Mattawa

Premiers tours de roue en Ontario

Lundi > Mattawa – 135 km
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Lever vers 7 h, je prends la route peu après 8 h 15, selon un horaire bien établi. Comme prévu, belle journée caniculaire en vue.

Le début du trajet est agréable : la route monte et descend en forêt, une constance, mais il y a peu de circulation et l’accotement est bon. C’est en général rapide, avec une descente à 61 km/h, un record jusqu’ici pour ce voyage. En revanche, aucune construction en vue jusqu’au village, 40 km plus loin.

En arrivant à Témiscaming, il y a une piste cyclable asphaltée. C’est, comme souvent, une ancienne emprise ferroviaire, mais ici un véritable délice qui suit un lac puis le ruisseau Gordon.

J’y croise le bureau d’information touristique, pour le plein d’eau, puis de belles grosses chutes, un pont couvert de tricot, une passerelle dans un gros tuyau, et j’arrive à la fin de la route 101 et donc au barrage qui marque la frontière entre le Québec et l’Ontario. Je mange près de la rivière dans un parc côté Québec avant de traverser.

Pour quelques kilomètres, la route 63, vers North Bay, longe la rivière. C’est superbe, mais ça ne dure pas. Virage à droite, longue montée suffocante sous la chaleur, il faut avancer entre forêt, marais et travaux, avec une circulation assez présente et aucune maison après un dernier hameau.

Comme prévu, je tourne sur la 533, petite route sans marquage mais agréable à circuler au milieu de la forêt. Elle a de belles qualités, la première étant que les voitures y sont très rares, mais j’ai deux sources de stress.

Dès que je ralentis, des escadrilles de mouches partent à l’assaut, essayant de prendre un peu de mon sang au péril de leur vie et de mon équilibre mental. Aussi, et surtout, je n’ai plus assez d’eau pour rejoindre le prochain village, car avec la chaleur de plus de 30° – j’ai vu plus de 40° sur mon thermomètre ! – je dois boire très régulièrement. Un véhicule s’arrête pour autre chose, je demande et le conducteur me donne deux bouteilles bien fraîches, sorties tout droit de sa glacière. Merci, plus de souci.

Je croise un homme à pieds. Jérôme, tête d’intello grano avec sa longue barbe poivre et sel et ses petites lunettes, marche sans domicile depuis quelques années, selon ses dires. Il parle d’un ton posé, mais visiblement ses réflexions tournent en boucle dans sa tête et ses affirmations sont étranges. Par exemple, il considère que la hausse du taux de CO2 est bénéfique pour les plantes et que le chiffre étant petit c’est sans importance… Douteux quand l’Europe cuit et que la Californie flambe. Il est aussi contre les vaccins avec des arguments aussi fumeux. Comme il manque de nourriture, je lui donne deux bagels et une conserve de poisson avant de poursuivre ma route.

J’arrive enfin à Mattawa, très joli village au confluent de la rivière homonyme et de l’Outaouais. Au camping, où je suis accueilli par Kieran, un jeune franco-ontarien d’environ 11 ans, ma tente est au bord de la rivière. Luxe rare, je termine mon repas avec une excellente crème glacée avant de passer à un sommeil bien mérité.

km jour : 134,3
km total : 931
départ / arrivée : 8 : 20 / 18 : 45
temps déplacement : 8 : 03
vitesse moyenne : 16,7
vitesse maximale : 63
camping : 40$

Laniel

Route 101

Dimanche > Laniel – 45 km
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Excellente nuit, avec le confort et la joie de la rencontre. Nous nous rejoignons vers 9 h pour un excellent petit déjeuner avec œufs, patates, rôties de pain maison et gelée de groseilles. Un peu différent de mon ordinaire.

Francine me fait une offre impossible à refuser : une visite de l’atelier, un génial bric-à-brac créatif. C’est triste de constater que plusieurs œuvres extérieures ont été vandalisées, mais le dynamisme de l’endroit est réjouissant.

Alors que je me prépare – il faut bien partir un jour… –, David m’annonce que la boutique de location d’embarcations à deux pas d’ici vends des bouteilles de vélo. Problème résolu. Il est quand même plus de 11 h quand je quitte ces nouveaux amis.

