De Lyon à la maison

> Aéroport >>> Montréal – 35 km
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Lundi. Comme d’habitude, je me lève quelques minutes avant que sonne mon alarme. Une heure plus tard, je suis en route. Ce matin, il fait beau et frais, c’est donc très confortable. Aussi, l’itinéraire est simple et l’algorithme ne m’a préparé aucune mauvaise surprise.

Au début, je traverse un long chantier, mais qui laisse une place aux vélos, puis je profite de bonnes pistes cyclables. Le dernier tiers du trajet est sur une route assez passante et sans accotement, alors mon clignotant rouge reprend du service. J’arrive sans encombre après 21 km et 1 h 45 de trajet.

L’aérogare est moderne et lumineuse avec ses grands murs vitrés. Le comptoir d’information me donne une pièce en plastique pour déverrouiller un chariot, puis je m’installe dans un coin plus tranquille pour tout mettre en sacs, une affaire de 45 minutes. C’est l’heure d’enregistrer mes bagages, sans aucune difficulté. Quand je ramène la pièce de plastique, la dame est toute étonnée : ça n’était jamais arrivé.

Peu après, je rencontre Gilbert, québécois d’origine africaine, et nous restons ensemble pour la suite des étapes, soit une bouffe d’aéroport, la douane, les contrôles de sécurité et l’attente avant l’embarquement. Il est de très agréable compagnie, alors le temps passe vite et bien.

À l’appel de ma section, je me dirige vers l’avion et mon siège. Je suis avec Sarah, qui revient à la maison avec son conjoint et leurs trois enfants après trois semaines dans leurs familles en France et des vacances en Corse. Traductrice dans le milieu artistique, vivant sans voiture, intéressée aux enjeux de société et de langue, nous avons beaucoup de sujets intéressants pour nos échanges.

Après le repas d’avion – c’est encore pire qu’un repas d’aéroport -, je fais une sieste assez inconfortable mais nécessaire. Je réussis à mettre le journal à jour juste avant que l’avion amorce sa descente vers un Montréal pluvieux.

Nous touchons le sol alors que les fenêtres se couvrent d’une pluie abondante. L’avion s’immobilise au milieu de rien, et nous attendons plusieurs minutes qu’une passerelle soit installée. C’est un autobus qui nous mène à une entrée de l’aérogare et à une longue marche dans un dédale de corridors. Contrairement à nos craintes, les formalités se font rondement, avec une attente minimale. Je trouve un petit coin un peu plus tranquille pour remettre mon vélo sur ses roues.

Quand j’émerge à l’extérieur, c’est gris et froid, mais la pluie est très faible. Je rejoins la piste cyclable de l’aéroport, puis celle de la rue Donegani que j’utilise pour aller travailler.

Agréable surprise : la piste cyclable très détériorée du boulevard Des Sources a été élargie et repavée. J’arrive chez moi sans encombre, mais il est déjà 19 h 40, soit 1 h 40 du matin dans mon corps. Comme prévu, ma maison n’a subi aucun dommage lors des pluies torrentielles des dernières semaines.

Je passe rapidement à l’épicerie, et en soirée j’appelle ma sœur – décalage oblige, j’ai quelques ratés dans la séquence des idées… Je me couche à l’heure habituelle afin de reprendre rapidement pied dans ce fuseau horaire. Bonne nuit en perspective, rêves de voyage à prévoir. Quel bonheur de pouvoir ainsi vivre et rencontrer dans notre monde !

km jour : 32,8
km total : 1335
départ / arrivée : 8 h 00 / 9 h 45 – 19 h 40 (1 h 40…)
temps déplacement : 2 : 10
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 55

Les aléas du train

> Nevers >> Lyon – 50 km
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Dimanche. Nuit courte, mais réparatrice : je m’éveille avant la sonnerie du réveil. Si l’intérieur de la tente est préservé, le double toit est dégoulinant même si la pluie cesse tranquillement. Le temps reste gris et frais.

Au programme : rangement du campement, déjeuner, salutations, puis vélo : je suis en route à 10 h, avec une veste.

Je détricote le trajet d’hier, d’abord celui en voiture avec Paul et Grégoire, puis celui à vélo. Toutefois, je ne laisse pas l’algorithme me ramener sur l’invraisemblable détour d’hier : je reste sur les routes. C’est vallonné, toujours bien joli malgré la grisaille, agréable, mais sans aucun autre vélo.

Je rejoins une route plus importante que je laisse pour les berges de la Loire. J’arrive à la gare une bonne heure avant le train prévu, qui a même la bonne idée de se présenter quai 1, donc sans franchissement de voie – ici, c’est compliqué avec les tunnels et les escaliers.

