Cette fois-ci, les préparatifs sont assez faciles : étant parti l’an dernier, il me suffit de reprendre la même organisation ; en plus, j’ai du temps car je ne pars pas dès le début des vacances. J’ai profité des dernières semaines pour quelques visites – Claire à Toronto, Céline à Gatineau, Gaétan à Mégantic, Adélaïde à Sherbrooke, plein d’autres amis autour de Montréal -, quelques menus travaux, un peu d’écriture et de musique. Il est temps de passer à une autre vitesse.
Hier soir, j’avais mis mes plantes en pension chez Samuel et Sophie. Or, mon ami garde un téléphone français en permanence et il me propose sa carte SIM pour le voyage. C’est un souci de moins, car magasiner un numéro en Europe est souvent un peu compliqué.
Encore cette année, mon ami Sylvain passe me prendre chez moi et m’amène à l’aéroport. Malgré les fantaisies du GPS, nous y sommes à 18 h 30. Un peu plus d’une heure plus tard, les formalités sont réglées et je me dirige vers la porte.
Près d’un resto, des notes de piano : c’est mon amie Lucie, ainsi repérée au son. Nous savions que nous serions ici ce soir, mais nous aurions facilement pu nous manquer dans la foule. Nous profitons d’un bon moment ensemble avant de nous préparer pour nos vols respectifs. Nous croisons même Clarisse et Cécilia, du groupe ados de SJB, qui partent pour le Brésil avec leur mère.
Je m’installe près de la porte et j’écris les premières lignes du journal. Je discute un moment avec Vivien et sa fille Diane, qui reviennent de deux belles semaines au Québec. Lui tient un hôtel à Biarritz, elle est élève puisqu’elle a environ 12 ans. Très sympathiques.
L’embarquement est sans histoire et nous partons à l’heure, soit 22 h 40. Surtout, j’ai un voisin très intéressant : Laurent et sa famille – sa femme, une fille et un garçon – ont passé deux semaines chez une belle-sœur à Canmore, Alberta, aux portes des Rocheuses. Ce jeudi, il reprendra son travail d’infirmier à domicile. Comme il est adepte de vélo, course, randonnée, etc., les conversations me manquent pas. Après le repas sommaire, nous passons à la « nuit » tout aussi sommaire, avec un sommeil incertain et peu réparateur.
J’avais réglé mon réveil à 4 h 20, je m’éveille cinq minutes avant la sonnerie. Comme mon bagage est pratiquement prêt, tout se fait rapidement. Je salue Philippe, qui s’est courageusement levé pour m’ouvrir les portes, et dès 5 h je suis à la gare de RER de Chatou, ayant profité de la nuit, de la fraîcheur et de l’éclairage de mon vélo.
Je dois parcourir quelques stations sur la ligne A, jusqu’à Chatelet-les-Halles, puis prendre la ligne B jusqu’à l’aéroport, un trajet total de 1 h 15. C’est tout simple, mais je dois constamment tenir mon vélo, et souvent le déplacer : il est appuyé sur des portes, et celles-ci ouvrent aléatoirement d’un côté ou de l’autre. Ce n’est pas un gros problème. Quand je sors de la gare, je suis à 300 m seulement du terminal.
À 7 h 15, le vélo et les bagages sont prêts sur le charriot, il ne reste qu’à attendre l’embarquement. Dehors, le temps est magnifique, et il devrait en être de même à Montréal quand nous y arriverons.
En attendant, il me reste assez de données sur mon forfait téléphonique pour mettre en ligne plusieurs jours de voyage, c’est le temps qui manque pour tout compléter.
À certains moments, il faut se déplacer pour l’une ou l’autre des étapes d’embarquement. Dans la file, un homme m’identifie comme cycliste – ce n’est pas difficile quand le bagage à main est une sacoche de vélo. Eric est américain et vit à Rochester mais travaille régulièrement à Lille, et en profite pour se balader à vélo en Europe, parfois seul, parfois en famille. Il souhaiterait aussi pédaler au Québec, une excellente idée.
Nous sommes à bord à l’heure prévue et l’avion est plein, mais nous ne décollons que 40 minutes plus tard.
