Inès et Arthur au Futuroscope


Jeux d’eau et de lumière

2018-07-22, dimanche ; Coussay-les-Bois (Futuroscope, Poitiers)
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Grosse journée en perspective. La première étape est une grande joie : Inès, Arthur et moi nous retrouvons. Hier, lors de mon arrivée, ils dormaient profondément.

Après les préparatifs, il me faut un billet, ce qui est réglé à l’info touriste de La Roche-Posay. Nous ne sommes pas tout près, il faut compter une heure de route pour rejoindre le parc d’attractions. C’est une grosse organisation, la logistique y est parfaitement réglée pour y accueillir les nombreux visiteurs.

Sur place, une carte des pavillons nous permet de choisir notre parcours. Nos premiers arrêts sont fascinants. Nous assistons à une présentation sur écran géant de l’impact des collisions sur l’évolution de la planète et de l’univers. Le deuxième arrêt permet de suivre Thomas Pesquet, astronaute français, à travers son entraînement jusqu’à son séjour à la Station spatiale internationale. Autre excellent arrêt : un spectacle d’illusionniste, bien rodé, bien exécuté.

Après le pique-nique, c’est plus ludique. Dans Mission Éclabousse, de petits bateaux à quatre places avancent lentement dans un circuit. Ils sont munis de canons à eau à manivelles, nous en sortons complètement trempés. Il y a aussi une balade sur des tricycles pédalos.

Certaines attractions se ressemblent beaucoup. En gros, il s’agit d’utiliser un prétexte pour amener des personnages – souvent issus du cinéma populaire pour enfants – dans une course poursuite effrénée. L’intérêt de la chose est que les spectateurs sont secoués comme des pruniers sur des chaises qui bougent en suivant l’action à l’écran. Un peu dur pour mon système sensible au mal des transports, mais trois attractions se démarquent.

Un parcours dans le noir, guidé par un aveugle, un des meilleurs de la journée.

Une calme montée en haut d’un mat dans un observatoire tournant donnant un bel aperçu du site et de son histoire.

Le manège Danse avec les robots, une idée brillante : sanglés dans des sièges au bout de puissants bras robotisés, les participants sont retournés dans tous les sens au rythme d’une musique endiablée. J’observe de la passerelle, je ne suis pas adapté à pareille aventure.

Il est temps de manger à l’un des nombreux restos-minute de la place. Nous manquons malheureusement l’une des attractions phare, un voyage virtuel en ballon autour du monde.

Il est déjà tard, mais il reste un gros morceau : la Forge aux étoiles, spectacle multimédia concocté par le Cirque du Soleil dans l’immense amphithéâtre extérieur au cœur du site. À la nuit tombée, les animateurs chauffent la foule, puis ça commence.

L’eau est très présente dans le spectacle, qui se tient sur et autour d’un bassin. En particulier, d’immenses voiles d’eau deviennent des écrans géants pour des projections vidéo. L’histoire comme telle est anecdotique, mais la prouesse technique et artistique laisse bouche bée.

Quelle journée ! Tous sont comblés et fatigués, heureux d’avoir passé ces merveilleux moments ensemble. Il est grand temps de rentrer dormir afin de bien profiter encore demain d’une belle mais trop brève rencontre.

Atterrir un peu plus loin que prévu


Poste de travail

2018-07-21, samedi ; >> St-Pierre-des-Corps > Coussay-les-Bois – 30 km
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La chaleur étouffante ayant laissé sa place à la fraîcheur entrant à plein par la fenêtre, la nuit est confortable. Tous se lèvent en même temps, juste avant 9 h.

Après le déjeuner, je monte ma tente dans la pièce principale, au grand plaisir des filles qui l’adoptent avec enthousiasme. Toute bonne chose ayant malheureusement une fin, nous quittons tous peu avant midi pour nos engagements du jour.

Comme j’avais déjà exploré le territoire, je rejoins facilement la gare. Ayant 10 minutes de retard, mon train n’affiche pas sa voie bien d’avance. Au moins, il est facile à prendre par les escaliers mobiles. Après une heure, nous arrivons à Nantes avec quelques minutes de retard. Comme je prévois toujours beaucoup de temps pour les correspondances, ce n’est pas un problème.

Pour rejoindre le tunnel sous les voies, il n’y a que des escaliers avec des gouttières pour les roues. Nous sommes trois cyclistes chargés, nous nous entraidons. Le train suivant est sur la voie 1, donc de plain pied avec la gare. Nous sommes trois cyclistes pour un petit emplacement, mais avec de l’entraide avec un peu de réflexion ça fonctionne. Le train est à l’heure, confortable avec une prise de courant à mon siège. Tout va bien.

