Western Brook Pond

> Green Point – 50 km
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Dimanche. Comme prévu, la nuit a été glaciale. J’avais envisagé de prendre une douche avant de me coucher, mais je me félicite d’avoir attendu à ce matin.

Je mets ma tente humide à sécher au soleil. À 9 h pile, mon voisin sort de sa roulotte pour démarrer sa génératrice – pour le café ou les rôties ? – en s’assurant que l’échappement n’aille pas vers lui. Évidemment, je « profite » du bruit et de l’odeur… Je m’enfuis au plus vite.

Je pensais régler les formalités pour un dodo à Western Brook Pond à l’accueil du camping, mais celui-ci est fermé. À Cow Head, l’épicerie est fermée aussi puisque c’est dimanche. Je réalise que je n’ai plus le journal du parc, donc de numéro de téléphone pour le Parc. Un homme me le donne, mais le cellulaire ne capte plus de signal.

Je poursuis ma route vers l’inconnu. En revenant dans le parc, un panneau indique « Broom Point » et la présence d’un animateur. Il me confirme le numéro de téléphone et il y a du signal. Un employé québécois me répond en français. Il n’est plus possible de dormir à Western Brook Pond à moins d’être engagé dans la traversée de l’arrière-pays en randonnée pédestre ; les campings sauvages me sont inaccessibles ; il reste la croisière, que je réserve pour 13 h 30.

J’ai du temps et je profite d’une longue visite privée avec Winston, l’animateur de Parcs Canada. C’est passionnant. Trois frères ont vécu ici six mois par an avec femmes et enfants de 1941 à 1976 et ont légué au parc le campement et tout l’équipement de pêche. J’ai droit aux détails et je peux ainsi mieux connaître le quotidien de ces gens à la vie rude.

À midi, je repars tranquillement vers Western Brook Pond en profitant des paysages ensoleillés. À partir du stationnement, bien rempli, je roule très tranquillement sur le sentier, puisqu’il y a beaucoup de piétons. C’est vraiment très beau : tantôt sur du gravier, tantôt sur des trottoirs de bois, nous passons boisés, étangs, tourbières et ruisseaux, avec devant nous le mur de montagnes entaillé par les glaciers.

Arrivé au pavillon d’accueil, je constate que l’accès aux splendeurs du fjord a un prix : 65 $. Ouf ! J’embarque sur le bateau et m’installe à l’avant, dégustant mon pique-nique au moment où nous appareillons.

Je passe la croisière en compagnie d’une famille du Saguenay : Luc et Nathalie, avec leurs ados Alexis et Catherine. Très sympathiques. D’ailleurs, nous avons des amis communs là-bas.

Nous entrons dans des splendeurs difficiles à décrire, slalomant entre les murs de pierre, les éboulis, les cascades découpés par soleil et ombres. C’est le temps de se remplir les yeux. Au bout du lac, une cascade plonge en éclaboussures à partir du haut d’une paroi verticale. Que c’est beau ! Nous avions vu ces panoramas en 1991, mais sous la pluie.

Au retour, nous faisons face à un vent froid venu de la mer. C’est plutôt rafraîchissant, mais toujours magnifique. De retour sur le sentier, je tente une petite boucle supplémentaire. C’est très beau, mais trop étroit : mes bagages ne passent pas, je reviens sur mes pas.

Peu après, je croise un autre cycliste bien chargé. Français d’origine, Arnaud habite Montréal et achève un séjour dans la région. Nous convenons de prendre un camping ensemble ce soir, à Green Point.

Je poursuis tranquillement ma route, superbe même si le ciel s’est partiellement voilé. Il y a du monde au camping, mais un très beau site est disponible. Je m’y installe tranquillement, bientôt rejoint par Arnaud.

Nous partons dès que possible – Arnaud devait laver quelques vêtements – vers une pointe voisine en marchant sur la plage de galets. C’est à nouveau magnifique. À destination, nous découvrons un important site fossilifère, et des vues imprenables sur le couchant.

Nous revenons au camping par la route et complétons le montage du campement. Je fais de petites réparations sur le vélo d’Arnaud puis nous choisissons l’abri communautaire pour manger en très agréable compagnie.

Un courriel d’Éric m’avise d’une panne de moteur du Bella Desgagnés. Espérons que ça ne sera pas trop long et compliqué à régler : leur travail est déjà assez exigeant.

Nous jasons un bout de temps, puis allons nous coucher dans nos tentes respectives. La nuit semble ne pas devoir être trop froide. Tant mieux : les vêtements d’Arnaud ne sont pas secs…


km jour : 49,5
km total : 1655
départ / arrivée : 9 h 15 / 18 h 00
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 39,5
camping : 16 $

Entre mer et montagne, très vite

> Shallow Bay – 145 km
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Samedi. La nuit a été très calme, mais très humide. L’eau de la condensation a carrément dégoutté dans la tente, mouillant légèrement le matelas et le sac de couchage. Le temps et le soleil feront leur œuvre…

Levé à 7 h 30, soit 6 h à l’heure du Québec, je mets à jour le journal, laissant sécher ma tente au soleil. Il est près de 10 h quand je prends la route.

