Erde (Sion)

Vendredi > Erde (Sion), 105 km
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Comme prévu, nuit très calme, plutôt froide, et ciel parfait ce matin. Après un courriel et quelques vérifications de trajet et de météo, je range et je suis sur la route avant 8 h 30.

Jusqu’à la vallée, c’est la suite de la descente, rapide, magnifique. Ensuite, les très jolis villages se succèdent. Ici, l’itinéraire vélo officiel est à éviter, car impraticable avec un vélo chargé.

De temps en temps, il y a de bonnes descentes, et de plus en plus de circulation qui se gère tant bien que mal. Il y a aussi des noms chargés de souvenirs de grands cols – Nufenen, Simplon -, des paysages époustouflants et l’incroyable habileté des constructeurs pour habiter les montagnes.

Parfois, il y a des montées sur lesquelles je suis un peu lent – séquelles d’hier, je suppose. Souvent, je me range de côté pour laisser passer des essaims de voitures. À une de ces pauses, je rencontre Max et Marion, de Berne, qui font un grand périple suisse sur deux roues.

Au moment de repartir, j’entends crier mon prénom : ce sont Rachel et Yannick, mes compagnons d’hier. C’est la joie de se revoir. Il ont dormi au col de Grimsel. À quelques seconde près, nous nous serions manqués. 

La route se poursuit, souvent difficile. Les descentes à haute vitesse avec des voitures qui nous suivent et nous frôlent, sans espace pour se retirer du centre de la route, se succèdent. Franchement, c’est presque irréel et assez stressant. Et ça semble encore pire pour ceux qui montent.

Ça se calme pour quelques kilomètres, alors que nous longeons calmement le Rhône, puis à Visp mes amis bifurquent pour monter vers Zermatt.

C’est la mi-journée. Comme annoncé, le ciel se couvre, il fait chaud. Je mange à Raron, au pied de la chapelle emblématique sur son promontoire qui domine le village. J’avance tranquillement sur une route un peu plus facile, mais avec un bon vent de face.

À Sierre, un garçon d’environ 8 ans m’interpelle – en français, je viens de franchir la frontière linguistique – : Axel a de la conversation, c’est bien agréable.

Quelques instants plus tard, à une fontaine, c’est toute une souriante famille cycliste qui est là : les parents Mattias et Sandra, avec Mathilda, 10 ans, Amandine, 8 ans, et Roméo, 5 ans. Si les grandes sont autonomes avec leurs sacoches sur leurs vélo, papa porte le petit dernier sur un siège et traîne une remorque, alors que maman a une montagne de bagages sur son vélo. Venus de Morges, ils font une « petite » sortie, considérant qu’ils ont exploré l’ouest de la France pendant trois mois l’an dernier. Impressionnant ! 

J’approche de Sion, toujours pas de nouvelles de mes amis. Lors d’une pause fontaine et fruits, message : ils n’avaient pas lu mon courriel puisqu’ils étaient en montagne. Un petit appel, tout s’arrange. Fabien m’offre de venir me chercher à Sion, et j’accepte : ils vivent 350 m plus haut, sur le flanc de la vallée.

Rendez-vous pris, Fabien et moi nous retrouvons avec grande joie : ça faisait sept ans ! C’est en voiture électrique, une Kia Niro toute neuve, qu’il vient me prendre, ce n’est pas une surprise étant donné leurs valeurs. La longue montée est donc facile, confortable et respectueuse de l’environnement.

Peu après, nous nous retrouvons à table avec Sylvie pour nous mettre à jour après trop d’années d’attente. En particulier, ils seront grands-parents dès octobre prochain, puisque Timothée et sa copine Léa attendent leur premier enfant ; Noémie et Rachel entament aussi leurs vies d’adultes avec tout leur cœur. La terrasse permet d’admirer les jeux du soleil sur les montagnes environnantes, et les conversations sont lumineuses : que demander de plus ?

Avant le dodo, Fabien me présente leur installation électrique : en combinant maison bien isolée, panneaux solaires et batteries de voitures électriques en seconde vie, mes amis sont autonomes à près de 90 % pour la consommation énergétique, malgré la présence de deux voitures électriques. Bravo !

J’écris un peu avant de tomber de sommeil. Bonne nuit en perspective !

km jour : 103,7 
km total : 1868
départ / arrivée : 8 h 25 / 17 h 50
temps déplacement : 6 : 00
vitesse moyenne : 17,3 
vitesse maximale : 56

Oberwald (Brüning et Grimsel)

Au sommet !

