Jeudi > Oberwald, 90 km
Sommaire, album photo
Selon la météo, il fera beau aujourd’hui, sans risque significatif de pluie. C’est donc la meilleure journée pour franchir les cols vers le Valais. Comme j’ai pris du retard à cause de la pluie, je suis préparé en vue d’une grosse étape, pas tant en distance qu’en temps et en difficulté.
Ça a bien commencé : je me suis réveillé avant même que mon alarme sonne. Comme elles se sont aussi levées tôt, j’ai pu saluer mes compagnes d’hier soir avant de prendre la route à 6 h 30 pile.
C’était froid cette nuit, 10° selon la météo, 12° dans la tente, qui est trempée de rosée. C’est donc bien habillé que je pars sur la véloroute, qui au début est souvent non pavée, à l’exception d’un étonnant passage sur la piste d’un aéroport. Je longe souvent la rivière, admirant les cygnes sur un lac artificiel.
Au début, c’est plutôt facile puisque les pentes sont douces et la circulation clairsemée. Pour cause, la route devient si étroite que les voitures ne peuvent s’y croiser. Cette section est un peu comme un escalier : une montée, un lac, un village, on recommence.
C’est vraiment beau. Toutefois, je me souviens de montées pratiquement impossibles avec un vélo chargé. Guidé par une dame qui me voyait perplexe devant ma carte, je réussis à en éviter une au prix d’un détour dans le gros trafic issu de l’autoroute – ça monte beaucoup, mais c’est viable.
Je n’échappe pas à une autre, vraiment difficile : en plus d’être mal pavé quand il l’est, ce joli chemin a des sections à 14 %, trop abruptes pour je puisse les rouler en continu. Ouf !
Je finis par rejoindre Brünigpass, un « petit » col, mais vraiment difficile. Pour descendre à Meiringen, j’aurais pu prendre la route des voitures avec son lourd trafic, je choisis la piste désignée. Le début de la descente est assez abrupt, mais bientôt il n’est plus pavé, m’obligeant à rester constamment sur les freins, à 10 km/h. Toute une descente !
À Meiringen, c’est l’heure de refaire mes réserves de nourriture, même si je suis en retard sur mon horaire idéal. Je croise un panneau annonçant le programme : ascension de 1650 m sur 30 km. Il est 12 h 40, il va falloir pousser sur les pédales… Heureusement, le temps s’améliore sans être trop chaud. Il reste que le défi est de taille.
C’est aussi et surtout un paysage magnifique qui se déploie à chaque tour de pédalier. Les murailles de pierre qui montent si haut, les cascades qui en dévalent, le torrent qui longe la route, la végétation qui change en fonction de l’altitude, le soleil qui est de plus en plus présent, c’est fabuleux.
En revanche, c’est très lent, souvent entre 4,5 et 6 km/h, des vitesses où il est difficile de garder l’équilibre, ce sont de plus en plus des routes en lacets vertigineux en montant.
Pire : il y a les très pénibles et stressants tunnels – deux d’entre eux proposent des détours vélo bienvenus -, et surtout il y a la circulation.
Il y a de tout – voitures, camions, autobus, engins agricoles, cyclistes. Ces nombreux véhicules sont habituellement conduits prudemment, mais il y a beaucoup de motocyclistes en manque d’émotions fortes : bruyantes, puantes, imprudentes, stressantes, ces machines – et leurs utilisateurs – sont dignes de l’enfer de Dante.
Pendant la montée, je rejoins Rachel et Yannick, cyclotouristes partis hier de Zurich avec en plus leur matériel d’escalade pour aller grimper autour de Zermatt. Très sympathiques, ils roulent à la même et vitesse que moi, alors nous nous soutenons mutuellement jusqu’au sommet, atteint vers 18 h 30 sous un ciel parfait. Photos de famille, salutations, ils ont été de très bons compagnons de route. Nous reverrons-nous ? Nous en serions très heureux.
Je repars vers Gletch, une des plus belles descentes que je connaisse, toute en lacets vertigineux, avec vue sur Furkapass et les pauvres restes du glacier à la source du Rhône. Il fait froid, les freins sont mis à l’épreuve, c’est une incroyable étape. C’est une belle occasion pour tourner une petite vidéo.
Après Gletch, c’est reparti dans le même genre de route, avec cette fois-ci des arbres et un train à crémaillère. Quelques kilomètres plus bas, il y a un départ de sentier qui sera un très beau camping, malheureusement pollué de nombreux carrés de papier blanc et de ce qui va avec. Triste…
Je trouve quand même un bon emplacement pour ma tente, un peu en vue de la route, mais que personne ne regarde. Je mange, j’écris un peu, et dodo ! Tout indique que la nuit sera fraîche, et que j’aurai bien plus l’occasion d’entendre le ruisseau que la route. En revanche, il fait 13°…
km jour : 88,3 (78,9 + 9,4)
km total : 1764
départ / arrivée : 6 h 30 / 20 h 00
temps déplacement : 8 : 41 (8 : 16 + 0 : 25)
vitesse moyenne : 14,5 (9,5 + 22,5)
vitesse maximale : 48