Oberwinden

Route de petit col

Dimanche > Oberwinden, 115 km
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Une longue nuit, mais qui finit tôt : je suis debout peu après 6 h, je suis en route peu avant 7 h. Aujourd’hui, le ciel est gris et le reste, avec quelques percées de soleil et, en après-midi, quelques gouttes.

Pendant tout l’avant-midi, je roule surtout sur des itinéraires cyclables, souvent des chemin de champs bien pavés au milieu des cultures. Le vent, de face, forcit en mi-journée, ce qui me fait travailler fort pour avancer lentement. 

En milieu d’avant-midi, je me mets en quête d’une épicerie afin de regarnir mes réserves. Oups ! Ici, nous ne sommes plus en France ou en Belgique : tout est fermé le dimanche. Heureusement, je me garde toujours une petite réserve d’urgence, il me suffit d’acheter quelques pêches au bord de la route pour ne manquer de rien.

En après-midi, le paysage change : suivant une rivière, j’entre dans une vallée. Le paysage devient plus intéressant, plus varié, et à Ortenberg il y a même un château ancien sur un piton rocheux. 

Mais comment se sort-on d’une vallée ? En gravissant un col. C’est le premier du voyage, le dénivelé n’est pas très important – environ 250 m à grimper -, mais il est bien abrupt et il se mérite. J’y mets près d’une heure et demie et un bonne partie de ma réserve d’eau, ma vitesse oscillant entre 4,5 et 6 km/h. Un bon marcheur me dépasserait facilement. Pour agrémenter la chose, de petites averses se mettent de la partie. 

C’est quand même bien beau, avec les grands pins au garde-à-vous tout au long de la montée. Le début de la descente se fait sur le gravier et en freinant constamment ; plus loin, la route pavée est étroite, tortueuse et souvent avec une forte pente, ce n’est vraiment pas le temps de se laisser prendre de la vitesse. Mais quels beaux paysages !

En bas, je refais le plein d’eau et me mets à la recherche d’un endroit pour la nuit. Un peu à l’écart de la route, le début d’un réseau de sentiers, un kiosque, des tables, un robinet d’eau fraîche. Ce sera ici, sans tente puisque le kiosque peut abriter cycliste et vélo. Peu après 22 h, tout est complet, je me prépare pour une nuit bien méritée.

km jour : 115,1 
km total : 1438 
départ / arrivée : 7 h 00 / 20 h 20
temps déplacement : 8 : 22
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 42

Rastatt

Karlsruhe

Samedi > Ötigheim (Rastatt), 80 km
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Hier soir, au moment où j’ai fermé mon ordinateur, la musique s’est arrêtée. Parfait. Comme prévu, la nuit a donc été bien calme jusqu’à 5 h 30, alors que la pluie a commencé. D’abord légère, elle a forci, puis s’est arrêtée vers 8 h. C’était le temps de me lever et de me préparer.

Il arrive régulièrement que je mange dans des abribus, puisque j’y trouve un toit, un banc, une poubelle. Celui de ce matin était à 300 m de mon site de camping. Exceptionnellement, j’y ai rencontré quelqu’un : Samy, un homme d’origine éthiopienne. Son anglais est laborieux, mais l’échange avec ce jeune papa est sympathique.

Je prends la route, aujourd’hui marquée par peu de choses. Je suis dans la plaine du Rhin, mais j’aperçois à peine le fleuve ; entre les bouts de campagne, les villages et les petites villes se succèdent sans grand chose pour les différencier ; il fait rapidement chaud et le vent est souvent de face, alors que le ciel est un mélange de soleil et de nuages ; la journée est lourde, j’avance lentement… 

Quand même, trois points à noter. 

À l’entrée d’un village, deux jeunes cyclotouristes réparent une chaîne brisée, les mains noires et le sourire rayonnant. Ils n’ont pas besoin de mon aide, mais je les revois peu après. Doug, originaire de Vancouver, et son collègue, sont ici pour plusieurs semaines et sont bien sympathiques. Mine de rien, ce sont les premiers concitoyens que je rencontre depuis mon arrivée.

