Sankt Goar

Château sur le Rhin

Mardi > Sankt Goar, 120 km
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Comme espéré, la nuit a été bien calme, avec simplement le bruit de quelques véhicules passant à proximité. Je me lève vers 7 h sous un ciel radieux et dans une tente sèche, je pars vers 8 h après de petits bricolages bien simples.

Première étape : il faut, loin du Rhin, traverser une zone industrielle assez impressionnante. En approchant de Bonn, ce sont plutôt des quartiers résidentiels. C’est donc assez long avant de retrouver le Rhin, non sans avoir traversé le centre-ville avec ses édifices anciens et magnifiques ; il y a aussi plusieurs bâtiments officiels, puisque c’est le siège du gouvernement.

Je retrouve le Rhin, mais le ciel se voile. Comme l’essentiel du trajet se fait sur les berges, j’ai assez peu besoin de mes algorithmes, sauf lors de complexes traversées de villes. Il y a beaucoup de vélos et beaucoup de cyclotouristes sur ce parcours renommé – j’en vois quatre fois plus chaque heure que dans tout le début du voyage.

L’endroit est magnifique. Un peu après Bonn, le Rhin coule dans une vallée étroite qui finit par s’élargir. Tout ce qui est plat est utilisé. De temps à autre, un château, restauré ou en ruines, domine les lieux ; régulièrement, des bâtiments anciens attirent l’œil et l’objectif.

En mi-journée, je traverse Koblenz (Coblence) et la Moselle, important affluent du Rhin. Encore une fois, c’est splendide, et le soleil brille à nouveau de tous ses rayons. Il y a quelques ponts – depuis Bonn, ce n’étaient que des traversiers. La ville a aussi un troisième lien bien de son temps et très utilisé entre la vielle ville et une forteresse située sur l’autre rive : un téléphérique. Ça marche.

Maintenant, la vallée est plus encaissée et les châteaux plus nombreux. C’est vraiment beau, surtout que je roule sur la rive ouest avec le soleil dans le dos pour tout illuminer.

Je fais le plein d’eau à une fontaine publique d’eau de source – ça fait changement de mon eau de Cologne, version robinet. Une plaque indique que l’eau est potable, mais je dois me fier plus à mon intuition qu’à ma compréhension de l’allemand. Un groupe de sympathiques cyclistes de vitesse vient faire le plein de ses bouteilles, confirmant mon intuition. Conversation agréable.

Le jour baisse, et il n’est pas du tout évident de trouver un emplacement pour ma tente. Les quelques espaces plats sont en pleine vue ou inaccessibles.

Peu après 20 h, un élargissement de la route, et de l’autre côté de la glissière de sécurité, une zone plane un peu en retrait. Elle est parfaitement visible à partir de la piste cyclable, mais de nuit les voitures n’en verront rien. Il y aura du bruit, car en plus de la route les trains passent tout près.

Je m’adapte à ce site : je cuisine, je fais la vaisselle et je contacte Julia, pour ne monter la tente qu’au moment où la nuit tombe. Je me couche après l’écriture du journal, espérant que le bruit ne me dérange pas trop – enfin, celui des transports car quand tout est calme j’entends le murmure du Rhin. Ça, j’aime.

km jour : 121,6
km total : 1050
départ / arrivée : 7 h 50 / 20 h 00
temps déplacement : 8 : 05
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 35

Cologne

Frontière – bienvenue en Allemagne

Lundi > Cologne, 140 km
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Cette nuit, il n’y pas eu que le bruit des éoliennes : quelques bonnes averses sont venues rythmer le sommeil. Évidemment, la tente est trempée quand je me lève vers 6 h, sous un ciel bien dégagé. Je fais mon possible pour me préparer lentement, la tente est toujours trempée quand je la range. 

En quelques minutes, je rejoins le Canal Albert, facile à pédaler, rapide avec le vent de dos et toujours bien joli. Je le quitte après une bonne dizaine de kilomètres pour prendre un pont vers Maastricht.