Jeudi >  Oberwald, 90 km
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Selon la météo, il fera beau aujourd’hui, sans risque significatif de pluie. C’est donc la meilleure journée pour franchir les cols vers le Valais. Comme j’ai pris du retard à cause de la pluie, je suis préparé en vue d’une grosse étape, pas tant en distance qu’en temps et en difficulté. 

Ça a bien commencé : je me suis réveillé avant même que mon alarme sonne. Comme elles se sont aussi levées tôt, j’ai pu saluer mes compagnes d’hier soir avant de prendre la route à 6 h 30 pile.

C’était froid cette nuit, 10° selon la météo, 12° dans la tente, qui est trempée de rosée. C’est donc bien habillé que je pars sur la véloroute, qui au début est souvent non pavée, à l’exception d’un étonnant passage sur la piste d’un aéroport. Je longe souvent la rivière, admirant les cygnes sur un lac artificiel.

Au début, c’est plutôt facile puisque les pentes sont douces et la circulation clairsemée. Pour cause, la route devient si étroite que les voitures ne peuvent s’y croiser. Cette section est un peu comme un escalier : une montée, un lac, un village, on recommence.

C’est vraiment beau. Toutefois, je me souviens de montées pratiquement impossibles avec un vélo chargé. Guidé par une dame qui me voyait perplexe devant ma carte, je réussis à en éviter une au prix d’un détour dans le gros trafic issu de l’autoroute – ça monte beaucoup, mais c’est viable.

Je n’échappe pas à une autre, vraiment difficile : en plus d’être mal pavé quand il l’est, ce joli chemin a des sections à 14 %, trop abruptes pour je puisse les rouler en continu. Ouf !

Je finis par rejoindre Brünigpass, un « petit » col, mais vraiment difficile. Pour descendre à Meiringen, j’aurais pu prendre la route des voitures avec son lourd trafic, je choisis la piste désignée. Le début de la descente est assez abrupt, mais bientôt il n’est plus pavé, m’obligeant à rester constamment sur les freins, à 10 km/h. Toute une descente !

À Meiringen, c’est l’heure de refaire mes réserves de nourriture, même si je suis en retard sur mon horaire idéal. Je croise un panneau annonçant le programme : ascension de 1650 m sur 30 km. Il est 12 h 40, il va falloir pousser sur les pédales… Heureusement, le temps s’améliore sans être trop chaud. Il reste que le défi est de taille.

C’est aussi et surtout un paysage magnifique qui se déploie à chaque tour de pédalier. Les murailles de pierre qui montent si haut, les cascades qui en dévalent, le torrent qui longe la route, la végétation qui change en fonction de l’altitude, le soleil qui est de plus en plus présent, c’est fabuleux.

En revanche, c’est très lent, souvent entre 4,5 et 6 km/h, des vitesses où il est difficile de garder l’équilibre, ce sont de plus en plus des routes en lacets vertigineux en montant.

Pire : il y a les très pénibles et stressants tunnels – deux d’entre eux proposent des détours vélo bienvenus -, et surtout il y a la circulation.

Il y a de tout – voitures, camions, autobus, engins agricoles, cyclistes. Ces nombreux véhicules sont habituellement conduits prudemment, mais il y a beaucoup de motocyclistes en manque d’émotions fortes : bruyantes, puantes, imprudentes, stressantes, ces machines – et leurs utilisateurs – sont dignes de l’enfer de Dante.

Pendant la montée, je rejoins Rachel et Yannick, cyclotouristes partis hier de Zurich avec en plus leur matériel d’escalade pour aller grimper autour de Zermatt. Très sympathiques, ils roulent à la même et vitesse que moi, alors nous nous soutenons mutuellement jusqu’au sommet, atteint vers 18 h 30 sous un ciel parfait. Photos de famille, salutations, ils ont été de très bons compagnons de route. Nous reverrons-nous ? Nous en serions très heureux.

Je repars vers Gletch, une des plus belles descentes que je connaisse, toute en lacets vertigineux, avec vue sur Furkapass et les pauvres restes du glacier à la source du Rhône. Il fait froid, les freins sont mis à l’épreuve, c’est une incroyable étape. C’est une belle occasion pour tourner une petite vidéo.

