Après la pluie…

> Birchy Lake – 65 km
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Mercredi. Il a plu toute la nuit, et ma tente est parfaitement sèche. C’est carrément génial ! Au réveil, j’écris le journal, mais je n’ai aucune envie de sortir : la pluie reste intermittente, et de voraces moustiques m’attendent. Je profite de l’occasion pour enfin entamer la lecture de la thèse de maîtrise de mon ami Roger. De toute façon, j’envisage une journée légère : ce n’est pas un temps pour pédaler, et j’ai quelques tâches en vue.

J’ai besoin d’un alignement de ma roue avant. J’ai vérifié hier avec Gaétan : il y a une boutique de vélo à Corner Brook, 60 km à l’ouest. Il pleut et mon trajet va vers l’est. Plan « A » : louer une voiture. Impossible : rien n’est disponible aujourd’hui. Plan « B » : l’autobus. Ne marche pas non plus. Plan « C » : pédaler. Mauvaise idée avec la pluie, la distance et l’heure déjà tardive. Plan « D » : le pouce. Avec vélo, sous la pluie ? Plan « E » : essayer de réaliser un alignement moi-même.

J’ai l’outil. Je place le vélo à l’envers entre deux tables, sous mon providentiel abri et j’improvise un gabarit à partir de mon trépied de caméra fixé au porte-bagages. Ça prend du temps et de la minutie, mais le résultat semble plutôt bon. Je verrai sur la route, plus tard.

Un homme vient sous l’abri voir si j’ai besoin d’aide. Tout est fini, mais j’avais besoin d’une rondelle pour bien fixer mon appareil photo. Gérard, un francophone acadien, se fait un plaisir de fouiller dans son bric-à-brac pour dénicher en plein ce qu’il me faut. Il collectionne les anciennes motos anglaises, de belles machines.

Il pleut régulièrement, je m’installe à la buanderie pour recharger les batteries, écrire et lire en musique.

Quand je sors pour le dîner, la pluie a cessé. Décision rapide : je pars. Mon dîner est minimal, comme ma réserve de nourriture, mais suffisant. Je range tout et je remonte en selle : je préfère le pédalier au clavier.

À Deer Lake, il y a une épicerie digne de ce nom, ma première depuis mon arrivée à Terre-Neuve. Je fais le plein, car la prochaine risque d’être loin. J’achète également une nouvelle bonbonne pour le réchaud, car je ne veux pas tomber en panne.

Mon vélo est bien lourd quand je prends la T.C.H. – Trans Canada Highway, l’autoroute qui devient bientôt grande route normale. Il n’y a aucune autre option. Au début, il y a des bandes rugueuses sur l’accotement, ce qui le rend difficile à utiliser, mais elles n’y sont que pour quelques kilomètres. Je suis heureux de retrouver un accotement digne de ce nom.

Le ciel reste bien gris, mais il ne tombe plus rien de significatif. Surtout, j’ai un bon vent de dos qui me fait avancer rapidement. En revanche, la route est absolument sans intérêt : des arbres sans fin, peu de relief, pas de point de vue, rien à voir en fait. St. John’s est à 625 km, de quoi penser à l’autobus. J’ai le temps, le prochain hameau est à plus de 100 km.

Après 50 km, il y a une station service et une intersection vers Hampden. La route change de direction et j’ai maintenant le vent de face. Il est temps de penser à arrêter, mais il n’y a rien, même pas de chemin forestier. Quand j’en croise enfin un, il mène à un chantier. Pas bon. À l’intersection, une camionnette est arrêtée, un des pneus de sa roulotte s’étant désintégré. Je peux leur préciser les distances jusqu’à la station service et Deer Lake.

Quelques centaines de mètres plus loin, un pont, un estuaire, quelques roulottes et un emplacement utilisable. Je vois enfin le lac, mais je ne peux camper près de l’eau : je suis plutôt sur l’ancienne route, environné de trop de déchets. Tant pis, c’est ici que je dormirai.

S’il n’y a pas d’humains en vue, les moustiques sont nombreux. C’est un cas de pantalons, polar, casquette, filet et bas de néoprène. Je m’organise rapidement : arrivé à 19 h, j’entre pour de bon dans la tente 45 minutes plus tard. J’ai le temps de terminer le journal avant que la nuit ne tombe complètement. À 21 h 15, dodo !


km jour : 65,9
km total : 1855
départ / arrivée : 14 h 15 / 19 h 00
temps déplacement : 3 : 16
vitesse moyenne : 20,2
vitesse maximale : 40,9

Les montagnes vers Deer Lake

> Deer Lake – 85 km
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Introduction au message collectif

« J’achève la visite du Parc Gros Morne, superbe et que j’aurais aimé pouvoir mieux explorer. Je n’ai pas l’équipement requis. Je pars pour Deer Lake, puis St. John’s, malgré une météo parfois humide. Je viens quand même de mettre en ligne les photos des derniers jours. Bon voyage virtuel ! »

Mardi. Il a peu mouillé cette nuit, et ce matin le double toit est simplement humide. La réparation du pneu a tenu : c’est parfait. Levé vers 6 h 30, je démonte mon campement, prends une douche – hier soir, à la frontale, ce ne me semblait pas être une bonne idée – et je suis sur la route à 8 h 45 sous un ciel menaçant.

