Le ciel a son mot à dire…

Ombre et lumière

2019-07-15, lundi
> Bouctouche – 84 km / 669 km total
Sommaire

Ce matin, il fait soleil, mais c’est frais et venteux. Les nuages ne sont pas loin et prennent rapidement le dessus. Je quitte ce joli camping vers 8 h 30 avec une tente presque sèche mais un petit déjeuner minimal. Heureusement, je sais qu’il y a des épiceries à Shediac.

Le trajet est sans histoire, à part un coup de klaxon de Will quand il me dépasse. À l’exception de la route principale, que mon trajet évite généralement, il y a très peu de circulation, peu de paysages, pas de soleil, un bon vent de face. La patience est de mise.

En entrant en ville, la circulation devient pas mal plus dense, au point de créer des bouchons pour les automobilistes. Je suis ici en terrain connu, puisque j’y était venu en 2015 lors d’un précédent voyage. Je retrouve finalement l’épicerie attendue, la première depuis les Îles, et je mets à jour mon garde-manger. Il ne restait pas grand’chose…

Peu après, j’arrête à l’info touriste. Bonne idée : il y a un abri et des tables pour laisser passer une averse en mangeant. Une famille de Warwick, avec trois filles de 11, 8 et 4 ans, s’installe à la table voisine. Les filles ont très hâte de profiter des glissades d’eau. Autre belle rencontre.

Je repars, croisant deux auto-stoppeurs de Sherbrooke vus à l’info touriste. Nous nous souhaitons mutuellement bonne route.

J’avance tranquillement vers un mur de nuages gris. L’averse est forte, mais je m’abrite devant le garage d’une maison, dérangeant le chien qui veille à l’intérieur. Je roule quelques minutes, à peine le temps de me rendre à Cascagne, et j’arrête à nouveau sous un abri dans un parc-école. Je repars, et j’arrête presque immédiatement sur une galerie de maison. Déluge au programme : vais-je rester sec ? Au moins, le journal est mis à jour en temps réel.

La pluie persiste un peu au-delà de 17 h. Je profite de l’occasion pour réserver un site demain soir au Parc Kouchibouguac, un parc national. Il reste quelques gouttes à tomber, mais ça va.

Nouveauté appréciée : la route longue maintenant la mer, offrant les points de vue si peu présents ces derniers jours. J’en profite, alors que le ciel reste hésitant entre le soleil et l’averse.

À Bouctouche, nouveau défi : le pont est fermé pour travaux. C’est très serré, mais ça passe en marchant pour contourner les machines. Je longe toujours la mer. J’arrive à un camping où l’on me dit que ce n’est pas pour les tentes. Une première. J’arrête quelques instants à l’Éco-Centre de la dune de Bouctouche. Une longue passerelle s’avance vers le large, je reviendrai si je peux car ça semble intéressant.

Le camping suivant est parfait. Tenu par M. Maury, un vigneron français installé ici depuis 30 ans, il offre un tarif spécial et raisonnable pour les cyclistes. J’y retrouve les deux auto-stoppeurs de ce midi, Daniel et Véronique. Les autres résidents que je rencontre, tous francophones, sont des retraités voyageant en motorisés ou roulottes de petite taille.

Je cuisine et mange en compagnie de Gaétan et Margot, ainsi que de Yvon et Gisèle. À la brunante, tous se réfugient à l’abri des voraces moustiques. Je complète le journal, trie les photos et complète la soirée avec un appel à ma sœur Monique, question de suivre avec elle un dossier qui la préoccupe.

La lune pleine laisse quand même voir quelques étoiles, le beau temps semble revenir. On verra demain.

Statistiques
km jour : 84,1
km total : 669
départ / arrivée : 8 : 30 > 19 : 15
temps déplacement : 5 : 03
vitesse moyenne : 16,7
vitesse maximale : 33

Rencontres sur roues

Le Pont de la Confédération

2019-07-14, dimanche
> Petit-Cap, N.B. – 108 km / 585 km total
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Cette nuit était pas mal plus chaude que les précédentes, mais confortable et sèche. Une fois les feux de camp éteints, l’air était bon.

Je me prépare facilement et prends la route après avoir salué mes amis d’hier soir. Mes réserves de nourriture sont trop basses à mon goût, alors je me dirige vers l’épicerie de Cornwall, le village voisin. Petit problème : elle ouvre à midi le dimanche. Je repars.

Du trajet de ce matin, il y a peu à dire. C’est vallonné, avec des champs, des boisés, quelques maisons, peu de circulation à l’exception d’un bref passage sur la route 1, la Transcanadienne. Et pas grand chose de remarquable à voir, sinon quelques estuaires couverts d’herbages. Au moins, c’est confortable et le ciel gris se dégage tranquillement.

En chemin, il y a quand même le joli village de Victoria, suivi d’un autre éminent membre du club du toponyme improbable : Crapaud, qui se joint au port de Naufrage traversé hier. C’est là que je croise mes premiers cyclotouristes, si on exclus Cimon, vu à l’auberge. Jeanna et Kerry, qui ont autour de 70 ans, ont quitté la Floride sur leur vélo tandem, ont remonté toute la côte est et se dirigent vers… Toronto, de toute évidence par un chemin indirect.