La pause achat de bouteille se prolonge un peu : le terminal de paiement a besoin de temps pour s’initialiser, mais surtout Ange, la préposée qui vient de finir son secondaire, partage ses projets de vie et les questionnements associés. J’arrive à l’épicerie un peu avant midi, soit dix minutes avant  l’ouverture. J’ai le temps de rappeler mon ami Philippe, qui est avec plusieurs autres de nos amis communs. Intéressant appel conférence. Il est donc près de 12 h 30 quand je pars pour vrai.

Aujourd’hui, beaux paysages, chaleur intense – officiellement 30°, 39° à mon thermomètre –, grosses montées et descentes, moyenne très lente, réserves d’eau qui baissent à vue d’œil… Je n’irai pas très loin. Je prends le temps de bien dîner à une halte routière sur le bord du lac, puis j’avance patiemment et prudemment car il n’y a presque jamais d’accotement.

En fin d’après-midi, j’arrive au poste d’accueil du Parc Opémican. Malgré les efforts de Célia, la préposée, aucun scénario ne fonctionne pour moi : il faudrait aller bien trop loin ou portager puis avironner un canot de location avec mon matériel pour atteindre un camping. C’est pas vraiment raisonnable. Je me rabats donc sur le camping local.

Le terrain est surchauffé par le soleil cuisant, mais je peux bien m’installer. Les douches sont modernes et bien réconfortantes, le souper est bon, puis comme souvent je me réfugie dans ma tente pour écrire. À 20 h 30, il y fait encore 27° : nuit trop chaude en perspective, et demain s’annonce encore pire… Ouf !

km jour : 47,0
km total : 796
départ / arrivée : 12 : 30 / 17 : 00
temps déplacement : 3 : 10
vitesse moyenne : 14,9
vitesse maximale : 54
camping : 23 $

Ville-Marie

Lac Témiscamingue

Samedi > Ville-Marie – 120 km
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Site idéal pour les mouches, correct pour dormir. Je me lève relativement tard, soit vers 7 h 30. Je prépare tout dans la tente, et j’en sors avec l’armure pour charger le vélo et m’enfuir loin des moustiques et associés. Je prends le petit déjeuner à Montbéliard, soit après 15 km.

Il fait beau et chaud, le vent souffle mais ne dérange pas beaucoup. La route est vallonnée, avec quelques fermes à proximité des rares villages et beaucoup de forêts. L’accortement est large mais pas toujours en bon état, c’est sans gravité car la circulation est très faible. Les villages d’ici ont une toponymie particulière, plus proche de certaines régions françaises et moins collée au répertoire des saints.

Étonnamment dans ce pays de lacs, l’eau des villages n’est pas potable. C’est donc plus compliqué de faire le plein alors que ma consommation est exceptionnellement élevée à cause de la chaleur. Distraction : à Rollet, j’oublie ma troisième bouteille dans un dépanneur, il faudra la remplacer rapidement. Alors que je passe près de Rémigny, un gentil agriculteur remplit mes bouteilles restantes.

À Angliers, la route passe sur un barrage au débit important : le Lac des Quinze qui s’y jette est un élargissement de la Rivière des Outaouais.

Ici, j’ai un choix à faire : je peux poursuivre sur la route 391 ou prendre La ligne du Mocassin, une ancienne emprise ferroviaire convertie en piste cyclable. Dans le guide, un avertissement : vélo hybride ou de montagne conseillé. Est-ce pour moi ? Sous les conseils d’un cycliste d’ici, je m’y engage. Bon choix.

Évidemment, pas de voitures, mais aussi de jolis paysages, souvent de l’ombre, des haltes régulières. Bon, il faut faire un peu de slalom entre des creux, mais ça avance très bien.

À l’une des haltes, je rencontre un équipage inhabituel : Francis et Stéphanie, de Évain (Rouyn-Noranda), transportent deux poussettes, l’une pour leur fils Félix, près de deux ans, l’autre pour leur matériel de camping. Ils ont choisi de marcher trois jours entre Angliers et Ville-Marie. La rencontre est si intéressante qu’elle se prolonge bien plus qu’anticipé.

