Oasis

> Lizargues – 55 km
Sommaire

Mardi. Finalement, un peu de fraîcheur – relative – a fini par venir, et la nuit a été vraiment calme. Toutefois, tout est resté un peu humide dans la tente, et mes habits ont grand besoin d’être lavés. Ouache ! À 6 h 15, le réveil sonne, à 7 h 30 je suis en route avec trois bouteilles bien pleines.

Ce matin, il y a un bon brouillard qui rend le début du trajet plutôt confortable. L’algorithme persiste à me guider vers des chemins forestiers impraticables pour moi. Je décide évidemment de suivre mon bon sens plutôt que le sien, et donc de rouler sur des départementales. Je me réhabitue à la circulation. 

Comme souvent, je rate quelques intersections, mais c’est sans conséquences. Les landes tirent à leur fin, la végétation change, il commence à y avoir du relief et de la chaleur. 

Je rejoins Barbaste, une petite ville. En son cœur, un pont et un château du XIIe siècle sur le bord de la Gélise. Trop beau, c’est le temps de prendre des photos. Alors que je n’avais presque pas vu de cyclistes depuis deux jours, une grappe de 25 passe. C’est un club qui profite de la relative fraîcheur du matin pour pédaler un peu, même si la majorité a l’assistance électrique.

Je prends un itinéraire cyclable vers Nérac. Il monte sur une crête dominant la vallée et traverse un très joli hameau avant de redescendre. Le cœur de Nérac est ancien et splendide, c’est aussi un bonheur pour les yeux.

Il me reste peu de kilomètres, mais ça cuit dans les vallons. Après m’avoir dépassé, une petite voiture bleue s’arrête, des gens en descendent : ce sont Adélaïde et son frère qui devancent un peu les retrouvailles. Il récupèrent une partie de mon chargement, j’arrive finalement à la belle maison ancienne, autrefois étable, où je passerai quelques temps. Il est 12 h 20.

Il y a du monde. En plus d’Adélaïde et de sa maman , il y a son frère et sa famille, de Genève, et leurs grands amis de Paris, eux aussi avec leurs enfants. Heureusement, la maison est grande.

Urgence pour moi : la bienfaisante douche. Je peux ensuite saluer les gens sans les salir… Adélaïde commence le télétravail à 13 h, horaire décalé en fonction du Québec. Le reste de la troupe prépare un repas copieux et très agréable. 

En après-midi, lessive et billets de train, puis journal. J’ai aussi des nouvelles de Laurent, rencontré en avion.

Quand Adélaïde prend une pause, nous partons patauger dans l’étang – ici, les gens l’appellent le lac, c’est un bien grand mot pour le décrire. Les enfants d’ici sont à l’eau, ainsi que quelques autres. Un grand papa, ancien agriculteur bio, a aussi de très intéressantes observations sur son pays.

Deux jeunes filles arrêtent pour discuter et, bien sûr, questionner. Arrive un papa apiculteur amateur, il vient de récolter un impressionnante collection de piqûres dans le dos.

De retour à la maison, je poursuis l’écriture et j’amorce la mise en ligne sur un réseau pas très rapide, vu le nombre de connexions en cours.

En soirée, la température baisse un peu, et quand Adélaïde émerge de son travail nous nous installons sur la terrasse pour un autre excellent repas en tout aussi excellente compagnie. Nous profitons du spectacle des éclairs et d’un vent encore chaud, il y a même quelques gouttes sans autre conséquence que de nous faire mettre à l’abri les séchoirs à linge.

La conversation se poursuit assez tard, car les convives ont des expériences et opinions passionnantes. Évidemment, la nuit restera chaude.

km jour : 54,8
km total : 530 
départ / arrivée : 7 h 30 / 12 h 20
temps déplacement : 3 : 46
vitesse moyenne : 14,6
vitesse maximale : 47

La quête de l’eau

> Pindères – 105 km
Sommaire

Lundi. À 6 h, mon réveil sonne. Il fait presque noir, mais aucun incident n’est à noter à part quelques envahissantes limaces.

Moins d’une heure plus tard, je suis en route, mais presque à sec. À 300 m, le village, le cimetière, un robinet… et un écriteau : « Eau non-potable. » Au village suivant, il y a un robinet près d’un parc. C’est la totale : je remplis mes gourdes, bien sûr, mais je déjeune et me brosse les dents. Tout est prêt.

