste cyclable qui suit la rivière est bien identifiée et agréable. C’est le temps de nous saluer, souhaitant des retrouvailles dès que possible.

En nous libérant de nos sécurités, de nos boites en brique ou en métal, en rendant possible la rencontre avec ses risques et ses joies, le vélo nous ouvre à notre environnement et aux autres. C’est ainsi un moyen fabuleux de devenir plus humains, ensemble. Une dernière fois, bonne route et bonnes rencontres !

Les derniers kilomètres

À la maison, urgence gazon

2019-08-03, samedi
> Montréal – 34 km / 2265 km total
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Une autre excellente nuit, mais je me lève tôt. Ici, tous dorment encore, sauf Jean-Pierre qui est au travail, devant voir quelques patients ce matin. Il revient, alors que les autres émergent tranquillement.

Le vélo sera populaire aujourd’hui : Pierre-Andrea prend le sien pour aller travailler, Jean-Pierre, Diane et Marilena partent légers vers Varennes afin de s’entraîner, et je reprend mon vélo bien chargé pour rentrer chez moi. Tout le monde décolle vers 9 h 15.

Ce matin, il fait un temps radieux et déjà chaud. Je ne me presse pas : j’ai choisi de prendre la navette fluviale plutôt que le pont Jacques-Cartier. Celle-ci partant à la demie de chaque heure, je prends celle de 10 h 30. j’ai donc du temps pour écrire au bord de l’eau avec le panorama de la ville et le chaud vent d’été.

La traversée et bien agréable, avec le Montréal en paysage et la lumière éclatante. Un homme ayant pédalé Montréal-Québec aller-retour s’intéresse à voyager plus loin, appréciant de retrouver la forme.

Montréal est une belle ville ce matin encore, avec sa population vive et bigarrée, ses conversations en toutes les langues et son effervescence joyeuse. Je roule maintenant sur un itinéraire cyclable bien connu : l’axe Berri-Christophe-Colomb, puis le boulevard Gouin.

Il y a pas mal de circulation à vélo et quelques conversations en cours de route, des travaux encadrés des maintenant célèbres cônes orange, des détours un peu précaires, bref, la ville. Un peu avant la rue Fleury, une jeune femme achève le remplacement d’une chambre à air après une crevaison. Je lui donne un coup de main pour regonfler avec ma pompe plus puissante que la sienne. Le vélo est une machine pour rencontrer les gens.

Comme prévu, le ciel s’ennuage, mais il n’y a rien d’inquiétant. Près du pont Viau, un petit trio jazz s’exécute dans une cour, alors qu’une famille est attablée sous les arbres. Voilà, j’ai maintenant du Aznavour dans la tête.

À part quelques chantiers, la route n’a guère changé. J’arrive chez moi sans difficulté après une jolie boucle de plus de 2250 km. Je me lance dans un petit ménage du terrain devant la maison, en peu envahi de broussailles ; sinon, tout est bien en ordre. Le reste de la journée est bien calme, je rattrape un peu l’actualité, remplis le frigo et complète la rédaction du journal.

J’aime ces voyages : découvrir des lieux nouveaux et souvent magnifiques, rencontrer des gens fascinants au hasard de la route ou au nom de l’amitié, vivre un peu d’inconnu et d’aventures, sortir des zones de confort tant physiquement que mentalement tout en redécouvrant le plaisir de la liberté non planifiée, égarer quelques kilos inutiles, toutes ces raisons et bien d’autres me font me sentir pleinement vivant.

Oui, mon lit sera bien confortable, mais je m’en arracherai avec joie quant une nouvelle aventure se pointera et m’invitera à repartir en me souhaitant : « Bonne route ! »

Statistiques
km jour : 34,2
km total : 2265
départ / arrivée : 9 : 15 > 13 : 00
temps déplacement : 2 : 05
vitesse moyenne : 16,4
vitesse maximale : 40

Terre promise en vue

Longueuil – vue sur Montréal

2019-08-02, vendredi
> Longueuil – 103 km / 2231 km total
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En camping sauvage, je me lève tôt. Debout à 5 h, je suis en route dès 5 h 45, admirant le soleil qui émerge à l’horizon. Je n’ai que rangé mon matériel, dont ma tente trempée de rosée ; le reste attendra.

