– sur le « Bella Desgagnés »
Sommaire
Jeudi. J’ai bien dormi malgré les mouvements constants du bateau. Cette nuit, nous avons passé Kegaska et La Romaine sans que je ne m’en aperçoive.
Après la douche, je déjeune à la salle à manger. Malheureusement, je ne peux ni lire ni écrire pour plus de dix minutes à la fois : l’écriture du journal avance très lentement. Le reste du temps, je suis couché et j’écoute de la musique.
Le bateau est toujours bien en retard : il est près de 13 h quand nous accostons difficilement à Harrington Harbour : le vent est fou. Comme la pluie a cessé pour un moment, je prends l’air sur le pont 8 alors que le bateau se rapproche. L’arrivée est spectaculaire, car le bateau emprunte un chenal étroit entre deux caps de roc rouge. Tout un défi pour l’équipage !
Nous avions affronté des vents de près de 120 km/h. Cette escale n’a été possible que parce que le bateau s’est appuyé au quai avec ses propulseurs latéraux.
Beaucoup de passagers descendent, car le village insulaire, très joli, a servi de site de tournage pour le film « La grande séduction ». Il n’a pas vraiment changé depuis que j’y étais passé avec mes amis il y a déjà 24 ans. Avec ses petites maisons colorées accrochées au roc et ses trottoirs de bois, il reste magnifique malgré la grisaille et la pluie qui a repris. Les appareils photo ont du travail.
De retour sur le bateau, je réalise que j’ai manqué le dîner. Aimablement, la responsable m’offre de passer à la cafétéria. Pour ce midi, un sandwich fera très bien l’affaire. Je profite de la relative immobilité du bateau pour mettre à jour le journal. À 15 h, nous reprenons la mer… et je reprends le lit, en musique.
En fin d’après-midi, le bateau accoste à Tête-à-la-Baleine. Ici, il n’y a pas de village, mais un petit sentier à même la toundra qui mène à une crique voisine. Malgré la grisaille qui persiste, c’est de toute beauté ! J’y marche en compagnie de Lucie et Gérald, puis nous revenons pour souper.
C’est savoureux : une assiette de fruits de mer, un choix unanime. Tous se régalent. Comme le bateau est à quai, c’est confortable car il ne tangue pas. Et la conversation est passionnante.
À 21 h 30, nous avons rendez-vous au restaurant pour une soirée guitare et chansons, initiative d’Éric, un serveur qui est également cyclotouriste. Il me prête sa vieille guitare cassée en voyage mais toujours utilisable. Yé ! Nous sommes trois guitaristes, avec Michel, qui voyage pour affaires, et un bassiste, un autre Michel, assistant chef cuisinier du navire.
Seul problème, qui ne semble pas beaucoup déranger : les autres passagers n’ont pas accès aux textes. En revanche, mon carnet de chants sur l’ordinateur est vraiment utile. Y avoir pensé, nous aurions mis le carnet sur quelques ordinateurs afin que tous puissent participer plus facilement.
Il est près de minuit quand la soirée se termine. Après ces journées de grisaille, ça a fait grand bien. Je reste un bout de temps à jaser avec Éric tout en essayant, sans succès, de transférer le carnet sur sa tablette. Je le lui enverrai quand je pourrai me connecter normalement à Internet. En attendant, il est grand temps de dormir afin de bien profiter de la suite du voyage. Je regagne ma cabine, digne suppléante de ma tente.