L’anniversaire de Corentin

Chatou (Montesson) – 17 km
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Lundi. Cette fois-ci, c’était une vraie bonne nuit, bien reposante. Déjà, je ne sens plus le décalage horaire.

Philippe et Marie travaillent aujourd’hui. En avant-midi, je fais quelques courses. En particulier, je règle la question du téléphone. En après-midi, avec les ados et Philippe, nous préparons l’anniversaire de Corentin, qui reçoit quelques amis. Philippe et moi abattons également un arbre abîmé qui surplombe la cour du voisin.

Cinq gamins arrivent, débordants d’énergie, pour une fête animée. La soirée se termine en famille et en chansons. Demain, déjà, je prendrai la route…


km jour : 17,3
km total : 22
temps déplacement : 1 : 02
vitesse moyenne : 16,8
vitesse maximale : 39,7  

Atterrissage

> Chatou – 5 km
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Dimanche. Je m’éveille à 3 h, heure de mon corps. La nuit a été bien courte, une sieste entre Terre-Neuve – souvenirs… – et l’Irlande, ensoleillée ce matin. Je commence le journal sur batterie, puisqu’il n’y a pas de prises électriques à bord.

L’avion atterrit sans encombre vers 10 h 35, un peu plus tôt que prévu. La météo, elle, suit le programme : frais et gris, avec de petites gouttelettes. Les douanes vont bien, mon matériel arrive intact et je remonte le vélo sans problème. Pourtant, j’avais oublié de dégonfler les pneus, qui n’ont heureusement pas éclaté.

À 12 h 30, je quitte le Terminal 3 pour la gare SNCF, 300 m plus loin. J’achète les deux billets de train qui n’étaient pas disponibles depuis chez moi, puis un billet de RER. La pluie est au rendez-vous, et j’ai hâte d’arriver. En revanche, l’accès au train n’est pas simple. Il me faut aller à l’autre bout de la gare, là où il y a un ascenseur, mais le portail large pour vélos et chaises roulantes ne fonctionne pas. Je dois enlever deux sacoches pour utiliser le portail régulier, très étroit. C’est Jasmine, une jeune préposée de la SNCF, qui me guide, m’accompagne et m’aide jusque sur le quai de la gare. Quelle gentillesse !

Le trajet en train est assez long, surtout que je dois rester constamment debout pour prendre soin de mon vélo. Il y a une correspondance à Chatelet-Les-Halles, où je dois utiliser les escaliers mobiles, un bon exercice. J’arrive comme prévu à la gare de Chatou-Croissy. Après un ascenseur et un escalier, je suis dehors et il mouille à peine. Je pédale facilement jusque chez mes amis.

L’accueil est plus que chaleureux : tous m’attendent, spécialement Corentin qui espère cette visite à chaque trois ans pour son anniversaire. Il aura 10 ans demain. Il y a aussi Marianne, 14 ans, Nicolas, 12 ans, Philippe et Marie, et même Jacques, un des prêtres de la paroisse où travaille Marie, qui est venu en visite.

Mes amis ont déménagé l’an dernier. Leur nouvelle maison est bien plus spacieuse que l’ancien appartement. J’installe mon vélo au garage et je dépose mes bagages dans la chambre qui m’est prêtée, puis nous profitons des joies de la conversation.

Jacques doit quitter, mais bientôt Virginie et Jean-Sébastien se joignent à nous pour le dîner – repas du soir – et la soirée. Jean-Sébastien est québécois d’origine mais vit en Europe depuis des années ; lui et Virgine ont ensemble deux petites filles, absentes ce soir. À nouveau, les conversations sont très agréables et nous mènent jusqu’à la fin de la soirée. Le décalage fait son effet : je manque parfois quelques mots…

Je me couche pas mal tard, mais le rythme local est pris… j’espère. Et quel plaisir de retrouver ces chers amis !


km jour : 4,6
km total : 5
temps déplacement : 0 : 35
vitesse moyenne : 7,7
vitesse maximale : 23,1             

Décollage

> Paris – 6000 km
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Samedi. Chaque départ se ressemble : il faut courir pour être prêt à temps. Je n’ai pas que couru, j’ai aussi visité mon amie Manon hier et passé la soirée de jeudi avec mes frères Gaétan et François. Malheureusement, je n’ai pas le temps de saluer ma mère Hélène aujourd’hui. Je me reprendrai au retour.

