Jasper et Athabaska

Rivière Athabaska

> Honeymoon Lake (Parc Jasper) – 55 km
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Samedi. Comme prévu, l’autobus se présente à 0 h 15, mais il n’est pas seul : le mien va à Edmonton, un autre à Calgary. C’est le branle-bas pour un bout de temps, puis tous s’installent le mieux possible pour un trajet inconfortable. À 0 h 45, les deux autobus partent de concert avant de prendre chacun leur route.

Une affiche me donne l’heure juste : Jasper 450 km. Bon choix, cet autobus. En revanche, ça dort mal, et il y a des pauses de temps en temps à des stations service qui servent de terminus. Vers 4 h 45, le chauffeur s’arrête, recule – pas simple avec une remorque – et descend. Nous quittons une demi-heure plus tard, après l’arrivée d’une ambulance…

Au petit matin, je découvre des montagnes assez considérables. Nous roulons dans une vallée encaissée. Lors d’une autre pause, nous admirons les sommets blancs éclairés par les premiers rayons du soleil. Une jeune fille est aussi captivée que moi, nous partageons ce moment. À 7 h, nous entrons en Alberta ; à 7 h 30, avec un léger retard, nous arrivons enfin à Jasper. Beaucoup continuent, parfois pour plus d’une journée, mais moi j’en ai fini de l’autobus.

Le travail commence : remontage du vélo, déjeuner, informations sur le trajet auprès de Parcs Canada, épicerie importante puisque je serai plusieurs jour sans ravitaillement. Il est déjà tard quand je prends la route.

Réglons un point : c’est vraiment spectaculaire côté paysages. La route remonte la rivière Athabasca, d’un curieux blanc verdâtre, qui naît dans les glaciers du parc Jasper et se jette dans l’océan Arctique après une traversée toxique des exploitations de sables bitumineux, loin au nord. Les montagnes où persistent de grandes taches blanches sont magnifiques. Je prends plein de photos.

Pour un bout, j’ai le choix entre deux routes : la 93, route principale, ou la 93A, plus petite. C’est mon choix. Bien sur, ça monte beaucoup avant de redescendre, mais c’est beau et il y a très peu de voitures. Je pique-nique à la confluence de deux rivières, balise importante pour les anciens voyageurs, je longe de petits lacs, j’arrête un peu aux spectaculaires chutes Athabasca – il y a plein de touristes – puis je retrouve la 93 pour finir la journée. J’y croise deux cyclotouristes. Nous arrêtons pour jaser. Shane est irlandais, Kay est anglaise, les deux enseignent en Espagne et font un voyage d’assez grande ampleur eux aussi.

Depuis ce matin, le ciel était légèrement voilé, mais en après-midi c’est plus un mélange soleil et nuages, et ça reste assez chaud avec 32°. Après une journée relativement courte, j’arrive au camping prévu.

Je m’y attendais : il n’y a plus aucune place libre aux emplacements normaux. Je me trouve un petit coin, incertain de sa légalité, et je m’installe. Il y a un lac magnifique : j’y plonge, profitant de l’occasion pour laver mes vêtements de vélo. Bon truc, finalement. Je popote dans un abri collectif, puisque je n’ai pas de table, mets ma bouffe et mes accessoires de toilette dans un casier anti-ours – j’avais récupéré un petit cadenas à combinaison bien fonctionnel, qui sert ici – et rentre dans ma tente pour régler le cas du journal. Vers la fin, un crépitement venu des temps anciens – la pluie – me fait sortir pour récupérer la corde à linge et son contenu. À 20 h 30, je suis couché. Enfin !

km jour : 55,1
km total : 2545
départ / arrivée : 10 h 00 / 16 h 15
temps de trajet : 4 : 15
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 51,0
camping : 0 $

Pas d’eau dans le désert

Le désert de la route transcanadienne…

> Terminus Greyhound (Kamloops) – 130 km
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Vendredi. Grosse journée en perspective, mais après une excellente nuit. Au déjeuner, j’ai la visite d’une famille de canards bien habitués aux humains, qui me grimpent presque sur les pieds. Ça s’annonce très chaud : je fais le plein d’eau et je pars.

Les premiers kilomètres sont vraiment faciles : ça descend presque tout le temps jusqu’à Cache Creek, tout d’abord dans une vallée relativement fertile au milieu de collines sèches, puis après la fin de la route 99 dans une autre vallée sur une route plus chargée.

Cache Creek semble n’être qu’une halte routière avec ses stations-service, ses restos-minutes et ses commerces pour passants. Je trouve à peine l’épicerie.

Je suis maintenant sur la 1, la route Transcanadienne. Il y a de la circulation, mais c’est large avec un bon accotement. En revanche, la chaussée des voitures est souvent meilleure, alors je ne la quitte que quand des véhicules arrivent.

C’est beau, l’effet « désert » est de plus en plus marqué et spectaculaire, mais les sommets ne sont pas très élevés. Il reste qu’aux longues montées succèdent de longues descentes. C’est cuisant puisqu’il fait 37° et qu’il n’a pas d’ombre. En contrebas, le fleuve Thompson coule dans son enfer.

