Beselare

Avec Patrick, Catherine, Inès et Arthur

Jeudi > Beselare (Ypres), 60 km
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Le programme de la journée a changé : je devais quitter ce matin, je ne prévois plus partir qu’en fin d’après-midi. Je me lève quand même tôt, histoire de passer un peu de temps avec Patrick puis Catherine.  Bien sûr, nous ne restons pas à la maison : Catherine, les enfants et moi prenons la route pour Lille.

Nous y avons rendez-vous dans un resto avec Dominique, sœur de Catherine, son mari Yannick et leur fils Timoté, qui avait choisi un abattement ici pour y poursuivre ses études. J’avais croisé Dominique quelques fois à Montréal, mais la famille avait vécu plusieurs année à Tahiti, pays d’origine de Yannick. Tous sont sympathiques et pleins de projets, c’est donc une autre très agréable rencontre, et une nouvelle étape à ne pas manquer pour un prochain voyage.

Nous retrouvons Patrick à la maison vers 15 h, c’est donc  peu après 16 h que je prends la route, le cœur un peu gros, plein de gratitude. Quelle chance d’avoir de pareils amis !

Je roule vers la Belgique sur de tout petits chemins, vent de dos, en suivant un algorithme. Il fait beau, tout va bien. Je franchis la frontière sans m’en apercevoir, mais certain signes ne trompent pas : le « B » sur les plaques, les bandes cyclables omniprésentes et un message de mon fournisseur de cellulaire me souhaitant la bienvenue dans un nouveau pays.  Malheureusement, il y a un autre effet : le réseau cellulaire ne se connecte pas. En conséquence, les algorithmes me laissent tomber, je n’ai plus accès aux cartes et aux trajets !  Prudent, j’ai quand même une carte papier qui couvre toute la France et une partie de la Belgique. Ce n’est pas détaillé, mais ça donne une direction approximative.

Je suis donc les indications vers Poperinge puis Ypres. La campagne est très habitée. Je traverse plusieurs villages, toujours sur bande cyclable. Dans l’un d’eux, un groupe compact de jeunes cyclistes, des scouts en camp mobile, suivi par deux marcheurs – un scout a fait une chute à vélo.

Malgré un ciel désormais gris, la ville d’Ypres est superbe. En  prime, il y a un bureau d’information touristique, fermé à cette heure tardive, mais offrant une connexion Internet ouverte : donc, retour des cartes !

Sur l’itinéraire, il y a une porte ancienne, fermée par des barrières, et envahie par une foule dense. Les barrières s’ouvrent juste au moment où j’arrive, je marche à contresens de la foule. Un chef de chœur m’explique : en mémoire de la guerre 1914-1918, il vient d’y avoir un moment de silence et quelques chants. D’ailleurs, la région a été martyrisée à cette époque, les traces, les souvenirs et les cimetières restent nombreux.

Je sors de la ville. La soirée avance, je ne trouve pas où planter ma tente. Vers 21 h 30, près d’une bruyante sortie d’autoroute, un petit sentier discret offre l’espace minimum requis. Il faut couper quelques ronces, histoire de protéger tente et campeur, manger en vitesse, il est déjà temps de dormir… tant bien que mal.

km jour : 60,7
km total : 55
départ / arrivée : 16 h 10 / 21 h 30.
temps déplacement : 3 : 34 
vitesse moyenne : 17,0 
vitesse maximale : 41

Ledringhem 2

Inès et Arthur à Bergues

Mercredi – Ledringhem
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Ce matin, je me lève à temps pour voir Patrick avant son départ pour le travail, puis je mange avec Catherine. Les enfants dorment, bien sûr. Après quelques tentatives infructueuses pour communiquer avec notre ami Francis, nous prenons la route vers Hazebrouck.

En arrivant à la maison de santé, nous pouvons sans difficulté monter à sa chambre. Nous sommes heureux de nous retrouver, mais il est de plus en plus handicapé, ne pouvant plus marcher. Il est calme, souriant, avec une conversation plus intéressante que sa vie trop confinée.