Plus loin, l’algorithme m’offre des options de trajet. Je choisis un itinéraire plus à l’est afin de découvrir de nouveaux paysages.

Cet itinéraire passe ainsi par Karlsruhe, ville connue pour son industrie lourde. Ce sont effectivement des installations spectaculaires. Pour franchir un canal, il faut monter puis descendre l’équivalent de deux étages par un escalier. Il y a un dalot pour guider les roues, mais je dois décharger partiellement pour réussir à grimper. Pas conçu pour les cyclotouristes, et pas très confortable.

En fin de journée, je traverse un petit boisé. Selon la carte, le prochain est loin, alors même si la journée a été courte en temps et en distance, je décide de m’arrêter. Il y a un espace acceptable, pas trop en vue mais gardé par des régiments d’orties : j’y accède prudemment. Là, je dois sécher la tente, bien trempée, manger et écrire. Tout va si bien qu’à 20 h 30 c’est complété. Bonne nuit en perspective !

km jour : 81,1 
km total : 1323 
départ / arrivée : 8 h 50 / 18 h 20
temps déplacement : 5 : 21
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 30

Neuholfen

Véloroute sur digue

Vendredi, Neuholfen (Ludwigshafen), 115 km
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Couché tard, levé tôt, je peux saluer tous les occupants de la maison avant les départs pour l’école ou le travail. Rapidement, il ne reste que Julia et moi. Nous prenons notre temps : elle a toujours son travail de maman, je prépare – déjà – mon départ.

Ce matin, le ciel est ambigu, avec quelques averses, mais au moment de partir ça semble bon, alors nous sommes tous deux à vélo vers son lieu de pratique – elle est psychologue. Nous refaisons en grande partie mon trajet de l’arrivée, profitant des descentes, puis nous bifurquons vers son bureau.

Nous sommes en avance, il n’y a personne d’autre, alors j’ai droit à une visite en règle. Mais, trop vite, il faut partir…

Suivant les indication de mon amie, je retrouve facilement le Rhin que je traverse vers Mainz (Mayence). Je suis parfois sur le bord du fleuve, parfois un peu à distance, mais il y a aussi un léger crachin qui pourrait fort s’aggraver, selon la météo. On verra.

Une fois sorti de la ville, je rencontre Hans et Tania, cyclistes venus de Hollande. Elle a un problème avec la fixation de sa sacoche de guidon, qu’elle règle facilement. Sympathique rencontre.

Peu après, la condition de la route devient exceptionnellement bonne : un ruban d’asphalte bien lisse court tout près du haut de la digue, c’est la Véloroute Rhin. J’avance vite malgré le retour du crachin, à la suite d’une silhouette noire se déplaçant presque au même rythme que moi.

Je finis par rattraper Gesine, une jeune allemande qui roule ! L’an dernier, elle avait pris six mois de pause dans ses études pour explorer à vélo l’ouest du continent – France, Espagne, Portugal, et bien sûr Allemagne.

Cette année, elle dispose de quelques semaines pour pédaler. Nous roulons de concert pour un bon bout de temps, nous séparant sous la pluie peu avant Worms. Jolie rencontre.

Contre toute attente, la forte pluie annoncée ne vient pas. Je roule donc. Il faut traverser Ludwigshafen, une ville qui s’étire le long des installations de BASF, la multinationale de la pétrochimie.

La journée est bien avancée, je vois un petit sentier entrer en forêt. Je vérifie : ce sera mon camping ce soir. Comme parfois, je mange et me prépare avant de monter la tente à la brunante. Un homme passe tout près sans réaliser ma présence, les yeux rivés sur son cellulaire. Je commence à écrire, et la musique techno commence : il y a sûrement un bar à proximité. Ce n’est pas idéal, mais je vais sûrement dormir quand même.

km jour : 113,3 
km total : 1242 
départ / arrivée : 10 h 45 / 19 h 50
temps déplacement : 7 : 00
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 39

Wiesbaden 2

Avec Lilly et Marit : Gens du pays…

Jeudi, Wiesbaden 2
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Lever calme, petit déjeuner copieux en bonne compagnie, lavage, c’est une journée de repos qui commence. En milieu d’avant-midi, Julia et moi partons pour les activités du jour.

