Retour à la maison

La maison, c’est par où ?

2017-08-07 > Montréal – 115 km
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Lundi. Levé tôt, comme d’habitude en camping, je pars tôt, même si je prends mon temps : c’est déjà la dernière journée de voyage pour cet été.

Ce matin, c’est frais et confortable, mais surtout couvert. Pour les dix premiers kilomètres, je roule sur de routes de campagne aussi désertes que le camping lors de mon départ. Grâce à ma carte assez détaillée, je rejoins facilement la Montérégiade, un segment de la Route Verte qui relie toutes les régions du Québec.

Établie sur l’emprise d’une ancienne voie de chemin de fer, la piste est facile et jolie, malgré qu’elle soit en poussière de roche. C’est simplement moins rapide. J’apprécie particulièrement de circuler entre cultures et nature, parfois dans de véritables tunnels d’arbres. En arrivant à Saint-Jean-d’Iberville, je redécouvre l’environnement urbain, mais pour peu de temps. Le trajet vers Chambly est magnifique : c’est toujours de la poussière de roche, mais le long du canal de Chambly, loin de voitures.

Il y a plusieurs marcheurs, coureurs et cyclistes : en particulier, j’y rencontre Jorg, d’Edmonton, Alberta, qui traverse le Canada à vélo et parle bien français. Arrivé hier au Québec, il ne connaît pas les itinéraires possibles. Nous en discutons, je lui donne une carte du secteur vers lequel il se dirige et nous prenons une photo à deux. Belle rencontre.

Je mange à Chambly, où je rencontre Olivier et Mara, deux jeunes cyclistes de retour de Burlington, Vermont.

Suivant toujours la Route Verte, je traverse Carignan et entre dans Longueuil. Comme la piste va trop vers l’est, je la quitte pour me diriger approximativement vers le pont Victoria. Je retrouve des pistes cyclables, passant par hasard devant la maison de mes amis Jean-Luc et Dominique, absents.

Une succession de passerelles donne accès à la digue de la voie maritime, chemin obligé pour rejoindre l’estacade du Pont Champlain. Mais la grille est cadenassée : le pont-levis est remonté afin de permettre le passage d’un gros navire vers l’écluse. Si les voitures disposent d’une alternative, les cyclistes n’ont qu’à attendre, une bonne demi-heure cette fois-ci. Je sors mon ordinateur pour travailler un peu sur le journal.

Ayant repris ma route après le passage du bateau, je m’arrête à nouveau pour réparer une crevaison, pas pour moi mais pour un homme ayant encore plusieurs kilomètres à parcourir. Il en est très reconnaissant.

Le chantier du nouveau pont Champlain avance. C’est assez spectaculaire. Comme les constructeurs utilisent l’estacade, une passerelle pour vélos a été construite pour permettre notre passage. Bon point. Et c’est une traversée spectaculaire, offrant de belles vues sur la ville.

L’entrée sur l’île de Montréal est également conditionnée par le chantier : la piste temporaire circule entre machines, constructions et entreposages.

À partir de Verdun, je progresse tranquillement sur les berges du Saint-Laurent. Les vélos et marcheurs sont nombreux, les vues sont belles, c’est agréable même si le ciel se couvre à nouveau.

En arrivant à Dorval, deux jeunes cyclistes ont visiblement un problème mécanique. Pour cause : le dérailleur du vélo de Frédéric est tout tordu. Je sors ma trousse de mécanique et replace les choses temporairement pour leur permettre de rentrer à la maison. Lui et Élodie, qui l’accompagne, sont bien contents.

La ville de Dorval est envahie de cônes orange. Je réussis à me sortir de ce labyrinthe et retrouve le chemin que j’emprunte régulièrement pour revenir du travail. Des automobilistes impatients ne comprennent pas pourquoi je roule sur la route – utilisant klaxon et engueulade comme arguments – alors que j’avais expérimenté un partage harmonieux de la route pendant tout le voyage. Il reste du travail à faire.

Je suis chez moi peu avant 19 h. Tout est en ordre, si on peut dire, car ma maison est un chantier. Ce sera pour un autre jour. Après près de 1800 kilomètres, mission accomplie. Quel beau voyage ! Le repos sera apprécié, mais je repartirai, pour les rencontres, pour rester vivant et heureux.