Je quitte la piste à la hauteur de Lorrainville : je n’ai presque plus d’eau et c’est plus court pour rejoindre Ville-Marie. La descente vers cette petite ville est impressionnante, avec le lac Témiscamingue en arrière-plan. Je me rends au centre-ville pour aller au terminus officiel de la Route Verte 2, marqué par un monument.

Il est temps de trouver un camping. Alors que je consulte mes cartes, un voisin sort, puis sa mère nous rejoint. La locataire du sous-sol vient tout juste de déménager, ils m’offrent le logement pour la nuit. Personne ne s’y attendait, mais c’est le prélude d’une très belle rencontre.

Après une visite sur le bord de l’eau, je m’installe, prends une douche et mange avant de rejoindre David et Francine, mes hôtes. Ils sont très agréables malgré certains coups du sort : elle a perdu un conjoint, il ne travaille plus car il a perdu l’usage de son bras droit… et il fume comme un engin, heureusement à distance. 

Francine a exercé de nombreux métiers pour élever seule quatre enfants, elle a acheté la maison pour presque rien et l’a reconstruite de fonds en combles. Cette passionnée est officiellement à la retraite mais bouillonne de projets, en particulier artistiques. Avec quelques collègues, elle anime un atelier où les talents ont un espace pour s’exprimer. La maison est habitée d’œuvres d’art.

Il y a aussi une vieille guitare désaccordée dont une corde est brisée. Je réussis à la remettre en état et nous passons une belle veillée en musique et en souvenirs de voyages. Il est passé une heure du matin quand nous nous décidons à aller dormir.

km jour : 118,4
km total : 749
départ / arrivée : 8 : 15 / 18 : 30
temps déplacement : 6 : 52
vitesse moyenne : 17,2
vitesse maximale : 53

Rouyn-Noranda

Au cœur de la ville, une entreprise…

Vendredi > Arntfield (Rouyn-Noranda) – 85 km
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Nous nous étions couchés un peu tard, le lever est à l’avenant. Levé vers 8 h, je suis le premier. Je prépare mon matériel et je commence le journal d’hier alors que mes amis émergent tranquillement.

Petit déjeuner assez génial avec crêpes, sirop d’érable et, bien sûr, foison de bleuets frais. Miam ! Il reste quelques petits bricolages à compléter avec Jean-Luc, puis je me prépare pour partir vers 11 h. Au revoir, amis !

Ce matin, c’est chaud et très ensoleillé. La route 395 est toujours tranquille et agréable, mais elle se termine à la 117, itinéraire obligé. Jusqu’à Rouyn-Noranda, il s’agit d’avancer vent de face, donc pas mal lentement, au milieu de la forêt. Si ce n’était des jardins de fleurs sauvages qui égaient les bas-côtés, ce serait vraiment long et morne.

Sauf qu’il y a une longue zone de travaux à négocier prudemment. L’accotement est, disons, variable. Ce n’est plus du terrain plat, il faut jouer des dérailleurs et la vitesse varie énormément en fonction du relief.

Je mange à l’entrée de l’aéroport. Un couple de retraités de Ville-Marie vont retourner un petit-fils de 5 ans à la maman, ils ont rendez-vous ici. Intéressante causette. Je vois passer mon premier cyclotouriste bien chargé, mais lui ne me voit pas.

En arrivant à Rouyn-Noranda, j’arrête à l’info touriste pour faire le plein d’eau, puis à l’épicerie. Sur une piste cyclable, un homme en quadriporteur échappe sans s’en apercevoir un de ses quatre paquets de six bouteilles de Pepsi. Aucune chance que je garde ce produit avec moi. Je les prends et les lui apporte, je les fixe tant bien que mal à son véhicule, c’est une autre belle rencontre.

Je quitte la ville pour reprendre la 117, ici un peu plus habitée et toujours envahie de nombreux véhicules, en vaste majorité des camionnettes. Bonjour les problèmes environnementaux ! Ici, la 117 nord a une double identité puisqu’elle est aussi la 101 sud. Ces routes savent-elles où elles vont ?

Après quelques kilomètres, les deux routes se séparent, c’est ici que je quitte pour de bon la 117. J’avais décidé de fêter ça avec quelques fruits. Il y a justement une belle halte routière près d’un lac. J’y aurais volontiers campé, mais la chose est malheureusement interdite. Après les fruits, je reprends la route 101. Pas bien loin, j’entre dans le bois. L’emplacement est bon, discret, rempli de bleuets et de moustiques. Je mange à toute vitesse et je me réfugie dans la tente pour écrire bien à l’abri.

