2018-08-08, mercredi ; > Ivrea – 70 km
Sommaire
Il a plu pendant la moitié de la nuit, alors mon double toit est trempé ce matin. Heureusement, l’eau n’entre pas dans ma tente quand elle est bien montée, mais rien ne sèche dans cette atmosphère chargée d’humidité.
Debout à 6 h, je suis en route une heure plus tard. Les quelques cyclistes ou coureurs qui m’ont vu en passant n’ont pas semblé étonnés, ils m’ont simplement salué.
Le ciel est pratiquement dégagé, et le soleil fait naître des volutes de vapeur quand il darde ses rayons sur la végétation. C’est très joli.
La piste cyclable, excellente, longe le fleuve Dora Bàltea sur quelques kilomètres, puis s’en éloigne pour contourner une réserve faunique avant de se terminer. Je déjeune dans un petit village où de délicieuses sources fraîches coulent un peu partout.
Il s’agit maintenant de me procurer une carte de la région. À la station service, une carte du Piemonte est disponible. C’est parfait, même si jusqu’ici j’ai suivi la seule route existante, puisque je suis dans une profonde vallée.
C’est vraiment magnifique. La rivière, brune et rageuse à cause des pluies récentes, coule au fond de la vallée. Tout autour, selon l’espace disponible, villages, cultures et infrastructures – route, autoroute, train, canaux d’irrigation – sont disposés au mieux. Plus haut, de petits villages sont accrochés un peu partout avant de laisser se dresser d’immenses murs de pierre aux sommets découpés.
Comme la région est fréquentée depuis longtemps, ont y croise régulièrement des châteaux fortifiés du Moyen-Âge, et même quelques infrastructures romaines.
Trois cyclistes me rejoignent, les mêmes qui montaient le col hier matin. Simone, Enrico et Nicoló sont partis de Genève il y a quelques jours et rentrent à la maison ce soir. Belle rencontre, à nouveau, avec ces trois jeunes hommes.
Parfois, la vallée étroite devient un défilé où la rivière coule dans une gorge. Le rail et l’autoroute gèrent ces obstacles avec une série de tunnels. Entre Châtillon et St Vincent, ma route monte et offre de splendides vues.
Plus loin, à Bard, la route contourne le rocher où trône une splendide forteresse. Avec le pont romain, l’ensemble vaut le coup d’œil. Certains petits villages bien typés, dont Donnas, sont ravissants.
Deux remarques sur le Val d’Aosta. Le français y est très présent, devançant parfois l’italien. Plusieurs le parlent, et il s’affiche fièrement. Ça me donne l’impression d’une forme d’affirmation régionale. Aussi, je trouve de temps en temps des indications pour la Via Francigena. Cet itinéraire conduit les marcheurs de la cathédrale de Canterbury, en Angleterre, jusqu’à celle de Rome, au Vatican. Axe de communication majeur au Moyen-Âge, il vient d’être réhabilité et attire déjà les pèlerins – j’avais croisé au col un jeune allemand en route pour Rome.
Je ne m’ennuie pas, mais je sens la fatigue et la chaleur – 34°, selon mon équipement ; 38° selon une enseigne. En tout cas, c’est chaud. Je souhaite une douche et du repos, donc un camping. Sur ma carte, il y en a trois autour de Ivrea alors qu’il faudrait dépasser Torino pour les suivants. Je choisis Ivrea.
Avant d’entrer en ville, je prends la côte à gauche et je suis les indications jusqu’au bout d’un tout petit chemin et d’une allée de gravier. J’ai un doute. Effectivement, le camping est fermé. Il reste une miellerie et une auberge, mais le patron, dans un excellent français, m’invite à planter ma tente et à profiter des installations sanitaires.
Je monte la tente, qui a grand besoin de sécher – c’est vite fait –, et je passe à la douche. L’endroit est calme, parfait, mais infesté de moustiques. Je m’installe donc dans ma tente pour écrire, malgré les 35° qui y règnent. C’est moins pénible que ces bestioles. À l’heure du repas, je constate avec plaisir que les moustiques sont en pause.
Vers 20 h, scénario connu, ça se met à gronder à l’étage supérieur. Peu après, mon hôte m’interpelle : « Aie, le canadien, l’orage s’en vient. Veux-tu mettre ta tente sous la véranda ? Sous un arbre, ce n’est pas très bon. » « L’arbre, c’était pour le soleil. C’est une excellente idée, j’espère avoir le temps… »
Je procède le plus vite possible, et tout est déménagé alors que tombent les premières gouttes. Quelques secondes plus tard, l’orage se déchaîne : forte pluie, gros vent, éclairs, tonnerre, la totale. La vérandai fait son œuvre, je reste au sec et, surtout, en sécurité. Je prends des notes pour demain soir…
Afin de bien dormir, je rentre quelque minutes afin de remercier mon hôte si prévenant. Jean-Pierre – sa mère était française – et sa femme tiennent un gîte selon la formule agrotourisme et sont en même temps apiculteurs. Le monde est bon.
Il est 22 h 00, je me couche accompagné du bruit de la pluie qui se transforme tranquillement en une série d’averses.
Statistiques
km jour : 72,2
km total : 2085
départ / arrivée : 7: 00 > 15 : 30
temps déplacement : 4 : 52
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 44,7