C’est une journée pluvieuse, alors nous poursuivons les bricolages. Tant que je limite certains mouvements, je reste assez fonctionnel. Le ménage du garage se poursuit.
Comme nous avons une bonne quantité de cartons et d’emballages, nous préparons un voyage à l’éco-centre, de l’autre côté de Mégantic. Sur place, nous constatons qu’il est fermé pour la semaine, nous ramenons le tout.
Nous passons à la quincaillerie et nous procurons des bandes antidérapantes pour l’escalier, que nous posons tranquillement. Succès.
En soirée, Gaétan sort un projecteur à diapositives et quelques carrousels. Nous replongeons dans l’enfance avec ces images rescapées du passé. Le projecteur n’avait pas servi depuis longtemps, il émet soudain un bruit douteux. Bricolage à venir
Nuit correcte, lever précautionneux : je dois m’y faire pour un temps.
Il fait beau, mais la pluie s’annonce pour plus tard. Le garage de mon frère étant assez envahi, nous nous lançons dans un bon ménage, déplaçant et remplissant des étagères. Il y a aussi des armoires neuves : les trois reposant au sol sont déjà montées et assez remplies, mais un module mural attends d’être installé. Afin de bien faire les choses, il faut déplacer un radiateur électrique, une opération assez simple mais pendant laquelle nous perçons le tuyau de sortie d’air de la sécheuse, qu’il faut évidemment réparer.
Tous ces bricolages prennent une bonne partie de la journée et sont coupés par une bonne baignade dans le lac agité de forts vents.
Tous ces bricolages prennent une bonne partie de la journée et sont coupés par une bonne baignade dans le lac agité de forts vents.
En fin de journée, la pluie prévue arrive. Après le souper, nous vérifions et ajustons les vitesses de mon vélo, un travail délicat mais bien réussi : j’ai désormais accès à tous mes pignons, sauf un, et tout passe très souplement.
Il reste un peu de temps. Nous regardons un historique concert de Pink Floyd donné à Venise en 1989. Si le spectacle lui-même était excellent, il a été une catastrophe logistique pour la ville. Pour nous, la soirée se termine bien.
En camping sauvage, je dors très bien mais je pars tôt. Debout peu après 5 h 30, je suis sur la route à 6 h 20. La tente est bien rangée mais trempée par la rosée de la nuit.
La route 108 est facile jusqu’au village de Cookshire, puis je prends la route 212, toujours franc est. Je déjeune assis sur de gros rondins à la sortie du village, puis je poursuis un trajet tout en montées (plus) et descentes (moins). Si je gagne en altitude, mes réserves d’eau s’amenuisent rapidement. C’est au petit restaurant de Island Brook, minuscule regroupement de maisons le long de la route, que je peux remplir enfin mes bouteilles de leur excellente eau.
Le Mont Mégantic s’élève, de plus en plus proche. Une descente abrupte me mène à La Patrie pour acheter des fruits et remplir à nouveau une gourde – par cette chaleur, je consomme quelques litres aux 100 km. Après la jolie vallée, je m’attaque aux grosses et longues côtes, souvent bien droites, typiques du secteur des montagnes frontalières. En contournant le Mont Mégantic par le sud, la route monte par paliers à près de 600 m. C’est bien loin des cols suisses, qui dépassent parfois les 2400 m, mais ça grimpe solide.
Je dîne à Notre-Dame-des-Bois, plus haut village du Québec, avec une vue splendide sur la région dominée par le Mont Mégantic. À la halte routière, il y a un… édicule de métro, projet artistique permettant de «connecter le village à un réseau imaginaire de transport collectif». Créatif et amusant.
Il reste encore quelques solides côtes avant de rejoindre Woburn, tout près de la frontière américaine infranchissable en ce temps de pandémie. De toute façon, je vais vers le nord, car mon frère Gaétan habite tout près du lac Mégantic. Je suis chez lui vers 14 h 45. Nous nous retrouvons avec joie ; si nous nous parlons régulièrement, nous ne nous étions pas vus depuis Noël.
Tout d’abord, je monte ma tente afin qu’elle sèche. Nous apportons le vélo au garage, nous le déchargeons et apportons les sacs à ma chambre, au sous-sol. En arrivant en haut de l’escalier, mes deux pieds glissent et je descends les marches assis. Ayoye ! S’il ne semble pas y avoir de dégâts majeurs, j’ai le coccyx assez douloureux. Je peux marcher, plus lentement, c’est douloureux dans les escaliers, et ça annonce un changement de programme…
Après coup, nous analysons l’incident : il y a de la sciure dans le garage et les marches vernies sont très glissantes, mon frère avait déjà failli tomber à plusieurs reprises. Ce sera à corriger.