Le ciel est plus gris, mais pas de pluie en vue pour le moment. La nuit sera simplement moins froide. Peu après 20 h, le journal est à jour, la soirée sera tranquille. Demain, j’ai hâte de découvrir le Témiscamingue, une région dont on me dit beaucoup de bien. À suivre.

km jour : 82,7
km total : 631
départ / arrivée : 11 : 00 / 18 : 40
temps déplacement : 5 : 22
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 45

Preissac

Lac Chassignolle

Jeudi > Preissac – 40 km
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Comme toujours, nuit très calme et pas mal fraîche : je vois du 9° au thermomètre. Je me lève vers 9 h 15 et je me prépare rapidement, partant à 9 h sans avoir déjeuné. Je préfère que les moustiques aussi soient à jeun.

Quelques kilomètres plus loin, j’arrête près de l’église de Sainte-Gertrude-Manneville pour manger plus calmement en compagnie d’un minou curieux. L’accueillante Colette, bénévole à la paroisse, me permet d’utiliser les toilettes, ce qui est très apprécié. Je repars vers 10 h sous une température parfaite.

Le trajet est facile et agréable : la route est belle, souvent asphaltée récemment, légèrement vallonnée, le vent n’est enfin plus dans ma face, tout va bien. À noter sur le trajet : l’apparition fugace d’un grand héron qui s’envole d’un barrage de castor, les rapides aux abords bien aménagés à l’entrée du village, l’immense lac Preissac que je longe un bon bout de temps, et la tour d’observation de 20 m en haut d’une bonne montée.

Après les 90 marches, la vue s’ouvre sur un splendide horizon de lacs et de forêts. Quelques minutes plus tard, après une rapide descente et un peu de gravier, j’arrive chez mes amis.

À ce charmant chalet au lac Chassignolle, je retrouve Jean-Luc et Dominique ainsi que leur fille Emmanuelle, de retour d’un séjour de deux ans en Allemagne marqué par une leucémie heureusement guérie. Tous sont de très bonne humeur dans ce petit coin de paradis, mais la journée est très occupée pour eux : ils font construire un nouveau chalet à côté de l’ancien, trop petit pour les besoins actuels, ils attendent une livraison de meubles et la prise d’eau dans le lac a besoin d’une réparation. Il y a donc pas mal de va et vient.

Ça n’empêche pas de bien profiter de la baignade avant un excellent dîner entre amis. En après-midi, Jean-Luc et Dominique sont pas mal occupés avec les travaux du futur chalet, discutant avec l’entrepreneur et l’architecte. Pendant ce temps, je suis surtout avec Emmanuelle. Comme elle est enseignante au primaire et franchement passionnée, c’est très intéressant.

Plus tard, deux jeunes costauds viennent livrer les meubles. Donc, plus rien ne nous retient au chalet, nous allons non loin pour une première et abondante récolte de bleuets sauvages. Ils sont savoureux, mais c’est également l’opinion des moustiques à notre sujet…

Au retour, baignade dans le lac, marche sur la plage et douche. Pendant qu’une équipe s’active pour le repas, une autre – Jean-Luc et moi – s’occupe de déballer et de monter les meubles, une opération pas si simple. Il est plus de 21 h et le soleil se couche sur un lac splendide quand tout est complété. Il est donc assez tard quand nous nous mettons à table.

Les conversations sont enjouées, mais le sujet n’est pas si rigolo : il a été vraiment compliqué pour Jean-Luc et Dominique d’aller au chevet d’Emmanuelle en Allemagne alors que la pandémie battait son plein. Disons que ça a été un parcours administratif à obstacles… Tout s’est finalement arrangé, et surtout l’essentiel, la santé d’Emmanuelle.

