Calonne-Ricouart

Un précieux morceau de brique

Lundi > Calonne-Ricouart (Bethune), 80 km
Sommaire, album photo

Matin de départs… Nous nous levons assez tôt et nous nous préparons. Pierre et Charlie sont les premiers à quitter, l’un pour le travail, l’autre pour passer quelques jours avec les grands-parents.

Peu après, nous partons à trois : Amélie pour son travail, Layal pour son camp scout et moi pour la suite du voyage. Nous déposons Layal chez sa copine Jeanne, et nous devons nous dire « au-revoir », espérant que ce soit pour bientôt.

Je suis attendu demain soir à Ledringhem. Ce n’est pas très loin, alors je décide d’aller tranquillement vers la Mer du Nord, sans pression.

Je passe d’abord par le mémorial de Vimy, haut lieu de courage et de folie humaine lors de la guerre de 1914-1918. Là, les soldats canadiens se sont illustrés, mais pour beaucoup au prix de leurs jeunes vies. Ici, 18,283 vies. Beau, triste…

Plus loin, ce sont les terris, pyramides de résidus miniers – le charbon dominait la vie de la région – maintenant classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Souvenirs : nous en avions escaladé avec les enfants il y a quelques années.

L’algorithme du jour me mène vers Bethune par des routes parfois faciles, parfois passantes. En avant-midi, le dérailleur avant de mon vélo décide de refuser de guider la chaîne sur le grand plateau. Le câble a probablement glissé, je verrai à ça ce midi.

En sortant de Bethune, je longe le canal de l’Aire, bon endroit pour manger et pour vérifier le vélo. Pour manger, ça va bien ; pour le vélo, c’est autre chose : l’écrou qui retient le câble n’a plus ses filets, la vis tourne dans le vide. Évidemment, je n’ai pas les pièces requises pour réparer.

Sabine, Bernard et Pascal passent par là à vélo. Nous regardons le problème ensemble, il est souhaitable de bloquer le dérailleur sur le plateau intermédiaire, c’est finalement Bernard qui revient avec un morceau de brique de la bonne dimension. Je le fixe avec du ruban adhésif, c’est parfait pour me rendre à Bethune pour une réparation plus permanente.

Je me dirige vers la grande surface de plein air, et Florentin, le mécano, me suggère une boutique plus spécialisée pour les pièces haut de gamme de mon vélo. Je repars sur deux roues.

Une petite voiture noire s’arrête. Frédéric, le conducteur, avait entendu la conversation à l’autre commerce et s’offre pour me guider sur un trajet pas si simple. Offre acceptée. Alors que mon vélo est pris en charge par Théodore le mécano, je discute un peu avec le très sympathique Frédéric. Après quelques instant, c’est conclu : je suis invité chez lui pour la nuit. 

Pendant ce temps, la réparation se poursuit. Théodore doit trouver les bonnes pièces et tout remonter dans le bon ordre, réajuster les vitesses. Au total, il bricole pendant une bonne heure, mais c’est un succès : mes vitesses passent même bien mieux qu’avant.

Je me rends chez Frédéric, guidé par un algorithme qui a des idées assez particulières de ce qu’est un itinéraire cyclable. Je suis à destination peu après 19 h pour rentrer mon vélo au garage avec les autres vélos. Mes hôtes ont environ mon âge mais sont retraités. Je rencontre son épouse Pascale, et nous faisons plus ample connaissance.

Femme sensible et cultivée, elle a enseigné l’anglais et transformé des vies par son engagement auprès de ses élèves ; toute jeune, elle a couvert les jeux olympiques de 1976, à Montréal, offrant bénévolement ses service à l’hebdo local – elle a gardé les textes.

Lui a été ouvrier spécialisé, mais surtout cycliste de haut niveau, côtoyant à l’époque de futurs champions. Il est toujours passionné et pédale environ 15,000 kilomètres par an, en partie avec un club.

Tant autour de la table qu’au salon, les sujets de conversation ne manquent pas. En soirée, nous réussissons – après quelques essais infructueux – un appel vidéo avec leur fille Marie qui voyage à vélo avec Lili, une copine. C’est bien rigolo.

Et, bien sûr, j’ai droit à une confortable chambre à l’étage, avec un peu de temps pour lire les reportages de Pascale, mais pas pour écrire le journal. Ce sera pour une autre fois, il y a des priorités dans la vie.

km jour : 78,1
km total : 443
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 10
temps déplacement : 5 : 24
vitesse moyenne : 14,5
vitesse maximale : 46