C’est plutôt frisquet, avec un petit 12°, mais le beau temps chaud sera visiblement au rendez-vous. Je déjeune à Yamaska, sur le perron de l’église, puis je prends la route pour vrai.

Si le terrain est plutôt plat, la route et son accotement sont en excellente condition, ce qui n’a pas toujours été la cas.

Après quelques kilomètres, je quitte la 132 pour rouler sur La Sauvagine, une piste cyclable sur une ancienne voie ferrée parallèle à la route. C’est facile et agréable, essentiellement sous couvert forestier, et j’arrive confortablement jusqu’au cœur de Sorel.

Pour en sortir vers l’ouest, c’est autre chose. Pas de piste cyclable, route usée, puis traversée d’une spectaculaire zone d’industrie lourde, avec bâtiments massifs, trains, cheminées et torchère. Une beauté… différente. En prime, les camions desservant le port défilent l’un derrière l’autre dans leur aura de poussière et de bruit.

Heureusement, ça ne dure pas et la 132 redevient champêtre, avec des maisons le long du fleuve à ma droite, des champs et des bois à ma gauche.

En entrant à Contrecœur, j’arrête à un ancien moulin à vent, une belle tour ronde en pierre. Contre toute attente, elle n’est pas verrouillée et je peux la visiter facilement.

Un peu plus loin, je rattrape un cycliste et rapidement nous avançons de concert. Marcel a 76 ans et semble bien plus jeune, il roule de 30 à 50 kilomètres par jour, puis prends soin de sa femme atteinte de sclérose en plaques. Un homme très sympathique, nous passons d’excellents moments ensemble, jusqu’à Varennes, où il habite. Il me conduit jusqu’à un grand parc au bord de l’eau.

Je dîne là, me rappelant y être venu en décembre dernier en attendant un concert de mon ami Jean. La pause fait du bien, car même si le vent a été moins présent la chaleur et la distance sont là.

Je repars sur piste cyclable, d’abord dans le parc, un peu sur des routes anciennes ou peu utilisées puis le long de l’eau. À Boucherville et Longueuil, l’aménagement est excellent et fréquenté. Une solide passerelle assure un trajet confortable, sécuritaire et spectaculaire, avec vue imprenable sur les battures et Montréal. Je ne suis plus très loin de chez moi, mais la fin du voyage sera pour demain.

Après le pont-tunnel, je croise deux passerelles qui surplombent la 132. Accessibles par des escaliers, elles ne sont pas pour moi. Je prends donc la troisième passerelle, avec des rampes de chaque côté, puis je reviens sur mes pas vers la maison de mes amis. Le trajet se termine sur une piste cyclable en plein bois, et j’arrive chez mes amis vers 14 h 30.

Je sonne à la porte, pas de réponse. Jean-Pierre m’avait envoyé par message texte le code d’ouverture du garage, je l’essaie, sans succès. Je vais dans la cour, et Jean-Carlo est là, en plein travail. Avec ses écouteurs, il n’avait pas entendu le carillon.

Nous sommes bien contents de nous retrouver. Avant de prendre une bonne douche, je lui donne un petit coup de main dans ses travaux. Pierre-Andrea arrive aussi, à vélo.
Après la douche, Jean-Pierre, Clara et Marilena arrivent en ordre dispersé. Nous préparons le souper, alors que les jeunes repartent pour la soirée, sauf Marilena qui se repose de sa semaine de travail intense – stage en psychiatrie.

Finalement, Diane se joint à nous à son retour du travail, elle aussi sur deux roues. Un peu plus tard, Michel et Micheline viennent finir la soirée avec nous. Ils arrivent d’un voyage tourisme et vélo, en particulier à Terre-Neuve, avec Jean-Pierre et Diane pour quelques jours, mais aussi sur la Côte-Nord. Quel beau voyage !

En fin de soirée, je sens la fatigue me tomber dessus. Comme Jean-Carlo ne dort pas ici, je m’installe dans sa chambre pour une nuit bien reposante, toutes fenêtres ouvertes dans la tourelle au sommet de la maison.