Après Gletch, c’est reparti dans le même genre de route, avec cette fois-ci des arbres et un train à crémaillère. Quelques kilomètres plus bas, il y a un départ de sentier qui sera un très beau camping, malheureusement pollué de nombreux carrés de papier blanc et de ce qui va avec. Triste…

Je trouve quand même un bon emplacement pour ma tente, un peu en vue de la route, mais que personne ne regarde. Je mange, j’écris un peu, et dodo ! Tout indique que la nuit sera fraîche, et que j’aurai bien plus l’occasion d’entendre le ruisseau que la route. En revanche, il fait 13°…

km jour : 88,3 (78,9 + 9,4)
km total : 1764
départ / arrivée : 6 h 30 / 20 h 00
temps déplacement : 8 : 41 (8 : 16 + 0 : 25)
vitesse moyenne : 14,5 (9,5 + 22,5)
vitesse maximale : 48

Alpnachstad

Vers les Alpes

Mercredi >  Alpnachstad, 85 km
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Le sommeil collectif a été un succès. Nous nous levons tranquillement et profitons d’un petit déjeuner copieux, avec confitures maison, mais surtout en très bonne compagnie, soit Jacques et Ursula.

Nous ne nous sentons pas pressés de partir, car il pleut. Je reste donc sur place pour mettre en ligne quelques journées de voyage. Vers 11 h, le soleil sort, et je fais de même.

Le trajet est assez facile à suivre, malgré quelques écarts. Je longe plus ou moins l’Aare, puis je bifurque vers Luzern (Lucerne). De village en village, le pays est vallonné et agricole. Je dois prendre des pauses pluie presque à chaque heure jusqu’en milieu d’après midi, puis encore une plus tard.

En gardant un œil attentif sur les nuages, je reste sec. En chemin, je longe les jolis lacs Hallwil et Baldegg avant de traverser Luzern, une grande ville un peu complexe mais bien aménagée pour les vélos. 

La route suit ensuite le lac Vierwald-Statter, avec ses murs de pierre plongeant presque directement dans l’eau. Les ingénieurs ont réussi à passer la piste cyclable, la route, l’autoroute et le train, en tunnel ou superposés, dans cet espace minuscule. Impressionnant.

Peu après, il y a un camping : ce soir, ce sera ici, car il est tard et la journée de demain s’annonce plus que costaude.

Quand j’arrive à mon emplacement, mes voisines viennent m’accueillir. Je passe donc la soirée en agréable compagnie : Émilie, de Strasbourg, et Daniela, de Seattle, sont mariées depuis près d’un an et aiment voyager. C’est heureux, car Daniela est militaire et sera mutée en Corée du Sud en 2024. La nuit tombe tout comme la température, avoir bien dormi sera apprécié demain.

km jour : 83,9 
km total : 1676
départ / arrivée : 11 h 15 / 20 h 00
temps déplacement : 5 : 47
vitesse moyenne : 14,5
vitesse maximale : 42
Hébergement : 20 F

Brugg

Untermettingen

Mardi > Brugg, 85 km
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C’était plus que prévisible : la nuit a été excellente. Comme j’ai devancé mon réveil, je suis prêt à partir dès 8 h 15. Mon téléphone, lui, ne se connecte plus au réseau, mais je suis heureusement à la lisière du territoire couvert par ma carte papier de la Suisse – c’est quand même une technologie très fiable. Le soleil, bien présent plus tôt, en profite pour se cacher sous une petite averse bien drue et froide. Partir demande parfois un peu de détermination.

Je peux faire le plein d’eau fraîche à la fontaine publique, une tradition de montagne que je retrouve avec joie.

Je descend au village de Lenzkirc, et non seulement la pluie a cessé mais le soleil est de retour. L’itinéraire que je choisis commence par une jolie et longue montée avant la belle descente vers Schluschsee. « See », c’est un lac, une rareté en ce pays, et ce matin il a des couleurs d’automne avec les nuages et le fort vent qui agite la surface.

La suite est vraiment agréable. J’ai le vent de dos, je roule vite sans effort vers plusieurs villages dans un paysage aux allures de campagne du Québec. Ensuite, c’est une succession de petites montées et de longues descentes rapides et enivrantes.

En prime, il fait vraiment très beau… pour le moment. Je descends toujours par une vallée étroite, le long d’un ruisseau, jusqu’en ville. 