Tiens ! Ce n’est plus la Belgique. J’aurais pu ne pas m’apercevoir que j’avais changé de pays : la langue reste à peu près incompréhensible pour moi, les infrastructures vélo sont les mêmes, et le paysage similaire – la ville est vraiment belle. Il reste un indice assez utile : le « B » sur les plaques des voitures est remplacé par un « NL » ; tout à l’heure, en Allemagne, ce sera un « D ». 

Après la traversée de Maastricht et du canal, je prends la N 278, la route qui me mènera en Allemagne dans quelques kilomètres. Elle commence par une solide montée – les Pays-Bas sont ici mal nommés. En haut, un banc : après 25 kilomètres, il est grand temps de déjeuner.

La traversée du pays est vraiment agréable, avec ses villages, ses vallons et ses jolis paysages. Je fais mes courses à l’épicerie, et au bout du stationnement il y a un panneau indiquant la frontière. C’est la première que je vois.

J’entre donc en Allemagne par Aachen (Aix-la-Chapelle). Plus la journée avance, plus les nuages sont présents, mais pas inquiétants pour le moment. Aujourd’hui, l’algorithme est en forme et me guide bien. Un moment, il m’envoie sur des chemins de gravier bien acceptables ; plus loin, c’est une belle piste cyclable implantée sur une ancienne voie ferrée. J’y croise un famille allemande en petit voyage à vélo – une première pour les deux enfants – puis un couple de cyclotouristes hollandais que je peux guider vers la piste. 

Petit « ding » de mont téléphone : c’est Julia qui vient aux nouvelles. Quelques instants plus tard, nous nous parlons de vive voix, un bonheur après toutes ces années. Elle comme moi avons bien hâte aux retrouvailles prochaines.

À l’approche de Cologne, ça roule vite et bien, mais les averses rôdent en compagnie de bonnes rafales. Finalement, j’échappe à nouveau à la pluie et je retrouve le majestueux Rhin après près de 130 kilomètres. Je ne joue pas les touristes : j’ai ma réserve d’eau, prise à une station service, mais il est 19 h 30 et je n’ai pas encore de site de camping. 

Je longe un temps le fleuve, c’est un peu encombré mais magnifique avec un fugace arc-en-ciel. Le trajet proposé quitte la berge et traverse une forêt. C’est ma chance. Un chemin de coupe de bois abimé par des tracteurs me mène à un site parfait, sauf pour le bruit des voitures à proximité.

Je me dépose rapidement, fais sécher ma tente en cuisinant, et une heure plus tard j’y suis bien installé pour écrire puis, sûrement, bien dormir après cette bonne journée.

km jour : 138,1
km total : 928
départ / arrivée : 7 h 20 / 20 h 20
temps déplacement : 8 : 50
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 39 

Genk

Près de Rumigny

Dimanche > Genk, 110 km
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C’était prévisible : la nuit a été excellente, dans un grand confort un peu différent du grand confort de ma tente. Je me lève un peu avant 8 h pour profiter de la douche adjacente à ma chambre, je me prépare et je salue Martine au moment de quitter. Je suis donc chez Bianca à l’heure dite. Nous passons à nouveau de bons moments ensemble, et à 10 h je suis prêt à prendre la route.  

Petit bonheur supplémentaire : Bianca décide de m’accompagner pour les premiers kilomètres. C’est agréable, mais aussi utile puisqu’elle me guide jusqu’à la sortie de la ville. Là, salutations…

La transition est très marquée : de l’autre côté de l’affiche, c’est immédiatement la forêt. Ces kilomètres sont très agréables, et la première ville rencontrée l’est aussi : à Tervuren, le trajet longe une série d’étangs bien jolis et bien fréquentés tant par des humains que par de la faune.

Par la suite, c’est le scénario habituel de la Belgique : des villages rapprochés, des bandes cyclables partout, un relief doux… Aujourd’hui, petit ajout : les cyclistes du dimanche sont de sortie. Ils sont souvent en peloton, roulent très vite – contrairement à moi – et portent très souvent de maillots et cuissards identiques, aux couleurs de leurs clubs. À la vitesse où ils arrivent, il me faut quand même rester vigilant. Je garde aussi  un œil sur les sombres nuages qui s’avancent : où passeront les averses ? Pour le moment, elles m’évitent.

