Au cœur des montagnes

> Meringen – 100 km
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Dimanche. Nuit très calme, bon choix de site pour le camping sauvage, journée parfaite et bientôt chaude. Je suis en route dès 8 h en terrain plat jusqu’à Sursee, puis avec des vallons le long du lac Sempacher – magnifique – jusqu’à Luzern. C’est une très jolie ville, mais en plus de l’admirer je dois trouver de quoi manger : comme c’est dimanche, les épiceries sont fermées. Sauf celle de la gare, ou je réussis à faire mes courses malgré la complexité de la chose.

Le long du lac Vierwald-stätter See, c’est encore bien plus beau, avec les montagnes qui enserrent le paysage. La route proposée est tranquille et facile, sur les berges. Ensuite, je passe Hergiswil, une zone d’embouteillages monstres pour les voitures, alors que piste cyclable, route, autoroute et train se partagent le pied d’une falaise.

Il fait maintenant près de 30° sous le soleil alors que je passe le cap des 1000 km depuis le départ. D’autres lacs et d’autres féeries me mènent à Sarnen, puis Giswil. Là, ça se corse. Une monté abrupte sur une piste étroite, pendant laquelle je dois prendre des pauses à tous les 50 m pour reprendre ma respiration, me mène sur les berges du splendide Lungerersee, un lac émeraude entre les montagnes.

Après le village de Lungern, nouvelle montée abrupte, cette fois-ci avec un dure section en gravier. Je retrouve avec soulagement la route, plus facile malgré le trafic dense. Je suis à Brunigpass, 1008 m. Une descente échevelée me mène à Meringen, au pied de Grimselpass, cerclée de montagnes spectaculaires. Au camping, j’ai pour voisins un randonneur anglais et un cycliste suisse. La lune presque pleine rend le paysage encore plus magique. Je profite de chaque instant.


km jour : 100,9
km total : 1035
départ / arrivée : 8 h 00 / 19 h 00
temps déplacement : 7 : 02
vitesse moyenne : 14,3
vitesse maximale : 54,4
camping : 22,50 chf

Un train, pas de camping

> Bâle > Mooseerau – train + 80 km
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Samedi. Après une nuit froide, la journée est magnifique. Je m’étais couché tard, je me lève tard. Hier, j’ai fait quelques calculs et vérifications : pour arriver à temps sans courir, il est préférable de prendre le train jusqu’à Basel (Bâle). Tant qu’à ne pas pédaler une section, je préfère que ce soit du terrain plat.

Il y a un départ à chaque heure. Je prends celui de 10 h 51 et je débarque 90 minutes plus tard.

J’ai décidé de suivre la route 3, un trajet vélo qui va du nord au sud et me mène vers le col que j’ai choisi. Dans les villes, il me faut être très vigilant pour toujours suivre le bon itinéraire. Je dois parfois revenir sur mes pas pour m’assurer de la direction à suivre.

Bientôt, je me retrouve à la campagne, dans des paysages vallonnés, splendides. Je commence enfin à jouer dans les côtes.

En fin d’après-midi, après une nouvelle crevaison à la suite de celle d’hier – je réussis enfin à retirer du pneu un petit bout de métal qui s’y cachait –, je franchis un premier col. Ça monte doucement, puis abruptement, en lacets, mais ça grimpe bien. J’apprécie mes 30 vitesses : elles sont essentielles ici. Au sommet, je découvre un immense paysage marqué par de blanches montagnes à l’horizon sud. Que c’est beau et attirant !