Ma carte n’est pas très détaillée, mais je prends le bon chemin – montée abrupte, belle descente – pour rejoindre le Rhin. Ici, il n’est plus navigable puisqu’il y a des rapides en aval, mais il reste splendide. Je passe en Suisse au début de l’après-midi par le pont de Rheinheim pour pique-niquer en arrivant à Zurzach, juste en face. Test fait, mon téléphone ne marche toujours pas. On verra.

Je longe le Rhin par un petit sentier étroit, guettant du coin de l’œil les nuages noirs qui montent devant moi. Quand j’arrive à Koblenz, je pousse sur les pédales car la pluie est là, tout de suite. Je fonce sous un abri pour voitures – 15 secondes plus tard, j’aurais été trempé. Je laisse passer l’orage avec ses éclairs, son vent et ses trombes d’eau, et après 20 minutes je peux repartir, sec.

Je rejoins la rivière Aare, un gros affluent du Rhin qui me guidera pour un temps sur la véloroute 8, en route vers le col Grimselpass. Les paysages sont bien jolis sous le mélange de soleil et de nuages, avec une petite averse sans gravité passée sous un avant-toit.

En arrivant à Brugg, je reste sur la route principale afin de trouver une épicerie, mais j’y trouve plutôt une série de chantiers routiers un peu complexes. Pour dénicher l’épicerie, je m’adresse à un cycliste de passage, et après quelques mots en anglais nous passons au français. D’origine portugaise et française, Fabio a gardé la connaissance de plusieurs langues. Il me guide à l’épicerie, car le trajet n’est pas simple. Merci !

En sortant après mes courses, il fait froid et la pluie menace. Je croise deux cyclotouristes venus de Berne et la conversation s’amorce facilement, tellement que nous nous retrouvons de l’autre côté de la rue pour une pizza. Jacques a été diplomate mais a aussi pris trois ans pour faire un tour du monde à vélo, Ursula a enseigné au primaire.

Soirée très agréable, qui se poursuit pour rejoindre dans le froid l’auberge de jeunesse. Il reste quelques places en dortoir, c’est là que nous passons la nuit avec une jeune famille cycliste sous les combles de cette vieille maison conçue comme un labyrinthe aux escaliers craquants.

km jour : 87,1 
km total : 1592 
départ / arrivée : 8 h 15 / 20 h 30
temps déplacement : 5 : 41
vitesse moyenne : 15,3
vitesse maximale : 59
Hébergement : 46 F

Lenzkirch

Glashütte : la route étroite

2023-07-24 Lundi > Lenzkirch, 65 km
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Le début de la nuit n’est pas aussi reposant que prévu : à quatre reprises, une voiture vient stationner à proximité, mais sans jamais que ses occupants ne soupçonnent ma présence. Ensuite, c’est calme.

Je suis debout peu avant 6 h 30, et en route avant 7 h puisqu’il y a moins de préparatifs que d’habitude. Je prépare mon bagage en mode déluge, puisqu’il semble que ce sera le programme pour quelques jours. À 7 h pile, quelques gouttes sans importance, mais le gris est la couleur dominante du ciel pour aujourd’hui.

Après quelques minutes, l’algorithme me demande de prendre une vallée secondaire sur la gauche. J’y vais, tout en soupçonnant la suite. Au début, je monte tranquillement en égrenant un chapelet de jolis villages. Les paysages sont typiques de la région, avec des fermes anciennes un peu partout, et la vallée qui devient plus étroite. Ça monte, mais pas mal plus doucement qu’hier.

Intersection : je prends la route plus étroite et qui monte le moins avant de redescendre un peu vers Wildgutach, splendide dans son écrin de montagnes vertes.

Ensuite, la route est un délice serpentant le long d’un ruisseau. Elle est si étroite que la seule façon pour les voitures de se croiser est que l’une attende dans un petit élargissement. Donc, presque pas de voitures. J’oubliais : il y a parfois un léger crachin, parfois des percées de soleil, ça va de ce côté.

Peu avant Glashütte, la route devient un peu moins étroite tout en restant peu fréquentée, mais ça commence à monter plus sérieusement. À l’intersection, sur une crête, on voit venir de gros nuages sombres.

J’arrive de peine et de misère à Waldau avant que le ciel ne nous tombe sur la tête : forte pluie, vent, éclairs et tonnerre tout autour, c’est bien mieux de me mettre à l’abri, et j’ai à peine le temps de me coller à un mur pour limiter l’impact de la douche froide. Je profite d’une fugace accalmie pour migrer à un abribus, où je peux manger au sec.