En chemin, je frôle la ville de Leuwen (Louvain), bien connue. Plus loin, j’arrive au village de Geetbets alors que la rue principale est fermée. Un préposé m’informe que je peux passer quand même. En chemin, des gens sont assis le long de la route. Je croise ce que tous attendent – non, ce n’était pas moi – : des coureurs cyclistes en groupes compacts, suivis par des ambulances. Sans le savoir, je suis tombé dans une sorte de Tour de France local. Ça roule très vite ! 

Je poursuis ma route. En fin d’après-midi, j’atteins Hasselt, une agglomération plus importante. Jusqu’ici, mon algorithme avait été bien sage, mais il me conduit vers une abrupte butte sablonneuse. Ce n’est pas pour moi, je reviens sur mes pas pour prendre un détour bien plus confortable. Je roule pour plusieurs kilomètres le long du canal Albert, avec ses écluses monumentales. C’est très bien, mais je n’ai plus beaucoup d’eau et il m’en faudra pour la soirée et demain matin. 

Soudain, une barrière : de grosses industries occupent la berge. Malgré l’avis de mon algorithme, il me faut prendre une autre route. Je passe devant une station service fermée, mais une porte est ouverte : il y a une toilette, de l’eau et une douche au bénéfice des conducteurs de poids lourds. Je m’informe : je pourrais facilement me servir de la douche. Intéressant, mais pas pour ce soir : des nuages gris s’avancent à nouveau, il me faudra planter ma tente bientôt. 

Je réussis tant bien que mal à rejoindre la berge du canal, mais c’est un cul-de-sac : je traverse des installation de transbordement de sables variés, et c’est fermé par une clôture. Je tente d’en sortir, un premier chemin est bloqué aussi, j’en tente un deuxième qui semble bon. Il traverse une zone de broussailles semée d’éoliennes, j’y trouve un emplacement potable pour ma tente.

Je la monte en vitesse, j’y entre mon matériel alors que tombent des premières gouttes. Il vente fort, je cuisine dans le vestibule de la tente – c’est prévu pour ça – mais finalement la pluie passe et les nuages se dissipent. Il me  reste simplement à écrire un peu et à dormir, bercé par le bruit des pales des éoliennes.

Ixelles

Avec Bianca

Samedi >  Ixelles (Bruxelles), 50 km
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C’était une excellente nuit : je m’étais couché tôt, il est plus de 7 h quand je me lève. Moins d’une heure plus tard, je suis sur mes roues pour une journée grise, ni chaude ni froide. 

Le trajet jusqu’à l’entrée de Bruxelles est assez facile : un de mes algorithmes fonctionne hors ligne – l’autre est inutilisable – et me guide de ville en ville, me faisant traverser Erpe, Alost ou Asse, des lieux que je ne connaissais en aucune façon.

L’entrée en ville est progressive. Je reste connecté à mon algorithme qui me guide bien dans ce labyrinthe. Je traverse des quartiers très animés, diversifiés, la vigilance est de mise à chaque instant dans la circulation souvent dense.

En approchant de Ixelles, j’échange quelques mots avec Thomas, qui prend une pause du midi. Mon algorithme ne connaît pas l’adresse exacte vers laquelle je me dirige, alors Thomas, qui n’a pas de téléphone sur lui, intercepte trois jeunes qui me trouvent l’adresse. Il me suffit de photographier l’écran et de bien interpréter la photo en me déplaçant. Pas simple, mais à 13 h je suis devant la porte.

Bianca et moi nous retrouvons avec grande joie – ça faisait sept ans, quand même -, nous laissons le vélo au sous-sol et remontons au troisième étage. Son appartement est tout petit mais bien organisé et très agréable : elle y vit depuis longtemps parce qu’il lui convient.