La descente vers Aarau est impressionnante, avec une pointe de vitesse à plus de 60 km/h sur une route étroite. Je comptais y camper, mais il n’y a pas de camping. Je continue donc vers le sud jusqu’à 21 h 30 et je plante ma tente entre la piste et le ruisseau. Premier camping sauvage, à peine troublé par le clapotis de l’eau, le meuglement des vaches et les clochers qui marquent les heures.


km jour : 80,1
km total : 934
départ / arrivée : 9 h 00 / 21 h 15
temps déplacement : 5 : 51
vitesse moyenne : 13,7
vitesse maximale : 61,2

Grosse journée vers Strasbourg

> Strasbourg – 135 km
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Vendredi. La nuit a été fraîche et sèche, confortable. Ce matin, il fait grand beau temps. Je me prépare rapidement car je souhaite aller loin. Je suis en route dès 9 h.

À nouveau, les cartes de mes amis sont très précieuses. Le paysage ressemble à celui d’hier, je ne croise pratiquement aucun autre cycliste avant Karlsruhe. Ça se comprend : à Fußhein, une bonne section est en travaux, une petite partie est inondée puis que le Rhin reste très haut. Et je cherche souvent la piste, dont le gravier est souvent irrégulier.

Après Leopoldhafen, je la perds pour de bon et je navigue à l’estime. En arrivant à Karlsruhe, je m’informe à un jeune francophone afin de savoir où je suis. Par chance je suis pratiquement à l’endroit souhaité. Même si je suis dans une grande ville industrielle, ça ne se voit pas du tout de là où je passe. Ensuite, je suis la piste sans problème. Je traverse de beaux endroits, mais c’est plutôt monotone.

À Plittersdorf, je prends le traversier vers Seltz. C’est un bac qui utilise la force du courant pour avancer le long d’un câble tendu d’une rive à l’autre du Rhin. Il n’a aucun moteur : il fonctionne à force de bras et complète avec des panneaux solaires.

Je repars le long du Rhin que je quitte rapidement. Après une très jolie mais brève piste cyclable, je roule de village en village sur des routes à l’intérieur des terres. J’avance bien et les kilomètres s’accumulent. Soudain, la conduite de mon vélo se détériore, comme si je glissais sur la glace. Ce ne sont ni les roues ni les porte-bagages, mais une crevaison, à nouveau à l’arrière. Comme la chambre à air est usée autour de la fuite réparée à Paris, je la change. J’utilise un abri tout près. Bientôt, les lieux s’animent : c’est le rendez-vous des amateurs de pétanque. Après une pause de 45 minutes, je reprends la route.

Un peu plus loin, un garage est encore ouvert et je peux regonfler mon pneu à une pression normale. Tout à côté, une épicerie pour faire le plein de bouffe.

J’arrive à Strasbourg vers 20 h 30, toujours en pleine forme malgré plus de 135 km, mais il me faut encore repérer le camping. Grâce à diverses cartes affichées et à quelques passants, j’y arrive vers 21 h 15. À l’accueil, on me dit qu’il est complet, que j’aurais du réserver, mais il est impossible pour moi d’aller plus loin. La préposée accepte que je reste, et il y a plus de place que nécessaire. Le site est très luxueux, réaménagé tout récemment par une chaîne qui rachète et transforme des campings municipaux en doublant les prix. Je stationne mon vélo à 21 h 30. Je me prépare très rapidement, puisqu’il est tard ; à 22 h, tout est en place et je mange. Ce soir, j’ai une connexion Internet. Comme il est tard, nous ne sommes plus que deux encore installés aux tables. Mireille, une québécoise, fait un grand tour de France seule à vélo depuis le début de mai. Nous passons de bons moments à discuter vélo et trajets. Je me couche tard, car j’en profite pour envoyer un courriel collectif. Il fait froid et très humide : je goûte mon sac de couchage chaud et douillet.


km jour : 137,1
km total : 850
départ / arrivée : 9 h 00 / 21 h 15
temps déplacement : 8 : 05
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 29,4
camping : 26 €

Mannheim et la campagne

> Philippsburg – 80 km
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Jeudi. La nuit a été calme et sèche, malgré trois gouttes à l’aurore. C’est un matin lumineux. Je déjeune sur une table au bord de l’eau avec Michèle et Patrick, mes voisins français qui soulignent ici leur fête nationale. Nous conversons assez longuement avec grand plaisir. Ils me remettent des cartes plus précises, recueillies aux kiosques d’information sur la route, un cadeau précieux. Ainsi, je pars tard, mais le vent m’est toujours favorable et je sais bien mieux où je vais.