Je repars sous une pluie parfois fine, parfois forte, je suis trempé et bien gelé malgré tous les vêtements réquisitionnés, et ça descend vite !

Arrivé en ville, je passe à l’épicerie. Deux joyeux cyclotouristes allemands restent auprès de mon vélo pendant que je fais mes achats – il mangent, se réchauffent un peu et tentent sans grand succès de se sécher. Robert et Patrick repartent un peu avant un nouveau déluge.

Je me décide à faire de même, ayant décidé que ce n’était pas la journée idéale pour le camping. Je repère un hôtel aux tarifs moins exorbitants que la moyenne. À mi-chemin, en haut d’une bonne montée, j’appelle. Ils sont fermés jusqu’en novembre… Je consulte mon auxiliaire numérique, j’aboutis devant une maison accueillant des groupes de jeunes et fermée ces temps-ci. Eva, la sympathique responsable, fait deux appels et me trouve un logement pour la nuit à 300 m de là. Merci !

Le soleil sort pour le reste de la journée, ce qui ne change rien à mes plans. Je suis très bien accueilli par Katarina et sa fille Sally, environ sept ans, ainsi que par Winston, son nouveau toutou qui célèbre la fin de l’année scolaire ici.

Le logement qui m’est destiné est moderne, confortable, anonyme, il s’agit clairement d’un hébergement touristique qui est d’ailleurs déjà réservé pour demain soir. 

Après le départ de mes hôtesses, je me mets aux tâches requises : séchage, lavage le cas échéant, douche – quelle belle invention ! -, souper puis journal. La soirée passe vite, mais pas comme espéré : ma connexion internet est très mauvaise. Donc, aucune mise en ligne du journal. Ce sera pour une autre fois. Mais mes appareils et moi apprécions la recharge nocturne.

km jour : 66,4 
km total : 1504 
départ / arrivée : 7 h 00 / 16 h 45
temps déplacement : 5 : 11
vitesse moyenne : 12,8
vitesse maximale : 46
Hébergement : 85 € 

Oberwinden

Route de petit col

Dimanche > Oberwinden, 115 km
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Une longue nuit, mais qui finit tôt : je suis debout peu après 6 h, je suis en route peu avant 7 h. Aujourd’hui, le ciel est gris et le reste, avec quelques percées de soleil et, en après-midi, quelques gouttes.

Pendant tout l’avant-midi, je roule surtout sur des itinéraires cyclables, souvent des chemin de champs bien pavés au milieu des cultures. Le vent, de face, forcit en mi-journée, ce qui me fait travailler fort pour avancer lentement. 

En milieu d’avant-midi, je me mets en quête d’une épicerie afin de regarnir mes réserves. Oups ! Ici, nous ne sommes plus en France ou en Belgique : tout est fermé le dimanche. Heureusement, je me garde toujours une petite réserve d’urgence, il me suffit d’acheter quelques pêches au bord de la route pour ne manquer de rien.

En après-midi, le paysage change : suivant une rivière, j’entre dans une vallée. Le paysage devient plus intéressant, plus varié, et à Ortenberg il y a même un château ancien sur un piton rocheux. 

Mais comment se sort-on d’une vallée ? En gravissant un col. C’est le premier du voyage, le dénivelé n’est pas très important – environ 250 m à grimper -, mais il est bien abrupt et il se mérite. J’y mets près d’une heure et demie et un bonne partie de ma réserve d’eau, ma vitesse oscillant entre 4,5 et 6 km/h. Un bon marcheur me dépasserait facilement. Pour agrémenter la chose, de petites averses se mettent de la partie. 

C’est quand même bien beau, avec les grands pins au garde-à-vous tout au long de la montée. Le début de la descente se fait sur le gravier et en freinant constamment ; plus loin, la route pavée est étroite, tortueuse et souvent avec une forte pente, ce n’est vraiment pas le temps de se laisser prendre de la vitesse. Mais quels beaux paysages !

