Congé à Dijon

Magny s/ Tille (Dijon)
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Dimanche. Il fait chaud dans les chambres, car il n’est pas possible d’ouvrir à cause des moustiques. Je dors quand même très bien. Tous se lèvent tard.

Au matin, nous profitons d’un bon temps en famille. À sa demande, je donne un petit cours de guitare à Evan, qui se passionne pour l’instrument. Au midi, les garçons quittent avec Renaud et moi : ils vont passer la semaine chez la mère de Cristelle, puisque l’école est finie. Elle habite un joli appartement entouré de verdure sur le toit d’un stationnement d’hôtel, en plein centre-ville de Dijon. C’est un plaisir de retrouver cette grand-maman enthousiaste et énergique, qui adore ses petits-enfants, une adoration mutuelle.

Renaud et moi nous attablons ensuite à une terrasse en ville pour un copieux repas et de longues conversations toujours passionnantes. Nous nous baladons un temps dans la ville ancienne, magnifique, tortueuse, animée.

Nous visitons le musée des Beaux-Arts de Dijon, logé à l’hôtel de ville, qui regorge de trésors médiévaux liés aux ducs de Bourgogne. À l’époque, ils étaient les maîtres d’un vaste pays s’étendant jusqu’en Hollande. Évidemment, nous saluons la Chouette de Dijon. Un petit saut à la gare permet de récupérer mon billet de train pour jeudi. De retour à la maison, nous passons une belle mais brève soirée à trois, avec Cristelle. Mes hôtes vont au dodo, je prépare mon bagage puisque demain je reprendrai la route.

La longue route vers Dijon

> Magny s/ Tille (Dijon) – 140 km
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Samedi. Finalement, la nuit est restée sèche. Le ciel est bien gris, sans trop vouloir indiquer le temps qu’il fera aujourd’hui. Je me lève tôt, et dès 7 h 45 je suis en route, car j’anticipe une grosse journée.

Au matin, je profite de plusieurs descentes. Je suis en pleine campagne, vallonnée, avec plusieurs petits lacs et villages, vraiment jolis. À Châtillon, une petite montée me mène au col de La Percée, 579 m. Rien de très difficile.

Peu après, je descends abruptement dans le Cirque de Baume. Au creux du cirque, le village médiéval de Baume-les-Messieurs, avec son abbaye, ses maisons anciennes, les murailles de pierre qui l’encerclent… et pas mal de touristes. Coup de cœur renouvelé, puisque j’étais passé ici il y a 20 ans, presque jour pour jour.

Le cœur des villages suivants reste ancien, très typique, puis les légers vallons font tranquillement place à la plaine. Le ciel est partagé, même si le soleil prend de plus en plus de place, la chaussée est parfois humide, mais je ne rencontre que quelques gouttes sans importance. En revanche, le vent se lève et je l’ai pour l’essentiel en pleine face pour le reste de la journée.

Heure après heure, je roule vers le nord-est, traversant de petits villages sans grandes particularités. Par messages texte, j’informe Renaud de mon avancée. Finalement, après 140 km, j’arrive chez mes amis. Il est 19 h 10, soit l’heure annoncée. Bon point.

L’accueil de Renaud, Cristelle et de leurs fils Evan et Nolan, est très chaleureux. Après quelques formalités – séchage de la tente, douche –, nous passons à table sur la terrasse. C’est simple et délicieux.

En soirée, nous sortons la guitare – Evan, qui commencera des cours de cet instrument à l’automne, est fasciné – et nous passons une excellente soirée. Après quelques échanges entre adultes, dodo ! Ça fera grand bien à tous.

Je bénéficie de la chambre d’amis, avec salle de bain complète, que je partage avec Jedi, le chien de la maison. De toute façon, le sommeil est facile : ce soir, je tombe de fatigue.


km jour : 140,0
km total : 1539
départ / arrivée : 7 h 45 / 19 h 10
temps déplacement : 8 : 32
vitesse moyenne : 16,4
vitesse maximale : 46,9

Pluie, crevaison, France

> Chaux des Crotenay (Jura) – 75 km
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Vendredi. Il y a eu quelques averses cette nuit, mais ce matin le soleil fait une timide apparition. Je me prépare, prenant le temps d’étudier les cartes, puis je me rends au village voisin pour faire le plein d’eau et déjeuner.

