Rencontres ferroviaires

>> Nevers – 1,3 km
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Vendredi. Personne ne semble s’ennuyer de la grosse chaleur. C’est plus agréable et confortable, nuit et jour.

Ce matin, dernier repas avec Virginie et Sarah, qui part travailler après un dernier câlin. Bientôt, tout est fin prêt. En enlevant la roue avant, le vélo entre tout juste dans la voiture, c’est parfait.

Nous reprenons la route de Toulouse, plus précisément de la gare. Dans le stationnement, je remet le vélo sur ses roues. L’ascenseur est si petit qu’il faut mettre le vélo en position verticale pour y entrer. Nous repérons l’ascenseur et les écrans, il est déjà temps de nous quitter… en espérant nous revoir bientôt.

Il y a plusieurs cyclistes, et une solidarité entre ces voyageurs de la lenteur. Il y a encore une heure d’attente, je reste en compagnie de Mathieu, qui combine vélo et train pour visiter son frère. Quand nos trains sont appelés, nous descendons pour rejoindre nos quais respectifs. Pour rejoindre le quai 9, il faut à nouveau se coincer dans un ascenseur minuscule, c’est un autre cycliste qui m’aide à en sortir. Prévu à 13 : 03, le train a quelques minutes de retard, rattrapées en cours de trajet.

Quand le train arrive, il faut repérer rapidement les entrées cyclistes. Dans notre wagon, nous avons trois vélos pour deux emplacements, mais un petit bricolage permet de bien nous installer. Pour le trajet, je suis avec Bastien, négociant qui a vécu en Afrique de l’Ouest et un peu au Québec, qui débute un trajet vélo le long des gorges de l’Allier. À la gare suivante, Bérénice se joint à nous pour un bout de temps. Étudiante en dentisterie, elle arrive de Lourdes, où elle a été brancardière, et se dirigera demain vers les Alpes.

Les jolis paysages défilent lentement, mais je n’ai pas de bonnes conditions pour les apprécier : le mal des transport n’est pas loin, et il fait vraiment chaud dans le train bondé. Les vallons deviennent plus profonds, les tunnels se succèdent, le temps passe. À Aurillac, ville plus importante, plusieurs personnes descendent et montent, mais la plupart des nombreux arrêts sont brefs.

Après six heures de trajet, nous arrivons enfin à Clermont-Ferrand pour une correspondance de 30 minutes. Entrer dans les petits ascenseurs est ardu, prendre les marches étroites pour monter dans le train est encore pire, puis il faut tout décharger pour suspendre le vélo aux crochets.

Juste derrière moi, une jeune femme galère aussi avec une poussette et un jeune enfant. En me rendant à ma place, je la vois dans un compartiment, seule avec son enfant. Nous échangeons quelques mots et bientôt nous nous préparons à faire le trajet ensemble. Béatriz est française avec des racines portugaises, son mari est sénégalais et joueur de rugby professionnel, le petit Éli, 17 mois, est un heureux métissage.

Nous conversons un bout de temps puis elle me dit que son fils adore la musique. Je vais chercher la guitare, et Redouane se joint spontanément à nous. Ce sont donc d’heureux mélanges d’improvisation berbères, de chanson française et même d’un classique québécois qui résonnent dans le bruyant compartiment et font danser Éli dans sa poussette. Rencontre improbable, bonheur partagé.

Au moment de descendre enfin du train – après huit heures si inconfortables, j’ai mon voyage -, nous nous entraidons pour que tout se passe bien mieux qu’à l’entrée. Nous sommes sur un quai central. Je donne un coup de main à Béatriz qui doit rejoindre le tunnel par l’escalier avec la poussette, mais je ne ressens aucun enthousiasme à tout démonter deux fois pour faire de même. Gary, employé de la gare, me propose de traverser les voies avec lui, en sécurité. Proposition très à propos et appréciée.

Le camping est tout près, j’y arrive en quelques minutes. Il est 21 h 30, l’accueil est fermé, mais un appel me confirme que je peux m’installer pour la nuit sur les berges de la Loire. Il y a là une constellation de petites tentes et de vélos, puisque l’itinéraire est un classique très fréquenté. Thomas, un sympathique voisin cycliste, arrive pour une intéressante conversation – une autre. 

C’est frais et confortable. C’est le temps d’écrire et de dormir avant de rejoindre mes amis pour la grande journée de demain… et pour y arriver avant la pluie.

km jour : 1,3
km total : 1216
temps déplacement : 0 : 07
vitesse moyenne : 11,1
vitesse maximale : 24
camping : 13 €