Aux portes de la Minganie

> Longue-Pointe-de-Mingan – 110 km
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Jeudi. Comme prévu, la nuit a été parfaite, fraîche, avec les vagues tout près. À 5 h 30, le soleil entre directement dans ma tente. Je dois sortir, mais ce matin il n’y a que quelques moustiques. C’est plus facile.

Je termine le journal vers 6 h 15, puis je me prépare pour aller vers la Minganie, maintenant toute proche. Je m’assure que tout est parfaitement en ordre avant de ressortir, car je suis attendu…

Dès 8 h, je suis en route. Au matin, c’est frais mais très beau ; en mi-journée, les nuages sont assez présents sans être menaçants, puis le ciel redevient clair. Le vent est « du bon bord », ce qui me permet de rouler rapidement.

Les dix premiers kilomètres sont enchanteurs : je suis en bord de mer, et de nombreuses rivières et cascades s’y jettent avec fracas. C’est le temps des photos.

Après la rivière à la Tortue, la route retourne dans les terres. C’est à nouveau la procession des épinettes et des longues lignes droites. J’en mesure une de plus de 5 km… Seul point remarquable : les chutes de la rivière Manitou, que je regarde à partir de la route, un point de vue imparfait…

Enfin, je retrouve un horizon de mer : j’approche de Sheldrake, premier village de la moyenne Côte-Nord. Le vent est froid, mais c’est beau de revoir la mer et les longues plages. Peu après, je suis à Rivière-au-Tonnerre. C’est le temps d’une épicerie, du plein d’eau et du dîner, bien habillé car le vent est froid. J’entre aussi quelques instants dans l’église bleue et blanche, toute en bois.

Désormais, les villages se succèdent, petits et coquets, cordés le long de l’eau. Entre eux, je roule rapidement, car tout ralentissement attire les bibites. Heureusement, le vent est toujours dans la bonne direction.

À 15 h, je suis au kiosque de Parcs Canada pour organiser une nuit à l’Île Nue, un bijou du Parc. Il n’est pas possible d’y aller aujourd’hui, faute de place dans le dernier bateau qui part dans 30 minutes. J’irai demain. En revanche, c’est extrêmement cher avec les droits d’accès, de camping, de feu – inutile pour moi – et surtout de transport. Un luxe.

Je me rends au camping, qui fournira aussi le transport demain matin. Au lever, j’avais constaté que ma roue avant frottait sur le frein. Je regarde le problème avec Claude et Andrée, deux campeurs en motorisé : c’est la roue qui est mal placée sur la fourche. Simple.

Après voir bien monté le campement – il vente fort –, je soupe avec mes voisins Pierre-Luc et Roxanne, deux jeunes enseignants très sympathiques. J’échange aussi quelques mots avec Claire, motocycliste baroudeuse, je passe à la douche et à la vérification des courriels.

Je me couche tôt, car demain je dois être fin prêt pour un départ vers l’Île Nue. Rendez-vous : 7 h 30.


km jour : 110,4
km total : 1188
départ / arrivée : 8 h 00 / 15 h 30
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 19,9
vitesse maximale : 61,7
camping : 17 $

Au-delà de Sept-Îles

> Rivière au Bouleau – 130 km
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Introduction au message collectif

« Il y a longtemps que je n’ai pas pu me connecter. Voici quelques nouvelles à partir de Sept-Îles, où je viens d’arriver. Plusieurs – et moi aussi – se sont inquiétés de mes genoux. Maintenant, ça va. En marchant les montées abruptes, la douleur a pratiquement disparu et je réussis à faire de bonnes journées de vélo. De plus, je respecte le rythme prévu et je serai donc à temps à Natashquan pour le bateau. En revanche, je risque d’être à nouveau plusieurs jours sans connexion Internet. »

Mercredi. Hier soir, en entrant dans la tente, j’entendais crépiter les premières gouttes. Ce ne seront pas les dernières… Je dors très bien.

Je m’éveille vers 6 h et, surprise, une grosse poche d’eau s’est formée sur la tente. Je n’ai rien senti, mais mon sac de couchage et mon matelas ont pris l’eau sérieusement. Solution pour le sac : la sécheuse. Louise, de Saint-Jérôme, en vacances avec son mari Serge, me fournit la monnaie, et tout sèche rapidement. Ouf ! Comme le soleil sort, je fais également sécher ma tente.

Je prends la route à 9 h. Ce n’est pas chaud, mais le ciel se dégage d’ouest en est, avec un bon vent du nord. C’est une journée de grande lumière, sous un ciel magnifique.