J’arrive à Savona en début d’après-midi. C’est impressionnant, car c’est le début du Lac Kamloops. Je quitte la 1 car il me faut de l’eau. Il y a un parc provincial qui me fournit en plus une table à l’ombre pour manger. Ça fait du bien ! La rue principale est l’ancienne 1, alors j’ai droit à quelques kilomètres loin du trafic, avec des chalets sur le bord du lac, et le désert de l’autre côté de la route.

Quand je retrouve la 1, c’est pour une longue montée avec une série de magnifiques vues sur le lac, qui doit mesurer environ 40 km de long et est enchâssé entre de hautes falaises sans végétation. Rendu en haut, ça redescend après les photos, car c’est vraiment très beau.

Mes réserves d’eau baissent très rapidement, mais il y a un village nommé Cherry Creek. En fait de village, je ne trouve qu’une série d’habitations et de fermes dispersés le long de la route. Et s’il y a un peu d’eau dans le ruisseau, elle est bien protégée par des barbelés. Je vais devoir étirer mes réserves.

Évidemment, ça monte encore pas mal avant Kamloops. Il y a plusieurs étangs cerclés de blanc : l’eau s’en évapore pour déposer les sels. Dans un cas, il ne reste qu’une grande étendue blanche de sel, sans eau.

J’arrive en ville. Des affiches dirigent les cyclistes hors de l’autoroute, sur des rues d’industries et de camions. Enfin, une station service me permet de remplacer ma dernière gorgée d’eau chaude par des bouteilles pleines d’une eau fraîche. Il était temps !

Il y a ensuite tous les magasins à grande surface typiques des banlieues américaines, sauf que je ne trouve pas d’épicerie. Je me dirige tant bien que mal vers le centre-ville pour y trouver le terminus d’autobus. Ça descend longtemps, Kamloops est bâtie en amphithéâtre autour du fleuve Thompson.

Arrivé en bas, il y a un spectacle de musique rock dans le parc, une belle épicerie et ses commis qui m’indiquent que le terminus Greyhound est… en haut ! Pas complètement en haut, mais assez pour demander une bonne demi-heure de montée à basse vitesse. Finalement, il est 20 h 30 quand je me retrouve au coin des rues Notre-Dame et Laval, ma destination, après plus de 130 kilomètres dans la grosse chaleur.

À cette heure, le terminus est désert. Ça me permet de m’organiser tranquillement, sans déranger. Je dois me laver un peu, me changer, charger des batteries, mettre mes sacoches dans leur sac, mon vélo dans le sien, manger… Il y a une bonne connexion Internet, alors je réussis à écrire à mes amis et à leur envoyer le lien pour quelques photos.

Vers 23 h, ça s’anime de plus en plus. Quand je range enfin mon ordi, à 23 h 45, c’est plein et grouillant. Je place mes sacs près de la porte, je me mets en file avec les autres et j’attends l’autobus.

km jour : 132,0
km total : 2490
départ / arrivée : 8 h 30 / 20 h 30
temps de trajet : 8 : 28
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 52,4
autobus : 109 $

Vers l’oasis

La désertique vallée du fleuve Fraser

> Marble Canyon Provincial Park (Pavilion) – 75 km
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Jeudi. Levé peu après 7 h après une nuit parfaite, je suis en route un peu avant 9 h. En gros, ça descend ; en détail, ça remonte ensuite pour mieux descendre. Une route folle, difficile, magnifique car la rivière gambade dans un canyon spectaculaire.

Depuis hier, il n’y a plus de voie double et le trafic est très réduit. Ça aide. Mais même les autos ont leurs problèmes : l’une d’elles a démoli un pneu sur une roche tombée des falaises… La dernière descente, vers Lillooet, est assez impressionnante, car la route est accrochée à flanc de montagne pour des kilomètres.

En bas, petite pause relaxante près du lac Seton avant de me rendre au village. C’est un lieu étrange, assez western, qui s’étend en rubans d’habitations et commerces dispersés sur des terrasses le long du fleuve Fraser. J’y fais mes petites emplettes et le plein d’eau avant de revenir à la route 99.

J’ai hésité : j’ai failli remplir aussi mon sac à eau de 4 litres, mais mon vélo est déjà vraiment lourd. J’espère ne pas le regretter, car ça cuit et ça monte. C’est peut-être pour ça : c’est la première journée du voyage où je ne croise aucun cyclotouriste.

Le paysage a changé radicalement : je suis dans un désert sec et chaud, pratiquement sans eau à part le Fraser qui brasse ses eaux brunes en contrebas, au creux de sa gorge spectaculaire. Autour de moi, des herbes jaunies, d’étranges buissons aux minuscules feuilles turquoises dont on se demande s’ils vivent encore. Autour, de hautes montagnes presque sans arbres, ou même brûlées, qui concentrent la chaleur. Ouf !

Je roule particulièrement lentement, et ça monte fort peu après le village avant de devenir vallonné exigeant. Sur une réserve indienne – j’en traverse quelques-unes –, je peux remplir mes bouteilles qui se vident rapidement.

