Une belle vallée

> Lavelanet – 50 km
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Vendredi. Hier soir, mon téléphone refusait de se charger, détectant de l’humidité dans la prise, même après séchage. Problème… En cours de nuit, idée, je l’ai éteint. Miracle, la charge s’est amorcée. C’est que cet appareil s’est rendu pratiquement indispensable pour les trajets et les communications.

Encore une nuit sèche, encore un ciel parfait. J’y prends goût ! Levé peu avant 8 h, je suis prêt vers 9 h 30… mais le vrai départ attendra : deux autres cyclistes sont aussi logés entre deux roulottes.

Michel et Sylvie traversent les Pyrénées par les cols, tranquillement. Ils partent ainsi tous les étés, à partir de la Normandie. C’est une rencontre vraiment passionnante, nous avons de nombreux points d’intérêt communs, et une réflexion autour de ceux-ci. C’est donc vers 10 h 30 qui je pars pour vrai.

Je me dirige vers la grotte de Lombrives, qui semble magnifique. Je ne suis pas le seul à y avoir pensé : les visites sont exclusivement guidées, et il n’y a plus de place avant le milieu de l’après-midi. Je n’attendrai pas. Au moment de partir, je croise Michel et Sylvie, qui ont une réservation. 

Sur la nationale, le défilé de voitures est constant. Peu inspiré par les bouchons et l’odeur d’essence, je traverse rapidement l’Ariège pour prendre une route secondaire bien plus calme et jolie. Je longe souvent la rivière que des gens descendent en kayaks ouverts – ce n’est pas bien difficile. Je mange à Tarascon s/A, après moins de 10 kilomètres, puis je me rends facilement à Foix malgré la chaleur bien installée. Cette vallée est magnifique, cernée de hautes montagnes. J’y étais passé en 2016 et j’en avais gardé un excellent souvenir.

En examinant les cartes, j’avais choisi de me rendre à Lavelanet par une route secondaire, délaissant la route principale. Je quitte donc la vallée de l’Ariège en sortant de Foix. 

Comme espéré, la route est étroite et peu fréquentée. C’est donc dans le calme et la chaleur que j’entame une montée pas très pentue de quelques kilomètres. C’est en partie boisé, en partie cultivé, mais bien agréable.

Ce trajet suit une vallée aux contours arrondis, mais décorée d’une dentelle de pierre sur la gauche ; quelques villages y sont éparpillés. Après une première montée, que je n’appellerai pas « col », ça redescend tranquillement .

Depuis un moment, je trouvais que mes roues faisaient un son inhabituel sur les gravillons. Vérification faite, j’ai une crevaison à l’avant. Comme je suis au hameau de Rapy, je peux m’installer à l’ombre d’un mur pour réparer. Diagnostic difficile, conclu dans la rivière voisine : c’est une ancienne réparation qui laisse fuir un mince filet d’air. Vu l’état général de cette chambre à air, je la change mais la garde pour dépanner au besoin.

Je gonfle avec ma pompe de dépannage, mais le pneu reste trop mou. En entrant à Tanière, le hameau suivant, des gens sont dehors. Johanna et Gaspard ont un compresseur, une eau fraîche et un accueil chaleureux. Nous passons de bons moments ensemble, en compagnie de leurs trois chiens, puis de leur fils et de leur nièce tout droit sortis de la piscine.

Droit devant, il y a un spectaculaire défilé, avec de hautes falaises verticales, mais la route bifurque vers la gauche pour prendre un passage plus doux. Je ne suis plus très loin de Lavelanet, qui se trouvera être ma destination pour aujourd’hui. En y entrant, je passe la cap symbolique du 1000 kilomètres, une petite distance par rapport à mes habitudes. Épicerie, camping – un peu cher – et je m’installe dans le petit secteur des tentes. Deux cyclistes arrivent peu après moi. Frère et sœur, Victor et Laurie ont l’habitude de voyager ensemble chaque été. Lui a pris cinq mois pour se rendre au Sénégal à vélo, ce qu’il a adoré.

Des cyclistes sont installés sur le site en face du mien, ses occupants arrivent un peu plus tard. Guillaume et sa fille Lison, 9 ans, font depuis quelques années des escapades estivales à vélo, mais le pratiquent aussi au quotidien. Après les routines, nous nous retrouvons autour de la guitare pour chanter et échanger. « C’était top », selon Lison ; nous sommes tous d’accord.