Première étape : nous nous rendons de colline en colline, de village en campagne, au pied du Neroberg, un parc situé sur une colline. Pour y monter, nous utilisons le Nerobergbahn, un funiculaire bien écolo : il est mû par un ruisseau. Il y a deux cabines reliées par un câble ; chacune est munie d’un réservoir qui est rempli d’eau quand elle est en haut, et en descendant son poids est suffisant pour emmener l’autre cabine en haut, avec ses passagers. Habile !

En haut, il y a des attractions très occupées en cet avant-dernier jour de classe avant les grandes vacances : une piscine et un parcours dans les arbres. Pour Julia et moi, ce sont les sentiers qui nous intéressent d’abord. Nous nous baladons un peu au hasard dans cet enchevêtrement de jolies pistes.

Au retour, nous visitons une spectaculaire église russe orthodoxe datant de l’époque où Wiesbaden attirait les privilégiés de ce pays de l’est avec ses bains chauds naturels et son opulence.

Nous redescendons pour aller récupérer Marit à la sortie des classes au milieu d’une nuée d’ados actuels ou en devenir, puis nous partageons d’excellentes pizzas sur la place au cœur de la ville, bercés par la musique d’un saxophoniste de rue.

Ensuite, séance magasinage, une activité appréciée par mes compagnes. De mon côté, j’ai aussi un achat à faire : la carte mémoire de mon appareil photo présente des symptômes de fin de vie. Comme prévu, la nouvelle carte fonctionne parfaitement. Heureusement, la carte défectueuse a préservé son contenu.

De retour à la maison, nous retrouvons une Marlene en meilleure forme que ce matin, alors qu’elle était resté dans son lit plutôt que de se rendre à l’école. Ce soir, Marit a une invitée : sa grande amie Lilly, qui est dans la même classe qu’elle, passera la soirée et la nuit ici.

À la fin du repas, comme toujours excellent, je sors la guitare pour une occasion spéciale. J’apprends à Lilly – et un peu aux autres – le refrain du chant Gens du pays, un exercice pas si évident pour ces non-francophones. C’est un succès au-delà de nos attentes, nous l’utilisons pour souligner les 12 ans de Marit – c’était dimanche dernier. Nous n’arrêtons pas en si bon chemin : nous reprenons quelques chants du répertoire commun – Mélodie du bonheur (en anglais et en français ! ), et bien sûr Beatles. Très agréable et réussi.

En soirée, Julia et moi, parfois avec Marlene, prenons le temps pour de bons échanges entre nous. Nous réalisons une fois de plus pourquoi nous sommes de si bons amis.

En fin de soirée, Rolf revient enfin. Après sa grosse journée au travail – il est médecin en milieu hospitalier -, il a passé la soirée avec un groupe de figurants pour l’opéra de la ville, une activité qu’il pratique depuis des décennies. Je découvre un nouvel aspect de la vie de mon ami. 

Il est grand temps de se coucher, mais je profite de l’occasion pour mettre en ligne les plus récentes pages du journal. Je me couche un peu tard, mais il ne manque plus que la journée d’aujourd’hui.

Wiesbaden

Burg Pfalzgrafenstein et Burg Gutenfels, à Kaub

Mercredi > Wiesbaden, 80 km
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Vrai, les trains sont très bruyants, mais ils ont été rares cette nuit. J’ai donc bien dormi, mais je me suis levé tôt car cet emplacement, très visible à côté de la route, n’est pas idéal pour faire la grasse matinée. De plus je suis attendu, et un peu de pluie aussi, en après-midi – ce matin, le ciel est parfaitement dégagé. Je pars donc tôt.