J’entre dans le train, il n’y a pas vraiment de place. Le contrôleur essaie d’en trouver, puis me demande si j’ai une réservation vélo : comme le site Web ne le mentionnait pas pour ce trajet, je n’étais pas au courant. Je reste sur le quai. Mauvaise situation.

Je me dirige rapidement vers le guichet. Mon billet est perdu, et la préposée cherche longuement une option. Aucun trajet direct n’est disponible, il me faudra passer par Dijon avant de revenir à Lyon en ajoutant quelques heures et plusieurs Euros au trajet. À prévoir : une lettre à la SNCF, qui semble considérer les vélos comme une nuisance et l’information comme… rien.

En attendant le prochain train, un couple de cyclistes m’interpelle : François et Florence bourlinguent aussi avec vélos et étaient présents hier soir. Encore du bon monde : bonne route !

Dans le train pour Dijon, il y a une montagne de bagages hétéroclites dans l’espace vélo : un groupe de jeunes revient d’une colonie de vacances près de Toulouse. Un peu de réorganisation permet de caser mon vélo et mes sacs.

Au début du trajet, je suis avec Martine, qui marche sur des itinéraires spirituels et revient de la Via Francigena, un Compostelle italien bien moins fréquenté que son célèbre frère. Elle s’intéresse aux valeurs dans la définition de l’identité personnelle. 

Rapidement, la conversation change de direction avec les jeunes qui papillonnent tout autour. Accompagnés par leurs moniteurs récemment sortis de l’adolescence, dont une Lucie bien heureuse de sa première expérience de camp, plusieurs de ceux-ci vivent en foyers de groupe et sont très curieux et heureux d’être accueillis. Quand d’autres cyclistes arrivent, nous nous livrons à une réorganisation en règle de tout l’espace.

Tout le monde descend à Dijon, le terminus. J’ai le temps requis pour bien me préparer pour le train suivant, je réussis même à engouffrer une petite quiche de gare. 

À bord du train vers Lyon, nous sommes six cyclistes pour trois espaces vélo, c’est à nouveau un travail de collaboration qui permet de bien nous organiser. Ce dernier train est le plus confortable de tous ceux de cet été et nous dépose au cœur de Lyon vers 20 h 45. 

Au départ, j’avais penser m’installer dans un camping, mais celui de Lyon est à l’opposé de l’aéroport, et pas mal loin. J’avais donc opté pour l’auberge de jeunesse, un excellent choix dans les circonstances. J’y suis en 30 minutes, mais au moins trois heures plus tard que prévu…

Adrien, qui m’accueille et qui passera la nuit, est très sympathique. Il me propose un dortoir plus petit – bonne idée – et me donne accès à un atelier pour y sécher ma tente encore détrempée.

Je ne veille pas tard. La nuit dernière a été courte, et la journée un peu complexe. Nous sommes cinq dans notre dortoir, mais c’est un lieu de silence alors je n’aurai rien connu de mes colocataires d’une nuit. De toute façon, je tombe de sommeil.

km jour : 48,9
km total : 1302
départ / arrivée : 10 h 00 / 13 h 25 – 21 h 25
temps déplacement : 3 : 25
vitesse moyenne : 14,4
vitesse maximale : 46
auberge : 26 €

Laure et Gabriel

> St-Saulge >> Château de Mont – 35 km
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Samedi. Le camping était bruyant, ou plutôt la mobylette qui pétaradait tout autour un peu trop tard. J’avais l’impression que c’était pour le plaisir de déranger par le bruit. Autrement, la nuit a été excellente, et comme souvent je suis éveillé un peu avant l’alarme.

Au lever du jour, il reste un peu de soleil, mais ça ne dure pas : les nuages envahissent rapidement tout le ciel. Ce matin, pas de douche : la porte pour y accéder est brisée, mais surtout j’aimerais bien faire le trajet avant la pluie annoncée en mi-journée. Je suis en route dès 8 h 30, en ayant pris le temps de saluer Thomas et de payer ma nuit.

L’algorithme me guide sur de petites routes, de plus en plus petites. Devrais-je lui faire confiance ? Je risque. La petite route devient une route fermée aux voitures, puis en gravier correct, puis en gros gravier inconfortable. Si la tendance se maintient… et elle se maintient : la dernière section avant la vraie route est étroite, très érodée, impraticable, il faut y marcher difficilement en guidant le vélo. Décidément, cet algorithme ne sera pas ma référence la prochaine fois.

