Jeudi. Ce matin, Élise travaille, mais Pierre est en congé. Avec Thomas et les enfants, nous partons – en voiture – afin de gravir à pieds les terrilsjumeaux dominant la ville de Lens. Sportif, amusant et spectaculaire.
En après-midi, nous visitons le mémorial de Notre-Dame-de-Lorette, où l’anneau de la mémoire, un nouvel aménagement très réussi, rend hommage à 580,000 morts de la guerre de 14-18. Quelle tristesse, quelle folie ! Les humains apprendront-ils à ne plus se faire la guerre ?
Après un repas dehors, la soirée se passe tranquillement en chansons, puis en échanges entre grands après le coucher des petits.
Bâtiment de la mineAnoukL’autre terrilLayalThomas et PrunilleThomas et PrunilleAnoukiPrunille devra laver ses mainsDans le cerisierNotre-Dame-de-LoretteÉlise
Mercredi. Après une nuit fraîche et humide, je me lève tôt afin d’être sur la route dès 8 h. Il fait très beau. Je me dirige d’abord vers Moreuil par une très jolie petite route, puis fonce – lentement… – vers le nord en choisissant toujours les plus petites routes de ma carte. Il y a 100 ans, cette région était ravagée par la guerre. Il en reste de très nombreux cimetières de guerre, gardant vivace le souvenir de trop nombreux morts.
Je prends le chemin de halage du canal de la Somme pour quelques kilomètres, puis retrouve les mini routes jusqu’à Arras.
Arrivé en ville, je retrouve facilement la maison de Pierre et Élise, où l’accueil est plus que chaleureux. Ils vivent à vélo avec leurs trois jeunes enfants, sans voiture. En soirée, nous participons au pique-nique de Droit au Vélo, une organisation qui soutient la pratique du vélo dans la région. J’y retrouve de nombreux amis.
km jour : 118,7 km total : 254 départ / arrivée : 8 h 00 / 17 h 30 temps déplacement : 8 : 01 vitesse moyenne : 14,8 vitesse maximale : 54,4
CoquelicotsUn clocher, un villageChemin creuxCoquelicots et margueritesLayalPique-nique Droit au vélo
Mardi. Ce matin, il faut se lever tôt. Même les ados. Philippe et Marie travaillent encore, et je commence aujourd’hui à pédaler sérieusement. En plus de saluer mes amis – le temps passe bien trop vite avec eux -, je fais mes bagages en fonction du voyage… et je répare une crevaison causée par un tout petit bout de fil de fer probablement récolté l’an dernier.
La sortie de la zone urbaine est relativement facile, car j’emprunte en bonne partie un itinéraire connu. À mi chemin, il y a des options intéressantes, alors j’explore et découvre de nouveaux paysages. Le village ancien de Mello est franchement très séduisant.
Le camping connu et prévu est désormais fermé, mais un autre m’accueille quelques kilomètres plus loin. Pas de problème, ça roule bien, et ça dormira bien aussi.
km jour : 114,6 km total : 136 départ / arrivée : 10 h 00 / 19 h 00 temps déplacement : 7 : 12 vitesse moyenne : 15,9 vitesse maximale : 45,2 camping : 13,50 €
Lundi. Cette fois-ci, c’était une vraie bonne nuit, bien reposante. Déjà, je ne sens plus le décalage horaire.
Philippe et Marie travaillent aujourd’hui. En avant-midi, je fais quelques courses. En particulier, je règle la question du téléphone. En après-midi, avec les ados et Philippe, nous préparons l’anniversaire de Corentin, qui reçoit quelques amis. Philippe et moi abattons également un arbre abîmé qui surplombe la cour du voisin.
Cinq gamins arrivent, débordants d’énergie, pour une fête animée. La soirée se termine en famille et en chansons. Demain, déjà, je prendrai la route…
km jour : 17,3 km total : 22 temps déplacement : 1 : 02 vitesse moyenne : 16,8 vitesse maximale : 39,7
Dimanche. Je m’éveille à 3 h, heure de mon corps. La nuit a été bien courte, une sieste entre Terre-Neuve – souvenirs… – et l’Irlande, ensoleillée ce matin. Je commence le journal sur batterie, puisqu’il n’y a pas de prises électriques à bord.
L’avion atterrit sans encombre vers 10 h 35, un peu plus tôt que prévu. La météo, elle, suit le programme : frais et gris, avec de petites gouttelettes. Les douanes vont bien, mon matériel arrive intact et je remonte le vélo sans problème. Pourtant, j’avais oublié de dégonfler les pneus, qui n’ont heureusement pas éclaté.
À 12 h 30, je quitte le Terminal 3 pour la gare SNCF, 300 m plus loin. J’achète les deux billets de train qui n’étaient pas disponibles depuis chez moi, puis un billet de RER. La pluie est au rendez-vous, et j’ai hâte d’arriver. En revanche, l’accès au train n’est pas simple. Il me faut aller à l’autre bout de la gare, là où il y a un ascenseur, mais le portail large pour vélos et chaises roulantes ne fonctionne pas. Je dois enlever deux sacoches pour utiliser le portail régulier, très étroit. C’est Jasmine, une jeune préposée de la SNCF, qui me guide, m’accompagne et m’aide jusque sur le quai de la gare. Quelle gentillesse !