En chemin, il y a quand même le joli village de Victoria, suivi d’un autre éminent membre du club du toponyme improbable : Crapaud, qui se joint au port de Naufrage traversé hier. C’est là que je croise mes premiers cyclotouristes, si on exclus Cimon, vu à l’auberge. Jeanna et Kerry, qui ont autour de 70 ans, ont quitté la Floride sur leur vélo tandem, ont remonté toute la côte est et se dirigent vers… Toronto, de toute évidence par un chemin indirect.

Peu après, j’arrive au Pont de la Confédération, plus précisément à la salle d’attente de la navette. Il y a aussi un couple d’acadiens de Moncton, Jean-Claude et Francine, accueillants et jasants. J’ai juste le temps de me préparer et d’avaler mon dernier morceau de fromage avec du pain, et la navette est là. Pour un coût modeste de 9 $, mon vélo, mes bagages et moi trouvons place à bord. Traversée sans histoire, à part une intervention de dépanneuse, pas si simple dans cet environnement.

En arrivant, Jean-Claude et Francine m’offrent de me rapprocher de Moncton, mais leur voiture ne pourrait pas prendre mon vélo. Avant de repartir, je m’offre une crème glacée aux bleuets, puisque je n’ai plus de fruits.

Je reprends la route, salué par le klaxon de mes compagnons, puis, sur l’autoroute qu’il faut emprunter, j’affronte un bon vent de face sous un chaud soleil d’orage. Surprise : je croise une Tesla. Je n’ai vu aucune voiture électrique sur l’Île-du-Prince-Édouard, alors qu’il y en avait plusieurs aux Îles de la Madeleine. Le pays est à géométrie variable à ce sujet aussi.
Je quitte dès que possible ce grand axe pour prendre une jolie petite route plutôt en forêt, avec quelques champs et estuaires. La grande nouveauté est un fort vent qui me ralentit considérablement.

En chemin, je croise Félix, jeune cyclotouriste parti de Montréal il y a plusieurs semaines en passant par le Lac-St-Jean, Tadoussac, la Gaspésie et l’Acadie. Après deux ans de travail, il a laissé son logement et est parti pour un voyage indéterminé. Il s’intéresse en particulier à une traversée de l’Atlantique en cargo. Bon voyage !

Quelques minutes plus tard, je rencontre Erin, Katheryn et Anika, trois jeunes filles parties de Saskatoon en direction de St.John’s, T.N., elles aussi très sympathiques. À nouveau, nous discutons itinéraires. En revanche, elles ont peu de temps devant elles, car elles doivent être de retour chez elles – en avion – dans une dizaine de jours. Elles devraient réussir à atteindre leur objectif.

Je poursuis ma route face au vent, alors que même mes réserves d’eau baissent rapidement. Et pas de ravitaillement en vue. À Shemogue, une indication pour un camping, très bienvenue après plus de 100 km. Quand je demande au responsable s’il a de la nourriture à vendre, il me dit que non et m’apporte un assiette d’aluminium avec deux carottes, une patate et un morceau de porc. C’est un don. Après avoir dégusté, je me rends à mon site et me dirige vers la mer puisque la vue est superbe. Will, mon voisin, est très accueillant et sympathique.

Je monte ma tente et vais voir la masse sombre traversée d’éclairs qui s’approche vers nous. J’avais espéré prendre une douche, mais peu avant 20 h il faut se réfugier dans la tente, qui doit à nouveau démontrer son étanchéité alors que la pluie souvent forte s’installe pour un bon bout de soirée et que la température descend rapidement… J’écris et trie mes photos, bien sûr, appréciant le calme de ce camping.

Quand la pluie cesse et que les nuages font place aux étoiles, je prends une bonne douche et j’appelle ma sœur. Ensuite, dodo !

Statistiques
km jour : 107,8
km total : 585
départ / arrivée : 9 : 30 > 18 : 15
temps déplacement : 6 : 14
vitesse moyenne : 17,3
vitesse maximale : 68

ÎPE bucolique

Un ruisseau vers l’horizon

2019-07-13, samedi
> Cornwall – 149 km / 477 km total
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Il a plu presque toute la nuit, et ça se poursuit en bonnes averses ce matin. J’en profite pour envoyer un premier message collectif à mes amis.

Vers 8 h, ça se calme pour de bon. Je m’organise, laissant la tente sécher le plus possible, puis je prends la route. Le ciel reste bien gris, mais ce n’est pas froid et j’ai un bon vent de dos qui donne des ailes.

Je roule en campagne, avec des champs et des boisés, des maisons modestes et parfois abandonnées, peu de vues sur la mer, et pratiquement aucune voiture. Un point assez étonnant : même si la carte indique plusieurs villages, ceux-ci ne sont pas visibles sur le terrain : il y a des noms sur des affiches, mais aucun groupe de maisons, presque pas d’églises, et aucun commerce. Je roule depuis plus d’une heure quand je croise le premier hameau, de peut-être 10 maisons et un port, portant le nom très enthousiasmant de Naufrage…

Je mange à St. Peters, puis j’arrête à l’info touriste pour remplacer ma carte routière qui se décompose, puisque qu’elle avait pris l’eau avec son précédent utilisateur.