À Cossonay, je fais mes courses, histoire de pouvoir manger aujourd’hui. C’est le moment où une bonne averse agrémentée de quelques coups de tonnerre m’incite à me réfugier sous une arcade. Je profite de cette pause pour écrire un peu. La température déjà fraîche baisse encore, mais la pluie perdure. À 11 h, la pluie semble avoir diminué un peu, je pars.

À l’Isle, elle redevient plus forte alors que s’amorce la montée d’un premier col. Malgré la pluie, il offre de beaux points de vue sur le lac Léman.

Deux kilomètres avant le sommet du col, mon pneu arrière se dégonfle encore. Je lui offrirai le plus tôt possible une retraite bien méritée. En attendant, il me faut trouver le problème qui m’avait échappé hier. Le trou tout petit se révèle enfin, me permettant de retirer un morceau de verre bien dissimulé dans le caoutchouc. Heureusement, il ne pleut plus et j’ai un bon endroit pour procéder.

J’atteins finalement le sommet du col de Mollendruz, 1184 m, pour redescendre rapidement à Le Pont, le village suivant, au bout du lac de Joux. C’est très joli avec le soleil qui est de retour, j’y prends une pause et je regonfle mon pneu grâce à un gentil garagiste.

Et c’est reparti pour le col de Landoz-Neuve, 1260 m et pourtant bien plus facile. En même temps, je passe en France sans aucune formalité ni surveillance. Une longue descente en roue libre à 40 km/h, et je me retrouve à Mouthe, aux sources du Doubs.

Je repars vers le sud-ouest – ça semble être la meilleure route – en grimpant jusqu’à Châtelblanc. Et c’est une autre descente, avec à nouveau de petites gouttes. Au passage, j’admire les gorges de la Saine avant de me retrouver dans un petit camping tout simple pour une bonne nuit, malgré le ciel qui reste gris et incertain.


km jour : 73,9
km total : 1399
départ / arrivée : 7 h 40 / 20 h 15
temps déplacement : 5 : 51
vitesse moyenne : 12,6
vitesse maximale : 51,9
camping : 7,20 €

Du Rhône au Léman

> Gollion (Lausanne) – 125 km
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Jeudi. Même en altitude, la nuit a été chaude, avec une petite averse vite évaporée. Avant de me coucher, j’avais envoyé un courriel collectif avec photos.

Je me lève tôt afin de prendre le déjeuner avec Fabien et Sylvie, histoire de profiter de chaque instant. Nos conversations sont toujours très intéressantes. Après leur départ pour le travail – ce n’est qu’un au revoir –, je me prépare tranquillement et je pars vers 10 h, ayant pris le temps de réveiller et de saluer Rachel.

C’est chaud, humide et brumeux, mais pas de pluie à l’horizon. Je redescends bien rapidement ce que j’avais gravi si lentement lors de mon arrivée. La vallée est toujours splendide.

Lors d’une petite pause épicerie, je croise Virginia et Asier, deux cyclistes espagnols. Hier, ils ont passé et adoré le col du Grand Saint-Bernard et retourneront en Italie vers les Dolomites par Neufenenpass. Les amateurs de cols sont peu nombreux mais enthousiastes.

Je longe le Rhône pendant un bon bout de temps. Lorsque le fleuve vire à 90° vers le lac Léman, la route est si étroite que les voitures ne peuvent se croiser. Tout de suite après, deux alpinistes sont à l’œuvre sur une paroi. Elle grimpe, il assure, c’est bien beau.

Je tente de rester sur la rive est du Rhône, mais c’est ici un cul-de-sac. Je reviens sur la rive ouest et sur la route jusqu’à Saint-Maurice. Je perds la piste avant de la retrouver alors que la vallée redevient très étroite avant de s’élargir pour de bon. Le ciel laisse tomber quelques gouttes sans conséquences. Je passe tout à côté du siège social de l’Union Cycliste Internationale avant de rejoindre le lac Léman.

Là, dans un parc au milieu de nulle part, mon pneu arrière – encore lui – se dégonfle. Ne réussissant pas à repérer la fuite, j’installe une nouvelle chambre à air, alors que deux renards passent tout près en se couraillant.