Au début, je roule sur le bord de la mer. C’est de toute beauté : après l’eau, il y a le gravier, la lande, les arbres tordus par le vent implacable, puis la forêt. Là-dedans, une belle route tranquille serpente, donnant accès à toute cette beauté. Dans cette section, il y a de nombreux casiers à homards, soigneusement empilés ici et là.

Je reconnais souvent les lieux, puisque nous les avions traversés en 1991. Cette fois-ci, le temps est magnifique, mais froid : je roule toute la journée avec mon polar, et souvent avec mitaines et coupe-vent. D’ailleurs, il reste de belles plaques de neige sur les montagnes.

J’ai un fameux vent de dos qui me pousse à bonne vitesse, sauf quand j’arrête – ça arrive souvent – pour des photos. Ce vent tient toute la journée, ce qui me permet des performances exceptionnelles.

Après Eddies Cove West, la route entre à l’intérieur des terres. C’est toujours beau, vallonné mais pas difficile. Je dîne à Hawke’s Bay, dans un parc près de l’eau, puis je visite deux dépanneurs pour compléter mon garde-manger. Pas d’autre option ici.

À partir de River of Ponds, la route suit presque continuellement la mer. Les paysages sont tout simplement sublimes. Il n’y a pratiquement aucune construction, sauf parfois de petits chalets, donc le paysage est très nature. Les fleurs d’été sont omniprésentes, je traverse un jardin.

À Bellburns, j’arrête à la maison où en 1991 nous avions été accueillis après une journée de déluge. Je frappe à la porte, mais il n’y a pas de réponse. M. et Mme House n’y habitent probablement plus…

En chemin, il y a un petit parc provincial nommé The Arches. C’est joli : c’est un rocher percé, mais avec trois ouvertures. J’y rencontre une jeune famille de Calgary, en vacances ici.

Je poursuis ma route, espérant trouver un camping pour une bonne douche et recharger quelques batteries. Il n’y en a aucun. Je dois attendre d’arriver au Parc Gros Morne, bien au-delà de mon objectif de la journée.

J’arrive vers 19 h 45. Heureusement, il reste quelques sites… mais aussi des nuées de moustiques. J’enfile l’armure, je m’installe rapidement et me dirige vers la salle communautaire. Là, sans moustiques, je peux cuisiner, manger et envoyer un courriel collectif, puis rédiger le journal tout en chargeant les batteries. Le repas est un délice : je mange la moitié du crabe donné par Évelyne, gardant la suite pour demain. Au début, c’est bien calme, mais plus tard un groupe nombreux et très bruyant s’installe pour jouer. Je termine le journal en musique, question de rester concentré.

À 23 h 20, c’est terminé, incluant un premier tri de photos. La nuit s’annonce à nouveau très froide.


km jour : 147,0
km total : 1605
départ / arrivée : 9 h 45 / 19 h 45
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 20,6
vitesse maximale : 60,4
camping : 25 $

Terre-Neuve, sous le soleil

> Squid Cove – 55 km
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Vendredi. Ce matin, plusieurs passagers sont debout vers 5 h 30 pour voir le bateau quitter Saint-Augustin par un étroit chenal. La manœuvre et le site sont spectaculaires, et le soleil est de retour ! Évidemment, l’été local a ses caractéristiques – 6° et un bon vent – mais le moral des troupes remonte de quelques bons degrés.

M’étant couché pas mal tard, je retourne au dodo jusqu’à 8 h, puis descend déjeuner avec Michel, le guitariste d’hier, et sa femme Johanne. La commissaire vient me voir pour me remercier de ma participation à la soirée d’hier – plusieurs passagers font de même – et m’offre le dîner, puisque le bateau n’accostera qu’à midi. C’est très apprécié : la nourriture à bord est vraiment excellente… et mon éventuel repas du midi est dans le container avec les vélos.

Après le repas, je rejoins Michel et Johanne pour leur remettre le carnet de chants virtuel, et nous jasons un bout de temps avant que je retourne à ma cabine pour douche, ménage et ramassage : mon séjour sur le Bella Desgagnés tire à sa fin.

Au dîner, je suis toujours avec Michel et Johanne, et nous sommes servis par Éric, un peu fripé mais de très bonne humeur. Pendant le repas, le bateau accoste à Blanc-Sablon sous un soleil éclatant. C’est le temps des « au revoir » et du départ vers divers horizons.

Je retrouve mon vélo en parfait état, lui retrouve sa charge. Premier arrêt : le guichet du traversier vers Terre-Neuve, au coût étonnant de 6,60 $. Vraiment pas cher.

Je me dirige vers Blanc-Sablon et le Labrador, mais je rebrousse chemin avant de quitter le village : pas question de manquer le bateau. J’y entre et attache soigneusement mon vélo, alors que mes amis motocyclistes font de même avec leurs montures.