Je suis toujours sur les voies vertes. À une intersection, une famille cycliste de Bretagne. Nous roulons de concert, c’est comme d’habitude très intéressant, et nous nous dirigeons vers l’épicerie. C’est bien pratique de pouvoir laisser le vélo sous surveillance. Au moment du départ, je constate que j’ai encore manqué une intersection. Il me faudrait garder constamment le nez sur le téléphone, ce qui ne m’intéresse pas.

Je reviens sur mes pas pour quelques kilomètres et je retrouve le droit chemin. L’eau baisse aussi vite que monte la température. À Cudos, église, cimetière et robinet d’eau potable : je fais le plein.

Je suis de retour sur les routes, que j’avais très peu fréquentées depuis Royan. Il y a peu de circulation, mais l’algorithme a à nouveau des idées étranges. Je contourne certaines de ses propositions : sur la photo, il veut que je prenne tout droit plutôt que sur la route.

Comme c’est cuisant – mon thermomètre hésite entre 38° et 41° -, je prends une bonne pause à l’ombre dans la pinède. Je mets à jour le journal que je n’avais pas complété hier soir, puis je fais de même pour les courriels et l’actualité – ça chauffe et ça brûle aussi au Canada.

Trois cyclistes suisses sans bagages s’engagent sur la piste que je n’avais pas voulu emprunter. Ils sont de retour après quelques minutes : pour eux non plus, ça ne passe pas.

Après presque deux heures, je reprends la route, ralenti par la chaleur intense. À Lerm-et-Musset, un premier village, il y a de l’eau au cimetière qui entoure l’église ; à St-Michel-de-Castelneau, je profite d’une table à pique-nique pour cuisiner sans risquer l’incendie ; à Pindères, un troisième village, pas de cimetière à côté de la splendide église, mais un robinet sur un édifice municipal. Plein des bouteilles : je bois comme un vieux moteur.

Comme il ne reste pas beaucoup de kilomètres à parcourir demain, je m’installe et complète le journal avant de monter la tente près de l’église. Tout est vraiment calme, on dirait presque un village désert : il faut dire qu’à 20 h, il fait encore 33°, et mon ordi est brûlant…

J’échange quelques messages avec mon ami Jean-Pierre, qui est à Alma. Là aussi, il fait chaud, et la fumée des incendies est très dense. Monde inquiétant…

Avant de m’endormir, j’accroche mon sac de nourriture à un arbre, mais pas sans mal. Ici, les arbres sont énormes et les branches hautes. Je lance plusieurs fois la corde lestée par mon couteau, tout retombe. Puis, mon couteau s’ouvre et se coince solidement. Même en montant sur une table, pas moyen de grimper sur l’arbre. Ça me prendrait une longue tige pour le déloger… Eureka ! Un arceau de tente est conscrit et s’acquitte très bien de la tâche, et bientôt mon sac est suspendu à un arbre majestueux. La prochaine fois, je prendrai autre chose que le couteau. 

Je retourne dans ma tente pour essayer de dormir malgré la canicule.

km jour : 106,1
km total : 476 
départ / arrivée : 6 h 55 / 19 h 30
temps déplacement : 6 : 49
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 39

De piste en piste

> Hostens – 95 km
Sommaire

Dimanche. Excellente nuit, comme d’habitude, et la mer a tenu sa promesse de doux murmure. 

Je me lève à 8 h, mais il y a eu un incident : toujours attaché au vélo, mon sac de nourriture est complètement éventré ; de mes réserves, il ne reste que des fruits mordillés et des emballages dispersés. Qui a fait ça ? Après plus de 10 ans de loyaux services, fin du sac : il transportera les déchets jusqu’à la prochaine poubelle. Et moi, je jeûnerai jusqu’à la prochaine épicerie.

Je suis en route avant 9 h. Il fait très beau, pas encore trop chaud mais ça s’en vient. La piste dans les Landes est vallonnée, les cyclistes rares sauf près des plages, il n’y a pas de villages. 

Après 30 km, j’arrive à Cap-Ferret et je peux enfin acheter un peu de nourriture. Je me rends au quai. Le préposé, très sympathique, m’indique un coupable probable pour l’incident de la nuit : un sanglier. Je préfères ne pas avoir eu à négocier avec lui en tête-à-tête… Il me reste 15 minutes pour manger avant l’embarquement.