Comme j’ai un nouveau vélo et une nouvelle guitare, j’ai eu à leur coudre des sacs sur mesure, ce qui a occupé la journée de dimanche dernier. J’ai également un nouveau grand sac pour les bagages : tout ça implique quelques ajustements… Tous les morceaux du casse-tête s’imbriquent les uns aux autres, et un taxi passe me prendre vers 18 h.

C’est bien sûr une mini fourgonnette. Souhei, mon conducteur, est très gentil et sociable. En revanche, nous perdons plusieurs minutes dans la zone de travaux à cause d’un accident assez sérieux. Pas de stress : il est très tôt. À 18 h 30, je suis à l’aéroport.

 Je me présente au guichet. Les bagages sont acceptés sans aucune difficulté. Je dois simplement déballer le vélo pour inspection. Une bonne surprise : le vélo et les bagages enregistrés pèsent seulement 40 kg, soit 43 kg au total en incluant mon bagage à main, bien mieux que les 55 kg de mon voyage précédent en Europe. Yé !

J’ai du temps devant moi. J’en profite pour appeler ma sœur Lucie, qui part lundi pour l’Europe avec sa chorale, puis mon amie Nadine. Après le contrôle de sécurité, je parle avec Monique, mon autre sœur. Ainsi, j’aurai eu du temps avec toute la fratrie.

L’embarquement est sans histoire. Exceptionnellement, il y a quelques places libres autour de moi. Mon voisin d’en arrière, Antoine, 6 ans, est très joyeux de prendre l’avion pour la première fois de sa vie. Mais c’est une belle joie, un émerveillement. Au décollage, peu après 22 h, nous avons même un aperçu des feux d’artifice qui illuminent le cœur de Montréal.

Je jette un coup d’œil à la liste des films proposés. Je choisis Le livre de la jungle, une adaptation visuellement très spectaculaire du classique de Kipling. À l’exception du jeune garçon qui joue Mowgli, tout est en images de synthèse d’un réalisme total malgré les animaux qui parlent et les cascades impossibles. Et le scénario est cohérent. Ensuite, il est grand temps de dormir un peu même si un fauteuil d’avion ne peut rivaliser avec un lit…

Europe à vélo – 2016

Souvent, un voyage à vélo devient une aventure. Avec des hauts et des bas – pas seulement à cause du relief –, avec cinq pays et plus de 3500 kilomètres sous des températures parfois excessives, avec des paysages fabuleux et souvent surprenants, mais surtout avec les rencontres espérées ou inattendues mais toujours vivifiantes, c’est une épopée mémorable de 50 jours que vous pourrez suivre au quotidien sur ces pages.

Cliquez pour agrandir les images. Bon voyage virtuel.


Décollage
2016-07-02 > Paris – avion

Atterrissage
2016-07-03 > Chatou – train + 5 km

L’anniversaire de Corentin
2016-07-04 Chatou (Montesson) – 17 km

Prendre la route
2016-07-05 > Montdidier – 115 km

Les routes de Picardie
2016-07-06 > Arras – 120 km

Mémoire : terrils et guerres
2016-07-07 > Arras (Lens, Lorette)

Voies et voix
2016-07-08 > Ledringhem (Dunkerque) – 55 km

Les Gigottos, le train, Bruxelles
2016-07-09 > Bruxelles – train + 5 km

Banquets et foot
2016-07-10 > Uccle (Bruxelles)

Les berges du Rhin
2016-07-11 > Cologne > Koblenz – 110 km

La vallée des châteaux
2016-07-12 > Wiesbaden – 120 km

C’est où, la digue ?
2016-07-13 > Wattenheim – 85 km

Mannheim et la campagne
2016-07-14 > Philippsburg – 80 km

Grosse journée vers Strasbourg
2016-07-15 > Strasbourg – 135 km

Un train, pas de camping
2016-07-16 > Bâle > Mooseerau – 80 km

Au cœur des montagnes
2016-07-17 > Meringen – 100 km

La splendeur des hauteurs
2016-07-18 > Grengiols – 80 km

Descendre et monter
2016-07-19 > Conthey – 80 km

Raclette et abricots en Valais
2016-07-20 > Erde (Conthey)

Du Rhône au Léman
2016-07-21 > Gollion – 125 km

Pluie, crevaison, France
2016-07-22 > Chaux des Crotenay – 75 km

La longue route vers Dijon
2016-07-23 > Dijon – 140 km

Congé à Dijon
2016-07-24 Magny s/ Tille (Dijon)