En cours de route, nous avons la visite de Pierre et Éliane, qui l’aident régulièrement. Nous passons une bonne heure ensemble avant que Catherine et moi revenions vers la maison.

Patrick se joint à nous pour le repas du midi, puis retourne au travail.

De notre côté, nous repartons pour Bergues, cité fortifiée. Nous y arrivons juste à temps pour la visite guidée de la ville et des fortifications. C’est très intéressant et assez spectaculaire ; ces hauts murs militarisés étaient plutôt utiles, la ville ayant subi trente sièges en un seul siècle !

Nous gravissons ensuite le beffroi, qui est aussi un musée. L’escalier en colimaçon est un peu acrobatique, nous profitons des salles de chaque étage pour apprendre et prendre des pauses.

Nous arrivons au sommet juste à temps pour que le carillon sonne de toute sa force. C’est très fort même avec les oreilles bouchées. Heureusement, la vue sur la ville et le panorama est vraiment à la hauteur, tout comme le vent. Nous en profitons bien.

De retour au sol, nous achetons un pain au chocolat comme collation et nous passons devant le collège fréquenté par Inès et Arthur avant de rentrer à la maison. Belle balade.

Inès et moi nous mettons ensuite au travail, elle à la flûte et moi à la guitare. Nous attendions le moment propice pour faire de la musique ensemble. Nous choisissons L’Oiseau et l’enfant puisque j’ai une partition pour nos deux instruments. Comme l’arrangement n’est pas simple, c’est du travail, mais fait dans la bonne humeur.

Bien sûr, nous mangeons en famille quand tous sont prêts – c’est comme toujours délicieux – puis nous nous installons pour chanter ensemble. C’est évidemment la pièce préparée avec Inès qui inaugure le programme, puis nous nous promenons dans un répertoire plutôt éclectique jusqu’à ce qu’il soit temps de dormir.

Ce soir, pas de journal, il est préférable de se coucher afin de bien profiter des prochaines journées

Ledringhem

À Ledringhem avec Frédéric

Mardi > Ledringhem, 55 km
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Bonne nuit, lever calme vers 8 h 30, petit déjeuner en commun. Frédéric a décidé de m’accompagner à vélo jusqu’à Ledringhem, ce qui lui fera une petite journée de 120 kilomètres. De mon côté, je profite d’un guide aguerri et de très agréable compagnie.

Nous roulons sur des routes plutôt tranquilles qu’il connaît bien, il fait beau et pas trop chaud – il y a canicule plus au sud – et nous bénéficions du terrain relativement plat avec vent de dos. 

Nous contournons Bethune et nous prenons la piste du canal de l’Aire pour quelques kilomètres. Nous nous dirigeons vers Cassel, joli village déjà occupé à l’époque romaine, mais ne nous approchons pas trop car il est situé sur une colline abrupte.

Dans un virage, une intersection, une voiture ne fait pas son arrêt obligatoire et passe à un cheveu de faucher Frédéric. Ouch ! Finalement, il est sauf mais un peu ébranlé. Le vélo n’est pas très dangereux, mais la cohabitation avec les voitures n’est pas toujours saine.

Nous arrivons à Ledringhem vers 14 h 15. Près de l’église, il y a un robinet pour refaire le plein d’eau. Frédéric doit refaire le trajet en sens inverse, alors il ne traîne pas trop. Quel agréable compagnon ! Il est encore tôt. Tout près, il y a un parc, de grands arbres et une table pour confortablement mettre à jour le journal. 

Vers 16 h, je reprends le vélo pour quelques instants et arriver chez mes amis. Inès, 14 ans et demie (heureuse d’être plus grande que sa mère), et Arthur, 13 ans, sont là comme prévu, mais il y a aussi Jean-Marie et Andrée, parents de Catherine, qui restent en excellente forme alors qu’ils approchent des 90 ans. Quel plaisir de se retrouver !

Peu après, Catherine revient, nous prenons une excellente collation – bravo pour le gâteau, Arthur – et Inès entreprend auprès de son grand-père une solide formation sur les diverses fonctions des téléphones cellulaires.