Alors que j’achève ma réparation, deux cyclistes – un portugais et un iranien –me proposent leur aide. Ils deviennent mes guides jusqu’à Montreux, tout en appréciant visiblement les jolies femmes croisées en route.

La ville, en particulier son château médiéval, est magnifique, un genre de Côte-d’Azur suisse, mais les boutiques de vélo sont déjà fermées. Malgré tout, merci, Georges et Hojat, pour votre aide empressée et pour votre gentillesse. Ici, la piste cyclable, partagée avec de nombreux piétons, reste sur la berge. Il fait chaud, beaucoup se baignent dans le lac, en plein centre-ville.

Le ciel s’ennuage sérieusement : il est temps de rouler. Par la route – pas le choix, et c’est rapide –, j’arrive à Lausanne, siège du Comité Internationale Olympique, vers 20 h 15, puis je rejoins l’intersection de la véloroute 5… que je perds aussitôt. Je m’informe, et c’est Amadou, cycliste originaire du Sénégal, qui m’accompagne dans la bonne direction.

J’ai beau rouler rapidement, la nuit tombe inexorablement. J’allume l’éclairage sur ces petites routes de campagne. À 22 h, je n’ai pas rejoint le camping, qui est encore à 7 ou 8 km, mais un verger m’offre son abri. Je m’y installe discrètement, monte la tente, mange rapidement et me couche. À 23 h 30, les averses commencent. Pas de problème : la tente est bien tendue et bien placée pour rester sèche à l’intérieur.


km jour : 127,5
km total : 1325
départ / arrivée : 9 h 40 / 17 h 50
temps déplacement : 7 : 47
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 49,1

Raclette et abricots en Valais

> Erde (Conthey)
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Mercredi. Après ces journées exigeantes, dormir dans un lit et faire la grasse matinée sont des plaisirs intenses.

Aujourd’hui, je ne pédale pas. Fabien est absent pour l’avant-midi, Sylvie rentrera en après-midi et Rachel se lève tard. J’ai donc du temps pour trier et préparer photos et textes. Mais je préfère être avec mes amis quand ils sont disponibles.

Je déjeune avec Rachel et dîne avec elle et Fabien. En après-midi, je retrouve Sylvie, de retour d’une garde de 24 h au travail, auprès de personnes atteintes de maladie mentale. C’est un travail en droite ligne avec ses valeurs et ses engagements.

Je donne un coup de main à Fabien pour recouvrir partiellement ses panneaux solaires, puis je l’accompagne pour quelques courses dans la vallée surchauffée : il fait au moins 35° sous un soleil implacable. Ouf !

Au retour, Roger et Béatrice se joignent à nous pour une bonne raclette suivie d’une tarte aux abricots. C’est vraiment le Valais suisse, et c’est délicieux. La soirée ne se prolonge pas : mes hôtes ont une journée chargée demain, et je reprends la route alors que la pluie risque d’être au rendez-vous. Je profiterai auparavant d’une autre nuit confortable.

Descendre et monter

> Erde (Conthey) – 80 km
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Mardi. La nuit a été sèche et calme, bercée par le grondement du Rhône tout près. Il fait à nouveau un temps splendide, mais rapidement c’est très chaud. Après avoir salué mes collègues de camping, je prends la route peu après 9 h 30.

J’anticipe une journée plus facile que celle d’hier. Évidemment. Mais elle n’est pas si facile. Bien sûr, les paysages restent splendides et je profite de bonnes descentes en début de journée. Mais il y a beaucoup de terrain plat, un vent de face et, surtout, environ 35° sous un ciel bien bleu et un soleil cuisant. Je fais régulièrement le plein d’eau, et mes gourdes se vident rapidement.

Je prends une pause repas à Raron, très joli village ancien dominé par une église sur un cap de roche. Une autre église, souterraine, semble en construction sous le cap de roche. Spectaculaire.

Je croise peu de cyclotouristes. À noter : un couple de néerlandais, et deux jeunes américains combinant vélo et escalade.

À partir de Sierre, l’allemand cède la place au français. Pratique pour moi. Jusqu’à Sion, je délaisse l’itinéraire prévu pour les cyclistes afin de rester dans la vallée. C’est assez dur à cause de la chaleur, mais j’aurai l’occasion de bien grimper plus tard.