En revanche, je commence la rédaction du journal plutôt tard, je termine donc vers 0 h 15, mais avec de l’électricité dans la tente, ce qui est bien pratique. Quand tout est terminé, c’est vraiment le temps de dormir.

km jour : 51,8
km total : 1003
départ / arrivée : 10 h 30 / 19 h 00
temps déplacement : 3 : 54
vitesse moyenne : 13,3
vitesse maximale : 39
camping : 18 €

Petit col vers l’Ariège

> Tarascon sur Ariège – 80 km
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Jeudi. Non seulement j’ai passé une excellente nuit mais la tente est restée bien sèche. C’est assez nuageux quand je me lève vers 8 h 30, mais à nouveau rien de menaçant. Je prends la route vers 10 h. 

En sortant de Mane, il me faut remonter le Salat, la rivière qui coule ici. L’algorithme me mène sur une excellente voie verte qui longe la nationale sur 10 km. Ensuite, il y a un itinéraire cyclable sur chemins agricoles jusqu’à St Girons. C’est confortable, facile malgré la lente montée en altitude, et c’est beau de revenir au cœur des montagnes. En prime, le temps se dégage.

Je fais une petite épicerie à St Girons. Pas de risque à prendre. Ensuite, je longe toujours le Salat, mais sur l’autre rive, bien plus calme côté circulation. À Lacourt, il faut revenir sur la rive sud, puisque la route dite « des tunnels » est en sens unique vers l’aval. 

J’entre dans les gorges du Salat. Sur des kilomètres, la route longe la rivière qui serpente dans la profonde vallée. C’est joli, ombragé et ça monte doucement. En chemin, une intersection qui ne change que le nom de la rivière : c’est l’Arac qui me guide dans la gorge jusqu’à Massat.

Il est encore tôt, mais la suite est le col de Port – je suis fidèlement le plan tracé par Thomas. Après 50 kilomètres, est-ce une bonne idée ? On verra : j’y vais.

Bien sûr, c’est chaud, mais cette fois-ci les pentes sont modérées et j’avance sans efforts excessifs. Ça fait du bien. Le trajet est souvent sous les arbres mais offre régulièrement des vues magnifiques. Malgré le défi, ces cols sont un pur ravissement. 

En chemin, je croise l’intersection vers le col de Péguère, dit « mur de Péguère ». À 1375 m, il n’est pas si haut, mais avec une pente moyenne de 11,8 % et maximale de 18,0 %, ce n’est pas pour mon lourd vélo. Je préfère monter tranquillement à 4 % ou même moins, et profiter du paysage sans trop souffrir.

En approchant du col, un petit groupe d’ânes broute paisiblement près de la route, et ne se gène pas pour occuper celle-ci. Je profite de leur compagnie en remplissant mes bouteilles à une délicieuse source fraîche.

Après le col de Port, 1249 m, le côté Ariège et la descente sont magnifiques, il suffit de faire attention aux vaches qui batifolent tout autour.

Je regarde un peu pour un camping sauvage, mais les terrains sont très pentus. J’arrive au camping de Tarascon sur Ariège. Il est complet, mais Bernard, le préposé, me case entre deux maisons mobiles. Je n’ai besoin de rien de plus.

Bouffe, douche, journal, il est 23 h quand je termine l’écriture, assis en tailleur sur le béton à l’entrée du bâtiment sanitaire. Dedans, c’est trop chaud, je suis mieux dehors ou sous ma tente.

km jour : 80,5
km total : 951
départ / arrivée : 10 h 00 / 18 h 50
temps déplacement : 6 : 26
vitesse moyenne : 12,5
vitesse maximale : 40
camping : 11 €

Congé humide

> Mane – 35 km
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Mercredi. Cette nuit, ma tente est humide, ça se sent. Heureusement, mon matériel, lui, est sec. La météo a été exacte : à 4 h 30, une pluie pas très intense s’est mise de la partie pour la suite de la nuit. Dans ma tente, ça n’a rien changé.