Je passe avec précautions les deux kilomètres de gravier, puis j’attaque les montées. C’est à pieds que ça se passe… En revanche, le soleil réussit à allumer quelques couleurs dans la vallée et la pluie ne menace plus, même si le temps semble à l’orage. Après une autre montée à pieds, je redescends à toute vitesse vers le Centre de découvertes du Parc.

Je m’installe à l’ordinateur pour préparer l’envoi des photos, un bon travail avec une connexion Internet précaire. Des amis du bateau de la basse Côte-Nord viennent me saluer. Eux aussi sont très heureux de leur voyage. Il est finalement plus de 13 h quand je repars. Le ciel laisse passer pas mal de soleil.

Sur cette route au sud de la baie, les hameaux se succèdent, ainsi qu’une série de petites montées et descentes. C’est beau.

Vers la fin de la baie, la route tout juste reconstruite traverse un estuaire. Puis je vois ce qui m’attends : une longue montée. C’est près des limites de pentes que je peux grimper, alors j’y vais par intervalles : deux minutes de vélo, deux minutes de pause pour reprendre mon souffle. C’est un bon col, j’en ai pour un peu plus d’une heure. Arnaud a dû trouver sa journée d’hier assez difficile…

Jusqu’à la sortie du Parc, ça monte et descend. Ensuite, je longe un joli lac et rejoins l’intersection de la 430. Le ciel est de nouveau plutôt couvert. Vers Deer Lake, il y a une circulation moyenne, mais à surveiller – une voiture faisant un dépassement en sens inverse me fait prendre très rapidement le gravier. À part quelques lacs, la route est essentiellement en forêt.

En approchant de Deer Lake, j’achète de délicieuses fraises bio – enfin des fruits ! – et j’arrive à un camping sur les berges de la rivière Humber. J’ai un petit doute car il s’affiche comme un parc pour VR.

Il y a deux sites pour tentes, libres. L’un est très intéressant car il est sous un petit chapiteau, bien assez grand pour ma tente et tout mon campement. C’est plus que parfait pour la pluie qui arrivera bientôt.

Tout se passe bien. C’est tranquille malgré la proximité de la route et de l’aéroport. Je rencontre un homme en VR. Bukhard, que ses amis appellent Burki, est allemand. Il m’a vu à plusieurs reprises ces derniers jours, puisque nous étions aux mêmes campings et sur les mêmes routes. Aujourd’hui, il a visité Green Gardens, que j’aurais bien aimé voir aussi…

De ma tente, je n’ai pas Internet, mais j’appelle Gaétan et Monique, à qui je n’avais pas parlé depuis quelques jours déjà. Je m’installe pour dormir, alors que la pluie commence à crépiter sur le chapiteau, épargnant totalement ma tente. Yé !


km jour : 84,4
km total : 1789
départ / arrivée : 8 h 45 / 18 h 05
temps déplacement : 5 : 20
vitesse moyenne : 15,8
vitesse maximale : 50,7
camping : 23 $

Tablelands et Trout River

> Trout River – 50 km
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Lundi. La nuit n’a pas été froide, mais ce matin le ciel est gris. Selon la météo, le début de la semaine risque d’être assez humide.

Pour le moment, ça va. Arnaud se prépare rapidement, car il souhaite prendre un petit traversier entre Norris Point et Woody Point à 9 h. Le suivant sera à 12 h 30, et il doit arriver ce soir à Deer Lake pour prendre un avion à la fin de la nuit. Gros programme.

Pour moi, pas d’urgence. Je pars à 8 h 10 sans me presser, car je prendrai le deuxième traversier. J’arrête plusieurs fois en chemin pour de petites balades et des points de vue. À Rocky Harbour, je tente de renflouer mes réserves de nourriture. Après la tournée des « épiceries », je dois accepter de me passer de fruits frais, la chose étant indisponible ici.

D’ici jusqu’au traversier, je monte beaucoup avant de descendre abruptement, admirant au passage le Mont Gros Morne que je ne pourrai gravir cette fois-ci. J’arrive au quai pour 11 h et je peux recharger les batteries tout en écrivant jusqu’à 12 h 20. Sur le petit bateau, qui n’accepte que les piétons et les cyclistes, un jeune homme porte un chandail avec un texte en français : Hugo, étudiant à Québec, travaille pour le Parc et c’est à lui que j’avais parlé hier. Petit monde.

La traversée dure à peine 20 minutes. De l’autre côté de Bonne Bay, le petit village est dominé par les Tablelands, de spectaculaires montagnes orange sans végétation. Mais il faut s’y rendre : ça monte ! Je prends une pause photo, des gens s’arrêtent, intrigués par le cycliste, et me disent en avoir croisé un autre juste avant. Et Arnaud arrive.

Ce matin, il avait raté son bateau de quelques minutes,  mais avait pu embarquer avec une croisière qui l’avait déposé après deux belles heures à Woody Point. Il avait tenté d’aller vers Trout River mais avait renoncé. Fatigué, il doit partir vers Deer Lake. Malgré tout, c’est une autre très agréable rencontre. Nous nous reverrons sûrement à Montréal.