La première partie du trajet se fait vent de face, un bon défi, mais je suis en pleine forme. En approchant de Gallix, un cycliste me devance. À l’intersection, il m’attend pour une petite conversation bien agréable.

À partir de la rivière Sainte-Marguerite, la route bifurque et j’ai désormais le vent de dos. Ça parait ! Je m’approche tranquillement de Sept-Îles, par de longues lignes droites sans grand relief. La végétation a changé : près de la route, il y a des tourbières avec de petits conifères plutôt dispersées ; vers le nord, des bonnes collines aux arbres rares ; parfois, je devine la baie…

Je croise un kiosque de fruits et légumes où je peux acheter une petite quantité de carottes, chose complexe dans une épicerie normale. Je dîne rapidement près de la baie, car les petites mouches noires sont franchement envahissantes. Je termine le délicieux cheddar bio de mes amis d’avant-hier.

Plus loin, une piste cyclable rend l’arrivée en ville très confortable. Je fais halte à l’information touristique car il y a une connexion Internet. Je lis mes nombreux courriels – beaucoup de mes amis s’intéressent à mon voyage, et j’ai quelques nouvelles de celui de Jean-Pierre et Diane. J’envoie quelques nouvelles à mes correspondants et sur Facebook.

C’est ensuite une tournée de quelques commerces pour mettre à niveau le garde-manger et mettre en place une parade à l’incident de ce matin. J’avais réfléchi à la chose en route. Enfin, je laisse un message à Roger pour lui souhaiter bon voyage, puisqu’il part pour Israël vendredi. Il est 14 h 30 quand je quitte la ville, ayant déjà parcouru plus de 60 km aujourd’hui et passé sans m’en apercevoir le cap des 1000 km depuis le départ.

Pour un bout, il y a une piste cyclable. Je traverse la zone industrielle, puis celle des plages. À l’une d’elle, je bifurque pour voir le paysage. Il y a une petite voiture rouge. Cynthia, de la Nouvelle-Calédonie, est au Québec depuis huit ans et se prépare à migrer vers l’ouest en voiture. En attendant, elle étudie pour un examen qui complétera sa formation comme mécano d’hélicoptère. Belle rencontre.

Ensuite, de longues lignes droites me mènent à travers Maliotenam, puis à la rivière Moisie, ancien bout de la route. C’est aussi le dernier camping. Aventure.

À part quelques petits stationnements et chemins, seul le long ruban d’asphalte, habituellement sans accotement mais peu fréquenté, me relie à la société. Ça monte, descend et tourne tout le temps, mais ce n’est pas difficile. La tumultueuse rivière Matamek offre une rare fenêtre sur la mer.

Les kilomètres s’accumulent rapidement, mais rien ne me convient pour arrêter. J’aimerais bien me rendre à la rivière au Bouleau, mais je ne sais pas à quelle distance je la trouverai.

En approchant de l’estuaire de la rivière Pigou, la mer réapparaît sur ma droite. Je risque un petit chemin. Il y a de petits chalets, une belle plage, mais tout semble privé. Je mange tant bien que mal, car les mouches noires sont partout, innombrables.

Je pars m’informer au chalet qui est occupé. Je ne  suis plus qu’à deux ou trois kilomètres de la rivière au Bouleau. Yé ! Je remet les bagages sur le vélo, puis je roule quelques minutes. Il est tard, mais le site est superbe. Avec ma cuirasse anti-bibites, je monte ma tente, mettant en place ma modification contre les poches d’eau.

Au moment d’entrer, j’essaie de laisser les mouches noires dehors, mais il n’y a pas de miracle : elles sont plusieurs dizaines à entrer. Je dois donc me transformer en meurtrier en série. Aucune ne survit… Heureusement, il était trop tôt pour les moustiques, qui s’installent à l’affût – inutile – sur la moustiquaire. Pas question de ressortir avant demain matin.

Après le ménage de bibites, il me reste un peu de temps pour écrire avant la nuit. Peu après 21 h, je m’installe pour dormir, bercé par le doux bruit des vagues. C’est presque le paradis… dans la tente !


km jour : 131,3
km total : 1078
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 30
temps déplacement : 6 : 58
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 49,7

Plages et épinettes

> Port-Cartier – 85 km

Mardi. Nuit parfaite, tente sèche, levé tôt par le soleil. Je profite de l’électricité pour mettre à jour mon journal, puis je me prépare pour ce qui devrait être une petite journée. Au moment de partir, mes voisins me donnent un bloc de leur cheddar bio, vraiment délicieux dès la première bouchée.