À Angers, la gare suivante, deux autres cyclistes s’ajoutent. Ils n’avaient pas de réservation pour leurs vélos, il n’y a pas vraiment de place pour ceux-ci, mais on s’arrange. En revanche, le contrôleur doit appliquer le règlement et leur charge 20 € chacun. Ça discute, mais le contrôleur dispose de convaincants arguments légaux.

Luc et Monique descendent du train en même temps que moi à Saint-Pierre-les-Corps, une énorme gare dans une petite banlieue de Tours. Il fait chaud, l’info touriste est fermée et il me faut trouver mon chemin avec ma carte couvrant toute la France. Vive le radar !

Grâce au soleil, je peux me diriger à peu près dans la bonne direction, trouver une rivière et la suivre. Il s’agit du Cher, donc je sais où je suis. Je trouve de l’eau dans un cimetière, puis une épicerie et un joli camping sauvage dans les champs. Petit message texte à mes amis pour prévenir de mon arrivée imminente, et je m’installe pour la nuit.

Mon téléphone sonne. Catherine et Patrick m’offrent de venir me chercher ce soir afin de les accompagner demain pour la visite du Futuroscope de Poitiers, un immense parc d’attractions. Rapidement, c’est décidé : Patrick prend le volant, je range mon campement et me rends au plus proche village. Sachant maintenant exactement où je suis, j’appelle Patrick qui arrive 45 minutes plus tard. Tout entre facilement dans la voiture et nous reprenons la route dans la nuit.

Je retrouve donc mes chers amis bien plus tôt que prévu. Comme il est tard, nous passons assez rapidement au dodo, prêts pour une grande journée au parc.

Statistiques
km jour : 29,5
km total : 1076
départ / arrivée : 10 : 15 > 19 : 00
temps déplacement : 2 : 00
vitesse moyenne : 14,7
vitesse maximale : 36,9

Rencontres en route


Canal d’Ille et Rance

2018-07-20, vendredi ; > Rennes – 85 km
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Les années 80 se sont calmées dès 23 h, la nuit a donc été calme. Les gouttes éparses étaient déjà sèches au matin.

Comme je ne me sens pas pressé, la journée commence par une heure d’écriture, ainsi que par une étude des cartes. Malheureusement, la SNCF devra être mise à contribution pour respecter les rendez-vous. Je me prépare tranquillement, échangeant avec mes voisins, et je suis en route direction sud vers 10 h 15.

Trois jeunes cyclistes vus plusieurs fois hier – nous étions au même camping à Domfront – me dépassent à toute vitesse. J’arrête à l’info touriste de Pontorson afin de connaître les voies cyclables de la région. La préposée m’en indique deux, reliées par un bout de route.

Dès la sortie du village, je prends une ancienne voie ferrée bien pavée, un délice à rouler. J’y rattrape deux jeunes hommes marchant sacs au dos et nous engageons la conversation. Pierre, comédien, et Pierre-Edouard, enseignant, font chaque année une partie du tour de la France par les sentiers. Nous avançons de concert jusqu’à Entrain, fin de la piste. Nous nous saluons et je reprends le rythme vélo.

Je suis sur de toutes petites routes sans voitures, traversant de jolis villages aux noms improbables – Bazouges-la-Pérousse, Marcillé-Raoul, Feins – et profitant d’une campagne vallonnée et même d’un lac.

À Montreuil-sur-l’Ille, je rejoins le sinueux chemin de halage du canal reliant la Manche à l’Atlantique. Il est en poussière de roche, mais il n’y a plus de relief, sauf de petites descentes à chacune des nombreuses écluses. C’est vraiment très joli, souvent ombragé, soulageant du soleil maintenant bien présent, et facile.

Je prends régulièrement des photos et des pauses. Après l’une d’elles, je rencontre Emma, 9 ans, avec sa mère Marion et sa grand mère Chantal. La petite ayant visité le Mont-Saint-Michel, j’ai droit à des commentaires de première main, assez rigolos.

En même temps, les trois jeunes cyclistes vus depuis hier passent en vitesse. Je les rejoins tout près alors qu’ils s’informent du trajet, et nous présentons. Je suis étonné de les voir avancer à la même vitesse que moi, alors qu’ils roulent bien plus vite. Explication simple : Camille, Hugo et Théophile, en route vers la mer pour surfer, n’ont pas de carte. Je leur donne celle de la région, dont je n’ai plus besoin. Nous roulons un peu de concert, puis je les laisse aller car je suis trop chargé pour suivre leur rythme.