Étant donné la météo, je fais la grasse matinée, jusqu’à 9 h 30. Ce matin, j’ai accès au Web, je peux donc mettre en ligne les plus récentes journées. Le plus difficile est de choisir parmi toutes les belles images glanées en cours de route. Ce projet m’occupe jusqu’en début d’après-midi. Samuel, Mélanie et leur famille, rencontrés le 27 juillet, ont terminé leur périple et ont posté un gentil message sur mon blogue. Je le maintiens : les randonnées sont une fameuse machine à rencontres.

À 14˙h 50, je prends la route sous un léger crachin qui enveloppe les paysage de mystère gris. Immédiatement, il y a une bonne montée vers le village. 

Sur la place, trois personnes. Une femme pousse un chariot de voyage ; un couple plus âgé l’accompagne. Ortie termine un périple pédestre de deux mois depuis l’Atlantique par les montagnes ; ses parent Brigitte et Jean sont venus la prendre. Il ne reste pas 100 m à marcher pour compléter cette aventure assez spéciale. Ensuite, voiture et repos. Encore une belle rencontre.

Suivant la proposition de l’algorithme, je prends à droite. Ça monte solide, donc très lentement, mais la petite pluie me rafraîchit. La longue montée mène à une crête, c’est magnifique sous le brouillard. Je consulte le trajet : je suis passé tout droit sans voir l’intersection. Je reviens sur mes pas : je passe encore tout droit. Étrange.

Une femme qui jardine sait que l’algorithme envoie parfois des gens dans ce chemin privé et impraticable. Bravo, machine ! Il y a deux options : tout droit par un col dans la pluie, ou retour au village. Je choisis cette dernière option.

Évidemment, la descente est rapide et facile, mais ce détour aura consommé 1 h 30 h et 10 km. Un seul bon côté : l’épicerie a eu le temp d’ouvrir, je peux donc mettre à jour le garde-manger.

Entretemps, la pluie a cessé ici. Le nouvel itinéraire, en faux-plat descendant et très roulant, suit pour un temps le cours du Ger. Je ne roule plus en montagne, mais dans une plaine vallonnée. Il y a plus de voitures que tout à l’heure – évidemment ! – mais toujours de jolis paysages. 

L’algorithme me propose une route plus calme. Le début en a déjà été pavé, il en reste quelques vestiges. Plus j’avance, plus le chemin s’évapore : je reviens sur mes pas, encore une fois. Heureusement, je n’avais pas été très loin.

Retour sur la route principale jusqu’à Mane. J’y rejoins le camping. L’accueil de Véronique est compétent et chaleureux, avec la possibilité de charger mes appareils.

Surtout, en plus de grands sites isolés les uns des autres par des haies, ce camping offre un service original : une remise de jardin où je peux ranger mon vélo et du bagage, et faire sécher vêtements et matériel. Tout un luxe, pour un prix bien raisonnable. Au programme habituel, je peux donc ajouter un petit lavage des vêtements de vélo.

À l’heure de la vaisselle, j’ai Christian comme voisin d’évier. En plus d’un bel accent – c’est courant ici -, il a la conversation agréable. Nous sommes rejoints par sa femme Josianne et par quelques jeunes enfants dont ils sont les grands-parents. 

À 22 h 15, le journal et la journée sont terminés. C’est un congé apprécié, qui se conclut dans une tente bien sèche. Repos !

km jour : 35,7
km total : 871
départ / arrivée : 14 h 50 / 19 h 50
temps déplacement : 2 : 37
vitesse moyenne : 13,6
vitesse maximale : 52
camping : 12 €

Un col et demi

> Aspet – 75 km
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Mardi. Quand je me lève, plusieurs randonneurs sont déjà partis, mais les deux couples d’hier sont encore couchés. Le double toit de la tente, lui, est complètement détrempé. Malgré le ciel dégagé, le soleil n’entre pas encore dans la vallée, donc pas de séchage possible. 

Pascal et Judith, qui prennent une journée en transports divers pour retrouver leur voiture, ont terminé leur périple, mais je les croise aussi en ville ; Yoann et Lucille émergent de leur tente peu avant mon départ. Je passe à l’accueil, qui est encore fermé : cette nuit, j’aurai campé gratuitement.

Rapidement, je rejoint l’accueil du Skyvall, un téléphérique vers une station de ski qui m’avait été recommandé. Il débute ses activités à 9 h, j’ai donc quelques minutes d’attente avant d’être leur premier client du jour. Plusieurs amateurs de VTT, bardés de protections, suivent peu après.