C’est un petit bateau pour passagers ; les vélos doivent être déchargés et sont mis sur le toit de la cabine, je prends les bagages avec moi. Je m’installe sur le premier siège venu, je passe le voyage avec Catherine, sympathique dame de la région parisienne en vacances chez son fils. La traversée vers Arcachon est agréable et assez courte.

En débarquant, il faut pousser le vélo sur une étroite passerelle où des passagers font la file pour embarquer, puis revenir prendre les bagages. Un marin m’apporte gentiment quelques sacs. Sur la terrasse, d’autres cyclistes chargent leurs vélos. Je passe un moment avec Guisieppe, franco-québécois, et Béatrice, italienne, qui complètent une escapade de quelques jours.

La ville est bordée de plages magnifiques où ça patauge et ça grille allègrement. Évidemment, c’est une enfilade de restaurants le long de l’eau. Je me dirige vers un magasin de plein-air : je souhaite remplacer la chambre à air donnée hier à Marius, et j’ai développé un nouvel intérêt pour les contenants anti-sangliers. J’arrive 20 minutes après la fermeture…

Je prends la route, mais il fait très chaud, environ 34°, et ma réserve d’eau est pas mal basse. Près d’un parc d’attractions, des toilettes publiques et des robinets d’où coule une excellente eau. Je bois et je fais le plein des bouteilles. 

Je croise quelques fois deux couples en vélos électriques – c’est très fréquent -, deux normands et deux allemands.

Sur une piste, une cycliste m’appelle par mon nom : c’est Isabelle, ma compagne d’hier sur le bateau. Nous sommes bien heureux de nous revoir. Plus loin, une bonne discussion avec Yannick, élu municipal du Jura et cyclotouriste passionné.

Bientôt, je prends une voie verte, une ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable. En pratique, ce sont de grandes lignes droites tantôt dans les pinèdes tantôt dans les landes. Quand je roule à l’ombre, c’est chaud ; quand c’est au soleil, c’est cuisant. Quand même, une nouveauté par rapport aux landes depuis Royan : il y a parfois des cours d’eau.

Ce qui est plus rare, ce sont les points d’eau potable. J’en avais déniché un en entrant dans les landes, mais depuis plus rien. Je profite de tables en béton pour cuisiner en toute sécurité – pas le goût de mettre le feu ! -, puis je poursuis ma route. 

Juste avant Hostens, il y a une jolie prairie qui sera mon lieu pour cette nuit. Si le confort est exceptionnel, l’accueil des moustiques l’est aussi. Je monte le campement en vitesse, sans oublier de suspendre la nourriture en hauteur, puis je me réfugie dans ma tente sans en ressortir.

Il fait 30° à l’intérieur, je suis trempé de sueur et tout ce que je touche se mouille. Après un peu d’écriture, je peux enfin me coucher sur mon sac – maintenant, pas question d’y entrer. Espérons une bonne nuit quand même : demain, je me lève tôt afin de rouler avant la grosse chaleur – la prévision est de 39° !

km jour : 97,0
km total : 369 
départ / arrivée : 9 h 00 / 20 h 20
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 34

De forêts en dunes

> Lacaneau – 90 km
Sommaire

Samedi. La nuit est resté chaude et c’est couvert ce matin. Les vêtements lavés hier sont encore humides quand je me lève peu avant 8 h, et la tente est sèche. Je me prépare tranquillement, saluant les voisins si et quand ils émergent. À 9 h 20, je suis en route.

Quelques minutes de route, et j’arrive au quai du traversier vers la Pointe du Médoc. À 5 €, c’est très abordable, et les cyclistes sont nombreux. Il y a Isabelle, de Nice, avec qui je m’installe à l’étage des passagers. Elle voyage loin, mais en vélo électrique à cause d’un problème de santé. C’est bien mieux que de se terrer à la maison. Il y a un groupe de cinq adultes avec trois petits enfants – tous portent un T-shirt semblable avec prénom au dos -, et plusieurs autres.

Les conversations vont bon train alors que le bateau bien chargé de voitures s’ébranle au son des systèmes d’alarme perturbés par les mouvements de la mer. 