Grâce aux ajustements d’hier, mon vélo va mieux, mais ce n’est pas encore parfait. Il faudra retoucher l’alignement. Le nouveau miroir dépanne, mais est bien moins pratique que l’ancien. En plus, il est assez accrochant et se détache deux fois, heureusement sans se briser.

Jusqu’à Mannheim, je roule sur des chemins champêtres ou sur la digue. C’est joli, calme, campagnard. Étonnamment, le Rhin est bien au-dessus de son niveau normal pour la saison : des arbres ont les pieds à l’eau et des boisés sont inondés.

Peu avant Mannheim, le trajet me mène devant un cours d’eau. Il n’y a pas de pont, mais un bac se halant d’une rive à l’autre sur une chaîne… depuis 115 ans ! C’est l’occasion d’une pause imprévue : il vient de quitter la rive où je suis et se déplace très lentement. À son âge…

À Mannheim, l’industrie pétrochimique est omniprésente. Des complexes industriels s’étendent sur des kilomètres, spectaculaires mais vaguement inquiétants. Je me rends sans encombre au centre-ville, mais le balisage est plus précaire. Après moult hésitations et de nombreuses pauses cartographie, je finis par retrouver mon chemin.

Ensuite, je roule en campagne ou en forêt, mais le ciel s’est couvert et de petites averses passent à l’occasion, sans trop déranger et suivies d’éclaircies généreuses.

Lors d’une averse, je me réfugie dans un abribus. Deux cyclotouristes m’y rejoignent. Partis de Bâle, en Suisse, Manuel et Ida se dirigent vers l’embouchure du Rhin. Ils sont très gentils et chaleureux, nous discutons agréablement. Après la pluie, nous reprenons nos chemins.

En entrant à Philippsburg, il y a une épicerie. Guisieppe, parti à vélo de l’Italie, s’y est mis à l’abri, puisque qu’il pleut à nouveau. C’est encore une belle rencontre, que nous aurions volontiers prolongée. Au sortir de l’épicerie, je croise un camping, une rareté par ici. Je n’en avais pas vu encore depuis ce matin, et le ciel reste menaçant. Je termine donc mon trajet tôt, vers 18 h après une petite journée.

Je monte rapidement ma tente alors que le ciel se dégage pour de bon. Le camping est très bien organisé, avec une jolie plage et une vue imprenable sur une centrale nucléaire. J’ai une voisine, Gudrun, un peu timide au début mais finalement très agréable. Elle a profité de quelques jours de congé pour pédaler dans les environs, mais elle rentrera demain chez elle, à Stuttgart.

Comme je termine tôt mes routines et que je peux brancher l’ordinateur, j’ai enfin du temps pour écrire. Je réussis à compléter cinq jours de journal avant de prendre mes quartiers de nuit.


km jour : 78,4
km total : 713
départ / arrivée : 10 h 00 / 18 h 00
temps déplacement : 4 : 41
vitesse moyenne : 16,7
vitesse maximale : 29,5
camping : 12 €

C’est où, la digue ?

> Wattenheim – 85 km
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Mercredi. Je m’étais couché tard, je me lève tôt pour passer un peu de temps avec les petites avant leur départ pour l’école ou la garderie, puis avec Julia avant qu’elle aille au travail. Ce sont d’excellents moments, que nous espérons renouveler dans un contexte plus facile. En partant, Julia me dépose à l’épicerie. Nous nous y saluons : c’était vraiment précieux de se revoir.