J’entre à Rennes par le canal qui me mène au centre-ville, puis je suis les indications pour la gare, un bon point de repère pour retracer mes amis.

Sur place, je m’informe des trains vers Tours. J’entre dans la section des guichets avec mon vélo, n’ayant guère le choix. Plusieurs préposés m’indiquent que c’est interdit, mais quand je leur demande où laisser mon vélo en sécurité ils n’ont aucune réponse. Et je suis bien déterminé à tout garder avec moi, surtout que des messages rappellent constamment de ne pas laisser les bagages sans surveillance…

Muni des informations essentielles, je réussis à trouver une sortie à travers l’immense chantier qu’est la gare. Je me rends à l’adresse de mes amis, mais celle-ci n’existe pas. Ce n’était qu’un banal problème de copier-coller, un chiffre ayant été perdu en chemin. J’arrive donc à 19 h, après avoir réussi à caser mon vélo dans le minuscule ascenseur jusqu’au 5e et dernier étage de l’immeuble.

J’y retrouve mon amie Ariane et ses fillettes Lilas, 7 ans, et Azadeh, 5 ans. La première est plutôt calme, l’autre est une vraie boule d’énergie, mais elles sont tout à fait charmantes. Michel, le papa, arrive peu après que je sois sorti de la douche.

Nous passons à table, sur le balcon. Ce qu’Ariane a cuisiné est simple mais excellent. Ensuite, nous chantons avec les filles, surtout Lilas qui sait lire, et les parents.

Après que les filles se soient couchées, nous discutons entre adultes, des échanges passionnants car mes hôtes ont des intérêts… d’intérêt. Ariane est responsable pour l’intégration de minorités, Michel est consultant en tuyauterie industrielle, actuellement basé dans une fromagerie. Ensemble, ils ont restauré une maison, maintenant vendue, un chantier de deux ans. Nous discutons évidemment de vélo, d’éducation et de valeurs.

Après que mes hôtes se soient retirés, je consulte mes courriels et je réserve mes trains pour demain. La nuit est bienvenue.

Statistiques
km jour : 83,0
km total : 1047
départ / arrivée : 10 : 15 > 19 : 00
temps déplacement : 5 : 34
vitesse moyenne : 14,9
vitesse maximale : 50,5

La Vélo Scène


Mont-Saint-Michel

2018-07-19, jeudi ; > Beauvoir (Mont-Saint-Michel) – 80 km
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La nuit a été excellente, fraîche avec un vent confortable. Ce matin, je ne suis pas pressé, alors j’écris un peu en me levant, puis je me prépare, salué par mes jeunes voisins et voisines d’hier, toujours charmants. Peu après 9 h, alors que le bureau vient d’ouvrir, je passe payer le modeste montant de cette nuit : 3,50 €.

À la sortie du camping, un sentier dédié permet de se diriger directement vers la Vélo Francette. C’est souvent étroit, mais très joli.

Ce n’était pas mon plan initial, mais je choisis de prendre la Vélo Scène, itinéraire cyclable qui relie Paris au Mont-Saint-Michel. Les avantages sont indéniables : pas de relief significatif sur cette ancienne emprise ferroviaire, pas besoin de chercher mon chemin, et surtout rouler surtout à l’ombre, puisque la véloroute est presque toujours sous les arbres.

L’inconvénient, c’est la poussière de roche, qui me ralentit sérieusement et couvre tout d’une poussière ocre. En cours de journée, puis à l’arrivée, je dois dépoussiérer et huiler la mécanique. Évidemment, matériel et cycliste ne sont pas épargnés.

Le trajet est très tranquille. Il n’y a pratiquement que des cyclotouristes épars. En mangeant, je rencontre un anglais grand cycliste immigré dans la région. Il roule beaucoup, mais se remet d’une attaque cardiaque heureusement mineure.

Un peu plus loin, deux jeunes croisés ce matin en quittant le camping terminent leur repas et nous jasons un bon bout de temps. Élie et Samia (qui ressemble beaucoup à son homonyme du film Patients…) sont de Montauban, dans le sud. Nous partageons la même culture du vélo, et bien d’autres choses. Belle rencontre, parmi plusieurs en route.