Vers le château
2016-07-25 > Gigny s/ Saône – 110 km

La Saône en duo
2016-07-26 > Lyon – 115 km

Anniversaires
2016-07-27 Albigny s/ Saône (Lyon)

Trois trains, un vol, des ennuis
2016-07-28 > Sainte-Alvère – 50 km

Congé en famille
2016-07-29 Sainte-Alvère

Congé en famille (bis)
2016-07-30 Sainte-Alvère

Des cavernes et des chemins
2016-07-31 > Saint-Aubin-de-Nabirat – 70 km

Jolies routes vers le canal
2016-08-01 > Moissac – 120 km

Le canal des deux mers
2016-08-02 > Nailloux – 120 km

Remonter l’Ariège
2016-08-03 > Tarascon s/ Ariège – 90 km

La route des Corniches
2016-08-04 > Mérens les Vals – 55 km

Un col vers l’Espagne
2016-08-05 > Bellver de Cerdanya – 70 km

Les gorges du Segre
2016–08-06 > Ponts – 100 km

Où est le camping ?
2016-08-07 > Fraga – 115 km

Congé mécanique cuisant
2016-08-08 > Mequinenza – 35 km

De la pluie dans le désert
2016-08-09 > La Fresneda – 100 km

La Via Verda
2016-08-10 > Càlig – 140 km

Les métamorphoses de la CV-10
2016-08-11 > Artana – 120 km

Au bout du labyrinthe
2016-08-12 > València – 75 km

Marché, plage et guitare
2016-08-13 Paterna (València)

Trois pour le prix d’un
2016-08-14 > Càlig – 25 km + train

Le haut fourneau
2016-08-15 > La Fresneda – 120 km

Villages photogéniques
2016-08-16 > Tivissa – 95 km

Les cols brûlants
2016-08-17 > Prades – 75 km

Sans stress prévu…
2016-08-18 > Esplugues de Llobregat – 150 km

Barcelone
2016-08-19 Barcelona

Perdre les pédales
2016-08-20 > Montréal – 30 km + avion

Vélo Atlantique – été 2015

Chaque année, quand reviennent les vacances, je reprends la route. Cette année-là, j’avais choisi l’est. Plus précisément, je suis parti vers les provinces maritimes, que je ne connaissais que partiellement. Je débute ainsi le tour du Golfe du Saint-Laurent, un projet que je compléterai en 2019.

Dans un premier temps, j’ai pédalé jusqu’à Natashquan, puis pris le bateau vers Blanc-Sablon  et traversé Terre-Neuve, la Nouvelle Écosse, l’île du Prince-Edouard et un bout du Nouveau-Brunswick. En principe, c’était une balade d’environ 3000 km, bien dépassés. Évidemment, il y a eu quelques défis et surprises : ça fait partie du plaisir !

Grand départ
2015-07-05 > Louiseville – 150 km

Le chemin du Roy
2015-07-06 > Portneuf – 120 km

Gris
2015-07-07 > Cap-Rouge (Québec) – 50 km

L’avenue Royale
2015-07-08 > St-Tite-des-Caps – 80 km

Les côtes de Charlevoix
2015-07-09 > La Malbaie – 80 km

Mollo ?
2015-07-10 > Baie-Ste-Catherine – 65 km

Véloroute des Baleines
2015-07-11 > Portneuf-sur-Mer – 95 km

Arbres et baies
2015-07-12 > Pointe-aux-Outardes – 100 km

Les côtes de Baie-Comeau
2015-07-13 > Baie-Trinité – 115 km

Plages et épinettes
2015-07-14 > Port-Cartier – 85 km

Au-delà de Sept-Îles
2015-07-15 > Rivière au Bouleau – 130 km

Aux portes de la Minganie
2015-07-16 > Longue-Pointe-de-Mingan – 110 km

Le paradis sur l’Île Nue
2015-07-17 > Île Nue (Mingan) – 12 km

Froid et humide
2015-07-18 > Havre-Saint-Pierre – 50 km

Face au vent
2015-07-19 > Aguanish – 130 km

Natashquan, enfin !
2015-07-20 > Natashquan – 30 km

Congé poétique
2015-07-21 – Natashquan – 3 km

L’attente du bateau
2015-07-22 >  Bella Desgagnés – 1,5 km

Cabine 5108
2015-07-23 – sur le « Bella Desgagnés »