Je suis à Sankt Goar en quelques minutes. C’est là que je déjeune en profitant du panorama. Je trouve aussi de l’eau chez un atelier de mécanique automobile. Ici encore, et pour un bon bout, un château médiéval n’attends pas l’autre, et les vieilles tours sont partout. Que c’est beau ! En revanche, ça augmente mon temps de parcours car l’appareil photo est assez sollicité.

À noter en chemin le célèbre rocher de la Loreley, un cap alors que la vallée est particulièrement étroite, et le Château de Pfalzgrafenstein, sur un îlot au milieu du fleuve. Tout ça et le reste, c’est assez hors du commun.

La vallée encaissée s’adoucit tranquillement, et bientôt le Rhin coule au milieu des vallons. Je dois passer à l’autre rive, les traversiers assurent ce service. Je prends celui de Binden à Rudesheim. Les marins gèrent habilement le fort courant, les barges et les manœuvres délicates d’accostage.

Le ciel s’ennuage. Je roule surtout sur la berge, mais parfois ce chemin est fermé et le détour est variable. Je reconnais au passage Eltville, un village de carte postale visité avec mes amis lors d’un séjour antérieur.

J’arrive enfin à Wiesbaden, il est 12 h 40… et l’algorithme m’avise qu’il me reste plus d’une heure et demie de route. C’est pas mal grand comme ville… En fait, c’est plutôt une agglomération de villages, ce qui fait que je roule en ville, dans des zones industrielles, dans des villages, sur des chemins de campagne.

Il y a même un gros chantier qui bloque la route aux voitures, mais pas à moi car une précaire piste cyclable perdure. Le dernier kilomètre se fait sous une pluie légère.

Avec Julia, ce sont des retrouvailles joyeuses et émues : sept ans, c’est trop long. Le reste de la famille arrivera plus tard, de l’école ou du travail.

Rapidement, je passe à la douche – ce n’est pas un luxe aujourd’hui – puis à table. Marit, 12 ans et de retour de l’école – vacances dans deux jours -, est là pour un dessert rapidement englouti, alors que je profite avec Julia d’un excellent menu. Ici, trois langues cohabiteront pour les prochaines heures : l’allemand dans la famille, l’anglais entre la famille et moi, le français entre Julia et moi. Tant que ça fonctionne, pas de problème.

Plus tard, Marit va au cheval, une passion pour elle. Régulièrement, elle prend soin de Conny, un cheval aussi blond qu’elle mais aujourd’hui moins coopératif, puis elle fait une balade sur son dos. Julia aide un peu pour les soins, puis elle et moi marchons un peu en compagnie de la cavalière et de sa monture.

Bref retour à la maison, puis Julia et moi repartons vers l’école de Marlene, 14 ans et bien heureuse d’un retour en voiture après une journée « ennuyeuse ». Pour  elle aussi, vacances dans quelques jours, mais pour Julia les conditions de route sont plutôt source  de stress. Chacun vaque un temps à ses occupations – journal pour moi pour – et nous nous retrouvons autour de la table alors que Rolf revient enfin. Là encore, c’est une grande joie de se revoir.

Nous nous rassemblons en famille autour de l’excellent repas pour des conversations trilingues, mais les filles doivent se retirer pour terminer des travaux scolaires, parfois avec un peu de soutien parental.

Comme tous sont fatigués, la soirée se termine tranquillement, aux études pour les filles, puis au salon pour les adultes. Bonne nuit en perspective- c’est la norme.

km jour : 78,5 
km total : 1128 
départ / arrivée : 6 h 35 / 14 h 15
temps déplacement : 5 : 02
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 37

Sankt Goar

Château sur le Rhin

Mardi > Sankt Goar, 120 km
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Comme espéré, la nuit a été bien calme, avec simplement le bruit de quelques véhicules passant à proximité. Je me lève vers 7 h sous un ciel radieux et dans une tente sèche, je pars vers 8 h après de petits bricolages bien simples.

