Les Hauts-Geneveys

Au-dessus de Neuchâtel

Mardi > Les Hauts-Geneveys, 50 km
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Nuit venteuse, un peu de pluie à partir de 5 h, mais rien de bien grave. Je me lève vers 9 h 15, alors que la météo prévoit de la pluie pour les prochaines heures. Comme ma tente est presque sèche, je la range en vitesse et installe mon vélo à l’abri près du bloc sanitaire. 

Bien sûr, il y a pas mal de va-et-vient. Un garçon d’environ 10 ans entame la conversation. Peu après, ce sont la maman et le papa qui viennent. Nadia et Cédric, les parents de Louka, sont gendarmes près de Berne. Une autre belle rencontre.

La pluie annoncée se matérialise seulement par de petites ondées éparses. Vers 12 h, je prends la route vers Neuchâtel. Après un petit bout près du lac, la route le suit de plus ou moins proche. Avec le solide vent de dos, ça avance bien. Ce qui semblait être une petite averse, mais s’est avéré être une bonne ondée, me fait prendre une pause à Saint-Aubin avant de poursuivre ma route sous un ciel bien gris.

En approchant de Neuchâtel, les averses se raréfient et le soleil devient plus présent. En revanche, c’est aussi le temps de quitter le lac, et donc de monter… bien lentement. Une section dans les vignes est bien jolie, et un marcheur au pas paisible s’avère être plus rapide que moi.

Ensuite, au gré d’un algorithme fantaisiste, je monte vers les villages. Quand j’ai le vent de dos, ça va ; quand je l’ai de côté, c’est très instable ; quand je l’ai de face, je n’avance presque plus ; quand je regarde le ciel, je suis incertain, comme lui. Heureusement, les averses semblent terminées pour aujourd’hui.

À 19 h, je monte encore sur une route très passante. Sur ma gauche, une zone plane creusée dans la montagne, bien abritée du vent, fermée par une barrière que je contourne. Ce sera mon camping pour ce soir. Défi : impossible de planter un piquet dans ce sol rocheux et instable. Solution : comme ma tente n’a vraiment besoin que d’un seul ancrage, ce sera le vélo qui s’en chargera.

Souper, vaisselle, journal, à 21 h c’est complété. Il me reste à dormir, bercé par le bruit de la circulation et des feux d’artifice – bonne fête nationale, amis suisses !

km jour : 48,3
km total : 2063
départ / arrivée : 12 h 10 / 19 h 10
temps déplacement : 4: 08
vitesse moyenne : 11,7 
vitesse maximale : 44

Grandson

Le lac Léman près de Montreux

Lundi > Grandson (Yverdon), 90 km
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Bien calme, la nuit n’a pas été que froide, elle a aussi été humide : mon double toit est trempé et la tente a reçu la visqueuse visite de quelques limaces. Qu’est-ce qui les attire ? Énigme…

À 7 h 20, je suis parti, à 7 h 25 je mange en admirant un sublime panorama que le soleil illumine tranquillement.

Le début du trajet est facile et agréable : je longe le Rhône sur une piste bien pavée et bien horizontale, avant de le traverser par une passerelle qui aboutit dans un parc naturel.

La suite est plus urbaine, car c’est très habité de Montreux à Lausanne : de vignes en villages, je longe le lac Léman, magnifique par ce beau temps.

En arrivant à Lausanne, je prends une pause et j’appelle mon ami Renaud. Il est à Montauban, au chevet de son papa qui en est à ses derniers jours. Tout récemment arrivé de Houston, où il a travaillé ces dernières années, il a eu le temps de lui parler avant qu’il entre dans le coma d’où il ne sortira probablement plus. Sympathies. Évidemment, nous ne nous verrons pas cette année, mais nous sommes quand même toujours bien proches.

Peu après, il est temps de quitter le lac. Ça monte, monte et monte encore sous le chaud soleil du milieu de la journée. De plus, mes algorithmes sont en congé : j’ai utilisé presque toutes les données de mon forfait mensuel, je garde le petit reste en cas de réelle urgence, ce qui n’arrive évidemment pas. De toute façon, demain sera un nouveau mois, avec un nouveau bloc de données. En attendant, la navigation sur carte est bien moins précise en ville, mais je m’en sors à peu près comme prévu. 

Je suis sur un plateau vallonné et agricole, avec de jolis villages. Je profite d’un espace un peu discret pour bien sécher ma tente. Plus loin, je croise Antonio, cyclotouriste espagnol. Parti de Zurich, il se dirige vers la Catalogne, un joli trajet. La pause est bienvenue de part et d’autre, et vraiment agréable.