En traversant Sion, je reçois un appel de Fabien. Lui viendra plus tard ce soir, et Sylvie ne rentrera que demain matin, mais il est possible que Rachel soit sur place à mon arrivée. Nous avons vraiment hâte de nous revoir.

Plus loin, j’achète une nouvelle dose d’abricots – le Valais en produit d’excellents. La dame qui me sert est une québécoise immigrée ici il y a 40 ans. Belle rencontre.

Quelques mètres plus loin, je quitte la route principale pour me diriger vers les montagnes. Je grimpe abruptement au milieu des vignes surchauffées, une ascension de 325 m sur 6 km. J’arrête très régulièrement pour boire et respirer. Long, dur… surtout avec la chaleur suffocante, mais aussi après la journée d’hier.

Deux minutes avant la maison, Béatrice passe en voiture et s’arrête. Nous nous verrons plus longuement demain, mais j’apprécie l’accueil. À la maison, Rachel est là. Nous ne nous étions pas vus depuis six ans, c’est maintenant une jeune femme de 20 ans. Nous profitons des quelques minutes avant son départ pour la soirée pour nous mettre à jour : elle étudie en carrosserie, un métier d’avenir en Suisse.

Avant la douche, je dois solutionner un petit problème : les prises électriques suisses n’acceptent pas mon fil. Solution temporaire : démonter une plaque murale. Ça marche. En attendant l’arrivée de Fabien, j’écris un peu, distrait par le soleil qui se couche sur les montagnes au-dessus de l’autre versant de la vallée. Nous passons une belle soirée ensemble, à échanger comme les amis de longue date que nous sommes. Que c’est bon de se retrouver !


km jour : 82,4
km total : 1198
départ / arrivée : 9 h 40 / 17 h 50
temps déplacement : 5 : 29
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 39,7

La splendeur des hauteurs

> Grengiols – 80 km
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Lundi. Ce matin, ma tente est trempée de rosée. Je me prépare tranquillement, lui laissant le temps de sécher et saluant mes voisins. Ce sera une grosse journée, sous un soleil sans partage et cuisant, mais surtout avec l’ascension de Grimselpass, col majeur. Un panneau donne l’heure juste : ascension de 1650 m sur 30 km.

Au début, je roule dans la plaine, mais ça ne dure pas. Les premières montées sont faciles, mais mon vélo continue à louvoyer, ce qui est assez inquiétant avec les descentes à venir. J’ai une idée que je vérifie et qui s’avère juste : mon pneu arrière est mal positionné sur la jante. Je croise rapidement un atelier qui me laisse utiliser leur compresseur, alors je dégonfle mon pneu, le replace le mieux possible et le regonfle. Ça semble mieux, le vrai test se fera en descendant Grimselpass.

En attendant, il faut le monter. C’est une entreprise de longue haleine, entrecoupée de très nombreuses pauses repos et photos. Chaque tour de roue révèle de nouvelles merveilles.

Au début, je traverse une campagne pentue, puis les arbres diminuent, remplacés par des prairies constellées de fleurs multicolores, puis des roches avec des plaques de neige et, près du col, plusieurs barrages qui fournissent une partie de l’électricité du pays. Côté route, c’est parfois acrobatique, avec des lacets accrochés à des parois abruptes, des tunnels, des virages et de bonnes pentes. Chapeau aux constructeurs !

J’avance à pas de tortue. Les installations de transport d’électricité envahissent le paysage. Et il faut être très vigilant : la circulation est dense, constituée pour moitié de grosses motos rugissantes. Et c’est le défilé des voitures de grand luxe. Quand les voitures s’absentent, je goûte les chants des cascades et des oiseaux.

Il est plus de 16 h quand j’atteins enfin le sommet, à 2164 m. C’est splendide partout. J’ai monté très lentement, en 7 heures pour 35 km et une moyenne au compteur de 8,5 km/h. Je prends une bonne pause, un autre repas et encore des photos

Ensuite, je me lance dans cette descente plus que spectaculaire où la route s’accroche à même une paroi presque verticale. Quelles vues ! En particulier, on voit la montée vers Furkapass et Andermatt, ainsi que ce qui reste du Rhonegletscher, le glacier à la source du Rhône mis à mal par les changements climatiques.