C’est chaud et brumeux. Pleuvra-t-il ? Pas maintenant, en tout cas. En avant-midi, j’ai un bon vent de dos, avec les bons et mauvais côtés : beaucoup de vitesse, mais des mouches à chevreuil qui réussissent à me suivre. En après-midi, j’ai le vent de face, avec les bons et mauvais côtés : moins de vitesse, mais pas non plus de mouches à chevreuil.

Entre les quelques villages, je roule en forêt. C’est généralement assez plat, donc facile. Autour des villages et en traversant les cours d’eau, il y a de jolies vues ; le reste du temps, il faut vraiment aimer les arbres à haute dose. Il y a un accotement environ la moitié du temps, mais la circulation est relativement légère maintenant. Je reste quand même vigilant.

Je prends une pause à Pointe-aux-Anglais, avec sa plage de sable fin et presque blanc. Vraiment très beau, avec l’horizon de mer. Mes voisins d’hier passent juste à ce moment-là… Un peu plus loin, j’arrête saluer deux auto-stoppeurs. Fabien et Marine habitent Marseille et ont décidé de voyager hors des sentiers battus. Très gentils eux aussi.

Je dîne au pont de la rivière Pentecôte, avec son delta de bancs de gravier et ses falaises de sable. Ensuite, je gravis la seule côte abrupte de la journée. Les genoux vont beaucoup mieux : j’ai à peine de petites douleurs intermittentes, rien de dérangeant. En revanche, je sens la fatigue d’hier et je vais me contenter d’une journée modeste.

Après ma dose d’épinette, j’arrive enfin à Port-Cartier. À l’information touristique, les trois jeunes préposés font un excellent boulot, très gentiment. À l’épicerie voisine, je fais le plein de fruits frais puis me dirige tranquillement vers le camping.

C’est très chaud partout. Après une collation de fraises savoureuses, je monte le camp, prends ma douche, lave mes vêtements de vélo et rédige le journal dans la salle communautaire. Il n’y a pas Internet ici non plus, mais je veux me préparer pour pouvoir envoyer un courriel rapidement demain si l’occasion se présente.

Je choisis de manger dans la salle communautaire. C’est plus simple et loin des bestioles. J’en profite, car je crois que les prochains jours seront différents.

J’essaie d’appeler mes frères. Je laisse des messages aux deux, et Gaétan me rappelle rapidement. Nous discutons de choses et d’autres, dont la pluie qui arrive ici pour la nuit. Il y a aussi le bateau familial qui, contre toute espérance, semble en voie de résurrection, et le problème de louvoiement de mon vélo, qui pourrait se corriger en transférant du poids vers l’arrière. Test à venir dès demain.

Il est près de 21 h, alors je me prépare pour une nuit de flotte. Avec une bonne tente, ce n’est jamais un problème.


km jour : 84,2
km total : 947
départ / arrivée : 9 h 30 / 15 h 40
temps déplacement : 4 : 40
vitesse moyenne : 18,0
vitesse maximale : 48,4
camping : 25 $

Les côtes de Baie-Comeau

> Baie-Trinité – 115 km
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Lundi. Nuit parfaite, tente sèche. Je déjeune avec Alain et Ariane, puis je me mets au journal. Mes voisins montent vers Manic 5, une bonne journée de route car le barrage est à plus de 200 km de la 138. Je quitte vers 9 h 30.

Il fait très beau, déjà chaud au soleil, et je profite du vent de dos. Après la rivière Manicouagan, je traverse la première partie de Baie-Comeau, prenant la piste cyclable quand je la trouve, puis longe la 138 par une belle piste en forêt. J’avais pensé aller à l’épicerie dans la deuxième moitié de la ville, mais zut, la route part immédiatement en forêt. Heureusement, j’ai des réserves et j’avais fait un petit arrêt dans une boulangerie.

À l’intersection, je m’informe du trajet à une cycliste. La visière de son casque, pourtant tout neuf, est brisée et lui bloque partiellement la vision. Je replace le tout temporairement avec du ruban gommé, à sa grande satisfaction.

Après quelques usines, je vais de côte en côte. Bien sûr, je marche plusieurs montées, mais ça avance bien. En plein bois, un panneau annonce la fin de la véloroute. Il y a un stationnement d’où part un sentier. J’hésite un peu, je verrouille mon vélo, et arrivent Roger et Diane qui m’offrent très gentiment de surveiller mon matériel, le temps que je puisse profiter du paysage.

C’est magnifique : le petit sentier, une passerelle en bois accrochée sur un cap au milieu des kalmias, domine la baie de Saint-Pancrace. Photos ! L’ancien stationnement n’existe plus, mais on a gagné au change. En revanche, l’accotement devient intermittent, demandant plus de vigilance.