C’est bien beau malgré le temps gris. Une jeune fille d’environ 10 ans vient régulièrement jouer la figure de proue avec énergie et sourire, souvent accompagnée de sa jeune sœur. Au début, elles semblent timides, mais c’est qu’elles elles ne parlent ni le français ni l’anglais puisqu’elles sont hollandaises. La barrière de la langue tombe alors qu’elles inscrivent leurs prénoms – Zoey et Hailey – sur mon téléphone. La maman, très sympathique, parle un excellent anglais. Ce sont de belles rencontres.

La traversé n’est pas bien longue. À terre, un passager regonfle le pneu avant du vélo d’un jeune homme. Ce vélo est très vieux et en très mauvais état. Je prends le relais pour le pneu arrière, qui menace d’éclater. Comme il semble aléatoire de tenter d’enlever la roue, je le dégonfle et le replace en le gonflant juste un peu pour que ça se rende. Marius et Laurie sont bien contents.

Aujourd’hui, j’ai décidé de suivre la Vélodyssé vers Arcachon. C’est fréquenté par beaucoup de cyclotouristes et bien balisé. Je me prépare une journée facile. De plus, la réparation d’hier a fait grand bien et le vélo avance mieux, sans bruit. Bonheur ! 

Le début du trajet se fait dans le bois sur une ancienne emprise de chemin de fer. À côté, il reste des rails, empruntés par un étrange train touristique qui passe bruyamment.

Rapidement, je retrouve Marius et Laurie. Le pneu avant de Marius est à nouveau à plat. Je démonte, c’est la valve qui est hors d’usage. Une de mes deux chambres à air de rechange prend le relais, ils se rendront peut-être si le pneu arrière tient le coup… 

À Soulac-sur-Mer, la piste retrouve l’urbanité, mais surtout une immense plage, suffisante pour les très nombreux estivants. Ces plages sont magnifiques et l’Atlantique semble bien sage aujourd’hui. Après L’Amélie, retour dans la forêt. Nous roulons sur de longues lignes droites sans relief au milieu des grands pins. Le soleil est de plus en plus présent, et bien sûr la chaleur suit.

En arrivant à Montalivet, il est temps de manger. Justement, une famille cycliste s’est trouvé un coin ombragé. Je me joins à eux. Il y a Samuel et Mélanie, les parents, avec leurs fils Mathias, Nolann et Mayo, et le chien. C’est leur premier voyage, tous sont très chargés, mais la bonne humeur règne. Nous nous recroissons quelques fois après le village et ses impressionnantes dunes.

La route reste longtemps dans les terres. Ma réserve d’eau baisse, je décide de prendre une piste plus proche de la côte pour me rapprocher de Carcans-Plage, le prochain village. Il y a une piste cyclable, mais en vieux béton et large de 60 cm. Étrange… C’est presque désert, et je peux facilement remplir mes bouteilles en arrivant au village.

Retour dans les pinèdes, accompagné du bruit constant des cigales. C’est à nouveau la piste de 60 cm, encore plus détériorée. Le vélo d’une dame allemande a un pneu à plat, mais c’est la valve et je n’ai pas ce qu’il faut pour réparer. Elle devra marcher.

En arrivant à Lacaneau, une épicerie me permet de mettre à jour mes réserves. Retour dans la pinède. Il se fait tard, il faut penser à manger et à monter la tente. Justement, deux tables à pique-nique me permettent de cuisiner confortablement et sécuritairement – tout est très sec.

Quelques mètres plus loin, j’entre dans la pinède et m’y installe pour la nuit. Les cigales se sont tues, j’entends le bruit des vagues en écrivant. Elles seront au rendez-vous pour bercer le sommeil. 

km jour : 91,4 
km total : 272 
départ / arrivée : 9 h 20 / 19 h 45
temps déplacement : 5 : 44
vitesse moyenne : 16,0
vitesse maximale : 36

Vers les plages

> Royan – 75 km
Sommaire

Vendredi. Nuit bien calme, un peu moins fraîche que la précédente. Levé à 7 h, je prends la route moins d’une heure plus tard.

Le paysage est fantomatique, noyé dans un brouillard intense… qui ne dure pas. Après quelques kilomètres sur la piste cyclable, je retrouve les petites routes puis le soleil. Je déjeune devant l’église de Saint-Ciers-sur-Gironde, ouverte et magnifique. Je reprends la route avec le beau temps.