Première étape : il faut, loin du Rhin, traverser une zone industrielle assez impressionnante. En approchant de Bonn, ce sont plutôt des quartiers résidentiels. C’est donc assez long avant de retrouver le Rhin, non sans avoir traversé le centre-ville avec ses édifices anciens et magnifiques ; il y a aussi plusieurs bâtiments officiels, puisque c’est le siège du gouvernement.

Je retrouve le Rhin, mais le ciel se voile. Comme l’essentiel du trajet se fait sur les berges, j’ai assez peu besoin de mes algorithmes, sauf lors de complexes traversées de villes. Il y a beaucoup de vélos et beaucoup de cyclotouristes sur ce parcours renommé – j’en vois quatre fois plus chaque heure que dans tout le début du voyage.

L’endroit est magnifique. Un peu après Bonn, le Rhin coule dans une vallée étroite qui finit par s’élargir. Tout ce qui est plat est utilisé. De temps à autre, un château, restauré ou en ruines, domine les lieux ; régulièrement, des bâtiments anciens attirent l’œil et l’objectif.

En mi-journée, je traverse Koblenz (Coblence) et la Moselle, important affluent du Rhin. Encore une fois, c’est splendide, et le soleil brille à nouveau de tous ses rayons. Il y a quelques ponts – depuis Bonn, ce n’étaient que des traversiers. La ville a aussi un troisième lien bien de son temps et très utilisé entre la vielle ville et une forteresse située sur l’autre rive : un téléphérique. Ça marche.

Maintenant, la vallée est plus encaissée et les châteaux plus nombreux. C’est vraiment beau, surtout que je roule sur la rive ouest avec le soleil dans le dos pour tout illuminer.

Je fais le plein d’eau à une fontaine publique d’eau de source – ça fait changement de mon eau de Cologne, version robinet. Une plaque indique que l’eau est potable, mais je dois me fier plus à mon intuition qu’à ma compréhension de l’allemand. Un groupe de sympathiques cyclistes de vitesse vient faire le plein de ses bouteilles, confirmant mon intuition. Conversation agréable.

Le jour baisse, et il n’est pas du tout évident de trouver un emplacement pour ma tente. Les quelques espaces plats sont en pleine vue ou inaccessibles.

Peu après 20 h, un élargissement de la route, et de l’autre côté de la glissière de sécurité, une zone plane un peu en retrait. Elle est parfaitement visible à partir de la piste cyclable, mais de nuit les voitures n’en verront rien. Il y aura du bruit, car en plus de la route les trains passent tout près.

Je m’adapte à ce site : je cuisine, je fais la vaisselle et je contacte Julia, pour ne monter la tente qu’au moment où la nuit tombe. Je me couche après l’écriture du journal, espérant que le bruit ne me dérange pas trop – enfin, celui des transports car quand tout est calme j’entends le murmure du Rhin. Ça, j’aime.

km jour : 121,6
km total : 1050
départ / arrivée : 7 h 50 / 20 h 00
temps déplacement : 8 : 05
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 35

Cologne

Frontière – bienvenue en Allemagne

Lundi > Cologne, 140 km
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Cette nuit, il n’y pas eu que le bruit des éoliennes : quelques bonnes averses sont venues rythmer le sommeil. Évidemment, la tente est trempée quand je me lève vers 6 h, sous un ciel bien dégagé. Je fais mon possible pour me préparer lentement, la tente est toujours trempée quand je la range. 

En quelques minutes, je rejoins le Canal Albert, facile à pédaler, rapide avec le vent de dos et toujours bien joli. Je le quitte après une bonne dizaine de kilomètres pour prendre un pont vers Maastricht.

Tiens ! Ce n’est plus la Belgique. J’aurais pu ne pas m’apercevoir que j’avais changé de pays : la langue reste à peu près incompréhensible pour moi, les infrastructures vélo sont les mêmes, et le paysage similaire – la ville est vraiment belle. Il reste un indice assez utile : le « B » sur les plaques des voitures est remplacé par un « NL » ; tout à l’heure, en Allemagne, ce sera un « D ». 