La route descend vers le fleuve qu’elle longe jusqu’à Franquelin. J’y fais une mini épicerie – je ne verrai rien d’autre sur la route aujourd’hui –, je dîne à l’ombre et je retourne au dépanneur pour remplir mes bouteilles. La couleur de l’eau du robinet est plus que douteuse : elle n’est pas potable. À 200 m, il y a la source à Wallace, excellente.

Je repars dans les montagnes, alors que la route longe un chapelet de petits lacs, puis une longue descente rapide et un tunnel me ramènent à la côte, toujours magnifique. J’arrive déjà à Godbout, où j’avais pensé arrêter – j’ai 80 km dans les jambes – mais il est tôt et j’ai le goût de laisser les côtes derrière moi. Je repars.

La route en montagne reste très isolée, avec beaucoup de grosses montées et descentes. Il y a aussi de petites zones de travaux à surveiller.

Le soleil disparaît dans ses nuages, et je dois vivre avec d’autres nuages plus menaçants dans l’immédiat : les mouches noires sont sorties en force. Il me reste de belles descentes. Je passe l’intersection vers Pointe-des-Monts, puis j’arrive à Baie-Trinité et au camping, encore très cher. Il passe tout juste 18 h.

Je m’installe rapidement en mode « pluie et bibittes », car la tenancière me parle d’une prévision de pluie pour demain. En attendant, l’horizon est magnifique, avec les sommets des Chic-Chocs qui ferment encore ce qui est maintenant le Golfe du Saint-Laurent.

Après le repas, je veille avec mes voisins, Émilien et Chantale, producteurs laitiers biologiques dans Lotbinière. À l’époque, ils ont été des pionniers, et restent très heureux de leur décision. Leurs enfants, jeunes adultes, se préparent à reprendre la ferme. Issu d’une famille de 15, Émilien a un frère, Gilles, qui est évêque en Abitibi. À la tombée de la nuit, les escadrons de moustiques nous chassent, qui vers le VR, qui vers la tente.

Avant le dodo, il me reste la vaisselle et la douche. Comme j’ai de l’électricité dans ma tente, je charge mes appareils et je profite de ma musique avant de m’endormir un peu plus tard que d’habitude.


km jour : 113,9
km total : 863
départ / arrivée : 9 h 30 / 18 h 10
temps déplacement : 6 : 50
vitesse moyenne : 16,6
vitesse maximale : 69,4
camping : 27 $

Arbres et baies

> Pointe-aux-Outardes – 100 km
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Dimanche. Au matin, le brouillard a tout envahi, mais se lève tranquillement. La tente est sèche à l’intérieur, mais le sable humide a collé un peu partout. J’enlève ce que je peux et je prends la route vers 9 h 30.

Pour le moment, le soleil et les nuages se partagent le ciel, mais tranquillement les nuages cèdent la place. La journée est chaude avec un fort et utile vent d’ouest.

Après une première montée pédestre, je prends une piste cyclable, l’ancienne route, pour un joli bout de trajet jusqu’à l’entrée de Forestville. Petite épicerie, puis grande descente : je suis au bord de la magnifique baie Laval. La route suit la rivière du même nom, puis revient à une autre baie, un trajet facile sauf pour l’absence d’accotement pour quelques kilomètres, une situation qui exige une bonne vigilance.

La route est isolée : il n’y a pratiquement aucune installation significative avant Ragueneau, en fin d’après-midi. Le pont de la rivière Bersimis est long et étroit, mais un détecteur signale ma présence aux automobilistes en déclenchant un clignotant. Bon système. Et beau paysage.

Peu avant Ragueneau, je croise mes premiers vrais cyclotouristes du trajet : Laurent et Chloé, étudiants en enseignement de Montréal, ont roulé de Québec à Matane, pris le traversier et reviennent à leur point de départ. Ils sont très gentils et joyeux.

À Ragueneau, retour des maisons. Il y a aussi une zone de travaux assez longue et complexe, où les automobilistes sont guidés par un véhicule d’escorte. La file d’attente est vraiment longue.

Quand j’arrive à la hauteur du signaleur, nous discutons du meilleur moyen pour que je traverse cette zone, et finalement nous chargeons mon vélo dans la boite de la camionnette. C’est donc en tout confort, en compagnie de Tommy, que je passe ces quelques kilomètres.

Avant de partir, je laisse passer les voitures, et je m’arrête peu après à l’information touristique. Je fais le plein d’eau et discute campings avec les préposées. Celui qui est le mieux situé ne répond pas : nous convenons qu’elles m’appelleront si elle ont confirmation qu’il y a de la place. L’appel arrive quelques instants après l’intersection. Je rebrousse chemin et m’y rends : 100 kilomètres, c’est assez pour aujourd’hui.