En début de trajet, je roule dans les terres. Plus loin je me rapproche de la Gironde, déjà bien large. Je me promène entre deux univers : les terres vallonnées, et la plaine côtière, sans aucun relief mais découpée par de nombreux canaux et bassins. Entre les deux, souvent, de belles falaises blanches. 

Maintenant, il fait bien chaud. Prévisible. Je mange dans un petit parc, puis je reprends la route. Après une série de jolis hameaux au pied des falaises, une intersection et des indications : « Côté de Tire-Cul, 18 % ». C’est trop abrupt pour mon vélo bien lourd.

Il y a une option vélo sur la droite, un petit chemin au fond de la combe qui bifurque vers une abrupte montée de gravier impraticable sur deux roues, même à la descente. Je hale péniblement la bête. La montée à 18 % aurait été moins difficile… Ayoye !

Plus loin, c’est magnifique : le trajet suit la côte puis passe en haut de la falaise du Caillaud.

De là, on voit une tour au milieu d’un hameau : c’est l’église Sainte Radegonde (XIIe siècle) et le village de Talmont-sur-Gironde. Même s’il ne compte 26 que habitants, il y a de nombreux commerces et touristes. Il est cerné de solides remparts, spécialement du côté de la mer. C’est spectaculaire, je me joins aux visiteurs puisque le préposé à l’accueil veille sur mon vélo.

Après un bon bout sur la digue, agréable et magnifique, le trajet entre dans les terres. Selon les suggestions de l’algorithme, je prends une très petite route qui devient un sentier piéton sablonneux souvent impraticable. Je dois pousser mon vélo, et même lui faire franchir un arbre tombé en travers. Ayoye bis !

Presque immédiatement, je me retrouve sur une piste cyclable qui suit une longue plage envahie de baigneurs. Changement d’univers. En cour de route, je vérifie l’adresse d’une boutique de vélo où je dois arrêter. Elle est à 100 m.

Depuis le départ, mon frein avant frotte sur les plaquettes, car il est ressorti voilé de l’avion. En plus du bruit, ça me ralentit considérablement, mais je n’ai pas l’outil pour le réparer ni de pièce pour le changer. Tom, le mécano, l’ajuste en quelques instants, réglant les problèmes. Bravo, merci !

Je recommence à longer des plages pas mal occupées, puis j’entre en ville. Épicerie, puis camping : la douche fera grand bien, et ici le camping sauvage serait compliqué. L’accueil est chaleureux, le tarif raisonnable, je m’installe sur le sol bien dur. Il y a des voisins, bien sûr : une famille avec deux enfants de 4 ans et un an et demi vient de passer quatre jours en vélo camping. Trois cyclotouristes hollandais arrivent un peu plus tard – Sophie, jeune vingtaine, et ses deux papas Ann et Robert. Partis de Nantes, ils ont tranquillement longé la côte pour profiter de la baignade.

Après douche et repas, je m’installe à côté de la sécheuse pour charger l’ordi tout en écrivant. Plus ou moins confortable, mais je complète peu avant 22 h 30. Ce n’est pas froid du tout, c’est bientôt l’heure du dodo.

km jour : 74,0
km total : 180 
départ / arrivée : 8 h 00 / 18 h 20
temps déplacement : 5 : 40
vitesse moyenne : 13,1
vitesse maximale : 38
camping : 14 €

Longer la Gironde

> Étauliers – 65 km
Sommaire

Jeudi. Comme prévu, excellente nuit, agréablement fraiche. Vers 7 h, Laurent passe me saluer avant de partir travailler. Je me lève vers 7 h 30, émergeant d’une tente humide de rosée. Elle sèchera ce soir, il fait très beau. En plus des routines bien connues, j’ai quelques ajustements à faire sur le vélo et le matériel. Je ne me presse pas, mais je suis sur la route vers 9 h 20 sans que personne d’autre ne se soit manifesté. Il restera les beaux souvenirs d’hier.

Les premiers kilomètres se font sur des routes plus importantes, puis je profite des toutes petites route pratiquement désertées que j’aime bien.