Un vol en avion est ennuyeux au possible, et je tente de rattraper tant bien que mal un peu de sommeil, car je me suis levé à 22 h 15 à l’heure du Québec. Je garde donc les yeux fermés et de la musique calme pour une bonne partie du voyage, malgré que le siège et l’immobilité soient assez inconfortables pour moi, et sûrement pour bien d’autres.
Vers la fin du voyage, la conversation s’amorce avec mes voisines. Fatima, de Chambéry, et sa fille Déborah, de Lyon, sont enchantées de découvrir pour la première fois le Québec et l’Ontario. Je leur souhaite des étoiles dans les yeux pour tout leur voyage.
L’appareil se pose peu après 14 h. Nous nous dirigeons vers les douanes, particulièrement inefficaces malgré les efforts des employés. La démarche – la marche ? – dure un bon 45 minutes. Arrivons-nous dans un pays développé ?
Avec ce délai, mes bagages sont déjà là quand j’arrive, je les récupère tout de suite. Il reste pas mal de travail : tout déballer, regonfler les pneus, réinstaller les pédales, remettre en place le guidon et le siège, replacer la roue avant… Zut ! Elle est à plat. Il faut donc la démonter, trouver et réparer le trou, extraire l’épine de ronce, tout remonter, gonfler à nouveau, remettre les sacoches en place, puis, enfin, quitter l’aérogare. L’avion a touché le sol il y a plus de deux heures.
Le voyage se termine avec une dizaine de kilomètres à vélo, puisque j’habite à proximité. Il est près de 17 h, tout est bien en ordre à part quelques herbes folles, il reste à regarnir le garde-manger et à retrouver la quiétude confortable de ma petite maison. C’est quand même une longue journée : je me couche après 25 heures d’éveil. Autre bonne nuit en vue, bien sûr.
Après 2877 kilomètres, je vais rêver de voyages passés et futurs pour un bon bout de temps, tout en gardant mes merveilleux amis dans mon cœur. Ensemble, les amis, les pays et les défis font vivre heureux. Merci !
km jour : 13,7 km total : 2877 départ / arrivée : n/a temps déplacement : 0 : 50 vitesse moyenne : 16,4 vitesse maximale : 29 RER : 15 €
La nuit a été moins paisible qu’espéré : j’ai reçu régulièrement la visite de moustiques… Je me lève à l’heure prévue et rapidement tous mes bagages sont prêts. Il ne me reste qu’à attendre l’arrivée progressive de mes amis et, déjà, de les saluer.
Laurent s’était offert de me conduire à Laval avec la Zoé, bien remplie avec tout mon barda. En arrivant en ville, nous nous rendons à l’église Saint-Vénérand, construite dans une première phase entre 1485 et 1500, et complétée en 1705. Ça parait : elle est bien belle. La liturgie, noyée dans l’encens, est assez traditionnelle, mais l’assemblée est nombreuse et fervente. Belle célébration.
Ensuite, Laurent me dépose à la gare. Je remets mon vélo en état de rouler afin de tout apporter sur le quai, je suis en place 20 minutes avant l’arrivée du train, donc dans un délai confortable. J’entre mon vélo sur ses roues, puis le mets en sac en disposant les sacoches aux alentours. À la demande de la contrôleuse, il me faut quand même le déplacer.
Ma place est déjà occupée, mais il y a un siège libre à proximité. Fanny, ma voisine, a une lourde valise, mais je la monte facilement sur le porte-bagages. C’est rare en TGV, mais nous entamons une conversation très intéressante. Elle conçoit des sites Web, c’est une belle rencontre. Elle me donne un coup de main pour décharger vélo et matériel, et nous quittons le quai ensemble.
La correspondance est un peu plus longue que prévu, ce n’est pas un problème. Dès que la voie est indiquée, je me rends sur le quai et j’embarque sans problème, si ce n’est que les contrôleurs comprennent mal que je doive mettre mon vélo en housse seulement après l’embarquement. J’ai le temps de m’installer à mon siège pour un trajet normal, soit sans contact avec mes voisins.
Le train entre en gare comme prévu à 15 h 25, je remets le vélo en état de rouler et je pars dans Paris rejoindre mes amis. Il fait assez chaud, près de 30°, je roule tranquillement pour arriver chez Philippe et Marie vers 17 h 50.