Le Apollo n’est définitivement pas le Bella Desgagnés. Ici, rien de luxueux : les coursives sont étroites et mal éclairées, franchement rustiques. Ce n’est pas grave, la traversée dure une heure et demie, que nous passons entièrement sur le pont, au grand soleil. C’est aussi le temps d’ajuster nos horloges : il y a un décalage horaire de 90 minutes entre les deux rives.

Quand nous accostons à St. Barbe, un autre bateau décharge sa cargaison, apparemment du sel en vrac.

Nous prenons tous la route. J’avais pensé arrêter à l’information touristique pour me changer et faire le plein d’eau, mais il n’y a rien.

Je me retrouve sur la route 430, dite « des Vikings », sous un soleil magnifique et poussé par le vent. Je traverse à toute vitesse des landes constellées de petits lacs, avec la mer à ma droite, brillante sous le soleil. Je reconnais les noms de lieux traversés il y déjà 24 ans. Ce n’est qu’à Plum Point, un village plus important, que je trouve une épicerie pour compléter mon approvisionnement et me changer.

Je roule ensuite sur un terrain vallonné, loin de la mer que je retrouve après Castors River. Un petit chemin part vers la droite : c’est un accès à la côte. J’y mange sur les galets, je plante ma tente et je m’installe pour la nuit sur un site splendide, illuminé par le soleil couchant. C’est parfait : il n’y a même pas de moustiques. Et comme le vent vient de l’est, je n’entends pas non plus les vagues. Ce n’est sûrement que partie remise.


km jour : 53,2
km total : 1458
départ / arrivée : 17 h 30 / 20 h 15
temps déplacement : 2 : 39
vitesse moyenne : 20,0
vitesse maximale : 44,8

Cabine 5108

–  sur le « Bella Desgagnés »
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Jeudi. J’ai bien dormi malgré les mouvements constants du bateau. Cette nuit, nous avons passé Kegaska et La Romaine sans que je ne m’en aperçoive.

Après la douche, je déjeune à la salle à manger. Malheureusement, je ne peux ni lire ni écrire pour plus de dix minutes à la fois : l’écriture du journal avance très lentement. Le reste du temps, je suis couché et j’écoute de la musique.

Le bateau est toujours bien en retard : il est près de 13 h quand nous accostons difficilement à Harrington Harbour : le vent est fou. Comme la pluie a cessé pour un moment, je prends l’air sur le pont 8 alors que le bateau se rapproche. L’arrivée est spectaculaire, car le bateau emprunte un chenal étroit entre deux caps de roc rouge. Tout un défi pour l’équipage !

Nous avions affronté des vents de près de 120 km/h. Cette escale n’a été possible que parce que le bateau s’est appuyé au quai avec ses propulseurs latéraux.

Beaucoup de passagers descendent, car le village insulaire, très joli, a servi de site de tournage pour le film « La grande séduction ». Il n’a pas vraiment changé depuis que j’y étais passé avec mes amis il y a déjà 24 ans. Avec ses petites maisons colorées accrochées au roc et ses trottoirs de bois, il reste magnifique malgré la grisaille et la pluie qui a repris. Les appareils photo ont du travail.

De retour sur le bateau, je réalise que j’ai manqué le dîner. Aimablement, la responsable m’offre de passer à la cafétéria. Pour ce midi, un sandwich fera très bien l’affaire. Je profite de la relative immobilité du bateau pour mettre à jour le journal. À 15 h, nous reprenons la mer… et je reprends le lit, en musique.

En fin d’après-midi, le bateau accoste à Tête-à-la-Baleine. Ici, il n’y a pas de village, mais un petit sentier à même la toundra qui mène à une crique voisine. Malgré la grisaille qui persiste, c’est de toute beauté ! J’y marche en compagnie de Lucie et Gérald, puis nous revenons pour souper.

C’est savoureux : une assiette de fruits de mer, un choix unanime. Tous se régalent. Comme le bateau est à quai, c’est confortable car il ne tangue pas. Et la conversation est passionnante.

À 21 h 30, nous avons rendez-vous au restaurant pour une soirée guitare et chansons, initiative d’Éric, un serveur qui est également cyclotouriste. Il me prête sa vieille guitare cassée en voyage mais toujours utilisable. Yé ! Nous sommes trois guitaristes, avec Michel, qui voyage pour affaires, et un bassiste, un autre Michel, assistant chef cuisinier du navire.

Seul problème, qui ne semble pas beaucoup déranger : les autres passagers n’ont pas accès aux textes. En revanche, mon carnet de chants sur l’ordinateur est vraiment utile. Y avoir pensé, nous aurions mis le carnet sur quelques ordinateurs afin que tous puissent participer plus facilement.

Il est près de minuit quand la soirée se termine. Après ces journées de grisaille, ça a fait grand bien. Je reste un bout de temps à jaser avec Éric tout en essayant, sans succès, de transférer le carnet sur sa tablette. Je le lui enverrai quand je pourrai me connecter normalement à Internet. En attendant, il est grand temps de dormir afin de bien profiter de la suite du voyage. Je regagne ma cabine, digne suppléante de ma tente.