Le bureau est une ancienne gare alors que la voie ferrée est devenu le Sentier de la Confédération, une piste cyclable et pédestre de près de 400 km qui traverse la province. Je ne l’utilise pas beaucoup, car son revêtement de poussière de roche est bien moins confortable que l’asphalte. Ici, je fais exception car il longe la baie.

Il y a peu de monde même si c’est l’une des sections les plus fréquentées. En chemin, un homme essaie de serrer un boulon sur le siège du vélo de sa fille, mais sans outil. J’ai évidemment ce qu’il faut, alors je l’aide. La conversation démarre. La famille – deux parents, un garçon de 12 ans, deux filles de 10 et 8 ans environ – habite St-John’s, à Terre-Neuve. Ils sont curieux et sympathiques, nous passons d’excellents moments ensemble. Au moment où nous nous quittons, les deux filles s’approchent pour des câlins surprise. Je regrette de ne pas avoir demandé les prénoms.

Après la belle piste cyclable, je fais plusieurs kilomètres sur la route 2, très passante et sans intérêt. Je bifurque à Mount Stewart vers la 22, puis la 21, très calmes à nouveau mais avec de bonnes pentes qui diminuent mon exceptionnelle moyenne de ce matin.
En fin d’après-midi, le ciel se dégage pour un temps alors que j’arrive enfin au camping indiqué sur ma carte. En fait de camping, je ne trouve qu’une vieille affiche tombant en morceaux, et rien d’autre. Oups ! C’est un mal pour un bien, car je n’ai pas croisé d’épicerie aujourd’hui et mes réserves sont basses. Peu avant Charlottetown, je fais les achats minimaux dans un tout petit dépanneur.

J’entre en ville par le pont de la Transcanadienne, ici une grande route assez fréquentée. À l’info touriste, le préposé me réserve un site – très cher… – au camping suivant, à la sortie de la ville. Je ne visite donc pas, je me contente de traverser. J’ai près de 150 km dans les jambes quand j’arrive enfin. Ouf !

Le camping est immense – plus de 500 sites – et bondé, assez bruyant et enfumé par les nombreux feux de bois, mais il est là. Mon site comprend une prise de courant, mais comme mon fil est très court je dois me coller à la borne partagée, presque chez le voisin. Il est déjà tard, alors je procède rapidement aux routines.

Près de chez moi, un homme a sa guitare. Nous échangeons quelques mots, il m’invite à venir en jouer. Je m’y rends après la douche, et nous passons une excellente soirée avec ses chants et les miens.

Scott n’est pas seul : il est avec sa conjointe Stacey et leur petite Julia de 5 ans ; Jack, 2 ans, dort ; il y a aussi leurs amis Tyson et Kyra, avec une Sylver de 5 ans également. Je rentre enfin à ma tente pour écrire le journal et archiver les photos. Grosse journée, mais il serait difficile de se coucher tôt car le bruit se poursuit tard. Vers 0 h 30, tout s’apaise enfin.

Statistiques
km jour : 149,2
km total : 477
départ / arrivée : 9 : 30 > 19 : 00
temps déplacement : 7 : 55
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 62

Traversée

Lupins à l’Île du Prince-Edouard

2019-07-12, vendredi
> Île-du-Prince-Édouard > Lakeville – 42 km / 328 km total
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Vraiment, la nuit a été reposante, avec le calme et le lit confortable. Je m’éveille 10 minutes avant que mon réveil ne sonne, je sors en silence et je me prépare rapidement. Je suis sur le quai du traversier à 6 h 40.

L’aire d’attente compte plusieurs lignes. Je suis à la ligne 4, avec les motos, entre les roulottes et les autobus. Le CTMA Traversier n’est pas encore là, puisqu’il faisait une traversée de nuit. Il arrive finalement vers 7 h 20, en même temps que mon amie Simone. C’est un plaisir de nous retrouver, bien loin de l’école où nous travaillons ensemble.

Le temps de vider et de remplir le navire, il largue les amarres à 8 h 15. Je suis sur le pont extérieur avant pour observer la manœuvre, entre autres de la grande porte par laquelle nous sommes montés à bord. Je revois un homme qui avait pu aller à l’Île d’Entrée avec la bateau qui m’avait refusé. Il m’informe, un peu tard, que j’aurais pu revenir avec eux.

Avec le vent, c’est assez froid dehors, mais je reste pour profiter du paysage. Le bateau contourne l’Île d’Entrée par le nord, révélant de magnifiques falaises, bien plus hautes que celles de l’ouest. Il faudra revenir…

Malgré le froid, je passe un bon bout de temps sur le pont avec Marie-Christine et Jérémie. Nous étions ensemble à l’auberge. Elle lit un livre sur la simplicité volontaire et est enseignante en adaptation scolaire à la CSDM, il s’occupe de tourisme gastronomique. Belles conversations.

Nous finissons par rentrer et je m’installe dans un fauteuil pour écrire et sommeiller. Si cette première mission est accomplie facilement, le sommeil est difficile sur un fauteuil peu confortable et avec les cris d’enfants assez bruyants. Ça sera pour ce soir…

Jusqu’ici, je n’ai pas eu à me plaindre de la météo, au contraire : ça été superbe. Mais aujourd’hui, plus la journée avance, plus le ciel est gris. Quelques gouttes tombent en mi-journée. Faudra vivre avec.