Plus loin, je roule sur des terrasses herbeuses et le relief se calme. J’observe, à bonne distance, un ours noir, des cervidés que je n’identifie pas, des aigles à tête blanche.

Alors que ma deuxième bouteille est à nouveau presque vide, j’entend un bouillonnement apprécié : il y a un tout petit ruisseau facile d’accès. À nouveau, mon filtre prouve son utilité et son efficacité : je n’aurais jamais bu de cette eau sans filtration.

La route monte de plus en plus, mais tranquillement et irrégulièrement. Mais il y un virage et ensuite ça monte très solidement jusqu’au village de Pavilion. J’ai bien fait de ne pas m’y fier : au plus dix maisons dans le désordre autour d’une petite église, je n’aurais peut-être même pas pu y trouver de l’eau…

Toujours, l’environnement est très sec et chaud, mais une descente me mène au lac Pavilion. L’écrin est ici aussi magnifique, mais il est habité et n’a pas le même charme sauvage que le lac d’hier. En revanche, son eau verte et les montagnes autour composent des images magnifiques.

Une affiche annonce le camping attendu dans 6 kilomètres, parcourus facilement au pied de falaises blanches et très découpées. J’ai à nouveau un site extraordinaire, à quelques mètres de la plage caillouteuse. Je vais rapidement à l’eau avec mes habits de vélo qui en ont au moins autant besoin que moi, car le soleil disparaîtra bientôt du fond de la vallée même s’il illuminera longtemps les sommets. Je n’ai même pas de voisins visibles : les quelques tentes sont plus loin, les VR sont cantonnés aux stationnements.

Je m’installe, je popote et j’écris le journal dehors, à la table, alors qu’un vent tiède et confortable caresse la peau. Selon la suggestion de la préposée du camping, je mets ma nourriture dans les poubelles, c’est-à-dire dans le compartiment anti-ours, mais par l’arrière qui est bien propre. Ce soir, je me couche tôt, mais quand même après une petite conversation avec des voisins arrivés tard.

km jour : 77,0
km total : 2358
départ / arrivée : 8 h 50 / 17 h 30
temps de trajet : 5 : 56
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 62,6
camping : 16 $

Les montagnes et le lac

Lac Duffey

> Cottonwood Recreational Park (Lillooet) – 80 km
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Mercredi. Excellente nuit, camping parfait. Je quitte vers 9 h 15 vers le village de Pemberton. L’info touristique me confirme la possibilité d’un autobus entre Kamloops et Jasper… à 0 h 15. Je ne verrai pas les paysages. Je complète aussi le menu, car je ne croiserai pas d’autre épicerie aujourd’hui.

La première étape est facile, sur terrain plat avec vent de dos. Mais je suis entouré de montagnes extraordinaires. À 11 h pile, ça change : c’est la montée que tout le monde m’avait annoncé.

C’est du sérieux. Pour les premières 50 minutes, c’est une route en lacets en première vitesse. Comme c’est très chaud, je bois beaucoup et je sue énormément. Je dois régulièrement essorer les coussinets de mon casque. Heureusement, c’est aussi très beau. Une affiche, en haut, indique une pente de 15 %, énorme.

Ensuite, ça monte encore, mais plus normalement. J’en ai quand même pour trois heures au total. Vers les deux tiers, j’ai de la compagnie : une escadrille de mouches s’intéresse trop à moi. J’ai le regret de signaler que beaucoup y perdent la vie… Près du sommet, des sentiers montent vers un glacier. J’aimerais bien y aller…

Ensuite, ça descend plus que ça monte, au milieu d’un paysage de montagnes fabuleuses. Je prendrais des photos à chaque minute. Je croise un bâtiment, une réserve de sable pour l’entretien des routes. C’est le premier et dernier depuis le début de la montée.

Je dîne sur le bord de la route, près d’un petit pont, car il est grand temps. Plus loin, la route longe le lac Duffey. C’est tout simplement magique avec l’eau verte qui brille au soleil, les montagnes immenses, les arbres, tout, quoi. Je croise mon seul cyclotouriste du jour, Shayne, qui fait un petit trajet de Kamloops à Vancouver.

Je n’ai plus d’eau. J’arrête au pied de la chute de Kana Creek et je remplis mes bouteilles d’une eau savoureuse, claire, fraîche et… filtrée, quand même. Le filtre que je transporte depuis le départ est bien utile ici.

La route suit maintenant Cayoosh Creek et descend assez sérieusement, avec quelques montées quand même. C’est toujours aussi spectaculaire.

Je sais qu’il y a des campings par ici. Une affiche indique Cottonwood Recreation Park. C’est effectivement un camping tout près du torrent, avec des emplacements, des tables, quelques toilettes sèches… et rien d’autre. Il est presque désert. Il y a une roulotte, mais je n’y vois personne, et un couple avec une tente. Ces derniers m’accueillent très gentiment. Gerry et Irene reviennent en voiture d’une boucle des quelques jours à vélo. Entre cyclistes, nous parlons le même langage, malgré les différences de langue.