L’attente du bateau

>  Bella Desgagnés – 1,5 km
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Mercredi. J’ai très bien dormi, car j’avais ouvert la fenêtre : j’ai vite pris l’habitude du grand air.

Dès les premières lueurs de l’aube, ça s’active dans la cuisine et autour de la table. Évelyne offre des petits déjeuners bien avant l’ouverture du restaurant. Ce matin, elle sert 16 travailleurs et 4 hôtes, soit 20 repas. Elle le fait avec simplicité et un évident plaisir.

Je me lève vers 7 h 30 et je mange en compagnie des trois autres hôtes, qui ont une petite fille de 18 mois. C’est copieux et franchement savoureux.

Tous retournent à leurs affaires. La petite a besoin d’une sieste, je prépare mes bagages, Évelyne et sa sœur font le ménage des chambres. Je ne suis pas pressé, puisque le bateau est en retard.

Quand tout est prêt, je passe encore un peu de temps avec mon hôtesse, nous prenons une photo et nous nous saluons, heureux d’une belle rencontre. En plus, ce n’est vraiment pas cher pour la qualité du service.

Pour le moment, le ciel reste gris, froid et venteux. Selon la météo, la pluie devrait reprendre vers midi, mais le trajet dure cinq minutes seulement.

Les passagers arrivent tranquillement. Je règle les formalités, place le vélo dans l’entrepôt – comme prévu, la pluie est de retour – dîne et m’installe pour écrire.

Un couple arrive. Soudain, elle dresse l’oreille : à la radio, c’est elle-même qui répond aux questions du journaliste à propos des compressions en santé. Présidente de l’ordre des infirmières, elle se nomme Lucie Tremblay et connaît indirectement ma sœur puisqu’elles sont homonymes et se renvoient des courriels aux adresses erronés. Elle et Gérald vont compléter en voiture la boucle passant par Labrador City et Manic 5.

Peu après, un autre couple arrive. Benoît est le frère de Nicole, une grande amie. Eux prendront le bateau à Kegaska mais désirent connaître l’heure du rendez-vous, à cause du retard.

Tranquillement, la salle d’attente se remplit. Plusieurs motocyclistes et automobilistes chargent leurs véhicules à bord des containers. Dehors, c’est novembre avec sa petite pluie fine et glaciale.

Finalement, le bateau se pointe à travers la pluie. Il est impressionnant, avec ses huit étages et sa section de transport. Il est à quai à 17 h 30 et la fébrilité de l’embarquement est palpable.

La grue commence à manipuler les gros containers, incluant ceux qui contiennent les voitures, tout un casse-tête. Celui des vélos arrive sur le quai. J’y installe de mon mieux le mien et le gros de mon bagage. Un couple de cyclotouristes de la Colombie-Britannique part visiter Natashquan malgré la pluie.

À 18 h, je découvre la cabine 5108. C’est petit mais bien organisé et chic. Il y a quatre couchettes, mais je suis seul. Je dispose d’une table de travail, d’un fauteuil, d’un grand tiroir, d’une armoire et d’une microscopique salle de bain avec douche et plancher chauffant. Il y a tout ce qu’il faut, et même plus.

Il est temps de manger au chic resto. Comme nous ne sommes pas trop nombreux, chacun y va au moment qui lui convient, alors qu’il peut y avoir deux services quand le bateau est plein.

Je me joins à Gilles et Maryse, jeunes retraités de Victoriaville, qui font la croisière aller-retour à Blanc-Sablon. C’est agréable et délicieux. Alors que nous quittons le quai et qu’il y a encore accès au cellulaire, j’appelle Gaétan, puis j’explore le bateau, rencontrant à plusieurs reprises Sébastien, un sympathique jeune matelot. Dehors, c’est l’automne : il pleut, c’est glacial et le bateau tangue sur une mer assez agitée.

Je me rends au 8e pour une présentation des activités offertes lors des escales et de l’organisation du bateau, mais je commence à me sentir nauséeux malgré les Gravols. J’ai toujours été sensible au mal de cœur, et finalement je vomis dans le petit sac que j’avais prudemment gardé en mains.

Le programme de la soirée est simple : il n’y a que couché à ne rien faire que je réussis à être moins inconfortable…


km jour : 1,5
km total : 14058
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 19,1
vitesse maximale : 35,5
traversier : 585 $

Congé poétique

 –  Natashquan – 3 km
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Mardi. Nuit confortable. J’apprécie grandement mon nouveau sac de couchage, chaud et douillet. Au petit matin, une petite ondée mouille la tente. Elle séchera, j’espère.

Éveillé à 5 h, je mets à jour le journal alors que quelques gros moustiques me guettent avidement à travers la moustiquaire. En écrivant, j’en profite pour écouter la musique que je transporte dans mon ordinateur. Un plaisir de plus. J’en ai jusqu’à 7 h 30, puis je prépare mon matériel puisque je pars… mais pas bien loin cette fois-ci.

La tente est encore humide, alors je lui laisse le temps de sécher malgré l’absence du soleil. Il fait toujours froid et il vente.