Parti en retard, le bateau arrive aussi un peu en retard, mais il ne pleut plus. Sur le quai, je croise Raoul, un cycliste qui rentre chez lui aux Îles. Il me donne sa carte de ÎPE, dont il n’a plus besoin. Elle a un peu pris l’eau, ce n’est pas grave du tout. Merci, bonne route.

Mon plan est de rejoindre le Pont de la Confédération, vers l’ouest. Je pars donc… vers l’est, puisque je ne suis qu’à 25 km de la pointe de l’Île. Malgré le ciel gris et quelques gouttes éparses et sans conséquences, le trajet, vallonné, est vraiment agréable. Il est illuminé par les lupins en fleurs, décorant les terrains de taches mauves, roses, blanches, bleues, du plus bel effet. En route, j’avance avec le bateau qui retourne aux Îles.

Au bout de la péninsule, le phare. Beau site, quelques touristes dont des québécois, et une information importante : la pluie s’en vient. Donc, je roule, avec le vent surtout de dos, et je m’arrête au premier camping.

Au bout de la péninsule, le phare. Beau site, quelques touristes dont des québécois, et une information importante : la pluie s’en vient. Donc, je roule, avec le vent surtout de dos, et je m’arrête au premier camping.

Il est tout simple, mais parfait dans les circonstances, malgré les nombreux moustiques. J’ai le temps de monter ma tente et de manger, puis je vais m’installer aux toilettes, peu fréquentées, pour consulter Internet pour la première fois du voyage. La pluie commence, bien constante, et durera toute la nuit selon la météo, mais demain sera à nouveau une belle journée.

J’appelle mon frère François, pour le plaisir et pour discuter d’un projet commun, puis je mets à jour le journal et les photos.

La pluie se poursuit sans cesse, amplifiée par le toit de tôle. Quand je quitte finalement les toilettes pour la tente, c’est sous le parapluie. Heureusement, tout est bien sec dans mon précieux petit abri de toile. C’est au son de la pluie que je m’endors.

Statistiques
km jour : 41,7
km total : 328
départ / arrivée : 14 : 30 > 17 : 30
temps déplacement : 2 : 26
vitesse moyenne : 17,1
vitesse maximale : 53

Boucles locales

Le petit phare et l’Île d’Entrée

2019-07-11, jeudi
Îles de la Madeleine – 43 km / 286 km total
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Ce matin, grasse matinée : il est près de 9 h quand je me lève. Il fait à nouveau très beau. Je discute un peu avec ma nouvelle voisine, je reçois mes petits voisins, puis je pars à l’aventure sur les circuits cyclables locaux.

Tout près du camping, une route de terre que j’avais évitée jusqu’ici monte sur les collines. C’est très joli et très calme. Après une bonne grimpée, je redescend vers la mer et un phare très connu dans la région. Sur un belvédère, un homme qui voyage avec une remorque convertie en roulotte. Il me présente les environs et m’indique un point de vue sur la colline voisine. Quelques instants plus tard, mon vélo est à bord de la remorque de Claude et nous marchons sur le sentier.

Si la marche est facile, il faut affronter un défi coriace : des hordes de moustiques voraces nous assaillent. Rapidement, malgré la chaleur, j’enfile mon polar, Claude mets son capuchon sous son chapeau. Pas très confortable, mais le paysage au sommet justifie largement l’effort.

Pour redescendre, nous utilisons un autre sentier. Plus court, il est aussi très abrupt, mais équipé d’une corde fixe qui permet de rester debout quand nos pieds dérapent sur les pierres. Belle balade.

Quelques instants plus tard, je croise une famille croisée au camping, des parents avec deux adolescentes. Je leur présente les deux options de montée et ils choisissent la corde. J’espère qu’ils se seront amusés.

Je poursuis mon trajet vers l’Île de Cap aux Meules. À l’Anse aux Baleiniers, je crois un couple de cyclistes. Luc et Francine sont de Gatineau, cette dernière connaît mon amie Céline par le travail. Petit monde.

Mon téléphone reçoit un message texte. C’est ma collègue Simone, arrivée la veille aux Îles, d’où elle est originaire. Je la rappelle. Son agenda est assez rempli, mais elle prévoit venir demain pour le départ du bateau. Elle me suggère de m’installer à l’Auberge de jeunesse, une idée qui me trottait déjà dans la tête. Le principal avantage : me lever à 6 h plutôt qu’à 4 h 30. Un téléphone plus tard, tout est réglé.

Je repars donc vers le camping pour tout charger. J’ai l’occasion de saluer la famille de Stéphane et Maude, sauf Zoé qui dort très dur, ainsi que ma nouvelle voisine et les gens du camping. Un employé me parle de la virée vélo d’hier avec son ami Alfred. Petit monde.
J’arrête manger au parc tout près. Un couple arrive : Rémi est cadre à la CSMB, Julie y a déjà été directrice d’école avant de migrer à Laval. Petit monde.

J’arrive à l’auberge en fin d’après-midi après avoir parcouru un nouveau trajet vélo. L’accueil est détendu et chaleureux, même si Maude, la responsable, semble bien occupée. Il y a beaucoup de monde, et beaucoup de jeunes : c’est dynamique.