Terre-Neuve, sous le soleil
2015-07-24 > Squid Cove – 55 km

Entre mer et montagne, très vite
2015-07-25 > Shallow Bay – 145 km

Western Brook Pond
2015-07-26 > Green Point – 50 km

Tablelands et Trout River
2015-07-27 > Trout River – 50 km

Les montagnes vers Deer Lake
2015-07-28 > Deer Lake – 85 km

Après la pluie…
2015-07-29 > Birchy Lake – 65 km

Machine ?
2015-07-30 > Grand Falls-Windsor – 150 km

TCH – Trans Canada Highway
2015-07-31 > Gambo – 135 km

Terra Nova et bus
2015-08-01 > Port Blanford – 85 km > St. John’s

Autour de St. John’s
2015-08-02 – St. John’s (Cape Spear) – 60 km

Piscine, table et colline
2015-08-03 – St. John’s (Signal Hill)

Baccalieu Trail
2015-08-04 > New Harbour – 120 km

Vers le traversier
2015-08-05 > Argentia – 85 km

Un navire dans le brouillard
2015-08-06 > Argentia – 3,3 km > Sydney

Bras d’Or sous le soleil
2015-08-07 > Whycocomagh – 110 km

Gravier et grisaille
2015-08-08 > Havre Boucher – 115 km

En attendant la pluie, rouler
2015-08-09 > Wood Island East – 155 km > traversier

La traversée de l’île
2015-08-10 > Mill Cove – 90 km

Dunes, falaises et horizon
2015-08-11 > Cavendish – 70 km

Rouler sous la pluie
2015-08-12 > Linkletter – 50 km

Un pont vers l’Acadie
2015-08-13 > Shediac – 110 km

Petite virée Acadienne
2015-08-14 > Shediac (Bouctouche) – 110 km

Moncton en pistes cyclables
2015-08-15 > Moncton – 50 km

Messe, mascaret et… Montréal
2015-08-16 > Moncton – 11 km

Les herbes folles
2015-08-17 > Montréal – 1 km

Post-scriptum sur deux roues
2015-08-25, à Montréal

L’avion, c’est compliqué

L’aéroport, fin du voyage…

> Maison (Montréal) – 15 km
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Jeudi. Je me lève 15 minutes avant l’heure prévue. En 45 minutes, je suis en route. Comme l’aéroport est à 4 km de l’hôtel, j’y suis avant 8 h. À 8 h 30, tout est prêt, emballé soigneusement.

Je me présente au comptoir d’enregistrement. Pour le vol et le vélo, tout va bien. Pour le réchaud, c’est une autre affaire : refus catégorique, même s’il n’y a plus aucune trace de carburant. Ça avait pourtant passé sans vrai problème à l’aller. Vraiment, c’est un peu fou.

C’est la dame du comptoir d’enregistrement qui me trouve une solution. Pour 50 $, UPS me le transportera à la maison. Ayoye !

Il ne reste plus qu’à aller à la porte d’embarquement. Ici, le WiFi fonctionne bien et j’ai du temps. J’envoie un courriel aux amis et j’entame le ménage des photos, puis c’est l’embarquement. L’avion décolle presque 30 minutes en retard, ce qui ne dérange rien.

Je suis avec un chimiste travaillant dans le pétrole qui prend un congé à Montréal, mais dans les avions chacun a son écran maintenant. De mon côté, je rédige – en musique – le journal des derniers jours. La prise de courant a cessé de fonctionner, mais ma batterie bien chargée devrait suffire pour la durée du vol. Le journal terminé, j’ai aussi le temps de faire un bon ménage des photos récentes.

Ça passe rapidement, et à 18 h 30 nous atterrissons sur une piste humide et un grand soleil. Comme il s’agit d’un vol intérieur, il n’y a pas de formalités de douane. Je récupère mon gros sac, puis mon vélo. Ce dernier a été passablement malmené dans le transport, mais il n’y a pas de dommages mécaniques. Je remonte le tout, regonfle les pneus et sors de l’aérogare par la piste cyclable habituelle.

Je suis tout proche de la maison. Ça pédale allègrement sur un trajet bien connu, mais la nuit tombe rapidement. Je dois allumer les lumières pour circuler en sécurité. J’arrive enfin à 20 h 45. Tout est bien en ordre, j’ai des messages de bienvenue de mes frères… et mon lit est très confortable. Mais je rêve déjà d’un nouveau voyage. Lequel ? Ce n’est pas l’important. Partir, découvrir, rencontrer, vivre, revenir, repartir. Bon plan.

km jour : 15,3
km total : 2964
temps de trajet : 0 : 53
vitesse moyenne : 18,0
vitesse maximale : 30,3

Sous un soleil ocre

La rivière Bow sous la fumée.