Statistiques
km jour : 115,5
km total : 1788
départ / arrivée : 7: 45 > 19 : 00
temps déplacement : 7 : 01
vitesse moyenne : 16,4
vitesse maximale : 27,9


Du gravier avec ça ?

Abbaye Saint-Benoît-du-Lac

2017-08-06 > Sainte-Sabine – 95 km
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Dimanche. C’est quand même bien de dormir à l’intérieur quand il pleut. Et il a sûrement plu cette nuit, puisque c’est tout mouillé dehors. D’ailleurs, il tombe encore quelques gouttes d’un ciel bien gris pendant le déjeuner, mais ce sont les dernières.

Je pars à 9 h 15, remerciant Jacques pour son accueil toujours chaleureux. Dehors, c’est froid et venteux, mais il est prévu que le temps s’améliorera en cours de journée.

Ce matin, j’ai choisi de me rendre au monastère Saint-Benoît-du-Lac, réputé pour son site, son architecture, sa liturgie grégorienne et ses fromages, toutes choses que j’apprécie.

Tout de suite après le lac Orford, je croise un chemin que je ne connais pas, mais qui selon la carte semble intéressant. Je m’y risque. Excellent choix.

Cette route serpente en forêt en suivant les collines. Rien de très abrupt, de jolis paysages, une chaussée en très bonne condition et pratiquement aucune circulation : je passe de bons moments malgré quelques kilomètres de gravier imprévus. J’arrive à Austin sans difficultés, puis à Saint-Benoît-du-Lac 15 minutes avant la messe. Une jeune femme préposée aux visites guidées accepte que je laisse mon vélo sous sa garde. C’est donc l’âme en paix que je profite de la liturgie. J’achète également un peu de fromage : c’est lourd, mais trop bon, et il ne me reste plus beaucoup de chemin à parcourir avant la fin du périple. Je mange près de l’abbaye avant de reprendre la route. Temps de pause : deux heures bien comptées.

Le village d’Austin a installé une maquette intéressante : le système solaire à l’échelle 1 : 3,000,000,000. Le Soleil mesure 46 cm, la Terre 4 mm, et Neptune est à près de 2 km du Soleil. J’imagine que la plus rapprochée des étoiles serait dans l’hémisphère sud, ou même pas loin de la lune. L’univers est immense, et nous, humains, pouvons difficilement être prétentieux.

Le soleil perce de plus en plus, mais le vent reste fort et souvent de face. Ce n’est pas très grave au début de l’après-midi, car il y a pas mal de côtes. La montée, puis la descente vers Bolton-Est, puis le trajet vers South-Bolton se font bien, car c’est bien joli. J’entame ensuite la traversée de la passe de Bolton, toujours aussi belle. Après le stationnement des Sentiers de l’Estrie – que de souvenirs ! –, la route serpente entre les massifs des monts Écho et Glen. Quelques crans rocheux ajoutent leurs accents à un paysage fort.

Un cycliste me rattrape, puis roule un temps avec moi. Nous avons bien des intérêts communs en termes de destinations : il connaît Anticosti, la Côte-Nord, il arrive de l’Islande et se prépare à pédaler au Japon. Il repart quand sa conjointe nous rejoint.

Je retrouve Marc et Christine pour une pause à Lac-Brome, dont le cœur est envahi de touristes. Marc me présente une carte vélo de la région à laquelle il a contribué. Encore une belle rencontre.

Le relief diminue, mais pas le vent de face. J’avance lentement. À partir de l’intersection vers Sutton, la circulation est dense pour quelques kilomètres. À Cowansville, je complète mon garde-manger. C’est une journée presque sans villes : deux villages, plus Lac-Brome et Cowansville, c’est tout. Je retrouve les chemins de campagne.

Je quitte la route 104 pour prendre des rangs de gravier. C’est joli et calme, il n’y a pratiquement plus de voitures.

Au camping, immense au milieu des champs, c’est calme. C’est presque la fin du trajet : je termine mon réservoir principal de carburant – j’ai un petit réservoir de sécurité, quand même – et je mange mes derniers légumes déshydratés. Après la douche et un peu d’écriture, dodo !

