Sainte-Agathe, Montréal

Prêt pour l’anesthésie

2021-12-29 > Hôpital, puis maison…
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Après ce temps d’attente en forêt plutôt pénible malgré les bons soins de mes amis, j’endure le mal alors que mon pilote descend prudemment sur la piste de ski, un trajet de près d’une demi-heure.

En bas, dans le stationnement, il y a du monde : pompiers, gardes du parc, policiers, ambulanciers, c’est le festival du gyrophare. Je suis rapidement installé sur la civière puis dans l’ambulance, bien au chaud. C’est déjà un progrès de ne plus être gelé.

En cours de route, c’est Mark, ambulancier depuis 40 ans, qui veille sur moi alors que sa collègue Mélissa est au volant. Lui est très sympathique, mais on ne peut en dire autant de la route raboteuse et sinueuse. Heureusement, je résiste aux nausées tant bien que mal. Nous arrivons à l’hôpital de Sainte-Agathe à 15 h.

J’hérite d’une chaise roulante, plus confortable pour moi dans les circonstances, alors que mon matériel profite de la civière 38, dans le corridor en face des toilettes du personnel. Des infirmiers échangent mes vêtements du haut pour une jaquette et une couverture bien chaude, et je reste sur ma chaise sans bouger, la douleur demeurant très vive.

Catherine, la médecin, passe me voir peu après et confirme le diagnostic – c’était assez clair… Je passe ensuite à la radiographie. Bonne nouvelle, rien de cassé. À 18 h, je suis dans une salle d’examen pour être réparé par une petite équipe. On m’installe une aiguille pour perfusion, puis un masque à oxygène. Pas d’autre souvenir, puisque la remise en place de mon épaule se fait sous anesthésie générale. Vers 18 h 30, je m’éveille : tout est revenu en place et, miracle, je n’ai plus aucune douleur. Bravo !

Je suis bientôt de retour à ma civière bien encombrée. J’ai retrouvé une bonne partie de ma mobilité, car à part mon bras sanglé tout fonctionne normalement. Je fouille dans mon sac pour y prendre mes mouflons – lacer mes bottes de ski avec une seule main serait un projet irréaliste – et je marche aux alentours.

Tout à côté, dans une salle d’examen, c’est l’opération vaccin pour le personnel de l’hôpital. Lundi, j’avais déjà pris rendez-vous pour une nouvelle dose, mais il n’y avait de place que dans un mois. Je tente ma chance, et quelques minutes plus tard je fais partie des triplement vaccinés. Point réglé très gentiment.

En attente d’une nouvelle radiographie, le temps passe. Je contacte Adélaïde pour lui indiquer que je ne serai pas à la guitare samedi matin, puis Sylvain pour lui demander s’il peut me rapatrier quand j’aurai mon congé. Et le temps passe.

On m’avait appelé pour la radiographie de contrôle, mais dans une salle d’attente où je n’étais pas. Finalement, je reçois le message. Tout est en ordre, Sylvain est en route, j’ai même droit à un sandwich bien ordinaire mais vraiment apprécié. À 22 h 30, nous prenons la route, très agréable en si bonne compagnie. J’arrive chez moi vers 23 h 30… et je ne veille pas très tard ! Je devais avoir besoin de repos, puisque je me lève vers 12 h 15. Il ne reste qu’à attendre la conférence de presse de 17 h annonçant, sans surprise, le retour du confinement. Je pourrai facilement le respecter.

Et heureusement, mes amis ont pu poursuivre la randonnée.

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Après deux semaines sans progrès notable, rendez-vous avec mon médecin… et mise à jour. J’ai une fracture mineure – un petit morceau d’os s’est détaché – et un congé qui s’étirera sur plusieurs semaines. Zut! Ce sera un hiver un peu long et sans grand intérêt. La patience reste de mise.

Le Liteau

2021-12-29 – 12,5 km > Le Liteau
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Nous nous levons de très bonne humeur. Le feu, bien bichonné, a tenu toute la nuit. Et des trous bleus apparaissent au travers des nuages, annonçant le dégagement imminent. Skier sous le soleil sera un vrai plaisir. Les conditions restent excellentes même s’il n’a pas neigé cette nuit. Nous prenons la piste un peu après 10 h.