C’est pendant une longue et rapide descente que je passe le cap des 2000 kilomètres, précisément en entrant dans Essertines s/Yverdon.

En sortant de Yverdon, j’arrive à la gare de Grandson. Il y a un réseau Internet accessible pour les passants : je m’y connecte afin de confirmer la météo des prochains jours, particulièrement de demain. Ce sera moins pire que prévu : pluie en avant-midi et possibilité d’averses en après-midi. Je choisis quand même le camping organisé afin de pouvoir attendre la fin de la pluie avant de reprendre la route.

Je suis le seul sous tente ici, alors que les nombreuses roulottes ont visiblement pris racine depuis des années. Point très positif : les voitures ne circulent pas sur le site, mais sont garées de l’autre côté de la rue. C’est ainsi bien plus calme.

J’avais un petit bruit anormal sur mon vélo : je dois resserrer un boulon du porte-bagages arrière – le bruit aura été utile. Tout à côté de ma tente, on célèbre en avance la fête nationale qui aura lieu demain. Ça mange et ça rit bien, alors que j’écris tranquillement dans ma tente. Je passe ensuite à la douche, et la fête voisine se termine au moment où je déroule mon sac de couchage. Parfait, même si ça pétarade un peu partout dans les villages. Il est près de 23 h. Au moins, la grasse matinée est au programme pour demain matin.

km jour : 91,3
km total : 2014
départ / arrivée : 7 h 20 / 19 h 00
temps déplacement : 6 : 21
vitesse moyenne : 14,4 
vitesse maximale : 66
Hébergement : 31,50 €

Vouvry

Descente dans les vignes au-dessus de Conthey

Dimanche > Vouvry, 55 km
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Levés à la même heure qu’hier, ayant bien profité du calme des lieux, nous déjeunons à l’intérieur, puisque le brouillard et la pluie sont au rendez-vous ce matin. C’est toujours un bonheur de converser avec Fabien et Sylvie.

Je passe une bonne partie de l’avant-midi à mettre en ligne le journal de la dernière semaine, un travail qui se fait bien avec de l’électricité disponible, donc sans vider les batteries. Et ici, l’électricité est solaire.

Quand tout est terminé, nous passons à table sous un soleil éclatant puisque le beau temps est revenu. C’est le temps de charger le vélo et de reprendre la route, mais nous partons à trois pour un bon bout. C’est bien plus agréable.

Fabien et Sylvie me guident pour une descente prudente à travers les vignes. Celles-ci sont striées de chemins étroits et abrupts qui permettent de les parcourir en tout sens. C’est de toute beauté. Heureusement pour moi, nous descendons, car j’aurais été incapable de monter ces chemins abrupts avec la charge.

Ensuite, nous nous baladons dans la plaine, sans suivre les itinéraires habituels. C’est agréable et intéressant, puisque mes guides aiment et connaissent bien la région. Après environ 20 kilomètres, ils prennent le chemin du retour, facile avec le vent de dos et leurs vélos électriques, et nous nous saluons. C’est émouvant, nous aimerions nous voir bien plus régulièrement mais la vie en a décidé autrement. 

Je roule sur la digue du Rhône, bien pavée, avec un temps magnifique et un solide vent de face.  Je profite des paysages en avançant tranquillement vers le Lac Léman.

Je prends une pause à Saint-Maurice : comme c’est dimanche et que les épiceries sont fermées, j’achète un repas dans une boulangerie. Sabrina, qui me sert, est curieuse et sympathique, puis nous entamons la conversation avec Grégoire et Alexandra, deux clients attablés à la terrasse. Lui est aussi cyclotouriste et a parcouru l’Europe du Portugal aux pays scandinaves. Je visite brièvement l’abbaye Saint-Maurice, qui souligne ses 1500 ans de présence dans le milieu. C’est plus que respectable, et les lieux sont magnifiques.

Je continue à descendre le Rhône, et vers 19 h je choisis un emplacement en retrait de la piste cyclable, juste au bord du fleuve. J’ai le temps d’écrire le journal des deux derniers jours alors que la nuit tombe tranquillement en illuminant les montagnes en face de moi. Que c’est beau ! Vers 21 h, je monte la tente pour profiter d’une nuit bien dégagée et sûrement fraîche…

km jour : 55,4 
km total : 1923
départ / arrivée : 14 h 10 / 19 h 00
temps déplacement : 3 : 37
vitesse moyenne : 15,3 
vitesse maximale : 38

Erde 2

La route de Derborence

Samedi – Erde 2 (Derborence, Mayens de Sion, Saint-Maurice)
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Bon, c’est un peu redondant : la nuit a été excellente. Ce matin, il fait beau, mais selon la météo ça ne devrait pas durer, alors nous profitons d’un excellent petit  déjeuner à trois sur fond de montagnes mettant à l’honneur le miel des abeilles de la maison.

