Un pont vers l’Acadie

> Shediac – 110 km
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Jeudi. J’ai très bien dormi malgré le vent qui secouait ma tente. Il faut dire que le bruit des vagues est un excellent partenaire pour le sommeil.

Aujourd’hui, le ciel est gris, mais sans menace de pluie. Je dois tout ranger, car j’avais tenté hier de sécher mon matériel. Succès relatif sur ce point : si ce qui était protégé est resté sec, mes sacoches sont toujours humides.

Je quitte autour de 9 h. Il me faut arrêter en ville – heureusement, Summerside est un centre d’importance – pour l’épicerie et la carte mémoire de l’appareil photo. Tout est bientôt en ordre.

Je me dirige tranquillement vers le Pont de la Confédération, qui relie l’île au Nouveau-Brunswick. Le vent est un peu contrariant, mais je traverse quelques jolis villages et campagnes.

Bientôt, le pont devient un élément marquant du paysage : on peut parler de monument. En y arrivant, il y a une salle d’attente. Ce pont de 8 km est interdit aux vélos et aux piétons, mais est facile à franchir grâce à une navette. En arrivant, je décroche un téléphone et l’appel est automatiquement placé.

Comme j’ai une demi-heure d’attente, j’ai tout le temps d’enlever mes sacs du vélo et de dîner. Dans la salle d’attente, une dame a la conversation facile. Elle me présente un petit film tourné par son amoureux lors de la récente demande officielle de mariage, en montgolfière au-dessus de l’Afrique du Sud. Quand même. 

Le petit autobus arrive. Le conducteur, un acadien, parle bien français. À l’arrière du véhicule, un coffre fait toute la hauteur et loge facilement vélo et bagages.

De l’autre côté du pont, nous sommes sur l’Île Jourimain. L’autobus nous laisse devant le bureau dl’information touristique. J’y récolte quelques cartes, bien nécessaires. En me baladant un peu, je croise Gabriel et Camille, deux anciens élèves, et leur mère Magdalena, en voyage sur l’ÎPE. Les enfants sont devenus ados. Je reviens rapidement à la route, car les sentiers sont peu rapides et les moustiques voraces.

En quittant l’île, je roule sur la grande route avec un fort vent de face. Dès la première sortie, je prends la petite route qui longe la côte. J’ai le vent un peu plus de côté et c’est beaucoup plus calme côté voitures. Côté vues, c’est joli, sans plus. Rien de spectaculaire. Et si le ciel se dégage partiellement, il reste de bonnes bandes de nuages ici et là.

Ce n’est pas qu’ici : la tonte de la pelouse sur un petit tracteur semble être un sport national. Justement, un de ces croisés du gazon m’envoie la main et s’approche de la route. Dave est aussi adepte des voyages à vélo. Nous avons une agréable conversation dans un étrange mélange de français et d’anglais.

J’arrête à Murray Beach, un camping provincial. Il est encore tôt, mais je veux m’assurer d’une place avant de me rendre à Shediac. Par téléphone, on me confirme qu’il y aura de la place. Je repars.

La petite route devient grande. À la première occasion, je repars sur une route plus à mon goût.

À partir de Cap-Pelé, le bilinguisme fait place à l’unilinguisme français. Les maisons sont pavoisées aux couleurs de l’Acadie, puisque nous sommes à deux jours du 15 août.

Dave m’avait parlé d’environ 30 km pour Shediac, mais il devait penser en milles. La journée, avec sa lente progression, s’étire avec un vent souvent contraire. En plus, le camping est mal indiqué et je le cherche un peu.

Il y a plusieurs campings ici, mais celui-ci, parc provincial, offre une zone pour les tentes. C’est immense, sans aucune intimité entre les sites. Comme il est déjà tard, je ne fais que l’essentiel. En arrivant à l’heure de la douche, je réalise que je n’ai pas de pièce de 1 $. Ça attendra à demain matin.

Je m’installe pour deux nuits à Shediac : demain, je visiterai l’Acadie sans mes bagages.


km jour : 110,6
km total : 3194
départ / arrivée : 9 h 15 / 19 h 00
temps déplacement : 6 : 25
vitesse moyenne : 17,2
vitesse maximale : 40,3
camping : 26 $