J’arrête un moment au Centre de découvertes du Parc. Je vérifie ce qui est raisonnable comme projets dans les conditions. Aujourd’hui, j’irai marcher dans les Tablelands puis me rendrai au camping de Trout River. Ce sera assez, surtout que la pluie viendra en soirée.

Quelques montées costaudes – dont une ou je hale le vélo – et une bonne descente, ponctuées de pauses photo pour paysages superbes, et j’arrive au stationnement. Il y a du monde, mais c’est calme. Je rencontre Martin, un motocycliste ayant apporté sa monture d’Allemagne pour une année d’errance nord-américaine. Ingénieur, il a abandonné son emploi pour partir à l’aventure.

Je pars, laissant mon vélo à la garde de l’honnêteté des gens. C’est magnifique et étonnant : d’un côté de la vallée, des roches grises et une végétation foisonnante ; de l’autre, des roches oranges à l’intérieur vert et texturé, et pratiquement aucune plante puisque la serpentine, venue du manteau terrestre, est toxique pour elles.

Je remonte le ruisseau Wallace jusqu’à de très jolies cascades, en plein désert. Époustouflant ! Il reste que quelques gouttes venues du ciel donnent un avant-goût du programme…

Au retour, mon vélo est intact. Une famille de québécois, avec quatre ados, se prépare à aller marcher sur le sentier. Je leur suggère de prendre le même chemin que moi, car le sentier risque d’être assez ennuyeux pour des jeunes, même s’ils ont gravi Gros Morne hier. Nous prenons une photo de famille avec les Lopez-Proulx : Oscar et Rosalie, les parents, ainsi que Leïla, Emilio, Camilla et Maëlie. Belle gang.

Je repars dans la vallée entre les deux univers, orange et vert. Trop beau. Ce n’est pas dur jusqu’à l’arrivée au village et au lac : quelques montées, une grosse descente, un chemin plus étroit.

Ensuite, imprévu, la route en gravier monte abruptement. Je dois y aller à pieds. Compensation non négligeable : un paysage sublime, digne des lacs de montagne en Europe.

Je recommence à rouler entre les trous, jusqu’à ce que j’en prenne un de front. J’entends un petit bruit désagréable : celui de l’air qui fuit de mon pneu avant. Fini les photos : je roule le plus vite possible avant que celui-ci se retrouve à plat. Je marche les derniers 300 m menant au camping, ayant à ajouter une réparation au programme de la soirée.

Je m’installe sur mon site, heureusement sec, je soupe et fais la vaisselle, puis je me dirige vers l’abri communautaire pour réparer mon pneu. Quelques personnes sont bien intriguées par mon voyage. Un homme revient avec une bonne pompe à vélo. Dennis, cycliste venu de Floride, a tout son matériel et ses vélos sur son VR. Grand merci : c’est impossible de bien gonfler les pneus avec une pompe d’urgence.

La cause de la crevaison est rapidement trouvée et réparée : un éclat de verre a traversé mon pneu et patiemment usé la chambre à air. Avec la pompe, c’est un jeu d’enfant de remettre mon pneu à sa pression normale.

Je m’installe ensuite à l’ordinateur pour terminer le journal. Je profite de la douce chaleur du feu dans l’abri, alors que la pluie tombe toujours tout doucement. À 22 h, comme indiqué, l’électricité est coupée, une étrange idée. Peut-être est-elle dépendante d’une génératrice. Je termine la soirée en choisissant les photos qui figureront sur Internet, un bon travail puisque j’avais quelques jours de retard. À 23 h 30, je ferme boutique alors que la pluie a cessé.


km jour : 50,1
km total : 1705
départ / arrivée : 8 h 10 / 17 h 40
temps déplacement : 3 : 27
vitesse moyenne : 14,4
vitesse maximale : 59,9
camping : 25 $

Western Brook Pond

> Green Point – 50 km
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Dimanche. Comme prévu, la nuit a été glaciale. J’avais envisagé de prendre une douche avant de me coucher, mais je me félicite d’avoir attendu à ce matin.

Je mets ma tente humide à sécher au soleil. À 9 h pile, mon voisin sort de sa roulotte pour démarrer sa génératrice – pour le café ou les rôties ? – en s’assurant que l’échappement n’aille pas vers lui. Évidemment, je « profite » du bruit et de l’odeur… Je m’enfuis au plus vite.

Je pensais régler les formalités pour un dodo à Western Brook Pond à l’accueil du camping, mais celui-ci est fermé. À Cow Head, l’épicerie est fermée aussi puisque c’est dimanche. Je réalise que je n’ai plus le journal du parc, donc de numéro de téléphone pour le Parc. Un homme me le donne, mais le cellulaire ne capte plus de signal.

Je poursuis ma route vers l’inconnu. En revenant dans le parc, un panneau indique « Broom Point » et la présence d’un animateur. Il me confirme le numéro de téléphone et il y a du signal. Un employé québécois me répond en français. Il n’est plus possible de dormir à Western Brook Pond à moins d’être engagé dans la traversée de l’arrière-pays en randonnée pédestre ; les campings sauvages me sont inaccessibles ; il reste la croisière, que je réserve pour 13 h 30.