Après les salutations d’usage – c’est un bonheur de se retrouver – et une douche rapide, Philippe et moi nous rendons à la gare, conduits par Corentin. Comme les vélos ne sont pas admis entre 6 h et 9 h, je devrai me lever tôt : je prendrai le RER de 5 h 12. Ouf ! SI je sens la fatigue, ce ne sera pas que le décalage horaire.
Bien sûr, une bonne table nous attends. En plus, Jean-Sébastien, le premier québécois que je croise ici, et sa femme Virginie sont invités. Comme les deux sont très intéressants, tout comme mes amis, la soirée passe vite et bien.
Jean-Sébastien a un profil professionnel intéressant : après avoir été dentiste puis chercheur en bio science, il travaille maintenant en diagnostic santé par intelligence artificielle. Un scientifique passionné. Je prends aussi le temps de parler avec Nicolas de sa dernière semaine, qu’il vient de passer avec des finissants de son école de scène afin de monter une comédie musicale. Il a beaucoup appris et aimé, et très peu dormi. Un artiste passionné.
Comme Marianne est à nouveau absente, j’hérite de sa chambre et de son ventilateur, apprécié par cette chaleur. Nous nous couchons tôt, car la nuit sera courte, bien courte.
km jour : 18,9 km total : 2863 départ / arrivée : n/a temps déplacement : 1 : 24 vitesse moyenne : 13,5 vitesse maximale : 32 Trains : 85 €
Ce matin, Laurent et moi avons convenu de respecter une de ses habitudes : une marche d’environ trois kilomètres entre voisins. Nous sommes avec Gérard et Nicole, éleveurs de vaches de la région, maintenant à la retraite. Le paysage du matin et les conversations valent le déplacement.
Alors que Laurent accompagne ses amis pour un café, je rentre directement à la maison, question de manger avec les enfants à leur réveil.
Nous avions aussi de petits projets : une pratique de musique avec Erin, excellente chanteuse, et une partie d’échecs avec Liam. Nous sommes de force équivalente. Au début, au début, il prend habilement l’avantage d’un cavalier, mais je réussis à le prendre par surprise avec un échec et mat. Belle partie.
Au retour de Laurent, je profite d’une visite des jardins et du l’habile système de récupération d’eau de pluie. Mes amis sont déjà bien installés, et ce sera encore mieux à l’avenir. Si une aile de la maison principale a été rénovée, l’autre le sera cet automne, avec une remise à neuf et l’ajout d’un étage – mes amis ont une grande famille qui aime à se retrouver. Dans une semaine, il y aura un grand rassemblement à l’occasion des 40 ans de mariage de Laurent et Véronique.
En après-midi, un petit moment d’inquiétude : un courriel m’annonce que le train Laval/Le Mans que je dois prendre est annulé. Vérification sur Internet, puis appel téléphonique avec un préposé efficace, je pourrai simplement partir 30 minutes plus tôt. Ouf ! Ensuite, un peu de bricolage. Entre autres, il y a une réserve de vélos pour les invités, mais l’un a une crevaison et un autre un roue libre bloqué. Tout est corrigé dans la bonne humeur.
Sixtine et Philomène, nos jeunes baigneuses d’hier, sont de retour avec leur grande sœur Bérénice, alors la piscine est à nouveau très appréciée par ce très beau temps.
Pierre et Camille sont de retour et nous en profitons pour leur faire un portrait de famille sous l’eau.
Comme nous sommes assez nombreux, la cuisine reste un endroit au cœur de la vie familiale. Véronique est souvent maître d’œuvre des repas, mais plusieurs mettent la main à la pâte… ou, pour Erin, à la préparation des oignons sans larmes.
Les conversations se prolongent autour de la piscine, puis autour de la table. En soirée, Erin et moi présentons à Camille et Pierre les chants que nous avions préparés – bien réussis – puis à trois nous chantons et discutons avec grand plaisir. Ensuite, il est temps de dormir.
Si la nuit a été bonne pour plusieurs, elle a été plus agités pour d’autres : Erin a fait une crise d’asthme. Ce matin, elle n’est pas très vigoureuse, mais le reste de la troupe se porte bien.
Une petite équipe est de sortie : Camille conduit sa voiture électrique, nous sommes avec Cécile, Jean-Gabriel et Liam. Destination : le petit village de Pontmain, réputé pour des apparitions de la Vierge Marie en 1871. Comme nous avons 80 kilomètres à parcourir dans chaque direction, nous avons du temps pour bien discuter ; en particulier, Camille nous présente un témoignage personnel bien intéressant.