Statistiques
km jour : 94,9
km total : 1672
départ / arrivée : 9 : 15 > 19 : 00
temps déplacement : 5 : 46
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 52,4
camping : 34 $

À l’abri du déluge

Lac Memphrémagog

2017-08-05 > Eastman – 45 km
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Samedi. Un petit regard sur la météo a été éloquent : je me lève tôt pour partir tôt, car un gros système de pluie est attendu en mi-journée. Après avoir salué et remercié mes amis, je prends la route sous un ciel bien gris.

Je longe la rivière Magog, parfois sur piste, parfois sur route. Des gens créatifs ont aménagé sous le viaduc de l’autoroute 410 une passerelle pour vélos. C’est génial et très efficace. En arrivant à Magog, je reçois quelques gouttes sans conséquence.

En ville, la piste passe sur les berges du lac Memphrémagog : c’est superbe, alors j’en profite pleinement… et lentement.

Je vais ensuite le plus directement possible vers le lac Orford, car le ciel est de plus en plus gris. Ça reste très beau car la route 112, calme ici, passe au pied du mont Orford.

À la halte du lac Orford, un jeune cycliste souhaite ne pas rencontrer de pluie sur son trajet vers Montréal. Je lui soumets qu’il peut se compter chanceux de ne pas être en sucre. Et quelques instants plus tard, la pluie commence. Pour moi, pas de problème, je suis à 5 minutes de ma destination ; lui a dû recevoir toute une douche, car c’est un solide déluge qui déferle pendant quelques heures.

C’est avec mon oncle Jacques que je passe le reste de la journée. Grâce aux parapluies, nous réussissons à nous rendre à la voiture, puis à entrer au restaurant où nous dînons. Dans l’après-midi, nous discutons abondamment. Jacques est curieux et bricoleur, c’est très intéressant. Plus tard, quand le soleil émerge entre de plus petites averses, nous marchons dans les sentiers en forêt.

Après le souper, nous poursuivons nos conversations, toujours animées, assez tard en soirée. Comme la pluie se poursuit de temps en temps, je profite pleinement de la solidité et du confort de la maison, en plus de l’hospitalité de mon oncle.

Statistiques
km jour : 45,6
km total : 1578
départ / arrivée : 8: 00 > 12 : 00
temps déplacement : 2 : 56 
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 45,0

Vallons

Milan

2017-08-04 > Sherbrooke – 110 km
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Vendredi. Levé plus tard que d’habitude, je prends le temps de bien organiser mon matériel en tenant compte des possibles averses prévues. Je suis en route avant 9 h.

Après un départ confortable sous un ciel bleu, comme d’habitude, la journée annonce qu’elle sera brûlante malgré un petit vent qui forcit en après-midi. La route est très belle, pratiquement sans circulation, mais elle monte et descend constamment, tracée en ligne droite au travers de collines.

Il y a quelques villages en route, parfois traversés, parfois contournés. Je mange à Scotstown, dans un parc près de la rivière.

À East Angus, je me rends à l’information touristique pour vérifier le trajet vélo vers Sherbrooke. Rien n’existe. Faudra faire avec. En sortant de la ville, je passe le cap des 1500 km.

Je me retrouve sur la route 112. C’est désagréable car le flot de circulation est pratiquement ininterrompu. Dès Ascot Corner, le village suivant, je prends le chemin Spring, un rang raboteux tout en côtes, mais calme et joli. J’arrive près de l’université Bishop’s et je profite d’une belle piste cyclable en forêt le long de la rivière Saint-François pour entrer en ville.

Je quitte la piste cyclable quand je croise la rue Galt qui me guide chez mes amis. Je ne traîne pas en chemin, car de gros nuages font craindre une averse de fin de journée. Finalement, j’arrive bien sec chez Gérard et Georgette. Je suis très bien reçu : c’est toujours un plaisir de se retrouver. Après la bienfaisante douche, les conversations ne manquent pas, le repas et la compagnie sont excellents et nous profitons de chaque instant d’une belle soirée, sans se coucher trop tard.

Statistiques
km jour : 108,9 
km total : 1532
départ / arrivée : 8: 45 > 17 : 30
temps déplacement : 6 : 36
vitesse moyenne : 16,5
vitesse maximale : 62,6

Le tour du lac

Le Lac Mégantic

2017-08-03 – Lac-Mégantic – 70 km
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Jeudi. Ce matin, je suis en congé, je me lève tard. Il a plu pendant la nuit, mais je m’en suis à peine aperçu. Et ma tente et restée bien sèche, un luxe. Quelle nuit !