Un peu avant le retour de Patrick, les parents de Catherine quittent pour se reposer. Même si c’est trop rare, c’est toujours un plaisir de se voir.

Conversations et préparatifs nous mènent jusqu’à un excellent repas. Nous nous interrompons entre le plat principal et le dessert pour une longue conversation vidéo avec notre amie Suzanne, qui vit maintenant au nord du Portugal. Entre kiwis, Espagne et coucher de soleil, les bons souvenirs s’invitent en nombre.

Après le délicieux dessert, nous nous préparons pour la nuit. Je mets à jour le blogue, mes amis se couchent et tous sont dans la joie d’une belle rencontre.

km jour : 54,9
km total : 498
départ / arrivée : 10 h 45 / 14 h 15
temps déplacement : 3 : 03
vitesse moyenne : 18,0
vitesse maximale : 43

Calonne-Ricouart

Un précieux morceau de brique

Lundi > Calonne-Ricouart (Bethune), 80 km
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Matin de départs… Nous nous levons assez tôt et nous nous préparons. Pierre et Charlie sont les premiers à quitter, l’un pour le travail, l’autre pour passer quelques jours avec les grands-parents.

Peu après, nous partons à trois : Amélie pour son travail, Layal pour son camp scout et moi pour la suite du voyage. Nous déposons Layal chez sa copine Jeanne, et nous devons nous dire « au-revoir », espérant que ce soit pour bientôt.

Je suis attendu demain soir à Ledringhem. Ce n’est pas très loin, alors je décide d’aller tranquillement vers la Mer du Nord, sans pression.

Je passe d’abord par le mémorial de Vimy, haut lieu de courage et de folie humaine lors de la guerre de 1914-1918. Là, les soldats canadiens se sont illustrés, mais pour beaucoup au prix de leurs jeunes vies. Ici, 18,283 vies. Beau, triste…

Plus loin, ce sont les terris, pyramides de résidus miniers – le charbon dominait la vie de la région – maintenant classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Souvenirs : nous en avions escaladé avec les enfants il y a quelques années.

L’algorithme du jour me mène vers Bethune par des routes parfois faciles, parfois passantes. En avant-midi, le dérailleur avant de mon vélo décide de refuser de guider la chaîne sur le grand plateau. Le câble a probablement glissé, je verrai à ça ce midi.

En sortant de Bethune, je longe le canal de l’Aire, bon endroit pour manger et pour vérifier le vélo. Pour manger, ça va bien ; pour le vélo, c’est autre chose : l’écrou qui retient le câble n’a plus ses filets, la vis tourne dans le vide. Évidemment, je n’ai pas les pièces requises pour réparer.

Sabine, Bernard et Pascal passent par là à vélo. Nous regardons le problème ensemble, il est souhaitable de bloquer le dérailleur sur le plateau intermédiaire, c’est finalement Bernard qui revient avec un morceau de brique de la bonne dimension. Je le fixe avec du ruban adhésif, c’est parfait pour me rendre à Bethune pour une réparation plus permanente.

Je me dirige vers la grande surface de plein air, et Florentin, le mécano, me suggère une boutique plus spécialisée pour les pièces haut de gamme de mon vélo. Je repars sur deux roues.

Une petite voiture noire s’arrête. Frédéric, le conducteur, avait entendu la conversation à l’autre commerce et s’offre pour me guider sur un trajet pas si simple. Offre acceptée. Alors que mon vélo est pris en charge par Théodore le mécano, je discute un peu avec le très sympathique Frédéric. Après quelques instant, c’est conclu : je suis invité chez lui pour la nuit. 

Pendant ce temps, la réparation se poursuit. Théodore doit trouver les bonnes pièces et tout remonter dans le bon ordre, réajuster les vitesses. Au total, il bricole pendant une bonne heure, mais c’est un succès : mes vitesses passent même bien mieux qu’avant.

Je me rends chez Frédéric, guidé par un algorithme qui a des idées assez particulières de ce qu’est un itinéraire cyclable. Je suis à destination peu après 19 h pour rentrer mon vélo au garage avec les autres vélos. Mes hôtes ont environ mon âge mais sont retraités. Je rencontre son épouse Pascale, et nous faisons plus ample connaissance.