Dominique a au chalet sa vielle guitare, une belle Kamouraska très agréable au son et au toucher. C’est donc avec le carnet de chant qui est en mémoire sur mon ordinateur que cette belle journée se termine. Il est plus de minuit quand nous rejoignons nos quartiers de nuit.

km jour : 38,9
km total : 548
départ / arrivée : 9 : 00 / 12 : 20
temps déplacement : 2 : 05
vitesse moyenne : 18,7
vitesse maximale : 53

Près d’Amos

Un peu de culture…

Mercredi > Sainte-Gertrude-de-Manneville (Amos) – 105 km
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Une autre excellente nuit, mais plutôt froide dehors : il fait 10° ce matin. Pas grave, j’étais à nouveau à l’intérieur. Au lever, je me prépare en prenant une douche et en fermant mes bagages, puis je monte déjeuner avec Marc. Ça reste un plaisir d’être ensemble. Il quitte pour son travail, et à 9 h je reprends la route avec joie.

Après quelques minutes dans les rues de la ville, je retrouve la 117, ici boulevard urbain envahi de commerces. Plus loin, quelques maisons jusqu’à Dubuisson, puis la forêt jusqu’à Malartic.

J’en étais averti, mais l’impact de l’exploitation minière est massif : la route longe une montagne longiligne de roches sorties de la terre. Au milieu de la ville un peu western, un joli musée de minéralogie que je ne peux visiter, mais aussi un escalier qui monte sur les résidus jusqu’à une plate-forme d’observation. La mine à ciel ouvert est immense et profonde, c’est assez spectaculaire.

À quelques kilomètres de la ville, je quitte la 117 pour prendre le Chemin du Lac Malartic, une route bien calme et très agréable à pédaler. Tout ce qui y manque, c’est de voir le lac…

Ensuite, j’arrive à Rivière-Héva et à la route 109. Plutôt calme et avec un bon accotement, elle traverse quelques champs souvent fleuris et beaucoup de forêts jusqu’à Amos. J’y suis accueilli par quelques gouttes sans conséquences. Suivant toujours les conseils de Marc, je traverse la rivière Harricana, qui coule vers la Baie James, pour me rendre à la cathédrale. Elle est énorme, impossible à manquer, mais cernée d’échafaudages.

Coup de chance, il est 16 h 20 et la messe sera dans dix minutes. J’entre mon vélo à l’arrière, j’ajoute quelques vêtements plus appropriés au lieu et je profite d’un temps de recueillement bienvenu. En plus, je peux y remplir mes bouteilles.

Après le pont du centre-ville, je prends une piste cyclable qui longe la rivière et les installations industrielles. C’est ainsi facile de rejoindre la route 295 vers Preissac. J’y roule un bout de temps, passant le seuil symbolique des 500 km, et je garde l’œil ouvert pour dénicher un site pour planter ma tente.

Vers 18 h 30, j’entre dans une plantation de pins bien discrète et confortable, mais fréquentée de nombreux moustiques et associés. L’herbe, abondante, me monte jusqu’aux épaules.

En 45 minutes, la tente est installée, le repas est cuit et mangé, la vaisselle est faite, tout est rangé et je suis à l’abri dans ma tente. Les désagréables bestioles restent à l’affût sur les moustiquaires, mais je suis hors de leur atteinte. C’est donc en tout confort que j’écris le journal alors que la lumière et la température baissent tranquillement. Ensuite, quelques appels – c’est l’anniversaire de Jean-Pierre et de Jean-Luc aujourd’hui –, puis nuit longue et paisible au programme. Vive le vélo-camping !

km jour : 106,4
km total : 509
départ / arrivée : 13 : 00 / 18 : 30
temps déplacement : 6 : 35
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 52

Val-d’Or II

Avec Marc et Étienne

Mardi, Val-d’Or – 20 km
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Levés vers 7 h, nous restons bien au sec alors que dehors c’est frais sous une forte pluie. Belles conditions pour ne pas camper… Nous déjeunons ensemble avant de nous mettre au travail chacun de notre côté. Je trie mes photos et pars à la recherche fructueuse de coquilles dans le journal, alors que Marc a ses propres occupations professionnelles. Avant le dîner, quelques courses.

Après le dîner, la pluie est en pause, alors nous nous risquons à vélo vers la Forêt récréative de Val-d’Or, un réseau de pistes de vélo ou de ski, selon la saison. C’est très joli, sauvage, en pleine forêt boréale, les sentiers sont bien aménagés et en excellente condition. C’est frais, à 15°, et il y a quelques gouttes, mais nous nous amusons bien.