Le site est magnifique, au bord de la baie de la rivière aux Outardes. Surtout, j’ai de très gentils voisins. Alain et Ariane, de Blainville, sont en vacances. Lui travaille en réfection de toitures, elle commence l’enseignement. La soirée et les conversations sont très agréables. Comme d’habitude, je me couche vers 22 h 30, sans avoir touché au journal mais avec une météo parfaite.


km jour : 100,6
km total : 749
départ / arrivée : 9 h 30 / 17 h 30
temps déplacement : 5 : 43
vitesse moyenne : 17,6
vitesse maximale : 61,7
camping : 25 $

Véloroute des Baleines

> Portneuf-sur-Mer – 95 km
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Samedi. J’ai bien aimé retrouver ma tente : c’était une nuit très confortable. En revanche, il me faut revêtir une véritable armure dès que je dois sortir. Donc, je prépare tout à l’intérieur, et je ne sors que pour démonter la tente, charger le vélo et partir… pour le local communautaire. Là, je déjeune et finis de me préparer confortablement avant de prendre la route.

Je n’ai que quelques kilomètres à franchir avant de rejoindre le traversier. Il y a peu de véhicules en attente, mais parmi eux un camion léger avec boite ouverte. Je demande au conducteur s’il est en mesure de me conduire en haut de la côte de Tadoussac, ce qu’il accepte avec gentillesse. J’embarque sur le bateau, puis nous chargeons mon vélo.

À bord, je fais la connaissance de Dominique, entrepreneur en construction, de sa copine Véronique et de Réjean, retraité et papa de mon conducteur. Leurs roulottes sont restées à Saint-Siméon, et ils partent en croisière sur le Saguenay. Ils ne sont pas pressés, alors ils me montent sur quelques kilomètres. Merci !

Ce matin, il fait plutôt beau, mais je vois un mur gris s’approcher tranquillement. En attendant, il me reste quelques montées et plusieurs descentes avant de me rendre aux Bergeronnes. Je rencontre un jeune cycliste qui va à ce village, mais sans charge. De mon côté, je monte assez bien malgré mes genoux, que je ménage de mon mieux, et je roule bon train.

Aux Bergeronnes, je fais une petite épicerie, et la pluie commence. Comme elle est assez drue, je m’abrite et en profite pour manger un peu. Ensuite, elle devient assez légère et je repars, avec mon matériel bien protégé. Jusqu’aux Escoumins, il y a quelques gouttes, mais jamais assez pour me mouiller vraiment, puis la pluie cesse.

J’arrête à l’information touristique pour apprendre qu’il y a un camping à Portneuf-sur-Mer, une destination raisonnable pour aujourd’hui. Le ciel reste bien gris, mais j’avance toujours bien, malgré quelques montées que je marche. C’est somme toute assez facile, malgré mes genoux blessés.

Avant Longue-Rive, la véloroute quitte la 138 pour prendre l’ancienne route devenue piste cyclable. Bonne idée. Ce sont cinq beaux kilomètres.

En arrivant à Sault-au-Mouton, je reprends l’ancienne route et j’arrête à la chute, là même où nous avons pris un souper en route vers Anticosti, il y a déjà 25 ans. Jean-Pierre, Roger et Jacynthe, mes compagnons de l’époque, sont toujours de bons amis.

Je ne suis plus très loin de ma destination. La route est facile, car elle longe les herbes salées et la mer. Une piste cyclable traverse le village de Portneuf-sur-Mer, puis c’est le camping. C’est simple et plus abordable.

Je m’installe, prends ma douche, soupe et échange un peu avec mes voisins, François et son fils Félix, jusqu’à ce qu’une forte pluie accompagnée d’éclairs nous chasse sous les tentes. J’ai donc le temps d’écrire le journal avec double musique : Stephan Eicher et pluie. Ça devrait bien dormir, si la tente est toujours à la hauteur. Comme les genoux, ça va. Avant de dormir, j’appelle ma sœur Monique. Au moment de me coucher, la pluie a cessé et le ciel est constellé d’étoiles.


km jour : 93,7
km total : 648
départ / arrivée : 9 h 30 / 17 h 30
temps déplacement : 5 : 31
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 63,5
camping : 17 $

Mollo ?

> Baie-Ste-Catherine – 65 km
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Vendredi. C’était calme dans notre petite chambre, mais beaucoup trop chaud. Vivement la tente !

Levé à 7 h, je passe au salon pour écrire le journal d’hier et envoyer un message collectif. Ensuite, je déjeune en compagnie d’Olivier, toujours aussi allumé, puis je me prépare. Je prends la route vers 9 h 30, bien résolu à me ménager les genoux.