> Hôtel Acclaim (Calgary) – 125 km
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Mercredi. Dernière journée de route, déjà. Les bouchons d’oreilles sont un système assez génial : le bruit ambiant n’a pas troublé ma nuit. Je déjeune en compagnie de Denis, toujours agréable. Il songe à prendre la promenade des glaciers. Je lui souhaite de le faire.

Déjà, j’avais vidé et démonté mon réchaud hier soir en préparation du voyage en avion. Il me reste à me débarrasser du carburant excédentaire. Il m’en reste beaucoup, car mon réchaud est très frugal. C’est finalement le Canadian Tire local qui peut le prendre.

Je prends encore la route 1A, parallèle à la 1, l’autoroute. Au début, c’est une petite route tranquille entre les montagnes, avec quelques lacs, la rivière Bow et quelques usines. Il n’y a pas vraiment de villages, simplement quelques regroupements de maisons éparses entre les sections inhabitées et les ranchs.

Le ciel est étrange. Le soleil perce une sorte de brume qui lui donne une couleur rougeâtre. Peut-être des feux de forêt plus au nord ? En tout cas, ce ciel étrange persiste une bonne partie de la journée.

Tranquillement, les montagnes deviennent collines, puis vallons, mais la route reste très calme. Sur le bord d’un grand étang, un énorme centre de congrès est perdu au milieu de nulle part : c’est Kananaskis, où le gouvernement fédéral avait reçu à grands frais les leaders du monde occidental, bien loin des manifestations.

À partir de Morley, il y a un peu plus de circulation, mais rien de compliqué. Il y a toujours des montées et des descentes. Pas de terrain plat au menu, même si le paysage n’a plus de gros reliefs.

À Cochrane, ça change. La ville est dans une cuvette près de la rivière Bow, puis la route monte sur un haut plateau. Une grosse montée dans la chaleur. Maintenant, je roule sur une route à quatre voies avec terre-plein, puis, en approchant de la ville, carrément sur une autoroute. Pas confortable du tout, mais je n’ai aucune alternative connue.

À 16 h 30, je quitte l’autoroute, enfin. Le nez rivé sur ma petite carte et l’itinéraire – mais les yeux sur la route –, je roule sur de grands boulevards jusqu’à l’aéroport. Parfois, c’est relativement acceptable, mais parfois ça s’approche dangereusement de l’autoroute. Il y a parfois des pistes cyclables, mais comme elles s’écartent de mes axes connus je ne les suis pas longtemps. En plus, la ville est bâtie sur une série de vallons, alors je joue continuellement dans les reliefs.

Je rejoins enfin la route qui mène à l’aéroport. Et il a une piste cyclable. Afin de repérer le chemin pour demain, je me rends à l’aérogare. Il est déjà 18 h 30 et je me félicite d’avoir fait cet effort aujourd’hui : demain, il y aurait eu de gros risques de rater l’avion… et le stress lié.

J’ai 125 km dans les jambes aujourd’hui, 240 km en deux jours. Cette nuit, je dors donc à l’hôtel, car les campings sont beaucoup trop loin. C’est très cher – près de 200 $ – mais ce n’est heureusement que pour une nuit. Je peux entrer mon vélo dans la chambre, ce qui évite beaucoup de travail et de temps.

Après une précieuse et confortable douche, je vais manger au restaurant adjacent, un Pacini. C’est différent de mon ordinaire, vraiment bon – demi pizza et salade –, la serveuse est charmante, mais manger seul au resto n’est pas très intéressant en soi. Une fois, c’est assez.

Je prépare mon bagage pour demain et j’écris les résumés des dernières journées. Mon ordi est lent, il a plusieurs mises à jour à installer. Comme je suis fatigué aussi, je me couche dans le lit, mon premier depuis un mois. C’est bien, mais ça ne me manquait pas.

km jour : 126,4
km total : 2949
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 00
temps de trajet : 7 : 49
vitesse moyenne : 16,1
vitesse maximale : 51,3
hôtel : 190 $

La belle vallée de la Bow

Le lac Herbert

> Wapiti Campground (Canmore) – 115 km
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Mardi. Je m’y attendais en voyant le dégagement s’opérer hier soir, et ça a été bien froid, un peu trop : j’aurais dû ajouter un autre polar. À mon lever, vers 6 h 30, mon thermomètre indique 5° !