Je reviens à pieds à la maison, puisque j’avais une clef, puis je me prépare tranquillement et j’écris à mes amis Jean-Pierre et Jean-Luc, dont c’est l’anniversaire. Avant de partir, je repère sur le Web une boutique vélo. Je m’y rends assez facilement pour remplacer le boulon du porte-bagages et le miroir. Malheureusement, ils n’ont pas le temps de vérifier mes roues. Elles ont besoin d’un alignement, les pavés font leur effet… J’installe facilement le nouveau boulon, mais je ne réussis pas à trouver comment orienter le rétroviseur. La réponse est simple : il n’est pas adapté à mon guidon. Le technicien m’installe le bon modèle, qui coûte 5 € de moins. Il est près de 13 h quand je prends la piste pour de bon.

Je rejoint le Rhin pour le remonter par la rive est. Ma carte n’est pas très précise et les indications sont parfois obscures – surtout avec mon niveau d’allemand. Je réussis chaque fois à retrouver un chemin, mais je fais quelques détours. Contrairement à hier, le paysage est très plat, souvent boisé. C’est pas mal moins spectaculaire…

J’avais pensé me rendre à Worms, puisque ma carte y indique un camping, mais j’en croise un à la sortie de Wattenheim. J’y arrive vers 19 h. L’aménagement est de qualité, étonnant avec son côté de jardin japonais. La tente voisine accueille des cyclotouristes français très agréables. Michèle et Patrick habitent près de Grenoble. Partis de Mulhouse – ils ont constaté que le TGV est assez pénible avec des vélos –, il se dirigent vers Amsterdam et reviendront par un chemin plus à l’est, une boucle d’environ 2000 km. Afin de suivre Patrick, Michèle utilise un vélo à assistance électrique, un système courant ici.

Ce soir, en plus des routines habituelles, j’essaie de refaire l’alignement des roues du vélo, un travail délicat. J’espère que ça ira : réponse demain. Pour le reste, vélo et cycliste vont très bien. Heureusement : je me dirige vers les Alpes, un bon défi. Autre défi : je ne trouve pas le temps pour le journal, qui prend du retard. Ce sont des vacances intenses.


km jour : 85,7
km total : 635
départ / arrivée : 11 h 00 / 19 h 00
temps déplacement : 5 : 15
vitesse moyenne : 16,3
vitesse maximale : 51,8
camping : 15 €

La vallée des châteaux

> Wiesbaden – 120 km
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Mardi. Je me lève tôt pour écrire une page du journal. Les occupants de la tente voisine achèvent une aventure étonnante : ils ont descendu à pieds le cours de la Moselle. « Ils », ce sont une maman avec sa fille de 5 ans et son fils de 3 ans. Ils respirent le bonheur.

En revanche, mon miroir de casque est brisé. Il me faudra le remplacer, et ça risque de devoir être un miroir de guidon, bien moins efficace et pratique.

Je pars sous un soleil qui se voile tranquillement, mais toujours avec un vent favorable. Le trajet est spectaculaire, un paysage de conte de fée – ou de BD. Ici, le Rhin est encaissé et sinueux, mais surtout constellé de châteaux de diverses époques parfois en ruines, parfois soigneusement restaurés, mais toujours impressionnants.

Parmi eux, le très célèbre Loreley. Je prends une grande quantité de photos, et pourtant je me limite. C’est trop beau.

La qualité du sol est, disons, variable. À la fin d’une raboteuse section de pavés qui secoue violemment cycliste et vélo, ce dernier devient très instable. Petite vérification : les roues sont intactes, c’est plutôt un boulon du porte-bagages arrière qui est manquant. Problème. Je réfléchis un peu. Sur la fourche, j’ai deux boulons inutilisés et compatibles. La réparation est donc rapide et efficace, mais je devrai me trouver un nouveau boulon bien adapté à cette tâche essentielle.

Les cyclistes sont nombreux, beaucoup transportent leurs bagages. Habituellement, nous nous saluons discrètement, mais je roule un moment avec deux jeunes francophones, un de France et l’autre de Belgique. Nous prenons une bonne pause ensemble.