Fabien et moi nous préparons pour une première activité : les ruches ont besoin d’un traitement contre les acariens. Il faut préparer le matériel requis et se rendre en voiture à Derborence, une vallée située 700 m plus haut que la maison, qui est déjà à plus de 800 m d’altitude.

Le trajet est spectaculaire. La route est à peine de la largeur d’une voiture et est ponctuellement élargie pour permettre les croisements. Surtout, elle est creusée à même la falaise, un peu en balcon, avec un mur de pierre à droite, un précipice à gauche et quelques tunnels. Le tout a été construit avec des outils rudimentaires il y a plus d’un siècle et a besoin d’un entretien suivi puisque des pierres y tombent régulièrement. C’est trop beau !

Sur place, les abeilles profitent des fleurs locales et d’un paysage fabuleux, ainsi que des bon soins de Fabien. Nous nous mettons au travail : il faut ouvrir les ruches, envoyer un peu de fumée pour calmer les petites bêtes, préparer et installer un diffuseur pour l’acide, puis tout replacer soigneusement.

Ça va très bien pour les cinq premières ruches. Pour la sixième et dernière, les abeilles sont plus nerveuses et Fabien se ramasse quelques douloureuses piqûres. Ouch ! Ce n’est pas agréable, mais ça arrive parfois.

Le travail terminé, nous redescendons à la maison, en croisant sur la route pourtant minuscule le car postal, le gros autobus assurant le transport vers Derborence. Les conducteurs sont des as pour faire passer ces mastodontes sur un chemin si étroit et vertigineux.

Après la pause maison, nos repartons à trois vers la vallée. J’y achète une nouvelle cartouche de gaz pour le réchaud, puis nous prenons avec nous Claude, un ami invité au même endroit. Ensuite, nous montons vers les Mayens de Sion, un hameau presque aussi haut que Derborence, mais sur l’autre versant de la vallée. La route est en continuels lacets, c’est vraiment spectaculaire, mais nous profitons moins du paysage car la pluie s’est aussi invitée pour le reste de la journée.

Destination : le chalet Robinson, appartenant à notre ami François-Xavier et à son frère Bernard, qui nous attendent avec impatience et délices. Les deux sont maintenant assez âgés mais continuent à apprécier l’endroit et les visiteurs. D’autres invités viennent compléter l’équipe : Claudy et Marie-Josée, ainsi que Françoise. C’est François-Xavier qui a connu tous ces gens engagés dans le cadre de son ministère.

En plus de la rencontre, il y a un menu, dégusté sous la véranda à cause de la pluie : une raclette au fromage. C’est un véritable rituel : une meule de fromage, tenue par un support, est fondue en surface tout près d’un feu de bois, puis ce fromage chaud est gratté dans une assiette pour être dégusté avec du poivre, des cornichons et des petites patates. Délice !

François-Xavier est au feu, alors que Bernard fait la navette avec les assiettes. Bien sûr, il y a quelques accompagnements et bouteilles. Le tout se conclut avec une tarte aux abricots, dont je ne me lasse pas. Comme c’est un repas long et lent, nous avons tout le temps pour de très agréables conversations. Il faut quand même rester bien habillés, car c’est froid aussi sur la véranda.

L’après-midi a vite passé. Nous revenons à la maison sous la pluie, pour repartir un peu plus tard vers une nouvelle aventure. Nous nous rendons à Saint-Maurice, à environ 30 km, pour une soirée un peu étrange : Éloge funéraire est un spectacle d’improvisation théâtrale.

Les comédiens, excellents, fabriquent leurs personnages à partir des propositions du public – peut-être 40 personnes – puis les font évoluer dans un canevas très libre. En gros, des gens sont rassemblés à la suit d’un décès et mettent en scène divers épisodes de leur vie avec la défunte. C’est assez rigolo, mais pour les comédiens il s’agit d’un exercice de haute voltige.