Soyons clairs : je suis en congé de bagages, mais sûrement pas de vélo alors qu’un magnifique terrain de jeu est disponible. Je prends la route à 9 h 15 sous un ciel magnifique, comme d’habitude.

Comme j’ai une bonne carte, je rejoins facilement la piste cyclable en gravier qui serpente en forêt jusqu’au camping de la Baie-des-Sables. Après la traversée de celui-ci, je retrouve l’asphalte d’une petite route de campagne aux fortes pentes.

Je n’y suis pas le seul cycliste : je roule avec Gabriel et Sylvie, un couple de Saint-Jean-su-Richelieu partis pour une petite boucle de moins de 10 km.

À l’intersection de Marston, Gabriel me demande si je souhaite un compagnon pour le tour du Lac Mégantic. Comme Sylvie avait déjà décidé de rentrer directement au camping, c’est à deux que nous poursuivons la boucle.

Nous sommes deux bons rouleurs, c’est donc facile de progresser ensemble. En plus, il a vécu de magnifiques voyages, en particulier un tour du monde d’un an sac au dos avec Sylvie alors qu’ils approchaient la cinquantaine. Conversations intéressantes garanties.

Après une toute petite descente, nous entamons la plus dure montée du trajet sous un soleil brûlant. Heureusement, les paysages sont magnifiques et la route très tranquille.

Une série de petites montées et de longues descentes nous mènent à Piopolis, très joli et seul village de la boucle. Nous en profitons pour faire le plein d’eau avant de profiter d’un trajet pas mal plus facile.

Arrivés au sud du lac, nous prenons une route plus importante mais guère plus fréquentée. Comme nous longeons le lac d’assez près, le relief reste léger. Nous prenons une bonne pause collation et paysage près d’une tour d’observation. Rapidement, nous sommes de retour en ville après une bouche de 55 km très agréable.

Dans un stationnement, Gabriel me propose un petit essai de son vélo, un VPA – vélo à position allongée – ancien mais en excellente condition. Le départ et le pilotage sont assez différents, car le fauteuil est au-dessus du guidon et la roue avant est sous le pédalier. Après quelques faux départs, ça devient très agréable. Ensuite, nous nous séparons, heureux d’une belle balade et d’une belle rencontre.

Je me promène un peu en ville pour les paysages, l’épicerie et un plein d’eau, puis je remonte à la cabane à sucre en guettant les averses qui tombent tout autour.

Sur la table, un message de Mario. Je l’appelle, il m’invite à me rendre chez lui, un trajet de quelques kilomètres. Je prépare mon bagage en conséquence et j’y arrive peu après, sans que la pluie ne soit passée.

L’accueil de Mario et de sa femme Aline est plus que chaleureux. Nous nous connaissions peu, mais c’est comme retrouver de vieux amis. Première étape : la douche, appréciée après les chaleurs des derniers jours.

Ensuite, nous conversons à deux ou à trois, visitant les lieux, parlant voyages, famille et amitiés entre autres, poursuivant lors d’un excellent et chaleureux souper.

Mario a un rendez-vous téléphonique en milieu de soirée. C’est parfait : je peux rentrer dans « ma » cabane à sucre avant que la nuit ne tombe complètement. Dix minutes de chemin de gravier entre champs et bois, et j’entre à la maison pour compléter le journal et organiser les photos, un bon travail qui me mène au-delà de minuit. Il est grand temps de dormir.

Statistiques
km jour : 71,2
km total : 1423
départ / arrivée : 9: 15 > 14 : 4
temps déplacement : 3 : 47
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 59,6


Remonter la Chaudière

Rivière Chaudière

2017-08-02 > Lac-Mégantic – 105 km
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Mercredi. Nuit très calme, malgré la route à proximité : le son en est coupé par la maison, et la nuit les autos dorment aussi. La dalle de béton sous la tente est restée tiède toute la nuit, me chauffant à travers le matelas alors que l’air était plus froid. Ayant bien dormi, je suis debout un peu avant 5 h 30 et je prends la route un peu plus d’une heure plus tard. Mes hôtes sont debout et nous nous saluons. Très bel accueil.