Nous sommes de retour à la maison peu avant le retour du soleil, qui en fin d’après-midi chasse tous les nuages et rehausse nettement la température. Alors que Marc travaille un peu, je fais de même en mettant en ligne les premiers jours du voyage.

À l’heure du souper, Étienne, fils de Marc, se joint à nous. C’est un jeune homme très sympathique, comme son père, et nous passons d’excellents moments ensemble. Après son départ, Marc et moi poursuivons nos conversations et il me propose un bref essai routier de son vélo de vitesse. Oh que ça roule bien ! Plus tard, il se met au travail alors que j’avance la mise à jour de mon blogue. Tout n’est pas vraiment complété, mais c’est une bonne base. Il est quand même plus de minuit quand je descend enfin me coucher.

La nuit est fraîche, mais il sera bon de reprendre la route demain, enrichi d’une belle amitié.

km jour : 19,7
km total : 403
départ / arrivée : 13 : 00 / 14 : 00
temps déplacement : 1 : 01
vitesse moyenne : 19,4
vitesse maximale : 35

Val-d’Or I

Route 117 : travaux et bouchons

Lundi >> Val-d’Or – 0,8 km + 200 km
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J’ai bien dormi malgré le bruit des voitures et un petite ondée nocturne. Ma tente est bien sèche quand je me lève vers 7 h 30 sous un ciel bien gris. Dix minutes plus tard, ma tente est trempée par la pluie qui débute. Avoir su, je me serais levé un peu plus tôt…

Je déjeune donc dans le vestibule, un espace confortable et sec, puis je range tout pour faire face à la journée humide qui s’annonce. Après quelques centaines de mètres, bruit d’air qui fuit, mon pneu arrière se retrouve à plat. Je n’ai plus de quoi réparer après les incidents d’hier, ce sera clairement une minuscule journée de vélo.

Je tends le pouce, espérant une camionnette. Immédiatement, un VUS Mercedes s’arrête. Marc, le conducteur, retourne vers Val-d’Or après avoir visité sa copine à Gatineau. Cycliste lui-même, il traverse très régulièrement la réserve et souhaitait depuis longtemps discuter avec l’un des cyclistes qu’il y croise. Un jour, il espère partir à l’aventure sur deux roues.

Alors que la route défile rapidement, nous faisons connaissance et la conversation s’avère passionnante. Marc m’invite même à demeurer chez lui pour deux nuits, car un déluge est prévu demain mardi. Offre acceptée avec plaisir.

En route, un long chantier nous retarde de près de 30 minutes. À vélo, ça aurait été un peu compliqué, car des camionnettes guident les voitures au travers des travaux.

En arrivant à Val-d’Or, nous faisons un tour de ville. Marc aime sa ville d’origine et la connaît bien. Il y a de grands lacs à proximité de ce regroupement de villages, des mines désaffectées ou encore en activité, d’anciennes maisons de mineurs en bois rond, une rue principale animée, un aéroport d’importance ayant déjà été base militaire.

L’essentiel pour aujourd’hui est quand même une bonne boutique de vélo. J’y achète trois chambres à air et des rustines en quantité. François, le propriétaire, est un ami de Marc.

Nous arrivons chez mon hôte. Sa maison, rachetée de ses parents, est assez similaire à la mienne. Il y a un portrait de sa femme Josée, peint par un artiste après qu’elle soit décédée trop jeune d’un cancer. Il y a aussi un atelier de vélo bien équipé et un grand soleil pour sécher ma tente.

En après-midi, Marc doit aller travailler. J’en profite pour remettre mon vélo en ordre de marche, prendre une bonne douche et poursuivre la rédaction du journal. Vers 17 h 30, quelques gouttes de pluie annoncent ce qui s’approche.

Peu après, Marc est de retour. Nous nous mettons au souper, tout simple, délicieux, mais surtout en bonne compagnie.

Un peu plus tard, alors que la pluie prend une pause, nous nous rendons à la tour d’observation qui offre une vue sur toute la région. Nous y sommes accueillis par deux renards qui vivent visiblement du tourisme, puis sous le soleil couchant nous admirons l’horizon de forêts, de lacs et de mines.

