Un col et demi

> Aspet – 75 km
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Mardi. Quand je me lève, plusieurs randonneurs sont déjà partis, mais les deux couples d’hier sont encore couchés. Le double toit de la tente, lui, est complètement détrempé. Malgré le ciel dégagé, le soleil n’entre pas encore dans la vallée, donc pas de séchage possible. 

Pascal et Judith, qui prennent une journée en transports divers pour retrouver leur voiture, ont terminé leur périple, mais je les croise aussi en ville ; Yoann et Lucille émergent de leur tente peu avant mon départ. Je passe à l’accueil, qui est encore fermé : cette nuit, j’aurai campé gratuitement.

Rapidement, je rejoint l’accueil du Skyvall, un téléphérique vers une station de ski qui m’avait été recommandé. Il débute ses activités à 9 h, j’ai donc quelques minutes d’attente avant d’être leur premier client du jour. Plusieurs amateurs de VTT, bardés de protections, suivent peu après.

La montée jusqu’à 1600 m est magnifique, rapide et facile. C’est ensuite un jeu d’enfant de rejoindre le col de Peyresourde, 1569 m.

Comme souvent, il y a du monde. Un groupe de cinq Toulousains traverse les Pyrénées d’est en ouest par les cols en mode léger avec coucher en auberge. Parmi eux, Thomas, qui connaît la région par cœur et me trace un itinéraire adapté à mon lourd vélo. Génial ! Il y a aussi Mariano, Maria, Carlangas et Miguel, une bande joyeuse et sympathique.

La descente vers Bagnères de Luchon est spectaculaire, mais la caméra ne filme pas comme espéré. Pourtant, que de beauté !

Un peu plus bas, je rencontre un rare cyclotouriste bien chargé. Gaizka est espagnol, notre langue commune est donc l’anglais. C’est un gentil baroudeur, qui couche habituellement dans les bois.

Arrivé en ville, j’achète une nouvelle cartouche de gaz, l’autre semblant être proche de la fin, je rencontre plusieurs personnes attirées par mon mode de transport – certains partent pédaler dans les prochains jours – et je mange tranquillement.

Suivant les conseils de Thomas, je prends la route de la vallée de la Pique, la rivière qui coule ici, alors que les nuages envahissent tranquillement le ciel. Les derniers kilomètres avant Saint-Béat sont plaisant, sur une petite route bien tranquille.

Située sur la Gironde, ici torrent modeste, cette dernière ville avant l’Espagne est entre deux falaises qui en faisaient un passage obligé et sûrement bien gardé à certaines époques ; aujourd’hui, l’autoroute traverse sous la montagne.

C’est maintenant le temps de grimper. La route vers le col de Menté fait à peine 10 km, mais les pentes dépassent souvent les 10 %, ce qui fait que je roule autour de 4 km/h, une vitesse de marcheur, en devant prendre régulièrement des pauses. C’est maintenant bien couvert, avec des sommets cachés dans les nuages. C’est donc bien moins chaud, donc moins dur, et il y a très peu de voitures. En revanche, toute la montée se fait en forêt, ce qui limite les paysages.

Après de longs efforts, j’atteins le sommet à 1349 m. Personne ici. J’enfile une veste et j’amorce la descente.

Je garde les mains sur les freins, mais ici c’est bien ouvert et magnifique. Traversant de petits hameaux haut perchés, la route s’enfonce dans la verdoyante gorge du Ger, que je longe jusqu’à Aspet. 

Ce soir, je préfère le camping organisé, car pour demain la météo est douteuse. L’accueil est un bar restaurant bondé, alors c’est Jean-Luc, un ami des responsables, qui me mène à un site juste à coté de la rivière. L’administratif attendra à demain.

Je monte ma tente, dont le double toit reste dégoulinant après sa journée dans son sac, je soupe et je me dirige vers la douche. En y arrivant, je rencontre Madeleine, jeune biologiste en stage dans la région. Bonne raison pour retarder la douche de quelques minutes.

De retour à la tente, je termine la rédaction peu après 23 h. C’est le temps de dormir, avec l’eau qui chante à quelques pas. 

km jour : 72,7
km total : 835
départ / arrivée : 8 h 25 / 20 h 00
temps déplacement : 5 : 54
vitesse moyenne : 12,3
vitesse maximale : 51
camping : 10 €