La montée jusqu’à 1600 m est magnifique, rapide et facile. C’est ensuite un jeu d’enfant de rejoindre le col de Peyresourde, 1569 m.

Comme souvent, il y a du monde. Un groupe de cinq Toulousains traverse les Pyrénées d’est en ouest par les cols en mode léger avec coucher en auberge. Parmi eux, Thomas, qui connaît la région par cœur et me trace un itinéraire adapté à mon lourd vélo. Génial ! Il y a aussi Mariano, Maria, Carlangas et Miguel, une bande joyeuse et sympathique.

La descente vers Bagnères de Luchon est spectaculaire, mais la caméra ne filme pas comme espéré. Pourtant, que de beauté !

Un peu plus bas, je rencontre un rare cyclotouriste bien chargé. Gaizka est espagnol, notre langue commune est donc l’anglais. C’est un gentil baroudeur, qui couche habituellement dans les bois.

Arrivé en ville, j’achète une nouvelle cartouche de gaz, l’autre semblant être proche de la fin, je rencontre plusieurs personnes attirées par mon mode de transport – certains partent pédaler dans les prochains jours – et je mange tranquillement.

Suivant les conseils de Thomas, je prends la route de la vallée de la Pique, la rivière qui coule ici, alors que les nuages envahissent tranquillement le ciel. Les derniers kilomètres avant Saint-Béat sont plaisant, sur une petite route bien tranquille.

Située sur la Gironde, ici torrent modeste, cette dernière ville avant l’Espagne est entre deux falaises qui en faisaient un passage obligé et sûrement bien gardé à certaines époques ; aujourd’hui, l’autoroute traverse sous la montagne.

C’est maintenant le temps de grimper. La route vers le col de Menté fait à peine 10 km, mais les pentes dépassent souvent les 10 %, ce qui fait que je roule autour de 4 km/h, une vitesse de marcheur, en devant prendre régulièrement des pauses. C’est maintenant bien couvert, avec des sommets cachés dans les nuages. C’est donc bien moins chaud, donc moins dur, et il y a très peu de voitures. En revanche, toute la montée se fait en forêt, ce qui limite les paysages.

Après de longs efforts, j’atteins le sommet à 1349 m. Personne ici. J’enfile une veste et j’amorce la descente.

Je garde les mains sur les freins, mais ici c’est bien ouvert et magnifique. Traversant de petits hameaux haut perchés, la route s’enfonce dans la verdoyante gorge du Ger, que je longe jusqu’à Aspet. 

Ce soir, je préfère le camping organisé, car pour demain la météo est douteuse. L’accueil est un bar restaurant bondé, alors c’est Jean-Luc, un ami des responsables, qui me mène à un site juste à coté de la rivière. L’administratif attendra à demain.

Je monte ma tente, dont le double toit reste dégoulinant après sa journée dans son sac, je soupe et je me dirige vers la douche. En y arrivant, je rencontre Madeleine, jeune biologiste en stage dans la région. Bonne raison pour retarder la douche de quelques minutes.

De retour à la tente, je termine la rédaction peu après 23 h. C’est le temps de dormir, avec l’eau qui chante à quelques pas. 

km jour : 72,7
km total : 835
départ / arrivée : 8 h 25 / 20 h 00
temps déplacement : 5 : 54
vitesse moyenne : 12,3
vitesse maximale : 51
camping : 10 €

Les premiers cols

> Loudenvieille – 55 km
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Lundi. Nuit bien calme, comme prévu, et agréablement fraîche : pour la première fois, je suis entré directement dans mon sac de couchage. Est-ce la proximité de la rivière ? Mon double toit est bien humide et sera rangé comme ça.

Dès le départ, ça monte bien, et c’est ainsi jusqu’au sommet du col d’Aspin, 1489 m. Heureusement, ce n’est pas encore trop chaud, la route est en parfait état et les automobilistes sont courtois – ils sont habitués aux vélos, il y a beaucoup de cyclosportifs.

Les paysages, eux, sont à la hauteur : plus c’est haut, plus c’est beau, même si c’est bien moins haut que les Alpes. Il reste que ce n’est pas très abrupt, donc relativement facile.