Femme sensible et cultivée, elle a enseigné l’anglais et transformé des vies par son engagement auprès de ses élèves ; toute jeune, elle a couvert les jeux olympiques de 1976, à Montréal, offrant bénévolement ses service à l’hebdo local – elle a gardé les textes.

Lui a été ouvrier spécialisé, mais surtout cycliste de haut niveau, côtoyant à l’époque de futurs champions. Il est toujours passionné et pédale environ 15,000 kilomètres par an, en partie avec un club.

Tant autour de la table qu’au salon, les sujets de conversation ne manquent pas. En soirée, nous réussissons – après quelques essais infructueux – un appel vidéo avec leur fille Marie qui voyage à vélo avec Lili, une copine. C’est bien rigolo.

Et, bien sûr, j’ai droit à une confortable chambre à l’étage, avec un peu de temps pour lire les reportages de Pascale, mais pas pour écrire le journal. Ce sera pour une autre fois, il y a des priorités dans la vie.

km jour : 78,1
km total : 443
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 10
temps déplacement : 5 : 24
vitesse moyenne : 14,5
vitesse maximale : 46

Arras 3

Charlie et Pierre

Dimanche > Arras, 8 km
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Cette nuit, plus aucune douleur à l’épaule, et j’ai fermé les volets de manière à avoir un peu plus d’air et de lumière : le lever est donc normal. Ce matin, au petit déjeuner, il y a un lampion sur la table, en souvenir de Guillaume qui est décédé il y a trois ans aujourd’hui. 

J’ai un peu de temps libre, je décide de m’attaquer à un petit problème : comme j’ai un nouvel ordinateur, je ne sais pas bien comment mettre en ligne mon journal, et particulièrement les photos. Ce n’est pas simple au départ, mais j’en viens à bout. Je réussis donc à compléter le blogue, incluant la journée d’hier. Bien.

Un appel nous donne des nouvelles de Josik : leur camp scout a été frappé par la grêle, les tentes sont écrasées, transpercées, détruites, tout va bien et le camp continue…

Au midi, malgré une météo incertaine, nous partons piqueniquer à vélo. En chemin, nous retrouvons Thomas, Céline, Prunille et Layal, et nous nous rendons en quelques minutes au Jardin du Val de Scarpe.

Nous nous installons sous un grand saule dans lequel Layal tente sans succès de grimper, et c’est bien agréable de manger entre amis. Pierre a transporté un jeu un peu semblable à une pétanque sur planche, le temps passe vite. 

Un peu plus tard, nous nous rendons sur la Place des Héros, au pied du beffroi d’Arras. Tout avait été rasé lors de la guerre de 1914-1918, tout a été reconstruit, et c’est un endroit très agréable maintenant qu’il n’est plus accessible aux voitures. Nous y dégustons une excellente crème glacée – ah oui, ici, on dit une glace – avant de rentrer. Il faut déjà saluer Thomas, Céline et Prunille.

Demain sera jour de départs : je reprendrai la route, Layal partira pour deux semaines en camp scout et Charlie pour quelques jours chez des grands-parents. Pierre et Amélie auront donc un peu de temps juste à eux deux, ce qui est vraiment précieux.

En attendant, la soirée est occupée à préparer les départs des jeunes, mais aussi par de beaux temps en commun. Charlie choisit que je lui chante une berceuse, et en demande une deuxième. Après ces belles journées en famille, les souvenirs seront doux… et le sommeil aussi.

km jour : 7,7
km total : 365
départ / arrivée : s/o
temps déplacement : 0 : 41
vitesse moyenne : 11,4
vitesse maximale : 20

Arras 2

Samedi > Arras
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Eu début de nuit, mon épaule gauche est douloureuse : elle n’a probablement pas apprécié les mauvais chemins empruntés hier. En cours de nuit, ça s’apaise. Au matin, Pierre frappe à ma porte : il est 11 h 30 ! Les volets étant bien fermés, je n’avais jamais réalisé qu’il faisait jour !