Statistiques
km jour : 102,6
km total : 2231
départ / arrivée : 5 : 45 > 14 : 30
temps déplacement : 6 : 01
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 33

132 un jour, 132 toujours

Leclercville – marée haute au camping

2019-08-01, jeudi
> Saint-François-du-Lac – 118 km / 2129 km total
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Ce matin, regardant par la porte de la tente, je vois l’estuaire de la rivière du Chêne qui se remplit avec la marée montante. Et elle monte, bien au-delà de ce que j’aurais imaginé. C’est de toute beauté, surtout que le ciel est carrément parfait. En plus, il ne vente presque pas.

Comme le camping est sans arbres, la température monte vite dans ma tente, je la vide et la déserte rapidement, je me prépare en admirant le décor et la marée, puis je pars.

Pour un bon bout de temps, la route est proche de l’escarpement et offre régulièrement de belles vues sur le fleuve. En approchant de Gentilly, elle s’en écarte, mais au pont de la rivière du même nom elle est remplacée par un itinéraire cyclable parallèle, moitié sur pistes, moitié sur routes désertes. C’est bien confortable malgré la chaleur qui s’installe.

Après Bécancour, je retrouve le Fleuve sur une route plus passante. À Ste-Angèle-de-Laval, il est temps de manger. Deux cyclistes sont attablés à l’ombre, je me joins à eux. Retraités, Jacques et Suzanne aiment bien le vélo, mais plus local. Cela n’empêche pas que la rencontre soit très plaisante.

Je me dirige ensuite vers le quai, car on m’avait parlé d’une navette fluviale permettant de passer sur la rive nord du fleuve. La rumeur avait raison : elle ne fonctionne que les fins de semaines.

Je reprends la route vers le Pont Laviolette. Conçu à une autre époque, il est interdit et impraticable pour les vélos. En arrivant sur place, je constate qu’il n’y a plus de navette. Parfois, des taxis sont disponibles, mais évidemment prohibitifs. J’aurai une autre lettre à envoyer : il est inconcevable qu’une telle infrastructure n’offre pas d’accès vélo digne de ce nom.

J’aurais voulu visiter mon oncle et ma tante à Trois-Rivières, mais j’hésitais car cette visite n’aurait été possible que demain. Ce sera une autre fois…

Je retrouve donc la 132, que je croyais avoir quittée pour de bon. Je rejoins Nicolet par une route directe, mais achalandée, puis par une jolie piste cyclable. À partir d’ici, la Route Verte fait de gros détours, alors je reste systématiquement sur la 132, qui se tient loin du fleuve. Pour cause : nous longeons la plaine inondable du lac St-Pierre. Je croise ma seule cyclotouriste du jour, mais nous ne pouvons nous arrêter à cause des nombreuses voitures.

À Baie-du-Fèvre, je m’enquiers d’une épicerie, mais il n’y a rien ici, à part un dépanneur de station-service. Ce sera à Pierreville, qui en a une, modeste mais suffisante. Ayant fait le plein, je décide de poursuivre sur la 132, espérant un camping sauvage : le seul camping de la région imposerait un détour significatif, et des orages sont possibles samedi après-midi.

Vers la toute fin de Saint-François-du-Lac, une vieille maison inhabitée est à vendre. J’examine les alentours : ça semble bon, gazon tondu, pas vraiment caché mais pas non plus très visible. Il y a le bruit quasi constant de la route à proximité qui masque le croassement du ouaouaron voisin, il faudra s’en accommoder.

Je mange assis dans l’escalier arrière, et à la brunante je monte la tente. Surprise : une lumière s’allume automatiquement et m’éclaire toute la nuit. Considérons le bon côté de la chose…

Je mange assis dans l’escalier arrière, et à la brunante je monte la tente. Surprise : une lumière s’allume automatiquement et m’éclaire toute la nuit. Considérons le bon côté de la chose…

J’ai enfin le temps de rattraper le retard du journal, il restera à m’occuper des photos. Je me couche tôt, car je partirai rapidement demain matin. J’espère que les voitures dormiront bientôt elles aussi.