Après avoir tout chargé sur mon vélo, je me rends au site de Mario et Renée. Nous déjeunons ensemble, je leur donne de petits coups de main pour démonter leur campement et nous marchons jusqu’à la mer. Nous discutons avec un autre couple de campeurs. Finalement, nous nous disons au revoir.

J’arrête au CLSC car j’ai depuis une bonne semaine une petite infection au pouce droit qui ne guérit pas. La jeune infirmière me reçoit immédiatement et me fournit consignes et pansements. Sylvie et son conjoint sont des amateurs de plein air et elle s’intéresse sérieusement au vélo et au cyclotourisme. Ici, ils sont au paradis du canot et de la grande nature.

Je me dirige vers le gîte. Après presque 3 km, ma journée de vélo est terminée. Je ne suis pas épuisé…

Le gîte Chevary est tenu par Évelyne, veuve dynamique qui me reçoit chaleureusement. J’ai une chambre confortable et mon vélo dispose d’une place au garage.

Je quitte rapidement car on m’a dit beaucoup de bien de la Vieille École, musée dédié au poète Gilles Vigneault. Le rendez-vous est à l’information touristique où je dîne en attendant l’heure.

Nous sommes peu nombreux : Monique, la guide,  Diane avec Raymond-Marie, et moi. Nous découvrons surtout que les personnages des chansons du grand Gilles ont existé et vécu ici. Assez fascinant. Au passage, je fais le tour de l’église avec son exposition d’aquarelles des maisons du village, puis je rentre.

Mon vélo a besoin de soins mineurs. La guidoline se défait depuis quelques jours : je l’enlève et la remet en place, espérant que ça tiendra mieux cette fois-ci. Je réorganise aussi mon matériel pour le bateau.

Ce matin, mon hôtesse préparait des conserves de crabe pour ses enfants : elle m’en donne un pot, heureusement petit, que j’accepte avec reconnaissance. Ce sera pour Terre-Neuve.

Par ailleurs, la télévision – étrange objet – indique que l’est du Québec bat des records de bas maximums ces jours-ci. Tiens donc… C’est assez local : 2015 sera vraisemblablement l’année la plus chaude des temps modernes.

Je ne suis pas en camping, alors je soupe au restaurant du village. Il n’est pas très grand et assez plein. Ma pizza aux fruits de mer, un classique de mes voyages nord côtiers, est savoureuse. À la table voisine, un homme et une femme arrivent en même temps que moi et nous entamons la conversation. Yves et Nicole travaillent depuis hier au chantier d’asphaltage de la 138. Très agréable rencontre, à nouveau. En rentrant, j’appelle ma sœur Lucie, qui part demain avec son fils Émile retrouver sa fille Camille en Irlande.

Au gîte, je m’installe avec mon ordinateur pour envoyer photos et messages à mes amis avant de sombrer dans les bras accueillants de Morphée. Je peux en profiter : le bateau a plus de deux heures de retard.


km jour : 2,8
km total : 1403
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 20,1
vitesse maximale : 32,2
gîte : 55 $

Natashquan, enfin !

> Natashquan – 30 km
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Lundi. Cette nuit, j’ai eu à me lever : j’ai pu profiter du ciel parfait, splendide. Au matin, le soleil brille et je me permets une grasse matinée : je me lève à 6 h. Les nuages arrivent et bientôt le ciel est bien bouché. En plus, il fait encore plutôt froid.

La route est courte aujourd’hui. Je traverse l’Île Michon, un minuscule village offrant de splendides points de vue sur la côte découpée. C’est ensuite le retour aux tourbières et au vent de face. Le ciel est de plus en plus gris et j’ai même droit à un très léger crachin sans conséquences.

Ici, la route est assez détériorée et plusieurs sections sont en gros gravier rendant l’équilibre assez précaire. La prudence est au rendez-vous. En approchant de Natashquan, la route bifurque vers le sud, me permettant de rouler plus normalement. À 10 h, j’entre au village.

Premier arrêt : l’information touristique, où je peux avoir des indications et une connexion Internet. Le camping est un peu à l’est, vers Pointe-Parent. Au camping, la gentille dame à l’accueil me propose un site, mais il me plait moins qu’un autre encore occupé par une Westfalia. Dany et Sonia se préparent à partir et sont tout à fait à l’aise que je prenne le relais. Ils arrivent de Terre-Neuve, ayant parcouru la boucle que j’ai entamée. Dany est également cycliste et a parcouru un trajet en Colombie-Britannique, passant en partie sur mon itinéraire de l’an dernier. Nous ne manquons pas de sujets de conversation. Ils quittent en me laissant un pot de chili con carne maison, je m’installe.

Ils avaient oublié leur corde à linge, mais Dany avait rendez-vous au CLSC. J’y retrouve leur véhicule et j’y laisse leur corde.

Je stationne mon vélo près de l’information touristique et je marche sur un trottoir de bois le long de la plage vers d’intrigants bâtiments sur une pointe. Les « Galets de Natashquan », âgés dans certains cas de plus de 150 ans, ont servi au séchage et au commerce de la morue. C’est vraiment joli.