Je retrouve les routes normales, assez vallonnées, pas très rapides mais agréables. J’arrive à St-Saulge vers 11 h 30, sans que la pluie ne soit encore là. J’approche de l’église, j’entends de la musique. La chorale répète, c’est magnifique. Gabriel arrive en même temps, nous sommes bien heureux de nous retrouver lors de cette journée bien spéciale. J’entre mon vélo dans l’église, ils sont tous là à chanter, c’est le chœur des anges. 

Rapidement, je repars en voiture avec Gabriel vers le château où aura lieu la noce afin de prendre une bonne douche et un bref repas en excellente compagnie.

Un peu plus tard, une autre voiture me ramène à l’église et nous nous préparons pour une célébration imprégnée de joie, de simplicité, évidemment d’émotion, et d’une musique exceptionnelle : aujourd’hui, la chorale montréalaise se surpasse. 

Il y a des averses éparses. Je ne suis pas du tout motivé à pédaler sous la pluie pendant une heure encore, mais Paul a la grande voiture de ses parents. Le vélo y entre facilement, ainsi que les bagages, Grégoire et moi. Nous sommes donc rapidement et confortablement sur place.

En plus du château, il y a une grande tente permanente capable d’accueillir tous les invités – nous sommes environ 150 – et un champ où monter nos petites tentes. Des gens sont venus de partout en France et d’ailleurs : il y a même Vincent, un collègue québécois de Laure ayant fait ce bref voyage uniquement pour l’occasion – c’est mon premier québécois depuis le départ.

Il y a aussi un petit groupe de musiciens – trois guitaristes, un bassiste et un percussionniste – dont l’un est garçon d’honneur et qui présentent un répertoire de musique latine. Venus de Lausanne, Los Azulejos sont excellents et très sympathiques. Nous profitons de leur musique et de délicieuses entrées. Nous avons aussi un photographe très dynamique qui prends de nombreuses images en souriant.

Le début de la soirée est marqué par des messages des parents, des fratries et d’amis des mariés. Ils sont bien préparés, bien livrés et permettent de connaître un peu plus les racines de nos amis. Plus tard, les plats principaux arrivent, bien appréciés, dans une atmosphère plutôt survoltée où la chorale est bien impliquée – parfois en chantant : lien vidéo.

Grégoire avait écrit un texte de circonstance sur la musique québécoise Les étoiles filantes. Avec une guitare empruntée et la chorale, c’est un beau moment pour les mariés et les invités – lien vidéo.

En soirée, c’est bien sûr la danse qui prend la vedette. Les choristes sont aussi des danseurs  particulièrement compétents et énergiques. Je suis vraiment impressionné par un duo rock avec Paul et Anna, acrobatique et magnifiquement coordonné : parfois lancée en l’air, Anna virevolte littéralement, avec un grand sourire. Bravo !

La fête se poursuit une bonne partie de la nuit. De mon côté, je quitte vers 2 h et je m’installe dans ma tente, alors que le bruit de la pluie qui succède aux averses masque un peu la musique. 

km jour : 36,7
km total : 1253
départ / arrivée : 8 h 30 / 11 h 30
temps déplacement : 2 : 28
vitesse moyenne : 14,9
vitesse maximale : 50

Rencontres ferroviaires

>> Nevers – 1,3 km
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Vendredi. Personne ne semble s’ennuyer de la grosse chaleur. C’est plus agréable et confortable, nuit et jour.

Ce matin, dernier repas avec Virginie et Sarah, qui part travailler après un dernier câlin. Bientôt, tout est fin prêt. En enlevant la roue avant, le vélo entre tout juste dans la voiture, c’est parfait.

Nous reprenons la route de Toulouse, plus précisément de la gare. Dans le stationnement, je remet le vélo sur ses roues. L’ascenseur est si petit qu’il faut mettre le vélo en position verticale pour y entrer. Nous repérons l’ascenseur et les écrans, il est déjà temps de nous quitter… en espérant nous revoir bientôt.

Il y a plusieurs cyclistes, et une solidarité entre ces voyageurs de la lenteur. Il y a encore une heure d’attente, je reste en compagnie de Mathieu, qui combine vélo et train pour visiter son frère. Quand nos trains sont appelés, nous descendons pour rejoindre nos quais respectifs. Pour rejoindre le quai 9, il faut à nouveau se coincer dans un ascenseur minuscule, c’est un autre cycliste qui m’aide à en sortir. Prévu à 13 : 03, le train a quelques minutes de retard, rattrapées en cours de trajet.

Quand le train arrive, il faut repérer rapidement les entrées cyclistes. Dans notre wagon, nous avons trois vélos pour deux emplacements, mais un petit bricolage permet de bien nous installer. Pour le trajet, je suis avec Bastien, négociant qui a vécu en Afrique de l’Ouest et un peu au Québec, qui débute un trajet vélo le long des gorges de l’Allier. À la gare suivante, Bérénice se joint à nous pour un bout de temps. Étudiante en dentisterie, elle arrive de Lourdes, où elle a été brancardière, et se dirigera demain vers les Alpes.