Comme souvent le matin, c’est frais pour un temps. Sous un ciel sans nuage et le bas soleil, les paysages en douces courbes de la Beauce sont magnifiés. Après un bout sur route et une bonne colline, je retrouve une piste cyclable qui franchit la Chaudière par un beau pont couvert, puis en longue le cours jusqu’à Saint-Georges.

C’est l’heure d’une petite épicerie, toujours un peu complexe avec un vélo chargé que je ne peux pas laisser dehors sans surveillance. Avec la bonne volonté des gens, ça s’arrange toujours.

La ville est très accueillante en général, et s’occupe bien des cyclistes. En prime, il y a un piano public et une armoire pour échanger des livres. Belles idées.

Après Saint-Georges, il n’y a plus d’aménagement cyclable mais l’accotement pavé est devenu une norme appréciée et améliore la sécurité de tous.

Maintenant, le soleil frappe fort. Il y a quelques montées, plus nombreuses et importantes au fur à mesure que la journée avance. Je croise François, cyclo-campeur qui retourne vers Québec après une boucle d’une dizaine de jours. Espèce rare et agréable.

En début d’après-midi, les nuages deviennent plus nombreux, on voit la pluie sous certains d’entre eux dans les montagnes au sud. Quand la route quitte la rivière par une longue montée, quelques gouttes deviennent une bonne averse. Je me réfugie sous un abri d’auto attenant à une maison apparemment déserte.

Je sonne, pas de réponse. Quelques minutes plus tard, un homme arrive avec son fils. Il reste pour discuter un peu, jusqu’à la fin de la pluie. La pause dure 20 minutes. Plus loin, ma réserve d’eau baisse dangereusement. Un homme arrive en voiture, je lui demande un plein de bouteilles. Il procède avec grande gentillesse, puis entreprends de me raconter de bons pans de sa vie. À la suite d’un accident de VTT l’hiver dernier, il doit renoncer à beaucoup de ce qu’il aimait… et les questions de sens émergent. Échange très intéressant.

Encore quelques montées, puis une descente me mène au village de Lac-Mégantic. Je passe à l’épicerie, puis je me retrouve sur les lieux de la catastrophe ferroviaire de 2013 qui a réduit en cendres le centre-ville et emporté 47 vies. La reconstruction avance, mais le cœur de la ville reste artificiel et le sinistre train circule encore sur les lieux du drame. Heureusement, le magnifique lac apporte sa beauté et sa sérénité.

Quelques bonnes montées bien abruptes, et j’arrive chez Mario et Aline, absents aujourd’hui. Mais mon frère Gaétan avait bien organisé mon hébergement. Par une série de messages texte, il m’indique que je pourrai dormir dans la cabane à sucre, à l’autre bout du grand terrain. Je m’y rends en suivant les indications, trouve la clef et entre.

C’est vraiment parfait, comme un chalet en plein bois. Il y a des meubles, l’eau courante, l’électricité, une chambre en mezzanine, de l’espace, pas de douche mais un toit, bien utile alors qu’une ligne d’orages devrait passer pendant la nuit. Le luxe !

Je m’installe, cuisine mon souper, et commence la mise à jour du journal. Je ne réussis pas à le compléter, le sommeil a le dessus sur toute autre activité. Donc, dodo.

Statistiques
km jour : 105,9
km total : 1352
départ / arrivée : 6: 40 > 19 : 10
temps déplacement : 7 : 32
vitesse moyenne : 14,0
vitesse maximale : 62,2

Lumières

Rivière Chaudière

2017-08-01 > Beauceville – 40 km
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Mardi. Après une nuit confortable bercée par le chant de la cascade à côté de la maison, nous déjeunons au bord de la piscine sous un ciel magnifique. C’est encore frais, mais la journée sera bien chaude.

Comme je ne suis pas pressé, je propose à Lucie de lui donner un coup de main pour l’un des nombreux besoins de sa maison. Elle choisit de transporter des installations d’éclairage – lumière à détecteur de mouvement et commutateur à trois voies – d’un arbre brisé par une tempête vers un poteau, à installer. Pendant que nous nous y mettons, Camille poursuit l’aménagement floral du terrain.