Quand c’est terminé, il y a une pause, puis nous entrons dans le Café mortel, un échange avec l’ensemble des personnes présentes à propos du deuil et de la mort. C’est souvent intense et touchant, parfois un peu cabotin, mais bien intéressant. Vers la fin, Sylvie prend la parole avec sa sagesse et sa profondeur, j’ajoute un mot de mon cru, et l’animatrice conclut. Toute une expérience.

Il a bien plu pendant la soirée, nous apprécions de rentrer en voiture. La soirée se termine avec une collation – nous n’avions pas soupé, faute de place dans les estomacs. Dodo !

Erde (Sion)

Vendredi > Erde (Sion), 105 km
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Comme prévu, nuit très calme, plutôt froide, et ciel parfait ce matin. Après un courriel et quelques vérifications de trajet et de météo, je range et je suis sur la route avant 8 h 30.

Jusqu’à la vallée, c’est la suite de la descente, rapide, magnifique. Ensuite, les très jolis villages se succèdent. Ici, l’itinéraire vélo officiel est à éviter, car impraticable avec un vélo chargé.

De temps en temps, il y a de bonnes descentes, et de plus en plus de circulation qui se gère tant bien que mal. Il y a aussi des noms chargés de souvenirs de grands cols – Nufenen, Simplon -, des paysages époustouflants et l’incroyable habileté des constructeurs pour habiter les montagnes.

Parfois, il y a des montées sur lesquelles je suis un peu lent – séquelles d’hier, je suppose. Souvent, je me range de côté pour laisser passer des essaims de voitures. À une de ces pauses, je rencontre Max et Marion, de Berne, qui font un grand périple suisse sur deux roues.

Au moment de repartir, j’entends crier mon prénom : ce sont Rachel et Yannick, mes compagnons d’hier. C’est la joie de se revoir. Il ont dormi au col de Grimsel. À quelques seconde près, nous nous serions manqués. 

La route se poursuit, souvent difficile. Les descentes à haute vitesse avec des voitures qui nous suivent et nous frôlent, sans espace pour se retirer du centre de la route, se succèdent. Franchement, c’est presque irréel et assez stressant. Et ça semble encore pire pour ceux qui montent.

Ça se calme pour quelques kilomètres, alors que nous longeons calmement le Rhône, puis à Visp mes amis bifurquent pour monter vers Zermatt.

C’est la mi-journée. Comme annoncé, le ciel se couvre, il fait chaud. Je mange à Raron, au pied de la chapelle emblématique sur son promontoire qui domine le village. J’avance tranquillement sur une route un peu plus facile, mais avec un bon vent de face.

À Sierre, un garçon d’environ 8 ans m’interpelle – en français, je viens de franchir la frontière linguistique – : Axel a de la conversation, c’est bien agréable.

Quelques instants plus tard, à une fontaine, c’est toute une souriante famille cycliste qui est là : les parents Mattias et Sandra, avec Mathilda, 10 ans, Amandine, 8 ans, et Roméo, 5 ans. Si les grandes sont autonomes avec leurs sacoches sur leurs vélo, papa porte le petit dernier sur un siège et traîne une remorque, alors que maman a une montagne de bagages sur son vélo. Venus de Morges, ils font une « petite » sortie, considérant qu’ils ont exploré l’ouest de la France pendant trois mois l’an dernier. Impressionnant ! 

J’approche de Sion, toujours pas de nouvelles de mes amis. Lors d’une pause fontaine et fruits, message : ils n’avaient pas lu mon courriel puisqu’ils étaient en montagne. Un petit appel, tout s’arrange. Fabien m’offre de venir me chercher à Sion, et j’accepte : ils vivent 350 m plus haut, sur le flanc de la vallée.

Rendez-vous pris, Fabien et moi nous retrouvons avec grande joie : ça faisait sept ans ! C’est en voiture électrique, une Kia Niro toute neuve, qu’il vient me prendre, ce n’est pas une surprise étant donné leurs valeurs. La longue montée est donc facile, confortable et respectueuse de l’environnement.

Peu après, nous nous retrouvons à table avec Sylvie pour nous mettre à jour après trop d’années d’attente. En particulier, ils seront grands-parents dès octobre prochain, puisque Timothée et sa copine Léa attendent leur premier enfant ; Noémie et Rachel entament aussi leurs vies d’adultes avec tout leur cœur. La terrasse permet d’admirer les jeux du soleil sur les montagnes environnantes, et les conversations sont lumineuses : que demander de plus ?

Avant le dodo, Fabien me présente leur installation électrique : en combinant maison bien isolée, panneaux solaires et batteries de voitures électriques en seconde vie, mes amis sont autonomes à près de 90 % pour la consommation énergétique, malgré la présence de deux voitures électriques. Bravo !