Je m’habille chaudement et je me prépare sans bruit, puis je vais déjeuner dans l’abri. Avant de partir, je passe au site de camping : rien ne bouge. Tant mieux pour Diane et Danielle : elles se reposent.

Comme prévu, ça descend pas mal plus que ça monte, alors c’est facile. Au début, c’est encore glacial et j’apprécie les petites mitaines qui n’avaient pas encore servi. Plus tard, le grand soleil réchauffe tout et je me retrouve à pédaler vêtu comme d’habitude.

C’est à nouveau de magnifiques paysages que je traverse : montagnes majestueuses souvent couronnées de blanc, lacs émeraudes jouant avec les reflets, forêts, fleurs, ruisseaux… C’est un plaisir constant, surtout que les conditions sont parfaites côté lumière avec le soleil.

Le lac Herbert, miroir émeraude au creux des montagnes, est particulièrement spectaculaire. Alors que j’y prends une pause photo, un employé du parc veut savoir si j’ai vu un ours, mort ou blessé à la suite d’une collision. Il me demande de signaler tout ours.

Cinq minutes plus tard, un jeune ours grimpe dans un arbre à cinq mètres de moi. Je quitte rapidement les lieux !

Je suis à quelques minutes de la guérite où les voitures font la file pour entrer sur la route. J’y arrête pour signaler l’ours, qui semble connu, puis je prends la route 1, l’autoroute transcanadienne. À chaque entrée ou sortie, il y a des « Texas Rolls », une série de tuyaux perpendiculaires à la route au dessus d’un fossé. C’est un système pour empêcher les animaux de se rendre sur l’autoroute, mais ça pourrait être assez dangereux à vélo. Je les passe chaque fois à pieds.

Je reste à peine 3 km sur la 1, puisque je suis déjà à Lac Louise. L’information touristique me fournit une bonne carte permettant d’aller jusqu’à Canmore.

Le Lac Louise est à 4 km du village ; le Lac Moraine, lui, est à 14 km. Trop loin pour moi aujourd’hui. Je m’engage plutôt sur la 1A, route parallèle à la 1, mais toute petite et calme. Il y a autant de vélos que de voitures.

C’est à la fois agréable et intéressant, puisqu’il y a plusieurs panneaux d’interprétation à propos de la vallée de la Bow, le cours d’eau qui nous guide jusqu’à Calgary. L’un deux rappelle le sort pénible d’internés d’un camp de travail pendant la première guerre mondiale, coupables d’être originaires du mauvais pays et de pauvreté.

Parfois, la route se scinde en deux sections plus étroites. Ça ressemble aux routes de montagne en Europe. J’aime.

Une barrière bloque une section de la route pendant la nuit afin de protéger la faune, une bonne idée. Au moment de rejoindre la 1, un mouflon est au milieu de la route, sous un viaduc. Les voitures hésitent, puis l’animal libère le chemin.

Je pensais devoir prendre la 1, mais dans la bretelle qui y mène il y a une piste cyclable. Parfait ! Jusqu’à Banff, je longe de jolis petits lacs, toujours entourés de montagnes. J’entre en ville, car j’ai quelques courses à faire : il y a longtemps que je n’ai plus de fruits frais. Ensuite, j’ai un peu de difficultés à retrouver la piste, mais je finis par y arriver.

À nouveau, la piste cyclable longe l’autoroute en tout confort… et ça descend. En entrant à Canmore, il y a un centre d’information touristique. Les deux jeunes préposées me présentent le trajet à suivre à Calgary pour rejoindre l’aéroport. Précieux. Et le camping est juste à côté. Après plus de 115 km, il est temps d’arrêter.

Ce camping est très cher et assez moche. Il est juste entre l’autoroute et la grand route, qui elle-même longe un chemin de fer assez fréquenté. Ce sera une nuit à bouchons d’oreilles. En revanche, il y a des douches – à 2 $, en plus du prix du camping – et de l’électricité pour l’ordinateur et l’appareil photo. Ça commençait à devenir urgent pour mes appareils.

Il y a aussi Denis. Parti de Montréal à vélo, il se dirige vers Vancouver. Nous discutons abondamment de trajets et d’équipement. Nous sommes rejoints par deux couples de touristes québécois : le français est l’honneur ce soir.