Après la douche, la remise en fonction de mon téléphone – un problème de configuration – et un excellent repas, tout simple, les conversations vont bon train, émaillées des compositions de mon hôtesse, excellente musicienne. 

Nous partons marcher vers une boutique d’informatique à la recherche d’un bidule qui pourrait être utile à Bianca. Il tombe quelques gouttes des gros nuages noirs qui survolent la ville, mais sans conséquences. Peu après notre retour, c’est le déluge pendant quelques heures. Parfois, c’est plus facile de ne pas être sous la tente.

Le repas est tout aussi simple et délicieux que celui de ce midi. Par la suite, ce sont la guitare et la musique qui nous rassemblent. Nous reprenons ensemble L’Amour qui bat, chant d’Imaginart, comme si c’était hier que nous l’avions chanté. C’est un bonheur qui prélude à plusieurs autres. 

Ce soir, je vais dormir chez Martine, la maman de Bianca, rentrée aujourd’hui même d’un séjour de quatre mois en France. Le logement est moderne, vaste, confortable, et l’accueil très chaleureux. En revanche, nous ne veillons pas tard ensemble : j’ai le temps d’écrire. 

Le ciel se dégage, la nuit sera bien bonne avant un nouveau départ.

km jour : 52,1
km total : 681
départ / arrivée : 7 h 50 / 13 h 00
temps déplacement : 3 : 26
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 31

Oombergen

Partout, des pistes cyclables !

Vendredi > Oombergen, 70 km
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La nuit a été bruyante et fraîche, le petit matin l’est aussi, avec pas mal de nuages. Comme prévu. Levé vers 6 h 30, je prends la route une heure plus tard, comme d’habitude.

Aujourd’hui, je ne suis pas pressé : je n’ai que 130 kilomètres à parcourir d’ici demain midi. Je roule sur une route principale, mais les bandes cyclables rendent le trajet facile et assez confortable, selon l’état – variable –  de la chaussée. J’arrête tranquillement déjeuner près de la jolie église de Guleveld. 

Un peu plus loin, je rattrape un couple de cyclotouristes de toute évidence expérimentés – leur matériel, bien organisé, a visiblement bourlingué. Paul et Greit, belges flamands, font une petite escapade d’une dizaine de jours, mais par trois fois ils sont partis pour des années complètes, deux fois en Asie, une fois en Afrique. Je suis jaloux ! Comme mon téléphone reste hors connexion, ils me donnent l’adresse de l’auberge de jeunesse de Bruxelles, un plan « B » utile si je ne trouve pas de site pour la tente.

J’entre bientôt dans Menen, et je roule en ville pour environ deux heures. C’est avec joie que je retrouve la campagne, un territoire plus approprié pour mon vélo. L’église Sin-Pietersbandenkerk, à Bevere, est ouverte, alors je prends quelques minutes pour la visiter avant de manger juste à côté. Un peu plus loin, je m’installe à côté d’une autre église pour écrire et recharger mon téléphone, mais quelques gouttes de pluie me remettent en route.

Je suis à peu près dans la région où je pensais m’arrêter pour la nuit, mais il reste de petites formalités : faire une petite pause épicerie, remplir mes bouteilles d’eau – un cycliste se  préparant à pédaler le fait très gentiment – et trouver un site de camping.

Vers 15 h 30, il y a un petit chemin dans le maïs vers un petit bois, avec un emplacement vraiment confortable. Ce sera ici, je suis déjà au sud de Gand et à l’ouest de Alost. Je fais un ménage dans les envahissantes ronces, je monte la tente en vitesse, car il tombe encore quelques gouttes, et je m’y installe. J’entends surtout le fort vent, remplacé plus tard par le murmure de la route.