Je m’approche de quatre ponts – TGV, autoroute, route, train – qui enjambent la Dordogne, ce qui justifie le nom de mon premier objectif : Cubzac-les-Ponts. Celui qui est cyclable s’appelle le pont Eiffel, du nom d’un ingénieur mieux connu pour une tour : il a conçu la partie centrale vers 1883, alors que les approches sont celles d’un pont de 1840. C’est un très bel ouvrage.

La montée est longue. J’y dépasse un marcheur qui me rattrape au moment des photos. Nous entamons la conversation, qui s’avère passionnante. Comme il connaît et aime bien la région, Éric s’improvise guide touristique, et nous décidons d’avancer de concert.

Pendant la descente, nous croisons les deux premiers cyclotouristes depuis l’aéroport. Étienne et Aurore, frère et sœur, sont très allumés, ce qui permet de belles conversations. Tout ce beau monde échange des coordonnées.

En arrivant à Cubzac-les-Ponts, je fais le plein d’eau, puis je salue Éric avant de retourner sur les petits chemins qui longent la Dordogne sans s’en approcher vraiment. C’est un environnement agricole avec les typiques maisons blanches aux toits de tuiles rouges. Bien joli.

La rive que je longe est basse, mais un peu en retrait du fleuve il y a de jolies hauteurs et falaises. Donc, je monte et descends régulièrement sous la grosse chaleur qui s’est installée. L’endroit n’invite pas à la baignade : l’eau est brune, chargée de sédiments qui laissent une belle couche de boue quand elle se retire à la faveur de la marée. Habituellement, le changement de sens du courant s’accompagne d’un mascaret, mais pas actuellement à cause du niveau de l’eau. C’est bien beau.

Il y a de jolis belvédères, puis la route se rapproche de l’eau. Avec les falaises en arrière-fond, c’est un bel environnement.

Le village de Bourg est remarquable et j’en profite. Il y a les quais, un lavoir, une source datant de l’époque romaine, les bâtiments intégrés à la falaise… En revanche, pas évident de trouver la sortie vélo. Il faut contourner le camping municipal, ce sont de jeunes filles en camp scout que me guident. 

Les quelques églises croisées aujourd’hui étaient verrouillées, celle de Bayon-sur-Gironde est ouverte, ce qui permet de se plonger un peu dans le XIIe siècle, malgré les nombreuses restauration nécessaires au fil des siècles. 

En chemin, une curiosité : en 1944, les Allemands ont coulé un bateau pour ralentir les Alliés ; l’épave est toujours là, bien visible.

Ici, les marinas doivent composer avec les marées. Quand l’eau est basse, comme maintenant, les bateaux se déposent dans la vase brune, puis recommencent à flotter quand l’eau remonte.

Je finis par atteindre Blaye, une ville plus importante. J’y fais le plein de fruits frais et d’eau. Une ancienne voie ferrée promue voie verte (piste cyclable) rend la fin de la journée facile. Quelques kilomètres avant Étauliers, un sentier quitte la piste pour traverser un champ. Ce sera mon camping pour ce soir. 

Je mange, je monte la tente et je m’y installe pour écrire confortablement à l’abri des moustiques. La température baisse tranquillement, annonçant une nuit confortable.

km jour : 66,5
km total : 106 
départ / arrivée : 9 h 20 / 19 h 05
temps déplacement : 5 : 08
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 38

Accueil formidable

> Izon – 40 km
Sommaire

Mercredi. Comme prévu, nous atterrissons à 10 h 50 sous un ciel gris et une température confortable… pour le moment. À part une petite fatigue, tout va bien.

En quittant mon siège, je vois passer des gens avec des casques de vélo. Je pose quelques questions : en famille, ils vont pédaler pour un an. Le projet, à suivre sur Cinq ACycle, est génial, les gens le sont aussi.

Les parents Jean-Christophe, ingénieur, et Julie, sage-femme, ont pris une année sabbatique ; les enfants Mila, 15 ans, Maëlle, 13 ans, et Enzo, 12 ans, feront l’école voyageuse – une lourde sacoche est réservée à cette fin.

Nous nous installons ensemble pour remettre les vélos sur leurs roues. C’est une activité populaire : deux jeunes allemands font de même un peu plus loin. 

Il est près de 13 h 15 quand je prends la route… pour 2,5 km. Dans un magasin de plein air, je dois acheter le carburant pour le réchaud, remettre mes pneus à la bonne pression et remplir mes bouteilles d’eau. Trois succès, je prends enfin la route pour de bon.