Le cours du fleuve s’assagit après Bingen. Comme il n’y a aucun pont entre Bonn et Wiesbaden – l’armée allemande a détruit le seul existant pour essayer sans succès de ralentir les Alliés –, je prends l’un des nombreux traversiers, celui-ci entre Ingelheim et Winkel.

À partir de l’entrée de Wiesbaden, je me fie à un trajet Google Maps imprimé pour me rendre chez Julia, qui habite un village en périphérie. Les indications et les changements de direction sont nombreux et parfois imprécis, je finis par me retrouver dans un autre village. Je m’informe une première fois auprès d’un homme qui ne parle que l’allemand et ne retrouve pas ses lunettes. Une deuxième approche est plus fructueuse. Roland parle un excellent anglais – il travaille dans cette langue – et me fournit des indication précises que je photographie sur sa tablette.

Après une grosse montée qui me fait apprécier ma nouvelle transmission, le trajet est facile et très joli. J’arrive finalement chez Julia vers 20 h.

Ses filles Marlena et Marit sont couchées et dorment… presque. Quand je frappe, elles descendent en courant pour m’accueillir. Mais c’est l’heure du dodo. Quelques notes de guitare les préparent au sommeil.

Julia et moi passons ensemble une trop brève soirée, nous retrouvant comme si nous nous étions vus hier. Ces derniers temps, la vie bouscule la famille : à la suite d’un cancer diagnostiqué tout récemment, Rolf a été opéré et subit cette semaine une chimiothérapie. Heureusement, le pronostic est bon, mais c’est vraiment pénible. En revanche, nos retrouvailles sont une joie mutuelle, et, je l’espère, un baume. Nous avons évidemment de nombreux sujets de conversation, mais il faut se coucher, déjà. Que le temps passe vite !


km jour : 120,9
km total : 549
départ / arrivée : 9 h 00 / 20 h 10
temps déplacement : 4 : 41
vitesse moyenne : 15,9
vitesse maximale : 42,0

Les berges du Rhin

> Cologne > Koblenz – 110 km
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Lundi. Je m’éveille à 7 h 15 afin d’envoyer un courriel collectif et quelques photos. Je mange avec Henri, prends une bonne douche et prépare mon vélo en compagnie de Gwenola et de Matthieu. Après les salutations, je me rends facilement à la gare, qui est à tout juste 5 km.

Le train est en place et je trouve facilement mon wagon. Je prépare mon bagage et mon vélo rapidement – c’est maintenant rodé – sous le regard étonné d’un voyageur anglais. Alors que tout est prêt, le contrôleur m’indique que je pourrai pas prendre le wagon réservé : je devrai plutôt voyager en première classe. Sièges en cuir, Internet, prise de courant : c’est très bien. Je peux me lancer dans la mise à jour de mon journal, qui a pris beaucoup de retard.

Peu avant Cologne – Koln –, surprise : nous changeons de train. C’est normal, me dit-on. Il nous faut tous prendre nos bagages, traverser le quai en croisant les passagers de l’autre train et embarquer dans le train jumeau avec le personnel et tout. Étrange.

Un quart d’heure plus tard, je descends pour de bon à Koln. Le voyage a été sans encombre. Je remonte le vélo et me retrouve sur la place de la gare. Ici, la cartographie est simple : le Rhin est tout proche, et je dois remonter le courant.

Je le longe par la rive ouest, par une véloroute bien balisée, très fréquentée – je croise des dizaines de cyclotouristes, alors que j’en avais vu que deux depuis le départ – et qui emprunte pour l’essentiel la rive du Rhin, tout près de l’eau. C’est facile, agréable et sans défis : en plus d’être relativement plat, c’est nuageux, pas trop chaud, et le vent me pousse.

Jusqu’à Bonn, le fleuve coule dans une plaine parfois très industrielle. Ensuite, le relief s’accentue et il y a quelques châteaux de diverses époques. Le villages sont charmants, mais les épiceries plus rares. J’en croise une un peu avant Andernach et y achète ce dont j’aurai besoin d’ici demain midi. Tout est beau.