Joie ! Mon vélo roule droit, enfin, ma réparation de ce matin a fait effet. Je peux profiter, avec prudence, de cette descente fabuleuse jusqu’à Gletch, puis vers la vallée en suivant le Rhône, ici torrent impétueux. Il fait beau, le vent est bon, je poursuis de village en village, avec parfois des descentes abruptes, et au passage une pause sur un pont suspendu, jusqu’à Grengiols où je retrouve un camping modeste et calme. J’y rencontre deux randonneurs descendus des montagnes et des glaciers, ainsi qu’une famille dont le père est québécois. Je plante ma tente à quelques mètres du Rhône, dont les rapides couvrent le bruit de la route, pour profiter d’une bonne nuit.


km jour : 80,0
km total : 1115
départ / arrivée : 9 h 00 / 20 h 30
temps déplacement : 6 : 35
vitesse moyenne : 12,1
vitesse maximale : 55,8
camping : 6 chf

Au cœur des montagnes

> Meringen – 100 km
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Dimanche. Nuit très calme, bon choix de site pour le camping sauvage, journée parfaite et bientôt chaude. Je suis en route dès 8 h en terrain plat jusqu’à Sursee, puis avec des vallons le long du lac Sempacher – magnifique – jusqu’à Luzern. C’est une très jolie ville, mais en plus de l’admirer je dois trouver de quoi manger : comme c’est dimanche, les épiceries sont fermées. Sauf celle de la gare, ou je réussis à faire mes courses malgré la complexité de la chose.

Le long du lac Vierwald-stätter See, c’est encore bien plus beau, avec les montagnes qui enserrent le paysage. La route proposée est tranquille et facile, sur les berges. Ensuite, je passe Hergiswil, une zone d’embouteillages monstres pour les voitures, alors que piste cyclable, route, autoroute et train se partagent le pied d’une falaise.

Il fait maintenant près de 30° sous le soleil alors que je passe le cap des 1000 km depuis le départ. D’autres lacs et d’autres féeries me mènent à Sarnen, puis Giswil. Là, ça se corse. Une monté abrupte sur une piste étroite, pendant laquelle je dois prendre des pauses à tous les 50 m pour reprendre ma respiration, me mène sur les berges du splendide Lungerersee, un lac émeraude entre les montagnes.

Après le village de Lungern, nouvelle montée abrupte, cette fois-ci avec un dure section en gravier. Je retrouve avec soulagement la route, plus facile malgré le trafic dense. Je suis à Brunigpass, 1008 m. Une descente échevelée me mène à Meringen, au pied de Grimselpass, cerclée de montagnes spectaculaires. Au camping, j’ai pour voisins un randonneur anglais et un cycliste suisse. La lune presque pleine rend le paysage encore plus magique. Je profite de chaque instant.


km jour : 100,9
km total : 1035
départ / arrivée : 8 h 00 / 19 h 00
temps déplacement : 7 : 02
vitesse moyenne : 14,3
vitesse maximale : 54,4
camping : 22,50 chf

Un train, pas de camping

> Bâle > Mooseerau – train + 80 km
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Samedi. Après une nuit froide, la journée est magnifique. Je m’étais couché tard, je me lève tard. Hier, j’ai fait quelques calculs et vérifications : pour arriver à temps sans courir, il est préférable de prendre le train jusqu’à Basel (Bâle). Tant qu’à ne pas pédaler une section, je préfère que ce soit du terrain plat.

Il y a un départ à chaque heure. Je prends celui de 10 h 51 et je débarque 90 minutes plus tard.

J’ai décidé de suivre la route 3, un trajet vélo qui va du nord au sud et me mène vers le col que j’ai choisi. Dans les villes, il me faut être très vigilant pour toujours suivre le bon itinéraire. Je dois parfois revenir sur mes pas pour m’assurer de la direction à suivre.

Bientôt, je me retrouve à la campagne, dans des paysages vallonnés, splendides. Je commence enfin à jouer dans les côtes.