J’écris un peu avant de tomber de sommeil. Bonne nuit en perspective !

km jour : 103,7 
km total : 1868
départ / arrivée : 8 h 25 / 17 h 50
temps déplacement : 6 : 00
vitesse moyenne : 17,3 
vitesse maximale : 56

Oberwald (Brüning et Grimsel)

Au sommet !

Jeudi >  Oberwald, 90 km
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Selon la météo, il fera beau aujourd’hui, sans risque significatif de pluie. C’est donc la meilleure journée pour franchir les cols vers le Valais. Comme j’ai pris du retard à cause de la pluie, je suis préparé en vue d’une grosse étape, pas tant en distance qu’en temps et en difficulté. 

Ça a bien commencé : je me suis réveillé avant même que mon alarme sonne. Comme elles se sont aussi levées tôt, j’ai pu saluer mes compagnes d’hier soir avant de prendre la route à 6 h 30 pile.

C’était froid cette nuit, 10° selon la météo, 12° dans la tente, qui est trempée de rosée. C’est donc bien habillé que je pars sur la véloroute, qui au début est souvent non pavée, à l’exception d’un étonnant passage sur la piste d’un aéroport. Je longe souvent la rivière, admirant les cygnes sur un lac artificiel.

Au début, c’est plutôt facile puisque les pentes sont douces et la circulation clairsemée. Pour cause, la route devient si étroite que les voitures ne peuvent s’y croiser. Cette section est un peu comme un escalier : une montée, un lac, un village, on recommence.

C’est vraiment beau. Toutefois, je me souviens de montées pratiquement impossibles avec un vélo chargé. Guidé par une dame qui me voyait perplexe devant ma carte, je réussis à en éviter une au prix d’un détour dans le gros trafic issu de l’autoroute – ça monte beaucoup, mais c’est viable.

Je n’échappe pas à une autre, vraiment difficile : en plus d’être mal pavé quand il l’est, ce joli chemin a des sections à 14 %, trop abruptes pour je puisse les rouler en continu. Ouf !

Je finis par rejoindre Brünigpass, un « petit » col, mais vraiment difficile. Pour descendre à Meiringen, j’aurais pu prendre la route des voitures avec son lourd trafic, je choisis la piste désignée. Le début de la descente est assez abrupt, mais bientôt il n’est plus pavé, m’obligeant à rester constamment sur les freins, à 10 km/h. Toute une descente !

À Meiringen, c’est l’heure de refaire mes réserves de nourriture, même si je suis en retard sur mon horaire idéal. Je croise un panneau annonçant le programme : ascension de 1650 m sur 30 km. Il est 12 h 40, il va falloir pousser sur les pédales… Heureusement, le temps s’améliore sans être trop chaud. Il reste que le défi est de taille.

C’est aussi et surtout un paysage magnifique qui se déploie à chaque tour de pédalier. Les murailles de pierre qui montent si haut, les cascades qui en dévalent, le torrent qui longe la route, la végétation qui change en fonction de l’altitude, le soleil qui est de plus en plus présent, c’est fabuleux.

En revanche, c’est très lent, souvent entre 4,5 et 6 km/h, des vitesses où il est difficile de garder l’équilibre, ce sont de plus en plus des routes en lacets vertigineux en montant.

Pire : il y a les très pénibles et stressants tunnels – deux d’entre eux proposent des détours vélo bienvenus -, et surtout il y a la circulation.

Il y a de tout – voitures, camions, autobus, engins agricoles, cyclistes. Ces nombreux véhicules sont habituellement conduits prudemment, mais il y a beaucoup de motocyclistes en manque d’émotions fortes : bruyantes, puantes, imprudentes, stressantes, ces machines – et leurs utilisateurs – sont dignes de l’enfer de Dante.

Pendant la montée, je rejoins Rachel et Yannick, cyclotouristes partis hier de Zurich avec en plus leur matériel d’escalade pour aller grimper autour de Zermatt. Très sympathiques, ils roulent à la même et vitesse que moi, alors nous nous soutenons mutuellement jusqu’au sommet, atteint vers 18 h 30 sous un ciel parfait. Photos de famille, salutations, ils ont été de très bons compagnons de route. Nous reverrons-nous ? Nous en serions très heureux.

Je repars vers Gletch, une des plus belles descentes que je connaisse, toute en lacets vertigineux, avec vue sur Furkapass et les pauvres restes du glacier à la source du Rhône. Il fait froid, les freins sont mis à l’épreuve, c’est une incroyable étape.