Sur place, c’est tranquille sous la chaleur. Nous visitons les différents édifices : la grange de l’apparition, qui ressemble maintenant plus à une chapelle, l’ancienne église du village, la basilique aux vitraux bleus – nous attendons après la messe -, et les sentiers des pères. Bien intéressant pour entrer dans cette spiritualité et pour cultiver la curiosité.
De retour à la maison, un peu plus tard que prévu, la table nous rassemble à nouveau. Le temps est chaud et lourd, il y a eu un peu de pluie ce matin et elle pourrait revenir.
En après-midi, nous profitons du calme et de la piscine, avec les renforts de deux jeunes baigneuses, les voisines Sixtine et Philomène qui se joignent à Lena. Ma caméra tout-terrain permet d’immortaliser leurs jeux aquatiques.
En fin de journée, départ vers Nancy pour Étienne, Catherine, Cécile et Jean-Gabriel, entassés dans la Zoé avec tous leurs bagages vers la gare de Laval. Tôt en soirée, ce sont Pierre et Camille qui, ayant un engagement, retournent chez eux pour quelques heures. Nous restons donc six.
Après une prière accompagnée à la guitare, les trois enfants et moi passeront la nuit dans la maison principale alors que Laurent et Véronique occuperont l’autre maison, qui constitue leurs quartiers d’été. Je termine la journée avec une belle conversation avec Liam, plus discret en grand groupe mais qui s’ouvre dans ce contexte plus personnel.
Oui, il y avait une route un peu passante à proximité, mais la nuit a été bien paisible. Je me lève un peu moins tôt qu’hier – il faisait pas mal noir – et je suis en route à 7 h. Il fait et fera beau toute la journée, et la relative fraîcheur du matin laissera rapidement la place à la chaleur.
Je reprends la voie cyclable d’hier pour encore quelques kilomètres pour aboutir à la petite ville de Bagnoles de l’Orne – cette créativité toponymique est toujours réjouissante – où je déjeune.
Je roule pour un bout de temps sur des routes bien calmes, passant à proximité de Rennes-les-Grenouilles ( ! ) et traversant Lassay-les-Chateaux, site de tournage du film « La famille Bélier ». Bon, il y a des montées et des descentes, mais ça va bien et c’est bien joli.
Je reprends une voie cyclable sur une ancienne voie ferrée – Laval / Ambrières-les-Vallées – que je quitte temporairement à Mayenne pour mettre à jour le garde-manger. Je la reprends presque jusqu’à Laval, une belle ville sise autour de la rivière Mayenne.
Il y a un bureau de poste. J’y entre avec le vélo, à l’étonnement de la préposée, et je poste le formulaire pour faire désactiver ma ligne téléphonique, une opération qui demande une bonne demi-heure. Après la traversée de la ville, je retrouve la voie cyclable jusqu’à Cossé-le-Vivien, puis les petites routes jusqu’à Niafles. Je passe tout droit, mais Camille arrive en voiture au même moment. J’arrive à 18 h 50, enfin, après une longue journée bien chaude.
Je salue en vitesse mes amis et me dirige rapidement vers la douche, une nécessité avant de me retrouver en société. Ce soir, il y a du monde : Laurent et Véronique, bien sûr, maintenant installés ici à l’année, mais aussi Camille et Pierre avec Liam, 14 ans, Erin, 12 ans, et Lena, 10 ans, qui ont tous bien grandi en cinq ans, ainsi que des amis : Étienne, professeur chercheur en histoire, et Catherine, médecin spécialisée en dépendances, avec Cécile, 29 ans, économiste à la Banque de France, et Jean-Gabriel, 22 ans et qui étais aussi présent en 2018. Tous sont bien agréables, et j’ai la chance d’avoir de bons échanges avec tous à un moment ou un autre.
Sur le terrain, il y a deux maisons, la principale ayant été bien rénovée récemment, des jardins avec des arbres fruitiers, quelques dépendances, un abri pour les voitures – électriques – et une grande piscine.