En fin d’après-midi, après une nouvelle crevaison à la suite de celle d’hier – je réussis enfin à retirer du pneu un petit bout de métal qui s’y cachait –, je franchis un premier col. Ça monte doucement, puis abruptement, en lacets, mais ça grimpe bien. J’apprécie mes 30 vitesses : elles sont essentielles ici. Au sommet, je découvre un immense paysage marqué par de blanches montagnes à l’horizon sud. Que c’est beau et attirant !

La descente vers Aarau est impressionnante, avec une pointe de vitesse à plus de 60 km/h sur une route étroite. Je comptais y camper, mais il n’y a pas de camping. Je continue donc vers le sud jusqu’à 21 h 30 et je plante ma tente entre la piste et le ruisseau. Premier camping sauvage, à peine troublé par le clapotis de l’eau, le meuglement des vaches et les clochers qui marquent les heures.


km jour : 80,1
km total : 934
départ / arrivée : 9 h 00 / 21 h 15
temps déplacement : 5 : 51
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 61,2

Grosse journée vers Strasbourg

> Strasbourg – 135 km
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Vendredi. La nuit a été fraîche et sèche, confortable. Ce matin, il fait grand beau temps. Je me prépare rapidement car je souhaite aller loin. Je suis en route dès 9 h.

À nouveau, les cartes de mes amis sont très précieuses. Le paysage ressemble à celui d’hier, je ne croise pratiquement aucun autre cycliste avant Karlsruhe. Ça se comprend : à Fußhein, une bonne section est en travaux, une petite partie est inondée puis que le Rhin reste très haut. Et je cherche souvent la piste, dont le gravier est souvent irrégulier.

Après Leopoldhafen, je la perds pour de bon et je navigue à l’estime. En arrivant à Karlsruhe, je m’informe à un jeune francophone afin de savoir où je suis. Par chance je suis pratiquement à l’endroit souhaité. Même si je suis dans une grande ville industrielle, ça ne se voit pas du tout de là où je passe. Ensuite, je suis la piste sans problème. Je traverse de beaux endroits, mais c’est plutôt monotone.

À Plittersdorf, je prends le traversier vers Seltz. C’est un bac qui utilise la force du courant pour avancer le long d’un câble tendu d’une rive à l’autre du Rhin. Il n’a aucun moteur : il fonctionne à force de bras et complète avec des panneaux solaires.

Je repars le long du Rhin que je quitte rapidement. Après une très jolie mais brève piste cyclable, je roule de village en village sur des routes à l’intérieur des terres. J’avance bien et les kilomètres s’accumulent. Soudain, la conduite de mon vélo se détériore, comme si je glissais sur la glace. Ce ne sont ni les roues ni les porte-bagages, mais une crevaison, à nouveau à l’arrière. Comme la chambre à air est usée autour de la fuite réparée à Paris, je la change. J’utilise un abri tout près. Bientôt, les lieux s’animent : c’est le rendez-vous des amateurs de pétanque. Après une pause de 45 minutes, je reprends la route.

Un peu plus loin, un garage est encore ouvert et je peux regonfler mon pneu à une pression normale. Tout à côté, une épicerie pour faire le plein de bouffe.

J’arrive à Strasbourg vers 20 h 30, toujours en pleine forme malgré plus de 135 km, mais il me faut encore repérer le camping. Grâce à diverses cartes affichées et à quelques passants, j’y arrive vers 21 h 15. À l’accueil, on me dit qu’il est complet, que j’aurais du réserver, mais il est impossible pour moi d’aller plus loin. La préposée accepte que je reste, et il y a plus de place que nécessaire. Le site est très luxueux, réaménagé tout récemment par une chaîne qui rachète et transforme des campings municipaux en doublant les prix. Je stationne mon vélo à 21 h 30. Je me prépare très rapidement, puisqu’il est tard ; à 22 h, tout est en place et je mange. Ce soir, j’ai une connexion Internet. Comme il est tard, nous ne sommes plus que deux encore installés aux tables. Mireille, une québécoise, fait un grand tour de France seule à vélo depuis le début de mai. Nous passons de bons moments à discuter vélo et trajets. Je me couche tard, car j’en profite pour envoyer un courriel collectif. Il fait froid et très humide : je goûte mon sac de couchage chaud et douillet.


km jour : 137,1
km total : 850
départ / arrivée : 9 h 00 / 21 h 15
temps déplacement : 8 : 05
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 29,4
camping : 26 €