Dans un premier temps, je dévisse chaque élément, tous englués de gomme de pin. La lampe, lourde et non-fonctionnelle, nécessite quelques précautions, mais ça se passe bien. En déterrant les fils, nous découvrons qu’ils sont assez longs pour être installés de l’autre côté du sentier pour la voiture. Bonne nouvelle.

Si nous avons déjà la lampe neuve avec détecteur de mouvement, il faut un boîtier pour l’installer, que nous allons acheter au village. Il est déjà temps de passer à la piscine et au dîner.

Ensuite, pendant que Camille creuse une tranchée pour enterrer les fils et installe la base du poteau, je vérifie les branchements électriques. Problème : le boîtier acheté ce matin ne permet pas de fixer le module d’éclairage. Je repars donc au village et établis avec les commis un autre système d’installation. En gros, il faudra démonter le système détecteur et lampes et le fixer au boîtier avec des adaptateurs… à sabler avant de pouvoir les installer. Pas simple. Mais finalement, tout fonctionne.

Il est déjà tard. Je me prépare rapidement afin de prendre la route. Je quitte Lucie et Camille vers 17 h 15.

Depuis ce matin et encore maintenant, le temps est magnifique. Je roule un peu sur la rive ouest de la Chaudière avant de traverser par une passerelle tout en évitant une route fermée.

Ça avance bien. Certaines sections sont en piste cyclable, parfois près de la route, parfois près du train, parfois près de la rivière, parfois toutes ces réponses. La campagne beauceronne est coquette et verdoyante. Le trajet est très agréable, même quand il emprunte la route 173, heureusement peu achalandée.

J’avais espéré arriver dès ce soir à Saint-Georges-de-Beauce, mais je suis parti trop tard. Je vérifie si des gens prennent l’air sur leur balcon. Je demande la permission de camper à un couple à l’entrée de Beauceville, mais ils refusent. À la sortie du village, un autre couple accepte la même demande avec empressement. Nous échangeons un moment – il sont très gentils – puis M. Gaston m’amène dans la cour, tout près de la rivière. C’est parfait. Quelques instants plus tard, il revient avec une banane, cadeau pour le déjeuner. Quel accueil !

D’une ancienne piscine maintenant comblée, il reste un large trottoir de béton où je peux monter ma tente. Alors que je termine le délicieux sandwich préparé par Camille, le téléphone sonne. C’est mon frère Gaétan. Nous jasons un bon bout de temps, comme les bons amis que nous sommes.

Je m’installe dans la tente, chauffée par la dalle de béton, je me mets au journal jusqu’à 23 h 30, puis dodo.

Statistiques
km jour : 41,3
km total : 1246
départ / arrivée : 17 : 15 > 19 : 30
temps déplacement : 2 : 07
vitesse moyenne : 19,4
vitesse maximale : 42,8

Suivre l’eau, encore

Les ponts de Québrc

2017-07-31 > Sainte-Marie – 70 km
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Lundi. Couché tard, je me lève tard. Après tout, je suis en vacances. Je prends une douche, complète le journal, prépare mon matériel et mon vélo, discute avec mon voisin de chambre, également cycliste : il est 10 h 45 quand je prends la route sous un soleil chaud et brumeux.

Je rejoins la promenade Champlain, sur les rives du fleuve, par la Côte à Gignac, puis je roule en compagnie de nombreux cyclistes de tous les styles vers le traversier de Lévis. À bord, il y a plus de cyclistes que d’automobilistes.

Arrivé à Lévis, je longe à nouveau le fleuve, mais en direction opposée. Je souhaitais rouler sur cette section, réputée très jolie – à juste titre – tout en contournant le peu agréable pont de Québec. J’apprécie particulièrement les maisons de toutes les époques, certaines pas mal anciennes, qui cohabitent sur la rive.

Petite montée solide, puis je suis sur le plateau. Après l’épicerie, je mange au parc des chutes de la rivière Chaudière, spectaculaires malgré un aménagement hydroélectrique discutable.

La ligne d’orages qui s’annonçait ce matin s’est finalement évaporée, et le grand beau temps est de retour. Je pédale tranquillement – fatigue des derniers jours, peut-être – dans les jolis paysages de la rivière beauceronne, en profitant d’un bel itinéraire cyclable.