Lilian est très intéressé à compléter la partie d’échecs entamée hier. C’est chaudement disputé, nous commettons tous les deux des erreurs, mais finalement je complète un échec et mat assez délicat. Les réflexes sont de retour. Je joue aussi beaucoup avec Charlie, qui m’a visiblement adopté. 

En début d’après-midi, Bernard et Annie, parents d’Amélie – qui est au travail – viennent prendre Jean-Lou et Lilian pour quelques jours en camping-car en baie de Somme. 

Il ne reste pour le moment que Charlie et Pierre. Nous partons à trois pour une balade dans les environs.  À quelques pas de la maison, il y a l’école maternelle de Charlie, l’atelier vélo participatif mis en place à la suite du décès d’Élise, la base nautique avec son ascenseur pour les embarcations, une source alimentant un étang, un joli boisé, la bibliothèque où tous se connaissent : nous ne nous ennuyons pas.

Nous revenons à la maison pour accueillir Layal, de retour de Bretagne, et sa grande amie Prunille. Les petites filles sont devenues des adolescentes bien dynamiques et rieuses.

Thomas et Céline se joignent à nous pour un repas sous un ciel gris mais sans pluie, agrémenté de quelques notes de cornemuse, l’instrument de Layal. En soirée, nous sortons guitares, harmonica et carnets de chants pour se balader dans des chansons que nous aimons. 

La nuit sera bonne.

Arras

Près de Suzanne, vallée de la Somme

Vendredi > Arras, 120 km
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J’ai bien tenté de dormir tôt, mais quelques voisins avaient un autre programme : leurs cris de joie m’ont permis de veiller plus tard qu’espéré, puisqu’ils se sont amusés longtemps. Le reste de la nuit a été calme, mais je me suis levé vers 6 h 30 : en camping irrégulier, je ne m’éternise pas. Je quitte le site vers 7 h 30.

Au village voisin, un homme remplit gentiment mes bouteilles. Je déjeune dans un petit parc près de l’eau, puis je prends la route pour de bon.

Ce matin, il fait très beau, c’est frais… et la chaleur s’annonce intense pour plus tard. Ce sera le cas. Je roule un temps sur de tranquilles petites routes, puis l’algorithme me mène sur l’ancien chemin de halage. Certaines sections ont déjà été pavées, mais il n’en reste pas grand chose. Je vous laisse imaginer l’état du reste.

Dès que possible, la route redevient mon amie, mais le vélo et moi sommes un peu secoués par ces sections. Ça reste plus complexe sur route, car je dois consulter régulièrement mon téléphone pour savoir où aller.

À Pont-l’Évêque, je contacte Pierre : comme il se doit, tout est en ordre pour ce soir. 

Ici, il y a une jonction entre le Canal latéral à l’Oise, que je suivais depuis hier, et le Canal du Nord. Je change d’algorithme, et le nouveau me retourne sur le chemin de halage du Canal du Nord. Comme il est bien pavé et, bien sûr, pratiquement sans dénivellation – c’est un canal… -, c’est facile, rapide et très agréable.

Quelques kilomètres plus loin, la piste du canal se termine, et je suis sur route pour le reste de la journée. De village en village, c’est bien joli. Entre les villages, il pousse toutes sortes de choses : du blé, des patates, du maïs, du lin, des éoliennes… En chemin, je fais une petite épicerie, puis je mange à l’ombre d’une église car c’est vraiment chaud, cuisant et de plus en plus lourd. Heureusement, je profite du vent de dos.

C’est assez plat jusqu’à la vallée de la Somme, que je longe pendant quelques minutes. En quittant la vallée, la montée est solide mais brève, puis la route est vallonnée. En passant, je visite un cimetière de guerre, impeccablement tenu depuis plus d’un siècle. Je n’ai plus beaucoup d’eau, c’est la tenancière d’un café qui remplit mes gourdes d’une eau fraîche et délicieuse.

De vallon en vallon, de village en village, ça avance lentement mais bien. En approchant d’Arras, l’algorithme m’envoie sur un chemin en très mauvais état, que je quitte rapidement.