La descente vers Arreau est un pur régal, même si les freins sont bien sollicités. C’est que le paysage est très ouvert, permettant d’apprécier les montagnes tout autour.

Arreau est bien jolie, au confluent de deux rivières. C’est le temps de manger et de refaire la réserve de nourriture, assez peu garnie après les derniers jours. L’eau est souvent disponible dans des fontaines des villages, et disparaît rapidement puisqu’il fait maintenant très chaud sous un ciel parfaitement dégagé.

Jusqu’à Saint-Lary-Soulan, la route traverse une série de villages dans le fond de la vallée de la Neste, c’est donc vraiment facile.

En arrivant à la ville, un magasin de sport. Laurent, le technicien, peut enfin changer mon disque avant abimé. Il est compétent et très sympathique, comme l’ensemble de l’équipe, c’est donc une étape agréable en plus d’être utile.

À la sortie de la ville, je bifurque vers le col de Val Lauron Azet, 1580 m, laissant la filée de voitures sur la route vers l’Espagne. Rapidement, cette montée montre son vrai visage : elle est diablement abrupte, bien plus que celle de ce matin. Pendant de longues sections, je monte sous la grosse chaleur à 4 km/h, la limite avant de tomber, en multipliant les pauses photo et en vidant mes bouteilles à bonne vitesse. Heureusement, il y a quelques villages avec fontaines, et surtout un paysage ouvert et sublime. 

En montant, je rencontre René, 80 ans mais heureux d’être à vélo (électrique) ; à Azet, je croise Sigo et Lydie, venus d’Alsace pour randonner.

Plus haut, une affiche indique un « passage canadien », une grille ajourée qui convient aux voitures et vélos mais qui rebute les vaches. Ici, c’est leur territoire, incluant la route. Les cyclistes et automobilistes leur laissent la priorité…

J’atteins enfin le sommet. C’est magnifique, mais il est 19 h 15. Frédéric, cycliste passionné, s’improvise photographe pour immortaliser le moment et converser.

Avec ma caméra fixée fermement sur le vélo, je filme une partie de la spectaculaire descente, mais je reste prudent car elle est encore plus abrupte que la montée. Que c’est beau !

Descente des deux cols en vidéo.

Il est presque 20 h 30 quand j’arrive au camping – en zone semi-urbaine et touristique, il est un peu tard pour rechercher un camping sauvage. À l’entrée, l’accueil est fermé et une affiche précise que c’est complet. Deux randonneurs sont là et me guident vers l’emplacement réservé aux marcheurs. Pas de formalités ce soir : il y a de la place pour ma tente près de celles des marcheurs – une dizaine de personnes – et je bénéficie d’un excellent accueil.

Mes voisins immédiats sont Yoann et Lucille, qui m’ont accueilli, et Isabelle. Logiquement, ces gens sont des couche-tôt qui disparaissent dans leurs tentes avant que j’aie fini de manger. Il reste Pascal et Judith, de Bretagne, qui achèvent leur périple. À voix basse, nous avons une belle conversation, une autre rencontre bienfaisante à la fin d’une journée qui n’en a pas manqué.

Il me reste la vaisselle, la douche, le journal et le dodo un peu avant minuit. Il est temps.

km jour : 55,9
km total : 762
départ / arrivée : 9 h 25 / 20 h 25
temps déplacement : 5 : 34
vitesse moyenne : 10,0
vitesse maximale : 50

Vers les Pyrénées

> Saint-Jean-de-Monts (Campan) – 60 km
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Dimanche. Il fallait s’y attendre : nous nous levons tard et simultanément, vers 9 h 45, après une nuit confortable côté température. Comme j’ai un peu de temps après le petit déjeuner, je complète et mets en ligne le journal d’hier, prends une brève douche et prépare mon bagage. Rien de compliqué là-dedans : ce qui est plus dur, c’est de saluer Patrice, ne sachant pas quand nous nous reverrons. Avec lui et ses amis, ça aura été une rencontre exceptionnelle. Il faut quand même prendre la route ; en plus, lui part ce soir pour Paris avec quelques jeunes pour assister à un tournoi de lutte olympique.