Il est déjà 17 h quand j’arrive chez ma sœur Lucie. Sa fille Camille est là, toujours aussi dynamique dans tous les domaines. Émile participe à un camp d’astronomie, se remettant d’une chute à vélo qui lui a laissé de bonnes écorchures et quelques points de suture, mais heureusement aucune blessure sérieuse.

Lucie a entrepris de gros travaux. La maison est la même, mais elle est méconnaissable : elle était croche, elle a été redressée, la toiture et les fenêtres sont neuves, le terrain a été réaménagé avec goût, l’intérieur est maintenant clair et gai. C’est une authentique métamorphose, qui se poursuivra car les projets pullulent.

Il y a aussi une grande piscine bien chaude dont nous profitons bien avant de partager l’excellent souper signé Camille.

Après un bout de soirée à trois, Camille et moi partageons quelques passions et anecdotes – ses photos de nature sont sublimes – avant de prendre nos quartiers de nuit. Le bon temps passe vite.

Statistiques
km jour : 69,2
km total : 1205
départ / arrivée : 10 : 45 > 17 : 00
temps déplacement : 4 : 13
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 49,3

De la 138 au campus

En quittant Baie-Saint-Paul

2017-07-30 > Québec – 120 km
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Dimanche. Une autre nuit fraîche et humide : ma tente est bien trempée ce matin. Comme je ne prévois pas la monter pour quelques jours, je la laisse sécher au soleil avant de la ranger. Je pars donc un peu plus tard que d’habitude pour une autre journée que je prévois corsée.

Les huit premiers kilomètres jusqu’à la sortie de Baie-Saint-Paul sont faciles et rapides, mais dès que je rejoins la route 138, le rythme change puisque j’entame une célèbre montée de près de 10 kilomètres. En incluant les indispensables pauses, il est près de midi quand j’arrive en haut, à 740 m d’altitude.

Il fait très beau et pas mal chaud, mais surtout la circulation est très dense et exige pas mal de vigilance. Ça en est carrément désagréable et mon rétroviseur s’avère être un allié vital. En chemin, je croise aller et retour Benjamin, de Toulouse, jeune cycliste en balade d’un jour. C’est agréable et utile, puisque nous nous entraidons sur l’itinéraire.

Après le sommet, la descente est rapide mais tout aussi exigeante puisque la voie des automobiles est simple. Heureusement, l’accotement est généralement large et propre.

À la première occasion, je quitte l’inhospitalière route 138 et emprunte la calme et bucolique route 360. Elle aussi a ses difficultés, en particulier quelques montées corsées, mais la quasi absence de circulation compense largement. À Saint-Férréol-les-Neiges, je demande à un homme exécutant des travaux sur sa maison la permission d’utiliser ses toilettes. Robert, sa femme et ses filles préadolescentes sont très accueillants et nous discutons un bon bout de temps de vélo, de rénovations et de valeurs. En prime, je repars avec de l’eau fraîche et délicieuse.

Un peu plus loin, je profite d’un petit parc pour manger. Raymond, qui vit à vélo l’été et à skis l’hiver même s’il habite à plusieurs kilomètres du village, m’accompagne pour un échange bien intéressant. Je passe au pied du Mont Sainte-Anne, haut lieu du ski mais bien vert aujourd’hui.

À partir de Sainte-Anne-de-Beaupré, je roule sur la route de la Nouvelle-France – en tentant au passage de dépanner un cycliste victime d’une crevaison – puis sur la véloroute Marie-Hélène Prémont qui me mène tranquillement vers Québec.

En entrant en ville, j’ai grand besoin de mon GPS intérieur, car je dois me diriger vers un endroit que je connais peu en utilisant une carte floue. Il est 18 h 45 quand j’arrive enfin chez Pauline, bien heureux d’avoir réussi à trouver mon chemin avec si peu de précisions.

Nous montons mon vélo dans son logement, je prends une rapide douche – bien utile pour vivre en société – puis nous marchons jusqu’à La Cuisine, un petit resto très animé. Récemment arrivée de France, Pauline s’initie à quelques classiques : le pâté chinois, le pudding chômeur et l’improvisation théâtrale, puis qu’il y a un match ce soir. Ensuite, nous marchons dans les rues calmes à la recherche – longue mais fructueuse – des berges de la rivière Saint-Charles.