Il fait plutôt beau, pas encore trop chaud, mais le ciel reste voilé. Le trajet d’aujourd’hui est encore montagneux, mais moins pentu et plus court. Je fais attention à mes genoux : dès que la montée s’accentue, je descends de vélo et je le tire avec une sangle en ceinture. J’ai donc droit à  quelques kilomètres de marche, meilleurs que le pédalage dans les circonstances.

Après quelques minutes, je laisse la 138 pour traverser Cap-à-l’Aigle. Première occasion de marcher… mais pas la dernière. Jusqu’à Saint-Fidèle, ça monte régulièrement et parfois sérieusement.

Le village est connu pour sa fromagerie. J’y arrête pour le fromage, régulier et en grains, mais aussi pour une gourmandise, une bonne crème glacée.

Ensuite, c’est une grosse descente, spectaculaire, dans un magnifique paysage, vers Port-au-Saumon. Évidemment, il faut remonter, ce qui implique quelques kilomètres à pieds. Je n’aime pas ça, mais c’est bon pour mes genoux.

J’en profite pour planifier la retraite de ce vélo. Il n’est pas bien meilleur dans les descentes que dans les montées : il louvoie souvent, ce qui est difficile à contrôler. Points positifs ? Les freins, le confort général, l’équipement périphérique.

J’arrive facilement à Saint-Siméon, où je dîne avec le fromage en grains, délicieux lui aussi. Il est tôt, les genoux tiennent, alors je poursuis. Évidemment, la route descend, puis remonte longtemps – à pieds, c’est vraiment long. Par la suite, le trajet est vallonné, avec de bonnes montées, de bonnes descentes et de bons bouts normaux. La route passe près d’une série de petits lacs bien jolis.

Le ciel se charge tranquillement, le tonnerre gronde, les premières gouttes s’écrasent au sol : je me mets en mode pluie… pour cinq minutes. Le beau temps revient.

Je suis au camping, à nouveau cher, avant 17 h. Mon site est loin de la route et des services, et infesté de moustiques. Je monte ma tente puis j’inspecte le local communautaire : il y a des tables, de l’électricité et du Wi-Fi. Parfait. Après une bonne jase avec François, un policier retraité et amateur de chevaux, une douche et un petit lavage, je m’installe au local pour souper, écrire et, enfin, mettre en ligne les premières photos. Peu après 21 h, tout est fait. Je retourne à ma tente, tue quelques moustiques et me couche pour une nuit bonne et – espérons – réparatrice.


km jour : 65,9
km total : 555
départ / arrivée : 9 h 30 / 17 h 00
temps déplacement : 4 : 57
vitesse moyenne : 13,3
vitesse maximale : 59,7
camping : 29 $

Les côtes de Charlevoix

> La Malbaie – 80 km
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Jeudi. La nuit a été comme prévu : calme et fraîche. Ce matin, il fait 10° dans la tente. Levé à 7 h, je reste à l’intérieur pour écrire le journal d’hier, alors que les moustiques font le pied de grue à l’extérieur. Je me prépare bien à l’abri, puis je déjeune dans un refuge et me rends au poste d’accueil pour faire le plein d’eau. En chemin, je croise Linda, responsable du sentier. Les blocs de béton sont enlevés pour le moment.

La météo est bizarre : tout est gris et voilé. Est-ce à nouveau la fumée des grands feux de l’ouest du pays ? En tout cas, ça limite la qualité des photos. J’ai un léger vent de dos et ce n’est pas trop chaud. 

Je prends la route pour de bon vers 9 h 30. Jusqu’à Baie-Saint-Paul, il y a beaucoup de circulation, la route passe à l’intérieur des terres et monte, monte… Je vais très lentement, essayant de ménager mes genoux. Pour le reste, ça va.

Après le sommet du trajet – 740 m, quand même –, il y a plusieurs bonnes descentes et montées jusqu’à la descente finale vers Baie-Saint-Paul. J’arrête dîner à la halte routière. Je mange en compagnie d’un couple de retraités de Trois-Rivières se préparant à aller pédaler le tour de l’Île-aux-Coudres. André et Estelle sont d’excellente compagnie. Tout de suite après leur départ, une jeune fille d’environ 12 ans vient grimper dans le bouleau voisin et se met à siffler. Je lui réponds de la même façon, et nous entamons une agréable conversation. Jasmine s’en va passer des vacances avec sa famille près des Bergeronnes, sur la Côte-Nord.