Je m’installe et descend à la rivière pour me baigner. J’y vais prudemment car il y a du courant et l’eau est glaciale, mais ça fait grand bien. Après le repas, Gerry m’offre de mettre ma nourriture dans un arbre avec sa corde, car la mienne est trop courte. Nous jasons jusqu’à la brunante. Je m’installe ensuite dans ma tente pour écrire, afin de me coucher la tête libre. Vers 22 h 30, dodo mérité pour une nuit qui s’annonce fraîche.

km jour : 82,4
km total : 2280
départ / arrivée : 9 h 15 / 17 h 45
temps de trajet : 5 : 47
vitesse moyenne : 14,2
vitesse maximale : 64,6
camping : 0 $

Un congé pour marcher

Chutes Nairn, sur la rivière Green

> Nairn Falls Provincial Park (Pemberton) – 35 km
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Mardi. J’ai dormi comme une bûche, et je sens que ce sera la même chose ce soir car je pourrais dormir encore. Je me prépare mais laisse tout dans la tente car je fais un petit détour par l’épicerie, une affaire de 7 ou 8 km. Quand je reviens, mes voisins sont partis. Je me prépare tranquillement, charcute cartes et listes de campings pour ne garder que les régions qui m’intéressent. À 10 h 45, je pars pour de bon sous un soleil déjà cuisant.

Il y a, pas très loin, un parc provincial avec camping. Je décide que ce sera assez pour aujourd’hui : je prends congé. D’ailleurs, je me sens encore un peu mou. Pourtant, ce n’est pas la norme ici : tous semblent être très sportifs, à voir le nombre de cyclistes, joggeurs, grimpeurs, kayakistes, etc.

La première partie du trajet est superbe et très ralentie par les photos. Traversant le terrain de golf, la piste cyclable – Whistler en est quadrillée – longe le lac Green, bien nommé avec sa fascinante couleur émeraude. Il est entouré de montagnes superbes, je me remplis les yeux d’images magnifiques.

Je retrouve la route 99, maintenant avec une voie dans chaque sens la majorité du temps, et en suivant la rivière Green, d’un étrange vert laiteux, ça descend ! C’est facile, parfait pour moi aujourd’hui.

Un avantage du vélo solo : j’ai du temps pour penser. J’avais regardé attentivement les cartes, et le trajet de Kamloops à Jasper m’apparaissait très difficile, avec plusieurs jours sans campings ni villages où se ravitailler. Solution possible, à valider : prendre l’autobus, tout simplement.

C’est bien de penser, mais la réalité n’est jamais loin. Soudain, la route monte abruptement, avec de petits lacets. En arrivant en haut, il y a un belvédère avec vue sur la chute Nairn, superbe même d’ici. Je suis donc rapidement arrivé.

Sur place, un préposé entretient les sites – exceptionnellement propres. Il me répond en français : Samuel vient de Granby et m’a identifié grâce à un chandail du Tour de l’Île de Montréal. Nous jasons très agréablement – c’est un féru de plein air – et il me conseille un excellent site, près de la forêt et d’un majestueux cèdre. Comme il est tôt, le choix ne manque vraiment pas.

Je dîne, monte le campement et pars à pieds vers les chutes Nairn, à 1,5 km du camping. Il y a un peu de monde sur le sentier, en particulier une famille venue d’Espagne. Tout le long, nous suivons la rivière Green, de toute beauté, puis arrivons aux chutes. C’est clôturé de partout, question de sécurité, mais vraiment impressionnant. L’eau, toujours d’un vert étonnant, a même creusé un siphon sous lequel elle s’engouffre avant de ressortir en bouillonnant. Je suis sous le charme.

Au retour, après avoir accueilli une famille allemande au camping, je pars à nouveau dans l’autre direction. Une longue marche en forêt sur la Sea to Sky Trail, partie du sentier transcanadien, m’amène au lac One Mile pour une petite baignade. Au retour, je croise Samuel. Après le travail, il fait une petite boucle en vélo de montagne. Et au camping, c’est un couple suisse qui se cherche un site. Le monde est ici.

Le temps a bien passé. Je me mets au souper, puis je vais chercher l’eau à la pompe à bras. Je marche encore un peu le long de la rivière, mais il est temps de rentrer pour de bon afin de profiter de la lumière naturelle pour compléter la journée alors que les campeurs arrivent tranquillement. Ce soir, je me couche tôt, vers 22 h, même si le vent reste chaud.

km jour : 36,7
km total : 2198
départ / arrivée : 10 h 45 / 13 h 00
temps de trajet : 2 : 09
vitesse moyenne : 17,0
vitesse maximale : 56,1
camping : 20 $

Jusqu’au ciel ?

Baie de Squamish

> Riverside Resort (Whistler) – 110 km
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Lundi. La nuit se passe sans incident, mais je dors assez mal et je décide de me lever aux premières lueurs. Je suis donc debout à 4 h 45 et en route une heure plus tard. Je suis sur la 99, qui a été nommée « Sea to Sky ». On verra.