Après une bonne douche, le ramassage de la tente et une brassée de lavage, nous mangeons en excellente compagnie. La soirée, tranquille et ponctuée de musique avec guitare et piano, se termine sous les étoiles dans le spa où je descends avec précautions. Je dois aussi me coucher prudemment…
Nuit calme mais très humide, la tente est trempée ce matin. Le ciel, lui, est d’un bleu sans partage. Levé peu avant 8 h, je suis sur la route dès 9 h 30.
Je quitte le Parc par la piste cyclable de la digue, puis je choisis de rouler sur la route plutôt que de prendre la piste cyclable en poussière de roche. La circulation reste réduite et ça roule plus facilement.
Il fait très beau et la chaleur s’intensifie rapidement. De plus, les routes de la région sont souvent de longues lignes droites tracées sans tenir compte du relief. Il y a donc de nombreuses montées et descentes. Souvent, je passe à l’intérieur d’une même minute de plus de 50 km/h à moins de 5 km/h. De plus, mon dérailleur arrière choisit ce matin pour refuser d’accéder aux plus petits pignons, utiles pour maintenir mon élan en au pied des côtes. À suivre.
Je contourne par le nord le Parc du Mont-Orford, profitant de la plage du Lac Fraser pour la pause du dîner. Hier, j’avais contacté mes amis Michel et Agnès, de Granby, mais ce n’est que ce midi que je reçois leur réponse : nous nous sommes manqués…
J’entre à Sherbrooke par la route 220. J’ai heureusement mon téléphone, car l’itinéraire, nouveau, n’est pas vraiment évident. Il est près de 15 h quand j’arrive chez mes amis Gérard et Georgette, qui m’attendent pour un bout d’après-midi et un bon souper. Leur fille Jasmine, amie après avoir été élève il y a quelques décennies, nous rejoint après son travail. Agréables retrouvailles.
Vers 18 h 30, je reprends la route pour encore quelques kilomètres. Après Lennoxville, je reviens en campagne et je commence à inspecter les abords de la route afin de dénicher un site possible de camping. Vers 20 h, je m’installe dans une plantation d’arbres de Noël, confortable et discrète. Comme j’ai déjà mangé, je suis rapidement prêt à dormir alors que la noirceur enveloppe rapidement les lieux. Si j’entends un peu les voitures, c’est un camping parfait dans les circonstances. La nuit, dégagée, s’annonce excellente.
Départ normal : pas mal de préparatifs, et enfin prendre la route. Le vélo et le cycliste sont en pleine forme, le ciel, lui… est un peu douteux, gris avec des risques d’averses. Pas de problème.
Je longe d’abord le Saint-Laurent à partir de Dorval, ayant décidé de prendre le Pont Champlain. Tout neuf, celui-ci comporte maintenant une excellente piste cyclable, large et confortable, offrant une vue unique et spectaculaire sur la ville.
En revanche, c’est ensuite un peu complexe de rejoindre mon itinéraire. Je suis bien heureux quand je quitte les zones urbanisées pour enfin rouler en campagne, essentiellement sur des routes nouvelles pour moi.
Chambly est toujours une jolie étape, avec son fort, son canal, la rivière Richelieu et le canal. J’emprunte la route 112 pour quelques kilomètres, puis je constate que la piste cyclable parallèle est pavée et j’en profite. C’est plus confortable que la proximité de la circulation.
En fin de journée, alors que les nuages ont totalement disparu, je traverse Granby et le Lac Boivin, et une autre piste cyclable en forêt me mène au Parc de la Yamaska, où je prévois dormir. Comme la plupart des parcs provinciaux, celui-ci adhère au programme Bienvenue Cyclistes, me garantissant une place… mais pas un site. Comme tout est plein, la préposée me dirige vers un vaste stationnement gazonné. L’espace est immense, j’ai une table, beaucoup de gens passent sur le sentier à proximité, mais les services sont un peu loin.
Alors que je m’installe, Maxime, qui vient de compléter sa première journée de cyclotourisme à vie et en est ravi, arrête pour discuter un peu. Il a de nombreuses questions, j’ai quelques réponses, et surtout la rencontre est bien agréable.