Les paysages, sous un ciel qui se bouche tranquillement, sont agricoles, vallonnés, souvent très jolis. En revanche, la poussière de roche est fatigante et pas rapide. Des travaux préparatoires pour l’asphaltage sont en cours, mais ça risque d’être long.

Le trajet sur l’emprise ferroviaire se termine à Fontambault. Ensuite, je roule sur de petites routes. La plaine qui borde la baie est envahie de moutons, qui pimentent le paysage. Les vues sur l’Abbaye, de plus en plus fréquentes, sont de toute beauté même si le soleil est complètement disparu.

Lors d’une pause, des grands-parents arrêtent pour faire jouer des enfants. Le vélo est clairement un bon moyen pour établir le contact, tout comme mon accent exotique.

En arrivant au camping après une journée modeste, il faut se contenter de ce qui reste, soit un minuscule triangle de gazon pour plus de 25 €. Deux cyclistes français, Roger et Isabelle, sont mes voisins immédiats et sont d’agréable conversation, Alysson et Stewart, deux cyclistes du Montana, sont installés un peu plus loin ; il y a aussi une famille hollandaise qui transporte ses petits sur des vélos adaptés. Il y a juste à côté une voiture marquée LV. Quel pays est-ce ? Je pose la question à la jeune fille de la famille. Elle me répond dans un anglais hésitant sans que je puisse reconnaître le nom du pays. Le papa vient à la rescousse et m’indique que ces deux lettres identifient la Lituanie. Nous échangeons un bout de temps en anglais.

Je passe à la douche, très appréciée. Quelques gouttes sans conséquences ne mouillent pas quoi que ce soit. En revanche, le bar fait résonner des musiques des années 80, un retour dans le passé un peu bruyant… Espérons que ça ne finira pas trop tard. La nuit tombe, je me couche vers 23 h.

Statistiques
km jour : 82,5
km total : 964
départ / arrivée : 9 : 30 > 18 : 30
temps déplacement : 5 : 27
vitesse moyenne : 15,1
vitesse maximale : 29,7
Camping : 25,80 €

La Suisse Normande


La Vélo Francette

2018-07-18, mercredi ; > Domfront en Poiraie – 110 km
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Levé tôt, je me prépare rapidement et à 7 h je déjeune dans le village de Rocquancourt, dans un parc honorant la mémoire des libérateurs canadiens de 1944. Le ciel est très gris ce matin : pleuvra-t-il ? En avant-midi, le couvert nuageux se fracture et c’est une belle journée chaude qui se prépare à nouveau.

Je suis à quelques kilomètres assez côteux de la Vélo Francette, un itinéraire cyclable de 600 km reliant Ouistreham, sur la Manche, à La Rochelle, sur l’Atlantique. Ici, la piste traverse une région aux collines arrondies nommée la Suisse Normande.

En arrivant à la piste, une série de petits chariots sont stationnés sur les anciens rails. Il s’agit du vélo-train, des minis wagons à pédales. Bizarre…

Sinon, la piste est splendide. Elle est pavée de neuf, bien aménagée est offre de jolis paysages. En prime, elle monte très doucement dans la vallée de l’Orne, n’imposant aucune difficulté.

Au début, je suis complètement seul, mais à partir de 9 h, et plus après 10 h, il y a du monde. À La Croix de la Faverie, on passe sur un haut viaduc. Des ados d’une base de plein air voisine y pratiquent la descente en rappel, suspendus sur un câble au dessus d’un impressionnant vide. J’y rencontre Christophe et Karine, des cyclotouristes d’Angers. Sympathique.

La piste dédiée se termine ici, et suit maintenant de petites routes au relief bien marqué. Avec la chaleur, l’effort est considérable, mais les robinets des cimetières fournissent au besoin l’eau nécessaire. À Pont d’Ouilly, je mange au bord de la rivière. Ensuite, j’ai deux options pour l’itinéraire, je choisis la partie ouest. Après avoir longé le Noireau, une petite rivière, c’est reparti pour le festival des côtes jusqu’à Flers.

Là, j’arrête à l’info touriste pour une carte et le repérage des options de camping. Une ancienne voie ferrée en poussière de roche couvre tout d’une fine poudre beige, mais est facile à suivre. Il y a plus de marcheurs et de chèvres que de cyclistes, mais je croise une gentille famille avec trois petites filles.