Après la traversée de Maastricht et du canal, je prends la N 278, la route qui me mènera en Allemagne dans quelques kilomètres. Elle commence par une solide montée – les Pays-Bas sont ici mal nommés. En haut, un banc : après 25 kilomètres, il est grand temps de déjeuner.

La traversée du pays est vraiment agréable, avec ses villages, ses vallons et ses jolis paysages. Je fais mes courses à l’épicerie, et au bout du stationnement il y a un panneau indiquant la frontière. C’est la première que je vois.

J’entre donc en Allemagne par Aachen (Aix-la-Chapelle). Plus la journée avance, plus les nuages sont présents, mais pas inquiétants pour le moment. Aujourd’hui, l’algorithme est en forme et me guide bien. Un moment, il m’envoie sur des chemins de gravier bien acceptables ; plus loin, c’est une belle piste cyclable implantée sur une ancienne voie ferrée. J’y croise un famille allemande en petit voyage à vélo – une première pour les deux enfants – puis un couple de cyclotouristes hollandais que je peux guider vers la piste. 

Petit « ding » de mont téléphone : c’est Julia qui vient aux nouvelles. Quelques instants plus tard, nous nous parlons de vive voix, un bonheur après toutes ces années. Elle comme moi avons bien hâte aux retrouvailles prochaines.

À l’approche de Cologne, ça roule vite et bien, mais les averses rôdent en compagnie de bonnes rafales. Finalement, j’échappe à nouveau à la pluie et je retrouve le majestueux Rhin après près de 130 kilomètres. Je ne joue pas les touristes : j’ai ma réserve d’eau, prise à une station service, mais il est 19 h 30 et je n’ai pas encore de site de camping. 

Je longe un temps le fleuve, c’est un peu encombré mais magnifique avec un fugace arc-en-ciel. Le trajet proposé quitte la berge et traverse une forêt. C’est ma chance. Un chemin de coupe de bois abimé par des tracteurs me mène à un site parfait, sauf pour le bruit des voitures à proximité.

Je me dépose rapidement, fais sécher ma tente en cuisinant, et une heure plus tard j’y suis bien installé pour écrire puis, sûrement, bien dormir après cette bonne journée.

km jour : 138,1
km total : 928
départ / arrivée : 7 h 20 / 20 h 20
temps déplacement : 8 : 50
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 39 

Genk

Près de Rumigny

Dimanche > Genk, 110 km
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C’était prévisible : la nuit a été excellente, dans un grand confort un peu différent du grand confort de ma tente. Je me lève un peu avant 8 h pour profiter de la douche adjacente à ma chambre, je me prépare et je salue Martine au moment de quitter. Je suis donc chez Bianca à l’heure dite. Nous passons à nouveau de bons moments ensemble, et à 10 h je suis prêt à prendre la route.  

Petit bonheur supplémentaire : Bianca décide de m’accompagner pour les premiers kilomètres. C’est agréable, mais aussi utile puisqu’elle me guide jusqu’à la sortie de la ville. Là, salutations…

La transition est très marquée : de l’autre côté de l’affiche, c’est immédiatement la forêt. Ces kilomètres sont très agréables, et la première ville rencontrée l’est aussi : à Tervuren, le trajet longe une série d’étangs bien jolis et bien fréquentés tant par des humains que par de la faune.

Par la suite, c’est le scénario habituel de la Belgique : des villages rapprochés, des bandes cyclables partout, un relief doux… Aujourd’hui, petit ajout : les cyclistes du dimanche sont de sortie. Ils sont souvent en peloton, roulent très vite – contrairement à moi – et portent très souvent de maillots et cuissards identiques, aux couleurs de leurs clubs. À la vitesse où ils arrivent, il me faut quand même rester vigilant. Je garde aussi  un œil sur les sombres nuages qui s’avancent : où passeront les averses ? Pour le moment, elles m’évitent.