En bas, je refais le plein d’eau et me mets à la recherche d’un endroit pour la nuit. Un peu à l’écart de la route, le début d’un réseau de sentiers, un kiosque, des tables, un robinet d’eau fraîche. Ce sera ici, sans tente puisque le kiosque peut abriter cycliste et vélo. Peu après 22 h, tout est complet, je me prépare pour une nuit bien méritée.

km jour : 115,1 
km total : 1438 
départ / arrivée : 7 h 00 / 20 h 20
temps déplacement : 8 : 22
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 42

Rastatt

Karlsruhe

Samedi > Ötigheim (Rastatt), 80 km
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Hier soir, au moment où j’ai fermé mon ordinateur, la musique s’est arrêtée. Parfait. Comme prévu, la nuit a donc été bien calme jusqu’à 5 h 30, alors que la pluie a commencé. D’abord légère, elle a forci, puis s’est arrêtée vers 8 h. C’était le temps de me lever et de me préparer.

Il arrive régulièrement que je mange dans des abribus, puisque j’y trouve un toit, un banc, une poubelle. Celui de ce matin était à 300 m de mon site de camping. Exceptionnellement, j’y ai rencontré quelqu’un : Samy, un homme d’origine éthiopienne. Son anglais est laborieux, mais l’échange avec ce jeune papa est sympathique.

Je prends la route, aujourd’hui marquée par peu de choses. Je suis dans la plaine du Rhin, mais j’aperçois à peine le fleuve ; entre les bouts de campagne, les villages et les petites villes se succèdent sans grand chose pour les différencier ; il fait rapidement chaud et le vent est souvent de face, alors que le ciel est un mélange de soleil et de nuages ; la journée est lourde, j’avance lentement… 

Quand même, trois points à noter. 

À l’entrée d’un village, deux jeunes cyclotouristes réparent une chaîne brisée, les mains noires et le sourire rayonnant. Ils n’ont pas besoin de mon aide, mais je les revois peu après. Doug, originaire de Vancouver, et son collègue, sont ici pour plusieurs semaines et sont bien sympathiques. Mine de rien, ce sont les premiers concitoyens que je rencontre depuis mon arrivée.

Plus loin, l’algorithme m’offre des options de trajet. Je choisis un itinéraire plus à l’est afin de découvrir de nouveaux paysages.

Cet itinéraire passe ainsi par Karlsruhe, ville connue pour son industrie lourde. Ce sont effectivement des installations spectaculaires. Pour franchir un canal, il faut monter puis descendre l’équivalent de deux étages par un escalier. Il y a un dalot pour guider les roues, mais je dois décharger partiellement pour réussir à grimper. Pas conçu pour les cyclotouristes, et pas très confortable.

En fin de journée, je traverse un petit boisé. Selon la carte, le prochain est loin, alors même si la journée a été courte en temps et en distance, je décide de m’arrêter. Il y a un espace acceptable, pas trop en vue mais gardé par des régiments d’orties : j’y accède prudemment. Là, je dois sécher la tente, bien trempée, manger et écrire. Tout va si bien qu’à 20 h 30 c’est complété. Bonne nuit en perspective !

km jour : 81,1 
km total : 1323 
départ / arrivée : 8 h 50 / 18 h 20
temps déplacement : 5 : 21
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 30

Neuholfen

Véloroute sur digue

Vendredi, Neuholfen (Ludwigshafen), 115 km
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Couché tard, levé tôt, je peux saluer tous les occupants de la maison avant les départs pour l’école ou le travail. Rapidement, il ne reste que Julia et moi. Nous prenons notre temps : elle a toujours son travail de maman, je prépare – déjà – mon départ.

Ce matin, le ciel est ambigu, avec quelques averses, mais au moment de partir ça semble bon, alors nous sommes tous deux à vélo vers son lieu de pratique – elle est psychologue. Nous refaisons en grande partie mon trajet de l’arrivée, profitant des descentes, puis nous bifurquons vers son bureau.

Nous sommes en avance, il n’y a personne d’autre, alors j’ai droit à une visite en règle. Mais, trop vite, il faut partir…

Suivant les indication de mon amie, je retrouve facilement le Rhin que je traverse vers Mainz (Mayence). Je suis parfois sur le bord du fleuve, parfois un peu à distance, mais il y a aussi un léger crachin qui pourrait fort s’aggraver, selon la météo. On verra.

Une fois sorti de la ville, je rencontre Hans et Tania, cyclistes venus de Hollande. Elle a un problème avec la fixation de sa sacoche de guidon, qu’elle règle facilement. Sympathique rencontre.

Peu après, la condition de la route devient exceptionnellement bonne : un ruban d’asphalte bien lisse court tout près du haut de la digue, c’est la Véloroute Rhin. J’avance vite malgré le retour du crachin, à la suite d’une silhouette noire se déplaçant presque au même rythme que moi.