C’est le temps d’écrire, de faire une sieste, de cuisiner pour vrai, d’écrire encore en tout confort bien calé dans ma chaise compacte. Vers 20 h, je suis à jour. Pour finir la journée, je regarde le film Une vérité qui dérange, puisqu’il est sur mon ordinateur. Un rappel toujours pertinent. À 22 h, je suis prêt pour une excellente nuit.

km jour : 70,0
km total : 629
départ / arrivée : 7 h 40 / 15 h 25
temps déplacement : 4 : 33
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 34

Beselare

Avec Patrick, Catherine, Inès et Arthur

Jeudi > Beselare (Ypres), 60 km
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Le programme de la journée a changé : je devais quitter ce matin, je ne prévois plus partir qu’en fin d’après-midi. Je me lève quand même tôt, histoire de passer un peu de temps avec Patrick puis Catherine.  Bien sûr, nous ne restons pas à la maison : Catherine, les enfants et moi prenons la route pour Lille.

Nous y avons rendez-vous dans un resto avec Dominique, sœur de Catherine, son mari Yannick et leur fils Timoté, qui avait choisi un abattement ici pour y poursuivre ses études. J’avais croisé Dominique quelques fois à Montréal, mais la famille avait vécu plusieurs année à Tahiti, pays d’origine de Yannick. Tous sont sympathiques et pleins de projets, c’est donc une autre très agréable rencontre, et une nouvelle étape à ne pas manquer pour un prochain voyage.

Nous retrouvons Patrick à la maison vers 15 h, c’est donc  peu après 16 h que je prends la route, le cœur un peu gros, plein de gratitude. Quelle chance d’avoir de pareils amis !

Je roule vers la Belgique sur de tout petits chemins, vent de dos, en suivant un algorithme. Il fait beau, tout va bien. Je franchis la frontière sans m’en apercevoir, mais certain signes ne trompent pas : le « B » sur les plaques, les bandes cyclables omniprésentes et un message de mon fournisseur de cellulaire me souhaitant la bienvenue dans un nouveau pays.  Malheureusement, il y a un autre effet : le réseau cellulaire ne se connecte pas. En conséquence, les algorithmes me laissent tomber, je n’ai plus accès aux cartes et aux trajets !  Prudent, j’ai quand même une carte papier qui couvre toute la France et une partie de la Belgique. Ce n’est pas détaillé, mais ça donne une direction approximative.

Je suis donc les indications vers Poperinge puis Ypres. La campagne est très habitée. Je traverse plusieurs villages, toujours sur bande cyclable. Dans l’un d’eux, un groupe compact de jeunes cyclistes, des scouts en camp mobile, suivi par deux marcheurs – un scout a fait une chute à vélo.

Malgré un ciel désormais gris, la ville d’Ypres est superbe. En  prime, il y a un bureau d’information touristique, fermé à cette heure tardive, mais offrant une connexion Internet ouverte : donc, retour des cartes !

Sur l’itinéraire, il y a une porte ancienne, fermée par des barrières, et envahie par une foule dense. Les barrières s’ouvrent juste au moment où j’arrive, je marche à contresens de la foule. Un chef de chœur m’explique : en mémoire de la guerre 1914-1918, il vient d’y avoir un moment de silence et quelques chants. D’ailleurs, la région a été martyrisée à cette époque, les traces, les souvenirs et les cimetières restent nombreux.

Je sors de la ville. La soirée avance, je ne trouve pas où planter ma tente. Vers 21 h 30, près d’une bruyante sortie d’autoroute, un petit sentier discret offre l’espace minimum requis. Il faut couper quelques ronces, histoire de protéger tente et campeur, manger en vitesse, il est déjà temps de dormir… tant bien que mal.

km jour : 60,7
km total : 55
départ / arrivée : 16 h 10 / 21 h 30.
temps déplacement : 3 : 34 
vitesse moyenne : 17,0 
vitesse maximale : 41

Ledringhem 2

Inès et Arthur à Bergues

Mercredi – Ledringhem
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Ce matin, je me lève à temps pour voir Patrick avant son départ pour le travail, puis je mange avec Catherine. Les enfants dorment, bien sûr. Après quelques tentatives infructueuses pour communiquer avec notre ami Francis, nous prenons la route vers Hazebrouck.