Je termine la rapide descente vers le village, puis j’entame la montée vers Les Éboulements. C’est très difficile : ce vélo n’est vraiment pas fait pour les montagnes. Malheureusement. Il risque d’être à vendre bientôt. En revanche, je fais un petit test : je monte la selle, que je sentais un peu basse. Après essai, j’ajoute 2 mm et ça aide. Le réglage d’un vélo est une opération précise.

Aux Éboulements, je dois pousser mon vélo pour un petit bout, car c’est trop abrupt pour que je puisse pédaler. Décidément…

Après Les Éboulements, la route est plus facile, vallonnée. Il y aurait de belles vues, atténuées par la grisaille ambiante. La descente vers Saint-Irénée est spectaculaire et rapide.

La montée qui suit, avec ses passages à 14 % et même 17 %, est réputée, à juste titre. Elle se marche en bonne partie. Ensuite, ça va jusqu’à Pointe-au-Pic et La Malbaie, avec à nouveau une descente costaude. J’arrête à l’épicerie, puis, sur suggestion d’un passant, j’essaie l’auberge de jeunesse.

Il y a du pour et du contre. C’est sec et facile, avec de bons services – électricité, Wi-Fi, cuisine – et c’est un lieu de belles rencontres. En revanche, la chambre à quatre est très chaude et je me couche plus tard que j’aurais espéré, sans avoir eu le temps d’écrire.

Rapidement, les rencontres. À l’arrivée, les accompagnatrices d’un groupe de jeunes d’une dizaine d’années, moitié français, moitié québécois, participant à un échange. Au souper, Bernard et Hélène, vacanciers en autobus, puis Jean-Pierre et Marie-Dominique, de Belgique, pasteur et psychologue. En soirée, mon colocataire Olivier, jeune stagiaire en technique de scène, qui émerge de son repos – il est malade – pour une bonne bouffe. Il est donc minuit quand je me couche enfin, partageant la petite chambre avec Olivier, ainsi que deux filles que je ne connaîtrai pas : Anastasia, de Hollande, et Noémie, de Montréal.


km jour : 91,8
km total : 489
départ / arrivée : 9 h 30 / 19 h 00
temps déplacement : 6 : 48
vitesse moyenne : 13,5
vitesse maximale : 66,8
camping : 34 $

L’avenue Royale

> St-Tite-des-Caps – 80 km
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Mercredi. Comme prévu, il a plu cette nuit. Ça ne m’a pas dérangé, car j’étais à l’intérieur, au sec. J’ai très bien dormi et je crois que ça va mieux : je me lève à 8 h 30. Je prends un bon petit déjeuner en agréable compagnie et je prends la route avec Roger vers 10 h 10.

Au début, ça descend au milieu des bungalows, mais peu après nous arrivons au pied d’un escalier. Il est prévu pour les vélos : de chaque côté, un rail sert de rampe. Nous nous mettons à deux pour pousser le mien, qui est assez lourd. Après les marches, nous poussons les vélos en gravissant la pente abrupte.

La suite est facile : nous sommes sur le Chemin Saint-Louis, le nom que porte ici le Chemin du Roy. C’est toujours ravissant. Roger et moi nous quittons après un dernier office et je poursuis ma route vers la haute ville. J’arrive à l’église Saint-Dominique, au cœur d’un gros chantier de musée, vers 11 h 30. Je cherche une entrée : le presbytère semble barré et n’a pas de sonnette – en fait, la porte est difficile à ouvrir – et l’église a des marches. À l’arrière, il y a une entrée pour chaises roulantes et un petit ascenseur, alors je peux mettre mon vélo dans l’église près du chœur.

Au même moment, Yves arrive. Il préside la messe de 11 h 45. C’est parfait. Ensuite, nous nous retrouvons dans un petit resto sur la rue Cartier – souvenirs ! – pour un repas tout simple et une belle conversation. Je reprends la route vers 14 h 30. Je retrouve mon chemin vers la piste cyclable qui quitte Québec vers la Côte de Beaupré. Je fais la section plus complexe en compagnie de Jean-Yves, un cycliste âgé mais enthousiaste. Il fait maintenant très beau, pas trop chaud, et il y a beaucoup de monde sur la piste.

À partir des chutes Montmorency, c’est beaucoup plus calme. J’appelle le sentier des Caps de Charlevoix pour réserver un site de camping pour ce soir. Bientôt, la piste cyclable se termine et je roule sur l’Avenue Royale, toujours aussi magnifique avec ses maisons anciennes blotties au pied du cap.