Au début, celle-ci monte tranquillement, alors qu’au-dessus de nos têtes les arbres givrés se découpent en blanc sur fond bleu. Magnifique ! À partir de l’intersection de la piste de l’Ours, je prends la tête alors que la descente s’amorce. La neige est parfaite, il fait soleil, tout va bien.

Arrive une courbe, même pas difficile, je perds le contrôle et je chute. Aouch ! Mon épaule gauche a pris un mauvais coup et je n’ai aucune force dans mon bras. Je me relève avec l’autre bras, ma tête tourne, je laisse tomber mon sac et je m’assieds. 10 h 45, fin de parcours pour moi : j’ai une épaule démise. Et ça fait très mal.

Mes amis arrivent. René a été patrouilleur de ski pendant des années. Il pose rapidement le diagnostic, constate que je suis incapable de me déplacer, ou même de me tenir debout. Rapidement, tout s’organise. Philippe part à skis vers le poste d’accueil alors que Céline et Alexandre reviennent sur nos pas pour retrouver du signal cellulaire, absent ici. René et Franck prennent en charge les soins.

À ma demande, ils tentent de remettre mon épaule en place immédiatement, avant que l’enflure soit trop grande, mais ça ne fonctionne pas. Ils assurent donc mon « confort » en attendant les secours, m’isolant de la neige et me couvrant de vêtements, d’une couverture de survie et d’un sac de couchage. Mon bras blessé est si douloureux que je peine parfois à rester conscient… et l’attente se prolonge.

Heureusement, il ne fait pas très froid, il fait soleil et il y a très peu de skieurs. Nous profitons de ce temps d’attente pour transférer du matériel vers leurs sacs : chaudron, réchaud, bouffe, filtre, sans oublier, quand même, la clef de ma voiture. Je bois quelques gorgées d’eau, mais je ne mange pas afin de pouvoir être anesthésié au besoin.

En attendant, quand même inquiets, mes autres amis reviennent tranquillement, mangent, se préparent le mieux possible.

L’équipe de secours arrive vers 13 h 15 : sur une motoneige du parc, un garde et un ambulancier ; sur un quatre roues, un pompier. Tout s’organise rapidement. Ému, je remercie et salue mes amis, et c’est le pompier qui me prend à son bord, bien emmitouflé, pour une descente prudente. Direction l’hôpital, enfin.

Après consultation avec le garde du parc et entre eux, mes amis décident de poursuivre l’aventure, une excellente idée. La piste descend bien pour plusieurs kilomètres, jusqu’à l’intersection pour les Chutes Croches – tiens, c’est ironique… – vers lesquelles ils font un petit détour sans sacs et sans regrets : c’est de toute beauté.

Les cinq kilomètres entre les Chutes Croches et Le Liteau sont les plus difficiles de toute notre expédition. Avec la nuit qui s’installe, les kilomètres s’égrènent et on se réjouit d’atteindre le refuge avant qu’il ne fasse complètement nuit. Les événements de la journée avaient utilisé toute notre marge de manœuvre. Un autre incident aurait pu nous placer dans une fâcheuse position.

Le Liteau est un joli petit refuge près d’un lac bien gelé. Il l’atteignent vers 16 h 30, alors qu’il fait presque nuit. Heureusement que le sentier est tracé ! Tous sont heureux de déposer les sacs. C’est plutôt frais à l’intérieur puisque la braise est presque éteinte.

Tout s’organise rondement, l’équipe est maintenant bien rodée. Je n’y suis plus, mais j’y suis quand même un peu, selon mes amis. « Je tiens à te rassurer : ton esprit nous a suivi tout au long de l’expédition. Je ne compte plus les phrases qui ont débuté par « Si Réal était là, il nous dirait… » Un énorme merci pour l’organisation. Tu as formé une équipe du tonnerre qui était à la hauteur de tous les défis, incluant celui d’évacuer son chef d’expédition en toute sécurité et de poursuivre l’excursion malgré tout ! »

SUIVANT :
La Cache ->

La Ouache

Le repos des bottes

2021-12-28 – 7,8 km > La Ouache
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La nuit a été occupée. À deux reprises, le feu s’est pratiquement éteint. Avec mon sac de couchage minimal, j’ai été réveillé par le froid ; à chaque fois, j’ai eu besoin d’environ une demi-heure pour bien repartir le feu, avec l’aide d’Alexandre qui a préparé du petit bois dans le froid et l’obscurité. Ainsi, nous avons quand même passé une excellente nuit.