Les jolis paysages défilent lentement, mais je n’ai pas de bonnes conditions pour les apprécier : le mal des transport n’est pas loin, et il fait vraiment chaud dans le train bondé. Les vallons deviennent plus profonds, les tunnels se succèdent, le temps passe. À Aurillac, ville plus importante, plusieurs personnes descendent et montent, mais la plupart des nombreux arrêts sont brefs.

Après six heures de trajet, nous arrivons enfin à Clermont-Ferrand pour une correspondance de 30 minutes. Entrer dans les petits ascenseurs est ardu, prendre les marches étroites pour monter dans le train est encore pire, puis il faut tout décharger pour suspendre le vélo aux crochets.

Juste derrière moi, une jeune femme galère aussi avec une poussette et un jeune enfant. En me rendant à ma place, je la vois dans un compartiment, seule avec son enfant. Nous échangeons quelques mots et bientôt nous nous préparons à faire le trajet ensemble. Béatriz est française avec des racines portugaises, son mari est sénégalais et joueur de rugby professionnel, le petit Éli, 17 mois, est un heureux métissage.

Nous conversons un bout de temps puis elle me dit que son fils adore la musique. Je vais chercher la guitare, et Redouane se joint spontanément à nous. Ce sont donc d’heureux mélanges d’improvisation berbères, de chanson française et même d’un classique québécois qui résonnent dans le bruyant compartiment et font danser Éli dans sa poussette. Rencontre improbable, bonheur partagé.

Au moment de descendre enfin du train – après huit heures si inconfortables, j’ai mon voyage -, nous nous entraidons pour que tout se passe bien mieux qu’à l’entrée. Nous sommes sur un quai central. Je donne un coup de main à Béatriz qui doit rejoindre le tunnel par l’escalier avec la poussette, mais je ne ressens aucun enthousiasme à tout démonter deux fois pour faire de même. Gary, employé de la gare, me propose de traverser les voies avec lui, en sécurité. Proposition très à propos et appréciée.

Le camping est tout près, j’y arrive en quelques minutes. Il est 21 h 30, l’accueil est fermé, mais un appel me confirme que je peux m’installer pour la nuit sur les berges de la Loire. Il y a là une constellation de petites tentes et de vélos, puisque l’itinéraire est un classique très fréquenté. Thomas, un sympathique voisin cycliste, arrive pour une intéressante conversation – une autre. 

C’est frais et confortable. C’est le temps d’écrire et de dormir avant de rejoindre mes amis pour la grande journée de demain… et pour y arriver avant la pluie.

km jour : 1,3
km total : 1216
temps déplacement : 0 : 07
vitesse moyenne : 11,1
vitesse maximale : 24
camping : 13 €

Dans la ville rose

L’Isle-Jourdain (Toulouse)
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Jeudi. La nuit a été excellente – je sais, c’est un peu répétitif – mais ce matin il faut se lever. Nous déjeunons à trois avant que Sarah parte travailler, puis Virginie et moi nous dirigeons vers la collégiale. Nous y retrouvons Monique, l’organiste, ainsi que David, le curé, et les personnes impliquées dans la célébration.

L’église est bien remplie pour cette célébration plutôt traditionnelle. Côté musique, il faut s’ajuster pour les tonalités, mais nous prenons beaucoup de plaisir à animer ensemble et c’est bien apprécié de l’assemblée.

Nous revenons très brièvement à la maison pour repartir vers Toulouse, dite la ville rose. Nous y retrouvons Colline, deuxième fille de Virginie, qui termine ses vacances avant de débuter un stage en éducation spécialisée.

Nous mangeons au resto, ramenant plus de la moitié de ce qui nous avait été servi, et nous nous baladons en ville, visitant évidemment la basilique de Saint-Sernin, rare église Romane d’une telle ampleur. Nous nous retrouvons à l’appartement de Colline et chantons un bout de temps avec grand plaisir.

De retour à l’Isle-Jourdain, Sarah et Éléa sont à l’appartement. Nous faisons le tour de mon matériel, ce qui leur donne une bonne idée de ce dont elles auront besoin sur les sentiers de Compostelle. Ça va jusqu’à allumer le réchaud afin de mieux en voir le fonctionnement.

Le repas du soir est constitué d’excellents restes, nous ne venons même pas à bout des surplus du midi. Nous reconduisons Éléa chez son grand-père, puis déjà la journée tire à sa fin.  Il faut déjà se préparer pour le départ : ça passe trop vite en si bonne compagnie.