Il me faut traverser Bordeaux, d’abord sur une série de petites rues – je croise un établissement nommé Ô petit Québec, spécialisé en poutines -, puis sur le boulevard du président Wilson, qui change plusieurs fois de nom et devient une autoroute. Heureusement, c’est bien aménagé pour les vélos.

Je rejoins la Gironde et le pont d’Aquitaine où passe une autoroute importante et une étroite piste cyclable. C’est une longue montée sous un chaud soleil, mais offrant des vues en hauteur. Photos !

C’est fini pour la ville, et bientôt pour l’autoroute. Je roule désormais sur de petites routes tranquilles, vallonnées et bucoliques. C’est très beau sous le ciel tout bleu. Après un petit arrêt à l’épicerie d’Izon, j’arrive chez Laurent et Marjorie, mes voisins d’avion de la nuit dernière. 

Laurent m’avait proposé une place dans leur cour pour la nuit, ainsi qu’une douche. Ce sont des offres qu’on ne peut refuser. Même si tout le monde est fatigué par la courte nuit, le long voyage et le décalage, nous nous retrouvons avec plaisir autour de la table avec les enfants Mahalia, 8 ans, et Mahni, 6 ans. Par la suite, Mahalia sort sa flûte, je prends ma guitare et nous passons d’excellents moments en musique et en chansons.

La soirée de mes hôtes ne s’étire pas : Laurent travaille tôt demain matin, et tous ont besoin d’une bonne nuit ; heureusement, Marjorie est enseignante, elle pourra utiliser un peu de son congé pour atterrir tranquillement. Vers 21 h 30, nous avons pris nos quartiers de nuit, mais je m’occupe du journal même si je suis moins efficace qu’espéré – c’est plus dur quand on s’endort en écrivant. J’en viens à bout avant 22 h 30 tout en chargeant ma flottille de machines, mais afin de mettre mon horloge biologique dans le bon fuseau horaire je prends une autre heure pour courriels et lecture. La nuit s’annonce parfaite.

km jour : 40,2
km total : 40 
départ / arrivée : 14 h 00 / 18 h 00
temps déplacement : 2 : 56
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 35

Europe à vélo – 2024

En cet été 2024, je ne prévoyais pas revenir en Europe, mais Gabriel et Laure ont choisi de s’y marier. C’était une invitation que je ne pouvais pas refuser.

Comme c’était une année olympique, j’avais choisi d’éviter Paris. Entre quelques rendez-vous, j’ai passé la plus grande partie de ces quelques jours dans le sud-ouest de la France, que je connaissais peu. Comme toujours, les routes, la culture, la nature, les rencontres ont été au rendez-vous… et, comme c’était méridional, le soleil a souvent brillé de tous ses feux. Été lumineux !

Vol
2024-07-23 >>> Bordeaux

Accueil formidable
2024-07-24 > Izon – 40 km

Longer la Gironde
2024-07-25 > Étauliers – 65 km

Vers les plages
2024-07-26 > Royan – 75 km

De forêts en dunes
2024-07-27 > Lacaneau – 90 km

De piste en piste
2024-07-28 > Hostens – 95 km

La quête de l’eau
2024-07-29 > Pindères – 105 km

Oasis
2024-07-30 > Lizargues – 55 km

La Romieu et la vie calme
2024-07-31 > Lizargues (La Romieu)