Statistiques
km jour : 117,8
km total : 2129
départ / arrivée : 9 : 00 > 19 : 00
temps déplacement : 6 : 53
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 47

De la Beauce à Lotbinière

Leclercville – camping génial

2019-07-31, mercredi
> Leclercville – 107 km / 2011 km total
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Très tôt, ce matin l’orage est enfin venu. Travaillant de 5 h à 7 h, Émile était aux premières loges. Il pleut quand nous nous levons, mais la prévision indique la fin de précipitations pas trop tard en avant-midi.

Lucie et ses enfants vont à Québec ce matin en vue des déménagements à venir, puisque les deux y seront cet automne. Au moment de partir, Émile aperçoit une ombre brune près de la piscine : c’est, enfin, le minou manquant, complètement détrempé. Retrouvailles émues, Camille peut partir l’âme en paix. De mon côté, il reste quelques préparatifs, et je préfère attendre la fin de la pluie.

C’est donc peu avant 10 h que je me mets en route sous un ciel bien gris. Les paysages sont toujours jolis, et le vent a presque pris congé : je ne l’ai pas de face, mais de côté. En avant-midi, quelques rayons de soleil émergent, mais les nuages restent nombreux.

Je refais mes provisions à Saint-Lambert-de-Lévis, et je garde un œil prudent sur le ciel. Quelques gouttes, je me réfugie devant un garage le temps d’une bonne averse. Je repars, même scénario, mais pluie encore plus intense. J’arrive à mon abri temporaire juste à temps, et le déluge se déchaîne. C’est le dernier du jour.

Je longe encore la rivière Chaudière pour un temps, en en découvrant des nouveaux aspects, puis la route 171 s’en écarte pour de bon. Après la traversée de Saint-Nicolas et d’un gros chantier, intersection, je retrouve la 132.

Je croise coup sur coup un cyclotouriste, puis deux, mais il y a trop de circulation pour s’arrêter. Mais j’arrête plusieurs fois pour de vieilles maisons splendides et chargées d’histoire. En arrière-fond, le fleuve est un acteur spectaculaire et incontournable.

Les jolis villages défilent – Saint-Antoine-de-Tilly, Sainte-Croix, Lotbinière –, reliés par de longues sections champêtres. Ici, le tourisme a moins fait de ravages et la région est bien plus paisible.

En route, je longe deux réserves écologiques et le domaine Joly-de-Lotbinière. Il y a parfois de jolies descentes, mais toujours suivies de montées assez intenses, puisque la route et les villages sont sur un escarpement.

En chemin, je ne croise aucun camping. En passant à Lotbinière, je prends mes précautions et je fais le plein d’eau. Mais mon ami Google, qui sait bien des choses, m’indique un camping à Leclercville. Après plus de 100 km, c’est une destination raisonnable.

Surprise : c’est l’un des beaux campings du voyage. Il y a du monde, mais il n’y a aucun employé sur place, simplement un tronc pour y déposer l’argent.

Je suis le seul à camper sous tente, alors je dispose du plus beau site : au fond du terrain, à deux pas de la berge où la marée monte tranquillement, avec oiseaux et coucher de soleil, c’est splendide. En prime, je suis chaleureusement accueilli par Élise et Nadia, deux sympathiques trentenaires.

Le bloc sanitaire est loin, alors j’essaie de rentabiliser mes déplacements. J’y arrive pour la douche, et je constate qu’il me faudrait quatre pièces, que je n’ai pas. Sur place, Richard plonge la main dans son sac, en sort une poignée de monnaie et me donne ce qu’il me faut en échange, simplement, d’un merci bien senti. Du bien bon monde.

Je termine la soirée avec un appel à ma sœur Monique, et je m’endors, bercé par le bruit des vagues et du vent.

Statistiques
km jour : 107,1
km total : 2011
départ / arrivée : 9 : 45 > 18 : 45
temps déplacement : 6 : 20
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 48

Pause en Beauce

Avec Camille, Émile, Lucie et Noisette

2019-07-30, mardi
> Sainte-Marie – 54 km / 1904 km total
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Ce matin, il fait encore chaud même s’il est encore tôt. Ça ne risque pas vraiment de s’améliorer. Comme il y a de bons risques d’orages en après-midi et que tout est pratiquement prêt, je pars rapidement après le petit déjeuner.