Après Gletch, c’est reparti dans le même genre de route, avec cette fois-ci des arbres et un train à crémaillère. Quelques kilomètres plus bas, il y a un départ de sentier qui sera un très beau camping, malheureusement pollué de nombreux carrés de papier blanc et de ce qui va avec. Triste…

Je trouve quand même un bon emplacement pour ma tente, un peu en vue de la route, mais que personne ne regarde. Je mange, j’écris un peu, et dodo ! Tout indique que la nuit sera fraîche, et que j’aurai bien plus l’occasion d’entendre le ruisseau que la route. En revanche, il fait 13°…

km jour : 88,3 (78,9 + 9,4)
km total : 1764
départ / arrivée : 6 h 30 / 20 h 00
temps déplacement : 8 : 41 (8 : 16 + 0 : 25)
vitesse moyenne : 14,5 (9,5 + 22,5)
vitesse maximale : 48

Alpnachstad

Vers les Alpes

Mercredi >  Alpnachstad, 85 km
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Le sommeil collectif a été un succès. Nous nous levons tranquillement et profitons d’un petit déjeuner copieux, avec confitures maison, mais surtout en très bonne compagnie, soit Jacques et Ursula.

Nous ne nous sentons pas pressés de partir, car il pleut. Je reste donc sur place pour mettre en ligne quelques journées de voyage. Vers 11 h, le soleil sort, et je fais de même.

Le trajet est assez facile à suivre, malgré quelques écarts. Je longe plus ou moins l’Aare, puis je bifurque vers Luzern (Lucerne). De village en village, le pays est vallonné et agricole. Je dois prendre des pauses pluie presque à chaque heure jusqu’en milieu d’après midi, puis encore une plus tard.

En gardant un œil attentif sur les nuages, je reste sec. En chemin, je longe les jolis lacs Hallwil et Baldegg avant de traverser Luzern, une grande ville un peu complexe mais bien aménagée pour les vélos. 

La route suit ensuite le lac Vierwald-Statter, avec ses murs de pierre plongeant presque directement dans l’eau. Les ingénieurs ont réussi à passer la piste cyclable, la route, l’autoroute et le train, en tunnel ou superposés, dans cet espace minuscule. Impressionnant.

Peu après, il y a un camping : ce soir, ce sera ici, car il est tard et la journée de demain s’annonce plus que costaude.

Quand j’arrive à mon emplacement, mes voisines viennent m’accueillir. Je passe donc la soirée en agréable compagnie : Émilie, de Strasbourg, et Daniela, de Seattle, sont mariées depuis près d’un an et aiment voyager. C’est heureux, car Daniela est militaire et sera mutée en Corée du Sud en 2024. La nuit tombe tout comme la température, avoir bien dormi sera apprécié demain.

km jour : 83,9 
km total : 1676
départ / arrivée : 11 h 15 / 20 h 00
temps déplacement : 5 : 47
vitesse moyenne : 14,5
vitesse maximale : 42
Hébergement : 20 F

Brugg

Untermettingen

Mardi > Brugg, 85 km
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C’était plus que prévisible : la nuit a été excellente. Comme j’ai devancé mon réveil, je suis prêt à partir dès 8 h 15. Mon téléphone, lui, ne se connecte plus au réseau, mais je suis heureusement à la lisière du territoire couvert par ma carte papier de la Suisse – c’est quand même une technologie très fiable. Le soleil, bien présent plus tôt, en profite pour se cacher sous une petite averse bien drue et froide. Partir demande parfois un peu de détermination.

Je peux faire le plein d’eau fraîche à la fontaine publique, une tradition de montagne que je retrouve avec joie.

Je descend au village de Lenzkirc, et non seulement la pluie a cessé mais le soleil est de retour. L’itinéraire que je choisis commence par une jolie et longue montée avant la belle descente vers Schluschsee. « See », c’est un lac, une rareté en ce pays, et ce matin il a des couleurs d’automne avec les nuages et le fort vent qui agite la surface.

La suite est vraiment agréable. J’ai le vent de dos, je roule vite sans effort vers plusieurs villages dans un paysage aux allures de campagne du Québec. Ensuite, c’est une succession de petites montées et de longues descentes rapides et enivrantes.

En prime, il fait vraiment très beau… pour le moment. Je descends toujours par une vallée étroite, le long d’un ruisseau, jusqu’en ville. 