Toute la première partie du trajet, jusqu’à Squamish, est vraiment spectaculaire. Je longe une baie cernée de hautes montagnes mises en lumière par le soleil levant. Le ciel est à nouveau parfaitement dégagé. La route monte et descend, serpente, s’accroche comme elle peut. Elle est habituellement à quatre voies avec muret central et un bon accotement, mais tout ça varie parfois. À vélo, c‘est une conduite difficile car le trafic est abondant et rapide toute la journée.

En arrivant à Squamish, je m’arrête à un site touristique, un téléphérique, pour y prendre de l’eau. J’en aurai beaucoup besoin aujourd’hui car la chaleur s’en vient. Sherma, une employée, m’aide de son mieux et très chaleureusement. J’aurais le goût de monter en haut, mais il n’y a pas de stationnement pour mon vélo…

Après un petit détour causé par une jolie piste cyclable en cul-de-sac, je repars. Maintenant, comme prévu, ça monte et ça cuit. Il y a de jolis sommets enneigés, mais ici il fait plus de 30° et je n’ai jamais eu aussi chaud depuis le départ.

En gros, je remonte la rivière Cheakamus. De temps en temps, je m’arrête pour des points de vue spectaculaires, mais en général ce sont de longues routes plutôt droites et très rapides pour les voitures. C’est assez dur.

En après-midi, je passe tout droit devant un premier camping. J’aurais besoin d’une pause épicerie et je ne suis pas encore à Whistler. Finalement, j’y arrive. C’est une série de hameaux le long de la route 99. Il y a plein de cyclistes et de marcheurs, et près de la place olympique je trouve tout ce que j’ai besoin, et surtout le camping.

La douche est bienvenue après trois jours sans avoir pu me laver. J’avais aussi beaucoup monté dans la chaleur puisque le village est à 700 m d’altitude… après de bonnes descentes. Ce soir, je vis en français. Je rencontre Andreas et Michelle, de Suisse, et je partage le site de camping avec Dominick, Virginie, Samuel et Alexandra, de Québec, ainsi que de trop nombreux moustiques.

Je finis la soirée avec l’ordi, complétant le journal et chargeant les batteries pour une étape où l’électricité pourrait se faire rare. Je termine après minuit, il est grand temps de dormir au frais car la journée a été assez chaude…

km jour : 111,8
km total : 2161
départ / arrivée : 5 h 45 / 17 h 45
temps de trajet : 7 : 58
vitesse moyenne : 14,0
vitesse maximale : 57,8
camping : 21 $

Transports alternatifs

Vancouver, BC

> Bord de route (Horseshoe) – 65 km
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Dimanche. Malgré le bruit, j’ai bien dormi, l’endroit est vraiment très beau et il fait un temps magnifique, sans un nuage. Comme j’ignore l’horaire du bateau, je me prépare tranquillement et quitte vers 9 h 30. Je suis à la guérite environ un quart d’heure plus tard, car ce n’est qu’à 3,8 km. Comme le bateau est à chaque heure, j’aurais le temps de prendre celui de 10 h… mais je le manque car je mets trop de temps à trouver mon chemin. Pas grave, ça me permet d’écrire le journal d’hier.

Je pars donc à 11 h. C‘est assez impressionnant : ces énormes navires sillonnent les eaux de la province dans tous les sens et sont gérés comme le sont les trains, les autobus ou les avions, avec des gares et des horaires. Toute une logistique !

Mon vélo est en bas, avec les voitures. Je me tiens sur le pont avant pour ne rien manquer du trajet. Bientôt, Bill, un retraité en pleine forme, entame la conversation. Il est très gentil, c’est très agréable et même utile, car nous discutons des trajets possibles à travers Vancouver.

C‘est aussi l’occasion de voir manœuvrer ces immenses vaisseaux dans d’étroits chenaux au travers les îles. Nous admirons aussi au loin le Mont Baker, plus au sud, aux neiges éternelles resplendissantes sous le soleil. Le temps passe vite en bonne compagnie, et bientôt nous accostons au terminal de Tsawwassen.

Sur la digue, une route aux allures d’autoroute mène à la terre ferme. Je me dépêche de la quitter pour une route secondaire plus bucolique. J’arrive ainsi à Ladner, en banlieue sud de Vancouver. J’y trouve deux servies bien utiles : un guichet automatique et une épicerie. Bien équipé, je pars à la recherche d’une solution pour traverser le tunnel interdit aux vélos qui mène vers Vancouver.

Un commis de dépanneur m’indique la solution : un autobus de ville. Ici, ils sont tous munis d’un support à vélos à l’avant. À la course car le chauffeur est pressé, je démonte les sacoches, installe le vélo et c’est parti sur l’autoroute et dans le tunnel et encore sur l’autoroute. Heureusement, j’avais eu la présence d’esprit de demander de la monnaie à l’épicerie, puisque le passage coûte 2,75 $. Bon investissement.

Le terminus de l’autobus est à une station de métro tout près de l’aéroport et surtout d’un pont menant à la ville. Liam, l’autre cycliste à bord de l’autobus, m’oriente gentiment. C’est parfait : le pont accueille le métro qui rentrera sous terre un peu plus loin, et une bien jolie piste cyclable.