Sa colocataire Julianne est de retour, mais c’est l’heure du départ pour moi. Avec l’aide de mes hôtesses, je descend et charge le vélo puis me dirige vers l’Université Laval par la Pente Douce, les pistes cyclables et les rues. Il est plus de 22 h 30 quand j’arrive à ma chambre, mais la clef reste coincée dans la serrure et je dois déménager. Après vérification des courriels, il est grand temps de me reposer enfin dans une chambre trop chaude. Heureusement, la journée de demain s’annonce plus facile, malgré une petite possibilité d’orages.

Statistiques
km jour : 118,9
km total : 1136
départ / arrivée : 8 : 15 > 22 : 15
temps déplacement : 8 : 00
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 60,0
camping : 63 $

La route qui touche le ciel

Route 381

2017-07-29 > Baie-Saint-Paul – 75 km
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Samedi. La nuit a vraiment été froide, mais ça n’a rien dérangé. En revanche, ce n’était pas chaud du tout en sortant du sac de couchage. Matin magnifique : le vent promène des volutes de brume sur le lac, illuminées par le soleil levant. Ça vaut la peine de geler un peu.

En prenant la route, je bats un record de lenteur : je mets 1 h 45 pour franchir les quatre premiers kilomètres. J’ai une excuse : ça monte dur, de 12% à 15%. Quand la pente dépasse 12%, je dois prendre régulièrement des pauses pour retrouver un rythme cardiaque viable, parfois 3 minutes après chaque 30 secondes de montée. Ça fait baisser une moyenne.

En tout cas, je monte tout sur mes roues, et les pauses permettent de prendre quelques photos d’un paysage qui le justifie. Il fait toujours froid, mais j’ai bien chaud.

Quand cette première étape est franchie, je roule dans un environnement sauvage magnifique, pratiquement toujours en montée ou en descente. Je mets le manteau et les mitaines, j’enlève le manteau et les mitaines, et ça recommence. Le ciel, dégagé au matin, s’ennuage de plus en plus tout en maintenant des percées de soleil.

Je longe le Parc des Laurentides, la ZEC des Martres, et plus loin le Parc des Grands-Jardins, ainsi que plusieurs lacs et cours d’eau, en particulier la rivière Malbaie. Il y a aussi une vaste étendue de forêt rasée par des feux et qui repousse tranquillement au pied des quelques chicots encore debout. C’est vraiment beau, et pas mal sportif.

Au travers des montées, il y a aussi des descentes spectaculaires et rapides. Lors de l’une d’elles, je bats mon record de vitesse à vie : 75,2 km/h à vélo, c’est vraiment vite. Heureusement, la route est bonne et la circulation clairsemée.

Je dîne près de l’accueil Fortin du Parc des grands jardins – j’y croise deux cyclistes légers venus de Sutton – puis c’est la grande descente du Mont du lac des Cygnes. Comme il est encore tôt, je vérifie s’il est possible de laisser mon vélo en sécurité pendant une randonnée pédestre, mais rien n’est prévu en conséquence. Comme je ne peux pas marcher, je roulerai.

Je descends tranquillement vers Saint-Urbain – pause épicerie – puis Baie-Saint-Paul, sous un soleil redevenu rayonnant. J’arrive tôt au camping, ce qui me permet de m’organiser sans me presser, de jaser avec Nancy qui « boude », selon ses dires, mais qui participera demain à un triathlon.

Ensuite, courriel, journal, chargement des batteries, la soirée passe vite alors que la température baisse rapidement. À 21 h, c’est pas mal complété et je me dirige vers ma tente. Je reçois un appel de mon ami Roger, qui quitte demain matin pour un congé sur les plages. Je termine la journée en appelant ma sœur Monique, puis je passe à un dodo bien mérité.

Depuis le départ, tous mes trajets étaient relativement faciles et accessibles, mais aujourd’hui c’était du sérieux. Quelle belle journée !

Statistiques
km jour : 76,0
km total : 1017
départ / arrivée : 7 : 30 > 16 : 30
temps déplacement : 5 : 00
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 75,2
camping : 26 $