Samedi > Montréal – 90 km
Sommaire et photos
Rapidement, le vent est tombé ; tranquillement, la nuit s’est rafraîchie, j’ai même fini par sortir mon sac de couchage qui avait peu servi ces derniers jours. Levé à 6 h 45, je pars 45 minutes plus tard sans avoir encore déjeuné ni revu mes hôtes d’un soir.
Il fait encore très beau et encore frais, mais la grosse chaleur revient rapidement. Le long de la route, il y a des maisons cossues côté rivière, et des maisons plus modestes côté terre.
Après quelques kilomètres, la Route Verte entre dans un camping qu’elle traverse, une bonne occasion pour refaire ma provision d’eau – chez mes hôtes, elle n’était pas potable.
Au sortir du camping, il y une tour d’observation et une halte bien aménagée, c’est parfait pour déjeuner. Il y a ensuite plusieurs kilomètres de piste cyclable ombragée et en excellente condition, ce qui permet de rouler vite et confortablement.
J’en émerge à Carillon, village historique mais qui a bien changé au fil du temps. Il était en aval d’une série de rapides importants sur la rivière, près desquels il y avait des canaux pour que les navires puissent quand même remonter, des chemins, des habitations. Tout ceci est sous l’eau depuis la mise en service du barrage hydroélectrique en 1962.
Il y a une bonne montée en quittant Carillon, puis une série de belles demeures anciennes, souvent en pierre. Trajet très plaisant, calme et ombragé.
La route s’éloigne un temps de la rivière des Outaouais pour passer par Saint-André-Est et suivre un peu la rivière du Nord avant qu’elle se termine. J’avais déjà longé cette rivière au nord de Saint-Jérôme au début du voyage.
Je roule maintenant en territoire agricole pour un bout. En arrivant à la communauté mohawk de Kanesatake, changement d’atmosphère, et pas pour le mieux. Ces dernières années, sous l’impulsion d’une gestion un peu mafieuse, ce sont les cigarettes de contrebande, l’alcool et l’essence partiellement détaxée qui avaient été la marque de commerce du lieu ; toujours présents, ces produits ont été détrônés par le cannabis qui s’affiche, triomphant. Je ne suis client pour aucun de ces produits. C’est triste de voir cette culture millénaire aussi mal en point.
La sortie de la réserve est marquée par une forte pente heureusement à descendre. En quelques instants, je suis à bord du traversier entre Oka et Hudson. Comme prévu, il est près de 11 h, la traversée se fait sous un ciel superbe et cuisant.
Je suis ici en terrain connu, car j’ai souvent parcouru cette petite route à vélo. Entre fermes et lac, c’est un endroit prisé ces cyclistes et des bernaches, alors que les voiliers sont nombreux à profiter du vent.
Plus loin, il faut réussir à entrer dans Vaudreuil, un parcours du combattant en vélo. Ici, l’automobile occupe le même rang que le cannabis sur la réserve. Je rejoins la piste cyclable qui me mène chez mes amis Jacinthe et Roger. Il est midi.
Comme Jacinthe a été en contact avec une amie qui vient d’être déclarée positive à la Covid, nous ne nous voyons qu’à l’extérieur, à l’ombre dans le jardin qui a fourni une partie du délicieux repas. C’est très agréable d’être ensemble, je ne repars que passé 13 h 30 puisque rien ne presse et que les orages anticipés ne sont plus au programme.
Un pont, la traversée de l’Île Perrot, puis un dernier pont : j’avance plus lentement, c’est vraiment chaud. En arrivant à Sainte-Anne-de-Bellevue, je croise l’ontarien Matt, un cyclotouriste sérieux : parti de Saint-Jean, Terre-Neuve, il traverse le Canada vent de face. Il ne parle qu’anglais, mais le langage du vélo est assez universel.
À Senneville, hameau très cossu, il y a une montée abrupte, la dernière de ce voyage. Ici, pour un temps, Montréal est franchement bucolique, campagnarde, avec des champs et des bois. Tranquillement, l’urbanité reprend ses droits alors que j’approche de chez moi. Presque arrivé, je passe devant la maison de mon ami Patrick. Je me prépare à le texter – leur petite n’a que quelques mois –, il me hèle du balcon où il s’active au barbecue. Nous prenons quelques minutes pour nous donner des nouvelles.
Je pédale les derniers mètres. J’avais l’odomètre à l’œil : il atteint le chiffre symbolique de 1500 kilomètres une minute avant que j’arrive chez moi.
Ici, tout est comme je l’ai laissé. Une petite visite à l’ordinateur, une bonne douche, un passage à l’épicerie, le déballage du matériel, la mise à jour du journal : la soirée est calme mais bien remplie. La nuit sera confortable dans ma maison climatisée, mais surtout je suis très heureux de cette nouvelle aventure… en attendant la suivante !
km jour : 90,2
km total : 1500
départ / arrivée : 7 : 30 / 16 : 30
temps déplacement : 5 : 20
vitesse moyenne : 17,3
vitesse maximale : 54