Le trajet reste agréable et rapide, même si les cyclistes se font plus rares. J’arrive à Koblenz et au camping – luxueux mais très resserré – peu après 21 h, bien plus avancé que j’aurais pu l’espérer. Mais la soirée est courte : il faut monter la tente sans piquets – le sol est trop dur –, manger, prendre ma douche, et me coucher enfin peu après minuit… Il était temps.


km jour : 110,3
km total : 428
départ / arrivée : 13 h 00 / 21 h 15
temps déplacement : 6 : 33
vitesse moyenne : 16,9
vitesse maximale : 32,5
camping : 16,10 €

Banquets et foot

> Uccle (Bruxelles)
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Dimanche. Après une longue nuit un peu chaude, la journée débute par un appel : c’est Bianca. En moins de deux, elle est invitée. Je déjeune avec Henri, puis nous allons à la messe à pieds avec Gwenola. Il fait un temps splendide, chaud et sans nuage. C’est un plaisir de marcher sur les rues tranquilles bordées de belles maisons. Au début de la célébration, il y a peu de monde, mais les gens arrivent petit à petit.

Au retour, Bianca se joint à nous pour le repas et l’après-midi : nous ne nous étions pas rencontrés depuis 20 ans, mais c’était comme si nous nous étions vus hier. Le repas, excellent comme toujours, est partagé dans la joie. Après les longues conversations, nous écoutons des compositions de Bianca, qui a toujours sa voix magnifique. Nous chantons ensemble « L’amour qui bat », la chanson qu’elle interprétait avec Imaginart. Tout revient, avec les harmonies vocales et l’émotion. Moment magique.

Nous chantons un bout de temps, puis Bianca, Henri et moi partons visiter un jardin de plantes aromatiques en pleine ville. Une belle rencontre.

Plus tard, Xavier et Carole, deux autres amis français ayant aussi vécu à Montréal, viennent manger avec nous. Ce sont à nouveau de belles retrouvailles, bien joyeuses. Décidément, nous allons de banquet en banquet…

En soirée, tous se regroupent autour du téléviseur pour assister à la finale de l’Euro, un match de football (soccer) très attendu puisqu’il oppose le Portugal à la France. Une soirée passionnée, stressée, alors que le match s’étire au-delà du temps réglementaire et se conclut par une victoire du Portugal, au grand dam de mes hôtes. J’observe le tout avec un regard vaguement sociologique, n’ayant aucun intérêt pour ces sports commerciaux. J’en profite pour trier mes photos.

Tous se séparent pour la nuit. De mon côté, je termine la préparation de mon envoi, me couchant à nouveau un peu tard. J’ai hâte de pédaler pour vrai : ce sera demain.

Les Gigottos, le train, Bruxelles

> Uccle (Bruxelles) – 5 km
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Samedi. Excellente nuit. Nous nous levons tous tard, mais ensuite, comme dans toute famille normale, le rythme est trépidant. Des rendez-vous sont déjà prévus au programme des enfants : vaccins le matin, fête d’amis en après-midi ; le midi, Catherine a un rendez-vous médical ; plus tard, Patrick organise un match de foot suivi de grillades avec des amis, mais je serai déjà parti.

Une petite sortie a été ajoutée au milieu de ce tourbillon à cause de ma présence : Patrick et moi nous rendons à Esquelbeck afin de visiter le musée des Gigottos où Catherine nous dépose les enfants avant d’aller à son rendez-vous. On y trouve un bricoleur fantaisiste et ses dizaines d’automates imaginés à base d’objets recyclés. Entre réalité et conte, les enfants s’amusent ferme, tout comme Patrick et moi. Nous jetons ensuite nos regards sur le château de Esquelbeck, monument de briques qui nous ramène à une autre époque.