Le trajet en train est assez long, surtout que je dois rester constamment debout pour prendre soin de mon vélo. Il y a une correspondance à Chatelet-Les-Halles, où je dois utiliser les escaliers mobiles, un bon exercice. J’arrive comme prévu à la gare de Chatou-Croissy. Après un ascenseur et un escalier, je suis dehors et il mouille à peine. Je pédale facilement jusque chez mes amis.
L’accueil est plus que chaleureux : tous m’attendent, spécialement Corentin qui espère cette visite à chaque trois ans pour son anniversaire. Il aura 10 ans demain. Il y a aussi Marianne, 14 ans, Nicolas, 12 ans, Philippe et Marie, et même Jacques, un des prêtres de la paroisse où travaille Marie, qui est venu en visite.
Mes amis ont déménagé l’an dernier. Leur nouvelle maison est bien plus spacieuse que l’ancien appartement. J’installe mon vélo au garage et je dépose mes bagages dans la chambre qui m’est prêtée, puis nous profitons des joies de la conversation.
Jacques doit quitter, mais bientôt Virginie et Jean-Sébastien se joignent à nous pour le dîner – repas du soir – et la soirée. Jean-Sébastien est québécois d’origine mais vit en Europe depuis des années ; lui et Virgine ont ensemble deux petites filles, absentes ce soir. À nouveau, les conversations sont très agréables et nous mènent jusqu’à la fin de la soirée. Le décalage fait son effet : je manque parfois quelques mots…
Je me couche pas mal tard, mais le rythme local est pris… j’espère. Et quel plaisir de retrouver ces chers amis !
km jour : 4,6 km total : 5 temps déplacement : 0 : 35 vitesse moyenne : 7,7 vitesse maximale : 23,1
Samedi. Chaque départ se ressemble : il faut courir pour être prêt à temps. Je n’ai pas que couru, j’ai aussi visité mon amie Manon hier et passé la soirée de jeudi avec mes frères Gaétan et François. Malheureusement, je n’ai pas le temps de saluer ma mère Hélène aujourd’hui. Je me reprendrai au retour.
Comme j’ai un nouveau vélo et une nouvelle guitare, j’ai eu à leur coudre des sacs sur mesure, ce qui a occupé la journée de dimanche dernier. J’ai également un nouveau grand sac pour les bagages : tout ça implique quelques ajustements… Tous les morceaux du casse-tête s’imbriquent les uns aux autres, et un taxi passe me prendre vers 18 h.
C’est bien sûr une mini fourgonnette. Souhei, mon conducteur, est très gentil et sociable. En revanche, nous perdons plusieurs minutes dans la zone de travaux à cause d’un accident assez sérieux. Pas de stress : il est très tôt. À 18 h 30, je suis à l’aéroport.
Je me présente au guichet. Les bagages sont acceptés sans aucune difficulté. Je dois simplement déballer le vélo pour inspection. Une bonne surprise : le vélo et les bagages enregistrés pèsent seulement 40 kg, soit 43 kg au total en incluant mon bagage à main, bien mieux que les 55 kg de mon voyage précédent en Europe. Yé !
J’ai du temps devant moi. J’en profite pour appeler ma sœur Lucie, qui part lundi pour l’Europe avec sa chorale, puis mon amie Nadine. Après le contrôle de sécurité, je parle avec Monique, mon autre sœur. Ainsi, j’aurai eu du temps avec toute la fratrie.
L’embarquement est sans histoire. Exceptionnellement, il y a quelques places libres autour de moi. Mon voisin d’en arrière, Antoine, 6 ans, est très joyeux de prendre l’avion pour la première fois de sa vie. Mais c’est une belle joie, un émerveillement. Au décollage, peu après 22 h, nous avons même un aperçu des feux d’artifice qui illuminent le cœur de Montréal.
Je jette un coup d’œil à la liste des films proposés. Je choisis Le livre de la jungle, une adaptation visuellement très spectaculaire du classique de Kipling. À l’exception du jeune garçon qui joue Mowgli, tout est en images de synthèse d’un réalisme total malgré les animaux qui parlent et les cascades impossibles. Et le scénario est cohérent. Ensuite, il est grand temps de dormir un peu même si un fauteuil d’avion ne peut rivaliser avec un lit…
Souvent, un voyage à vélo devient une aventure. Avec des hauts et des bas – pas seulement à cause du relief –, avec cinq pays et plus de 3500 kilomètres sous des températures parfois excessives, avec des paysages fabuleux et souvent surprenants, mais surtout avec les rencontres espérées ou inattendues mais toujours vivifiantes, c’est une épopée mémorable de 50 jours que vous pourrez suivre au quotidien sur ces pages.
Cliquez pour agrandir les images. Bon voyage virtuel.
À Shediac, j’avais rencontré Ian, un jeune cycliste traversant le Canada. Je l’avais invité à s’arrêter chez moi si ça lui convenait.