Domfront en Poiraie, la ville suivante, est dominée par une spectaculaire cité médiévale. En ville, des panneaux indiquent Lassay-les-Châteaux. C’est là qu’a été tourné La famille Bélier, autre film très connu. Décidément…

Je m’intéresse en priorité à l’épicerie et au camping. J’arrive à la première peu avant la fermeture, et je m’installe au second, juste à côté, au milieu des tentes de plus d’une vingtaine de cyclotouristes.

Plus bas, il y a un groupe d’enfants en sortie d’équitation, très majoritairement des filles entre 9 et 12 ans, curieuses et allumées. Bien agréable rencontre. Ensuite, bouffe, douche et dodo sous le vent et les étoiles.

Statistiques
km jour : 108,7
km total : 882
départ / arrivée : 7 : 00 > 19 : 40
temps déplacement : 7 : 40
vitesse moyenne : 14,1
vitesse maximale : 53,5
Camping : 3,50 €

Normandie : côte(s) à Caen


Honfleur

2018-07-17, mardi ; > Tilly-la-Campagne (Caen) – 120 km
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Comme d’habitude, je me lève un peu avant mon réveil et en pleine forme. La compagnie de Christian reste toujours bien agréable. Au petit déjeuner, nous dégustons un peu de l’excellente confiture groseilles-framboises de Gwénola.

Vers 9 h, nous prenons la route de concert. À une intersection, klaxon : ce sont Oli et Saskia qui nous saluent, tout sourire. Bons souvenirs.

Premier objectif : le pont de Normandie. Christian n’est pas certain du chemin, mais me guide de son mieux dans de vastes zones industrielles. En approchant du pont, il rebrousse chemin : il a déjà parcouru pas mal de kilomètres en une heure.

J’approche de l’entrée et j’y retrouve le panneau fatidique : interdit aux vélos. Je consulte ma carte et je constate que nous n’avons pas suivi le bon chemin. Le trajet demande un détour d’une bonne dizaine de kilomètres.

Je poursuis au milieu des camions jusqu’à une intersection à droite. Cette route est interdite, sauf pour les vélos et riverains. Quel plaisir ! Le trajet reste en plaine, au milieu d’herbes et de buissons. Il est 11 h quand j’arrive enfin au pont par l’accès vélo. Le passage est gratuit pour les deux roues.

C’est une bonne montée. La bande cyclable est étroite – environ 1 m – et les véhicules passent tout près à bonne vitesse. La structure est spectaculaire, avec ses pylônes de plus de 200 m et ses haubans bien symétriques. Au sommet, je croise un couple de marcheurs. Nous nous prenons mutuellement en photo. Je me laisse redescendre, mais pas très vite…

Peu après, je suis au cœur de Honfleur. C’est vraiment très joli, mais totalement submergé de touristes. Je profite du paysage mais ne m’attarde pas. Comme il fait chaud et que le soleil tape, je mange tranquillement dans un abribus du village voisin.

Je longe la côte. Entre les villages très touristiques, il y a de solides montées et des routes vallonnées fort jolies, avec vues sur la mer, puis une bonne descente. Dans les villes, toute l’attention est tournée vers les plages, les ports et les installations touristiques, dont de gros casinos. Il y a plusieurs touristes à vélo, dont un couple habitant Kiev, en Russie, qui pédale depuis Bruxelles.

Je traverse des lieux mythiques : Trouville-sur-Mer, Deauville, Villers-sur-Mer, Houlgate et Cabourg, où se trouve le Grand Hôtel de la scène finale du film Intouchables. Un petit pèlerinage s’impose.

Le besoin d’un arrêt dans une boutique vélo me fait bifurquer vers Caen, à l’intérieur des terres. Depuis le début, mes souliers à cales m’ont blessé, je cherche à les remplacer. Je quitte la ville par une jolie piste cyclable pavée de… crottin, puisqu’elle est très fréquentée par les chevaux. De petites routes me mènent vers la banlieue de Caen et un immense Décathlon. J’y arrive 45 minutes avant la fermeture et j’achète des chaussures neuves, espérant que ça aidera.

Il reste à trouver où dormir. Je roule vers le sud et les petits villages, restant attentif, et je trouve un chemin creux parallèle à la route principale tout près de Tilly-la-Campagne. C’est ce qu’il me faut. Je monte la tente au mieux – le sol est trop dur pour y planter des piquets –, je bouffe, et dodo malgré le bruit des routes avoisinantes.

