Au-delà de Sept-Îles

> Rivière au Bouleau – 130 km
Sommaire

Introduction au message collectif

« Il y a longtemps que je n’ai pas pu me connecter. Voici quelques nouvelles à partir de Sept-Îles, où je viens d’arriver. Plusieurs – et moi aussi – se sont inquiétés de mes genoux. Maintenant, ça va. En marchant les montées abruptes, la douleur a pratiquement disparu et je réussis à faire de bonnes journées de vélo. De plus, je respecte le rythme prévu et je serai donc à temps à Natashquan pour le bateau. En revanche, je risque d’être à nouveau plusieurs jours sans connexion Internet. »

Mercredi. Hier soir, en entrant dans la tente, j’entendais crépiter les premières gouttes. Ce ne seront pas les dernières… Je dors très bien.

Je m’éveille vers 6 h et, surprise, une grosse poche d’eau s’est formée sur la tente. Je n’ai rien senti, mais mon sac de couchage et mon matelas ont pris l’eau sérieusement. Solution pour le sac : la sécheuse. Louise, de Saint-Jérôme, en vacances avec son mari Serge, me fournit la monnaie, et tout sèche rapidement. Ouf ! Comme le soleil sort, je fais également sécher ma tente.

Je prends la route à 9 h. Ce n’est pas chaud, mais le ciel se dégage d’ouest en est, avec un bon vent du nord. C’est une journée de grande lumière, sous un ciel magnifique.

La première partie du trajet se fait vent de face, un bon défi, mais je suis en pleine forme. En approchant de Gallix, un cycliste me devance. À l’intersection, il m’attend pour une petite conversation bien agréable.

À partir de la rivière Sainte-Marguerite, la route bifurque et j’ai désormais le vent de dos. Ça parait ! Je m’approche tranquillement de Sept-Îles, par de longues lignes droites sans grand relief. La végétation a changé : près de la route, il y a des tourbières avec de petits conifères plutôt dispersées ; vers le nord, des bonnes collines aux arbres rares ; parfois, je devine la baie…

Je croise un kiosque de fruits et légumes où je peux acheter une petite quantité de carottes, chose complexe dans une épicerie normale. Je dîne rapidement près de la baie, car les petites mouches noires sont franchement envahissantes. Je termine le délicieux cheddar bio de mes amis d’avant-hier.

Plus loin, une piste cyclable rend l’arrivée en ville très confortable. Je fais halte à l’information touristique car il y a une connexion Internet. Je lis mes nombreux courriels – beaucoup de mes amis s’intéressent à mon voyage, et j’ai quelques nouvelles de celui de Jean-Pierre et Diane. J’envoie quelques nouvelles à mes correspondants et sur Facebook.

C’est ensuite une tournée de quelques commerces pour mettre à niveau le garde-manger et mettre en place une parade à l’incident de ce matin. J’avais réfléchi à la chose en route. Enfin, je laisse un message à Roger pour lui souhaiter bon voyage, puisqu’il part pour Israël vendredi. Il est 14 h 30 quand je quitte la ville, ayant déjà parcouru plus de 60 km aujourd’hui et passé sans m’en apercevoir le cap des 1000 km depuis le départ.

Pour un bout, il y a une piste cyclable. Je traverse la zone industrielle, puis celle des plages. À l’une d’elle, je bifurque pour voir le paysage. Il y a une petite voiture rouge. Cynthia, de la Nouvelle-Calédonie, est au Québec depuis huit ans et se prépare à migrer vers l’ouest en voiture. En attendant, elle étudie pour un examen qui complétera sa formation comme mécano d’hélicoptère. Belle rencontre.

Ensuite, de longues lignes droites me mènent à travers Maliotenam, puis à la rivière Moisie, ancien bout de la route. C’est aussi le dernier camping. Aventure.

À part quelques petits stationnements et chemins, seul le long ruban d’asphalte, habituellement sans accotement mais peu fréquenté, me relie à la société. Ça monte, descend et tourne tout le temps, mais ce n’est pas difficile. La tumultueuse rivière Matamek offre une rare fenêtre sur la mer.

Les kilomètres s’accumulent rapidement, mais rien ne me convient pour arrêter. J’aimerais bien me rendre à la rivière au Bouleau, mais je ne sais pas à quelle distance je la trouverai.

En approchant de l’estuaire de la rivière Pigou, la mer réapparaît sur ma droite. Je risque un petit chemin. Il y a de petits chalets, une belle plage, mais tout semble privé. Je mange tant bien que mal, car les mouches noires sont partout, innombrables.

Je pars m’informer au chalet qui est occupé. Je ne  suis plus qu’à deux ou trois kilomètres de la rivière au Bouleau. Yé ! Je remet les bagages sur le vélo, puis je roule quelques minutes. Il est tard, mais le site est superbe. Avec ma cuirasse anti-bibites, je monte ma tente, mettant en place ma modification contre les poches d’eau.

Au moment d’entrer, j’essaie de laisser les mouches noires dehors, mais il n’y a pas de miracle : elles sont plusieurs dizaines à entrer. Je dois donc me transformer en meurtrier en série. Aucune ne survit… Heureusement, il était trop tôt pour les moustiques, qui s’installent à l’affût – inutile – sur la moustiquaire. Pas question de ressortir avant demain matin.

Après le ménage de bibites, il me reste un peu de temps pour écrire avant la nuit. Peu après 21 h, je m’installe pour dormir, bercé par le doux bruit des vagues. C’est presque le paradis… dans la tente !


km jour : 131,3
km total : 1078
départ / arrivée : 9 h 00 / 19 h 30
temps déplacement : 6 : 58
vitesse moyenne : 18,8
vitesse maximale : 49,7