Au matin, sous un ciel gris et quelques flocons, nous reprenons la piste avec enthousiasme. Moins froide qu’hier, la journée s’annonce très confortable.

En route, René nous informe que son équipement est atteint du syndrome de la bottine souriante. En d’autres mots, une de ses vieilles bottes de ski s’est détachée de la semelle. Quelques minutes plus tard, à une intersection vers un stationnement, René bifurque vers le poste d’accueil, espérant y louer des skis et surtout des bottes en bon état.

De notre côté, nous entamons la montée vers le refuge. Et ça grimpe ! Le pas de canard est de mise pour avancer, nous n’avons vraiment pas froid. Comme la distance est quand même courte, nous arrivons rapidement à destination – il n’est que 12 h 45 – pour déguster mon premier dîner bien au chaud. Le site du refuge est magnifique, dominant une longue vallée. Photos !

Il est tôt, plusieurs décident de repartir pour profiter des sentiers parfaits qui nous entourent.

Un peu plus tard et très heureux, René arrive avec son équipement de location. Il a skié jusqu’au poste d’accueil, se gelant bien les pieds, et a pu expliquer pourquoi il n’avait pas réservé d’avance. Il a quand même ramené sa voiture au pied de la côte, et comme il lui reste du temps il repart skier.

Un peu plus tard, nous nous rassemblons pour les tâches communes, la fonte de la neige et la filtration de l’eau en tête. Il y a aussi le défi de bien organiser la petite mezzanine, étroite pour y caser six matelas. C’est un succès, mais René choisit de dormir en bas, sur une table. Ce soir, nous faisons honneur à l’excellent souper de Philippe, puis nous reprenons le jeu de société d’hier.

En fin de soirée, nous préparons un tour de garde : il faut alimenter le feu aux trois heures pour ne pas le perdre comme hier. Nous ne nous couchons pas trop tard afin d’être en pleine forme pour la journée de demain qui s’annonce plus costaude.

La Renardière

2021-12-27 – 3,2 km > La Renardière
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Jour très attendu : nous partons en randonnée ! Les dernières années ont été difficiles, alors que la Covid a pris une grande place, éclipsant même les enjeux environnementaux. Nous serons heureux de nous éloigner un peu de ces préoccupations, mais pas totalement : des proches de plusieurs d’entre nous sont atteints par le raz-de-marée Omicron, et, faute de neige, les sentiers ne sont ouverts que depuis deux jours…

Franck a dormi chez moi, Philippe se joint à nous et nous prenons la route vers 9 h 30. Il fait beau et froid, les conditions de route sont parfaites. Nous rechargeons la voiture à Saint-Faustin et nous arrivons à l’accueil vers 11 h 30.

Alexandre et Céline nous avaient devancés de quelques instants. Nous nous installons bien au chaud pour finir de nous préparer, pour manger et pour attendre René, qui arrive peu après.

Nous prenons la piste vers 14 h alors que le soleil s’est caché. Le trajet est court et facile, comme prévu. C’est un réel avantage pour nos deux néophytes, finalement doués. Après 45 minutes, nous sommes déjà au refuge, aussi fréquenté par de sympathiques randonneurs d’un jour jusqu’à la tombée de la nuit.

Nous nous installons tranquillement, chauffant le poêle pour fondre la neige, puis filtrant l’eau assez trouble du chaudron. Après avoir soupesé les options, nous décidons de faire honneur au délicieux mais très lourd menu préparé par Franck. Les menus déshydratés ont leurs vertus…

En soirée, nous découvrons un nouveau jeu de société apporté par Alexandre. Complexe mais amusant. La soirée se termine avec la guitare et les carnets de chants, avant que nous grimpions à nos mezzanines respectives pour une nuit attendue. Il est relativement tard, mais la journée a été vraiment facile.

Ski de fond à Tremblant – décembre 2021

Parfois, c’est bon de changer d’air. Encore plus en ces années pandémiques. Nous avions donc réservé une jolie balade à skis dans le Parc du Mont-Tremblant. Six amis, cinq jours, quatre nuits en refuge… et quelques incidents, puisque nous sortions un peu de nos routines. Mais quelle balade, et quelle équipe !