J’ai du temps et je profite d’une longue visite privée avec Winston, l’animateur de Parcs Canada. C’est passionnant. Trois frères ont vécu ici six mois par an avec femmes et enfants de 1941 à 1976 et ont légué au parc le campement et tout l’équipement de pêche. J’ai droit aux détails et je peux ainsi mieux connaître le quotidien de ces gens à la vie rude.

À midi, je repars tranquillement vers Western Brook Pond en profitant des paysages ensoleillés. À partir du stationnement, bien rempli, je roule très tranquillement sur le sentier, puisqu’il y a beaucoup de piétons. C’est vraiment très beau : tantôt sur du gravier, tantôt sur des trottoirs de bois, nous passons boisés, étangs, tourbières et ruisseaux, avec devant nous le mur de montagnes entaillé par les glaciers.

Arrivé au pavillon d’accueil, je constate que l’accès aux splendeurs du fjord a un prix : 65 $. Ouf ! J’embarque sur le bateau et m’installe à l’avant, dégustant mon pique-nique au moment où nous appareillons.

Je passe la croisière en compagnie d’une famille du Saguenay : Luc et Nathalie, avec leurs ados Alexis et Catherine. Très sympathiques. D’ailleurs, nous avons des amis communs là-bas.

Nous entrons dans des splendeurs difficiles à décrire, slalomant entre les murs de pierre, les éboulis, les cascades découpés par soleil et ombres. C’est le temps de se remplir les yeux. Au bout du lac, une cascade plonge en éclaboussures à partir du haut d’une paroi verticale. Que c’est beau ! Nous avions vu ces panoramas en 1991, mais sous la pluie.

Au retour, nous faisons face à un vent froid venu de la mer. C’est plutôt rafraîchissant, mais toujours magnifique. De retour sur le sentier, je tente une petite boucle supplémentaire. C’est très beau, mais trop étroit : mes bagages ne passent pas, je reviens sur mes pas.

Peu après, je croise un autre cycliste bien chargé. Français d’origine, Arnaud habite Montréal et achève un séjour dans la région. Nous convenons de prendre un camping ensemble ce soir, à Green Point.

Je poursuis tranquillement ma route, superbe même si le ciel s’est partiellement voilé. Il y a du monde au camping, mais un très beau site est disponible. Je m’y installe tranquillement, bientôt rejoint par Arnaud.

Nous partons dès que possible – Arnaud devait laver quelques vêtements – vers une pointe voisine en marchant sur la plage de galets. C’est à nouveau magnifique. À destination, nous découvrons un important site fossilifère, et des vues imprenables sur le couchant.

Nous revenons au camping par la route et complétons le montage du campement. Je fais de petites réparations sur le vélo d’Arnaud puis nous choisissons l’abri communautaire pour manger en très agréable compagnie.

Un courriel d’Éric m’avise d’une panne de moteur du Bella Desgagnés. Espérons que ça ne sera pas trop long et compliqué à régler : leur travail est déjà assez exigeant.

Nous jasons un bout de temps, puis allons nous coucher dans nos tentes respectives. La nuit semble ne pas devoir être trop froide. Tant mieux : les vêtements d’Arnaud ne sont pas secs…


km jour : 49,5
km total : 1655
départ / arrivée : 9 h 15 / 18 h 00
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 16,2
vitesse maximale : 39,5
camping : 16 $

Entre mer et montagne, très vite

> Shallow Bay – 145 km
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Samedi. La nuit a été très calme, mais très humide. L’eau de la condensation a carrément dégoutté dans la tente, mouillant légèrement le matelas et le sac de couchage. Le temps et le soleil feront leur œuvre…

Levé à 7 h 30, soit 6 h à l’heure du Québec, je mets à jour le journal, laissant sécher ma tente au soleil. Il est près de 10 h quand je prends la route.

Au début, je roule sur le bord de la mer. C’est de toute beauté : après l’eau, il y a le gravier, la lande, les arbres tordus par le vent implacable, puis la forêt. Là-dedans, une belle route tranquille serpente, donnant accès à toute cette beauté. Dans cette section, il y a de nombreux casiers à homards, soigneusement empilés ici et là.

Je reconnais souvent les lieux, puisque nous les avions traversés en 1991. Cette fois-ci, le temps est magnifique, mais froid : je roule toute la journée avec mon polar, et souvent avec mitaines et coupe-vent. D’ailleurs, il reste de belles plaques de neige sur les montagnes.

J’ai un fameux vent de dos qui me pousse à bonne vitesse, sauf quand j’arrête – ça arrive souvent – pour des photos. Ce vent tient toute la journée, ce qui me permet des performances exceptionnelles.

Après Eddies Cove West, la route entre à l’intérieur des terres. C’est toujours beau, vallonné mais pas difficile. Je dîne à Hawke’s Bay, dans un parc près de l’eau, puis je visite deux dépanneurs pour compléter mon garde-manger. Pas d’autre option ici.

À partir de River of Ponds, la route suit presque continuellement la mer. Les paysages sont tout simplement sublimes. Il n’y a pratiquement aucune construction, sauf parfois de petits chalets, donc le paysage est très nature. Les fleurs d’été sont omniprésentes, je traverse un jardin.