De retour à la maison, nous devisons encore un bout de temps avant de prendre nos quartiers de nuit. Confort assuré.

km jour : 0,8
km total : 384
départ / arrivée : 8 : 40 / 8 : 45
temps déplacement : 0 : 04
vitesse moyenne : 12,4
vitesse maximale : 20

Lac Roland

L’entrée de la réserve

Dimanche > Lac Roland – Réserve faunique de La Vérendrye – 85 km
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Couché plus tard, je me lève plus tard, soit vers 7 h 45. Comme la tente est trempée de rosée, je la laisse sécher au soleil, je ne pars donc qu’à 9 h 40. C’est déjà bien chaud, mais je dois ménager mon eau car celle du camping n’était pas potable.

Sur la 117, l’accotement est en général large et en bonne condition, il faut simplement se méfier des débris et du sable qui s’y trouvent à l’occasion. La route est vallonnée, ce qui est agréable, et la circulation est lourde, ce qui est moins agréable.

Il n’y a pratiquement aucun bâtiment avant le village de Grand-Remous. En revanche, je peux y faire le plein d’eau et admirer les chutes de la rivière Gatineau, elles qui donnent le nom de ce village.

Par la suite, ce sont les mêmes conditions de route sous le soleil. Je dîne à un petit parc juste avant le poste d’accueil, en profitant pour aller voir les jolies chutes Quinn.

Au poste d’accueil, je règle mon camping pour ce soir, en choisissant de ne pas aller trop loin. Excellent choix. La route est chaude, les montées sont nombreuses et lentes, je n’ai pas le goût de rouler longtemps. Et pourtant…

En milieu d’après-midi, il passe une bonne averse, heureusement courte. Pas de problème, je suis bien équipé.

Une voiture pourtant récente est sur l’accotement, capot ouvert. Les deux jeunes hommes à bord semblent découragés, le moteur va mal et ralentit régulièrement à 20 km/h. Je n’ai pas d’expertise en moteur à essence, mais j’ai quelques outils. Un autre homme arrête, au volant d’une voiture plus âgée que les deux jeunes. Bon mécanicien, il leur recommande chaudement de tenter de revenir sur leurs pas, sous peine de rester pris loin de possibles secours. C’est ce qu’ils font, bien déçus car ils sont attendus demain au travail en Abitibi.

Plus loin, c’est à mon tour d’arrêter sur le bord de la route : mon pneu arrière est à plat. Le diagnostic est facile, avec un morceau de métal recourbé et bien pointu qui s’est logé dans mon pneu. Heureusement, j’ai de bonnes pinces pour le retirer, car il résiste vaillamment.

En revanche, la réparation de la chambre à air échoue : la première fois, la rustine n’adhère pas; la deuxième fois, la valve brise. Il me faut utiliser ma chambre à air de secours. Plus beaucoup de latitude pour les problèmes de pneus.

Peu après, il y a du mouvement dans les herbages : je photographie le joli ourson, puis je pars rapidement…

Près des chutes du lac Roland, une sympathique famille de La Sarre est en pause. Mikaël et Laurie travaillent à l’école secondaire et sont parents de Aurélie, Maxence, Romin et Léonce. Si le plus jeune n’a que quelques mois, les trois autres sont enjoués et curieux, à l’image des parents. Belle rencontre !

Il est plus de 19 h 30 quand j’arrive au camping. C’est frais, sec et confortable, il n’y a que peu de moustiques. Petits inconvénients : c’est près de la bruyante route, mais surtout il n’y a que l’eau du lac qui soit accessible. Je dois faire des acrobaties sur un arbre mort pour pouvoir filtrer celle dont j’ai besoin. Et elle n’est pas très bonne.

Mais au moment où j’écris cette ligne, je n’entends que le chant des huards sur le lac. Magique… jusqu’au passage de la prochaine voiture.

km jour : 83,2
km total : 382
départ / arrivée : 9 : 40 / 19 : 30
temps déplacement : 5 : 20
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 50
camping : 27$

Mont-Laurier

Près de Lac-des-Écorces

Samedi > Mont-Laurier – 120 km
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Je m’y attendais : la nuit a été vraiment fraîche. Quand je me lève, vers 6 h, il fait 8° et la tente est trempée de rosée. Un bris d’équipement, cette nuit : mon oreiller gonflable se dégonfle. Est-ce réparable? On verra un jour.