Après souper et douche, la nuit est tombée et je m’installe dans ma tente. Un bruit suspect m’en fait ressortir rapidement : un raton laveur essaie de déchirer le sac de nourriture attaché à mon vélo, comme je fais chaque soir sans problème. Les dommages sont limités, mais je le suspends hors de sa portée. De toute évidence, la proximité des humains lui a enseigné de bons trucs. Après ce faux départ vers le sommeil, je m’endors facilement sous ma confortable tente.
En 2020, chacun explore son coin de pays, puisque les voyages lointains sont contrindiqués pour cause de pandémie. Mais même un plan de voyage tout simple est soumis aux aléas de la réalité… et mènera vers un voyage B.
Le temps passe vite en bonne compagnie. En plus, le soleil est au rendez-vous… C’est agréable, mais comme nous sommes en voiture les intempéries n’auraient pas beaucoup dérangé le cas échéant. Après la nuit calme et un peu de temps en famille, il faut déjà reprendre la route.
La première étape est courte, puisque nous sommes attendus à Tadoussac. Le voilier Passetougrain est amarré à la marina; à son bord, le capitaine Yvan et ses matelots Anne-Marie et Adélaïde, de bons amis. Nous nous baladons un peu à pieds et mangeons ensemble. Encore une fois, le temps passe trop vite et nous devons reprendre la route: il reste plusieurs centaines de kilomètres à parcourir.
Nous prenons quelques pauses, mais pas beaucoup. Nous piqueniquons un peu avant d’arriver à Montréal, et la nuit est bien tombée quand l’aventure se termine en retrouvant nos lieux plus habituels. Heureusement, les souvenirs nous habitent longtemps après les voyages, ainsi que le désir de repartir, ensemble.
> Anse-St-Jean – 5 km > La Baie > Bergeronnes Sommaire
Ce matin, grand soleil, grand ciel bleu avec quelques nuages, et grand vent d’ouest. Pour la première fois, il sera dans notre dos. Les tentes et le matériel sèchent rapidement, mais nous prenons notre temps car c’est vraiment beau, encore une fois. Nous sommes sur l’eau vers 10h30.
La navigation est facile au début, le vent nous pousse, mais il nous faut garder les jupettes avec les vagues qui grossissent rapidement alors que nous traversons la baie vers le village de l’Anse-Saint-Jean. Après à peine une heure de trajet, nous accostons au quai public.
Nous déchargeons les kayaks et retrouvons sans difficulté la voiture. En revanche, y fixer nos trois kayaks, dont le tandem, est une opération délicate. Ce sont des circonstances où l’expérience fait une différence.
Nous nous dirigeons vers le quai. Surprise: Nous sommes en pays de connaissance. Monique et sa fille Katia sont là, ainsi que nos amis musiciens qui sont en représentation. Comme il y a une guitare de plus, nous nous joignons musicalement à eux, puis nous mangeons en famille. Que c’est agréable !
Il est temps de revenir chez Monique. Il vente et la voiture est très chargée, ce qui implique une conduite prudente, mais quels paysages! Sur place, nous déchargeons, étendons et distribuons le matériel, puis nous chargeons l’auto avant de reprendre la route à trois. Samuel reste ici, puisqu’il prévoit partir pour la Baie James en vélo-camping, une épopée pleine de surprises que se complétera bien, mais pas du tout comme prévu.
Nous nous dirigeons d’abord vers Chicoutimi pour traverser le Saguenay – il n’y a pas d’autre pont vers l’est -, puis prenons la route 172 vers Tadoussac. Après un bout sur le bord de l’eau et de bonnes montagnes, nous suivons vallée de la rivière Sainte-Marguerite. À l’intersection, nous tournons vers la Côte-Nord pour rejoindre nos amis aux Bergerones.
À quelques jours de leur grand départ pour l’Europe, Stéphane, Caroline et les enfants sont en vacances. Nous mangeons ensemble, puis profitons de quelques trop brèves heures avec ces précieux amis. La nuit s’annonce confortable, avant le retour à la grande ville.
Cette nuit, comme prévu, déluge. Et ça se poursuit au matin. Nous profitons donc d’une relative grasse matinée. Si la tente des filles, toute neuve, est restée bien sèche, la mienne a un peu souffert. Au sol, il n’y aurait pas eu de problème, mais sur les plateformes, l’eau reste sur les planches et s’infiltre sous la tente, puis transperce le plancher. Heureusement, les matelas ont préservé les sacs de couchage.