Je suis donc sur la rue Cambie, qui mène directement par pistes cyclables vers le cœur de la ville et les ponts que je dois franchir. Au début, je traverse des quartiers résidentiels, mais je découvre tranquillement les tours et le stade. Tout un spectacle !

Une foule bigarrée quitte le stade après un match sportif, les touristes sont nombreux, la ville est très animée. Les parcs, plages, sentiers et pistes cyclables de l’île sont embouteillés en ce beau dimanche d’été. De toute évidence, les gens d’ici sont plus minces et sportifs que beaucoup de leurs voisins du sud.

Plus loin, je suis en forêt, et je rejoins le Lion Gate, petit frère du Golden Gate de San Francisco, pour passer à West Vancouver. Ici aussi, il y a beaucoup de monde, alors je roule tranquillement dans des quartiers très cossus. Plus j’avance, plus c’est accidenté et je travaille fort pour monter les nombreuses côtes.

J’arrive finalement à Horseshoe Bay, village de touristes et de traversiers, mais j’en sors avec difficulté car les indications sont floues. Il est 20 h et de toute évidence je n’attendrai pas de camping ce soir.

Je cherche un peu, mais il est trop tard pour être difficile : je suis tout à côté d’un chemin privé, partiellement dissimulé par un muret de béton mais avec une vue splendide sur la baie et les montagnes. J’ai d’ailleurs des visiteurs, une famille asiatique sympathique et un peu intriguée.

Je popote, je m’installe à la brunante et je me prépare à dormir mal, puisque l’autoroute passe à proximité. Les aléas du voyage…

km jour : 66,1
km total : 2050
départ / arrivée : 9 h 30 / 20 h 20
temps de trajet : 4 : 44
vitesse moyenne : 13,9
vitesse maximale : 68,2
camping : 0 $

Retour au pays

Victoria, BC

> McDonald Campground (Sidney) – 80 km
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Samedi. Je me lève tôt, vers 6 h 30, car je ne veux pas m’inquiéter du traversier. Il fait un temps splendide, mais c’est plus frais que d’habitude : j’ai eu besoin d’ajouter un petit polar cette nuit. Je suis en route peu après 8 h 30.

Au début, la route étroite longe le lac, puis je rejoins la 101. L’accotement est large et ça descend, alors c’est vraiment facile. En plus, le paysage de montagne est splendide. J’arrête au pont de la rivière Elwha : de là, on voit au loin le sommet enneigé du mont Olympus. Il est hors de portée de mon appareil photo, mais c’est bien beau.

Ensuite, ça monte bien pour un bon petit bout. Arrivé à l’intersection où je quitte définitivement la 101, je crois un groupe de huit cyclistes en route pour l’Oregon. Ensuite, une bonne descente me mène dans le ravin de la rivière Elwa. Il y a une piste cyclable, je la vois à droite du pont, mais pas à gauche. Je regarde : l’accès est sur l’autre rive, et la piste est suspendue sous le pont…

Je n’ai plus qu’à la suivre jusqu’au traversier. Je fais l’essentiel du trajet avec Drew, un sympathique jeune homme qui vit à vélo et qui rêve de voir le monde. Vers la fin, c’est de plus en plus urbain : quartiers chics, zone portuaire, centre ville. J’arrive vers 11 h 30 alors que le bateau est à 12 h 45. J’ai 38,3 km au compteur. Parfait.

Après les formalités, j’envoie un bref courriel aux amis. C’est ensuite le temps d’embarquer. Il y a des supports à vélo sur le pont avant, c’est là que je passe la traversée du détroit de Juan de Fuca. Le soleil est éclatant, j’admire la mer et les montagnes qui l’entourent. En cours de traversée, un jeune homme entame la conversation. Sam McKenzie, tout nouveau docteur en neuroscience, est originaire d’ici et habite New York, mais rêve d’enseigner à McGill, où il a étudié.

Après 90 minutes d’une traversée très facile, nous accostons. Les formalités douanières sont brèves et souriantes, puis je me retrouve avec une petite carte des pistes cyclables de la région et mon chemin à trouver. Le centre ville de Victoria est très animé et rempli sous le soleil. Touristes, musiciens, danseuses, magiciens, bouffe de rue : aujourd’hui, la ville est belle et vivante.

Je fais d’abord une bonne tournée du centre ville afin de dénicher une précieuse carte de mon futur trajet. Information touristique, location de vélo, MEC, boutique de vélo, et j’en oublie, c’est finalement une librairie qui a une carte routière de la région qui m’attend.

Je pars vers le nord, par la piste cyclable régionale « Lochside » qui va directement vers le traversier de Vancouver. Suivant souvent une ancienne emprise de chemin de fer, elle est au début bien urbaine, le long de cours d’eau ; ensuite, elle traverse discrètement des banlieues cossues et de jolis boisés et étangs pour s’enfoncer en zone agricole.