À 7 h 15, je suis prêt, le vélo est chargé, mais mon pneu avant se prend pour un oreiller. Dans ce cas, la réparation est nécessaire maintenant. Je trouve facilement le trou dans la chambre à air et le petit objet bien pointu qui s’est incrusté dans mon pneu. Il est 8 h quand je pars enfin.

Après quelques instants, un pont traverse bien au-dessus de la rivière Rouge. En dessous, la fin du long rapide des Italiens, célèbre auprès des adeptes de canot de rivière qui le fréquentent depuis des décennies – beaux souvenirs…

Je longe la rivière un bout de temps en compagnie d’une libellule qui s’est prise d’affection pour mon sac de guidon. La piste se dirige ensuite vers le majestueux lac Nominingue.

Au village du même nom, je retrouve mon cousin René qui a accepté de quitter sa retraite pour revenir aider dans son ancien travail. Seul, pour quatre jours et 24 heures par jour, il accompagne le quotidien de sept personnes atteintes de problèmes mentaux. Bravo, cousin ! Je profite du grand soleil pour sécher ma tente, et nous passons d’excellents moments ensemble. Nous nous reverrons rapidement.

La météo est parfaite, à l’exception d’un vent de face tenace mais pas trop dérangeant, puisque la piste est habituellement en forêt. Elle est pavée pour tout le trajet, et sa condition permet d’exercer l’art du slalom entre les zones dégradées qui pullulent. Les cyclistes sont bien moins nombreux qu’hier, et les vélos électriques sont en plus faible proportion.

Après avoir dégusté mon lunch, je croise Jérémie qui prend une pause près d’un joli lac. Il travaille dans la construction mais est d’abord guide de plein air. Il a beaucoup pédalé et canoté, nous avons donc plein d’intérêts communs.

Je rencontre aussi un papa avec ses deux ados. Initiation au vélo camping en quatre jours jusqu’à Saint-Jérôme. Sur place coule une source fraîche et délicieuse, parfaite pour remplir mes bouteilles.

Le trajet, très agréable à part la condition de la chaussée, se poursuit jusqu’à Mont-Laurier où j’arrive vers 16 h 30. Je trouve une boutique de vélo, fermée, alors je passe à l’épicerie afin de pouvoir manger pour les prochains jours. Pas de ravitaillement en vue avant Val-d’Or…

Au milieu des voitures, dont je ne m’ennuyais pas du tout, je pars sur les traces de mon enfance, puisque j’ai habité ici alors que j’avais de 10 à 12 ans. Je retrouve la maison que mon père avait fait construire, puis mon école primaire. Trêve de nostalgie, il faut encore rouler avant de m’installer pour la nuit.

Je vise un camping pas très loin, car je n’aurai probablement pas accès à une douche pour quelques jours. Je roule, je ne trouve pas. Mon téléphone non plus, d’ailleurs. Finalement, j’appelle mon frère qui trouve les infos. Comme il n’y avait aucune indication et que mes cartes n’étaient pas vraiment précises, j’étais passé tout droit. Je reviens donc sur mes pas jusqu’à un petit camping – les seuls employés sont Josée, qui m’accueille, et son mari quand il est disponible. Le site est bien, le prix bien plus raisonnable que jeudi, et il est grand temps de m’arrêter.

Je m’installe et monte la tente, je rappelle mon frère tout en cuisinant afin de vérifier la météo. Si c’est bon pour demain et lundi, de fortes pluies sont attendues mardi. Il me faudra prévoir une journée de pause… humide.

J’ai des voisines : Caroline et ses deux ados Marie-Soleil et Ève-Laurie. Si elles semblent un peu rugueuses au départ, c’est une rencontre bien sympathique.

Il reste encore à faire la vaisselle à la brunante, à prendre une douche et à écrire le journal tout en rechargeant quelques batteries. Il est près de minuit quand tout est terminé. La nuit sera bonne, fraîche et méritée.

km jour : 117,8
km total : 299
départ / arrivée : 8 : 00 / 19 : 30
temps déplacement : 7 : 09
vitesse moyenne : 16,5
vitesse maximale : 49
camping : 26$