Lors du repas, je discute avec plusieurs, dont un jeune homme de retour de la Nouvelle-Zélande et un autre, plus solitaire, venu d’Israël pour un voyage de plusieurs mois au pays. Ben ne parle malheureusement pas français, ce qui limite ses interactions en groupe.
Je m’attaque à la rédaction du journal – vais-je en venir à bout? – mais je prends une pause avec Cimon, qui fait à peu près le même voyage que moi : venu de Québec à vélo, il retournera à Montréal en bateau puis pédalera jusque chez lui. Nous sommes de la même race.

Sur la plage, c’est la fête avec de bons musiciens, mais je poursuis mon travail. En fin de soirée, je me connecte au réseau, mais l’accès Internet n’est pas disponible. Tant pis.
Avant le dodo, je rencontre Audrey, qui réside aux Îles pour quelques mois. Elle aimerait voyager à vélo mais doute d’en être capable. Je lui souhaite le courage de partir.
Je m’installe dans mon dortoir, heureusement très calme. Chaque lit est isolé des autres par un rideau qui laisse un minimum d’intimité. Le mien est en haut, au-dessus de celui d’une jeune fille. La nuit sera un peu courte…

Statistiques
km jour : 43,4
km total : 286
départ / arrivée : 10 : 30 > 16 : 45
temps déplacement : 2 : 37
vitesse moyenne : 16,6
vitesse maximale : 49

Grande Entrée par les dunes

Sur la route

2019-07-10, mercredi
Îles de la Madeleine > Grande Entrée – 101 km / 243 km total
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Nuit confortable, sans histoire. Levé peu avant 8 h, je pars vers 9 h 30. Je dois déplacer ma tente au site voisin et je discute itinéraires avec une sympathique maman de trois jeunes enfants.

La route vers le nord-est est assez étonnante : elle court sur de longues et fragiles dunes de sable qui séparent la mer des étangs, sur des kilomètres. Comme le vent est de face, je n’avance vraiment pas vite.

La route vers le nord-est est assez étonnante : elle court sur de longues et fragiles dunes de sable qui séparent la mer des étangs, sur des kilomètres. Comme le vent est de face, je n’avance vraiment pas vite.

Je roule de concert avec deux autres cyclistes, Alfred et Clément, qui ont marié deux sœurs qui suivent en voiture. Alfred est un personnage : 76 ans, natif des Îles, un passé de bûcheron en Abitibi et de pêche ici, il avance avec détermination malgré son âge avancé. Clément est aussi un compagnon très agréable. Nous allons tous trois à Grande Entrée, mais eux reviendront en voiture.

Le paysage est parfois monotone, avec de longues lignes droites, les poteaux d’électricité et le même relief, mais c’est bien beau. Les dunes sont couvertes d’ammophile à ligule courte, dite « foin de dune », qui retient le sable, une symbiose vitale pour ce milieu et pour les Îles. De grands efforts de préservation sont visibles.

Il y a quelques villages sur les îles – Pointe aux Loups, Grosse Île, Grande Entrée –, mais rien de comparable à Cap aux Meules. En chemin, Seleine, une mine d’importance qui exploite le dôme de sel qui est la fondation des Îles, et la réserve de faune de la Pointe de l’Est.

Au bout du trajet, Grande Entrée est le plus important port de pêche de l’archipel, et tous les bateaux y sont au repos, contrairement aux marins qui terminent le rangement du matériel de pêche au homard.

Le retour est plus facile, car de longues sections se font vent de dos. J’arrive vers 17 h 30.
Mes voisins de ce matin sont là, nous faisons plus ample connaissance et c’est très agréable. Stéphane et Maude ont trois jeunes enfants : Christophe, 7 ans, Zoé, 5 ans et Damien, 2 ans. Les jeunes sont curieux et allumés, comme leurs parents.

Ensuite, les routines : bouffe, douche et journal. Ce soir, j’ai le temps de rattraper un peu mon retard dans le tri des photos en vue d’envoyer un premier courriel collectif… enfin. Comme je travaille dans la salle commune, j’apprends à connaître le personnel du camping, entre autres Geneviève, une jeune fille qui se trouve à être une grande amie de Virginie, la la guide qui nous accompagnait hier sur le bateau. Les deux quitteront les Îles cet automne pour entrer à l’université.

Ma soirée se termine quand le veilleur de nuit vient prendre son poste. Une autre nuit confortable en vue.

Statistiques
km jour : 101,2
km total : 243
départ / arrivée : 9 : 30 > 17 : 30
temps déplacement : 5 : 59
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 39

L’Île d’Entrée

Falaises sur l’Île d’Entrée

2019-07-09, mardi
Îles de la Madeleine > Île d’Entrée – 16 km / 141 km total
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J’entre dans la tente, et quelques minutes plus tard les premières gouttes crépitent sur la toile. Pas de problème. Et je n’ai pas eu froid.

Comme prévu, je me lève à 5 h. La pluie a cessé depuis longtemps, même si le ciel reste nuageux. Je me prépare et je suis sur la route un peu avant 6h.