À mi-chemin, il y aurait un camping. En chemin pour voir de quoi il s’agit, je rencontre Dwane, un cycliste assez âgé, qui me convainc facilement de rebrousser chemin. Vers l’est, je crois deviner des sommets enneigés… et c’est bien vrai. J’ai hâte.

À Sidney, jolie ville, il y a un camping dans un petit parc provincial. Il y a beaucoup de places libres dans une belle forêt de cèdres. Il n’y a pas de préposé et je n’ai pas de monnaie : je paie avec ce que j’ai et je m’installe assez rapidement, puisqu’il est passé 19 h 30.

C’est malheureusement bruyant, car une route importante passe non loin. Il n’y a que peu de services : eau et toilettes sèches. De plus, mes réserves de bouffe sont assez basses, mais j’ai de quoi me bricoler un repas plus qu’acceptable. J’ai même cueilli des mûres pour avoir des fruits frais. Je suis couché tôt, avec mes bouchons d’oreilles.

km jour : 77,8
km total : 1983
départ / arrivée : 8 h 35 / 19 h 30
temps de trajet : 4 : 48
vitesse moyenne : 16,1
vitesse maximale : 54,0
camping : 11 $

La piste magique

> Log Cabin Resort (Lake Crescent) – 80 km
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Vendredi. Ce matin, c’est bien sec et ma tente apprécie le bref rayon de soleil. Je me lève vers 7 h 30 et m’occupe du journal avant de me préparer. Le temps passe vite, il est passé 10 h 15 quand je quitte, ayant quand même laissé le commentaire prévu à propos du site de camping.

Je fais mes courses à Forks, seule épicerie du jour, puis reprends la 101 qui monte doucement dans la vallée de la rivière Sol Duc. Tout autour, les montagnes sont de plus en plus hautes sous un ciel bien gris mais sans apparence de pluie.

Juste avant Sappho, je prends un itinéraire vélo très calme, sur Mary Clark Road, comme suggéré hier par un cycliste. À part les inévitables coupes de bois, c’est vraiment beau et j’en ai pour 16 km, rejoignant la « Olympic National Forest ».

Au moment où je crois devoir reprendre la 101, je vois une piste cyclable toute neuve, sans aucune indication mais qui semble aller dans la bonne direction. Je prends le risque… et la piste.

C’est absolument superbe, en plein bois, facile et je n’y croise presque personne. Je continue donc dans un total ravissement sur une bonne dizaine de kilomètres. En chemin, je croise une famille – des parents et deux fillettes – qui me confirme que je rejoindrai la 101. Auparavant, la douce ligne droite devient une brève montée en lacets avant de rejoindre un chemin forestier bien pavé lui aussi. L’itinéraire pour la 101 n’est pas indiqué, mais un conducteur croisé au moment opportun m’indique la bonne direction, qui n’était pas évidente.

Je note attentivement les coordonnées – ça pourrait servir à quelqu’un – et retrouve la grande route pour deux kilomètres. À gauche, visiblement, la piste cyclable se poursuit. Je la prends.

Elle monte pas mal fort pour un ou deux kilomètres, puis descend en lacets. C’est de toute beauté dans la forêt pluviale, mais je dois être prudent car la piste est souvent couverte d’aiguilles de sapin. Une table à pique-nique m’attend pour un petit repas, puis une intersection m’indique enfin le nom de la piste : je suis sur la « Olympic Discovery Trail », dans le « Olympic National Park ».

Maintenant, la piste, toujours superbe, descend doucement pour des kilomètres. Je croise une famille à vélo – sans bagages – et nous échangeons des informations. Ils me confirment que je suis sur la rive nord du Lac Crescent, sur une piste dont une section serait difficilement praticable, réservée aux vélos de montagne. Je prends le risque : je peux toujours marcher au besoin…

Comme prévu, l’asphalte se termine soudain et je me retrouve sur une étroite piste en terre avec racines, plantes envahissantes, pierres, etc. Le sport, le vrai, commence. Le trajet reste majoritairement cyclable, technique, exigeant et vraiment de toute beauté. J’avance avec précautions, mais ça va à peu près. Je m’approche tranquillement du lac. Un bout de rail oublié confirme que je suis sur un ancien chemin de fer, mais abandonné depuis des décennies d’après la végétation et les nombreux éboulis.

Plus loin, près d’un ancien tunnel à demi effondré, il me faut mettre pied à terre et pousser le vélo pour contourner un cap sur un sentier pierreux et étroit. Difficile mais spectaculaire. Des gens en kayak qui y accostent au moment où j’arrive me donnent un coup de main.

Plusieurs autres passages exigent de marcher, trop étroits, trop pierreux, trop à pic. C’est tout un travail ! Finalement, j’émerge en retrouvant un stationnement. Inspection des fruits : il y a des dégâts compréhensibles. Je mange immédiatement deux prunes assez amochées, deux autres devront tenir jusqu’à ce soir. Il faudra aussi voir aux cerises : celles du dessous sont pas mal aplaties.

Deux cyclistes arrivent. Laith et Jennie sont de Vancouver. Ils me donnent plein d’indications pour là-bas, je leur confirme ce qui les attend et nous apprécions une belle rencontre cycliste. Ils partent sur le sentier, je leur souhaite bonne chance car il est déjà tard.