Jour de pluie

L’Isle-Jourdain
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Mercredi. Dormir dans un lit reste une expérience intéressante, surtout que la nuit a été presque fraîche avec la forte pluie qui se maintient une bonne partie de la journée avant de s’atténuer. Excellente occasion pour éviter vélo et camping. Je me lève vers 9 h 30 et c’est un avant-midi tranquille avec Virginie. J’ai le temps de mettre en ligne les journées manquantes du blogue.

En début d’après-midi, nous révisons les partitions pour la messe de demain matin, puis nous marchons jusqu’à la collégiale, une affaire de cinq minutes. Nous y retrouvons Monique, l’organiste, et répétons avec elle, surtout pour placer les tonalités. Elle a de la conversation et un éventail d’expériences intéressantes.

De retour la maison, nous retrouvons Sarah, en pause de son travail au restaurant, et son amie Éléa, avec qui elle partira bientôt sur les chemins de Compostelle. Elles sont de très agréable compagnie.

Nous repartons en voiture pour quelques magasins de vêtements, car mon unique pantalon n’est pas très chic pour un mariage. Échec : ils me prendront comme je serai.

Au retour, c’est bien calme. Virginie prépare l’affichage des textes des chants pour demain, je lis un peu et je rédige quelques lignes de journal. Tout est gris dehors, même si la pluie a cessé. 

En soirée, nous regardons La passion d’Augustine, film québécois mettant en vedette la musique – piano et chant -, les paysages changeants au gré des saisons, un pan d’histoire et Lysandre, nièce de notre ami Benoît. C’est excellent, touchant. 

Juste à la fin du générique, Sarah revient de son travail. Rapidement, la conversation tourne autour de son projet de marche vers Compostelle, de foi, de doutes et de valeurs.

La soirée se termine avec elle au piano qui interprète une composition sur un texte d’Aragon, et quelques notes de guitare. Que de talents ! Quelle joie de se retrouver demain !

Le lac et l’appartement

> L’isle-Jourdain – 40 km
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Mardi. Vrai, ce camping improvisé avec des animaux se promenant tout autour de la tente était très bien. Autour de 2 h, je ferme la porte puisqu’il passe une averse, mais au matin il fait soleil. La tente n’est pas complètement sèche, ce sera pour ce soir. Levé vers 7 h 15, je suis en route à 8 h 30, selon le rythme habituel.

Après quelques minutes, j’arrête pour vérifier mon trajet. Deux dames arrivent avec gros chiens et gros sacs, elles désirent garder propre leur environnement. Elles s’enquièrent de mes besoins : évidemment, l’eau est essentielle.

Comme Sylvie a un rendez-vous, c’est sa sœur Françoise qui s’occupe de moi. Non seulement elle remplit mes bouteilles, mais elle me permet de me brosser les dents chez elle, m’offre des biscuits et de pêches, et surtout m’accompagne sur près de 10 km de piste cyclable. Elle aime pédaler et aider, visiblement.

Je roule ensuite sur une étrange route bétonnée, rugueuse, réservée aux vélos et à des convois spéciaux dont j’ignore tout. Le ciel s’est couvert, je reçois quelques gouttes. Il y a un abribus dans le village voisin, mais la pluie cesse. Je repars sur la route étrange, guettant le ciel, et la pluie reprend, forte. Ça mouille ! 

Tout près, une maison avec un avant-toit offre un abri minimal, je m’y installe pour laisser passer l’averse en écrivant, puis en lisant quelques informations du Québec : il vient d’y avoir un vrai déluge, des amis s’inquiètent pour ma maison. Je verrai au retour.

À midi, la pluie a cessé, je reprends la route. Je ne suis plus très loin, ça roule bien, alors j’arrive chez Virginie vers 13 h 30. Il n’y a personne, elle est au travail jusqu’à 18 h. Elle me suggère de me diriger vers le lac, un étang artificiel à proximité. Bon plan.

Je m’y rends, je mange, je fais un petit ménage au vélo, qui en a bien besoin, je fais le tour du lac, une affaire de quelques minutes. Il y a un centre de ski nautique, mais sans bateau : de câbles tirent les skieurs dans un anneau avec des jeux et des sauts. Ça fonctionne.

Au retour, je réalise que je suis juste à côté de l’office du tourisme. Grâce à Maëva, la préposée, j’y ai accès à de l’électricité, du Wi-Fi et à une salle de conférence pour écrire. C’est parfait, j’ai le temps de mettre en ligne deux journées de blogue. Peu avant 18 h, un appel de Virginie, qui est arrivée chez elle. J’y suis en quelques instants.