Jusqu’au pont, tout va bien… puis ma roue arrière se dégonfle. Vraiment pas le bon moment. Comme la fuite est petite, je peux rouler une minute avant de devoir regonfler. C’est un pêcheur qui prends mon vélo dans la boite de sa camionnette et me laisse à l’info touriste. À 7 h, la responsable arrive et je pars vers le port. J’arrive au bateau avec un homme et ses deux filles, nous sommes un peu en retard et il y aurait un passager de trop puisqu’un camion d’huile est prêt à embarquer. Je reste sur le quai, vraiment déçu.

Plan « B » : les excursions en mer. Il n’y a pas de place dans les zodiacs de 8 h 30, je réserve pour 10 h 30. je me promène un peu aux alentours, je gravis le cap et ses 185 marches pour admirer le panorama, je marche sur le sentier littoral puis je me rends au bateau. Le grand beau temps est bien installé, avec un bon vent du sud-ouest.

C’est une assez grosse barque, pour environ 50 passagers, avec un capitaine, un matelot et une jolie jeune guide. Tout au long de la traversée, elle nous présente notre destination. Malheureusement, sa voix, même amplifiée, est souvent perdue dans le vacarme du moteur.

Après 45 minutes, nous accostons au quai de l’Île d’Entrée. Je pars rapidement vers Big Hill, 175 m et sommet le plus élevé des Îles. Je suis en compagnie de quelques autres marcheurs motivés et sympathiques.

Nous marchons d’abord sur des routes de gravier – il n’y a pas d’asphalte sur l’île – entre petites maisons, vieilles granges et carcasses de voitures, passant le cimetière, l’église et le CLSC, mais pas l’école puisqu’elle est fermée. Les 60 habitants sont isolés comme peu dans notre pays. Comme il n’y a pas d’arbres et que le temps est clair, le regard porte toujours loin.

Nous rejoignons le sentier qui contourne quelques maisons, puis nous montons. Ce n’est pas difficile, le principal défi étant d’éviter les bouses de vaches, mais le cadio est bien sollicité. Les vues sont magnifiques, et bientôt nous sommes au sommet, luttant contre le vent frais et emplissant yeux et caméras d’images magnifiques.

Les autres redescendent par le sentier, mais pas moi. Je désire voir de plus près une série de falaises rouges sur la côte ouest de l’île. Comme rien n’obstrue la vue, c’est très simple de m’orienter. Il suffit de marcher prudemment puisque je suis seul.

Le flanc des coteaux est marqué d’intrigantes stries horizontales. Comme je les vois de près, je constate que ce sont des sentiers tracés par les vaches qui se déplacent à la recherche d’herbe à brouter.

La descente est parfois abrupte, mais sécuritaire. Je rejoins la clôture électrique que je longue jusqu’à une section souple que je traverse sans difficulté.

Je suis au sommet des falaises. Je garde une distance prudente puisque l’érosion fait son œuvre. C’est de toute beauté, comme si un sculpteur de grand talent avait été aux limites de son imagination. Il y a de nombreux rochers percés, des grottes, des surplombs, des aiguilles solitaires, le tout dans un grès rouge si friable que tout doit changer très rapidement.

Je suis au sommet des falaises. Je garde une distance prudente puisque l’érosion fait son œuvre. C’est de toute beauté, comme si un sculpteur de grand talent avait été aux limites de son imagination. Il y a de nombreux rochers percés, des grottes, des surplombs, des aiguilles solitaires, le tout dans un grès rouge si friable que tout doit changer très rapidement.

Ces falaises sont habitées. Sur chaque corniche, de jeunes goélands attendent leurs parents, porteurs de repas. Sur les crêtes ensoleillées, des cormorans se font sécher au soleil.

Seule ombre au tableau : malgré les efforts de la municipalité, il reste quelques carcasses de voitures plus ou moins détruites, et sûrement bien des déchets moins visibles. L’humain est une bibite étrange, qui s’imagine parfois pouvoir vivre sans planète. Bravo !

J’ai bien calculé mon temps : je suis tôt au bateau, j’ai le temps de manger tranquillement sur le quai. Au retour, notre guide Virginie ne parle presque plus au groupe, ayant fait le tour du sujet à l’aller. Comme je suis assis en face d’elle, nous parlons en particulier des Îles et de la vie de ses habitants. Agréable et intéressant.

De retour sur la terre ferme, je dois m’occuper de mon pneu dégonflé. Le diagnostic est rapide : un petit morceau de verre bien aiguisé est planté directement dans la semelle. Je répare facilement.

Je me dirige ensuite au bureau de la CTMA pour leur indiquer le problème du matin. Il semble que le problème est dû à mon retard. Je reste sceptique…

Je rentre au camping, avec un petit détour par l’épicerie. Il est déjà tard. Je mange, mais je n’ai pas le temps de compléter le journal car il y a spectacle et la salle est pleine. Gilles Lapierre, une vedette locale, va du folklore au country en passant par les contes et les blagues grivoises. C’est… différent.

Je ne prolonge pas la soirée, je m’étais levé bien trop tôt. Le dodo douillet est bienvenu.