Dehors, c’est calme, lumineux et pas trop chaud encore. Je rejoins rapidement le Pont de Québec, bien solide malgré son âge vénérable. Il n’est pas très agréable à traverser, avec son trottoir métallique étroit, mais quel panorama ! Le détour par le traversier aurait demandé un bon deux heures, une mauvaise idée dans les circonstances.

À Lévis, petite pause épicerie, puis je reprends la Route Verte qui me guide dans le labyrinthe des petites rues de la ville. Soudain, une clôture et un écriteau « Travaux, piste fermée », mais aucune indication de détour. Grâce aux indications de quelques résidents, je finis par en sortir, mais la Ville aura un commentaire approprié sur sa gestion des chantiers.
Pour la suite, pas d’embûche et ça avance plutôt bien. De temps en temps, j’avise Lucie par textos de ma position.

À la hauteur de Ste-Hélène-de-Breakeyville, une section sur piste cyclable boisée longe la rivière Chaudière de près, c’est très agréable et pas mal fréquenté. Le reste du parcours se fait sur route assez calme, avec assez souvent de jolies vues. J’arrive chez ma sœur peu après 12 h 30.

Lucie est sur la route pour m’accueillir ; Émile est au travail au terrain de golf adjacent ; Camille est au bord de la piscine mais également en plein travail, en téléconférence. Prière de ne pas déranger.

Lucie vient de compléter d’autres travaux d’importance : avec Émile, ils ont reconstruit la salle de bains. Un énorme boulot, un résultat magnifique, surtout que cette pièce aux immenses fenêtres domine la cascade. Ça donne envie d’y aller juste pour le plaisir.

Mais soyons honnête : c’est la piscine, elle aussi remise à neuf, qui devient un rendez-vous incontournable par cette chaleur. Nous y plongeons régulièrement tout au long de la journée, y passant beaucoup de temps malgré les nuages gris qui rôdent aux alentours sans jamais frapper ici.

Émile étant de retour et Camille entre deux rendez-vous, nous mangeons en famille. Ici, la bouffe est végé et savoureuse.

Le tour du jardin est fascinant. Quand Lucie est arrivée, c’était un vaste gazon triste avec quelques arbres et broussailles. Maintenant, amoureusement bichonnés, des massifs de fleurs, de fines herbes et de légumes ont émergé de partout, harmonieusement. Sous tous les angles, c’est splendide.

C’est surtout l’œuvre de Camille, qui a parfois besoin de troquer l’ordi pour la pelle. Il ne faut pas non plus négliger l’apport du terrain de golf, qui jette régulièrement des plantes magnifiques que l’équipe d’ici s’empresse de récupérer.

En après-midi, Lucie me fait part d’un problème technique. Depuis deux ans, elle a une nouvelle voiture, similaire à la précédente, mais le porte-bagages de toit ne semble pas compatible. Effectivement, les ancrages sur la voiture sont différents, mais c’est une pièce en caoutchouc du porte-bagages qui bloque la mise en place. Après un petit travail de couteau, tout rentre en place, en faisant simplement preuve d’un peu de conviction pour insérer les vis rétives. Succès !

Émile étant chez des amis, nous passons le reste de la journée à trois, quand Camille peut se dégager de son travail. Ses projets sont passionnants : elle achève sa maîtrise en sciences politiques et commencera cet automne un doctorat dans le même domaine en codirection entre l’Université Laval, à Québec, et celle de Southampton, en Angleterre. Et l’actualité politique est foisonnante…

Après le souper, à la brunante, nous prenons une grande marche dans le golf, saluant au passage un troupeau de vaches très amies avec Noisette, le chien de Lucie. Au retour, la porte moustiquaire est entrouverte et les chats sont partis. Le chat de Lucie revient rapidement, mais c’est le chat de Camille qui a ouvert la porte et qui demeure introuvable, au grand dam de sa maîtresse. Toutes les recherches demeurent vaines et la journée se termine avec une petite pointe d’inquiétude… et, toujours cette chaleur excessive.

Statistiques
km jour : 54,2
km total : 1904
départ / arrivée : 8 : 20 > 12 : 45
temps déplacement : 3 : 12
vitesse moyenne : 17,0
vitesse maximale : 48