Statistiques
km jour : 119,6
km total : 773
départ / arrivée : 9 : 00 > 21 : 00
temps déplacement : 8 : 03
vitesse moyenne : 14,8
vitesse maximale : 55,7

Christian, le Havre


Étretat – plage et falaises

2018-07-16, lundi ; > Le Havre – 85 km
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Une autre bonne nuit dans ce manoir magnifique et accueillant. M. Michel est plus jasant quand il y a moins de monde. Avant de quitter la maison, en voici une description parue récemment.

Cette maison-forte présente un grand intérêt avec ses murailles du XVe siècle et sa haute tourelle appareillée de grès. De la route, le regard est attiré par ce retranchement à l’abri de douves encore facilement restituables. En pénétrant dans la propriété, on découvre dans un ensemble assez typique du XVIe siècle des moulurations encore inspirées du gothique, et une meurtrière cruciforme qui assurait la protection de la porte. La partie de l’édifice qui fait suite semble appartenir à une campagne de reconstruction menée sous le règne d’Henri IV et ne faisant appel à aucun artifice décoratif. La présence de réemplois en travertin pourrait laisser supposer une plus grande ancienneté des soubassements, mais la proximité de l’église permet aussi d’imaginer des emprunts de matériaux du XVe siècle.

Ce manoir appartenait aux seigneurs de Beuzeville, dont le château se tenait un peu plus loin. Nicolas Gruchet est curé de Beuzeville de 1742 à décembre 1772, date de sa mort. C’est certainement à lui que nous devons la modernisation du XVIIIe siècle après l’incendie subi par la toiture et dont il reste des traces sur la façade sud.

Extraits du bulletin Le Pays de Caux, no. 58, 2017

Le lot du voyageur que je suis est de repartir. Je laisse mon hôte et son manoir, espérant les revoir, et je retourne sur la route. Je reviens sur mes pas pour prendre la piste cyclable vers Fécamp. Elle est très facile et confortable, bien asphaltée et traversant de jolis paysages.

En approchant de la ville, il y a plusieurs étangs et petits lacs, témoins probables d’un ancien pays de marais. Entourée de hautes falaises blanches, la ville est centrée sur le port et les plages de galets. Je ne m’y habitue pas, c’est toujours aussi beau.

Ensuite, ça remonte par une route étroite. Je grimpe en compagnie de Oli et de Saskia, sa petite fille Saskia d’environ 12 ans. Ces allemands de Francfort roulent en vélos électriques et sont très gentils, je les croise à quelques reprises.

J’avance sur les vastes plateaux agricoles, avec parfois de petites ouvertures sur la mer, jusqu’à la descente vers Étretat et sa célèbre aiguille. Photos. C’est mon dernier contact avec ces falaises spectaculaires, puisque je remonte pour ne redescendre qu’à Le Havre.

Selon mes informations, il serait possible de traverser la Seine par le pont de Normandie. Je pose la question à un cycliste qui semble de la place. À ma surprise – et à la sienne, je crois –, il m’invite à dormir chez lui. J’hésite, car je n’ai pas beaucoup pédalé aujourd’hui, et j’accepte.

Il me guide vers son appartement, tout petit mais aux murs tapissés de livres jusqu’au plafond, dans tous les espaces disponibles. Particulièrement intéressé à l’histoire de sa ville, mon hôte maintient une page Web à ce sujet.

En soirée, nous partons marcher en ville. Celle-ci a été complètement rasée en 1944 et reconstruite à la manière de l’époque, ce qui donne une allure un peu soviétique aux quartiers centraux. En revanche, le bord de mer est splendide. Nous profitons de l’animation et du coucher de soleil avant de rentrer pour une bonne nuit.

Statistiques
km jour : 84,2
km total : 653
départ / arrivée : 10 : 20 > 18 : 15
temps déplacement : 5 : 28
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 47,5

Revoir ma Normandie


Foot : après la victoire

2018-07-15, dimanche ;  >> Paris >> Yvetot
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Après une autre excellente nuit, je me réveille une minute avant que l’alarme sonne. Mes préparatifs pour le voyage sont pratiquement complétés avant que mes amis se lèvent.

Ce matin, la chaleur s’impose rapidement. Le ciel initialement dégagé se couvre tranquillement : il y a de faibles possibilités d’orage en après-midi. En attendant, nous mangeons dehors, très heureux de profiter d’un auvent.

Tous se préparent pour un départ. Mes amis vont en ville pour assister à la finale du Mondial de foot ; de mon côté, je retourne en Normandie retrouver vélo et routes. J’ai bien hâte de pédaler.

