Mardi > Brugg, 85 km
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C’était plus que prévisible : la nuit a été excellente. Comme j’ai devancé mon réveil, je suis prêt à partir dès 8 h 15. Mon téléphone, lui, ne se connecte plus au réseau, mais je suis heureusement à la lisière du territoire couvert par ma carte papier de la Suisse – c’est quand même une technologie très fiable. Le soleil, bien présent plus tôt, en profite pour se cacher sous une petite averse bien drue et froide. Partir demande parfois un peu de détermination.
Je peux faire le plein d’eau fraîche à la fontaine publique, une tradition de montagne que je retrouve avec joie.
Je descend au village de Lenzkirc, et non seulement la pluie a cessé mais le soleil est de retour. L’itinéraire que je choisis commence par une jolie et longue montée avant la belle descente vers Schluschsee. « See », c’est un lac, une rareté en ce pays, et ce matin il a des couleurs d’automne avec les nuages et le fort vent qui agite la surface.
La suite est vraiment agréable. J’ai le vent de dos, je roule vite sans effort vers plusieurs villages dans un paysage aux allures de campagne du Québec. Ensuite, c’est une succession de petites montées et de longues descentes rapides et enivrantes.
En prime, il fait vraiment très beau… pour le moment. Je descends toujours par une vallée étroite, le long d’un ruisseau, jusqu’en ville.
Ma carte n’est pas très détaillée, mais je prends le bon chemin – montée abrupte, belle descente – pour rejoindre le Rhin. Ici, il n’est plus navigable puisqu’il y a des rapides en aval, mais il reste splendide. Je passe en Suisse au début de l’après-midi par le pont de Rheinheim pour pique-niquer en arrivant à Zurzach, juste en face. Test fait, mon téléphone ne marche toujours pas. On verra.
Je longe le Rhin par un petit sentier étroit, guettant du coin de l’œil les nuages noirs qui montent devant moi. Quand j’arrive à Koblenz, je pousse sur les pédales car la pluie est là, tout de suite. Je fonce sous un abri pour voitures – 15 secondes plus tard, j’aurais été trempé. Je laisse passer l’orage avec ses éclairs, son vent et ses trombes d’eau, et après 20 minutes je peux repartir, sec.
Je rejoins la rivière Aare, un gros affluent du Rhin qui me guidera pour un temps sur la véloroute 8, en route vers le col Grimselpass. Les paysages sont bien jolis sous le mélange de soleil et de nuages, avec une petite averse sans gravité passée sous un avant-toit.
En arrivant à Brugg, je reste sur la route principale afin de trouver une épicerie, mais j’y trouve plutôt une série de chantiers routiers un peu complexes. Pour dénicher l’épicerie, je m’adresse à un cycliste de passage, et après quelques mots en anglais nous passons au français. D’origine portugaise et française, Fabio a gardé la connaissance de plusieurs langues. Il me guide à l’épicerie, car le trajet n’est pas simple. Merci !
En sortant après mes courses, il fait froid et la pluie menace. Je croise deux cyclotouristes venus de Berne et la conversation s’amorce facilement, tellement que nous nous retrouvons de l’autre côté de la rue pour une pizza. Jacques a été diplomate mais a aussi pris trois ans pour faire un tour du monde à vélo, Ursula a enseigné au primaire.
Soirée très agréable, qui se poursuit pour rejoindre dans le froid l’auberge de jeunesse. Il reste quelques places en dortoir, c’est là que nous passons la nuit avec une jeune famille cycliste sous les combles de cette vieille maison conçue comme un labyrinthe aux escaliers craquants.
km jour : 87,1
km total : 1592
départ / arrivée : 8 h 15 / 20 h 30
temps déplacement : 5 : 41
vitesse moyenne : 15,3
vitesse maximale : 59
Hébergement : 46 F