C’est avec grand plaisir et une certaine émotion que nous nous revoyons enfin. Elle avait séjourné un an à Montréal en 1992-1993, nous nous étions revus ici en 1996 puis, très brièvement, à Montréal l’automne dernier. Depuis des années, nous cherchions à coordonner nos agendas lors de mes passages en Europe. Elle a trois grands enfants : Sarah, qui vit ici mais qui travaille ce soir, Colline, qui est à Toulouse, et Nathan, qui est en vacances à l’extérieur jusqu’à samedi.

Son appartement est en plein centre-ville. À l’arrivée, il faut tout monter sur deux étages, nous déchargeons et y allons en pièces détachées. Elle m’a préparé une chambre – la sienne, elle dormira au salon ! -, je prends une bonne douche et après une pause de quelques décennies nous poursuivons notre conversation autour d’un bon repas tout simple.

Sarah arrive avec son copain Côme. Elle se prépare à marcher vers Compostelle, il revient d’un périple vélo de cinq mois en Amérique du Sud. Encore de quoi à discuter.

Alors qu’ils partent pique-niquer, nous sortons la guitare de Sarah pour répéter les chants pour la messe de jeudi, qui sera chantée par Virginie. Il y aura l’organiste habituelle et, exceptionnellement, de la guitare. Les choix de chants de Virginie sont excellents, c’est un plaisir de refaire de la musique ensemble.

Au retour de Sarah et Côme, nous sortons le carnet de chants pour un bout de soirée tout en mélodies et en douceur, avec de belles voix. C’est encore chaud, mais il est temps d’aller dormir après avoir monté la tente au centre de l’appartement afin de la sécher.

km jour : 38,9
km total : 1215
départ / arrivée : 8 h 30 / 13 h 15 – 18 h 05
temps déplacement : 2 : 47
vitesse moyenne : 14,0
vitesse maximale : 31

L’autoroute des cyclotouristes

> Blagnac (Toulouse) – 90 km
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Lundi. Il a venté toute la nuit, pas une goutte d’eau, et ce matin le ciel est bien gris. Levé vers 7 h 10, je suis sur les roues 45 minutes plus tard, mais je prends peu après une pause pour déjeuner. Une table, c’est du confort.

Le Canal du Midi est très facile à vélo : c’est pratiquement plat, sans voitures et généralement ombragé même si c’est peu perceptible ce matin. C’est aussi une destination connue et prisée des cyclotouristes, alors la vaste majorité des vélos que je croise a des sacoches. C’est vrai en avant-midi, car plus tard il n’y a pratiquement plus personne même si la température est plus clémente que ces derniers jours.

À Castelnaudary, une ville qui s’est développée autour d’un bassin sur le canal, je trouve de l’eau ainsi qu’une boutique de vélo pour remplacer ma chambre à air de secours et regonfler mes pneus.

Le trajet est vraiment beau, rythmé par les nombreuses écluses, souligné par les rangées de platanes au garde-à-vous tout le long du canal.

S’il y a de nombreux cyclistes, la navigation est rare : une péniche, deux bateaux en chemin, deux dans les écluses, deux rameurs et quelques machins touristiques, c’est tout – j’oubliais : deux baigneurs dans une eau douteuse. À proximité, l’autoroute des voitures qui assure un constant bruit de fond.

À noter en chemin : plusieurs écluses doubles, une quadruple, la ligne de partage des eaux, le canal qui passe sur des des ponts au dessus de ruisseaux. Dans l’Aude, le chemin est en poussière de roche beige, qui change la couleur de mon vélo ; en entrent dans la Haute-Garonne, c’est pavé et bien plus confortable.

Aussi, quelques rencontres : deux familles à vélo – quatre adultes, six enfants, une maman venue à Laval et Toronto en 2002 – et une famille de marcheurs très sympathiques – Fabien et Géraldine avec leurs enfants Julia et Morgan, le papa a de vifs souvenirs du Québec, qu’il avait adoré.

En après-midi, le ciel se dégage, la température augmente et je finis par traverser Toulouse. Certains aménagements sont étonnants, en particulier quand le canal passe par un pont au-dessus d’une autoroute. Je retrouve aussi une certaine anarchie dans les déplacements de la faune urbaine.

Pour monter sur la digue de la Garonne, l’algorithme me suggère un escalier abrupt, que je contourne évidemment. C’est très joli de voir Toulouse et le fleuve de plus haut.

Évidemment, pas question de monter la tente en ville, et je ne trouve pas facilement d’emplacement en banlieue immédiate. Je m’installe près d’un carrefour pour cyclistes et marcheurs : ce n’est pas très discret, mais dans cette région plutôt urbanisée c’est un compromis.