Repartir
2024-08-01 > Gondrin – 30 km

Improvisation
2024-08-02 > Vic-en-Bigorre – 85 km

La vie à Vic
Vic-en-Bigorre

Vers les Pyrénées
2024-08-04 > Campan – 60 km

Les premiers cols + vidéo
2024-08-05 > Loudenvieille – 55 km

Un col et demi
2024-08-06 > Aspet – 75 km

Congé humide
2024-08-07 > Mane – 35 km

Petit col vers l’Ariège
2024-08-08 > Tarascon sur Ariège – 80 km

Une belle vallée
2024-08-09 > Lavelanet – 50 km

Montségur
2024-08-10 Lavelanet (Montségur) – 8,5 + 3 km

Voie verte et algorithme
2024-08-11 > Villepinte – 85 km

L’autoroute des cyclotouristes
2024-08-12 > Blagnac (Toulouse) – 90 km

Le lac et l’appartement
2024-08-13 > L’isle-Jourdain – 40 km

Jour de pluie
2024-08-14 L’isle-Jourdain

Dans la ville rose
2024-08-15 L’Isle-Jourdain

Rencontres ferroviaires
2024-08-16 >> Nevers – 1,3 km

Laure et Gabriel + vidéos
2024-08-17 > Château de Mont – 35 km

Les aléas du train
2024-08-18 > Nevers >> Lyon – 50 km

De Lyon à la maison
2024-08-19 > Aéroport >>> Montréal – 35 km

Saint-Octave-de-l’Avenir et Longueuil

Petit matin à la Mésange

Samedi > Saint-Octave-de-l’Avenir – 19,1 km > Longueuil
Sommaire et album photo

La nuit a été un peu agitée. Comme la température extérieure était sous les -20°, il nous fallait alimenter régulièrement le poêle, mais pas trop. Mais le message ne s’était pas rendu à tous : après une recharge trop généreuse, nous avons dû ouvrir toutes les portes pour ne pas cuire.

Au matin, le ciel est toujours parfaitement dégagé. Nous nous préparons rapidement car nous espérons revenir le plus près possible de nos foyers respectifs.

La neige et la météo sont excellentes, nous parcourons sans difficulté les nombreux kilomètres de ski au programme pour arriver à l’auberge en début d’après-midi.

Quelques douches plus tard, nous prenons place à bord de la voiture bien chargée de bagages et d’électrons pour entamer la route, longeant le magnifique fleuve Saint-Laurent. Les conditions sont belles, nous enfilons les kilomètres et les recharges. Il y a eu une bonne bordée de neige à Montréal, mais ce n’est qu’à partir du Madrid que les premières traces de flocons se manifestent. Il ne neige plus, mais de bons bancs de brouillard nous obligent à la prudence à la fin du trajet.

Il est 3 h quand nous arrivons chez Jean-Pierre. Pour aujourd’hui, c’est assez, mais il faut démêler tout le matériel, ce qui nous occupe, Jean-Pierre et moi, pour une dernière heure. Nous nous couchons enfin, fourbus. C’était une grosse journée.

2023-03-05
Dimanche > maison

Nous nous levons vers 8 h. La nuit aura été courte mais bienfaisante. Nous déjeunons ensemble, très heureux de notre semaine.

Céline et moi prenons la route, laissant Jean-Pierre se reposer. Je suis rapidement chez moi, mais il me faut pelleter pour permettre à Céline de sortir de l’entrée et de rentrer enfin chez elle. J’en ai pour deux heures à dégager toute la neige tombée ces derniers jours.

Merci, amis. C’est la fin de cette aventure… en rêvant déjà à la prochaine.

Mésange et Pic de l’Aube

Le Pic du Brûlé vu du Pic de l’Aube

Vendredi > Mésange – 12,5 km
Sommaire et album photo

La neige légère s’est poursuivie toute la nuit et tombe toujours ce matin. Tout est blanc, partout. Après l’essentielle photo de famille, nous prenons la piste.

La neige légère s’est poursuivie toute la nuit et tombe toujours ce matin. Tout est blanc, partout. Après l’essentielle photo de famille, nous prenons la piste.

La traversée du lac Thibault est assez exigeante car le vent et la poudrerie sont au rendez-vous. La pause au Huard, pour récupérer nos repas, est vraiment bienfaisante. Nous voyons aussi passer quelques autres skieurs bien sympathiques.

La neige cesse et le soleil émerge tranquillement alors que nous amorçons le trajet vers la Mésange. C’est une longue montée, mais plus nous avançons plus c’est éblouissant de lumière et de beauté.

Nous déposons nos sacs et repartons rapidement vers le Pic de l’Aube. Pour une bonne part du court trajet, nous grimpons entre les arbres momifiés et dans une poudreuse fabuleuse. Le ciel est d’un bleu sans partage.

La fin du trajet se fait sur une crête ouverte, révélant un paysage unique et bien glacial sous le vent. Nous en profitons bien puis rentrons en affrontant la poudrerie intense sur la crête. Le soleil couchant ajoute encore à la magie des lieux.

Ce soir, nous sommes seuls tous les trois pour notre dernière soirée. Tout est parfait.

Un bonsoir de Jupiter et Vénus