En chemin, je frôle la ville de Leuwen (Louvain), bien connue. Plus loin, j’arrive au village de Geetbets alors que la rue principale est fermée. Un préposé m’informe que je peux passer quand même. En chemin, des gens sont assis le long de la route. Je croise ce que tous attendent – non, ce n’était pas moi – : des coureurs cyclistes en groupes compacts, suivis par des ambulances. Sans le savoir, je suis tombé dans une sorte de Tour de France local. Ça roule très vite ! 

Je poursuis ma route. En fin d’après-midi, j’atteins Hasselt, une agglomération plus importante. Jusqu’ici, mon algorithme avait été bien sage, mais il me conduit vers une abrupte butte sablonneuse. Ce n’est pas pour moi, je reviens sur mes pas pour prendre un détour bien plus confortable. Je roule pour plusieurs kilomètres le long du canal Albert, avec ses écluses monumentales. C’est très bien, mais je n’ai plus beaucoup d’eau et il m’en faudra pour la soirée et demain matin. 

Soudain, une barrière : de grosses industries occupent la berge. Malgré l’avis de mon algorithme, il me faut prendre une autre route. Je passe devant une station service fermée, mais une porte est ouverte : il y a une toilette, de l’eau et une douche au bénéfice des conducteurs de poids lourds. Je m’informe : je pourrais facilement me servir de la douche. Intéressant, mais pas pour ce soir : des nuages gris s’avancent à nouveau, il me faudra planter ma tente bientôt. 

Je réussis tant bien que mal à rejoindre la berge du canal, mais c’est un cul-de-sac : je traverse des installation de transbordement de sables variés, et c’est fermé par une clôture. Je tente d’en sortir, un premier chemin est bloqué aussi, j’en tente un deuxième qui semble bon. Il traverse une zone de broussailles semée d’éoliennes, j’y trouve un emplacement potable pour ma tente.

Je la monte en vitesse, j’y entre mon matériel alors que tombent des premières gouttes. Il vente fort, je cuisine dans le vestibule de la tente – c’est prévu pour ça – mais finalement la pluie passe et les nuages se dissipent. Il me  reste simplement à écrire un peu et à dormir, bercé par le bruit des pales des éoliennes.

Ixelles

Avec Bianca

Samedi >  Ixelles (Bruxelles), 50 km
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C’était une excellente nuit : je m’étais couché tôt, il est plus de 7 h quand je me lève. Moins d’une heure plus tard, je suis sur mes roues pour une journée grise, ni chaude ni froide. 

Le trajet jusqu’à l’entrée de Bruxelles est assez facile : un de mes algorithmes fonctionne hors ligne – l’autre est inutilisable – et me guide de ville en ville, me faisant traverser Erpe, Alost ou Asse, des lieux que je ne connaissais en aucune façon.

L’entrée en ville est progressive. Je reste connecté à mon algorithme qui me guide bien dans ce labyrinthe. Je traverse des quartiers très animés, diversifiés, la vigilance est de mise à chaque instant dans la circulation souvent dense.

En approchant de Ixelles, j’échange quelques mots avec Thomas, qui prend une pause du midi. Mon algorithme ne connaît pas l’adresse exacte vers laquelle je me dirige, alors Thomas, qui n’a pas de téléphone sur lui, intercepte trois jeunes qui me trouvent l’adresse. Il me suffit de photographier l’écran et de bien interpréter la photo en me déplaçant. Pas simple, mais à 13 h je suis devant la porte.

Bianca et moi nous retrouvons avec grande joie – ça faisait sept ans, quand même -, nous laissons le vélo au sous-sol et remontons au troisième étage. Son appartement est tout petit mais bien organisé et très agréable : elle y vit depuis longtemps parce qu’il lui convient.

Après la douche, la remise en fonction de mon téléphone – un problème de configuration – et un excellent repas, tout simple, les conversations vont bon train, émaillées des compositions de mon hôtesse, excellente musicienne. 