À Bellburns, j’arrête à la maison où en 1991 nous avions été accueillis après une journée de déluge. Je frappe à la porte, mais il n’y a pas de réponse. M. et Mme House n’y habitent probablement plus…

En chemin, il y a un petit parc provincial nommé The Arches. C’est joli : c’est un rocher percé, mais avec trois ouvertures. J’y rencontre une jeune famille de Calgary, en vacances ici.

Je poursuis ma route, espérant trouver un camping pour une bonne douche et recharger quelques batteries. Il n’y en a aucun. Je dois attendre d’arriver au Parc Gros Morne, bien au-delà de mon objectif de la journée.

J’arrive vers 19 h 45. Heureusement, il reste quelques sites… mais aussi des nuées de moustiques. J’enfile l’armure, je m’installe rapidement et me dirige vers la salle communautaire. Là, sans moustiques, je peux cuisiner, manger et envoyer un courriel collectif, puis rédiger le journal tout en chargeant les batteries. Le repas est un délice : je mange la moitié du crabe donné par Évelyne, gardant la suite pour demain. Au début, c’est bien calme, mais plus tard un groupe nombreux et très bruyant s’installe pour jouer. Je termine le journal en musique, question de rester concentré.

À 23 h 20, c’est terminé, incluant un premier tri de photos. La nuit s’annonce à nouveau très froide.


km jour : 147,0
km total : 1605
départ / arrivée : 9 h 45 / 19 h 45
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 20,6
vitesse maximale : 60,4
camping : 25 $

Terre-Neuve, sous le soleil

> Squid Cove – 55 km
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Vendredi. Ce matin, plusieurs passagers sont debout vers 5 h 30 pour voir le bateau quitter Saint-Augustin par un étroit chenal. La manœuvre et le site sont spectaculaires, et le soleil est de retour ! Évidemment, l’été local a ses caractéristiques – 6° et un bon vent – mais le moral des troupes remonte de quelques bons degrés.

M’étant couché pas mal tard, je retourne au dodo jusqu’à 8 h, puis descend déjeuner avec Michel, le guitariste d’hier, et sa femme Johanne. La commissaire vient me voir pour me remercier de ma participation à la soirée d’hier – plusieurs passagers font de même – et m’offre le dîner, puisque le bateau n’accostera qu’à midi. C’est très apprécié : la nourriture à bord est vraiment excellente… et mon éventuel repas du midi est dans le container avec les vélos.

Après le repas, je rejoins Michel et Johanne pour leur remettre le carnet de chants virtuel, et nous jasons un bout de temps avant que je retourne à ma cabine pour douche, ménage et ramassage : mon séjour sur le Bella Desgagnés tire à sa fin.

Au dîner, je suis toujours avec Michel et Johanne, et nous sommes servis par Éric, un peu fripé mais de très bonne humeur. Pendant le repas, le bateau accoste à Blanc-Sablon sous un soleil éclatant. C’est le temps des « au revoir » et du départ vers divers horizons.

Je retrouve mon vélo en parfait état, lui retrouve sa charge. Premier arrêt : le guichet du traversier vers Terre-Neuve, au coût étonnant de 6,60 $. Vraiment pas cher.

Je me dirige vers Blanc-Sablon et le Labrador, mais je rebrousse chemin avant de quitter le village : pas question de manquer le bateau. J’y entre et attache soigneusement mon vélo, alors que mes amis motocyclistes font de même avec leurs montures.

Le Apollo n’est définitivement pas le Bella Desgagnés. Ici, rien de luxueux : les coursives sont étroites et mal éclairées, franchement rustiques. Ce n’est pas grave, la traversée dure une heure et demie, que nous passons entièrement sur le pont, au grand soleil. C’est aussi le temps d’ajuster nos horloges : il y a un décalage horaire de 90 minutes entre les deux rives.

Quand nous accostons à St. Barbe, un autre bateau décharge sa cargaison, apparemment du sel en vrac.

Nous prenons tous la route. J’avais pensé arrêter à l’information touristique pour me changer et faire le plein d’eau, mais il n’y a rien.

Je me retrouve sur la route 430, dite « des Vikings », sous un soleil magnifique et poussé par le vent. Je traverse à toute vitesse des landes constellées de petits lacs, avec la mer à ma droite, brillante sous le soleil. Je reconnais les noms de lieux traversés il y déjà 24 ans. Ce n’est qu’à Plum Point, un village plus important, que je trouve une épicerie pour compléter mon approvisionnement et me changer.

Je roule ensuite sur un terrain vallonné, loin de la mer que je retrouve après Castors River. Un petit chemin part vers la droite : c’est un accès à la côte. J’y mange sur les galets, je plante ma tente et je m’installe pour la nuit sur un site splendide, illuminé par le soleil couchant. C’est parfait : il n’y a même pas de moustiques. Et comme le vent vient de l’est, je n’entends pas non plus les vagues. Ce n’est sûrement que partie remise.


km jour : 53,2
km total : 1458
départ / arrivée : 17 h 30 / 20 h 15
temps déplacement : 2 : 39
vitesse moyenne : 20,0
vitesse maximale : 44,8

Cabine 5108

–  sur le « Bella Desgagnés »
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Jeudi. J’ai bien dormi malgré les mouvements constants du bateau. Cette nuit, nous avons passé Kegaska et La Romaine sans que je ne m’en aperçoive.