C’est quand même la grande table sous les arbres qui nous rassemble pour un excellent repas, puis, plus tard, le salon pour la prière du soir en famille. Ensuite, nousa nous dirigeons tranquillement vers une nuit paisible.
km jour : 117,8 km total : 2844 départ / arrivée : 7 h 00 / 18 h 50 temps déplacement : 7 : 39 vitesse moyenne : 15,4 vitesse maximale : 50
À part quelques bruits de mes voisins, les animaux, nuit très calme. Je me lève tôt, avec le projet de faire une autre bonne journée de vélo, alors je suis sur la route vers 6 h 45. J’allume ma lumière arrière, puis qu’il fait encore un peu sombre, mais il y a peu de circulation.
Ce matin, le ciel est gris et se dégage en bonne partie en milieu d’avant-midi. Le reste de la journée, il y aura quelques bandes de nuages, et ce sera plus de 25° en après-midi.
En ce qui concerne le trajet, l’algorithme me propose surtout de petites routes départementales ou communales bien tranquilles. En gros, je roule sur des plateaux, avec de temps en temps de bonnes descentes dans des vallées, suivies bien sûr par des montées équivalentes. Comme le vent est pas mal de dos, j’avance bien.
Au midi, un très joli et précaire chemin me mène à la vallée de Camembert – eh oui, c’est d’abord un village – où je mange du Compté, puisque c’est ce que j’ai. Faut dire que le Camembert ne devrait pas très bien voyager dans des sacoches de vélo chauffées au soleil…
En après-midi, ce sont surtout des vallons : ça monte, ça descend, ça vire, il n’y a plus de plateaux comme ce matin.
En milieu d’après-midi, je n’ai toujours croisé aucune épicerie, sauf une à 7 h ce matin. Je fais donc un détour par Argentan, une ville plus importante, afin de compléter mon garde-manger.
J’avais quand même pu profiter de fruits frais au long du parcours : même gardées par leurs redoutables épines et des bataillons d’orties, les mûres font d’excellentes et abondantes collations.
En revenant vers mon itinéraire initial, je traverse le joli village de Goulet avec une pensée pour mes cousins et cousines qui portent ce patronyme. Sylvie, une cycliste de vitesse, me rattrape, et nous échangeons pendant quelques kilomètres.
Plus loin, l’église de Écouché-les-Vallées attire l’œil. Un homme qui vient de la visiter a encore des étoiles dans les yeux et m’aide à y entrer mon vélo afin que j’ai le temps de bien la visiter. Il avait bien raison.
Après une succession de petites routes, j’en choisis une plus grosse, plus fréquentée mais bien plus rapide. Quand je croise l’itinéraire proposé, je constate qu’il s’agit ici d’une ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable : la Vélo Bocage. Je la rejoins dès que possible et c’est très bien. Avec la fine poussière de roche et une légère pente descendante, ça roule !
En sortant de La Ferté-Macé, il y a un joli terrain gazonné et facile d’accès derrière un bâtiment industriel : ce sera mon camping, mais seulement après avoir mangé sur un banc de la piste et écrit. Je monte ma tente à la brunante, et je partirai tôt, bien sûr. Il est possible que j’arrive dès demain chez mes amis, mais à vélo rien n’est jamais sûr. Une bonne nuit devrait bien préparer une bonne journée.
km jour : 128,8 km total : 2726 départ / arrivée : 6 h 45 / 19 : 35 temps déplacement : 8 : 25 vitesse moyenne : 15,3 vitesse maximale : 47
C’est tellement calme ici ! Ce matin, je ramasse tout, je prépare mon vélo et je déjeune tranquillement avec Henri. En milieu d’avant-midi, nous partons vers l’abbaye de Valmont pour la messe, car c’est la fête de l’Assomption.
Partiellement détruite, l’abbaye a été restaurée, mais en gardant les stigmates des bombardement de 1944. Ce matin, l’église est pleine, il y même des gens debout à l’arrière. Il y a deux jeunes musiciens, à l’orgue et à la flûte, et une chanteuse, ils sont bon, c‘est donc agréable, surtout que l’assemblée est très impliquée aussi. Heureusement, car la célébration dure près de deux heures…
De retour au manoir, il est grand temps de prendre la route, car j’aurai un bon 300 kilomètres à parcourir dans les prochains jours. Mais auparavant, il faut se dire au-revoir, ce qui est toujours un moment plus difficile.