Ma carte n’est pas très détaillée, mais je prends le bon chemin – montée abrupte, belle descente – pour rejoindre le Rhin. Ici, il n’est plus navigable puisqu’il y a des rapides en aval, mais il reste splendide. Je passe en Suisse au début de l’après-midi par le pont de Rheinheim pour pique-niquer en arrivant à Zurzach, juste en face. Test fait, mon téléphone ne marche toujours pas. On verra.

Je longe le Rhin par un petit sentier étroit, guettant du coin de l’œil les nuages noirs qui montent devant moi. Quand j’arrive à Koblenz, je pousse sur les pédales car la pluie est là, tout de suite. Je fonce sous un abri pour voitures – 15 secondes plus tard, j’aurais été trempé. Je laisse passer l’orage avec ses éclairs, son vent et ses trombes d’eau, et après 20 minutes je peux repartir, sec.

Je rejoins la rivière Aare, un gros affluent du Rhin qui me guidera pour un temps sur la véloroute 8, en route vers le col Grimselpass. Les paysages sont bien jolis sous le mélange de soleil et de nuages, avec une petite averse sans gravité passée sous un avant-toit.

En arrivant à Brugg, je reste sur la route principale afin de trouver une épicerie, mais j’y trouve plutôt une série de chantiers routiers un peu complexes. Pour dénicher l’épicerie, je m’adresse à un cycliste de passage, et après quelques mots en anglais nous passons au français. D’origine portugaise et française, Fabio a gardé la connaissance de plusieurs langues. Il me guide à l’épicerie, car le trajet n’est pas simple. Merci !

En sortant après mes courses, il fait froid et la pluie menace. Je croise deux cyclotouristes venus de Berne et la conversation s’amorce facilement, tellement que nous nous retrouvons de l’autre côté de la rue pour une pizza. Jacques a été diplomate mais a aussi pris trois ans pour faire un tour du monde à vélo, Ursula a enseigné au primaire.

Soirée très agréable, qui se poursuit pour rejoindre dans le froid l’auberge de jeunesse. Il reste quelques places en dortoir, c’est là que nous passons la nuit avec une jeune famille cycliste sous les combles de cette vieille maison conçue comme un labyrinthe aux escaliers craquants.

km jour : 87,1 
km total : 1592 
départ / arrivée : 8 h 15 / 20 h 30
temps déplacement : 5 : 41
vitesse moyenne : 15,3
vitesse maximale : 59
Hébergement : 46 F

Lenzkirch

Glashütte : la route étroite

2023-07-24 Lundi > Lenzkirch, 65 km
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Le début de la nuit n’est pas aussi reposant que prévu : à quatre reprises, une voiture vient stationner à proximité, mais sans jamais que ses occupants ne soupçonnent ma présence. Ensuite, c’est calme.

Je suis debout peu avant 6 h 30, et en route avant 7 h puisqu’il y a moins de préparatifs que d’habitude. Je prépare mon bagage en mode déluge, puisqu’il semble que ce sera le programme pour quelques jours. À 7 h pile, quelques gouttes sans importance, mais le gris est la couleur dominante du ciel pour aujourd’hui.

Après quelques minutes, l’algorithme me demande de prendre une vallée secondaire sur la gauche. J’y vais, tout en soupçonnant la suite. Au début, je monte tranquillement en égrenant un chapelet de jolis villages. Les paysages sont typiques de la région, avec des fermes anciennes un peu partout, et la vallée qui devient plus étroite. Ça monte, mais pas mal plus doucement qu’hier.

Intersection : je prends la route plus étroite et qui monte le moins avant de redescendre un peu vers Wildgutach, splendide dans son écrin de montagnes vertes.

Ensuite, la route est un délice serpentant le long d’un ruisseau. Elle est si étroite que la seule façon pour les voitures de se croiser est que l’une attende dans un petit élargissement. Donc, presque pas de voitures. J’oubliais : il y a parfois un léger crachin, parfois des percées de soleil, ça va de ce côté.

Peu avant Glashütte, la route devient un peu moins étroite tout en restant peu fréquentée, mais ça commence à monter plus sérieusement. À l’intersection, sur une crête, on voit venir de gros nuages sombres.

J’arrive de peine et de misère à Waldau avant que le ciel ne nous tombe sur la tête : forte pluie, vent, éclairs et tonnerre tout autour, c’est bien mieux de me mettre à l’abri, et j’ai à peine le temps de me coller à un mur pour limiter l’impact de la douche froide. Je profite d’une fugace accalmie pour migrer à un abribus, où je peux manger au sec.