Statistiques
km jour : 21,2
km total : 141
départ / arrivée : 6 : 00 > 18 : 00
temps déplacement : 1 : 18
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 50

L’Île du Havre Aubert

Bleu et vert

2019-07-08, lundi
Îles de la Madeleine > Île du Havre Aubert – 108 km / 120 km total
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Cette nuit, j’ai eu froid. J’avais choisi mon sac de couchage le plus léger, il faut en assumer les conséquences. La nuit prochaine, je ferai mieux.

Je me lève quand même en pleine forme, tout comme la météo, parfaite et venteuse. Je me prépare tranquillement et je suis sur la route à 8 h, non sans avoir pris quelques belles minutes avec Jean et Suzan.

Je me rends d’abord à Cap aux Meules afin de préparer les prochains jours. À l’info touriste, j’achète une carte vélo des Îles, un outil essentiel. Au bureau de la CTMA, je réserve la traversée de demain matin vers l’Île d’Entrée, accessible seulement par mer et superbe selon mes sources. Le départ est prévu à 7 h 30, je devrai me lever tôt.

Je prends ensuite la route vers le sud-ouest. L’île du Cap aux Meules est un peu plus urbanisée, mais rapidement je me retrouve à la campagne puis sur la longue dune du Havre aux Basques. Comme partout aux Îles, la mer est omniprésente, mais comme la dune est un long cordon de sable entre celle-ci et la baie, je roule entre deux mers. Superbe !

Vers la fin de la dune, il y a de petit boisés de conifères, une rareté sur les Îles. Aux intersections, je prends à droite une première fois, puis une deuxième. J’entame une bouche de 20 km qui fait le tour de la Montagne-Bassin. La première partie est surtout en forêt, avec des côtes assez modestes, quelques maisons et plusieurs vues sur la mer. À partir du bout de la boucle, la route longe toujours la mer et c’est de toute beauté, surtout que le puissant vent est maintenant de dos. Il y a pas mal de maisons, mais surtout des falaises et des plages. Cas photos.

Je m’arrête au havre de pêche Millerand, dans l’Anse à la Cabane. C’est aujourd’hui la fin de la saison de pêche au crabe, alors sur les quais il y a des embouteillages de camions chargés de casiers.

Un peu plus loin, au pied d’un phare désaffecté, une exposition présente l’histoire de ces sentinelles des mers, avec une série de panneaux entourant une passerelle en bois découpée selon le plan des Îles. De retour à la route principale, je me dirige vers La Grave, toujours vent de dos. L’érosion laisse des traces : une section de l’ancienne route est partie dans la mer.

Il y a beaucoup de touristes à La Grave. J’y retrouve avec plaisir un trio très sympathique rencontré sur le bateau. Mais l’autobus les guette et bientôt les emporte.

Au bout de la route 199, je rencontre deux autres cyclistes. Joss et Pascal sont de bons rouleurs et très branchés plein air. Policiers à la GRC, ils se sont connus à Caraquet, mais sont maintenant à Ottawa et Sept-Îles.

Je repars vers le nord. Je prends une pause à la Baie du Havre aux Basques, envahie par les surfeurs et les véliplanchistes attirés par les vents constants et puissants sur un plan d’eau sans grosses vagues. C’est bien beau.

En entrant sur l’Île de Cap aux Meules, je croise un itinéraire vélo. C’est bien plus joli que la route 199, en particulier en entrant en ville sur une piste cyclable sur le dessus des falaises. Bon, il en manque des bouts, tombés dans la mer, mais c’est magnifique.

Le temps d’un petit arrêt à l’épicerie, je suis de retour au camping. Il est 19 h, alors, je m’occupe rapidement des tâches requises : bouffe, douche, journal, archivages des photos. À 21 h, c’est le temps d’aller me coucher, prêt pour les quelques gouttes attendues cette nuit… qui sera bien courte !

Statistiques
km jour : 108,3
km total : 120
départ / arrivée : 8 : 00 > 19 : 00
temps déplacement : 6 : 38
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 62

Accoster

L’Île d’Entrée, vue du camping

2019-07-07, dimanche
Îles de la Madeleine > Havre aux Maisons – 12 km / 12 km total
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Cette nuit, j’ai ajouté une couverture car c’était plus frais. Le ciel est bleu, sans aucun nuage, c’est confortable avec une petite veste polaire et il vente avec de longues vagues bleu sombre et de petits moutons. Grand beau temps, quoi. Et aucune terre à l’horizon.

Après la douche et le petit déjeuner, on annonce une visite de la timonerie. Je me précipite au bureau des excursions et j’arrive juste à temps pour l’inscription.

J’ai rendez-vous avec Guy, qui a un problème de connexion entre son appareil photo et son ordinateur. Heureusement, le mien accepte de servir de passerelle entre ses machines. Je le laisse compléter le travail, car c’est l’heure de la visite.

Nous sommes dix passagers pour visiter la timonerie. Nous profitons de la plus belle vue – nous longeons l’Île Brion – et d’explications rapides mais passionnantes. C’est Hélène qui est aux commandes. Ils sont trois à se relayer aux quatre heures. Nous découvrons la panoplie d’instruments et de commandes, mais sans rien toucher. En particulier, un système de ballast avec des réservoirs d’eau de mer permet d’équilibrer le navire en temps réel.