Le ciel est gris en début de trajet, mais ça roule vraiment bien. La route tranquille, légèrement vallonnée, traverse une série de petits villages fort jolis. Toutefois, l’algorithme est facétieux aujourd’hui : il me conduit en plein champ, avec un simple trace envahie par un foin assez haut pour me faire tomber si une sacoche s’y accroche. Je reviens sur mes pas pour prendre une route plus normale qui descend rapidement vers la Seine. Très bien.
Je rejoins le pont de Brotonne par une bonne montée un peu chaude, puisque le soleil a repris du service. Comme de gros navires doivent passer dessous, le pont est haut et offre donc de jolis points de vue. En plus, une voie est réservée aux vélos et aux tracteurs et j’y suis seul, c’est donc vraiment confortable.
De l’autre côté, je me retrouve assez rapidement en forêt pour un bon bout de temps. Contre l’avis de l’algorithme, je reste sur des routes asphaltées, l’une très tranquille, l’autre un peu moins.
En entrant dans l’Eure, l’algorithme m’envoie sur de petites routes bien bucoliques, très agréables. Une section descend dans une jolie vallée, avec des murs d’arbres des deux côtés. Évidemment, ça se paie : il faut ensuite remonter sur le plateau…
De petites routes en petites routes, je rejoins une départementale un peu plus importante alors qu’il est temps de chercher le camping pour ce soir. Je m’installe dans un petit boisé dans lequel il y a de la coupe d’arbres en cours. Ce n’est pas très joli, mais c’est tout ce qu’il me faut pour passer une bonne nuit. Il ne me reste qu’à manger, monter la tente, écrire et dormir. Facile.
km jour : 84,9 km total : 2597 départ / arrivée : 13 h 30 / 19 h 45 temps déplacement : 5 : 07 vitesse moyenne : 16,6 vitesse maximale : 50
Ce matin, Henri et moi sommes les premiers debout, mais pas parce que c’était tôt : c’est que les autres ont dormi encore plus tard, sauf Sébastien qui est déjà au travail.
Après le petit déjeuner en agréable compagnie, Henri et moi partons à vélo pour aller acheter du pain à un village voisin. Nous profitons de quelques détours pour explorer les environs. L’exploration est un succès, mais il n’y a plus de bon pain, alors nous revenons avec de petits pains grillés et séchés. C’est – un peu – mieux que rien.
En après-midi, toujours à deux, nous partons pour visiter Yport et Étretat, en commençant par la première. Nous stationnons un peu à l’extérieur, car ces petites villes côtières sont envahies de voitures. Bon plan.
La marée est basse, alors nous en profitons pour marcher sur les platiers. Soluble dans l’eau de mer, le calcaire est sculpté comme une fine dentelle de pierre. De toute beauté ! Vers le large, des vagues qui brisent ; à la côte, les célèbres falaises de Normandie, majestueuses. En revenant au village, nous constatons qu’il se prépare pour une soirée festive avec chansonnier et feux d’artifice. Le temps est court : nous n’y serons pas.
Nous prenons ensuite le Chemin des douaniers, un sentier bien connu qui suit la côte sur des centaines de kilomètres. Nous n’en ferons pas tant, mais après une solide grimpette nous longeons le sommet des falaises et profitons de vues hors du commun. Belle balade !
Le temps a passé si vite que nous devons abandonner l’étape « Étretat ». Nous passons plutôt par Fécamp dans le vain espoir de trouver du bon pain. Ici aussi, tout est parti. Nous rentrons au manoir pour le repas et la soirée, calme et bien agréable entre amis. Demain, déjà, ce sera le temps de repartir… pour revenir, dès que possible.
km jour : 7,5 km total : 2512 départ / arrivée : n/a temps déplacement : 0 : 27 vitesse moyenne : 16,7 vitesse maximale : 38
Comme souvent, je me lève avant que mon réveil sonne. Je suis donc fin prêt peu après 7 h. Ségolène et Tom m’accompagnent à l’entrée de l’immeuble avec mes bagages, puis c’est déjà le temps de se dire au-revoir, sans savoir ni où ni quand ce sera, mais en ayant la certitude que ce sera.
Tôt en ce dimanche matin, la température est confortable et la ville paisible. Je suis à la gare en environ une demi-heure et je débute la mise en sac de mon matériel en attendant l’annonce du train.