En arrivant à la maison de santé, nous pouvons sans difficulté monter à sa chambre. Nous sommes heureux de nous retrouver, mais il est de plus en plus handicapé, ne pouvant plus marcher. Il est calme, souriant, avec une conversation plus intéressante que sa vie trop confinée.

En cours de route, nous avons la visite de Pierre et Éliane, qui l’aident régulièrement. Nous passons une bonne heure ensemble avant que Catherine et moi revenions vers la maison.

Patrick se joint à nous pour le repas du midi, puis retourne au travail.

De notre côté, nous repartons pour Bergues, cité fortifiée. Nous y arrivons juste à temps pour la visite guidée de la ville et des fortifications. C’est très intéressant et assez spectaculaire ; ces hauts murs militarisés étaient plutôt utiles, la ville ayant subi trente sièges en un seul siècle !

Nous gravissons ensuite le beffroi, qui est aussi un musée. L’escalier en colimaçon est un peu acrobatique, nous profitons des salles de chaque étage pour apprendre et prendre des pauses.

Nous arrivons au sommet juste à temps pour que le carillon sonne de toute sa force. C’est très fort même avec les oreilles bouchées. Heureusement, la vue sur la ville et le panorama est vraiment à la hauteur, tout comme le vent. Nous en profitons bien.

De retour au sol, nous achetons un pain au chocolat comme collation et nous passons devant le collège fréquenté par Inès et Arthur avant de rentrer à la maison. Belle balade.

Inès et moi nous mettons ensuite au travail, elle à la flûte et moi à la guitare. Nous attendions le moment propice pour faire de la musique ensemble. Nous choisissons L’Oiseau et l’enfant puisque j’ai une partition pour nos deux instruments. Comme l’arrangement n’est pas simple, c’est du travail, mais fait dans la bonne humeur.

Bien sûr, nous mangeons en famille quand tous sont prêts – c’est comme toujours délicieux – puis nous nous installons pour chanter ensemble. C’est évidemment la pièce préparée avec Inès qui inaugure le programme, puis nous nous promenons dans un répertoire plutôt éclectique jusqu’à ce qu’il soit temps de dormir.

Ce soir, pas de journal, il est préférable de se coucher afin de bien profiter des prochaines journées

Ledringhem

À Ledringhem avec Frédéric

Mardi > Ledringhem, 55 km
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Bonne nuit, lever calme vers 8 h 30, petit déjeuner en commun. Frédéric a décidé de m’accompagner à vélo jusqu’à Ledringhem, ce qui lui fera une petite journée de 120 kilomètres. De mon côté, je profite d’un guide aguerri et de très agréable compagnie.

Nous roulons sur des routes plutôt tranquilles qu’il connaît bien, il fait beau et pas trop chaud – il y a canicule plus au sud – et nous bénéficions du terrain relativement plat avec vent de dos. 

Nous contournons Bethune et nous prenons la piste du canal de l’Aire pour quelques kilomètres. Nous nous dirigeons vers Cassel, joli village déjà occupé à l’époque romaine, mais ne nous approchons pas trop car il est situé sur une colline abrupte.

Dans un virage, une intersection, une voiture ne fait pas son arrêt obligatoire et passe à un cheveu de faucher Frédéric. Ouch ! Finalement, il est sauf mais un peu ébranlé. Le vélo n’est pas très dangereux, mais la cohabitation avec les voitures n’est pas toujours saine.

Nous arrivons à Ledringhem vers 14 h 15. Près de l’église, il y a un robinet pour refaire le plein d’eau. Frédéric doit refaire le trajet en sens inverse, alors il ne traîne pas trop. Quel agréable compagnon ! Il est encore tôt. Tout près, il y a un parc, de grands arbres et une table pour confortablement mettre à jour le journal. 

Vers 16 h, je reprends le vélo pour quelques instants et arriver chez mes amis. Inès, 14 ans et demie (heureuse d’être plus grande que sa mère), et Arthur, 13 ans, sont là comme prévu, mais il y a aussi Jean-Marie et Andrée, parents de Catherine, qui restent en excellente forme alors qu’ils approchent des 90 ans. Quel plaisir de se retrouver !