De retour à l’information touristique, la météo confirme de la pluie à partir de la nuit de mardi à mercredi. Comme il ne faut pas que ma tente soit mouillée quand je prendrai le bateau, je dormirai donc en gîte demain soir.

Au camping, je passe à la douche. Mario et Renée, voisins et également en Westfalia, sont là pour la buanderie, lieu de rencontres. De retour d’une visite à la Vieille École consacrée à un musée Gilles Vigneault – à ne pas manquer –, Mario sort son violon et propose du folklore. J’en manque un bout en prenant ma douche, mais c’est très bon.

À mon tour, je passe la quasi-totalité de mes vêtements dans la laveuse puis la sécheuse : ça s’imposait. En passant, j’entends Anne et Benoît pratiquer leur violon en forêt, un portrait assez magique.

Pour le souper, je rejoins Mario et Renée sous leur tente moustiquaire, bien utile alors que les gros moustiques locaux semblent très intéressés à nous faire la peau. Mes hôtes profitent d’un repas d’orignal, gracieuseté de Norbert, un homme d’ici ; de mon côté, je déguste le chili – savoureux – de Sonia et Dany. Nous partageons ces délices ainsi qu’une conversation passionnante.

En cours de soirée, nous réalisons que Mario et moi avions fait notre sixième année primaire à Mont-Laurier dans la même classe – ça fait 45 ans ! – alors que nous étions voisins et amis. Nous en parlons avec Sonia et Dany – ce dernier avait lui aussi étudié avec Mario ! – ainsi qu’avec mon frère Gaétan. Que de souvenirs…

Mais le présent est aussi très agréable. Nous veillons tard, jusqu’à 22 h 30, alors que le froid nous chasse vers nos refuges respectifs. Quelle rencontre !


km jour : 32,8
km total : 1401
départ / arrivée : 7 h 50 / 10 h 00
temps déplacement : 2 : 09
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 36,7
camping : 22 $

Face au vent

> Aguanish – 130 km
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Dimanche. Il a plu toute la nuit, mais l’intérieur de ma tente est bien sec ce matin. Parfait : mon système semble avoir fonctionné.

À 4 h, la pluie a cessé. Éveillé par des jeunes enthousiastes revenant d’une nuit de fête, je me mets tout de suite au journal. Dès 5 h, je me prépare : la météo annonce une pause à la pluie d’ici demain midi, puis son retour. J’ai juste le temps de me rendre à Natashquan au sec.

Dehors, c’est encore mouillé, tout comme l’extérieur de ma tente. Je prends quelques précautions supplémentaires afin de garder sec ce qui l’est, alors je suis en route à 6 h 30.

C’est un tronçon récent et en bonne condition. Si la route depuis la rivière Moisie date de 1976, celle-ci a été ouverte en 1996. Auparavant, ces villages n’étaient pas reliés au réseau routier, comme le restent encore ceux à l’est de Kegaska.

Ce matin, le ciel est bien gris, c’est froid – 12° – et un fort vent souffle de l’est. Je l’ai donc contre moi pour la journée, une expérience pénible : c’est comme monter sans arrêt, sans jamais pouvoir redescendre.

En quittant la ville, les premiers kilomètres sont très agréables quand même : je suis sur une jolie piste cyclable qui longe la 138. Ça ne dure pas…

Pour des kilomètres, la route traverse des tourbières sans relief, sans vues de la mer. C’est très beau, carrément fascinant, mais j’avance péniblement, lentement, bousculé par la violence du nordet. Je roule presque continuellement sur le petit plateau. C’est exigeant physiquement, mais aussi mentalement. Va-t-il pleuvoir ? Jusqu’où vais-je pouvoir me rendre dans ces conditions ? Où vais-je pouvoir arrêter ?

Les réponses sont devant, alors je force et j’avance quand même. En approchant de Baie-Johan-Beetz, le relief apparaît tranquillement. Ça casse la monotonie et, un peu, le vent.

Le village, tout petit, est joli malgré la grisaille. Je dîne près du magasin général. Réjean et Claire, d’Aguanish, viennent se joindre à moi. Ils m’indiquent qu’il y a un camping à leur village. Pour aujourd’hui, c’est une destination plus raisonnable que Natashquan.

Au sortir du village, la route traverse une forêt brûlée. C’est récent, à peine deux ans, les chicots sont toujours debout, et le sous-bois est envahi de plantes pionnières, en particulier du kalmia qui étale ses innombrables corolles roses sur les collines. Un immense territoire a été touché : sur plus de 20 km, presque tout a été rasé, à perte de vue. C’est aussi un paysage magnifique qui aide à tenir le coup malgré le vent qui se déchaîne toujours.

Le relief est désormais plutôt vallonné. Plusieurs automobilistes – et pourtant, ils sont vraiment rares – manifestent leurs encouragements. À l’occasion, j’en reconnais. À partir de 15 h, le soleil commence à percer les nuages et un dégagement complet se dessine à l’horizon. Beau temps devant !