Lui et moi sommes ponctuels, mais comme il arrête brièvement en gare, je dois mettre mon vélo dans son sac après être entré dans le train. Tout se passe bien, mais que c’est compliqué ! Mon matériel est adapté à la route, pas au train…
Je suis assis avec une jeune femme qui dort pendant l’essentiel du trajet, et comme d’habitude dans le TGV chacun reste dans sa bulle.
Comme prévu, le train arrive à la Gare de Lyon à 11 h. Le temps de décharger tout le matériel et de remettre le vélo en état de rouler, il est 11 h 30, il faut encore sortir de la gare et prendre la route. Heureusement, j’avais prévu assez de temps pour ne pas risquer de manquer la correspondance.
C’est donc sans souci ni difficulté que je longe la Seine, côtoyant les estivants de Paris-plage qui se prélassent sur des chaises longues et une température confortable, un peu plus de 20°. Après 45 minutes, le 2500e kilomètre, un tunnel, un salut à l’Obélisque et coup d’œil au Louvre, j’arrive à la Gare Saint-Lazare, là même où je retrouvais Étienne et Bénédicte au début du voyage. J’ai le temps de manger avant que le train soit annoncé.
Nous sommes très nombreux : jusqu’à Rouen, le train est complet. Y entrer est assez rocambolesque : il n’y a pas de place pour les vélos ! Il faut donc le mettre en sac à nouveau, une corvée dont je me serais bien passé. De plus, une famille de quatre, avec vélos et sacoches, doit aussi placer tout ça… Heureusement, les passagers sont coopératifs.
Il ne reste donc plus qu’à arriver tranquillement à Yvetôt. Le trajet retrouve une fonction inespérée : le réseau est suffisant pour mettre en ligne la journée d’hier, quand même spectaculaire.
À Rouen, la gare suivante, beaucoup de passagers descendent, dont la famille cycliste – Guillaume et Amélie sont avec leur grand Thibaut et leur petit Clément. Cette année, ils font un petit voyage de trois semaines, mais l’an dernier ils avaient pédalé de Bucarest jusqu’en Allemagne. À l’arrivée, je donne un coup de main pour le déchargement, qui doit être très rapide. Succès.
Il reste peu de temps avant l’arrivée à Yvetôt, mais c’est assez pour que je puisse remonter mon vélo et ainsi transporter facilement mes bagages. Henri est sur le quai de la gare. Belles retrouvailles après toutes ces années.
Nous entrons facilement mon vélo et mon matériel dans sa voiture et parcourons les 15 kilomètres qui nous mènent au manoir. Ce bâtiment ancien est toujours aussi beau, je le retrouve avec plaisir – voyez les photos de 2018 -, mais ce sont ceux qui l’habitent qui en font l’âme. En plus de Henri, il y a Gwénola, deux de leurs enfants – Sébastien, 28 ans, et Louis, 19 ans, qui sont à la mer pour le moment – et Michel, le patriarche. Les années se sont accumulées, il aura bientôt 95 ans, il est de moins en moins autonome et se mêle peu aux conversations. Il habite toujours seul ce grand manoir, mais a besoin d’aide au quotidien et pour l’ensemble de sa vie. Heureusement, il est bien entouré et reste très gentil avec tous. Ce sont quand même des responsabilités importantes pour mes amis, qui s’en acquittent avec cœur.
Autre défi qu’ils ont du affronter en famille l’an dernier : la maladie, puis le décès de leur fils Jérôme, 22 ans. Ils l’ont entouré de leur mieux, puis sont restés unis dans le deuil. Il est enterré au cimetière du village avec sa grand mère. C’est quand même une expérience que personne ne devrait avoir à vivre.
Nous préparons un pique-nique et prenons la route tous les quatre pour Les Petites Dalles, là ou la famille a ses habitudes et une cabine de plage permanente. Nous y retrouvons les garçons, la plage de galet et les vagues pour une baignade en eau fraîche et bien confortable, plus nous y passons un bout de soirée pour ne rentrer qu’à la brunante.
Nous jasons quand même un bon bout de temps. C’est bienvenu après toutes ces années.
km jour : 11,7 km total : 2505 départ / arrivée : n/a temps déplacement : 1 : 07 vitesse moyenne : 10,5 vitesse maximale : 32 Trains : 95 €