Nous nous rendons en voiture jusqu’à Quetigny, puis après un petit jogging nous poursuivons en tramway jusqu’à la gare. Nous y sommes 12 minutes avant le départ prévu, un horaire plus serré que ce à quoi je suis habitué. Comme je n’ai pas de vélo avec moi, ça va. Renaud et moi nous saluons – les autres sont débarqués deux stations avant. C’est toujours dommage de partir si rapidement, mais nous nous reverrons dès que possible.

Je m’installe dans le train, mais celui-ci part un quart d’heure plus tard que prévu. Pas grave : j’avais gardé une bonne marge de sécurité pour la correspondance à Paris.

Ce trajet est très calme, à part une jeune fille qui débat nerveusement au téléphone de sa vie dramatique. Il y a à l’occasion quelques gouttes de pluie, rien de significatif sur le pays desséché.

Effectivement, le train arrive à la gare Paris-Bercy avec 20 minutes de retard. Je me dirige vers le métro et j’arrive une bonne demi-heure avant le départ de mon train vers Yvetot. Mon ordinateur apprécie la prise de courant : je prévois enfin envoyer un courriel collectif ce soir, mais ça implique pas mal de préparation. Cette pause train est bienvenue à ce point de vue.

Dans notre wagon, il y a un groupe d’enfants et d’ados accompagnés de moniteurs. Il est facile de suivre en direct le match de foot simplement par l’ambiance sonore. Et quand la France l’emporte, l’hystérie submerge le wagon… et probablement une bonne partie du pays. La troupe débarque quelques minutes plus tard et le calme revient.

Le train est à l’heure, M. Michel aussi. Il souhaite manger au restaurant, mais ils sont tous fermés aujourd’hui. En plus, il est difficile de circuler car le village est victime d’une liesse aux couleurs d’émeute à la suite de la victoire française au foot.

M. Michel connaît la région et il trouve le restaurant resté ouvert. C’est donc un buffet chinois qui m’accueille en Normandie.

De retour au manoir, il me parle avec passion de ce bâtiment toujours splendide, m’en présentant des aspects insoupçonnés. Mais nous ne veillons pas tard. Je procède à l’envoi d’une première partie du journal avant de profiter d’une nuit fraîche et confortable sous un ciel parfait.

Enfants de la patrie (Magny)


Magny-sur-Tille – avec le maire et quelques conseillers

2018-07-14, samedi ; Magny-sur-Tille (Dijon)
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Ce matin, grasse matinée : tous sont fatigués, et rien ne presse. Après la mise en marche de la journée, nous partons en famille et à pieds vers la Salle des Fêtes du village, puisque c’est aujourd’hui le 14 juillet, fête nationale de la France. Faut dire que c’est aussi la petite finale de la planète foot, et la veille de la grande finale Croatie-France. Effervescence garantie.

À la fête du village, j’ai l’occasion de rencontrer plusieurs citoyens et des élus qui me demandent de faire un bref compte-rendu. Voici.

Magny-sur-Tille : grande fête au village

Habituellement, je ne célèbre pas le 14 juillet : j’habite Montréal, de l’autre côté de l’Atlantique. Cette année 2018, je suis non seulement en France pour cette fête, mais à Magny-sur-Tille chez mes grands amis Renaud et Chrystel. Conditions gagnantes.

Le rassemblement a lieu en fin d’avant-midi à la Salle des Fêtes, je suis honoré d’y être invité. Sur place, je suis rapidement repéré : on me dit que j’ai un accent, moi je trouve que tous en ont un. Je ne suis pas que repéré, je suis surtout accueilli très chaleureusement. Les peuples de nos deux pays sont cousins et amis, nous prenons plaisir à nous rencontrer.

La fête commence évidemment par les discours. C’est M. Nicolas BOURNY, maire et conseiller métropolitain, qui officie. En toute simplicité, il fait part à ses commettants des défis et des bons coups des derniers mois, ainsi que de quelques projets. Pas de grands élans patriotiques, pas de drapeaux, pas d’effets oratoires : ce sont la commune, se habitants et ses projets qui sont ici mis en valeur. M. le maire est visiblement apprécié des gens présents – près d’une centaine de personnes pour une commune qui en compte moins de mille, c’est considérable – et converse facilement avec l’un et l’autre.

Ensuite, les bras se mettent à l’œuvre : il faut installer tables et chaises à l’ombre des arbres, apporter les couverts, les plats et les boissons et surtout s’installer entre voisins et amis pour quelques heures de fraternisation. La nourriture est bonne, simple et abondante, il y a plusieurs services dans lesquels le conseil municipal est bien impliqué, et surtout des gens heureux d’y être, toutes générations confondues.