L’équipe
Alexandretexte bleu
Céline
Franck
Philippetexte violet
René
Réal – texte noir

La Renardière
2021-12-27 – 3,2 km

La Ouache
2021-12-28 – 7,8 km

Le Liteau
2021-12-29 – 12,5 km
Hôpital, puis maison…

La Cache
2021-12-30 – 18,2 km

Accueil et retour
2021-12-31 – 20,9 km

Revenir lentement

Quitter…

> Montréal
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Dernière nuit sur les bateaux, sauf pour Benoît qui a choisi le confort de sa maison – après un bon mois de navigation, on le comprend. Si c’était aussi confortable que d’habitude, les sentiments mélangés ont influencé la qualité du sommeil : l’aventure tire à sa fin, heureusement sous un soleil radieux et un ciel parfaitement bleu.

Au matin, il y a pas mal de travail à faire, et un temps limité : chacun doit ramasser tout son matériel et le transporter dans le bon véhicule – nous serons quatre dans la toute petite voiture de Sahaza, alors c’est Yvan qui prendra nos sacs et bagages pour les déposer à SJB en soirée ; il faut aussi nettoyer à fond et ranger les bateaux.

Nous nous rassemblons sur Atua pour une dernière messe, toujours aussi touchante ; nous mangeons une dernier repas commun – merci, Alice. Le plus dur : nous nous séparons. Une autre sorte de mal de cœur pour lequel il n’y a pas de Gravol.

Heureusement, la séparation n’est pas encore totale. Alain et Benoît restent ici ; Yvan ramène Adélaïde et Gaëlle en vitesse à Montréal, cette dernière devant se préparer pour un vol vers la France dimanche soir ; Alice, Anne-Marie et moi sommes avec Sahaza pour rentrer tranquillement en profitant d’une petite randonnée en chemin ; Javier vient avec nous avant de partir vers Baie-Comeau.

En route vers 14 h, nous, l’équipe tranquille, décidons de ne pas aller au Parc des Grands-Jardins, une randonnée un peu trop ambitieuse pour le temps disponible, mais plutôt d’arrêter plus modestement au sentier des Caps de Charlevoix. Nous prenons la spectaculaire route de la côte, profitant de paysages impressionnants. À Baie-Saint-Paul, c’est l’embouteillage qui est impressionnant : à cause d’un festival, nous mettons plus d’une demi-heure à traverser le village, une affaire de moins de 10 minutes en temps normal.

Nous arrivons au bâtiment d’accueil du sentier : c’est fermé depuis 15 minutes. Zut ! Nous nous dirigeons vers le stationnement : une barrière motorisée en bloque l’accès. Re-zut ! Alors que nous sommes sur le point de repartir, déçus, une petite voiture arrive. Les occupants sont un peu perdus : quelqu’un leur a donné un jeton d’accès, mais ils n’ont pas d’autres informations. Grâce à eux, nos voitures franchissent la barrière et nous rejoignons le stationnement sans autre embûche.

Nous somme maintenant sept, puisque Julia et Viseth, de jeunes français installés à Montréal, se fondent tout naturellement à notre équipe. Je reprends le rôle de guide, puisque je connais bien le terrain, et nous profitons d’une belle marche en forêt, de magnifiques points de vue et d’une belle rencontre.

Les routes se séparent à nouveau, Javier partant vers Baie-Comeau, nos nouveaux amis Julia et Viseth vers leur auberge et nous vers Montréal. Nous serons heureux de nous retrouver après les voyages.  Il est tard, il faudra manger. Même si Sainte-Anne-de-Beaupré offre des restos de bord de route, nous nous dirigeons vers une pizzeria de Québec recommandée par Anne-Marie.

Nous commandons quatre pizzas différentes, chacun retrouve une pointe de chacune dans son assiette. C’est délicieux. Nous montons ensuite vers la touristique rue Saint-Jean pour une crème glacée.

En sortant, nos cornets à la main, nous arrivons face à face avec ma nièce Anouka et sa copine Caroline qui étaient juste à côté par hasard. Elles savaient que nous étions ici, mais c’est très agréable.

Il est plus que temps de reprendre la route, un trajet sans histoire. Nous déposons Anne-Marie à SJB, récupérons tous nos bagages et arrivons à la Frat exactement à 2 h. Il est tard, je ne rentre pas chez moi mais je couche sur place puis qu’il y a plusieurs chambres libres. C’est logique, et c’est un beau moyen de prolonger ce temps précieux de rencontre.