De retour, nous sommes invités au pont arrière pour une salutation aux Îles, maintenant bien visibles, accompagnée de musiciens et d’un verre de jus. Il est déjà temps de récupérer mon ordi et d’aller manger. Le temps passe vite.

À chaque repas, je change de compagnons, mais tous sont sympathiques. C’est encore la cas ce midi avec un couple de Québec. Nous sommes presque arrivés, je sors sur le pont pour observer les délicates manœuvres d’accostage en compagnie de Raphaël. Dès 13 h, le bateau est amarré. Comme je ne suis pas pressé, je descends vers 14 h et je prends la route vers 14 h 30.

Je ne vais pas très loin : mon cyclomètre ne fonctionne toujours pas, alors je m’arrête à une boutique de vélo. Après vérification, j’en achète un nouveau et je l’installe. Cas réglé.

J’ajoute une petite pause à l’épicerie, puis je me dirige vers le camping prévu. La mer est omniprésente, à l’est comme à l’ouest, magnifique, et l’appareil photo est régulièrement mis à contribution. Le trajet est court – environ 10 km – et facile. Je m’installe rapidement, puisque je connais bien mes routines. Un four à micro-ondes est disponible, et la responsable me prête un bol, alors je cuisine sans utiliser mon réchaud.

À une table voisine, un couple examine des cartes du parc Gros-Morne, à Terre-Neuve. Comme j’ai déjà visité ce coin de pays, nous regardons ensemble leur futur trajet. Gentiment, ils me conseillent un itinéraire pour demain. Jean et Suzan voyagent en petit avion, campent et circulent en vélos électriques lors des escales. Leur trajet passera par St-Pierre et Miquelon, Terre-Neuve et la basse Côte-Nord, des territoires que Jean a déjà fréquenté en tant que pilote de brousse. Rencontre très agréable.

Après le repas, je me dirige vers le sud par la plage. C’est joli et fréquenté aussi par des insulaires. Après une digue de pierre, une falaise de grès rouge se visite facilement. C’est vraiment de toute beauté. Je rentre alors que le soleil disparaît à l’ouest.

Au retour, c’est le temps de me mettre au journal et au tri des photos, un bon travail que je termine vers 23 h. Ensuite, dodo !

Statistiques
km jour : 12,1
km total : 12
départ / arrivée : 16 : 00 > 17 : 00
temps déplacement : 0 : 44
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 48

Navigation paisible

Au large de la Gaspésie

2019-07-06, samedi
CTMA Vacancier
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Le léger tangage et l’omniprésent bruit du moteur
n’ont pas compromis une nuit bien méritée. Ce matin, il pleut et la brume enveloppe le navire. Seul le GPS nous permet de savoir que nous voguons au large de Rimouski.

Je déjeune avec un couple de retraités venus de Sherbrooke, puis je m’installe dans ma cabine pour commencer la rédaction du journal. Tranquillement, la brume se dissipe un peu et quelques coins de ciel bleu apparaissent, préludant au dégagement de l’après-midi.

Au midi, je partage la table d’un couple de retraités. Lui a été plongeur industriel et a de nombreuses anecdotes liées à son travail, alors le repas passe vite. J’assiste ensuite à une conférence sur les Îles – géographie, histoire, économie, écologie – qui donne un aperçu du territoire vers lequel nous voguons.

Le soleil est maintenant de la partie, c’est très confortable sur le pont et nous voyons enfin la côte. Nous sommes en face de Ste-Anne-des-Monts et du Parc de la Gaspésie, un splendide terrain de jeu hivernal qui émerge de la brume.

Je discute un bout de temps avec M. De Sousa, maire de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal, qui prépare des vacances à vélo aux Îles de la Madeleine et à l’Île-du-Prince-Édouard. Belle rencontre.

Le souper vient rapidement. Ce soir, je suis en compagnie de deux dames, une religieuse assez âgée mais toujours active, et sa nièce retraitée. Conversations agréables, évidemment. Le menu est prévisible mais savoureux : du homard. En revanche, il faut travailler pour réussir à extraire la chair de la solide carapace. On s’amuse ensemble.

Comme nous avons atteint une zone fréquentée par les baleines noires, le bateau navigue maintenant à la moitié de sa vitesse habituelle. Nous arriverons aux Îles en après-midi plutôt que le matin. Le ciel est maintenant bien dégagé pour se préparer au coucher du soleil. J’aide une petite fille à utiliser un vélo d’entraînement, puis je reste un temps avec ses parents et elle. Au moment où le soleil disparaît à l’horizon, le vent se lève et la température fléchit rapidement.

Je reste un bon bout de temps à jaser à bâtons rompus avec Raphaël, le conférencier de cet après-midi. C’est un fin observateur de la société, nous avons un excellent échange alors que la nuit tombe.

Nous sommes maintenant au large de Cap-des-Rosiers et du dernier phare de la Gaspésie. Au-delà du Cap Gaspé (Parc Forillon), nous ne croiserons aucune terre avant de rejoindre les Îles de la Madeleine. Sous l’influence du vent et du large, le navire a un léger roulis qui bercera le sommeil. Je me dirige vers mes quartiers de nuit pour profiter de mon dernier lit avant le camping. Demain, l’aventure commence vraiment.