Je suis évidemment d’ailleurs, mais je me suis senti tout à fait confortable tout au long de la rencontre. Est-ce parce que c’est une petite ville ? Le contact a été immédiat et très chaleureux. J’ai particulièrement apprécié des échanges passionnants avec le maire et certains conseillers.

D’une certaine façon, le 14 juillet n’aura été qu’une occasion pour permettre l’essentiel : la fraternisation entre habitants de la ville, ouverte sur le visiteur devenu ami. Merci.

Nous avions mangé longtemps et beaucoup : de retour à la maison, nous ne sommes pas motivés à manger, mais plutôt à relaxer. Après la victoire belge au foot, les garçons vont dans la piscine, Chrystel à une rencontre d’amies, Renaud à la sieste et moi à l’écriture.

Plus tard, nous mangeons un peu – ce n’est pas une urgence dans mon cas – puis nous retirons dans nos quartiers de nuit après une chanson. Le repos…

En passant, marcher Paris


Notre-Dame de Paris, avant l’incendie

2018-07-13, vendredi ;  >> Paris >> Dijon
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Je me lève tôt pour être fin prêt. À 7 h 45, Gwénola et moi sommes en route pour Yvetot, d’où je prendrai le train. Si mon billet vers Paris s’imprime sans difficulté, celui vers Dijon aurait du être préparé à la maison. Compliqué quand l’imprimante ne fonctionne pas, mais il semble que la SNCF soit douée pour les « solutions » alambiquées. Je verrai à Paris. En attendant, le train arrive et il est déjà temps de saluer Gwénola, en attendant les prochaines retrouvailles.

À bord, tout est calme et j’écris, puisque mon journal avait un bon retard. Comme le train en a aussi – 20 minutes dans son cas –, je réussis à tout mettre à jour.

Je descends donc du train vers 10 h 45, et je me dirige immédiatement vers le guichet. Selon les règles, j’aurais dû imprimer moi-même mon billet, ce qui n’était pas possible. Après négociation, on me propose de préparer un fichier <.pdf> en utilisant le réseau ouvert de la gare. C’est long, car la connexion est plutôt précaire, mais je réussis à enregistrer le précieux document sur une clef USB. Le préposé au guichet est étonné, mais il obtempère – je sais ce que je veux. Après à peine une heure, je peux quitter la gare sans inquiétude.

Je dispose de quelques heures pour errer dans Paris, et le quartier s’y prête bien : je suis au cœur de la ville mythique. Je traverse le Boulevard Haussmann, croise la rue des Capucines, l’Opéra, le Café de la Paix, les boutiques des grands noms de la joaillerie, longe le Palais du Louvre et ses pyramides de verre pour rejoindre la Seine.

En marchant sur les berges, je vois de nombreux bateaux commerciaux ou touristiques, le Pont des Arts – désormais protégé des innombrables cadenas qui l’envahissaient –, les Invalides, le Pont Neuf que je traverse pour aller sur l’Île de la Cité.

Là, il y a l’Hôtel-Dieu et Notre-Dame-de-Paris qu’une interminable file de touristes visitera après une longue attente sous un soleil bien cuisant. Ce n’est pas pour moi.

Après cette belle balade dans une ville où chaque rue fait partie de l’Histoire avec une grand « H », je me dirige vers la gare Paris-Bercy en métro. Ayant gardé une bonne marge de sécurité, je suis à l’heure, tout comme le train.

Pendant le trajet, je me lance dans le tri et le ménage des photos. Comme la prise de courant à laquelle j’ai accès n’est pas alimentée, je travaille jusqu’à épuisement de la batterie de mon ordi, qui devance de 20 minutes l’arrivée à Dijon. Quelques instants plus tard, Renaud est là. Joie des retrouvailles.

Pendant le trajet, les sujets de discussion ne manquent pas, car il faut rattraper les derniers événements et parler de projets. À la maison, Chrystel, Ewan et Nolan me font un accueil plus que chaleureux. Quel bonheur de se retrouver !

Le bon repas, pris sur la terrasse, puis la marche alors que le jour tombe, permettent de poursuivre les échanges. Nous avons beaucoup à dire, et plaisir à nous le dire ensemble. Ensuite, nous ne veillons pas tard : tous vont apprécier ces heures de repos.