À part des genoux douloureux, je vais bien. Je prends une collation près du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, puis je rejoins la 138 au pied de la grande côte : une heure de dur labeur pour arriver à la fin d’une série de montées. J’arrive au camping vers 19 h après avoir dû passer par-dessus une ligne de blocs de béton. Le maintien du sentier est une lutte constante…

Je suis accueilli par des nuées de moustiques voraces. Je sors mon équipement : pantalons, polaire, casquette, filet. Je peux ainsi m’installer en préservant mon équilibre mental.

Il n’y a personne d’autre sur le site. J’appelle Roger pour lui donner des nouvelles. Son amie Jeanne, de Saint-Tite-des-Caps, n’a pas donné signe de vie. Je mange dans un refuge, puis j’entre dans ma tente pour ne plus en ressortir. Les cinq moustiques qui m’avaient accompagné n’ont pas survécu…

Jusqu’à 21 h, j’écris le journal d’hier, puis je m’installe pour une nuit fraîche et calme.


km jour : 77,9
km total : 397
départ / arrivée : 10 h 00 / 19 h 00
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 14,7
vitesse maximale : 50,7
camping : 10 $

Gris

> Cap-Rouge (Québec) – 50 km
Sommaire

Mardi. Les bouchons d’oreilles sont une invention assez géniale : j’ai bien dormi malgré le bruit ambiant. Je me lève à 7 h 30 et je suis en route à 8 h 45. Pourtant, je pensais avoir pris mon temps. Je ne suis pas très en forme ce matin. J’ai mal aux genoux – je m’y attendais – mais aussi de légères nausées et une fatigue générale. Est-ce l’eau un peu douteuse du camping ou quelques chose que je n’aurais pas dû manger ? Je suis très heureux d’avoir une petite journée devant moi.

Le trajet est souvent vallonné et le ciel plutôt gris. C’est chaud et humide, et il y a des possibilités de pluie en fin de journée. Rien d’inquiétant. En revanche, j’avance moins vite que ce jours derniers. Si je vois peu Portneuf, Cap-Santé est vraiment magnifique avec ses maisons anciennes tout le long du Chemin du Roy qui ignore la ligne droite. À l’église du village, je fais le plein d’une eau fraîche et délicieuse, bien meilleure que celle du camping.

À partir de Donnacona, le soleil devient plus présent. À Neuville, autre très joli village, je laisse un premier message à Roger, puis un deuxième en quittant la 138 pour le Chemin du Roy en arrivant à St-Augustin-de-Desmaures. Cette section est étroite et bucolique, avec très peu de circulation, parfois des groupes de maisons souvent cossues.

Cette partie du trajet se termine par une montée abrupte – la côte Gagnon, 15 % – que je gravis sur mes roues, mais en force plutôt qu’en souplesse. Je m’ennuie du troisième plateau : il faudra corriger au retour.

En haut de la côte, le téléphone sonne : c’est Roger. Nous convenons du trajet que je prendrai afin de nous retrouver sur la route. Alors que je viens de tourner sur le chemin du Lac, il me rappelle. Afin de faciliter les choses, il me demande de rester sur place. J’en profite pour dîner.

Nous sommes, comme toujours, très heureux de nous retrouver. Nous arrêtons d’abord à une boutique de vélo. Ma roue arrière est en bon état : c’est le souplesse du cadre qui causerait le louvoiement, à cause de la charge. Je ne roulerai peut-être pas pendant 25 ans avec ce vélo… Nous arrivons calmement et facilement chez Roger. Ses parents ne seront de retour qu’en soirée.

En après-midi, chacun vaque à ses occupations. De mon côté, le programme est simple : douche, petit lavage, lecture des courriels et sieste. Malgré mon ami Tylenol, je ne suis pas très vigoureux.

En fin d’après-midi, nous allons à la messe, mais en voiture car il pleut. Ensuite, nous nous retrouvons au resto, un peu pour manger même si je n’ai pas très faim, beaucoup pour discuter. Roger a de nombreux projets : sa thèse de maîtrise, complétée sous les honneurs, son travail des dernières semaines dans la région, un voyage en Israël dans dix jours, un nouvel emploi à Trois-Rivières : ça bouge !

De retour à la maison, la soirée passe vite. Ses parents reviennent vers 22 h, assez fatigués après une journée au golf, alors tous se couchent assez rapidement. J’écris quelques courriels puis je m’installe pour la nuit sur le balcon, afin d’éviter de mouiller ma tente. Ça ne dure pas longtemps : devant l’assaut des moustiques, j’opte pour le sous-sol, question de bien dormir.


km jour : 52,5
km total : 319
départ / arrivée : 8 h 45 / 13 h 30
temps déplacement : 3 : 25
vitesse moyenne : 15,3
vitesse maximale : 52,7