Je repars sous une pluie parfois fine, parfois forte, je suis trempé et bien gelé malgré tous les vêtements réquisitionnés, et ça descend vite !

Arrivé en ville, je passe à l’épicerie. Deux joyeux cyclotouristes allemands restent auprès de mon vélo pendant que je fais mes achats – il mangent, se réchauffent un peu et tentent sans grand succès de se sécher. Robert et Patrick repartent un peu avant un nouveau déluge.

Je me décide à faire de même, ayant décidé que ce n’était pas la journée idéale pour le camping. Je repère un hôtel aux tarifs moins exorbitants que la moyenne. À mi-chemin, en haut d’une bonne montée, j’appelle. Ils sont fermés jusqu’en novembre… Je consulte mon auxiliaire numérique, j’aboutis devant une maison accueillant des groupes de jeunes et fermée ces temps-ci. Eva, la sympathique responsable, fait deux appels et me trouve un logement pour la nuit à 300 m de là. Merci !

Le soleil sort pour le reste de la journée, ce qui ne change rien à mes plans. Je suis très bien accueilli par Katarina et sa fille Sally, environ sept ans, ainsi que par Winston, son nouveau toutou qui célèbre la fin de l’année scolaire ici.

Le logement qui m’est destiné est moderne, confortable, anonyme, il s’agit clairement d’un hébergement touristique qui est d’ailleurs déjà réservé pour demain soir. 

Après le départ de mes hôtesses, je me mets aux tâches requises : séchage, lavage le cas échéant, douche – quelle belle invention ! -, souper puis journal. La soirée passe vite, mais pas comme espéré : ma connexion internet est très mauvaise. Donc, aucune mise en ligne du journal. Ce sera pour une autre fois. Mais mes appareils et moi apprécions la recharge nocturne.

km jour : 66,4 
km total : 1504 
départ / arrivée : 7 h 00 / 16 h 45
temps déplacement : 5 : 11
vitesse moyenne : 12,8
vitesse maximale : 46
Hébergement : 85 € 

Oberwinden

Route de petit col

Dimanche > Oberwinden, 115 km
Sommaire, album photo

Une longue nuit, mais qui finit tôt : je suis debout peu après 6 h, je suis en route peu avant 7 h. Aujourd’hui, le ciel est gris et le reste, avec quelques percées de soleil et, en après-midi, quelques gouttes.

Pendant tout l’avant-midi, je roule surtout sur des itinéraires cyclables, souvent des chemin de champs bien pavés au milieu des cultures. Le vent, de face, forcit en mi-journée, ce qui me fait travailler fort pour avancer lentement. 

En milieu d’avant-midi, je me mets en quête d’une épicerie afin de regarnir mes réserves. Oups ! Ici, nous ne sommes plus en France ou en Belgique : tout est fermé le dimanche. Heureusement, je me garde toujours une petite réserve d’urgence, il me suffit d’acheter quelques pêches au bord de la route pour ne manquer de rien.

En après-midi, le paysage change : suivant une rivière, j’entre dans une vallée. Le paysage devient plus intéressant, plus varié, et à Ortenberg il y a même un château ancien sur un piton rocheux. 

Mais comment se sort-on d’une vallée ? En gravissant un col. C’est le premier du voyage, le dénivelé n’est pas très important – environ 250 m à grimper -, mais il est bien abrupt et il se mérite. J’y mets près d’une heure et demie et un bonne partie de ma réserve d’eau, ma vitesse oscillant entre 4,5 et 6 km/h. Un bon marcheur me dépasserait facilement. Pour agrémenter la chose, de petites averses se mettent de la partie. 

C’est quand même bien beau, avec les grands pins au garde-à-vous tout au long de la montée. Le début de la descente se fait sur le gravier et en freinant constamment ; plus loin, la route pavée est étroite, tortueuse et souvent avec une forte pente, ce n’est vraiment pas le temps de se laisser prendre de la vitesse. Mais quels beaux paysages !

En bas, je refais le plein d’eau et me mets à la recherche d’un endroit pour la nuit. Un peu à l’écart de la route, le début d’un réseau de sentiers, un kiosque, des tables, un robinet d’eau fraîche. Ce sera ici, sans tente puisque le kiosque peut abriter cycliste et vélo. Peu après 22 h, tout est complet, je me prépare pour une nuit bien méritée.

km jour : 115,1 
km total : 1438 
départ / arrivée : 7 h 00 / 20 h 20
temps déplacement : 8 : 22
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 42