Devant une maison de banlieue, deux hommes : je leur demande si je peux remplir une gourde. De jeunes enfants surgissent, la maman revient du travail, et c’est une agréable rencontre avec cette jeune famille. Il y a les parents Cyril et Magali, et les enfants Noah, Ellie et Nathan, de 7, 5 et 2 ans. Les questions fusent, les jeunes me prennent visiblement en affection, c’est franchement très agréable.

Il me reste quelques kilomètres faciles sur un trajet connu, et j’arrive enfin chez mes amis, en même temps qu’Amélie.

Pierre et elle sont tous les deux veufs : en 2019, Élise a été fauchée par une voiture à quelques pas de la maison ; en 2020, Guillaume a été emporté par un cancer. Les parents survivants ont fusionné deux familles et se retrouvent avec six enfants : Samuel, Josik, Layal et Charlie, d’une part, ainsi que Jean-Lou et Lilian, d’autre part.

La maison aussi est née d’une fusion : Pierre et Élise y habitaient, et il a été possible de racheter la maison voisine. En perçant les murs, la nouvelle famille dispose d’un espace intéressant, en plein centre-ville. En entrant, nous arrivons directement dans une grande pièce réservée aux vélos, ça donne une couleur aux lieux. 

Tous me font un excellent accueil, même si Samuel est absent et que Layal n’arrivera que demain. Charlie, 6 ans, est très heureux de découvrir un nouvel ami qui aime jouer avec lui. Je prends une bonne douche avant que nous passions à table, dans le jardin.

En début de soirée, Josik quitte afin de rejoindre des amis, puisqu’il sera en camp scout pour plusieurs jours. La soirée se passe entre échanges et jeux. Lilian me défie aux échecs. Comme je suis un peu rouillé, il gagne rapidement un première partie, mais je prends l’avantage dans la deuxième. Nous mettons la partie sur pause afin de jouer à cinq un complexe jeu d’énigmes basé sur l’univers de Star War. 

Ensuite, dodo pour tous. Fatigué, je ne complète pas le journal. Ce sera pour un autre jour.

km jour : 118,1
km total : 357
départ / arrivée : 7 h 30 / 18 h 15
temps déplacement : 6 : 49
vitesse moyenne : 17,3
vitesse maximale : 50

Choisy-au-Bac

Pont-Sainte-Maxence

Jeudi > Choisy-au-Bac, 110 km
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Il faut partir tôt aujourd’hui : c’est vrai que j’ai de la route à faire, mais surtout mes amis travaillent. Je suis donc debout à 7 h 15 et sur la route une heure plus tard, le cœur un peu serré : j’aime les voyages et les rencontres, j’aime beaucoup moins les au-revoir.

Il fait beau et pas encore trop chaud, le vélo et le cycliste vont très bien. J’expérimente une nouvelle façon de voyager, en utilisant des applications sur le téléphone. C’est assez efficace, malgré quelques choix douteux de l’algorithme, mas je reste prudent et m’arrange pour ne pas dépendre seulement de ce petit appareil.

Dans un premier temps, je reviens sur les berges de la Seine jusqu’à Argenteuil, un trajet que j’avais suivi dimanche. Sur le pont, c’est l’embouteillage pour rentrer à Paris – on est bien à vélo. Je traverse plusieurs banlieues, dont Ermont, où habitent Étienne et Bénédicte, puis la ville fait place à la forêt de Domont, dont les jolis chemins sont fréquentés par les cyclistes. Deux d’entre eux essaient d’ajuster une selle de vélo, mais sans outil c’est compliqué. J’ai tout ce qu’il faut, c’est le prélude d’une belle rencontre avec Daniel et Jérôme.

Je roule à travers champs de village en village, et peu avant de rejoindre l’Oise, rivière qui accompagnera le reste de la journée, je fais une petite épicerie. Il fait maintenant bien chaud.

Je prends un premier repas à Boran-sur-Oise, tout près de la jolie église.

L’algorithme m’envoie ensuite sur l’ancien chemin de halage, qui longe évidemment la rivière. Il y a de bons côtés : de jolis paysages, pas de voitures. Mais, détail, il n’y a pas vraiment de chemin, c’est franchement difficile à pédaler. À la première occasion, je reviens sur la route.