Je cuisine, j’écris et peu après 20 h les routines sont complétées. Il est encore tôt, mais je suis prêt à monter la tente et à me préparer pour la nuit. Une dame passe avec son chien et me recommande de m’installer plutôt dans un parc près de la Garonne. Elle m’avise aussi de la présence possible de sangliers. Je charge le vélo et en dix minutes je suis arrivé. À 21 h, ma nourriture est dans un arbre, je suis dans la tente, il fait 28° et je vais dormir bientôt.

Demain, je prévois me lever tôt, car de la pluie est possible en avant-midi. Pour la soirée de demain, c’est un déluge qui est attendu, mais en principe je serai bien au sec chez mes amis. On verra.

km jour : 87,6
km total : 1176
départ / arrivée : 7 h 55 / 18 h 15 – 21 h 35
temps déplacement : 6 : 16
vitesse moyenne : 14,0
vitesse maximale : 27

Voie verte et algorithme

> Villepinte – 85 km
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Dimanche. Les nuit se suivent et se ressemblent, avec une petite fraîcheur bienvenue cette fois-ci. Levé à 8 h, je suis prêt à 9 h 30 mais je pars un peu plus tard puisque nous profitons des derniers instants avec Guillaume et Lison. Je dois aussi faire un arrêt épicerie, puisque tout sera fermé en cet après-midi de dimanche.

C’est rapide et facile de rejoindre la voie verte qui relie le Canal du Midi à Montségur. Sur cette ancienne emprise ferroviaire, c’est du vélo très confortable et rapide, puisque c’est surtout du faux-plat descendant. 

Même si ce n’est que le milieu de l’avant-midi, c’est déjà chaud, ce sera intense cet après-midi puisqu’une bonne partie du pays est en alerte canicule. Le trajet est en partie ombragé, c’est vraiment bien, mais le summum ce sont les tunnels, frais et magnifiques. Ils sont malheureusement courts et peu nombreux, mais chacun fait grand bien, tout comme l’eau qui passe rapidement.

En avant-midi, il y a quelques promeneurs – absolument aucun en après-midi – et un voyageur. Pour un temps bien agréable, Léo et moi faisons route ensemble. Il fait de la post-production vidéo, est curieux et très intéressant. Venu de Perpignan, il est en errance vélo dans la région pour un temps indéterminé. 

Pendant que nous roulons, je réalise que mon pneu avant est à nouveau mou. Ce n’est pas la même cause qu’avant-hier, puisque la chambre à air est neuve. Je trouve rapidement un petit trou et un truc coupant indéterminé incrusté dans le pneu. Bientôt, je suis de retour sur mes deux roues. Peu après, Léo prend une autre direction. Ça aura été une autre belle rencontre.

Je mange à l’ombre, profitant quand même du vent chaud et sec qui souffle de l’est aujourd’hui. Pluie cette nuit ? On verra.

L’algorithme m’invite à prendre les routes. J’y retrouve de rares voitures et quelques jolis villages, ainsi qu’un cul-de-sac proposé par le facétieux logiciel. Plus loin, retour sur la voie verte que je n’aurais pas dû quitter. Avoir su… En tout cas, je passe tout près de Montréal, enfin, d’un Montréal, mais je reste fidèle à la voie verte jusqu’à sa fin.

Donc, retour sur des routes, mais avec des indications pour le Canal du Midi. J’entre dans Bram, il y a une station mécanique publique. En plus, la pompe fonctionne, je me prépare à doubler la pression de mon pneu avant, qui en aurait bien besoin. J’entends un bourdonnement, je sens une violente piqûre à la main droite. La station héberge des abeilles qui défendent férocement leur territoire. Lentement et prudemment, je récupère mon vélo : le pneu attendra.

En ville, je fais le tour pour tenter d’aviser les autorités : gendarmerie, gare, mairie, il n’y a personne. De loin, je vois passer une voiture de la gendarmerie, mais aucune chance de la rejoindre. Je note les informations de contact à la mairie : faudrait quand même expliquer au comité d’accueil de la station mécanique que son approche est bancale.

Je reprend la route, ayant perdu les indications pour le Canal du Midi. « Algorithme, c’est le temps de te montrer coopératif. » Ça ne lui tente pas, il m’envoie rouler dans l’herbe brûlante. Parfois, j’aimerais l’envoyer paître, il est vache mais ne broute pas. Je finis par rejoindre une cour de ferme, à retourner à une vraie route et à me rendre au Canal par mon propre trajet.

Il est temps de monter le camp. Près d’une péniche, un chemin d’accès semble parfait. À l’heure de la vaisselle, un homme me confirme que l’endroit est bon. Je monte la tente et je laisse un message à Virginie pour confirmer le rendez-vous de mardi. Elle me rappelle peu après, tout est parfait. J’ai quelques courriels, dont un de Yannick, l’élu du Jura rencontré le 28 juillet ; j’écris aussi un message sur les abeilles à la ville de Bram – ci-dessous.