Après la douche, je déjeune à la salle à manger. Malheureusement, je ne peux ni lire ni écrire pour plus de dix minutes à la fois : l’écriture du journal avance très lentement. Le reste du temps, je suis couché et j’écoute de la musique.

Le bateau est toujours bien en retard : il est près de 13 h quand nous accostons difficilement à Harrington Harbour : le vent est fou. Comme la pluie a cessé pour un moment, je prends l’air sur le pont 8 alors que le bateau se rapproche. L’arrivée est spectaculaire, car le bateau emprunte un chenal étroit entre deux caps de roc rouge. Tout un défi pour l’équipage !

Nous avions affronté des vents de près de 120 km/h. Cette escale n’a été possible que parce que le bateau s’est appuyé au quai avec ses propulseurs latéraux.

Beaucoup de passagers descendent, car le village insulaire, très joli, a servi de site de tournage pour le film « La grande séduction ». Il n’a pas vraiment changé depuis que j’y étais passé avec mes amis il y a déjà 24 ans. Avec ses petites maisons colorées accrochées au roc et ses trottoirs de bois, il reste magnifique malgré la grisaille et la pluie qui a repris. Les appareils photo ont du travail.

De retour sur le bateau, je réalise que j’ai manqué le dîner. Aimablement, la responsable m’offre de passer à la cafétéria. Pour ce midi, un sandwich fera très bien l’affaire. Je profite de la relative immobilité du bateau pour mettre à jour le journal. À 15 h, nous reprenons la mer… et je reprends le lit, en musique.

En fin d’après-midi, le bateau accoste à Tête-à-la-Baleine. Ici, il n’y a pas de village, mais un petit sentier à même la toundra qui mène à une crique voisine. Malgré la grisaille qui persiste, c’est de toute beauté ! J’y marche en compagnie de Lucie et Gérald, puis nous revenons pour souper.

C’est savoureux : une assiette de fruits de mer, un choix unanime. Tous se régalent. Comme le bateau est à quai, c’est confortable car il ne tangue pas. Et la conversation est passionnante.

À 21 h 30, nous avons rendez-vous au restaurant pour une soirée guitare et chansons, initiative d’Éric, un serveur qui est également cyclotouriste. Il me prête sa vieille guitare cassée en voyage mais toujours utilisable. Yé ! Nous sommes trois guitaristes, avec Michel, qui voyage pour affaires, et un bassiste, un autre Michel, assistant chef cuisinier du navire.

Seul problème, qui ne semble pas beaucoup déranger : les autres passagers n’ont pas accès aux textes. En revanche, mon carnet de chants sur l’ordinateur est vraiment utile. Y avoir pensé, nous aurions mis le carnet sur quelques ordinateurs afin que tous puissent participer plus facilement.

Il est près de minuit quand la soirée se termine. Après ces journées de grisaille, ça a fait grand bien. Je reste un bout de temps à jaser avec Éric tout en essayant, sans succès, de transférer le carnet sur sa tablette. Je le lui enverrai quand je pourrai me connecter normalement à Internet. En attendant, il est grand temps de dormir afin de bien profiter de la suite du voyage. Je regagne ma cabine, digne suppléante de ma tente.


L’attente du bateau

>  Bella Desgagnés – 1,5 km
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Mercredi. J’ai très bien dormi, car j’avais ouvert la fenêtre : j’ai vite pris l’habitude du grand air.

Dès les premières lueurs de l’aube, ça s’active dans la cuisine et autour de la table. Évelyne offre des petits déjeuners bien avant l’ouverture du restaurant. Ce matin, elle sert 16 travailleurs et 4 hôtes, soit 20 repas. Elle le fait avec simplicité et un évident plaisir.

Je me lève vers 7 h 30 et je mange en compagnie des trois autres hôtes, qui ont une petite fille de 18 mois. C’est copieux et franchement savoureux.

Tous retournent à leurs affaires. La petite a besoin d’une sieste, je prépare mes bagages, Évelyne et sa sœur font le ménage des chambres. Je ne suis pas pressé, puisque le bateau est en retard.

Quand tout est prêt, je passe encore un peu de temps avec mon hôtesse, nous prenons une photo et nous nous saluons, heureux d’une belle rencontre. En plus, ce n’est vraiment pas cher pour la qualité du service.

Pour le moment, le ciel reste gris, froid et venteux. Selon la météo, la pluie devrait reprendre vers midi, mais le trajet dure cinq minutes seulement.

Les passagers arrivent tranquillement. Je règle les formalités, place le vélo dans l’entrepôt – comme prévu, la pluie est de retour – dîne et m’installe pour écrire.

Un couple arrive. Soudain, elle dresse l’oreille : à la radio, c’est elle-même qui répond aux questions du journaliste à propos des compressions en santé. Présidente de l’ordre des infirmières, elle se nomme Lucie Tremblay et connaît indirectement ma sœur puisqu’elles sont homonymes et se renvoient des courriels aux adresses erronés. Elle et Gérald vont compléter en voiture la boucle passant par Labrador City et Manic 5.

