> marina Sept-Îles
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À nouveau, nous nous levons tôt après une nuit bercée par la houle… qui, heureusement, ne frappe plus les bateaux sur le quai. Vers 6 h 15, nous appareillons dans le brouillard. C’est de toute beauté.
Marqués par le difficile voyage vers Anticosti, Alice et moi prenons religieusement nos Gravols aux quatre heures. Être somnolents est un moindre mal… Au début de la journée, elle et moi tenons la barre chacun notre tour, tout d’abord en visant les bouées qui nous guident dans le chenal, puis en gardant de notre mieux le cap dans une mer aux longues vagues. Pas évident… Comme le vent est de face et léger, nous avançons au moteur pour tout le trajet. Avec le brouillard, seuls au monde au milieu de la mer, c’est magnifique et hypnotique. De toute la journée, nous ne voyons passer qu’un seul cargo, à bonne distance.
En mi-journée, nous laissons la barre à P.A., le sixième membre de l’équipage. On le connaît aussi sous le nom de pilote automatique. Le brouillard devient moins intense, permettant d’apprécier le ballet des fous de Bassan venus pêcher dans le Golfe.
Nous tentions parfois de parler à Passetougrain, sans succès, et sans être capables de le voir. La Garde côtière nous appelle pour nous informer de la situation : leur moteur est en panne. Pas une bonne nouvelle. Ils vont tenter de rejoindre Sept-Îles à la voile, s’engageant dans une équipée considérable. Leur moteur repart, nous en sommes informés, mais pour s’arrêter définitivement sans que nous le sachions.
Nous poursuivons la navigation très facile, malgré les bonnes vagues et le vent de face, profitant du bon temps, relaxant, devisant ou nous taisant, mais toujours avec un soupçon d’inquiétude pour nos amis. Le ciel est dégagé même s’il reste un fond de brouillard.
En fin de journée, nous découvrons la côte et les îles qui ont nommé notre destination, mais la nuit tombe totalement bien avant l’accostage. Nous cherchons l’entrée du port et manœuvrons prudemment pour nous amarrer vers 22h. Notre grosse journée s’est bien passée, personne n’a été malade, mais nous apprenons que nos amis sans moteur seront sur l’eau pour de nombreuses heures encore. En prime, le vent et la pluie se mettent de la partie.
Ayant réglé la question de l’alimentation électrique – ici, le connecteur n’est pas standard –, nous nous installons pour la nuit, inquiets, certains restant habillés pour aider à l’accostage éventuel de Passetougrain.