Peu après, Catherine revient, nous prenons une excellente collation – bravo pour le gâteau, Arthur – et Inès entreprend auprès de son grand-père une solide formation sur les diverses fonctions des téléphones cellulaires.

Un peu avant le retour de Patrick, les parents de Catherine quittent pour se reposer. Même si c’est trop rare, c’est toujours un plaisir de se voir.

Conversations et préparatifs nous mènent jusqu’à un excellent repas. Nous nous interrompons entre le plat principal et le dessert pour une longue conversation vidéo avec notre amie Suzanne, qui vit maintenant au nord du Portugal. Entre kiwis, Espagne et coucher de soleil, les bons souvenirs s’invitent en nombre.

Après le délicieux dessert, nous nous préparons pour la nuit. Je mets à jour le blogue, mes amis se couchent et tous sont dans la joie d’une belle rencontre.

km jour : 54,9
km total : 498
départ / arrivée : 10 h 45 / 14 h 15
temps déplacement : 3 : 03
vitesse moyenne : 18,0
vitesse maximale : 43

Calonne-Ricouart

Un précieux morceau de brique

Lundi > Calonne-Ricouart (Bethune), 80 km
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Matin de départs… Nous nous levons assez tôt et nous nous préparons. Pierre et Charlie sont les premiers à quitter, l’un pour le travail, l’autre pour passer quelques jours avec les grands-parents.

Peu après, nous partons à trois : Amélie pour son travail, Layal pour son camp scout et moi pour la suite du voyage. Nous déposons Layal chez sa copine Jeanne, et nous devons nous dire « au-revoir », espérant que ce soit pour bientôt.

Je suis attendu demain soir à Ledringhem. Ce n’est pas très loin, alors je décide d’aller tranquillement vers la Mer du Nord, sans pression.

Je passe d’abord par le mémorial de Vimy, haut lieu de courage et de folie humaine lors de la guerre de 1914-1918. Là, les soldats canadiens se sont illustrés, mais pour beaucoup au prix de leurs jeunes vies. Ici, 18,283 vies. Beau, triste…

Plus loin, ce sont les terris, pyramides de résidus miniers – le charbon dominait la vie de la région – maintenant classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Souvenirs : nous en avions escaladé avec les enfants il y a quelques années.

L’algorithme du jour me mène vers Bethune par des routes parfois faciles, parfois passantes. En avant-midi, le dérailleur avant de mon vélo décide de refuser de guider la chaîne sur le grand plateau. Le câble a probablement glissé, je verrai à ça ce midi.

En sortant de Bethune, je longe le canal de l’Aire, bon endroit pour manger et pour vérifier le vélo. Pour manger, ça va bien ; pour le vélo, c’est autre chose : l’écrou qui retient le câble n’a plus ses filets, la vis tourne dans le vide. Évidemment, je n’ai pas les pièces requises pour réparer.

Sabine, Bernard et Pascal passent par là à vélo. Nous regardons le problème ensemble, il est souhaitable de bloquer le dérailleur sur le plateau intermédiaire, c’est finalement Bernard qui revient avec un morceau de brique de la bonne dimension. Je le fixe avec du ruban adhésif, c’est parfait pour me rendre à Bethune pour une réparation plus permanente.

Je me dirige vers la grande surface de plein air, et Florentin, le mécano, me suggère une boutique plus spécialisée pour les pièces haut de gamme de mon vélo. Je repars sur deux roues.

Une petite voiture noire s’arrête. Frédéric, le conducteur, avait entendu la conversation à l’autre commerce et s’offre pour me guider sur un trajet pas si simple. Offre acceptée. Alors que mon vélo est pris en charge par Théodore le mécano, je discute un peu avec le très sympathique Frédéric. Après quelques instant, c’est conclu : je suis invité chez lui pour la nuit. 

Pendant ce temps, la réparation se poursuit. Théodore doit trouver les bonnes pièces et tout remonter dans le bon ordre, réajuster les vitesses. Au total, il bricole pendant une bonne heure, mais c’est un succès : mes vitesses passent même bien mieux qu’avant.