Épilogue

Ce dimanche matin, nous nous levons tard. Alice et moi nous retrouvons à la cuisine en fin d’avant-midi, puis, longuement, en harmonie entre voix et guitare. Quand Sahaza nous rejoint, en milieu d’après-midi, nous décidons d’aller à la messe de 17 h et nous passons au travers de mes nombreuses photos, revivant les émotions de ce fabuleux voyage.

Ensuite, nous retrouvons Anne-Marie et d’autres amis pour un BBQ. Difficile de se quitter ! Il est plus de 22 h quand Sahaza me dépose chez moi. Un peu nostalgique, les oreilles pleines de sons et de musiques, les yeux éblouis de beauté, j’ai le cœur comblé de gratitude. Merci !

Les derniers bords

Au large de Charlevoix

> marina Cap-à-l’Aigle (La Malbaie)
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Déjà, c’est la dernière journée de navigation, qui commence tranquillement mais avec une légère nostalgie. Il n’y a pas d’heure de lever prédéterminée, mais nous ne paressons pas très tard. Alice, la chanceuse, profite de sa chambre fermée pour dormir un peu plus. Ce matin, c’est plutôt froid – autour de 15 ° – mais nous sommes bien équipés. Il y a quelques nuages, et le fleuve est bien calme. Les oiseaux ont piaillé toute la nuit et poursuivent de plus belle ce matin. Trop beau. Le départ, calculé selon les courants de marée, est fixé à 10 h 30. Les équipages sont bien rodés, tout se fait très bien.

Dans un premier temps, nous longeons prudemment au moteur l’île aux Lièvres, entre deux hauts-fonds, alors que le ciel se dégage. C’est de toute beauté. À la pointe ouest, nous laissons sur bâbord l’Île aux Fraises, puis nous hissons les voiles.

Le vent est plutôt léger et de face, le chenal favorable est étroit, alors nous tirons bord sur bord, à chaque cinq minutes. C’est très agréable de manœuvrer ensemble. En après-midi, alors que le beau temps est bien installé, les bords se rallongent jusqu’à ce que le vent tombe.

C’est au moteur que nous approchons de Cap-à-l’Aigle, puis nous amarrons au quai, tout à côté de Passetougrain. Philippe, ancien propriétaire de Atua, vient faire une petite visite. Il n’avait pas revu son bateau depuis 10 ans et est bien heureux de le retrouver en si bon ordre. Quel beau cadeau il a fait à Alain et à nous !

Un bon orage passe, retournant chacun à son carré, puis le soleil revient. Certain récupèrent des voitures, d’autres prennent de bonnes douches, tous profitent du panorama.

Nous nous retrouvons sur le quai pour un repas commun et consistant : apéro, soupe au palourdes de Passetougrain et riz aux fruits de mer de Atua. Nous échangeons sur notre aventure des dernières semaines, une pause pleine de sens et de cœur dont nous ressortons unis et meilleurs, mais quand même un peu tristes de devoir nous séparer.

La soirée se termine sur Passetougrain avec guitare et chansons, un beau moment de fraternité et de joie. Nous ne veillons pas trop tard : ici, il y a des voisins, et demain la journée s’annonce chargée en activités et en émotions.  

Le paradis des oiseaux

Brandy Pot

> mouillage Brandy Pot (Rivière-du-Loup)
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La nuit a été mouvante, mais nous avons bien dormi, comme toujours. Le petit déjeuner se prend au rythme des nombreux cétacés venus profiter de la manne locale. Au matin, nos cuisinières favorites préparent et cuisent toutes les patates du bord, en prévision des prochains festins.

Nous appareillons peu avant 9 h 30. Nous avons un bon vent d’ouest dans la face, mais nous nous mettons rapidement sous voiles, tirant des bords avec joie, sans moteur.

En début d’après-midi, le vent faiblit puis tombe, alors que nous voyons d’étranges nuages en rouleaux vers l’est. Une risée parcourt la surface de l’eau, c’est le vent d’est qui se lève. Nous ajustons les voiles et repartons vent de dos, gardant un œil sur les grains qui se baladent autour de nous.