Peu après, un autre couple arrive. Benoît est le frère de Nicole, une grande amie. Eux prendront le bateau à Kegaska mais désirent connaître l’heure du rendez-vous, à cause du retard.

Tranquillement, la salle d’attente se remplit. Plusieurs motocyclistes et automobilistes chargent leurs véhicules à bord des containers. Dehors, c’est novembre avec sa petite pluie fine et glaciale.

Finalement, le bateau se pointe à travers la pluie. Il est impressionnant, avec ses huit étages et sa section de transport. Il est à quai à 17 h 30 et la fébrilité de l’embarquement est palpable.

La grue commence à manipuler les gros containers, incluant ceux qui contiennent les voitures, tout un casse-tête. Celui des vélos arrive sur le quai. J’y installe de mon mieux le mien et le gros de mon bagage. Un couple de cyclotouristes de la Colombie-Britannique part visiter Natashquan malgré la pluie.

À 18 h, je découvre la cabine 5108. C’est petit mais bien organisé et chic. Il y a quatre couchettes, mais je suis seul. Je dispose d’une table de travail, d’un fauteuil, d’un grand tiroir, d’une armoire et d’une microscopique salle de bain avec douche et plancher chauffant. Il y a tout ce qu’il faut, et même plus.

Il est temps de manger au chic resto. Comme nous ne sommes pas trop nombreux, chacun y va au moment qui lui convient, alors qu’il peut y avoir deux services quand le bateau est plein.

Je me joins à Gilles et Maryse, jeunes retraités de Victoriaville, qui font la croisière aller-retour à Blanc-Sablon. C’est agréable et délicieux. Alors que nous quittons le quai et qu’il y a encore accès au cellulaire, j’appelle Gaétan, puis j’explore le bateau, rencontrant à plusieurs reprises Sébastien, un sympathique jeune matelot. Dehors, c’est l’automne : il pleut, c’est glacial et le bateau tangue sur une mer assez agitée.

Je me rends au 8e pour une présentation des activités offertes lors des escales et de l’organisation du bateau, mais je commence à me sentir nauséeux malgré les Gravols. J’ai toujours été sensible au mal de cœur, et finalement je vomis dans le petit sac que j’avais prudemment gardé en mains.

Le programme de la soirée est simple : il n’y a que couché à ne rien faire que je réussis à être moins inconfortable…


km jour : 1,5
km total : 14058
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 19,1
vitesse maximale : 35,5
traversier : 585 $

Congé poétique

 –  Natashquan – 3 km
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Mardi. Nuit confortable. J’apprécie grandement mon nouveau sac de couchage, chaud et douillet. Au petit matin, une petite ondée mouille la tente. Elle séchera, j’espère.

Éveillé à 5 h, je mets à jour le journal alors que quelques gros moustiques me guettent avidement à travers la moustiquaire. En écrivant, j’en profite pour écouter la musique que je transporte dans mon ordinateur. Un plaisir de plus. J’en ai jusqu’à 7 h 30, puis je prépare mon matériel puisque je pars… mais pas bien loin cette fois-ci.

La tente est encore humide, alors je lui laisse le temps de sécher malgré l’absence du soleil. Il fait toujours froid et il vente.

Après avoir tout chargé sur mon vélo, je me rends au site de Mario et Renée. Nous déjeunons ensemble, je leur donne de petits coups de main pour démonter leur campement et nous marchons jusqu’à la mer. Nous discutons avec un autre couple de campeurs. Finalement, nous nous disons au revoir.

J’arrête au CLSC car j’ai depuis une bonne semaine une petite infection au pouce droit qui ne guérit pas. La jeune infirmière me reçoit immédiatement et me fournit consignes et pansements. Sylvie et son conjoint sont des amateurs de plein air et elle s’intéresse sérieusement au vélo et au cyclotourisme. Ici, ils sont au paradis du canot et de la grande nature.

Je me dirige vers le gîte. Après presque 3 km, ma journée de vélo est terminée. Je ne suis pas épuisé…

Le gîte Chevary est tenu par Évelyne, veuve dynamique qui me reçoit chaleureusement. J’ai une chambre confortable et mon vélo dispose d’une place au garage.

Je quitte rapidement car on m’a dit beaucoup de bien de la Vieille École, musée dédié au poète Gilles Vigneault. Le rendez-vous est à l’information touristique où je dîne en attendant l’heure.

Nous sommes peu nombreux : Monique, la guide,  Diane avec Raymond-Marie, et moi. Nous découvrons surtout que les personnages des chansons du grand Gilles ont existé et vécu ici. Assez fascinant. Au passage, je fais le tour de l’église avec son exposition d’aquarelles des maisons du village, puis je rentre.

Mon vélo a besoin de soins mineurs. La guidoline se défait depuis quelques jours : je l’enlève et la remet en place, espérant que ça tiendra mieux cette fois-ci. Je réorganise aussi mon matériel pour le bateau.

Ce matin, mon hôtesse préparait des conserves de crabe pour ses enfants : elle m’en donne un pot, heureusement petit, que j’accepte avec reconnaissance. Ce sera pour Terre-Neuve.

