Une autre nuit calme, marquée par une lune puissante dans un ciel sans nuage. Le froid reste bien présent. C’est rare que je reste couché si longtemps. Au matin, je me prépare tranquillement et je rentre directement à l’accueil, un trajet facile et court.
Ma voiture est là, avec sa batterie chargée à 100%. Le ciel s’est ennuagé, ça reste assez froid, mais surtout très venteux. Je prends la route du retour.
J’arrête à nouveau deux fois pour recharger, car avec le froid et le vent de face l’autonomie est limitée. À la deuxième recharge, deux autres électromobilistes sont là et la conversation est intéressante: l’un d’eux travaille pour une entreprise qui prépare les bornes de recharge bidirectionnelles, une solution d’avenir. Dès le milieu de l’après-midi, je suis chez moi, très heureux d’un trop bref séjour en nature, mais prêt à repartir.
La nuit a été bien calme, mais quand même occupée puisque je me levais régulièrement pour remettre du bois dans le poêle. Pour ne pas prendre de chance, j’avais mis une alarme aux deux heures. J’ai quand même très bien dormi.
Ce matin, tout est blanc puisque le ciel a ajouté une dizaine de centimètres de neige fraîche sur un paysage qui n’en manquait pas. En revanche, plusieurs visiteurs se pointent relativement tôt: deux employés du parc venus en motoneige, lui pour faire le ménage, elle pour vérifier l’état des sentiers après les grands vents d’hier; aussi, Guillaume, un homme en recherche de lui même avec qui j’échange un bon moment; enfin, des mésangeais du Canada en recherche de bouffe facile.
Il ne neige plus vraiment, mais le ciel reste gris. Dans un premier temps, je descends l’abrupt sentier vers le refuge de la Petite-Ourse pour y déposer mon gros sac, croisant plusieurs randonneurs. Une sympathique famille avec deux jeunes enfants est toujours au refuge. Je repars rapidement, bien décidé à profiter de la journée.
Le premier objectif est le mont Notre-Dame, tout près d’ici. Le sentier est tracé, mais personne n’y est encore passé aujourd’hui. J’ouvre donc dans une belle poudreuse fraîche. En approchant du sommet, le vent a fait son œuvre et effacé la trace, mais j’atteins le sommet sans difficulté. C’est de toute beauté.
C’est là que je croise Jérôme. Nos redescendons de concert en devisant comme de vieux amis, puis je repars directement vers le mont Mégantic.
Ici, il y a du monde, joyeux et en forme. Si le ciel est toujours gris, les paysages et la forêt sont magnifiques et s’améliorent en gagnant en altitude. En arrivant au sommet, près de l’observatoire, tout est bouché et un vent mordant fait que personne ne s’y attarde. mais c’est bien beau.
Question de prolonger le plaisir, je redescends vers le col des Trois-Sommets en compagnie de deux jeunes femmes travaillant auprès d’élèves autistes. Elles remontent ensuite vers le coquet refuge du mont Saint-Joseph alors que je rentre tranquillement vers la Petite-Ourse. En chemin, des enfants s’amusent près d’un refuge: quelle belle relâche pour eux!
À mon nouveau refuge, pas besoin de faire fondre la neige: le ruisseau qui coule en contrebas fournit sans effort une eau savoureuse, et mon nouveau filtre fonctionne par gravité. La soirée est calme et courte, je m’installe pour une excellente nuit, en programmant une alarme aux trois heures, ce qui est suffisant pour garder la flamme allumée.
La route est facile, même s’il fait autour de -15°. Deux recharges en chemin, je branche ma voiture sur une prise de 110 volts en arrivant à l’accueil et je pars sur le sentier vers 14h30. Il fait un temps magnifique, grand soleil, ciel bleu et puissant vent glacial. Il y a du monde, le parc est fréquenté de randonneurs nombreux et de très bonne humeur.
J’aurais pu me rendre directement au refuge, une montée souvent abrupte de 2,3 km. Mais je prends plutôt le sentier principal vers le refuge du Col des Trois-Sommets (910 m). La montée de 3,8 km est plus douce, en forêt le long d’un joli ruisseau glacé, mais permet surtout de prolonger le plaisir.
Tout de suite après le refuge, je croise un trio de randonneurs, un autre groupe sympathique. Ils se sont connus lors d’études en philosophie, et parmi eux Akli est enseignant avec ma collègue Suzie. Le monde est petit.
Ce n’est que le préambule: je me rends au mont du Crépuscule (1060 m), et je suis ensuite en forêt boréale sur une crête magnifique vers le mont Saint-Joseph (1050 m). À l’est, le lac Mégantic environné de collines; à l’ouest, le mont Mégantic; tout autour, une forêt toute blanche, féerique. Wow!
J’arrive au refuge après 7,5 km, il est 17h15. C’est très bien, avec une vue magnifique. Un seul défi: il n’y a pas de chaudron pour fondre la neige – les randonneurs les utilisaient comme poubelles… Je dois m’arranger avec les moyens du bord, soit mes deux minuscules chaudrons. C’est long.
L’autre événement marquant est le lever d’une lune orangée alors que le ciel est constellé d’étoiles. Tout est calme et magnifique, avant que le ciel se couvre en préparation de la neige de la nuit.
Ce n’était pas le plan initial, mais pandémie oblige je pars seul, que pour trois jours et deux nuits. Me retrouver en nature avec mon sac de randonnée reste un vrai bonheur, rare en cette année bousculée.