Il est arrivé en fin de journée le 23 août. Bien installé au sous-sol, il a profité d’une journée de congé pour visiter Montréal et a repris la route le matin du 25. Très agréable visite. Bonne route, vive le vélo !
Lundi. La nuit est calme, mais peu confortable. Le train n’avance vraiment pas vite, mais c’est au moins tranquille pendant la nuit : le bébé a dormi.
Au matin, nous passons à Sainte-Foy, puis arrêtons brièvement à quelques gares. Nous arrivons à Montréal un peu après 10 h, avec près d’une heure de retard. Pour moi, c’est sans conséquence, mais certains passagers ont manqué des correspondances.
À la gare, tout est long : sortir du train, attendre les bagages, récupérer les vélos à la toute fin. Car il avait un autre vélo à bord, celui de Sari, une jeune femme ayant pédalé de Montréal à Halifax cet été. Yohan, qui avait fait le voyage avec elle, était rentré hier en avion et est là pour l’accueillir.
À 11 h 15, je suis enfin prêt… et il fait 30°. Dans 15 minutes, le train de banlieue part pour chez moi. Après m’être assuré de pouvoir en descendre – les employés vont m’aider –, je m’installe pour le dernier bout du trajet. Peu après midi, je suis à la maison. À part quelques herbes folles ayant colonisé mon entrée, tout est en ordre. Retour au quotidien.
Je reviens chez nous… et j’ai déjà hâte de reprendre la route.
km jour : 0,9 km total : 3363 départ / arrivée : 10 h 00 / 19 h 00 temps déplacement : 0 : 05 vitesse moyenne : 17,1 vitesse maximale : 32,2
Dimanche. La nuit a été très confortable. J’ai fermé la bruyante climatisation pour ouvrir la porte du balcon. Avec le ventilateur, c’était très bien.
Tous les hôtes sont au rendez-vous pour le petit déjeuner de 7 h 30, sauf un couple anglophone qui ne mange pas. Mes collègues sont des retraités en vacances. C’est bon et agréable. En revanche, Jacques est au ralenti ; il a fêté pas mal tard la nuit dernière.
C’est vraiment l’été : la météo prévoit 30° et soleil, avec un ciel légèrement voilé, ici comme à Montréal. Ce matin, j’ai enfin la possibilité d’aller à l’église, ce que je n’ai pas pu faire depuis longtemps. Comme j’avais vérifié adresses et horaires hier, je me rends sur place facilement.
La messe est assez traditionnelle. La paroisse accueille un nouveau vicaire, mais déjà connu ici : il a travaillé dans 39 églises, soit la majorité de celles du diocèse. Il fait partie du RCMP – Roman Catholic Mobile Priest, et non Royal Canadian Mounted Police.
De retour à l’auberge, j’apprends que les chambres doivent être libérées pour 11 h. Je m’active : en quelques minutes, je prends une douche et je vide la chambre, laissant l’essentiel de mon bagage près de l’entrée. Je prends aussi quelques instants pour resserrer des boulons des porte-bagages qui en ont besoin.
Je vais ensuite assister à un phénomène local : le mascaret de la rivière Petitcodiac, une vague qui remonte le courant avec la marée. Celui-ci est prévu pour 12 h, mais son horaire est imprécis. Aujourd’hui, il arrive environ 8 minutes plus tôt.
Plusieurs personnes sont au rendez-vous. Près de moi, une dame avec deux jeunes enfants qui étaient à l’église ce matin, et André, un père à vélo avec ses fils Simon et Rémi. Ils s’intéressent au cyclotourisme et ont de nombreuses questions très pertinentes.
La ville n’est pas très grande et l’auberge est bien située. Je fais de courtes distances entre chaque activité. À l’auberge, je réorganise un peu mon matériel et je quitte pour de bon, bien chargé. Au coin de la rue, il y a un parc. Je m’installe sur un banc à l’ombre pour dîner.
Ensuite, je me rends à la gare, longtemps d’avance, afin que tout soit fin prêt. Pas de complication, mais des particularités ; je dois mettre un sac sur l’arrière du vélo seulement ; je ne peux enregistrer que deux bagages, alors j’assemble mes sacoches deux par deux.
Il reste près de deux heures d’attente, un temps pour écrire. Une jeune fille qui va aussi à Montréal surveille mon bagage à l’occasion, et je lui rends la pareille.
Comme le mascaret, le train est à l’heure, ou presque. Je m’y installe avec l’ordinateur pour mettre le journal à jour et organiser les dernières photos.
Alors que le jour baisse tranquillement, le train traverse des forêts entrecoupées de marais et de cours d’eau, sans grand relief. Rien de palpitant.
Une famille tout près a un bébé très bruyant, qui contraste avec le calme du train. En musique, je relis et corrige le journal. Peu après 23 h – 22 h heure du Québec –, le train passe à Matapédia. C’est le temps de dormir… le mieux possible.
km jour : 10,9 km total : 3362 départ / arrivée : 9 h 45 / 12 h 00 temps déplacement : 0 : 38 vitesse moyenne : 17,1 vitesse maximale : 36,2 train : 183 $