Ce midi, le ciel est gris, mais pas menaçant, et c’est encore relativement frais. Les routes que j’emprunte sont calmes et jolies, en campagne avec quelques villages. Tranquillement, le soleil revient avec la chaleur. Je ne vais pas vite, car c’est en faux-plat montant.

En arrivant à Tarbes, l’algorithme m’envoie sur la gauche, vers la rivière Adour. Cette fois-ci, c’est une excellente idée : sur 8,5 km, le CaminAdour, un sentier multifonction, longe la rivière avec ses rapides et quelques seuils, loin des voitures. Ombragé, beau et agréable.

Retour sur une route plus passante en direction de Bagnères-de-Bigorre et des montagnes qui commencent à se profiler au sud. Un cycliste me dépasse, puis ralentit pour m’attendre. Frédéric, cordiste (homme-araignée pour les québécois), a choisi de devenir mon guide jusqu’à Bagnères.

Cette petite ville, porte des Pyrénées, est connue pour avoir donné à la France son actuel président, mais offre bien d’autres atouts, en particulier une excellente et abondante source. C’est bon de s’y abreuver et d’y renouveler l’eau de mes bouteilles. Après une pause carte à l’info touriste, je poursuis mon trajet entouré de bons reliefs. 

J’aime ces paysages de montagne, et j’y entre par une belle vallée. Il fait maintenant grand soleil, et la petite route, calme et superbe, monte bien jusqu’à Campan. Ce joli village est peuplé de personnages bricolés, bien mignons.

À partir d’ici, il n’y a qu’une seule route, passante et qui monte parfois assez sérieusement entre alpages et falaises. À Sainte-Marie-de-Campan, une intersection mène vers le mythique col du Tourmalet, mais j’ai choisi de me diriger vers l’est par le col d’Aspin. Ce sera pour demain : pas bien loin, un joli et abordable camping m’héberge pour la nuit. Je m’y installe, fait mes routines dans une agréable fraîcheur après une douche et un petit lavage. J’ai même le temps de refaire un réglage du frein avant, toujours assez délicat. Il passe à peine 22 h, je suis prêt a profiter de la nuit, bercé par le chant de l’Adour qui gambade à quelques mètres de ma tente. 

km jour : 59,6
km total : 706
départ / arrivée : 11 h 50 / 18 h 50
temps déplacement : 4 : 52
vitesse moyenne : 12,2
vitesse maximale : 32
camping : 12 €

La vie à Vic

Vic-en-Bigorre
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Samedi. Nuit un peu chaude, mais calme et excellente. Bien sûr, nous nous levons pas mal plus tard que lorsque je suis à vélo. Après un petit déjeuner rapide, nous allons au marché de Vic-en-Bigorre, à deux pas de la maison. 

Tous les samedis matin, les producteurs, artisans et commerçants de la région s’y retrouvent, et il y a du monde. Avec Patrice, aucune chance de passer incognito : constamment, il reconnaît et salue amis et collègues, toujours sympathiques. J’ai donc l’occasion de me mêler à la vie des gens d’ici. Il fait même quelques achats de victuailles.

L’avant-midi y a passé. Au retour, un repas simple et savoureux, puis nous nous plongeons dans nos activités : olympiques et contacts pour Patrice, mise en ligne du journal pour moi. Succès.

Nous attelons la remorque derrière la voiture, puis nous commençons une bonne tournée. Nous déposons divers objets à une autre maison à Camalès, le village d’enfance de Patrice, nous arrêtons à la déchèterie (écocentre pour les québécois), nous saluons l’oncle Dédé, nous livrons des chaises à la piscine de Maubourquet – belle conversation avec Lalie, la jeune fille qui s’occupe du casse-croûte – et en ramenons une vieille table. 

Au retour, nous passons saluer Pierre, ancien collègue de Patrice maintenant octogénaire. Les conversations vont bon train : nouvelles des uns et des autres, monde de l’éducation, environnement, santé, les sujets ne manquent pas. Il est près de 20 h quand nous revenons à la maison. 

Peu après, nous partons pour Marciac, où se tient un festival de jazz. Nous prenons Charlotte avec nous et revenons vers le Gers. Comme il y a des voitures partout, nous stationnons un peu plus loin du centre-ville et y retrouvons facilement Laura, ainsi que Delphine, une autre collègue de Patrice, avec son mari Stéphane. 

