> Delta (Baie Éternité) – 12 km
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Ce matin, le ciel est légèrement voilé, mais le vent est égal à lui-même, c’est à dire fort et de face. Nous partons relativement tôt afin de bien profiter de la journée la plus spectaculaire de notre trajet.
Les conditions de navigation restent exigeantes. Il faut vraiment donner toute notre force pour passer les caps. Mais c’est tellement beau: les falaises abruptes se succèdent, de plus en plus imposantes, alternant avec des anses inhospitalières mais magnifiques dans leur rudesse.
En revanche, pas question d’accoster, c’est impossible à peu près partout. Nous devons quand même nous y résoudre pour urgence physiologique, mais c’est sur un éboulis de pierre au pied d’une cascade que nous y parvenons de justesse. Un peu limite comme exercice, mais réussi quand même.
Nous approchons du Cap Trinité, visible depuis des kilomètres. Nos yeux se remplissent d’images inoubliables, mais nous travaillons toujours fort. En chemin, nous croisons quelques huards et un phoque curieux, agréables rencontres. Nous passons au pied de la paroi majestueuse pour entrer dans la Baie Éternité. Pour la première fois depuis le départ, nous n’avons plus le vent de face, et nous arrivons tôt au camping.
Nous nous installons rapidement, car nous avons un projet pour l’après-midi: marcher. Ça va faire changement. Le sentier qui passe sur le site de camping est relativement fréquenté. Si la quasi totalité des marcheurs n’est là que pour quelques heures, nous sommes à l’une des extrémités du Sentier des Caps, un classique de quelques jours.
Les premiers pas se font le long de la rive. C’est splendide et facile, car le sentier est bien aménagé. En arrivant à une cascade, nous bifurquons vers l’intérieur des terres et montons dans la coulée jusqu’à une intersection vers le belvédère, qui offre un paysage éblouissant malgré le ciel gris.
De retour au camping, des voisins de site nous partagent une anecdote qui aurait pu virer au tragique. Un peu plus tôt, ils avaient rescapé un jeune homme sans expérience de kayak, parti festoyer avec quelques amis. Sans jupette et avec un caisson mal fermé, il avait pris l’eau et chaviré; dans les vagues et mal équipé, il était incapable de rembarquer; évidemment, ses amis étaient loin devant et n’avaient rien vu. Après quelques tentatives de renflouement, nos voisins l’avaient remorqué jusqu’à une grosse pierre puis avaient été quérir les secours. Le Saguenay est à prendre au sérieux.
Cette nuit, nous nous préparons pour la pluie. La météo l’annonçait, et le ciel bien gris ne laisse guère de doute sur le programme des prochaines heures. En attendant, nous vivons à nouveau d’excellents moments ensemble. C’est une semaine comme ça.