La toile abri n’est vraiment pas grande, mais elle suffit pour nous permettre d’être relativement au sec pour les repas et autres activités communes. Il est près de 14h quand nous quittons ce paradis détrempé.
La pluie est toujours là, mais nettement plus légère. De toute façon, nous sommes bien abrités avec les jupettes, qui protègent aussi du froid. Dans la baie, c’est calme côté vent, mais celui-ci est fidèle à son poste quand nous revenons sur le Saguenay. Surtout, les paysages sont magnifiés par la brume, c’est féerique.
À part le gris et la pluie, les conditions de navigations sont similaires à celles que nous connaissons déjà: gros vent de face, falaises majestueuses, accostage impossible, magie omniprésente. Que c’est beau! Aujourd’hui, ma petite caméra étanche est bien précieuse pour récolter quelques souvenirs, car tout est trempé.
La distance n’est pas trop importante, la marée est de notre côté, nous sommes de plus en plus habiles et franchement à l’aise, donc le trajet est relativement facile… sauf avec ce vent fou qui complique sérieusement les choses en passant les caps. Nous accostons peu après 17h.
Deux hommes en chaloupe sont là. Ils n’ont pas de réservation, mais ils disent que leur embarcation n’est pas sécuritaire dans ces conditions. Heureusement, il y a de la place pour tous.
La pluie cesse tranquillement, nous avons même droit à un fugace arc-en ciel. La logistique du campement est bien rodée, nos tentes trempées restent utilisables et c’est déjà, trop vite, notre dernière soirée au bord du Saguenay.
Ce matin, le ciel est légèrement voilé, mais le vent est égal à lui-même, c’est à dire fort et de face. Nous partons relativement tôt afin de bien profiter de la journée la plus spectaculaire de notre trajet.
Les conditions de navigation restent exigeantes. Il faut vraiment donner toute notre force pour passer les caps. Mais c’est tellement beau: les falaises abruptes se succèdent, de plus en plus imposantes, alternant avec des anses inhospitalières mais magnifiques dans leur rudesse.
En revanche, pas question d’accoster, c’est impossible à peu près partout. Nous devons quand même nous y résoudre pour urgence physiologique, mais c’est sur un éboulis de pierre au pied d’une cascade que nous y parvenons de justesse. Un peu limite comme exercice, mais réussi quand même.
Nous approchons du Cap Trinité, visible depuis des kilomètres. Nos yeux se remplissent d’images inoubliables, mais nous travaillons toujours fort. En chemin, nous croisons quelques huards et un phoque curieux, agréables rencontres. Nous passons au pied de la paroi majestueuse pour entrer dans la Baie Éternité. Pour la première fois depuis le départ, nous n’avons plus le vent de face, et nous arrivons tôt au camping.
Nous nous installons rapidement, car nous avons un projet pour l’après-midi: marcher. Ça va faire changement. Le sentier qui passe sur le site de camping est relativement fréquenté. Si la quasi totalité des marcheurs n’est là que pour quelques heures, nous sommes à l’une des extrémités du Sentier des Caps, un classique de quelques jours.
Les premiers pas se font le long de la rive. C’est splendide et facile, car le sentier est bien aménagé. En arrivant à une cascade, nous bifurquons vers l’intérieur des terres et montons dans la coulée jusqu’à une intersection vers le belvédère, qui offre un paysage éblouissant malgré le ciel gris.
De retour au camping, des voisins de site nous partagent une anecdote qui aurait pu virer au tragique. Un peu plus tôt, ils avaient rescapé un jeune homme sans expérience de kayak, parti festoyer avec quelques amis. Sans jupette et avec un caisson mal fermé, il avait pris l’eau et chaviré; dans les vagues et mal équipé, il était incapable de rembarquer; évidemment, ses amis étaient loin devant et n’avaient rien vu. Après quelques tentatives de renflouement, nos voisins l’avaient remorqué jusqu’à une grosse pierre puis avaient été quérir les secours. Le Saguenay est à prendre au sérieux.
Cette nuit, nous nous préparons pour la pluie. La météo l’annonçait, et le ciel bien gris ne laisse guère de doute sur le programme des prochaines heures. En attendant, nous vivons à nouveau d’excellents moments ensemble. C’est une semaine comme ça.