Après le repas en famille, c’est Catherine qui me conduit sur les chapeaux de roues à la gare de Hazebrouck. Elle me donne un coup de main pour apporter le vélo chargé jusqu’au train et nous nous saluons, émus. Ça a passé trop vite.

Les voyages en trains régionaux sont faciles car le vélo reste monté et peut être déplacé avec sa charge. À 15 h 13 je suis dans le train à destination de Lille. Je ne suis pas seul : Nicolas et Quentin reviennent d’une sortie sur deux roues. Ces échanges entre cyclistes sont souvent très intéressants.

À Lille, il faut changer de gare, ce qui est assez facile avec un vélo qui roule. En revanche, il faut mettre mes bagages et le vélo dans des sacs pour le TGV. Je me prépare d’avance et m’informe afin de savoir sur quel quai viendra le train. J’avais prévu du temps, indispensable pour venir à bout de toutes les étapes. En attendant, je discute avec Woody, un jeune indien habitant en Angleterre qui s’est lancé dans un premier voyage en solo. Ensuite, c’est une course folle assez physique pour tout mettre en place, réussie de peu.

Le trajet est court. J’en profite pour appeler le père Francis, très malade et que je n’ai pu rencontrer cette année. La conversation est émouvante. Nous reverrons-nous ? À Bruxelles, je remonte le vélo et arrive sans encombre chez Henri et Gwenola. Il n’ont sur place que deux de leurs cinq enfants : Margaux, 23 ans, et Mathieu, 19 ans ; les autres sont dispersés un peu partout en Europe. À nouveau, soirée calme et très agréable entre musique et conversations.


km jour : 5,1
km total : 315
temps déplacement : 0 : 29
vitesse moyenne : 16,7
vitesse maximale : 26,9

Voies et voix

> Ledringhem (Dunkerque) – train + 55 km
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Vendredi. Aujourd’hui, Pierre est de retour au travail, et moi au vélo, alors qu’Élise est en congé. Ils ont tous deux choisi de travailler à temps partiel : à côté de l’emploi, il y a la vie.

Pierre et moi déjeunons ensemble, puis nous partons vers la gare, une affaire de deux kilomètres. Comme nous sommes d’avance, Pierre achète les billets de train en prévision des vacances familiales en Bretagne. Nous voyageons de concert vers Bethune, là où est son université. C’est une petite demi-heure de voie ferrée qui conclut bien notre trop brève rencontre.

Je remonte en selle et pars vers le nord. Je rejoins rapidement le canal d’Aire. Le chemin de halage est devenu piste cyclable. Intéressant. Je profite pour plusieurs kilomètres d’une jolie voie d’eau loin des voitures.

J’emprunte ensuite la Voie Romaine, tracée il y a quelques millénaires. Plusieurs de ces voies convergeaient vers Cassel, celle-ci est toujours en service après 2000 ans. Je mange un peu à Wallon-Cappel, puis je retrouve des chemins plus sinueux pour la fin du trajet. J’arrive chez Catherine et Patrick en début d’après-midi.

Mes hôtes ont des engagements, alors je profite de la compagnie de Jean-Marie et Andrée, parents de Catherine, que je retrouve avec joie. Nous nous connaissons bien puisque j’ai habité chez eux plusieurs fois au fil des voyages. Ils ont eu leurs épreuves : Jean-Marie a été soigné pour un cancer qui lui a abîmé la voix et l’empêche désormais de chanter, lui qui respirait la musique. Catherine revient avec les enfants – Inès, 8 ans, et Arthur, 6 ans – en fin de journée. À nouveau, les retrouvailles sont très appréciées. Patrick arrive en soirée d’une formation au Luxembourg, et nous passons la soirée à trois alors que les enfants dorment. Ce sont à nouveau de très bons moments entre amis.


km jour : 55,4
km total : 310
départ / arrivée : 9 h 00 / 13 h 30
temps déplacement : 3 : 31
vitesse moyenne : 15,7
vitesse maximale : 39,2