Aux abords de Creil, la route calme devient presque une autoroute. C’est le bon moment pour la quitter et rejoindre le quai, bien aménagé et mettant l’Oise en évidence.

J’y croise deux jeunes femmes avec un peu de matériel de camping. Laurie et Cécile en sont à leur premier voyage à vélo, deux jours et une nuit à la belle étoile, qui était au rendez-vous. Elles ont bien aimé, mais ont des tonnes de questions intelligentes. Comme j’en ai aussi, c’est très intéressant. En plus, Laurie est guitariste. Sous ses doigts, ma guitare fait de jolis sons. Une autre belle rencontre.

Je reprends le chemin de halage. Après une section détériorée et assez boueuse, je rejoins un village. Je n’ai presque plus d’eau, une dame remplit gentiment mes bouteilles. Je retraverse l’Oise pour rejoindre Pont-Sainte-Maxence, très joli village. Pour un bout, je profite des beaux bâtiments anciens, dont une abbaye magnifique. 

Désormais, le chemin de halage s’améliore grandement et devient vraiment agréable à pédaler, malgré quelques arbres récemment tombés sur la piste. En approchant de Compiègne, il est de plus en plus fréquenté.

Un peu plus loin, je traverse un boisé : il y a un accès facile, un sentier, une petite clairière. Il n’est que 20 h, mais c’est pour moi. N’étant pas vraiment fatigué, j’aurais pu pédaler une autre heure, mais il faut profiter de la chance quand elle passe. 

Ce soir, je mange sans cuisiner, car je n’ai plus assez d’eau. Je me mets ensuite au journal, jusqu’à ce que quelques moustiques s’unissent pour me convaincre de monter ma tente. J’y entre pour de bon à 21 h 30. À 22 h 15, c’est complet, alors dodo !

km jour : 111,7
km total : 239
départ / arrivée : 8 h 15 / 20 h
temps déplacement : 7 : 11
vitesse moyenne : 15,5
vitesse maximale : 45

Chatou 3

La Gare Saint-Lazare

Mercredi > Chatou 3 (Paris), 15 km
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Ne connaissant pas mon horaire des prochains jours, je me lève tôt pour saluer Philippe, qui vient de conduire Corentin à son train, puis je me recouche. Hier soir, j’avais texté Étienne et Bénédicte car les courriels étaient restés sans réponse. Retour ce matin : ce sera compliqué, mais nous allons trouver comment nous rencontrer, car nous y tenons. 

La petite expédition de l’avant-midi : aller vers un magasin de grande surface pour me procurer une cartouche de gaz pour mon réchaud. Résultat : rien, ils n’ont pas la cartouche compatible. Il me faudra aller dans une grande surface d’équipement de sport. J’ai quand même profité d’un peu de vélo frais et nuageux. 

Au retour, je prends une bonne douche et soupèses les options de trajet, selon le moment du départ. Le repas du midi se prend avec Marie et Nicolas, ce qui est toujours agréable. J’ai des nouvelles pour le prochain rendez-vous : Étienne et Bénédicte m’attendront ce soir à 18 h à la Gare Saint-Lazare, un trajet facile en transport en commun. C’est le meilleur scénario. Je quitte donc vers 15 h 30.

C’est l’occasion de joindre l’utile à l’agréable : le train que je dois prendre passe sous La Défense, un endroit où il y a un magasin grande surface de sport. En arrivant à la gare de Chatou, j’achète donc les billets requis pour un trajet avec pause, et c’est donc muni de mon petit réservoir de carburant que je me retrouve au cœur de Paris. 

Comme je suis d’avance pour mon rendez-vous, je me balade aux alentours, m’imbibant de la frénésie bon enfant de la ville mythique. Il y a foule, la circulation est anarchique et nerveuse, c’est bien agréable.

Vers 18 h, mes amis Étienne et Bénédicte sont au rendez-vous avec Aloys, leur petit dernier. Quel bonheur de se retrouver ! Nous avions ajusté les agendas à toute vitesse – l’adresse courriel que j’avais était désuète – car nous avions grand désir de nous revoir.