La connexion Internet est un peu précaire, mais je réussis à acheter mon billet de retour vers Montréal pour jeudi midi. Il est trop tard pour le journal ou les courriels : je passe à la douche et au dodo.

km jour : 116,4
km total : 2822
départ / arrivée : 7 h 30 / 14 h 00
temps de trajet : 6 : 39
vitesse moyenne : 17,4
vitesse maximale : 56,5
camping : 27 $

Eau et glace – un peu

Le lac Bow

> Ruisseau Mosquito (Parc Banff) – 65 km
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Lundi. Nuit fraîche et confortable, mais la tente est légèrement humide ce matin. Avant 6 h, nous nous activons tranquillement, et nous prenons chacun nos routes vers 7 h 30. Détail : ici, il est 8 h 30, car j’ai changé de fuseau horaire hier sans le réaliser. Tant pis, je changerai mon heure demain.

Ce matin, c’est assez froid, et la couverture nuageuse est assez trouée. Belle journée en vue ? La route descend en forêt pour les premiers kilomètres, jusqu’à l’intersection de quatre vallées : au nord, celle d’où je viens ; au sud, celle où je vais ; à l’ouest, le col Howe ; à l’est, celle où vont les eaux, vers Red Deer. Le lieu est à la fois historique, en tant que lieu de passage, et magnifique avec un delta complexe au cœur des montagnes. Impressionnant !

C’est là que je rencontre Krijin, un cyclotouriste hollandais en route jusqu’en novembre dans les parcs de l’ouest du continent. Nos nous recroisons quelques fois en cours de journée.

Ensuite, ça monte, comme prévu, mais assez doucement en général. Ce n’est pas difficile, mais comme nous sommes en forêt et ne voyons pas beaucoup la rivière Mistaya dont nous remontons le cours, c’est moins spectaculaire.

Après un bon bout à se rapprocher des glaciers magnifiques, ça se met à monter, mais ce n’est ni très long ni très difficile sur cette route large et presque droite.

En approchant du sommet, je rattrape Kanak, Muntasir et Sarah-Jane. Les deux premiers sont du Bangladesh, la dernière d’Australie. Leur trajet prévu va d’Anchorage à Toronto. Sarah-Jane est assez volubile alors que les garçons sont plus discrets, mais la rencontre est, comme d’habitude, très agréable.

Au sommet du col Bow – à 2067 m, c’est le point le plus haut de mon trajet –, nous nous retrouvons à cinq avec Krijin… pour prendre la fuite devant la pluie qui avance rapidement vers nous.

C’est la descente rapide sous les premières gouttes, mais avec d’incontournables arrêts photo à cause du fabuleux lac Bow, une vraie carte postale.

Je file au plus vite vers le premier camping, une étape que je prévoyais, alors que la pluie reste relativement légère et ne traverse pas mes protections. C’est donc au camping Mosquito que je passerai cette nuit-ci, car le ciel reste incertain malgré une éclaircie.

Je mange, un peu plus tard que prévu mais bien à l’abri. Alors que j’achève mon repas, un petit camper s’approche avec deux dames qui se questionnent à propos du poste d’accueil. Je leur réponds en français, puisqu’il est évident qu’elles sont québécoises, et leur explique le fonctionnement de l’auto inscription. Je leur propose que nous partagions le site ce soir, ce qu’elles acceptent volontiers.

Diane et Danielle, retraitées, sont en couple depuis quelques années. Au début, chacun s’organise de son côté.

Comme il est encore tôt, je pars marcher un peu sur un très joli sentier en forêt. J’aurais bien aimé le suivre plus longtemps, dans les hauteurs où il mène, mais ce n’est pas pour ce voyage-ci. J’y croise quelques randonneurs, beaucoup de fleurs et je rejoins la rivière pour m’arroser un peu de son eau glaciale. Je redescends tranquillement, bien heureux de mon escapade et du retour du soleil.

Au souper, nous nous retrouvons à trois et conversons comme de vieux amis pour une bonne partie de la soirée, à peine dérangés par la fumée erratique du feu de bois, mon premier du voyage.