Je finis par rattraper Gesine, une jeune allemande qui roule ! L’an dernier, elle avait pris six mois de pause dans ses études pour explorer à vélo l’ouest du continent – France, Espagne, Portugal, et bien sûr Allemagne.

Cette année, elle dispose de quelques semaines pour pédaler. Nous roulons de concert pour un bon bout de temps, nous séparant sous la pluie peu avant Worms. Jolie rencontre.

Contre toute attente, la forte pluie annoncée ne vient pas. Je roule donc. Il faut traverser Ludwigshafen, une ville qui s’étire le long des installations de BASF, la multinationale de la pétrochimie.

La journée est bien avancée, je vois un petit sentier entrer en forêt. Je vérifie : ce sera mon camping ce soir. Comme parfois, je mange et me prépare avant de monter la tente à la brunante. Un homme passe tout près sans réaliser ma présence, les yeux rivés sur son cellulaire. Je commence à écrire, et la musique techno commence : il y a sûrement un bar à proximité. Ce n’est pas idéal, mais je vais sûrement dormir quand même.

km jour : 113,3 
km total : 1242 
départ / arrivée : 10 h 45 / 19 h 50
temps déplacement : 7 : 00
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 39

Wiesbaden 2

Avec Lilly et Marit : Gens du pays…

Jeudi, Wiesbaden 2
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Lever calme, petit déjeuner copieux en bonne compagnie, lavage, c’est une journée de repos qui commence. En milieu d’avant-midi, Julia et moi partons pour les activités du jour.

Première étape : nous nous rendons de colline en colline, de village en campagne, au pied du Neroberg, un parc situé sur une colline. Pour y monter, nous utilisons le Nerobergbahn, un funiculaire bien écolo : il est mû par un ruisseau. Il y a deux cabines reliées par un câble ; chacune est munie d’un réservoir qui est rempli d’eau quand elle est en haut, et en descendant son poids est suffisant pour emmener l’autre cabine en haut, avec ses passagers. Habile !

En haut, il y a des attractions très occupées en cet avant-dernier jour de classe avant les grandes vacances : une piscine et un parcours dans les arbres. Pour Julia et moi, ce sont les sentiers qui nous intéressent d’abord. Nous nous baladons un peu au hasard dans cet enchevêtrement de jolies pistes.

Au retour, nous visitons une spectaculaire église russe orthodoxe datant de l’époque où Wiesbaden attirait les privilégiés de ce pays de l’est avec ses bains chauds naturels et son opulence.

Nous redescendons pour aller récupérer Marit à la sortie des classes au milieu d’une nuée d’ados actuels ou en devenir, puis nous partageons d’excellentes pizzas sur la place au cœur de la ville, bercés par la musique d’un saxophoniste de rue.

Ensuite, séance magasinage, une activité appréciée par mes compagnes. De mon côté, j’ai aussi un achat à faire : la carte mémoire de mon appareil photo présente des symptômes de fin de vie. Comme prévu, la nouvelle carte fonctionne parfaitement. Heureusement, la carte défectueuse a préservé son contenu.

De retour à la maison, nous retrouvons une Marlene en meilleure forme que ce matin, alors qu’elle était resté dans son lit plutôt que de se rendre à l’école. Ce soir, Marit a une invitée : sa grande amie Lilly, qui est dans la même classe qu’elle, passera la soirée et la nuit ici.

À la fin du repas, comme toujours excellent, je sors la guitare pour une occasion spéciale. J’apprends à Lilly – et un peu aux autres – le refrain du chant Gens du pays, un exercice pas si évident pour ces non-francophones. C’est un succès au-delà de nos attentes, nous l’utilisons pour souligner les 12 ans de Marit – c’était dimanche dernier. Nous n’arrêtons pas en si bon chemin : nous reprenons quelques chants du répertoire commun – Mélodie du bonheur (en anglais et en français ! ), et bien sûr Beatles. Très agréable et réussi.

En soirée, Julia et moi, parfois avec Marlene, prenons le temps pour de bons échanges entre nous. Nous réalisons une fois de plus pourquoi nous sommes de si bons amis.

En fin de soirée, Rolf revient enfin. Après sa grosse journée au travail – il est médecin en milieu hospitalier -, il a passé la soirée avec un groupe de figurants pour l’opéra de la ville, une activité qu’il pratique depuis des décennies. Je découvre un nouvel aspect de la vie de mon ami. 