Il est temps de manger. Un resto bondé trouve une table pour nous, et nous y sommes rejoints par Romain, un ami de Laura. Notre petit groupe est complet. Delphine et moi apprécions le menu végétarien, mais tous sont bien heureux d’être ensemble. Seule la pauvre serveuse, débordée, trouve la soirée difficile.

Plus loin, un bar accueille un groupe de musique aux accents antillais. Si les structures musicales sont très simples, l’interprétation est enjouée et compétente. Mes nouveaux amis ont de très intéressantes conversations, et nous réussissons à nous comprendre avec quelques efforts dans cet environnent bruyant. À l’invitation de Charlotte, je me laisse aller à la danse.

Malheureusement, il y a nombre de fumeurs et je sens venir le point de saturation. Je pars marcher en ville, plus calme à cette heure tardive. Au moment du départ, nous croisons Cyrille…

Au retour, je prends la volant puisque je n’avais bu qu’un jus de fruits et de l’eau. Même si je conduis électrique depuis plusieurs années, je retrouve la conduite manuelle avec plaisir. Il est 2 h 30 quand nous revenons à la maison, fourbus mais bien contents. Quelques notes de guitare, et dodo !

Improvisation

> Vic-en-Bigorre – 85 km
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Vendredi. La nuit a été confortable côté température, j’ai même utilisé mon sac de couchage. En revanche, des animaux ont circulé aux alentours, heureusement sans s’intéresser à mes victuailles. 

Levé à 6 h 30, je pars à 7 h 15 sous un ciel bien gris, puis je quitte la voie verte et j’arrête déjeuner au village voisin. Après quelques kilomètres sur des routes plus passantes et des chemins différents de ceux proposés par l’algorithme – il a parfois des idées étranges -, je roule un bon bout de temps sur une crête bien jolie et tranquille. Je rejoins une nationale pour quelques instants, j’arrête à Dému à une épicerie / station-service pour mettre à jour ma réserve de fruits.

Je pars… et je reviens : quelques éclairs et la carte météo annoncent de solides orages. Je me réfugie avec les bonbonnes de gaz propane le temps que ça passe. J’en profite pour avancer le journal.

Au début, la pluie est très forte, puis diminue en intensité et cesse. C’est le temps repartir, même si un léger crachin sans conséquences s’invite brièvement.

Les routes sont étroites et sont souvent en crête, avec de solides descentes et montées. Je mange à Aignan. Ensuite, les montées et descentes très abruptes se succèdent, la première vitesse succédant aux freins. Dur.

À partir de Tasque, c’est une douce vallée, mais en montée quasi constante. Au départ, je visais Pau, mais je change mon plan pour me diriger vers Tarbes. Face à la couleur du ciel devant moi et à une vérification des cartes radar, je choisis de m’arrêter un peu avant, question de rester sec.

L’algorithme me guide vers un camping à Vic-en-Bigorre, mais j’ai un doute : j’arrive plutôt à des bâtiments municipaux. Un homme est là, je lui demande ce qu’il en est. C’est confirmé, il n’y a pas de camping ici, il m’aurait fallu revenir plusieurs kilomètres en arrière. Sa phrase suivante m’étonne : « Viens dormir chez moi, j’ai la place dans ma maison. » Je roule derrière sa voiture, nous y sommes rapidement.

Patrice, mon hôte improvisé, est enseignant de sports auprès d’élèves à besoins particuliers. Il est très engagé et passionné par le sport… et bien d’autres choses. Nous nous entendons facilement. Papa de deux grandes filles, il habite seul maintenant.

Après une bonne douche, nous partons vers le bar Chez Mélanie, dans la ville voisine de Maubourquet, pour une soirée de musique. Rejoints par Laura, une amie nageuse et dentiste, nous mangeons sur place.

Patrice connaît beaucoup de gens, nous saluons les uns et les autres qui défilent ; son frère Cyrille papillonne tout autour. L’attention est partagée entre la télé qui diffuse les jeux olympiques et les quatre musiciens, excellents, qui reprennent du vieux rock.