Nous nous dirigeons vers le Café de la Paix, un établissement que je connaissais surtout par des romans. Nous y profitons d’un repas sommaire et d’une conversation précieuse.

Leurs nouvelles sont bonnes : Étienne reste ingénieur pour EDF, élu municipal et adjoint au maire ; Bénédicte gère des événements culturels et laisse toujours une grande place à la musique. Nous nous séparons peu avant 20 h, il est temps de rentrer.

Au retour, il est toujours agréable de discuter avec Philippe et Marie, mais sans trop tarder : demain, ils reprennent leur exigeant travail, et Philippe s’est levé bien tôt ce matin. Je prépare au mieux mes bagages pour la route. La nuit sera bonne, et j’anticipe avec joie le vrai départ sur deux roues. 

km jour : 14,6
km total : 127
départ / arrivée : s/o
temps déplacement : 0 : 55
vitesse moyenne : 16,0
vitesse maximale : 36

Chatou 2

Corentin, 17 ans

Mardi > Chatou (Tour Eiffel, Notre-Dame-de-Paris), 45 km
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La nuit a été bonne, mais quand même un peu perturbée par de petits visiteurs : quelques moustiques. Il a fallu fermer les fenêtres et se passer de l’air frais de la nuit.

Je me lève assez tôt pour saluer Caroline et les petits avant leur départ. Avec Stéphane, nous communiquons avec l’opérateur de cellulaire qui me demande de me rendre en concession. C’est sur deux roues que ça se fait. Le préposé, très sympathique, fait les vérifications requises et m’indique que ce sera en ordre plus tard aujourd’hui. Je remonte la côte, une heure a passé.

Nous planifions une sortie vélo avec les grandes afin de bien profiter de la journée. Lunch, eau, crème solaire, nous prenons la route vers Paris. 

Après le pont de Saint-Cloud, nous longeons la Seine sur des pistes pas toujours évidentes au début, mais bientôt les conditions s’améliorent. Nous approchons de la Tour Eiffel, assez visible et spectaculaire. Nous pique-niquons à son pied, juste sur le bord de la Seine.

Deuxième objectif : la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, toujours en chantier, toujours impressionnante. Nous visitons une exposition sur les travaux de restauration qui font suite à l’incendie de 2019, puis la Crypte archéologique mettant en valeur des ruines retrouvées sous la place et remontant jusqu’à l’époque romaine, ce que je ne vois jamais au Québec… 

Quand nous revenons à notre époque, il tombe quelques gouttes qui ne persistent pas. Nous rentrons tranquillement, fatigue et vent de face faisant leur œuvre. La petite collation à l’arrivée est méritée et appréciée, avec les dernières parts de la tarte aux abricots.

Bonne nouvelle : mon téléphone fonctionne enfin. Je paie mon dû à Stéphane, puis il est plus que temps de partir vers chez Philippe et Marie pour fêter Corentin. En revanche, c’est un moment un peu difficile, car nous n’avons pas du tout le goût de nous quitter… Il faudra revenir.

En passant au centre-ville de Rueil-Malmaison, je passe à la concession cellulaire pour remercier le préposé qui m’a bien aidé. Je monte ensuite vers la maison de Philippe et Marie où j’arrive en même temps que la pluie, qui sera forte toute la soirée.

C’est l’anniversaire de Corentin, qui a 17 ans aujourd’hui. C’est une fête toute simple, très agréable, en famille autour d’un excellent repas. En soirée, nous échangeons entre adultes, nous mettant un peu à jour sur nos vies. 

Comme Corentin partira demain à 5 h 30 afin de rencontrer un bon ami à Montauban, nous nous séparons vers 23 h. J’ai quand même le privilège d’entendre quelques notes de guitare classique de sa part. Avant de dormir, c’est bon, et pas seulement pour les oreilles.

km jour : 45,7
km total : 112
départ / arrivée : s/o
temps déplacement : 3 : 30
vitesse moyenne : 13,1
vitesse maximale : 41