Par ailleurs, la télévision – étrange objet – indique que l’est du Québec bat des records de bas maximums ces jours-ci. Tiens donc… C’est assez local : 2015 sera vraisemblablement l’année la plus chaude des temps modernes.

Je ne suis pas en camping, alors je soupe au restaurant du village. Il n’est pas très grand et assez plein. Ma pizza aux fruits de mer, un classique de mes voyages nord côtiers, est savoureuse. À la table voisine, un homme et une femme arrivent en même temps que moi et nous entamons la conversation. Yves et Nicole travaillent depuis hier au chantier d’asphaltage de la 138. Très agréable rencontre, à nouveau. En rentrant, j’appelle ma sœur Lucie, qui part demain avec son fils Émile retrouver sa fille Camille en Irlande.

Au gîte, je m’installe avec mon ordinateur pour envoyer photos et messages à mes amis avant de sombrer dans les bras accueillants de Morphée. Je peux en profiter : le bateau a plus de deux heures de retard.


km jour : 2,8
km total : 1403
temps déplacement : 5 : 17
vitesse moyenne : 20,1
vitesse maximale : 32,2
gîte : 55 $

Natashquan, enfin !

> Natashquan – 30 km
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Lundi. Cette nuit, j’ai eu à me lever : j’ai pu profiter du ciel parfait, splendide. Au matin, le soleil brille et je me permets une grasse matinée : je me lève à 6 h. Les nuages arrivent et bientôt le ciel est bien bouché. En plus, il fait encore plutôt froid.

La route est courte aujourd’hui. Je traverse l’Île Michon, un minuscule village offrant de splendides points de vue sur la côte découpée. C’est ensuite le retour aux tourbières et au vent de face. Le ciel est de plus en plus gris et j’ai même droit à un très léger crachin sans conséquences.

Ici, la route est assez détériorée et plusieurs sections sont en gros gravier rendant l’équilibre assez précaire. La prudence est au rendez-vous. En approchant de Natashquan, la route bifurque vers le sud, me permettant de rouler plus normalement. À 10 h, j’entre au village.

Premier arrêt : l’information touristique, où je peux avoir des indications et une connexion Internet. Le camping est un peu à l’est, vers Pointe-Parent. Au camping, la gentille dame à l’accueil me propose un site, mais il me plait moins qu’un autre encore occupé par une Westfalia. Dany et Sonia se préparent à partir et sont tout à fait à l’aise que je prenne le relais. Ils arrivent de Terre-Neuve, ayant parcouru la boucle que j’ai entamée. Dany est également cycliste et a parcouru un trajet en Colombie-Britannique, passant en partie sur mon itinéraire de l’an dernier. Nous ne manquons pas de sujets de conversation. Ils quittent en me laissant un pot de chili con carne maison, je m’installe.

Ils avaient oublié leur corde à linge, mais Dany avait rendez-vous au CLSC. J’y retrouve leur véhicule et j’y laisse leur corde.

Je stationne mon vélo près de l’information touristique et je marche sur un trottoir de bois le long de la plage vers d’intrigants bâtiments sur une pointe. Les « Galets de Natashquan », âgés dans certains cas de plus de 150 ans, ont servi au séchage et au commerce de la morue. C’est vraiment joli.

De retour à l’information touristique, la météo confirme de la pluie à partir de la nuit de mardi à mercredi. Comme il ne faut pas que ma tente soit mouillée quand je prendrai le bateau, je dormirai donc en gîte demain soir.

Au camping, je passe à la douche. Mario et Renée, voisins et également en Westfalia, sont là pour la buanderie, lieu de rencontres. De retour d’une visite à la Vieille École consacrée à un musée Gilles Vigneault – à ne pas manquer –, Mario sort son violon et propose du folklore. J’en manque un bout en prenant ma douche, mais c’est très bon.

À mon tour, je passe la quasi-totalité de mes vêtements dans la laveuse puis la sécheuse : ça s’imposait. En passant, j’entends Anne et Benoît pratiquer leur violon en forêt, un portrait assez magique.

Pour le souper, je rejoins Mario et Renée sous leur tente moustiquaire, bien utile alors que les gros moustiques locaux semblent très intéressés à nous faire la peau. Mes hôtes profitent d’un repas d’orignal, gracieuseté de Norbert, un homme d’ici ; de mon côté, je déguste le chili – savoureux – de Sonia et Dany. Nous partageons ces délices ainsi qu’une conversation passionnante.

En cours de soirée, nous réalisons que Mario et moi avions fait notre sixième année primaire à Mont-Laurier dans la même classe – ça fait 45 ans ! – alors que nous étions voisins et amis. Nous en parlons avec Sonia et Dany – ce dernier avait lui aussi étudié avec Mario ! – ainsi qu’avec mon frère Gaétan. Que de souvenirs…

Mais le présent est aussi très agréable. Nous veillons tard, jusqu’à 22 h 30, alors que le froid nous chasse vers nos refuges respectifs. Quelle rencontre !


km jour : 32,8
km total : 1401
départ / arrivée : 7 h 50 / 10 h 00
temps déplacement : 2 : 09
vitesse moyenne : 15,2
vitesse maximale : 36,7
camping : 22 $