Je m’installe dehors pour écrire jusqu’à la nuit, et je complète dans la tente. Il est 22 h 20, il fait encore 30° dans la tente mais c’est le temps de dormir avec les bruits du vent et des grillons.

Bonsoir,

Cet été, je fais un voyage à vélo dans le sud-ouest de la France, magnifique. Cet après-midi, en arrivant à Bram, j’ai croisé une station mécanique publique près du rond-point D4 / D533. 

J’aurais bien aimé pouvoir y gonfler un pneu, mais les abeilles qui habitent la station n’étaient pas d’accord. Je m’en suis tiré avec une piqûre sans conséquence, mais ce n’est pas l’accueil souhaitable. Merci de faire – prudemment – le nécessaire.

km jour : 85,2
km total : 1088
départ / arrivée : 9 h 45 / 19 h 30
temps déplacement : 5 : 31
vitesse moyenne : 15,4
vitesse maximale : 40

Montségur

Lavelanet (Montségur) – 8,5 + 3 km, à pied
Sommaire

Samedi. Nuit sèche et confortable. Pas de démontage du camp aujourd’hui : je suis en congé. Enfin, un peu… Après un petit lavage, je prends une de mes sacoches qui devient sac en bandoulière, je remplis deux gourdes et je pars à pied. Il est presque 9 h ; direction : Monségur. C’est un retour aux sources, puisque nous y étions venus lors de mon premier voyage en Europe, en 1996. Vu l’âge du château, ça ne change pas grand chose pour lui.

Après quelques minutes sur route, je prends les bois et les champs. Ça monte assez calmement pour le moment, mais c’est déjà chaud. Un petit passage sur route signale le début des choses sérieuses : de retour dans le bois, ça monte pour vrai, et pendant un bon bout de temps. C’est assez lent, et mes réserves d’eau baissent trop vite : impossible de se rendre en haut et d’en revenir sans refaire le plein.

Après une zone plus calme, trois randonneurs me confirment que je trouverai de l’eau à l’accueil du château, et m’en donnent un peu. Je décide de poursuivre vers le château que je viens de voir tout là-haut.

Je passe bien près de devoir rebrousser chemin : il y a un chemin forestier ouvert pour la coupe de bois, tout est saccagé et je perds le sentier, que je cherche un moment avant de le retrouver. C’est reparti bien lentement vers les hauteurs. C’est bien tranquille, je ne croise qu’un groupe de cyclistes, facile à entendre venir.

Il y a un poste d’accueil, mais le sentier arrive un peu plus haut. Je me dirige directement vers le château de Montségur, à 1207 m. Beaucoup de gens descendent avec précautions, les vieilles roches sont polies par les pas au fil des siècles, et c’est assez pentu.

Les vues sont impressionnantes, mais l’histoire qui s’est déroulée ici est dramatique : à partir de mai 1243, un groupe de cathares, des chrétiens dissidents sur la doctrine, ont soutenu un siège pendant près d’un an avant que les troupes des évêques réussissent à prendre la forteresse ; ceux qui n’ont pas renié leur foi ont été brûlés vifs. Pas sûr de l’approche pédagogique… 

Je fais le tour des spectaculaires ruines, je piquenique et je rencontre Emil, étudiant danois en énergie et environnement avec qui l’échange – en anglais – est très intéressant. Je redescend prudemment au poste d’accueil, je règle les frais de ma visite – à la surprise de la préposée – et je remplis mes bouteilles. 

Pour le retour, pas de sentier : je prends la route. Après deux ou trois kilomètres bien cuisants, Éric me prend dans sa voiture et me laisse gentiment à l’épicerie.

Je suis à quelques minutes du camping, où je retrouve Guillaume. Quand il part au cinéma avec Lison, je me dirige vers la piscine, puis je commence le journal. Le thermomètre indique 33° à l’ombre, c’est pas mal chaud.

Après un peu d’écriture, je vais près de l’accueil pour mettre en ligne les plus récentes journées, un travail toujours considérable même si je maîtrise assez bien la plateforme. 

Je reviens vers le campement pour retrouver Guillaume et Lison. La fraîcheur s’installe tranquillement, Lison s’endort dans le hamac – y passera-t’elle la nuit ? – alors que Guillaume et moi conversons presque jusqu’à minuit.

Mon ami Jean-Pierre et moi échangeons quelques nouvelles par messagerie. Demain, retour sur la route. En attendant, dodo.

camping : 18 €