Il est grand temps de se coucher, mais je profite de l’occasion pour mettre en ligne les plus récentes pages du journal. Je me couche un peu tard, mais il ne manque plus que la journée d’aujourd’hui.

Wiesbaden

Burg Pfalzgrafenstein et Burg Gutenfels, à Kaub

Mercredi > Wiesbaden, 80 km
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Vrai, les trains sont très bruyants, mais ils ont été rares cette nuit. J’ai donc bien dormi, mais je me suis levé tôt car cet emplacement, très visible à côté de la route, n’est pas idéal pour faire la grasse matinée. De plus je suis attendu, et un peu de pluie aussi, en après-midi – ce matin, le ciel est parfaitement dégagé. Je pars donc tôt.

Je suis à Sankt Goar en quelques minutes. C’est là que je déjeune en profitant du panorama. Je trouve aussi de l’eau chez un atelier de mécanique automobile. Ici encore, et pour un bon bout, un château médiéval n’attends pas l’autre, et les vieilles tours sont partout. Que c’est beau ! En revanche, ça augmente mon temps de parcours car l’appareil photo est assez sollicité.

À noter en chemin le célèbre rocher de la Loreley, un cap alors que la vallée est particulièrement étroite, et le Château de Pfalzgrafenstein, sur un îlot au milieu du fleuve. Tout ça et le reste, c’est assez hors du commun.

La vallée encaissée s’adoucit tranquillement, et bientôt le Rhin coule au milieu des vallons. Je dois passer à l’autre rive, les traversiers assurent ce service. Je prends celui de Binden à Rudesheim. Les marins gèrent habilement le fort courant, les barges et les manœuvres délicates d’accostage.

Le ciel s’ennuage. Je roule surtout sur la berge, mais parfois ce chemin est fermé et le détour est variable. Je reconnais au passage Eltville, un village de carte postale visité avec mes amis lors d’un séjour antérieur.

J’arrive enfin à Wiesbaden, il est 12 h 40… et l’algorithme m’avise qu’il me reste plus d’une heure et demie de route. C’est pas mal grand comme ville… En fait, c’est plutôt une agglomération de villages, ce qui fait que je roule en ville, dans des zones industrielles, dans des villages, sur des chemins de campagne.

Il y a même un gros chantier qui bloque la route aux voitures, mais pas à moi car une précaire piste cyclable perdure. Le dernier kilomètre se fait sous une pluie légère.

Avec Julia, ce sont des retrouvailles joyeuses et émues : sept ans, c’est trop long. Le reste de la famille arrivera plus tard, de l’école ou du travail.

Rapidement, je passe à la douche – ce n’est pas un luxe aujourd’hui – puis à table. Marit, 12 ans et de retour de l’école – vacances dans deux jours -, est là pour un dessert rapidement englouti, alors que je profite avec Julia d’un excellent menu. Ici, trois langues cohabiteront pour les prochaines heures : l’allemand dans la famille, l’anglais entre la famille et moi, le français entre Julia et moi. Tant que ça fonctionne, pas de problème.

Plus tard, Marit va au cheval, une passion pour elle. Régulièrement, elle prend soin de Conny, un cheval aussi blond qu’elle mais aujourd’hui moins coopératif, puis elle fait une balade sur son dos. Julia aide un peu pour les soins, puis elle et moi marchons un peu en compagnie de la cavalière et de sa monture.

Bref retour à la maison, puis Julia et moi repartons vers l’école de Marlene, 14 ans et bien heureuse d’un retour en voiture après une journée « ennuyeuse ». Pour  elle aussi, vacances dans quelques jours, mais pour Julia les conditions de route sont plutôt source  de stress. Chacun vaque un temps à ses occupations – journal pour moi pour – et nous nous retrouvons autour de la table alors que Rolf revient enfin. Là encore, c’est une grande joie de se revoir.

Nous nous rassemblons en famille autour de l’excellent repas pour des conversations trilingues, mais les filles doivent se retirer pour terminer des travaux scolaires, parfois avec un peu de soutien parental.

Comme tous sont fatigués, la soirée se termine tranquillement, aux études pour les filles, puis au salon pour les adultes. Bonne nuit en perspective- c’est la norme.

km jour : 78,5 
km total : 1128 
départ / arrivée : 6 h 35 / 14 h 15
temps déplacement : 5 : 02
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 37