Les derniers kilomètres avant Aguanish longent la plage de sable fin bordée de petits chalets. Je traverse le village et rejoins le Camping des Cayes. Le bureau d’accueil est un café-bar apprécié des locaux et des touristes. C’est André qui s’occupe de tout avec bonhomie.

Le camping est peu occupé. Si la plupart des sites sont boisés, j’en choisis un en bord de mer. Il est très venteux, mais magnifique sous le ciel parfaitement bleu. Monter la tente et organiser le matériel implique quelques précautions afin que rien ne s’envole, mais tout se passe bien. Pour le souper, je dois utiliser mon vestibule pour couper le vent afin que mon réchaud puisse fonctionner.

Je passe enfin à la douche. Au retour, il est presque temps de dormir. La tente bouge constamment sous les fortes rafales, mais elle est solidement ancrée et bien lestée. Le sourd grondement des vagues berce mon sommeil… mérité : aujourd’hui, j’ai parcouru 130 km en 13,5 heures avec une moyenne sous les 15 km/h.


km jour : 129,5
km total : 1368
départ / arrivée : 6 h 30 / 18 h 00
temps déplacement : 8 : 39
vitesse moyenne : 14,9
vitesse maximale : 39,0
camping : 24 $

Froid et humide

> Havre-Saint-Pierre – 50 km
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Samedi. La nuit sur l’île a été parfaite, fraîche, calme, avec le bruit des vagues qui s’approchaient avec la montée de la marée. J’avais mis mon réveil, mais encore une fois je l’ai devancé.

Prêt rapidement, j’ai du temps : j’en profite pour trier et préparer les photos de la dernière semaine, une assez longue opération. À la fin, je n’ai presque plus de batterie ni de temps, mais le rangement de la tente se fait en un temps record.

Dehors, c’est froid et humide, mais il ne vente pas. Après une brève apparition sous les nuages qui ont envahi le ciel, le soleil se cache pour de bon. Journée grise en vue.

Je déjeune en attendant mon bateau, alors que tombent quelques gouttes. David est exact au rendez-vous. Je me joins donc à la visite de la section touristique de l’île, guidée par Jérémie pour les occupants de quatre petits bateaux. Il y est question des plantes exceptionnelles, de géologie, de fossiles tropicaux. Nous goûtons à des oursins tout juste sortis de la mer.

Pour la suite du trajet, je suis avec Marius, père de mon autre capitaine. Nous passons près de l’Îlot de l’Île Nue, d’un rocher fréquenté par les phoques, de l’Île du Wreck et de l’Île aux Maisons, occupées entre autres par les macareux, les guillemots et les pingouins qui volent tout autour des bateaux. Isolée et difficile d’accès en kayak, c’est une région de l’archipel que je n’avais jamais fréquentée.

Nous accostons à l’Île aux Perroquets, qui héberge un des phares de l’archipel. Dès le milieu des années 1800, les nombreux naufrages ont poussé à garnir de phares la région de Mingan et l’Île d’Anticosti. C’est Rémi, notre nouveau guide, qui présente la vie des gardiens selon les époques, ainsi que les oiseaux de l’Île. Biologiste, il en connaît un bon bout. Il a aussi travaillé à l’Île Bonaventure, en Gaspésie, et fait le trajet de là-bas à ici à vélo.

Pendant ce temps, la météo s’est détériorée. Il pleut doucement, une pluie glaciale portée par un bon vent d’est. Pour plusieurs touristes, c’est assez inconfortable. J’apprécie ma grosse veste de flottaison. Alors que nous rentrons à terre, je suis seul à bord avec une famille de Terrebonne et ses quatre enfants, très gentils. Olivier et Laurence m’aident à débarquer mes sacs. Il est près de 12 h.

Je m’installe dans le garage où est resté mon vélo pour tout remettre en place. J’en profite pour recharger les batteries – ordinateur, appareil photo, téléphone – et envoyer messages et photos.

Danielle, responsable du camping, vient m’offrir de partager son repas. Plus précisément, de l’orignal chassé et cuisiné par elle-même. C’est délicieux et très agréable.

Il est près de 14 h quand je prends la route. Il pleut très légèrement, j’ai le vent de face, il fait froid et, selon la météo, tout cela va perdurer pour la nuit.

La route se fait sans incident, mais dans des conditions peu agréables. La pluie augmente, puis diminue, cesse et reprend. Arrivé au Havre, je m’informe pour repérer la caisse pop et l’épicerie.

Alors que je commence à charger mon vélo de toute la nourriture, une jeune femme, croisée à l’intérieur et visiblement adepte de plein air, s’arrête. Josiane, biologiste pour le Parc, se prépare à partir pour la Côte ouest à vélo avec son copain Rémi, mon guide de ce matin. Nous passons pas mal de temps à discuter itinéraire et équipement.

Je repars sous la pluie. Au camping, c’est plein, mais la responsable me loue un site pour VR le long de la plage, complètement au bout du camping : son occupant habituel est absent. Afin de la garder sèche, je monte ma tente sous une roulotte, puis je l’installe soigneusement pour éviter tout problème.