En fin de soirée, Charlotte, collègue de Patrice, vient faire un tour. Il est bien passé minuit quand nous rentrons pour une nuit bien méritée. 

km jour : 87,1
km total : 646
départ / arrivée : 7 h 15 / 17 h 30
temps déplacement : 6 : 18
vitesse moyenne : 13,8
vitesse maximale : 46

Repartir

> Gondrin – 30 km
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Jeudi. La nuit a été un peu moins chaude, c’est déjà ça de gagné. Et le ciel est plutôt gris, mais sans aucun risque de pluie.

C’est un matin de départs. Les familles ont réservé une sortie dans deux petits bateaux sur un canal, avec écluse et pique-nique.

Adélaïde et moi visitons Condom, ville médiévale sur le chemin de Compostelle. C’est tout près en voiture, et comme il se doit magnifique. Évidemment, ce nom de ville a été utilisé à d’autres fins ces dernières années, et la rivière qui la traverse s’appelle la Baïse. Ça ne s’invente pas… mais ça n’enlève rien à la splendeur des lieux.

Au midi, le repas à trois est agréablement tranquille. Ensuite, chacun vaque à ses affaires : Adélaïde à son travail, sa maman aux tâches de la maison, et moi à la mise en ligne du journal, jusqu’à mardi inclusivement. J’arrête au retour des familles : le réseau devient subitement surchargé.

Il me reste à me préparer : douche, bagages, vélo, tout est prêt à 17 h 45. Je peux saluer tout le monde, qui à la maison, qui au lac. Je déteste quitter les amis, mais c’est le prix du voyage. 

Jusqu’à Condom, c’est pas mal vallonné, avec de bonnes montées et descentes. Traverser la ville implique d’avoir le nez sur l’algorithme, mais ce n’est pas difficile.

Peu après, je rejoins une voie verte, comme souvent une ancienne voie ferrée, excellente et bien pavée. La journée avance.

Je mange à une table à pique-nique, et un peu plus loin des vignes offrent un espace correct pour la tente malgré un sol très dur. Faute d’arbre approprié, la bouffe dormira sur un tuteur de vigne.

À 22 h, tout est complété. Vive la rando, dodo !

km jour : 28,9
km total : 559 
départ / arrivée : 17 h 45 / 20 h 40
temps déplacement : 2 : 05
vitesse moyenne : 13,9
vitesse maximale : 48

La Romieu et la vie calme

> Lizargues (La Romieu)
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Mercredi. Une nuit chaude, bien sûr, mais reposante puisque c’est vraiment calme ici. Tous vont bien, sauf un des garçons qui fait de la fièvre et se traîne difficilement. Espérons une prompte guérison.

Au matin, Adélaïde propose une visite de La Romieu. C’est une abbatiale importante du Camino – chemin de la Compostelle – qui vaut largement le petit détour. Après quelques minutes en voiture sous un soleil déjà brûlant, nous découvrons un joli village aux accents médiévaux. Au cœur du village, l’abbatiale.

C’est tout à fait splendide. Il y a une salle d’accueil et une présentation vidéo, puis nous déambulons au rythme d’un audioguide bien détaillé et intéressant.

Les lieux sont impressionnants : nous visitons le cloître, l’église au son de l’orgue, diverses salles et une tour desservie par un acrobatique escalier en colimaçon. J’admire de tous mes yeux, et je prends beaucoup de photos, évidemment.

Nous rentrons un peu plus tard que prévu. Adélaïde mange en vitesse avant de reprendre la travail, les autres profitent longuement des joies de la table et des convives.

Plus tard, je m’installe pour tenter de mettre à jour le blogue. Côté textes, ça va, mais le site de blogue refuse obstinément d’y insérer des photos. 

Quand Adélaïde prend une pause, nous allons marcher du côté du château voisin puis de l’étang. J’y reviens pour me baigner et remonte juste à temps pour chanter « Gens du pays » pour un anniversaire. C’est bien apprécié. Les deux familles quittent pour une soirée au restaurant.

Ici, c’est bien calme puisque nous restons à trois. La température est plus confortable, avec un vent tiède. Nous mangeons dehors et conversons avec plaisir.

Quand Adélaïde monte se coucher, le blogue revient à de meilleurs sentiments et je peux commencer à mettre en ligne le voyage – pas de lien de cause à effet, bien sûr. Ça me fait dormir un peu tard, mais la nuit s’annonce plus confortable. J’ai bien l’intention d’en profiter.