De mon côté, je vois du bleu envahir le ciel. Le dégagement ! Et comme il se fait tard, je vais voir s’il y a de la place au camping voisin, le « Log Cabin Resort ». Il reste un site pour roulotte, mais que je paie au tarif tente, assez élevé, de 25 $. Mais c’est sur le bord du lac, avec les sommets de plus de 1000 m tout autour, illuminés par le soleil malgré les lambeaux de brume qui s’attardent encore. Magique !

Je monte ma tente, bien sèche, je mange en vitesse, je prends ma douche, puis je fais un vrai lavage, à la machine, et un séchage de la même manière. Après presque trois semaines, ce n’est pas un luxe ! J’y rencontre un couple bien sympathique, Laura et Pat, avec qui nous jasons agréablement.

C’est aussi l’occasion de rédiger le journal bien confortablement et bien branché, ainsi que de trier les très nombreuses photos du jour. À 23 h 30, tout est terminé. Dodo !

km jour : 80,1
km total : 1906
départ / arrivée : 10 h 15 / 18 h 45
temps de trajet : 5 : 10
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 44,2
camping : 25 $

Heureusement, des bouts de forêt

> Bogachiel State Park (Forks) – 105 km
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Jeudi. À nouveau, il a plu toute la nuit, et ça se poursuit au petit matin. Heureusement, le site est vraiment splendide, un des très beaux du voyage. Je me prépare tranquillement et la pluie a cessé quand je sors enfin d’une tente trempée dehors, sèche en dedans. Une des cordes a perdu sa tension cette nuit : elle semble avoir été coupée net ! Un animal ?

Il est 10 h quand je quitte le camping. J’arrête à un robinet pour le plein d’eau, puis à la bibliothèque d’Amanda Park pour les courriels. La connexion est vraiment précaire, mais je réussis, de coupure en reconnexion, à envoyer un courriel collectif et à mettre jour les photos. Certains apprécieront, je crois, car le trajet est souvent très beau.

Ça a pris beaucoup de temps : il est près de 12 h quand je prends réellement la route. Après un trop petit bout dans la magnifique forêt humide environnée de montagnes, je retrouve la routine : les longues lignes droites, les résineux, les coupes de bois. Il y a juste un peu plus de relief qu’hier, mais rien de bien compliqué.

Côté météo, c’est frais. Jusqu’en milieu d’après-midi, un petit crachin occasionnel inquiète un peu, et le ciel reste presque toujours bien gris.

Sur ces routes, les bâtiments sont rares, souvent délabrés sinon abandonnés. Parfois, je peux rouler des dizaines de kilomètres sans aucune construction.

Je croise Andrew, du Colorado. Il étudie à Spokane WA et espère se rendre à San Francisco en 10 jours. J’ai un doute : j’en ai mis 20 à raison de près de 100 km par jour…

À Queets, il y a un gros dépanneur, le premier et dernier point de ravitaillement possible depuis Quinault. Heureusement, j’ai déjà tout ce qu’il me faut. Je quitte la réserve Quinault pour entrer dans le Parc national Olympic. Il y a deux campings, une auberge, des plages sur le Pacifique, mais surtout la magnifique forêt humide avec ses arbres majestueux, ses mousses, ses fougères et les jolis ravins creusés par les nombreux cours d’eau.

J’y croise Jeremy et Derek, deux frères qui s’en vont chez eux aussi, à San Francisco, mais à partir d’Anchorage. Ils ne sont en route que depuis un mois, mais ils ont accompli ce miracle en longeant la Colombie-Britannique en bateau. Je croise aussi une jeune femme, mais nous n’arrêtons pas car nous sommes au creux d’un ravin et gardons l’élan pour remonter.

Un dernier regard sur le Pacifique, une bonne côte et je retrouve les routes de coupes de bois, le long de la rivière Hoh que je vois à peine. C’est en général facile tant que je longe la rivière, puis ça monte plus sérieusement. La journée se termine par de bonnes descentes jusqu’au camping Bogachiel, du nom de la rivière qui le longe. Il est 18 h 45, assez tôt en considérant la distance de plus de 100 km et mon heure de départ.

Ici, c’est l’auto enregistrement. Il y a deux sites pour les randonneurs. Le beau est apparemment pris, il reste le moche à côté du stationnement des toilettes. J’essaie, sans grand succès, de sécher ma tente, mais je réussis à la monter sans mouiller l’intérieur malgré un double toit bien trempé. Les aiguilles de sapin sont partout et collent à ce qui est humide…

Après le repas et la douche, je me couche. Peu après, un camion stationne à 2 m de ma tente en laissant tourner son moteur pendant 10 minutes. J’écrirai un commentaire au parc, quand même. Et je vais dormir de mon mieux malgré la route à proximité.

km jour : 103,1
km total : 1826
départ / arrivée : 11 h 45 / 18 h 45
temps de trajet : 5 : 56
vitesse moyenne : 17,3
vitesse maximale : 47,5
camping : 12 $