Pour la première fois cette année, je mange dans le vestibule de ma tente. C’est petit mais bien mieux que sous la pluie. Je passe à la douche puis reviens, toujours sous la pluie, une bonne marche puisque les services sont à 400 m de mon site. Il est déjà 21 h, l’heure du dodo alors que la petite pluie est bien installée. Heureusement, je suis bien équipé !


km jour : 49,9
km total : 1238
départ / arrivée : 13 h 45 / 18 h 00
temps déplacement : 2 : 47
vitesse moyenne : 14,7
vitesse maximale : 33,0
camping : 22 $

Le paradis sur l’Île Nue

> Île Nue (Mingan) – 12,0 km
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Vendredi. J’avais mis mon réveil à 6 h. Drôle d’idée : je suis debout à 5 h. Mon matériel est prêt rapidement, alors j’ai le temps de mettre à jour le journal, branché pour préserver ma batterie, et bien protégé contre les envahissantes mouches noires. Dans ces conditions, je fais l’essentiel, et je déjeune en écartant le filet pour quelques instants. À 7 h 30, je suis au rendez-vous.

Les autres passagers arrivent dans les minutes qui suivent. Une camionnette nous mène au quai, et à 8 h pile nous prenons la mer sur un petit bateau avec un gros hors-bord. Deux autres bateaux semblables partent en même temps.

Soudain, les bateaux tournent vers l’est. Baleines en vue ! Nous nous approchons pas mal, et c’est la danse des rorquals à bosse, avec la queue en « T » très particulière lors de la plongée. Beau spectacle.

Nous repartons vers l’Île Nue. Notre bateau dépose les autres passagers au quai, puis le capitaine me mène au camping. Il s’approche avec précautions, relevant tranquillement le moteur, puis saute à l’eau – il est habillé pour ne pas se mouiller – pour faire accoster le bateau. Une planche sert de passerelle pour moi et mes bagages, alors je reste au sec.

Il y a un comité d’accueil : l’île est habitée. Un groupe d’amis vient d’y passer la nuit et quittera plus tard aujourd’hui. Il y a du monde : Étienne ; Cassandre, venue avec sa tante sans ses parents ; Philomène et sa fille Élia ; Julie et ses filles Capucine, Maïté et Marianne. Julie habite Magpie, les autres sont de Montréal. C’est un groupe agréable et joyeux.

Il y a un comité d’accueil : l’île est habitée. Un groupe d’amis vient d’y passer la nuit et quittera plus tard aujourd’hui. Il y a du monde : Étienne ; Cassandre, venue avec sa tante sans ses parents ; Philomène et sa fille Élia ; Julie et ses filles Capucine, Maïté et Marianne. Julie habite Magpie, les autres sont de Montréal. C’est un groupe agréable et joyeux.

Je monte mon campement. Quand je quitte pour marcher le tour de l’île, Étienne et Cassandre partent avec moi. La jeune fille a beaucoup de jasette. Avant que mes compagnons rebroussent chemin, nous allons jusqu’à La Montagnaise, le premier monolithe d’importance vers le sud. Au loin, Anticosti. Ici, tout est magique, et le temps est parfait, avec soleil et bon vent d’ouest. Je prends plein de photos et de temps.

Hier, j’avais demandé à avoir deux sacs à déchets, pas pour moi, mais pour faire un petit ménage des détritus ayant flotté jusqu’à l’île. Les sacs sont grands, mais je les remplis jusqu’au bord, l’un de déchets, l’autre de plastiques recyclables.

Après La Montagnaise, je marche longtemps sur la plage caillouteuse, parfois sur les platiers. Ici, la beauté est austère, mais présente à chaque pas. Je mange en face de l’Îlot, puis je traverse un champ de monolithes au milieu d’un extraordinaire jardin, œuvre de la nature. C’est trop beau, je prends des tas de photos. Magique !

Encore quelque pas, un autre champ de monolithes fréquenté par les touristes, et j’arrive au quai de Parcs Canada. Tous sont partis sauf Laurence, la naturaliste. Elle accepte de prendre en charge mes gros sacs de déchets et m’identifie plusieurs des magnifiques plantes croisées en route. Quand son « taxi » arrive, je reste fin seul sur l’île.

Après une autre bonne collation, je complète le trajet jusqu’au camping, croisant l’ancien site maintenant abandonné. Au total, c’était une bonne marche : 8,4 km en terrain souvent difficile, et en sandales puisque c’est tout ce que j’ai. En arrivant, je m’assure de bien identifier les plantes photographiées et j’écris un peu.

C’est ensuite l’heure de souper. Il vente toujours, mais d’autres campeurs ont aménagé un trou avec des pierres plates pour couper le vent : ça marche.

Je repars vers le quai et les monolithes visités par les touristes, une marche de 20 minutes environ. J’en profite pour appeler Diane. Au retour, je jase un peu avec Gaétan. C’est un peu étrange d’être à la fois si proche et si loin.

La nuit tombe. Il sera bientôt temps de dormir : il est près de 21 h…


km jour : 12,0
camping : 128 $