Je me rends chez Frédéric, guidé par un algorithme qui a des idées assez particulières de ce qu’est un itinéraire cyclable. Je suis à destination peu après 19 h pour rentrer mon vélo au garage avec les autres vélos. Mes hôtes ont environ mon âge mais sont retraités. Je rencontre son épouse Pascale, et nous faisons plus ample connaissance.

Femme sensible et cultivée, elle a enseigné l’anglais et transformé des vies par son engagement auprès de ses élèves ; toute jeune, elle a couvert les jeux olympiques de 1976, à Montréal, offrant bénévolement ses service à l’hebdo local – elle a gardé les textes.

Lui a été ouvrier spécialisé, mais surtout cycliste de haut niveau, côtoyant à l’époque de futurs champions. Il est toujours passionné et pédale environ 15,000 kilomètres par an, en partie avec un club.

Tant autour de la table qu’au salon, les sujets de conversation ne manquent pas. En soirée, nous réussissons – après quelques essais infructueux – un appel vidéo avec leur fille Marie qui voyage à vélo avec Lili, une copine. C’est bien rigolo.

Et, bien sûr, j’ai droit à une confortable chambre à l’étage, avec un peu de temps pour lire les reportages de Pascale, mais pas pour écrire le journal. Ce sera pour une autre fois, il y a des priorités dans la vie.

km jour : 78,1
km total : 443
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 10
temps déplacement : 5 : 24
vitesse moyenne : 14,5
vitesse maximale : 46

Arras 3

Charlie et Pierre

Dimanche > Arras, 8 km
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Cette nuit, plus aucune douleur à l’épaule, et j’ai fermé les volets de manière à avoir un peu plus d’air et de lumière : le lever est donc normal. Ce matin, au petit déjeuner, il y a un lampion sur la table, en souvenir de Guillaume qui est décédé il y a trois ans aujourd’hui. 

J’ai un peu de temps libre, je décide de m’attaquer à un petit problème : comme j’ai un nouvel ordinateur, je ne sais pas bien comment mettre en ligne mon journal, et particulièrement les photos. Ce n’est pas simple au départ, mais j’en viens à bout. Je réussis donc à compléter le blogue, incluant la journée d’hier. Bien.

Un appel nous donne des nouvelles de Josik : leur camp scout a été frappé par la grêle, les tentes sont écrasées, transpercées, détruites, tout va bien et le camp continue…

Au midi, malgré une météo incertaine, nous partons piqueniquer à vélo. En chemin, nous retrouvons Thomas, Céline, Prunille et Layal, et nous nous rendons en quelques minutes au Jardin du Val de Scarpe.

Nous nous installons sous un grand saule dans lequel Layal tente sans succès de grimper, et c’est bien agréable de manger entre amis. Pierre a transporté un jeu un peu semblable à une pétanque sur planche, le temps passe vite. 

Un peu plus tard, nous nous rendons sur la Place des Héros, au pied du beffroi d’Arras. Tout avait été rasé lors de la guerre de 1914-1918, tout a été reconstruit, et c’est un endroit très agréable maintenant qu’il n’est plus accessible aux voitures. Nous y dégustons une excellente crème glacée – ah oui, ici, on dit une glace – avant de rentrer. Il faut déjà saluer Thomas, Céline et Prunille.

Demain sera jour de départs : je reprendrai la route, Layal partira pour deux semaines en camp scout et Charlie pour quelques jours chez des grands-parents. Pierre et Amélie auront donc un peu de temps juste à eux deux, ce qui est vraiment précieux.

En attendant, la soirée est occupée à préparer les départs des jeunes, mais aussi par de beaux temps en commun. Charlie choisit que je lui chante une berceuse, et en demande une deuxième. Après ces belles journées en famille, les souvenirs seront doux… et le sommeil aussi.

km jour : 7,7
km total : 365
départ / arrivée : s/o
temps déplacement : 0 : 41
vitesse moyenne : 11,4
vitesse maximale : 20