Nous nous dirigeons vers le sud de l’Île aux Lièvres, en face de Rivière-du-Loup, et y arrivons peu après 16 h. Le mouillage de Brandy Pot est extraordinaire : nous jetons l’ancre près de quelque îlots où le site du phare est maintenant un hébergement de luxe, mais surtout qui sont animés de milliers d’oiseaux qui viennent nicher dans ce sanctuaire. Leurs cris incessants et la beauté du paysage sont source de paix et de détente.

Depuis quelques jours, j’aide Alice à préparer le chant «La tendresse» pour le mariage de son frère qui aura lieu sous peu. Nous nous retrouvons à l’avant du bateau pour pratiquer, c’est très agréable de le faire dans un si bel environnement.

Nous passons la soirée en équipages, mouillés à quelques encablures les uns des autres. Sur Atua, Alain nous crée un savoureux mélange d’œufs et de patates qui comble papilles et estomacs. Ce soir, ça chante sur les deux bateaux, mais la guitare est sur Atua.

Nous prenons une longue pause contemplative quand le soleil se couche et que la lune se lève, puis chantons encore avant de plonger… dans les bras de Morphée – l’eau est pas mal trop froide pour s’y jeter. Nous sommes bien près du paradis.

Le vent qu’on a dans le dos

Passetougrain sous spinnaker

> mouillage Anse-aux-Basques (Escoumins)
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La nuit a été calme, et le mouvement du bateau nous a bercés doucement. Le lever se fait selon l’ordre habituel: Adélaïde, Benoît, Alain, Réal et Alice. Les derniers levés sont clairement moins actifs en début de journée. Le ciel est légèrement voilé, et le vent est de l’est.

Partis à moteur pour sortir du Havre-Colombier, nous hissons rapidement les voiles pour naviguer vent de dos. Dans un premier temps, nous mettons le génois au tangon, mais comme le temps est favorable nous hissons le spinnaker. Ce grand ballon nous tire avec enthousiasme, mais il faut rester très concentré et précis à la barre.

C’est un matin très calme à bord, nous profitons du silence entre nous et du bruit apaisant de l’eau sur la coque. En après-midi, le vent diminue et nous revenons au gréement habituel avec génois et grand voile, mais toujours de vent arrière.

Un peu plus tard, nous nous ancrons à couple dans la baie. Si la manœuvre est délicate, nous sommes réunis à deux bateaux pour une première fois. C’est très agréable. Nous nous rassemblons donc pour la messe, à dix dans le cockpit d’Atua. Quelle belle célébration !

Après la communion au pain, nous communions aux barres grano « Réal », toujours très appréciées.  Je donne un coup de main à Yvan pour remplacer son feu avant tribord pendant que les cuisiniers se déchaînent. C’est à nouveau délicieux, et complété par un de mes désormais célèbres desserts de camping. À la demande générale, j’aurai quelques recettes à partager. En revanche, les cœurs sensibles – Alice et moi – débutent le repas avec des Gravols, car la baie est ouverte aux vagues. 

Je reste sur Passetougrain chanter avec cette belle équipe. Comme les bateaux sont séparés pour la nuit, je rentre à la rame avec le youyou, faisant de mon mieux pour ne pas réveiller mes amis endormis.

Lever les voiles

Atua en bleu et blanc

> mouillage Havre-Colombier
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Au matin, tout est toujours gris, et la mer est sans rides. Gaëlle retourne en zodiac à la Baie-Saint-Pancrace car un sac important y était resté. En conséquence, les bateaux ne partent qu’après son retour. Comme c’est le calme plat, nous avançons au moteur pour quelques heures tranquilles.  

Dans quelques semaines, Alice chantera pour le mariage de son frère. Nous allons à la proue pour travailler avec elle une deuxième voix et la guitare. La musique est un fabuleux lieu de communion.

Plus tard, le ciel se dégage et le vent se lève, nous faisons de même avec les voiles et mettons le moteur au repos. Que ça fait du bien de ne plus entendre ce grondement constant, de ne plus respirer les effluves du diesel et d’admirer le voilier qui s’appuie sur l’eau et le vent pour avancer tout en douceur. Il reste que nous sommes au près, ce qui exige une attention de tous les instants à la barre.

Nous jetons l’ancre au Havre-Colombier, une baie ouverte à l’est mais bien agréable. La soirée est tranquille et contemplative, chacun sur son propre bateau.