Vers 20 h, heure du Pacifique, chacun se dirige vers ses quartiers. Je complète le journal avant le dodo vers 21 h, puis je règle mes horloges sur leur nouvelle heure. Je me couche donc peu après 22 h, heure des Rocheuses.

km jour : 67,0
km total : 2706
départ / arrivée : 7 h 30 / 14 h 00
temps de trajet : 4 : 50
vitesse moyenne : 14,1
vitesse maximale : 46,3
camping : 5 $

La vallée des glaciers

Le glacier Columbia

> Ruisseau Rampart (Parc Banff) – 95 km
Sommaire

Dimanche. La pluie n’a pas duré, et tout est bien sec quand je me lève… à 4 h 45. Moins d’une heure plus tard, je suis en route. Mon camping peut-être illégal et l’impossibilité de le payer faute de monnaie m’ont incité à ne pas traîner.

Ce matin, c’est gris et frais, mais il n’y a pratiquement personne sur la route avant 8 h. Pendant les premières heures, le trajet est facile et reste spectaculaire : je remonte toujours le cours de la rivière Athabaska entre deux murs de montagnes aux sommets souvent couronnés de blanc. J’arrête déjeuner – fin de mon délicieux yogourt… – au stationnement du ruisseau Poboktan, point de départ de randonnées de plusieurs jours en arrière-pays. Pour cette fois-ci, je me contente d’en rêver…

Depuis un bout de temps, je guettais le ciel derrière moi : de la pluie semblait s’approcher, même s’il y avait un peu de bleu devant. Effectivement, les gouttes arrivent juste après le repas. Je range les tissus à sécher et enfile mes couvre chaussures, mais la pluie n’est pas très intense et cesse bientôt… pour revenir un peu plus forte. Rien de bien sérieux, et bientôt tout est bien sec.

À la hauteur du ruisseau Beauty, deux cyclistes prennent la route : Kyle et son neveu Connor, d’Edmonton, vont en vélo et auberge de Jasper à Banff. Ayant des rythmes semblables, nous nous croisons régulièrement tout au long de la journée.

Le terrain facile ne saurait durer : une bonne montée est au programme. Les paysages toujours magnifiques me font multiplier les photos, il y a des cascades, des mouflons, les glaciers qui se font de plus en plus proches, et toujours les montagnes. Assez fantastique !

Je passe près d’un truc touristique assez couru : Glacier SkyWalk permet aux visiteurs de marcher sur une passerelle en verre au-dessus du vide. Ensuite, une descente assez échevelée me mène au dernier delta avant le champ de glace Columbia, un des principaux attraits du parc. Effectivement, c’est très impressionnant, mais la foule est là, dense. Je passe mon chemin pour aller dîner tranquillement à l’entrée d’un camping.

En repartant, je croise Russ, un cycliste parti du Nouveau-Mexique et en route pour une boucle de plusieurs mois. Peu après, je passe le col Sunwapta, limite des parcs Jasper et Banff et ligne de partage des eaux entre l’Arctique et l’Atlantique.

La douce descente du début devient rapidement une chevauchée à haute vitesse car la pente est abrupte et longue. Je m’arrête à quelques reprises car les paysages sont vraiment sublimes malgré l’orage qui gronde sur les sommets. Je reçois quelques gouttes, à nouveau rien de sérieux, mais j’essaie de ne pas trop traîner en route.

La fin du trajet est facile, en faux plat descendant le long de la rivière North Saskatchewan. C’est toujours de toute beauté.

J’arrive au camping vers 16 h et, est-ce un miracle, il y a de nombreux sites libres. Comment payer puisque je n’ai pas de monnaie ? Un couple en roulotte me dépanne très gentiment. Et la préposée me parle en français : Valérie vient du Lac-Saint-Jean. Ayant choisi un site libre, je monte la tente en vitesse car la pluie est proche. Les premières gouttes arrivent alors que j’entre mon matériel sous la tente. Ouf !

Je m’installe sous l’abri communautaire pour cuisiner. Une jeune femme m’y retrouve : Melissa fait un tour du monde depuis environ neuf mois, ses amis espagnols Vicens et Núria sont venus passer quelques jours avec elle et nous passons une excellente soirée entre cyclistes, passant de l’anglais à l’espagnol ou au français selon les moments. Ils se sont connus à Barcelone, et Melissa est originaire de l’Oregon…

La soirée reste courte et chacun se réfugie dans sa tente car les moustiques, à défaut d’être efficaces, sont nombreux. Dès 21 h, dodo !

km jour : 94,4
km total : 2639
départ / arrivée : 5 h 45 / 16 h 00
temps de trajet : 6 : 17
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 63,6
camping : 17 $