> Trout River – 50 km
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Lundi. La nuit n’a pas été froide, mais ce matin le ciel est gris. Selon la météo, le début de la semaine risque d’être assez humide.
Pour le moment, ça va. Arnaud se prépare rapidement, car il souhaite prendre un petit traversier entre Norris Point et Woody Point à 9 h. Le suivant sera à 12 h 30, et il doit arriver ce soir à Deer Lake pour prendre un avion à la fin de la nuit. Gros programme.
Pour moi, pas d’urgence. Je pars à 8 h 10 sans me presser, car je prendrai le deuxième traversier. J’arrête plusieurs fois en chemin pour de petites balades et des points de vue. À Rocky Harbour, je tente de renflouer mes réserves de nourriture. Après la tournée des « épiceries », je dois accepter de me passer de fruits frais, la chose étant indisponible ici.
D’ici jusqu’au traversier, je monte beaucoup avant de descendre abruptement, admirant au passage le Mont Gros Morne que je ne pourrai gravir cette fois-ci. J’arrive au quai pour 11 h et je peux recharger les batteries tout en écrivant jusqu’à 12 h 20. Sur le petit bateau, qui n’accepte que les piétons et les cyclistes, un jeune homme porte un chandail avec un texte en français : Hugo, étudiant à Québec, travaille pour le Parc et c’est à lui que j’avais parlé hier. Petit monde.
La traversée dure à peine 20 minutes. De l’autre côté de Bonne Bay, le petit village est dominé par les Tablelands, de spectaculaires montagnes orange sans végétation. Mais il faut s’y rendre : ça monte ! Je prends une pause photo, des gens s’arrêtent, intrigués par le cycliste, et me disent en avoir croisé un autre juste avant. Et Arnaud arrive.
Ce matin, il avait raté son bateau de quelques minutes, mais avait pu embarquer avec une croisière qui l’avait déposé après deux belles heures à Woody Point. Il avait tenté d’aller vers Trout River mais avait renoncé. Fatigué, il doit partir vers Deer Lake. Malgré tout, c’est une autre très agréable rencontre. Nous nous reverrons sûrement à Montréal.
J’arrête un moment au Centre de découvertes du Parc. Je vérifie ce qui est raisonnable comme projets dans les conditions. Aujourd’hui, j’irai marcher dans les Tablelands puis me rendrai au camping de Trout River. Ce sera assez, surtout que la pluie viendra en soirée.
Quelques montées costaudes – dont une ou je hale le vélo – et une bonne descente, ponctuées de pauses photo pour paysages superbes, et j’arrive au stationnement. Il y a du monde, mais c’est calme. Je rencontre Martin, un motocycliste ayant apporté sa monture d’Allemagne pour une année d’errance nord-américaine. Ingénieur, il a abandonné son emploi pour partir à l’aventure.
Je pars, laissant mon vélo à la garde de l’honnêteté des gens. C’est magnifique et étonnant : d’un côté de la vallée, des roches grises et une végétation foisonnante ; de l’autre, des roches oranges à l’intérieur vert et texturé, et pratiquement aucune plante puisque la serpentine, venue du manteau terrestre, est toxique pour elles.
Je remonte le ruisseau Wallace jusqu’à de très jolies cascades, en plein désert. Époustouflant ! Il reste que quelques gouttes venues du ciel donnent un avant-goût du programme…
Au retour, mon vélo est intact. Une famille de québécois, avec quatre ados, se prépare à aller marcher sur le sentier. Je leur suggère de prendre le même chemin que moi, car le sentier risque d’être assez ennuyeux pour des jeunes, même s’ils ont gravi Gros Morne hier. Nous prenons une photo de famille avec les Lopez-Proulx : Oscar et Rosalie, les parents, ainsi que Leïla, Emilio, Camilla et Maëlie. Belle gang.
Je repars dans la vallée entre les deux univers, orange et vert. Trop beau. Ce n’est pas dur jusqu’à l’arrivée au village et au lac : quelques montées, une grosse descente, un chemin plus étroit.
Ensuite, imprévu, la route en gravier monte abruptement. Je dois y aller à pieds. Compensation non négligeable : un paysage sublime, digne des lacs de montagne en Europe.
Je recommence à rouler entre les trous, jusqu’à ce que j’en prenne un de front. J’entends un petit bruit désagréable : celui de l’air qui fuit de mon pneu avant. Fini les photos : je roule le plus vite possible avant que celui-ci se retrouve à plat. Je marche les derniers 300 m menant au camping, ayant à ajouter une réparation au programme de la soirée.
Je m’installe sur mon site, heureusement sec, je soupe et fais la vaisselle, puis je me dirige vers l’abri communautaire pour réparer mon pneu. Quelques personnes sont bien intriguées par mon voyage. Un homme revient avec une bonne pompe à vélo. Dennis, cycliste venu de Floride, a tout son matériel et ses vélos sur son VR. Grand merci : c’est impossible de bien gonfler les pneus avec une pompe d’urgence.
La cause de la crevaison est rapidement trouvée et réparée : un éclat de verre a traversé mon pneu et patiemment usé la chambre à air. Avec la pompe, c’est un jeu d’enfant de remettre mon pneu à sa pression normale.
Je m’installe ensuite à l’ordinateur pour terminer le journal. Je profite de la douce chaleur du feu dans l’abri, alors que la pluie tombe toujours tout doucement. À 22 h, comme indiqué, l’électricité est coupée, une étrange idée. Peut-être est-elle dépendante d’une génératrice. Je termine la soirée en choisissant les photos qui figureront sur Internet, un bon travail puisque j’avais quelques jours de retard. À 23 h 30, je ferme boutique alors que la pluie a cessé.
km jour : 50,1
km total : 1705
départ / arrivée : 8 h 10 / 17 h 40
temps déplacement : 3 : 27
vitesse moyenne : 14,4
vitesse maximale : 59,9
camping : 25 $