Nous partons marcher vers une boutique d’informatique à la recherche d’un bidule qui pourrait être utile à Bianca. Il tombe quelques gouttes des gros nuages noirs qui survolent la ville, mais sans conséquences. Peu après notre retour, c’est le déluge pendant quelques heures. Parfois, c’est plus facile de ne pas être sous la tente.

Le repas est tout aussi simple et délicieux que celui de ce midi. Par la suite, ce sont la guitare et la musique qui nous rassemblent. Nous reprenons ensemble L’Amour qui bat, chant d’Imaginart, comme si c’était hier que nous l’avions chanté. C’est un bonheur qui prélude à plusieurs autres. 

Ce soir, je vais dormir chez Martine, la maman de Bianca, rentrée aujourd’hui même d’un séjour de quatre mois en France. Le logement est moderne, vaste, confortable, et l’accueil très chaleureux. En revanche, nous ne veillons pas tard ensemble : j’ai le temps d’écrire. 

Le ciel se dégage, la nuit sera bien bonne avant un nouveau départ.

km jour : 52,1
km total : 681
départ / arrivée : 7 h 50 / 13 h 00
temps déplacement : 3 : 26
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 31

Oombergen

Partout, des pistes cyclables !

Vendredi > Oombergen, 70 km
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La nuit a été bruyante et fraîche, le petit matin l’est aussi, avec pas mal de nuages. Comme prévu. Levé vers 6 h 30, je prends la route une heure plus tard, comme d’habitude.

Aujourd’hui, je ne suis pas pressé : je n’ai que 130 kilomètres à parcourir d’ici demain midi. Je roule sur une route principale, mais les bandes cyclables rendent le trajet facile et assez confortable, selon l’état – variable –  de la chaussée. J’arrête tranquillement déjeuner près de la jolie église de Guleveld. 

Un peu plus loin, je rattrape un couple de cyclotouristes de toute évidence expérimentés – leur matériel, bien organisé, a visiblement bourlingué. Paul et Greit, belges flamands, font une petite escapade d’une dizaine de jours, mais par trois fois ils sont partis pour des années complètes, deux fois en Asie, une fois en Afrique. Je suis jaloux ! Comme mon téléphone reste hors connexion, ils me donnent l’adresse de l’auberge de jeunesse de Bruxelles, un plan « B » utile si je ne trouve pas de site pour la tente.

J’entre bientôt dans Menen, et je roule en ville pour environ deux heures. C’est avec joie que je retrouve la campagne, un territoire plus approprié pour mon vélo. L’église Sin-Pietersbandenkerk, à Bevere, est ouverte, alors je prends quelques minutes pour la visiter avant de manger juste à côté. Un peu plus loin, je m’installe à côté d’une autre église pour écrire et recharger mon téléphone, mais quelques gouttes de pluie me remettent en route.

Je suis à peu près dans la région où je pensais m’arrêter pour la nuit, mais il reste de petites formalités : faire une petite pause épicerie, remplir mes bouteilles d’eau – un cycliste se  préparant à pédaler le fait très gentiment – et trouver un site de camping.

Vers 15 h 30, il y a un petit chemin dans le maïs vers un petit bois, avec un emplacement vraiment confortable. Ce sera ici, je suis déjà au sud de Gand et à l’ouest de Alost. Je fais un ménage dans les envahissantes ronces, je monte la tente en vitesse, car il tombe encore quelques gouttes, et je m’y installe. J’entends surtout le fort vent, remplacé plus tard par le murmure de la route.

C’est le temps d’écrire, de faire une sieste, de cuisiner pour vrai, d’écrire encore en tout confort bien calé dans ma chaise compacte. Vers 20 h, je suis à jour. Pour finir la journée, je regarde le film Une vérité qui dérange, puisqu’il est sur mon ordinateur. Un rappel toujours pertinent. À 22 h, je suis prêt pour une excellente nuit.

km jour : 70,0
km total : 629
départ / arrivée : 7 h 40 / 15 h 25
temps déplacement : 4 : 33
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 34